rien n'est simple et basique. × aarilla #4

Ces derniers jours c'était assez calme niveau interventions, le calme avant la tempête d'après nous puisque le réveillon du nouvel an s'annonçait assez mouvementer, comme tous les ans et cette année je faisais partie des élus de garde ce soir-là. Dans ces moments-là, où on n'était pas beaucoup appelé, on avait quand même pas mal de choses à faire, notamment le ménage de toute la caserne et des camions ainsi que l'inventaire de toutes nos affaires. Cette dernière tâche était d'autant plus importante étant donné qu'on était en fin d'année, notre chez chef et l'état adoraient faire des stats en tout genre, notamment sur le nombre d'interventions effectuées dans l'année et la quantité des diverses ressources à notre disposition utilisées. Et puis bien sûr ça nous permettait de mettre à neufs les stocks, jeter ce qui pourrait être périmés, même si c'était rare qu'il y en ait, ainsi que noter ce qui allait nous manquer prochainement. Une fois que tout le ménage était terminé on avait encore largement de quoi nous occuper en nous entretenant physiquement. Surtout que quelques semaines après le passage à la nouvelle année on allait avoir le droit à la batterie de tests habituels, histoire de voir si certains ne s'étaient pas trop relâchés sur l'entrainement physique et si c'était le cas les remettre dans le droit chemin. Dans ce métier on n'avait pas le droit de se dire qu'une fois après avoir réussi à entrer dans la caserne on pouvait se la couler douce, un pompier qui n'était plus assez affuté physiquement était une source de danger pour toute l'équipe sur le terrain. Il était donc primordial de passer ces tests, en plus il fallait vraiment y aller pour descendre en dessous de la barre du minimum requis, donc il ne fallait pas trop stresser, même si certains, dont moi je devais bien l'avouer, aimaient bien essayer de finir premier.

Ça ne faisait qu'un peu plus d'une semaine qu'avec Camilla on avait décidé de retenter quelque chose ensemble, donc il était sûrement beaucoup trop tôt pour dire si ça avait été une bonne idée ou non, mais en attendant je ne regrettais nullement. J'avais vraiment l'impression que c'était différent, que cette fois ça pouvait marcher, en tout cas j'allais tout faire pour. Je sortais tout juste de la douche, que j'avais prit après un entrainement assez rude en compagnie de quelques collègues, quand je consultais mon téléphone et que je voyais le message de Camilla. Tout de suite je m'inquiétais, me demandant ce qui pouvait être si urgent. Normalement elle devait passer la journée avec une amie et tout d'un coup je venais à me demander si cette dite amie n'avait pas pu faire naitre des doutes chez Camilla sur notre relation. Ce serait se voiler la face que de penser que tout le monde est pour notre mise en couple, Nina m'avait déjà dit faire partie de ces personnes et j'imaginais assez facilement qu'il devait y avoir encore plus de personnes contre du côté de Camilla vue que je l'avais fait souffrir. J'essayais d'occulter toutes les questions que je pouvais me poser pendant l'heure de travail qui me restait, même si c'était assez difficile et que je redoutais ce qu'elle pouvait vouloir me dire. Quand il fut enfin l'heure de partir je ne restais pas trainer, j'étais même à la limite de griller des feux rouges sur le chemin jusqu'à Camilla à cause du stress et de l'envie de savoir ce qu'il se passait. Je prenais tout de même le temps de prendre une grande inspiration avant de frapper à la porte de son appartement et d'y entrer quand elle m'indiquait que c'était ouvert. Je remarquais immédiatement qu'elle n'avait pas trop l'air dans son assiette, ce qui n'était pas pour me rassurer.

- Hey. Ça n'a pas l'air d'aller. Qu'est-ce qui se passe ? Demandais-je en m'approchant d'elle et en déposant un baiser sur son front.

Si j'étais déjà stressé depuis la réception du message de Camilla, voir son état pensif et l'entendre le dire qu'elle ne savait pas comment j'allais pouvoir prendre ce qu'elle tenait à me dire finissait de faire monter mon état de stress. Je m'étais installé à ses côtés sur le canapé et me sentais déjà un peu mieux quand la jeune femme venait se blottir contre mon torse, parce que clairement elle ne pouvait pas agir comme ça si dans la minute qui suivait elle souhaitait rompre avec moi pour je ne savais quelle raison puisque tout allait bien jusque là entre nous. Par contre ça ne changeait en rien le fait que je me posais des milliers de questions sur ce qu'elle pouvait tant vouloir me dire et qui semblait la bouleverser autant. Je fronçais les sourcils en l'entendant me parler du fait qu'elle était malade depuis plusieurs semaines, mais que ce n'était pas contagieux, ça m'inquiétait un peu de n'avoir rien vu, même si on ne se voyait pas tous les jours j'aurais probablement dû constater quelque chose. Je me demandais aussi ce qu'elle pouvait avoir si ce n'était pas quelque chose de contagieux. Surtout que si elle avait cet air si grave c'était que ce n'était pas quelque chose dont elle pourrait guérir avec simplement des antibiotiques. J'espérais un peu qu'elle pourrait m'éclairer un peu, mais elle me perdait encore plus quand le sujet partait sur un gâteau qu'elle m'aurait fait, mais que son chien avait totalement englouti. Je n'avais pas le temps de mon concentrer sur le ‘'pourquoi elle me parle de ça maintenant alors qu'elle a quelque chose d'important à me dire'', elle enchainait en reprenant sur la raison de mon arrivée soudaine et de l'inquiétude qu'elle avait fait naitre en moi avec son message. Je ne savais pas si c'était moi ou elle, mais je ne comprenais absolument pas où elle voulait en venir. J'entendais ses mots, mais en rien ils ne m'aidaient à comprendre quel était le problème, ce qui la rendait malade et faisait qu'elle n'était pas bien. Je la sentais poser ma main, avec laquelle elle avait enlacé ses doigts quand elle avait pris la parole, sur son ventre avant de me regarder, comme si j'étais sensé avoir compris ce qui se passait. J'essayais alors de faire fonctionner mes neurones pour trouver cette maladie qui ne passait pas en quelques jours et qui ne pouvait pas se soigner par des médicaments, qui n'était pas non plus contagieuse. Pendant que je réfléchissais j'avais inconsciemment commencé à doucement caresser le ventre de Camilla et c'était là qu'une idée me traversait l'esprit. Mais…non…ce ne pouvait pas être ça, si ? Je m'écarte brusquement de la jeune femme, sous le choc, les yeux ronds et ma bouche s'ouvrant et se refermant plusieurs fois sans qu'un seul sonne réussisse à sortir.


- Tu...On…Enceinte ? Finissais-je tout de même par dire.

Elle ne m'avait pas encore répondu, mais je sentais déjà mon cœur tambouriner dans ma poitrine. En revanche mon cerveau lui semblait être au ralentit tellement je me serais probablement attendu à tout sauf à ça. D'ailleurs je ne voulais pas que Camilla interprète mal ma réaction si ma déduction était la bonne, car pour l'instant c'était seulement la surprise qui avait pris le pas sur tout, je n'avais même pas réfléchi à ce que l'idée d'être père pourrait me faire.

Devenir père n’était clairement pas une chose que j’avais imaginé arriver dans un futur proche, notre relation avec Camilla étant bien trop récente pour que je puisse penser qu’on en arriverait là. C’était donc une totale surprise que la jeune femme m’apprenne aujourd’hui être enceinte de moi. Comme je n’avais jamais prit le temps de me poser la question de si c’était quelque chose que je voulais ou non, si je me sentais prêt pour un tel cap, je pouvais supposer que ma réaction spontanée reflétait ce que mon cerveau pensait sans même que je n’ai besoin de trop me poser tout un tas de questions. Si jamais j’avais été inconsciemment contre l’idée d’avoir un enfant maintenant, ma première réaction aurait très certainement été plus proche de la colère. Or non, j’étais surpris, forcément, mais je ne ressentais pas de colère, ni l’envie de partir en courant. Certes je ne prenais peut-être pas encore pleinement conscience de tout ce que ça allait changer pour nous d’avoir un enfant dans plusieurs mois, mais j’étais content, oui je ressentais de la joie à cette annonce. Je rendais son sourire à Camilla quand elle caressait ma joue et reprenait la parole doucement pour me dire qu’elle savait bien que ce n’était pas ce qu’on avait prévu pour notre relation qui recommençait tout juste, mais elle voyait ça comme un signe qu’on avait bien fait de nous redonner une chance. Sûrement qu’elle avait raison, de toute façon il était hors de question qu’on se sépare avec un petit bout de chou, pas que j’avais envie de quitter Camilla, loin de là. Après je ne mentirais pas en disant que je n’aurais pas préféré que cet événement arrive plus tard, quand notre relation aurait eu le temps de se poser un peu plus, même si ça ne changeait en rien que c’était une magnifique nouvelle. Je voyais la jeune femme baisser la tête et réalisais que je n’avais pratiquement pas parler, ce qui pouvait peut-être se faire s’inquiéter ma petite amie sur ce que je ressentais à propos de cette nouvelle.

- C’est sûr qu’on ne s’était pas du tout attendu à ça et que ça arrive peut-être un peu tôt…Mais oui c’est un signe qu’il fallait qu’on retourne ensemble.

C’était plutôt une bonne chose quand on voyait le nombre de nos proches qui n’avaient pas forcément sauté de joie lorsqu’on leur avait parlé du couple qu’on avait décidé de reformer.

- Je suis désolé, j’ai du mal à être dans la réalité tellement c’est inattendu…mais je suis tellement content Camilla ! On va être parent…c’est magique. Disais-je avant de venir l’embrasser tendrement.

Peut-être que je flipperais quand je verrais la liste de choses auxquelles on devra penser et celle de tout ce qu’on devra faire avant l’arriver de notre bébé, mais pour l’instant tout cela était loin.

- Tu sais depuis combien de temps tu es enceinte ? Tu voudras connaitre le sexe avant la naissance ? On ira vivre Où ? Et si je suis en intervention le jour de l’accouchement ?

Bon en fait non, il ne m’avait pas fallu très longtemps pour commencer à légèrement paniquer en pensant à des détails qu’on avait encore bien le temps d’aborder.