Clarisse "Classy" Hewes - I am a nice person. Just don't push the «bitch button»

Clarisse Hewes

Keep Your Heels Head and Standards High

les informations en vrac

la partie anecdotes ○
✗ Clarisse est née en 1952. Elle a grandi dans la banlieue de New York. Elle est l'aînée d'une fratrie de trois enfants ; deux filles (Clarisse et Vivian) et un garçon (Keith).

✗ Son père était policier. Aux yeux de tous, Raymond Hewes était un agent exemplaire et loyal, mais en réalité, c'était un homme dur, impatient et porté sur la boisson. La plupart du temps, il rentrait chez lui saoul, la main non pas seulement lourde, mais également leste. Sa femme et ses enfants ont souvent fait les frais de son agressivité.

✗ Portant le doux nom de Grace et Néozélandaise d'origines, la mère de Clarisse était une femme magnifique, svelte et élancée, mais atrocement naïve. Passionnée d'arts et cantatrice à ses heures, elle se prédestinait pour la danse et chérissait le rêve de l'enseigner. Ses ambitions ont cependant vite été étouffées par un homme contrôlant dont les belles promesses ont eu tôt fait de d'encarcaner l'Australienne dans le rôle triste et monotone d'une femme de maison. Elle ne s'en est jamais plaint – par crainte de recevoir des coups, sûrement –, mais n'a jamais non plus paru tout à fait heureuse. Seule la musique semblait lui redonner des ailes.

✗ Pour arrondir les fins de mois, Grace donnait des leçons de piano… Clarisse aurait pu l'écouter pendant des heures. C'est sans doute ce qui lui manque le plus de sa mère aujourd'hui.

✗ Abusée physiquement et mentalement par son mari, la mère de Clarisse a sombré dans la dépression, s'effaçant encore plus. C'est là que Raymond a commencé à s'en prendre à ses enfants; à ses filles, surtout. Il les terrorisait et les persécutait, elle et sa sœur. Leur frayeur respective semblait lui procurer un sentiment de puissance et d’importance.  Parce qu'il était un garçon, Keith est peut-être celui qui s'est vu infliger le moins de brutalité. À cette époque, Clarisse avait 13 ou 14 ans. De sa fratrie, elle était celle qui tenait tête à leur père, celle ayant un caractère assez fort pour se défendre et protégé ses cadets.

✗ Clarisse ne pardonnera jamais à son père. Elle vouera envers lui une haine sans nom et s'y accrochera en en prétextant que c’est tout ce qu’il lui fallait pour sortir « indemne » de son enfance merdique. En fait, elle n’est pas devenue ce qu’elle est aujourd'hui grâce à son père, mais bien en dépit de lui. Elle gardera ainsi de sa jeunesse de bien mauvais souvenirs. Elle ne comprendra d’ailleurs jamais pourquoi sa mère priait son père chaque fois qu’elle se rendait à l’église. À ses yeux à elle, il ne méritait que l’enfer.

✗ Enfant, révoltée, Clarisse savait qu'elle se consacrerait plus tard à la défense des plus faibles. Son désir d'être avocate ne s'est confirmé qu'à l'adolescence, alors qu'elle prenait de plus en plus d'assurance face à son père. Cependant, ses notions de justice seront déformées par la violence physique et psychologique qu'elle subira des mains de son père qui, au regard de ses pairs, était un policier juste et honnête. Rien ne laissait transparaitre qu’en privé Raymond Hewes était en réalité un tyrannique persécuteur. En vieillissant, Clarisse a développé une haine pour ceux – les hommes, surtout – qui utilisent leurs positions de pouvoir pour intimider les autres. La défense du droit des femmes et des enfants est devenue pour elle une évidence.

✗ Partagée entre son désir de s'émanciper et de sortir d'un milieu familial qu'elle ne peut tout simplement plus supporter et celui de veiller sur sa mère et sa fratrie, Clarisse choisit d'aller de l'avant. Elle quitte New York pour la Nouvelle-Zélande à 18 ans. Cette décision qui semble égoïste de sa part est en réalité toute calculée. Elle s'exile avec l'intention que sa mère, sa sœur et son frère la rejoignent.

✗ Hébergée par l'une des sœurs de sa mère, Clarisse débarque en Nouvelle-Zélande sans le sou, mais certainement pas dépourvue d'ambition. Elle travaille sans relâche tout en étudiant, son seul objectif étant de préparer le terrain pour la venue de sa mère et de sa fratrie. Elle veut leur offrir un pied-à-terre et une vie décente, loin des griffes de son père. Cependant, c'est un peu plus tôt que prévu que Clarisse devra faire venir sa famille, Raymond tombant gravement malade deux ans après son départ pour la Nouvelle-Zélande. Elle se rendra au chevet de son père non pas pour plier à ses dernières volontés, mais pour aller chercher sa mère et sa fratrie.

✗ Les Hewes, fraichement installées en Nouvelle-Zélande après des années de calvaire, vivent très modestement, mais soutenus la famille de Grace. N'étant pas du genre à accepter la charité et surtout d'un naturel fier et orgueilleux, Clarisse travaillera d'arrache-pied pour offrir à sa mère, sa sœur et son frère une vie nettement plus décente. Chacun donnant du sien et Clarisse débutant sa carrière d'avocate, la famille s'installera dans un appartement, puis éventuellement dans une maison. Clarisse a, pour ainsi dire, agi en véritable chef de clan et pourvoyeur. Cela aura permis à Grace de souffler un peu et de se refaire une santé. Vivian, Keith et Grace doivent une fière chandelle à Clarisse et lui en sont aujourd'hui très reconnaissants.

✗ La famille est importante pour Clarisse, ce qui ne l'a toutefois pas empêché de cumuler les échecs conjugaux. Divorcée trois fois et mère de deux filles de pères différents, elle a toujours fini par se lasser de ses ex-maris qu'elle jugeaient "mous" et "sans-couilles". En fait, dans chacun de ses mariages, c'était elle qui portait la culotte. Sans doute choisissait-elle des hommes ayant peu de cran pour ne pas se soumettre à un dominant comme le fut son père.

✗ Carriériste en quête des sommets de sa profession, elle n'a jamais été capable de trouver un équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle.

✗ Malgré une vie personnelle tumultueuse et frustrante, à bien des égards, il n'en demeure pas moins que ses filles représentent sa plus grande réussite. Rien ne saurait lui prodiguer meilleur sentiment de fierté et d'accomplissement que ses filles.

✗ Elle a toujours été hanté par la peur de devenir comme son père. Il lui arrive d'ailleurs de boire, parfois trop, au point d'en devenir impulsive.

✗ Clarisse a bien des qualités, à commencer par la bienveillance et la générosité. Cependant, elle est aussi connue pour avoir un tempérament plutôt bouillant. Dans le monde juridique de la Nouvelle-Zélande, Mme la Juge Hewes a la réputation d'être prompte, intransigeante et difficile à satisfaire. C'est une femme de tête qui ne s'en laisse pas conter.

✗ Au bout de ses trois mariages, Clarisse a décidé d'assumer sa bisexualité longtemps refoulée. S'il fut un temps où elle préférait taire son attirance pour les femmes, s'adonnant à des aventures bien souvent clandestines, elle se sent aujourd'hui prête à partager sa vie, au grand jour, avec une femme.

les indiscrétions sur le joueur

 

Code:

<pris>○ meryl streep</pris> clarisse hewes

l'histoire de ma vie

J'aurais voulu que tu souffres plus longtemps. Ça aurait été un juste retour du balancier…

1973…

Elle s'apprêtait à se rendre à un entretien d'embauche dans l'un des cabinets d'avocats les plus en vogue de Island Bay lorsque son téléphone sonna. C'était Vivian, sa sœur…

« Papa est à l'hôpital… Il n'en a plus pour très longtemps… Il voudrait te voir avant de…. »

« Je n'irai pas et ce n'est pas la peine d'insister… Je n'ai plus rien à voir avec lui et tu le sais très bien. Je ne retournerai à New York que pour aller vous chercher, après les funérailles.»

« Si tu n'y vas pas pour lui, fais-le pour maman… »

Ce poste, elle le convoitait depuis quelque temps et lui permettrait de gagner assez d'argent pour faire venir sa mère de même que sa sœur et son frère. En l'obtenant, elle savait aussi qu'elle devrait faire bien des sacrifices. Mais ça, elle connaissait, surtout depuis son arrivée en Nouvelle-Zélande. Il y avait aussi forcément un prix à payer lorsqu'en étant une jeune femme de 21 ans, on voulait se faire un nom et une place dans ce monde essentiellement dominé par les hommes.  Les hommes… Parlons-en.  Ces hommes qui étaient devant elle étaient pareils à tous les autres. Ils étaient là, à lui poser des questions, mais il était évident que ce n'était pas seulement pour son cursus scolaire et ses grandes ambitions qu'ils lui souriaient béatement. S'ils avaient pu sauter à pieds joints dans son décolleté, ils l'auraient sûrement fait sans se faire prier. Sa misandrie évidente, elle la devait à cette méfiance des hommes qu'elle avait depuis toute petite. C'était plus fort qu'elle…

Elle n'était pas de celles qui jouent la carte de la séduction pour obtenir ce qu'elles veulent. Oh, elle aurait pu… Elle avait du charme, elle en était éperdument consciente, elle savait en user, mais pour réussir dans ce monde d'hommes, disions-nous, elle avait depuis longtemps appris qu'il lui fallait en devenir un dans le sens littéral du terme. Elle préférait de loin laisser planer le mystère autour d'elle et jouer les inaccessibles. C'est ce qui la rendait si attirante.  

C'était dans la poche, comme on dit. Elle ne s'était laissée ni intimider ni impressionner. Son assurance et sa conviction étaient telles qu'il aurait été absurde d'attribuer le poste à quelqu'un d'autre.

« Mademoiselle Hewes, toutes mes félicitations : vous êtes celles que nous recherchions. Le poste est à vous. Vous commencerez, disons… le mois prochain ? »

« Monsieur Hearst… Vous ne serez pas déçu ! » Conclut-elle par une poignée de main aussi franche que ferme.

Elle quitta les bureaux de Hearst & associés et avant d'embarquer aussitôt dans un taxi. Le poste obtenu, quelque chose la tracassait encore au point d'assombrir sa victoire. Son père… Son cœur lui dictait d'attendre qu'il crève pour se rendre à New York tandis que sa raison l'appelait à s'y rendre avec le premier vol disponible pour aller lui balancer tout ce qu'elle avait sur le cœur.

« Vas-y », avait insisté sa tante. « Ta mère a besoin de toi. Ne te préoccupe pas de l'argent du billet d'avion… C'est un cadeau.»

Dieu qu'elle détestait avoir le sentiment d'être en dette, d'être dépendante. Pire encore cette impression de devoir accepter la charité. Orgueil ou fierté, allez savoir. Toujours est-il qu'elle arriva à New York moins de deux jours plus tard…

Non pas sans avoir cherché un peu elle arriva devant la chambre de son père. Avant d'ouvrir la porte, elle prit une grande respiration. Hors de question de perdre son sang-froid. En entrant dans la chambre, elle aperçut sa mère, assise aux côtés de son père. Ce dernier semblait endormi. En la voyant, elle écarquilla les yeux et se redressa sur son siège, comme si elle venait de voir une apparition. À sa réaction, elle comprit que sa présence était à la fois surprenante et inespérée. Clarisse sourit de manière compatissante à cette femme qu'elle avait toujours considéré comme une sainte tant elle s'était sacrifiée.

« Tu voudrais que je prenne le relai le temps d'aller te chercher un café ou de mettre le nez dehors ? Je parie que tu le veilles nuit et jour… »

« Clarisse… Il espérait tellement te… » D'un geste de la main, elle fit signe à sa mère de ne pas poursuivre. L'étalage des sentiments n'avait jamais été ta tasse de thé et le fait que son père ait espéré la voir avant de pousser son dernier souffle n'allait strictement rien changer à l'opinion qu'elle avait de ce dernier… Sa mère n'insista pas et se contenta de lui sourire à son tour en se levant de sa chaise. Avant de quitter la chambre, c'est elle qui posa une main sur son épaule. Se doutait-elle que sa fille n'était pas ici pour donner la rédemption - tant attendue - à son père ?

Sa mère partie, Clarisse contourna le lit pour faire face à son père. Elle savait qu'il ne dormait pas…

« Tu voulais me voir ? »

Raymond ouvrit les yeux. Elle fut saisie par sa maigreur. La dernière fois qu'elle l'avait vu, il devait faire au moins le double de son poids actuel. Elle serra les poings, comme pour se donner la force de ne pas tomber dans la pitié ou de reculer. Reculer… comme elle l'avait fait trop souvent devant lui étant petite.

« Clarisse, je… »

« Ce n'est pas toi qui parles, c'est moi ! Je veux que tu écoutes bien ce que je vais te dire, parce que c'est la dernière fois que tu me verras… Tu as fait tout ce que tu as pu pour nous détruire, ma sœur, ma mère et moi. Ma mère ne t’a jamais jugé, mais moi, je le fais… Je veux que tu te souviennes de ce moment pour toujours, de ce sentiment d’impuissance et de fragilité, de moi en train de te regarder dans les yeux et de te dire à quel point je te hais. Il n’y aura aucun pardon pour toi… Aucune pitié… Je sais que tu attends ma rédemption depuis longtemps. Rentre-toi dans la tête que je ne te pardonnerai JAMAIS. Ne va surtout pas croire que je suis ici parce que tu le souhaitais. C'est pour venir les chercher que je suis là. Uniquement pour ça. Tant qu'à moi, tu es mort depuis longtemps. Si tu savais comme j'attendais ce moment... Je regrette simplement que ta maladie t'emporte aussi vite. J'aurais voulu que tu souffres plus longtemps. Ça aurait été un juste retour du balancier… »

Ses propos avaient été durs et elle l'avait regardé avec autant de mépris qu'il en a eu pour elle jadis. Non…  Elle ne lui pardonnerait jamais d'avoir été ce père cruel et brutal.

Elle ne lui laissa aucune chance de lui répondre. Elle tourna les talons en se fichant bien qu'il verse des larmes et qu'il l'implore de lui pardonner. C'est la dernière fois qu'elle vit son père; il mourut le lendemain.