We do nothing like common people [Louise & Marty]

Le soleil est agréable cet après-midi. Je n’ai pas vraiment beaucoup d’occasions de me faire dorer dans un bain de soleil à l’appartement. Nous ne possédons qu’un minuscule balcon rouillé, positionné de sorte que l’ombre de l’immeuble ne disparaît jamais vraiment peu importe l’heure de la journée. Sortir en plein air de la sorte est donc un moyen pour moi de sentir l’été m’apporter sa chaleur agréable. Les chiens aussi adorent particulièrement ce moment de là journée où je leur permets de se dégourdir les pattes et de courir librement sans limite. À l’appartement, ils ne peuvent pas vraiment parcourir plus d’un mètre sans rencontrer un obstacle, un meuble voir moi ou ma colocataire. Je les connais suffisamment désormais pour sentir le moment où ils deviennent plus agités parce qu’ils ont un trop plein d’énergie à évacuer. Lorsque je reconnais ses signes, j’ai tendance à y voir là le moment de sortir à l’extérieur, arrêtant parfois mes activités en plein milieu pour écouter l’instinct de mes chiens. Quelques moments, je ne peux assouvir leur désir de balade dans l’immédiat. Mon boulot ne me le permet pas à l’occasion. Ma colocataire Aubrey n’est pas non plus exclusivement présente pour eux. Sauf qu’aujourd’hui, rien n’est venu changer nos plans. Nous avons marché de West Bay jusqu'à ce magnifique parc de Center Bay puis je me suis installé contre une pente gazonnée afin de m’étendre sur l’herbe réchauffée par le soleil. Je ne sais pas si c’est une chance ou une coïncidence, mais il y a peu de gens présents dans le parc au moment de mon arrêt. La truffe humide de Lucifer, un golden retriever particulièrement agité, vient s’enfoncer directement dans mon œil gauche. Je tourne ma tête de côté et attrape son museau de mes mains pour l’éloigner. Il ne comprend rien à la notion de respect de l’espace privé, celui-là. Je viens le libérer de sa laisse alors qu’en remerciement il vient éternuer en plein dans mon visage. Je m’essuie de mon poignet tandis qu’il se met à courir aux alentours avec joie. Il n’ira pas très loin. Il a beau avoir un comportement diabolique par moment, il s’assure de toujours m’avoir en vue et il n’est pas agressif du tout. J’ai donc l’habitude de le libérer ainsi dans un lieu public sans crainte. Assise sagement à côté de moi, je détache également Celeste de sa laisse, le berger allemand se laissant caresser un peu avant de courir pour surveiller le plus jeune. Elle traite véritablement Lucifer comme son fils turbulent. Si elle le pouvait, je suis certaine qu’elle rougirait à chaque fois qu’il fait une gaffe. Je garde les laisses à côté de moi après les avoir roulées sur elles-mêmes. J’ajuste la palette de ma casquette pour m’offrir une bonne protection du soleil et je dépose ma tête sur mes deux paumes que j’ai jointes. Je ferme les yeux et je soupire un grand coup. Je laisse les rayons du soleil venir réchauffer mon corps immobile. Je ne compte pas vraiment m’endormir ici, juste relaxer un peu. D’ailleurs, je suis trop attentif pour ignorer les mouvements des chiens dans le parc. Celeste finit par me rejoindre et s’étendre non loin pour reprendre son souffle. Sa gueule est grande ouverte et sa langue pendante alors qu’elle observe tout autour. Elle doit surveiller Lucifer qui lui aussi a chaud mais continue pourtant de courir d’un côté et de l’autre du parc. Il y a plus que mes chiens qui font du bruit. J’entends le grincement d’une balançoire ainsi que les rires de quelques enfants. Il y a des vélos qui passent tranquillement sur la piste cyclable à proximité. Les oiseaux gazouillent par moment à travers les arbres derrière. Le léger vent caresse mes oreilles et ma peau de temps à autre. J’aime ce genre d’ambiance. Il y a de la vie, mais pas trop. Pas comme Londres d’où je viens. Là-bas, il est impossible d’acquérir ce genre de quiétude. D’un coup, les jappements de Lucifer viennent interrompre mon état presque méditatif. Ce chien ne jappe jamais d’ordinaire, à moins d’être vraiment très content. Ça ce n’est pas bon. Surexcité, il devient trop affectueux et il oubli qu’il pèse plus qu’un chihuahua. Je redresse la tête, remontant vivement ma casquette pour recommencer à voir au loin. Mais qu’est-ce qu’il est en train de faire, ce chien ?

Fronçant les sourcils, je viens écraser la casquette correctement sur ma tête et je me relève. Lucifer est près d’une jeune femme et de son chien. Il jappe toujours, la langue bien pendante alors qu’il tente de se rafraîchir naturellement. Il sautille sur place, allant de gauche à droite par moment. Il cherche à jouer avec ces deux là, visiblement. Je descends vivement la pente sur laquelle je m’étais étendu et je siffle à l’intention de mon chien. La tête du golden penche dans la direction opposée mais je sais qu’il a compris. Il s’obstine à vouloir rester près de la maîtresse et de son shiba inu. Ce qu’il peut être têtu celui-là ! Il m’oblige donc à venir le rejoindre complètement. Je porte ma main facilement à son collier pour l’immobiliser. Il plaque sa tête sur ma hanche, sa queue fouettant vivement l’air. J’amène mon autre main à la peau légèrement pendante de son cou que je caresse pour l’apaiser. Il demeure très joyeux mais il se laisse maîtriser. Embarrassé par son insistance auprès de la jeune femme, je tourne vers elle un regard et un sourire désolé. « Pardonnez Lucifer, il n’est pas aussi jovial d’ordinaire. J’ai l’impression qu’il a eut un coup de foudre pour votre chien. » Je dis pour tenter de le justifier même si je ne sais moi-même pas ce qui le rend de si bonne humeur. Pour tenter de défendre mon chien, j’essaye une autre solution. « Il est complètement inoffensif. Il ne ferait pas de mal à une mouche. Du coup, je crois qu’on peut peut-être les laisser sociabiliser un peu et jouer librement. Qu’est-ce que vous en pensez ? » Je tourne ma tête vers la pente où se trouve encore plusieurs de mes affaires. Celeste est demeurée étendu là, bien que je constate qu’elle a les yeux ouverts à nous observer au loin. Je siffle à son intention. La chienne se redresse et s’étire, prenant son temps. Elle gambade jusqu’à nous. Dès que le berger allemand est près de son frère turbulent, il émet une plainte. Il a définitivement envie de jouer, celui-là. Je me concentre plutôt sur l’autre humaine. Elle ne souhaite peut-être pas que nos chiens soient amenés à sociabiliser. Cela arrive que des maîtres le refusent. Je n’en serais pas offusqué. Je souris d’ailleurs un peu plus grand à la jeune femme. J’ai toujours mon idée à lui proposer. « Si cela peut vous rassurez, Celeste va s’occuper de calmer un peu mon grand énergique. Elle l’a pratiquement élevé comme son fils, puisque j’ai eu Lucifer alors qu’il était un jeune chiot. » Il n’y a donc aucune crainte à laisser les trois chiens s’amuser ensemble car Celeste a un tempérament qui calme les autres. C’est pour ça qu’elle contrebalance si bien l’énergie parfois trop élevée du golden. De plus, cela fait un moment que mes deux chiens n’en ont pas rencontrés un autre pour jouer. Ils ont été bien sociabilisés tous les deux étant petit, sauf que de temps à autre il est bien de les faire interagir avec des membres de leur espèce et pas juste des humains. Ma main droite tient toujours solidement le collier de Lucifer alors que ma gauche est enfoncée dans son pelage dorée. J’attends la réponse de cette jeune femme avant de déterminer si je le ramène avec moi ou le relâche pour qu’il reparte à la course dans le parc.

Je souris très grand alors que la propriétaire du shiba inu accepte mon offre. C’est Lucifer qui va être content que je l’autorise à repartir en liberté. Je donne le temps à la maîtresse de Cristal de la libérer de sa laisse. Puis, j’observe avec autant d’intérêt que mes deux boules de poils la chienne inconnue s’approcher. Dès qu’elle part à la course, je ne perds pas de temps car je sais qu’il pourrait me traîner avec lui si je ne fais pas gaffe. Je lâche le collier du golden qui part derrière le shiba. Celeste s’élance ensuite avec eux et je les regarde s’éloigner avec une visible bonne humeur de pouvoir courir librement ensemble. Je me tourne vers la jeune femme qui me propose qu’on aille s’assoir. Facilement, je repère un banc à proximité où nous pourrons nous installer. Je lui indique d’un doigt. « C’est une excellente idée. Je vais chercher les affaires de mes chiens et je vous rejoins. » Ce que je fais. Je retourne à la pente gazonnée et je récupère les laisses ainsi que mon sac qui sont aussi demeurés par terre. Je reviens ensuite auprès de la brune et je prends place à sa gauche. Une fois assis, je range les laisses à l’intérieur d’une pochette de mon sac et je récupère dans une autre une bouteille d’eau. Elle est surtout pour les chiens, mais j’en bois une gorgée pour me désaltérer tout de même. Il ne fait pas si chaud que cela aujourd’hui, nous sommes très confortable même. Juste qu’à force d’être au soleil il vient un moment où notre corps nous réclame à boire. Je range la bouteille également et je tourne un regard vers la seconde propriétaire de chien. Je me décide à lui tendre une main, pour des présentations officielles. « Je m’appelle Marty. Content de vous connaître. » Je l’informe avec l’un des sourires doux dont seul j’ai le secret. Le hasard nous a mis sur le chemin l’un de l’autre, donc je ne compte pas passer les prochaines minutes voir la prochaine heure en sa compagnie sans connaître son nom. Il n’y a pas que nos chiens qui ont le désir de sociabiliser aujourd’hui. En parlant d’eux, nous les voyons bien de là où nous sommes. Ils ne s’éloignent pas énormément de nous, restant constamment visible. Ils semblent s’amuser à se pourchasser ou à se pousser amicalement. Dès que Lucifer devient trop excité et qu’il cherche à grimper pour écraser Cristal, Celeste pose son museau au flanc du golden et tel un choc électrique, il se ressaisit et redevient plus calme. Une vraie maman cette Celeste. La mettre en charge de surveiller les deux autres n’est pas du tout inquiétant et je pense que la jeune femme en ma compagnie va s’en rendre compte rapidement. Je me concentre sur l’humaine. « Vous êtes nouvelle à Island Bay ? C’est la première fois que je vois un propriétaire de shiba inu dans la région. » Je demande avec un sourire. C’est une très belle race de chien. Je suis donc charmé par l’idée d’en voir un en vrai.

Louise, donc. Je trouve que c’est un très joli prénom. Mieux que certains que les mères donnaient aux nouveau-nés que je soignais. Parfois je me demande vraiment où les parents vont pour trouver des prénoms aussi bizarres. Je ne suis pas là pour les juger mais pour m’occuper de la santé de leur enfant donc nous n’avons pas le droit de leur faire comme commentaire que le prénom du bébé est très laid. Même si quelque fois ce n’est pas l’envie qui manque. Je dois les soigner peu importe leur appellation. Et c’est ce que je fais. Du coup, je lui serre sa main en guise de présentation et je suis heureux de pouvoir mettre un nom sur ce visage qui m’est inconnu. Même avec la race de son chien, je doute qu’elle soit de la région. Je cherche donc à le savoir pour faire la conversation. Elle m’apprend qu’en fait elle vit ici depuis cinq ans mais qu’elle a passé quelques temps au Japon. Louise n’est de retour que depuis quelques semaines. En voilà une surprise. Son rire me pousse d’ailleurs à rire aussi. Finalement, j’avais tort. Comme quoi les apparences sont parfois trompeuses. « Ah d’accord, pardon du coup. » Pourquoi je m’excuse ? Aucune idée. Elle veut savoir si de mon côté je suis nouveau. Je hoche la tête négativement juste avant de répondre. « J’habite à Island Bay depuis onze ans. J’ai fais toutes mes études en médecine ici. Je pratique désormais à l’hôpital de Wellington où j’ai fais mon internat et ma résidence. Je suis de Londres originairement. Je pense que ça se remarque à l’accent britannique qui est encore là. Du coup, il faut croire que je n’ai jamais remarqué avant qu’il y avait un propriétaire de shiba non loin. Elle semble jeune par contre. Quel âge a-t-elle ? » Je me permets de lui demander par grande curiosité. Je suis un passionné inconditionnel des chiens. Ça a toujours été ainsi même si je n’ai jamais eu l’occasion de posséder de ce genre d’animal avant d’habituer en appartement avec Aubrey, ma meilleure amie. Mais bien avant je parlais fréquemment de chien. J’en voulais un mais mes parents refusaient toujours. Je me mettais donc à la place à lire des livres sur le sujet et à faire des recherches fréquentes sur les races qui m’intéressaient plus particulièrement que d’autres. Je me souviens avoir déjà recherché des informations sur les shiba inu. Se sont de très beaux chiens, extrêmement fidèles. Elle a une bonne bête entre les mains. Je souris d’ailleurs en la voyant observer sa chienne au loin. Cela me fait me demander si elle a l’habitude des chiens. « Est-ce que c’est votre premier chien ? » Je lui dis avec toujours la même grande curiosité qui me pousse à garder mon attention sur elle plutôt que sur nos chiens qui je sais sont très bien surveillés par Celeste de toute façon.

Louise se montre naturellement intéressée par ce que je fais dans la vie et cela me rend un peu plus souriant. En fait, en parlant de mon métier, j’ai eu toutes les réactions possibles. Les gens qui vous admirent pour ce que vous faites. Ceux qui vous détestent parce que c’est de la faute des médecins apparemment si le système de santé du pays à des ratés. Du coup, quand quelqu’un se montre ouvert à mon métier, je ne peux qu’en être plus porté à en parler. « Je suis de spécialité pédiatrique. Mon domaine d’expertise c’est la néonatalogie et la périnatalogie. Du coup, je m’occupe des nouveau-nés prématurés ou nés avec des maladies congénitales, la plupart du temps. Il m’arrive de faire des suivis de fin de grossesse difficile. Par contre, je ne suis pas un médecin obstétricien, donc je ne procède pas à des accouchements. Je ne m’occupe que des bébés, pas vraiment des mamans. Et je vous assure que les nouveau-nés ça n’a pas de malice ou de méchanceté. C’est honnête et authentique. On sait toujours ce qui en est avec eux. Mes petites forces de la nature. » Je souris. On ne surestimera jamais assez la force de la vie. À quel point certains petits que j’ai vu s’accroche jusqu’au bout, jusqu’à gagner leur bataille contre la prématurité et pouvoir rentrer sagement avec leurs parents à la maison. Ces victoires font du bien au cœur. On se sent fier d’y avoir contribué. Elle m’apprend ensuite l’âge de Cristal ainsi que d’où elle vient. Je comprends en effet pourquoi c’est la première fois que je la vois. « Elle est vraiment très belle. Je vais rarement à la plage de mon côté avec mes chiens puisque ça m’éloigne trop de mon appartement qui est à West Bay. Du coup, je viens fréquemment à ce parc. Il est vraiment bien pour les chiens. » Je hoche la tête alors qu’elle me révèle que son shiba inu est le premier chien qu’elle a acquit par elle-même. « Pour ma part, Celeste est le premier chien que j’ai eu. Plus jeune, j’harcelais mes parents pour qu’ils m’en achètent un, peu importe la race. Je voulais juste avoir un ami avec qui jouer, quoi. Mes parents ont toujours refusés. Donc dès que j’ai emménagé en Nouvelle-Zélande, j’ai attendu quelques années et ensuite j’ai adopté un berger allemand avec ma colocataire. Elle aussi j’ai dû la convaincre, mais ça n’a pas été difficile. Il a suffit que je lui montre la photo de Celeste à ses deux mois et elle a craqué instantanément. » Je ris à ce souvenir. « Pour ce qui est de Lucifer, je l’ai eu en cadeau. C’est une éleveuse de golden retriever de la région à qui j’ai sauvé le bébé qui a insisté pour me le donner. Comme on ne peut pas accepter ce genre d’offrande dans mon métier, elle a attendu que sa petite fille obtienne son congé de l’hôpital avant de m’amener Lucifer âgé d’à peine un mois et demi et de me le mettre dans les bras. Évidemment, je ne voulais plus m’en séparer après ça. » Je ris à nouveau. Je suis resté en bon contact avec l’éleveuse. Elle me parle de sa fille à l’occasion, de comment elle se porte bien. Ça me fait sourire à chaque fois. Je regarde nos chiens au loin. « Cristal semble avoir un bon tempérament. Est-ce qu’elle est sage également au domicile ? » Ou bien elle a un petit côté Lucifer caché.

Il est certain que je n’ai pas choisis le métier le plus calme qui soit. Je suis constamment dérangé, je cours parfois d’un côté puis de l’autre afin de répondre à des urgences pédiatriques et surtout je suis l’unique médecin dans ma spécialité à l’hôpital, ce qui signifie que j’ai la majorité du temps de garde. Ainsi, je peux être réveillé parfois durant la nuit parce qu’il y a un problème à l’hôpital même si je ne devais pas travailler ce jour là. C’est très demandant. Toutefois, je n’aime pas me plaindre de cela. J’ai choisis cette vie en connaissance de cause et ce métier me passionne. Du coup, inutile d’embêter Louise avec ce genre de détails. Je hoche toutefois la tête pour lui signaler qu’en effet c’est très demandant. « Oui, ce n’est pas de tout repos. Sauf que je place mes patients avant tout, donc cela ne me dérange pas de faire le maximum pour eux, de jour comme de nuit. » Je lui souris afin qu’elle ne s’en fasse pas trop pour moi. Inutile qu’elle s’inquiète si ma santé lui tiendrait par hasard à cœur. Je vais très bien. La seule chose que je changerais à ma vie, c’est probablement d’enfin réussir à percer dans la musique. Un rêve fou que je caresse depuis beaucoup trop longtemps et que je néglige depuis que mon boulot de médecin prend toute la place. C’est dommage d’ailleurs. Je me sens vide sans musique, sans la possibilité de chanter. Je l’écoute à la place de me morfondre davantage. Elle est d’accord sur le fait que ce parc à un certain charme et qu’il est idéal pour que nos chiens s’amusent. Puisqu’elle affirme que la plage est à côté de chez elle, j’en déduis qu’elle réside à South Bay. Je me demande si elle connait Liam Drake, le demi-frère de ma colocataire Aubrey qui habite justement dans une villa de ce quartier. Je ne laisse pas ma curiosité l’emporter parce que je pense bien que je lui aurais carrément posé la question, au risque de la gêner par cette audace. Je lui parle donc à la place de comment j’ai eu mes deux chiens. Elle aussi rêvait d’en posséder un enfant, mais à cause des déplacements de son père c’était impossible. Je la comprends, une fois de plus. Je ne la pousse pas à terminer sa phrase, sentant que c’est un sujet délicat. J’hésite à même porter une main sur son épaule pour l’apaiser, choisissant plutôt de poser cette main sur le bois du banc entre nous deux. Quelque chose me dit qu’il y a une souffrance en elle qu’il vaut mieux ne pas réveiller. Je respecte cela. Je l’interroge alors sur le tempérament de Cristal, qui me semble excellent malgré son jeune âge. Effectivement, les propos de Louise me le confirment. Son shiba est un vrai petit ange. Pour le moment, du moins. Je ris à cela. « Vous savez, j’ai su dès le premier jour que Lucifer allait me donner du fil à retordre. Leur caractère apparaît assez tôt, j’ai l’impression. Avec les années, un chien peut finir par s’assagir. Du coup, je pense que c’est dans le tempérament de Cristal d’être calme. Et c’est bien, vous êtes tombé sur une excellente bête. » Je lui assure en passant les quelques minutes suivantes à fixer nos trois chiens qui se sont installés à l’ombre d’un grand arbre. « Vous aimez la musique ? » Je lui demande d’un coup, sans vraiment savoir pourquoi je vais sur ce terrain là.