You saw sir ? I won #Liam Drake

Depuis que Sophie a prit tout naturellement la place de son mari pour m’entraîner, nous avons rarement eut comme sujet de discussion autre chose que mes propres performances. Jusqu’à cette discussion autour d’un verre à Noël. Contrairement à son défunt mari, mon entraîneuse ne condamnait pas la consommation d’alcool, à la seule condition que celui-ci soit prit pour une célébration ou une occasion spéciale. Ce qui était le cas. Je ne pensais pas voir Sophie aussi encline aux festivités comme il s’agit de son premier Noël sans Roy. Cette femme est la plus forte que je connaisse, après tout. Rien ne semble pouvoir l’arrêter, pas même mon obstination occasionnelle. Elle a l’habitude des boxeurs arrogants et à l’égo surdimensionné. Elle en a vu d’autre. Du coup, la voir me parler de cet endroit à Island Bay où des combats de boxe amateurs sont organisés hebdomadairement, ça a piqué ma curiosité. Sophie m’a suggéré fortement d’aller y faire un tour un jour. Je n’ai pas refusé la recommandation. Se sont dans des endroits comme celui-ci que j’ai commencé à l’époque. À Los Angeles, le nombre de ces petits club de boxe étaient bien plus nombreux et de tous les genres. Il y avait des endroits miteux comme des salles presque professionnelles. Nous avions donc l’embarras du choix. À Island Bay, je me surprends à trouver le lieu modeste, mais remarquablement bien équipé. Le ring semble dans les normes au simple coup d’œil. Le propriétaire de l’endroit n’a pas négligé sur les détails. Cela pousse ma curiosité à un autre niveau. Il y a une bonne petite foule réunie pour assister au combat de ce soir. Il s’agit d’un match de boxe féminine cette semaine. Je m’installe où il reste de la place, attendant comme les autres le début de l’affrontement. Personne ne me prête attention, ce qui m’arrange. J’ai un nom et un visage connu dans le milieu. Pas que cela me gêne d’être ici, loin de là. C’est juste que je préfère éviter de voler la vedette. Ce n’est pas moi sur le ring ce soir. Dès que l’évènement commence, je rapporte mon attention sur l’arbitre qui se trouve aussi à être le propriétaire. Il présente les deux adversaires l’une à l’autre. Je ne peux que sourire en voyant que l’une des deux jeunes femmes est Louise Sanchez. Je pourrais reconnaître ce regard déterminé n’importe où. Je me laisse captiver par leur affrontement, observant très attentivement les coups de Louise. Elle a bien progressé depuis la dernière fois, ça c’est indéniable. La voir être victorieuse est aussi agréable que dans mes souvenirs. Je me permets d’ailleurs de me diriger vers les vestiaires après le combat qui n’ont rien à voir avec le genre d’endroit dont j’ai l’habitude depuis les dernières années. C’est fou comme j’ai rapidement oublié à quoi ressemblaient les débuts d’une carrière de boxe. Dans quel genre d’endroit ont nous faisons nous changer, nous préparer puis nous affronter. Ma vie à bien changée depuis. Je ne suis pas surpris de trouver Louise seule à s’occuper de retirer ses gants. Sans même lui demander avant, je viens m’assoir à côté d’elle. « Belle victoire. » Je lui dis en tournant un regard dans sa direction. « Je suis content de voir que tu es toujours dans le circuit. » J’avais raison sur sa persévérance, sur la force de sa passion. Et elle ira encore très loin, ça j’en suis certain.

Mon regard se porte d’abord sur les lieux, sur la petite pièce aux murs salis par le temps. L’endroit a accueillis beaucoup d’impatience, de sueur et de larmes. Débuter dans ce sport, surtout alors qu’on cherche à grimper à un niveau supérieur, ça demande des sacrifices et de la souffrance. Une souffrance physique et mentale. Lorsque j’ai rencontré Louise à Tokyo il y a quelques temps, j’ai immédiatement remarqué qu’elle possédait tout ce qu’il fallait pour atteindre un niveau professionnel si elle persévérait. Voilà que la retrouver aujourd’hui m’apporte une preuve supplémentaire que j’avais raison de croire en elle. Son sourire communicatif en fait naître un plus modeste sur mes lèvres. Je l’observe dans les yeux alors qu’elle ne s’attendait pas à me voir ici. « Je ne savais pas que j’allais venir non plus. Je me suis décidé une heure avant. » Est-ce le hasard ou un pressentiment qui m’a poussé à déterminer qu’aujourd’hui était le moment où je devais aller observer un peu les combats amateurs, me replonger dans mes racines ? Peu importe ce que c’est, je suis heureux au final d’être ici afin de revoir la jeune Sanchez en action. Ça fait trop longtemps que je ne l’ai pas vu se battre. L’observer à quelque chose de rafraîchissant. Si je sais que je n’ai pas le talent d’un professeur ou d’un entraîneur, j’ai beaucoup d’admiration pour l’exécution des mouvements. Pour moi, la boxe est presque un art. Ça semble stupide à dire, mais je ne tolère pas les personnes qui frappent pour frapper. Il faut y donner du cœur, y mettre son âme comme m’a enseigné un ancien champion à mes débuts. La boxe ne sert pas à blesser, elle sert à s’affirmer. On trouve la faiblesse de l’adversaire et on s’en sert contre lui. L’aspect stratégique de la boxe est ce qui me passionne le plus, ce pour quoi je suis le meilleur et reconnu d’ailleurs. Je souris donc cette fois plus grand en entendant la réponse de Louise. En effet, plus elle va progresser et faire tourner les têtes, plus ça va devenir intéressant. Je me croise les bras sur la poitrine, ne cachant pas mon regard toujours très observateur sur elle. Elle a maturé depuis la dernière fois que je l’ai vu, c’est certain. Sauf qu’elle dégage toujours la même énergie, au fond. C’est agréable. « Je constate que tu t’es déniché quelqu’un. Un entraîneur, j’imagine. Il doit être récent puisque tu n’as pas encore intégré ses enseignements à tes réflexes sur le ring. Tu avais des fractions de secondes d’hésitation à chaque fois que tu allais faire l’un de ses coups. C’était assez facile à voir. » Pour un œil comme le mien, oui. Pour tous les autres, non. « C’est bien que tu aies trouvé un coach. Est-ce que je le connais, par hasard ? » Une curiosité qui ne me ressemble pas, mais qui vient surtout d’un souci concernant Louise. Je ne voudrais pas qu’elle soit entre les mains d’un incompétent qui va étouffer son talent.

J’écoute ses explications concernant son combat comme je le faisais autrefois. Il est important de laisser le boxeur exprimer lui-même son ressentie des évènements, les instincts qu’il a privilégiés plutôt que d’autres. Évidemment, après un combat l’analyse est moins efficace car l’adrénaline du match coule encore dans nos veines. Sauf que son opinion est utile pour la faire progresser. La vision extérieure d’un coach est essentielle, c’est certain. Sauf que le boxeur doit s’exprimer aussi. Un combattant muet est un soldat, pas un stratège. Hors pour moi, les boxeurs professionnels sont les stratèges de guerre du monde moderne. Forcément, ils doivent avoir une opinion des évènements et une vision objective surtout. Voilà pourquoi les boxeurs aveuglés par la colère ne vont jamais très loin dans le circuit. Car ils se laissent dicter par une émotion négative plutôt que par leur tête et leur corps. On ne gagne pas un combat en souhaitant la mort de son ennemi. On le gagne en le conduisant vers son point de chute. Ensuite, on le laisse tomber de lui-même. Pousser son adversaire dans cette chute pourrait nous entraîner nous même à tomber. Il y a beaucoup de retenue dans la boxe, une discipline et une patience nécessaire pour saisir les opportunités et renverser parfois complètement un combat. Les plus grands moments de la boxe viennent de là. Aujourd’hui Louise n’a pas été parfaite. Mais elle a combattu dans cette philosophie qui me tient particulièrement à cœur. Elle mérite donc sa victoire selon moi. « Oui, ça se sent que c’est un nouveau coach. Tu ne lui voue pas encore une confiance aveugle. Ce qui n’est pas négatif, c’est simplement de l’adaptation comme tu le dis. Je pense que tu as bien jugé ton adversaire en combat, d’ailleurs. Tu peux en être fière. » Je lui assure. Je lui demande donc qu’elle me nomme son coach pour voir si je peux évaluer sa valeur. Le nom qu’elle m’évoque m’est certes familier mais comme je ne l’ai jamais vu combattre, je ne peux pas supposer de ses compétences d’entraîneur. J’ai besoin de faits pour me faire une opinion valable de cet homme. « Je connais de nom seulement. Sauf que ça me semble lointain. Il n’est plus dans le circuit depuis quand, est-ce que tu le sais ? » J’ai quelques informations sur Ashmore qui me reviennent à force d’y penser. « Il n’est pas américain, si je me souviens bien. » Un européen, je suppose naturellement. Les techniques d’entraînements diffèrent d’un continent à l’autre. J’ai l’habitude de la méthode américaine personnellement, étant de cette nationalité. Je connais les différences entre chaque méthode toutefois. Il n’y en a pas de meilleures que d’autres. C’est le boxeur qui au final fait la différence. Je ne lui pose pas plus de questions sur son entraîneur. Les circonstances de leur rencontre ne me concernent pas. Je m’intéresse simplement à Louise et à son bien. « Tu as développé une routine d’après-combat ou tu me permets de t’inviter quelque part ? » Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas parlé. Il est donc naturellement que je cherche à converser un peu plus avec Louise afin de rattraper le temps.

Louise me remercie pour mes mots, mais je ne lui demandais pas de le faire. Ce n’est pas grave. J’apprécie sa reconnaissance tout de même. Cette jeune femme n’a jamais été arrogante depuis que je la connais et c’est un trait de caractère que j’admire beaucoup chez elle. Il serait tellement facile de se laisser avoir par les victoires et la gloire montante. Je sais que Louise à une tête sur les épaules, qu’elle est suffisamment sérieuse dans ce qu’elle fait pour vraiment devenir pro. Je ne m’inquiète même pas à ce sujet. Elle me parle ensuite volontiers d’Ashmore et de comment elle l’a rencontré. Je souris. « Les meilleurs rencontres se font par hasard. » Il suffit de penser à la nôtre ou encore à celle avec ma fiancée, Lexie. Les deux sont issues du hasard et je suis vraiment content qu’autant l’une que l’autre ait eu lieu à ce moment précis de ma vie. Louise accepte par la suite mon invitation à aller quelque part. Je me lève donc aussitôt. Je lui laisse le temps de récupérer ses choses et ensuite nous sommes partie. La salle s’est vidée entre temps. Il ne reste plus que trois hommes qui s’occupent de faire le ménage des lieux. Nous sortons à l’extérieur et j’observe un peu les alentours assombris. Je dirige Louise vers ma voiture, une Cadillac CTS-V Carbon Black magnifique. Je me saisis du sac de la jeune femme que je mets dans le coffre pendant qu’elle prend place à l’intérieur. Je rejoins ensuite le volant et j’allume le moteur qui fait très peu de bruit. On pourrait presque croire que le véhicule est à l’arrêt avec le volume de la radio qui couvre facilement les bruits habituels du moteur. Je nous fais pourtant avancer, preuve que la voiture est en vitesse. Je nous conduis spontanément vers un petit bistro que j’ai découvert récemment à North Bay et qui est très sympathique. Je ne sais pas si Louise connait et apprécie. J’imagine que c’est le cas. Je tourne un regard dans sa direction pour m’assurer que cela lui convient. Je nous stationne ensuite en parallèle à proximité. Nous entrons dans le bistro qui a déjà de nombreux clients, mais qui par chance n’est pas bondé. Nous nous installons à une table. Je me commande naturellement une bière locale afin de me désaltérer. Louise est libre de choisir ce qu’elle préfère, m’occupant de payer l’addition. Dès que le serveur part avec notre commande, je me tourne vers la jeune femme, intéressé par ce que j’ai manqué depuis notre dernière rencontre à Tokyo. Cela fait tout de même plusieurs mois. Il a pu s’en passé des choses. Je ne suis pas le genre à vouloir impérativement tout savoir, sauf que ça m’intéresse de connaître au minimum où en est sa vie depuis que nous nous sommes séparés car j’étais attendu à Bangkok pour des affrontements là-bas. « Tu es de retour depuis longtemps de ton visa ? » Je lui demande d’abord, curieux de savoir depuis quand elle est de retour à Wellington. « Moi, je suis ici depuis juin. C’est aussi la boxe qui m’a amené à emménager ici. Mais disons que je pense rester au final. » Je souris. Elle doit peut-être deviner la raison qui me pousse à ne plus vouloir partir. « Elle s’appelle Lexie. Nous sommes fiancés depuis une semaine à peine. » Ce fait m’amuse, étrangement.

Le décor du bistro est des plus chaleureux. Beaucoup de structures de bois teintent et des murs qui semblent formés de pierre superposés. Je devine le travail d’un maçon, ce qui n’est pas commun. Un éclairage chaud, presque orangé est au-dessus de nos têtes, venant contribuer à l’ambiance accueillante des lieux. J’ai découvert ce bistro par hasard, alors que je me rendais à l’adresse d’en face. L’enseigne extérieure a immédiatement retenue mon attention et c’est sans grande surprise que je me retrouve client des lieux pour la quatrième fois depuis ma découverte. Je trouvais que l’endroit avait une atmosphère reposante et propice aux retrouvailles. Il m’a semblé tout indiqué pour Louise. Elle se commande elle-même une bière et le serveur repart. Le service est rapide dans cet endroit donc nous n’allons pas devoir attendre trop longtemps avant de pouvoir tremper nos lèvres dans le liquide ambré. J’apprends que la jeune boxeuse n’est de retour que depuis un mois. Lorsque nous nous sommes quittés à Tokyo il y a quelques temps, j’ai le souvenir d’avoir en effet entendu son plan de faire le tour du pays. Finalement, elle l’a fait et cela m’enchante pour elle. S’intéresser à une autre culture est une preuve d’intelligence et d’ouverture d’esprit. Surtout que Louise a un profond amour pour la culture japonaise. Si je n’ai retenu que quelques mots de leur langue, la jeune femme serait capable de converser en utilisant le japonais si je lui demandais. Je souris à cette pensée. Inutile de me retrouver à être incapable de la comprendre. Restons en anglais. C’est tout naturellement que je lui avoue être fiancé avec Lexie. En un mois à la connaître auparavant à Tokyo, elle n’a pas apprit grand-chose de ma vie amoureuse, forcément. Principalement parce que je n’en parlais pas vraiment et aussi parce que nous avions l’esprit concentré sur la boxe. Lui avouer donc ce qui en est aujourd’hui, alors que nous nous retrouvons, est aussi très surprenant pour moi. En fait, je viens de réaliser que Louise est à la première personne à qui j’avoue mes fiançailles et qui ne fait pas partie de mon entourage immédiat. C’est donc encore plus étonnant en réalisant ça. Pourtant, Lexie a prit une place tellement importante dans ma vie et ce si rapidement que je ne peux faire autrement que de l’exposer au monde désormais. Je souris un peu plus grand aux félicitations de Louise. « Je t’assure que je ne pensais jamais te dire ça un jour. Dire ça à n’importe qui d’autre d’ailleurs. » L’amour est un mystère, même encore aujourd’hui. Je ne peux nier que ça demeure déstabilisant et ce malgré que je sache que je suis happé par son pouvoir. Qui l’aurait cru ? Nos bières respectives arrivent et j’en prends une grande gorgée. Je redeviens ensuite un peu sérieux en scrutant le regard de la jeune femme. « À quel moment est-ce qu’Ashmore veut te faire rivaliser avec des concurrents de plus hautes lignes ? Tu vises toujours les pros, ça se voit. Il a décidé d’un plan avec toi afin te faire monter les échelons ? » Il y a plus d’une façon de devenir pro en intégrant ce circuit. Sauf qu’il faut prendre les devants. Rares sont ceux qui se font approcher par une ligne supérieure. Il faut savoir se faire remarquer et être mémorable pour cela.