un peu de répit (siloë)

Quelques jours auparavant, je m'étais disputée avec ma mère et mon frère aîné, Félix. Pour je ne savais quelle raison ils avaient trouvé utile de me faire la morale sur mon mariage qui n'avait pas encore eu lieu, tentant de me faire céder à la pression pour qu'une date apparaisse comme par magie. Bien sûr, ça se sait bien, c'est le genre d'événements qui se décide sur un coup de tête parce que l'une des familles est un peu trop pressée d'avoir une réponse. Bon, d'accord, ça faisait bien deux grosses années que nous laissions ça de côté, mais nous avions d'autres chats à fouetter avant de nous préoccuper de dépenser énormément d'argent en un seul grand moment. Et puis, l'amour ne se résumait pas à ça non plus, l'attente prouvait que ça valait le coup... non ? Forte de mes convictions, j'avais préféré rentrer chez moi, sans un mot de plus, vexée jusqu'à en devenir hargneuse si j'avais encore des nouvelles d'eux dans les jours à venir.

On dit que la nuit porte conseil, bien qu'il en fallut plusieurs, mais je m'étais en tout cas réveillée ce matin-là de bien meilleure humeur. Sans doute le fait de savoir que j'allais sortir et retrouver des copines, des qui ne me blâment pas sans arrêt pour quelque chose d'aussi agaçant que l'organisation d'un mariage dont la date n'est toujours pas fixée. J'avais retrouvé Siloë dans un café dans lequel nous n'étions pas restée bien longtemps. Après lui avoir vaguement raconté ma journée de la veille et les quelques jours précédents, j'avais follement lancé l'idée d'aller dans un salon de beauté. Après tout, c'est supposé être relaxant selon ce qu'on y fait, la suggestion ne me semblait donc pas si déplacée que cela. Bon, il n'était pas non plus question de bronzage, à cette époque de l'année, c'est plus celui qu'on prend seul, à s'allonger sur une serviette de plage au bord de l'eau... et le teint blanc était le seul qui me seyait vraiment. La couleur crevette était affreuse et restait longtemps, trop longtemps, sur moi.

« Soin du visage ou manucure ? » J'avais si peu l'habitude de prendre le temps de venir dans ce genre d'endroit, me contentant de soin applicables chez soi, que l'impression de débarquer dans un terrain inconnu me forçait à demander un avis. Et puis, vu qu'il n'y avait pas foule - tout le monde devait être en train de se dorer la pilule quelque part en ville - c'était le meilleur endroit pour discuter : à l'exception de, peut-être, une ou deux esthéticiennes curieuses, le risque était mince pour que nos conversations arrivent aux oreilles d'autres personnes.

Aujourd’hui, tu devais aller retrouver une amie au salon de beauté. Tu n’étais pas contre et cela ne pouvait pas te faire de mal. Surtout après ces dernières semaines. Elle connaissait également ton frère Connor mais tu étais plus proche d’elle qu’elle ne l’était. Tu te préparais alors pour aller la rejoindre. Cela ne pourrait pas te faire de mal et tu espérais également pouvoir te détendre un peu. Tu espérais que cela allait fonctionner. En tout cas, tu récupérais tes affaires, ton sac à main et rejoignais ton amie. Tu lui souriais en arrivant avant de la prendre dans tes bras. « Coucou Albane. » Tu lui lançais avant de reculer et te détacher. « Tu vas bien ? » Tu lui demandais tout de même avant de te débarrasser de ta veste et de la poser. Tu posais également ton sac à main. « Les deux choix sont très tentants. » Tu lui disais avant de réfléchir à ce que tu pourrais choisir. Tu hésitais pour cela. « Je pense que l’on pourrait faire un soin du visage et ensuite on fera une manucure, qu’est ce que tu en dis ? » Tu lui demandais alors voulant avoir son avis également puisque vous étiez venues ici toutes les deux pour en profiter. De ce fait, le choix vous revenait à toutes les deux. « Tu vas pouvoir me raconter ce qu’il y a de nouveau dans ta vie comme ça. » En tout cas, toi tu étais bien curieuse de savoir. Tu préférai entendre les autres parler de leur vie que toi la tienne.

Passer du temps avec Siloë pouvait parfois s'avérer rare, mais je n'étais jamais déçue du voyage. Je l'adorais à un point inimaginable à tel point que son frère, que tu connaissais depuis bien plus longtemps, était passé au second plan quand tu l'avais rencontrée. « Un peu tendue, mais ça va. Et toi ? » Je souris. Ouais, les deux choix étaient tentants, c'était vrai, et ils semblaient aussi relaxants l'un que l'autre. Objectif : oublier des petits tracas à la noix qui venaient pourrir une semaine. La proposition de Siloë semblait toutefois bien plus logique que mon hésitation. Quand bien même, quand j'avais l'âme à l'envers, j'hésitais pour tout. « Ca me semble logique de faire comme ça ! » D'autant qu'il y avait plein de choses à essayer dans ce salon. « De même pour toi, je veux tout savoir ! » Moi, dans ma vie, tout n'était visiblement pas si réussi qu'il n'y paraissait. Ou que je voulais bien laisser paraître en tout cas. Je savais que je pouvais avoir confiance en Siloë, bien sûr, mais ça ne tarderait pas à se faire savoir.
Nous annoncions alors aux esthéticiennes que nous voulions commencer par un soin du visage. Nous nous installions alors sur les fauteuils adéquats pour nous faire chouchouter. Ca allait me faire bizarre de me laisser faire sans rien avoir à penser.

Il t’arrivait parfois de perdre de vue la jeune femme. Tu ne la voyais pas durant quelques temps. Tu la retrouvais de ce fait aujourd’hui pour passer un peu de temps en sa compagnie. Un moment de détente qui ne pouvait pas faire de mal. « Pourquoi ? Qu’est ce qu’il y a ? » Tu lui demandais alors que la jeune femme t’avouait être tendue. Peut être que cela était dû à un stress ou quelque chose. Tu ne savais pas, tant qu’elle ne t’avait rien dit. Elle n’était pas obligée de te le dire d’ailleurs. Tu proposais alors à la jeune femme de commencer par le soin du visage et puis par la manucure. Ainsi, tu allais pouvoir discuter avec elle. Bon d’accord, si vous auriez fait l’inverse tu aurais pu le faire également. Bien entendu. Tu t’installais de ce fait pour que les esthéticiennes puissent s’occuper de vous. C’était bien pour ça que vous étiez venues : pour qu’on vous chouchoute. « Oh tu sais, il y a rien de nouveau ou de particulier dans ma vie. Je vis toujours avec mon frère et son meilleur ami. » De ce côté-là, rien n’avait vraiment changé. C’est vrai que tu avais embrassé celui-ci et que les choses étaient devenues plus compliquées mais tu allais t’abstenir d’y penser. « Je continue aussi de travailler à la maison d’édition et de m’occuper du livre de mon coloc. Ca avance doucement. » En même temps, c’était normal. Cela se saurait si on mettait rapidement pour faire un livre. Ils en sortiraient probablement tous les jours d’ailleurs. Mais non, cela ne se passait pas comme ça. Tu te détendais un peu, petit à petit. « Et toi ? Racontes moi ! » Tu lui disais en attendant qu’elle te donne de ses nouvelles.

C'était parfois pas simple pour moi de me confier, parce qu'à part mon jumeau, j'avais difficilement le temps de retrouver des personnes. Et je ne parlais pas du tout de mes disputes familiales avec mon fiancé. Il y était déjà assez baigné pour ne pas en rajouter une ou deux couches. « Je me suis encore pris la tête avec ma mère. Et Félix s'en est mêlé. » Mon aîné se mêlait toujours de tout quand il s'agissait de mes affaires. Alors certes, j'aurais pu être tendue pour le mariage et tout ça, mais pour l'instant, Eamon et moi ne nous prenions clairement pas la tête avec ce genre de détails. Ouais, des détails. Après tout, après autant de temps à être fiancé, rien ne pressait. C'était juste un engagement que nous étions prêts à prendre, mais qui n'était pas pour tout de suite pour diverses raisons. « Toujours ? » m'étonnais-je à sa boutade. La colocation, ça pouvait parfois être lourd, ne serait-ce que pour un souci d'intimité. J'avais vécu ça jusqu'à mon départ de la maison familiale : cohabiter avec mes frères et soeurs en partageant une salle de bain et tout le toutim. Rien qui ne casse réellement trois pattes à un canard, sauf au niveau financier. La maison d'édition, par contre, ça m'intéressait énormément. Bastian avait été embauché dans l'une d'elles et, de mon côté, je rêvais encore et toujours d'écrire sans jamais saisir une quelconque opportunité. Du coup ça n'arrangeait pas mes affaires, mais je continuais à rêver, au moins. « Tu ne m'avais pas dit qu'il avait écrit un livre ! Il parle de quoi ? » Je soupirais. Moi, c'était pas forcément le beau fixe, fallait finalement l'avouer. « Toujours fiancée depuis le temps, toujours pas mariée... ma famille me met beaucoup la pression alors que j'ai pas l'impression d'en avoir autant du côté de la famille d'Eamon... Ou alors je la vois pas... Et puis, lui, il est un peu distant en ce moment. J'espère que ça va vite passer, mais je me doute qu'avec le travail et tout ça, ça doit pas être simple, rien que moi, j'ai toujours le nez dans mes copies... » Ce qui me rendait, soit dit au passage, complètement aveugle, mais en tant que prof, j'avais difficilement le choix, même si ça n'était que des copies d'élèves de primaire.

Tu avais parfois du mal à te confier à tes amies. C’était normal mais bon, là tu ne faisais que parler de ta vie de tous les jours. Ce qui se passait chez toi en gros. De ce fait, ce n’était rien de vraiment privé. « Pourquoi vous vous êtes pris la tête ? » Tu savais que c’était compliqué les histoires de famille. Tu avais également Connor pour savoir que c’était difficile quand vous vous disputiez. Il était pas ton jumeau mais, presque. Tu étais très proche en tout cas de lui. Tu n’aimais pas quand vous vous disputiez. Tu n’aimais pas non plus être éloignée de lui et pourtant, tu avais l’impression que c’était le cas. « C’est vrai oui. C’est un thriller comme livre mais on est encore en train de s’en occuper donc ça ne sera pas pour toute suite. Il y a encore des détails à régler. » Et encore, tu ne savais pas si avec Angus ils allaient se mettre d’accord. La maison d’édition voulait certaines choses et lui d’autres choses. C’était probablement cela d’être un véritable écrivain ? Peut-être bien mais tu voulais que les choses se passent bien. Tu hochais la tête en entendant ses mots. Elle était fiancée alors que toi.. tu étais en couple avec ton petit ami, tu ne vivais pas avec et.. le mariage semblait bien loin. Mais ce n’était pas le moment de penser à Jayden. « Cela fait combien de temps maintenant que vous êtes fiancés ? » Tu lui demandais pour ne pas dire de bêtises, ne pas faire de bourdes. « Tu as essayé de lui demander pourquoi il est distant ? Enfin.. il a peut être des soucis ou quelque chose ? » Mais tu n’en savais rien. Tu ne connaissais pas son fiancé et cela ne te regardait pas. De plus, tu étais franchement mal placée pour parler ou faire des leçons en ce qui concernait les amours.

Je soupirais. « Comme d'habitude, le mariage. » Il fallait dire qu'en trois ans de fiançailles à refuser de planifier une date, des réflexions dans la gueule je m'en étais pris un paquet, c'était un fait. Je ne m'étais pas plainte souvent mais le sujet était régulièrement venu sur la table lorsque je retrouvais Siloë. Puis c'était là les seuls sujets que j'avais à partager même quand je rêvais de parler d'autre chose. Ma vie c'était parfois juste métro boulot dodo et quelques engueulades pour briser la routine. Malgré les vacances scolaires, j'étais toujours complètement débordée par le travail. Et pourtant, toutes mes classes n'avaient pas forcément de copies à rendre, surtout quand je m'occupais des tous petits.
Je m'intéressais de près à ce que faisait mon entourage en rapport avec le monde du livre. À commencer par mon frère jumeau, Bastian, même s'il se voulait le plus mystérieux possible sur son travail, pour le simple plaisir de m'entendre râler. Je fus un peu déçue de n'en savoir pas plus que ça. « Oh... tu me préviendras de sa sortie en librairie ? Ca fait bien longtemps que je n'ai pas pris du temps pour lire une nouveauté. » Mais heureusement, je pouvais compter sur Eamon pour me faire la réflexion que je devais parfois un peu souffler. Le pauvre, c'était surtout pour lui que ça ferait des vacances. Du temps pour organiser en bonne et due forme notre cérémonie... si seulement. « Trois ans déjà... je peux comprendre que ça fasse beaucoup pour nos familles à attendre etc, mais le moment ne s'est encore jamais présenté. » Une fois encore, je soupirais. Ou plutôt je respirais très fortement. « On n'a pas vraiment eu le temps d'avoir une vraie conversation à ce propos. Il élude la question en temps normal... » Pas de quoi se faire des idées, ou du moins pas suffisamment pour que je m'en fasse, mais ça commençait à devenir difficile de discuter...

Tu avais demandé à ton amie ce qu’elle avait. Pourquoi elle se disputait avec son frère et sa famille, avant que celle-ci ne t’apprenne que c’était en rapport avec son mariage. Tu comprenais à présent. Toi, tu ne savais pas trop si tu allais te marier un jour. Ce n’était pas dans tes projets pour le moment. Probablement parce que cela n’allait pas avec ton petit ami. « Oui bien sûr, avec plaisir. Ce n’est pas pour le moment mais je te préviendrais si tu veux oui. » Tu lui disais avec un sourire. Puis si tu pouvais faire un peu de publicité pour le livre de ton colocataire alors pourquoi pas. Cela ferait gagner en vente et il en aurait besoin. Tu savais que tu serais la première a acheter le livre. Quoique, tu en aurais un probablement d’offert. Tu hochais la tête. En effet, cela faisait longtemps qu’Albane était fiancée. Trois ans c’était beaucoup. C’était même avant que tu te mettes en couple avec ton petit ami. Mais si le moment ne s’était pas présenté alors voilà. « Oui je comprends, peut être que vous devriez fixé une date par exemple en été, ça vous laisse le temps. » Mais ce n’était qu’une supposition. Tu ne savais pas, ils savaient plus que toi ce qui était le mieux. Surtout, ils savaient plus que toi quand ils auraient le temps de se marier. Ils devaient chacun avoir une vie, un boulot prenant. « Je vois oui.. » Tu te mordillais la lèvre, réfléchissant un instant tout en profitant de ton soin. « Pourquoi tu ne l’inviterais pas au restaurant ? Ou bien quelque part où vous seriez tous les deux et tu pourrais peut être discuter avec ? » Tu lui proposais alors, ne sachant pas si c’était la bonne solution. Seulement, tu étais la mal placée pour conseiller les autres niveau couple. Quand on voyait le tien..

Parfois je me prenais la tête pour trois fois rien, c'était vrai. Mais ma mère, c'était toujours autre chose. Jamais trois fois rien, elle faisait des caisses d'absolument tout. Alors me vider la tête en parlant de quelque chose qui m'intéressait vraiment avec Siloë, ça me calmait vraiment les nerfs. « Ca me va complètement ! » Ouais, ça m'allait totalement. J'allais pouvoir me régaler avec une vraie lecture. Pas de Princesse Sofia et petit Ourson. Ce genre de lecture, tu y avais droit tous les jours pour les proposer aux petits de tes classes. Et ça n'avait rien d'affriolant sur le long terme. Puis quant au sujet de mon couple... « L'année prochaine ? » En même temps, ça ne se préparait pas en quelques semaines et l'été prochain, c'était dans un an. Donc oui, je supposais qu'elle avait raison. Il fallait qu'on en discute, ou qu'on fasse quelque chose, au moins pour faire taire les engueulades. Je haussais les épaules « C'est une idée oui. Si ça pouvait changer le dialogue. » Je n'étais pas complètement pessimiste, mais pour le coup, même si c'était un très bon conseil, je n'étais pas certaine que ça fonctionne réellement.

Tu avais dit à ton amie que tu t’occupais du livre de ton colocataire. Celle-ci semblait intéressée de le lire ou du moins de savoir ce qu’était ce livre. Si elle le voulait, tu lui en parlerais oui. Au contraire, cela te ferait même plaisir de le faire. Tu étais une amatrice de littérature et puis, si tu pouvais faire un peu de publicité pour ton boulot, pourquoi pas. De ton côté, tu lisais toute sorte de littérature. Tu aimais la romance mais tu aimais le reste aussi. Puis bon, on se lassait également si on lisait toujours la même chose. Visiblement, Albane semblait avoir des soucis quant à son mariage alors tu tentais de l’aider et la conseiller. Bien entendu, tu n’étais pas experte. « Oui ou peut être avant enfin, ce n’était qu’une idée bien sûr. C’était pour vous laisser le temps de préparer. » Tu lui disais mais après, elle faisait ce qu’elle voulait bien entendu. Puis bon, il fallait aussi qu’elle voit cela avec son fiancé. Toi, tu n’étais qu’une amie, rien de plus que cela. « Oui, j’espère que ça va s’arranger en tout cas. » Tu lui disais avec un sourire se voulant rassurant. Le soin du visage étant terminé, tu proposais alors à ton amie. « On se fait cette manucure ? » Tu demandais alors.

J'étais toujours intéressée dans les affaires de mon frère depuis qu'il était devenu auteur. Être en maison d'édition, ça faisait partie de mes rêves, même si je ne pouvais pas abandonner mes petits bouts comme ça. Et comme je n'avais pas réussi à aller jusqu'au bout par moi-même je le vivais à travers la lecture d'autres écrivains et aussi les témoignages de mes proches qui touchaient de près comme de loin à ce magnifique domaine qui me faisait terriblement envie. J'étais un peu perdue dans ma rêverie, m'imaginant avec beaucoup d'amusement écrire quelque chose sur ma drôle de famille. Une dispute à chaque chapitre, check ! Et pas des disputes pour rien. « En tout cas, merci, ça me fait du bien d'en parler avec quelqu'un qui ne juge pas mes choix... » Avec un peu de recul, je me disais parfois que le problème, c'était moi. Peut-être que je n'étais simplement pas prête, puisque c'était moi qui n'avais jamais souhaité poser de date. « Oui, moi aussi j'espère. » J'acquiesçais. Ce soin du visage avait été drôlement sympa, à recommencer avec plaisir, mais j'avais envie d'avoir des jolis ongles, pour une fois ! Nous nous déplacions jusqu'aux tables de manucure. « Et toi alors ? tu ne m'as encore pas raconté grand chose ! Comment vont tes amours ? »

Tu n’étais pas du genre à juger les autres personnes. D’une part, tu n’aimais pas lorsque les autres te jugeaient et puis, tu n’avais aucune raison de le faire. Tu n’étais pas la mieux placée pour cela, surtout en ce qui concernait ton petit ami. Tu n’allais donc pas le faire auprès de tes amies. « C’est normal pour moi. » Tu lui disais alors avec un sourire. Tu espérais sincèrement que les choses allaient s’arranger pour elle car elle le méritait. Puis ce n’était jamais cool quand il y avait des histoires ou ce genre de choses. Tu en savais quelque chose. Une fois que le soin était terminé, tu te déplaçais avec Albane pour pouvoir faire la manucure. On te demandait de choisir un vernis et tu décidais d’en prendre un de couleur violet. Tu aimais bien cette couleur après tout donc pourquoi pas. Puis autant en profiter car cela n’aurait rien à voir quand c’était toi qui mettait du vernis. Alors que la femme s’occupait de toi, tu regardais Albane à sa question. Certes tu avais parlé de Jayden et de ce qu’il te faisait avec ta meilleure amie ou encore ton colocataire mais tu n’étais pas non plus prête à le dire à tout le monde. Même si tu n’avais rien contre Albane. « Oh il n’y a rien de bien nouveau à te raconter. Je suis toujours avec Jayden et ça va enfin la routine quoi. » Tu lui disais avec un sourire, cherchant une fois encore à masquer les choses. Une fois que tes ongles étaient prêtes, tu pris ton sac à main pour pouvoir régler. Tu attendais que ton amie ait terminé avant de lui dire. « Merci pour cette après midi en tout cas, c’était vraiment agréable. On devra se refaire ça. » Tu étais plus détendue que à ton arrivée en tout cas.

Ça me faisait du bien d'être un peu soutenue. Ça me changeait clairement de mes mauvaises habitudes familiales. Enfin, vous me direz, Bastian et Félix ont toujours été là quand j'en avais besoin. Bastian, j'ai toujours accepté. Félix, en revanche, je l'ai toujours envoyé chier, sans doute la raison pour laquelle il me l'a fait sentir. Mais avoir une amie à qui parler, ça change de seulement croiser sa famille et ses collègues le reste du temps. Voilà, c'était ce qui m'avait manqué jusque là. Du temps pour moi, c'était tout. J'avais adressé un sourire à Siloë. Je voulais lui faire sentir que tout ça, c'était réciproque. Si elle ressentait le besoin de parler avec moi, j'étais là. Malheureusement, je n'avais pas beaucoup l'impression qu'elle était d'humeur à se confier. À moins juste que je ne sois pas la bonne personne, mais je pouvais le comprendre. Sa voix ne me paraissait pas complètement sincère quand elle assurait qu'il n'y avait pas grand chose à raconter, mais je n'insistais pas. Si elle ne voulait pas en parler, elle ne le ferait pas c'était normal. Rapidement, notre « mise en beauté » était terminée et nos ongles – les miens en tout cas – n'avaient jamais été si beaux. Après avoir payé, je la regardais, ravie par ses paroles. « Totalement pour ! Merci à toi d'avoir accepté de venir, aussi ! »