baby steps ► finn

« Oui et non, c'est bien d'être debout, mais je me déplace plus lentement. » Il ne peut toujours pas courir le marathon, ni s'entraîner comme il le voudrait. Parce que les exercices de son thérapeute ne sont pas ceux d'une salle de gym, c'est totalement différent. Finn, il a besoin de bouger, pas de rester sur place à ne rien faire. Il est content de pouvoir se mettre debout, mais ça le rend dingue de ne pas pouvoir être complètement indépendant de ses membres. Il a hâte de pouvoir balancer ses bouts de bois à la poubelle et ce n'est pas prêt d'arriver. Il doit encore prendre quelques médicaments et se reposer, toujours et encore. Si elle voulait lui parler, ou peu importe, elle peut toujours l'appeler, c'était déjà ça. Ils ne peuvent pas aller trop vite, pour refaire les mêmes erreurs, et tomber dans les mêmes pièges. Il ne sait pas trop ce qu'il veut, ni comment ça va se passer à vrai dire. Finn hausse les épaules. « C'est comme tu veux.. » C'est à elle de décider, pas à lui, il fait juste ouvrir une porte, à elle de savoir si elle veut la fermer ou non. « Je ne sais pas comment avancer.. dans cette relation.. on ne peut pas faire comme si rien n'était.. et je ne sais pas si je vais faire un bon père. » Ce n'est pas le bon moment pour avoir un gosse, certes, elle ne risque pas d'accoucher demain ou le mois prochain, mais est-ce qu'il va arriver à gérer tout ça ? Difficile à dire. Déjà, il faudrait qu'ils trouvent un terrain d'entente, partir sur de bonnes bases, voilà une autre difficulté à ajouté sur la liste.

Ce n'est pas contre Nina, mais il ne désire pas en parler davantage. « Est-ce que c'est vraiment important pour toi ? Parce que je n'ai pas vraiment envie de parler de ça.. » Il n'aime pas du tout parler de sa condition et il ne souhaite pas commencer à discuter de ce qu'il préfère ou non pour ses jambes. Il déteste vraiment tout ce qui concernent l'accident et ses membres inférieurs. Ça ne change pas grand-chose ce qu'il préfère ou non, il utilise les deux encore et chaque matin, il espère que ses jambes ne vont pas le lâcher, qu'il ne va pas régresser ou qu'il ne va pas tomber subitement sur le sol et y rester. Ses proches le savent, il ne veut pas en parler, que l'on lui dise de faire plus attention ou tout simplement de savoir si ça va. Il ne se plaint pas, alors, il n'est pas utile d'en discuter. « On n'est pas obligé d'en parler dans l'immédiat.. » Ce n'est pas vraiment ce qu'il avait en tête à vrai dire, il espérait juste partir après cette courte rencontre, mais apparemment, il souhaite parler. « J'ai perdu mes clés, je ne risque pas de rentrer dans l'immédiat. » Il attend des nouvelles de Lorena ou il va juste devoir déranger le concierge pour le dépanner. « On peut s'asseoir là. » Il y a quelques chaises et vu l'heure, ce n'est pas très bondé dans ce secteur. Il va poser ses fesses sur une chaise et pose ses béquilles à côté de lui. « Peut-être, mais c'est des questions que je me pose tout de même.. comment changer une couche aussi. » Ça se voulait drôle quand même. Il ne sait pas comment il va faire, dommage que ça ne se fasse pas automatiquement, ça serait tellement plus simple comme les gens incapables comme lui. « Peut-être bien, je ne sais pas trop à vrai dire.. on ne peut pas lutter contre le cœur, c'est bien connu. » Il n'y a personne qui peut contrôler cet organe, ça serait plus facile pour tout le monde, il est là pour nous rappeler qu'on est juste des humains. Il se frotte le visage avant de croiser les bras. « Est-ce que tu veux vraiment que l'on se revoie ? Je veux dire.. tranquillement. » Déjà, il fallait qu'il sache si elle désire qu'ils se revoient, pas comme si rien n'était, mais un pas à la fois, voir ce que cela va donner.

C'était son choix, il n'a pas envie d'en parler, ça lui rappelle de mauvais souvenir, sa condition de merde, d'handicapé, qu'il ne peut pas faire de sport et surtout, pas de danse. Il finit par changer de sujet, il a perdu ses clés et donc, ils ne peuvent pas y aller et puis honnêtement, c'est peut-être mieux un lieu neutre et public pour en parler, plutôt que de s'enfermer à des fois où ils ont vécus quelques trucs. « Non, peut-être mon chien qui les a cachées ou je ne sais pas, il faudrait que je regarde un coup rentré chez moi. » Sa chienne est une joueuse, alors, il se peut bien qu'elle ait traîné à quelque part, mais il était parti trop rapidement pour vérifier quoique ce soit. Il avait fini par s'installer sur une chaise, histoire de pouvoir mieux discuter et surtout, il n'arrive pas à tenir longtemps malgré ses efforts. Et puis, ce n'est pas totalement confortable non plus pour une femme enceinte. « Ça va être la cata changer les couches. » Il grimace légèrement. Il se voit déjà en train de faire une face où il a envie de vomir en envoyant ce qui s'y trouve, les petits cadeaux comme on dit, des cadeaux que personne n'a envie de s'occuper, encore moins lui. « Quelque chose comme ça.. » Dit-il pour répondre à sa phrase. Le cœur est aussi complexe que le cerveau. Le cerveau arrive à nous faire faire des choses que l'on n'en a pas toujours envie et le cœur arrive à ressentir des sentiments que l'on ne souhaite pas nécessairement ressentir. Impossible d'y remédier. Quand il est trop tard, il est trop tard, on ne peut pas contrôler ses organes précieux. Finn hoche la tête à son tour, c'était un début déjà. « Je comprends. Je crois que j'ai déjà ma dose d’hôpital et ce n'est pas terminé. Je t'avais dit que j'y étais abonné. Tu veux parler un autre jour ou maintenant ? » Il a déjà sa carte d’hôpital, ça compte un peu comme celle d'un abonnement. Finn doit continuer ses thérapies et son suivi avec les médecins, le cardiologue et puis le médecin qui s'occupe de son état. On commence à le reconnaître quand il entre dans l'établissement, surtout les infirmières qui ont eu droit à ses sauts d'humeur.

Il n'est pas doué pour garder ses choses en poche, d'habitude, elles sont sur sa table de nuit ou dans les poches d'une veste, mais là, ça ne semblait pas être le cas. Il n'avait pas eu le temps de chercher puisqu'il s'était précipité pour se rendre à l’hôpital et un peu plus, il aurait manqué le rendez-vous, ce n'était pas bien loin d'ailleurs de l'avoir oublié. « Je ne crois pas, sinon elle se sentirait mal.. elles ne doivent pas être bien loin, je regarderais en revenant. » Elle avait l'air bien sa chienne, loin d'avoir envie de vomir ou d'être assommé. Heureusement d'ailleurs, il n'aurait pas voulu passer sa soirée à l’hôpital vétérinaire, parce que ce n'est jamais agréable de voir son animal là-bas. Nana n'est pas du genre à tout avaler, enfin, il verra en arrivant chez lui. Finn hausse les épaules. « Peut-être.. va me falloir des cours. » Ça existe des cours de ça ? Ça devait sûrement exister pour les pères célibataires avec de jeunes poupons ou juste pour les pères ayant envie de s'impliquer dans ce genre de tâche. Pour l'heure, ils ne sont pas encore rendus là, puisqu'il ne sait même pas si le bébé va voir le jour, s'il va vivre sa vie comme il le devrait. « Je ne sais pas.. » Est-ce qu'il est prêt pour cela ? Pas vraiment, parce qu'il ne veut pas faire comme si rien n'était et qu'il ne souhaite pas s'engager à nouveau, même si ce n'était pas une relation officielle. « On peut aller à la crêperie pas loin d'ici, si tu veux ou ailleurs. » Au final, peu importe l'endroit, ce n'est pas vraiment l'important, c'est plutôt ce qu'ils vont se dire.