New life, new job, new patients | avec Spencer Cooper

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Non pas qu'Isaac soit mécontent des quelques semaines libres qui lui ont laissé le temps de déménager d'Auckland à Island Bay et de s'installer correctement dans sa nouvelle maison avec son fils, mais il est content de retourner travailler. Dans un cadre différent, certes, mais le travail reste sensiblement le même. Ses collègues étant déjà surchargés, il a récupérer certains de leurs dossiers, et tous les nouveaux patients lui sont automatiquement attribués. Son tout premier patient en tant que psychiatre au cabinet médical de Center Bay s'appelle @Spencer Cooper, et Isaac ne trouve pas de dossier. Soit il est nouveau, soit il s'agit d'un petit oubli de la secrétaire. Tout ce qu'il trouve, c'est son nom, son âge ainsi que la raison de sa consultation sur son planning. Assassinat d'une amie... Isaac doit bien avouer qu'il ne s'attendait pas à ce genre de choses à Island Bay, d'ordinaire si tranquille. Mais le meurtre a très bien pu avoir lieu ailleurs. A Wellington, peut-être... Il en saura bientôt plus.

La secrétaire le prévient par téléphone que son patient est arrivé, alors il se lève et marche jusqu'à la salle d'attente au bout du couloir. "Monsieur Cooper?" appelle-t-il en posant son regard sur chacun des cinq hommes présents dans la petite salle un peu tristounette. Une fois son patient levé, il lui adresse un sourire courtois en lui serrant la main. "Je suis le Docteur Peñali. Veuillez me suivre s'il vous plaît."

Isaac le mène jusqu'à son bureau, pour l'instant encore un peu vide et chichement décoré. Quelques plantes vertes, les livres laissés par son prédécesseur sur une étagère, et une photo de son fils à côté de son écran d'ordinateur. "Installez-vous, je vous en prie," fait-il en montrant l'un des confortables fauteuils en cuir faisant face au sien.

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Les semaines passent mais la peine reste. Comment faire face à la perte d’un proche ? C’est une question dont la réponse demeure un mystère pour Spencer. Depuis bientôt quatorze ans déjà, il ne se passe pas une journée sans qu’il pense à Saphir. La mort de Kimberly n’a fait qu’accentuer les choses. D’autant plus qu’il y a des similitudes entre les deux décès : prostitution et assassinat. La première étant sa mère et la seconde sa meilleure amie.

Spencer eut cependant un moment heureux. Via le coup monté d’un pote, il rencontra une jolie brunette dont il tomba immédiatement sous le charme. Si bien qu’il passa la nuit avec elle. Un instant de bonheur à jamais gravé dans sa mémoire. Mais qui malheureusement fut de courte durée. Le beau brun avait oublié de demander à sa belle son numéro de téléphone. Il n’avait aucun moyen de la joindre. Pensant au final qu’elle était de mèche avec Peter pour le dépuceler et qu’elle lui a raconté des bobards sur le fait qu’elle l’aimait, Spencer était en train de perdre pied. Sur le bord de la dépression depuis le meurtre de Kim, Talia fut la goutte d’eau qui déborde du vase.

Au Magic Event, l’ambiance était de plus en plus électrique entre Casey et Spencer. Si bien qu’à leur dernière dispute, le dj balança à la figure de sa patronne qu’il démissionnait. La gérante lui demanda donc de bien réfléchir et lui conseilla d’aller voir un psy. Aujourd’hui ce dernier avait donc rendez-vous avec un spécialiste. Le docteur l’appela dans la salle d’attente et le fit entrer dans son bureau après lui avoir serré la main. Cooper s’installa donc en soupirant. Il était énervé contre lui-même et contre Casey. Il regardait partout sauf le toubib. La pièce était étrange. Sans vie. « C’est toujours comme ça le cabinet d’un psy ? » S’adressa-t-il enfin à son interlocuteur.

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A peine installé, son patient soupire déjà. Isaac rentre à fond dans son rôle de psy et commence déjà de tenter d'interpréter ce soupir. De la lassitude? Pas vraiment... De l'irritation? C'est plus vraisemblable. Mais pourquoi? L'a t'on forcé à venir ici? C'est une bonne question, qu'il faudra poser au moment opportun. En attendant, Isaac répond à celle de Monsieur Cooper. "Non, pas du tout. Je viens tout juste de commencer à exercer dans ce cabinet, auparavant j'étais à Auckland. Je n'ai pas vraiment eu le temps de décorer et de rendre le bureau un peu plus vivant et chaleureux. Mais vous verrez la différence la prochaine fois." Si prochaine fois il y a, mais autant être optimiste et partir du principe que le jeune homme, un tout petit peu plus jeune que lui, reviendra. Il n'y a pas de raison.

S'installant face à lui de l'autre côté du bureau, Isaac ouvre son carnet de notes ainsi qu'un stylo. Il pourrait enregistrer les conversations, il sait que beaucoup de confrères procèdent de cette façon, mais il est plutôt old school. Il prend des notes qu'il tape ensuite dans son ordinateur une fois le patient reparti. "Monsieur Cooper... A moins que vous ne préféreriez que je vous appelle Spencer? Est-ce que vous pouvez me dire la raison de votre venue ici aujourd'hui?" Il sait qu'il s'agit d'un assassinat mais pas grand chose de plus. Et puis... Ce n'est peut-être pas la véritable raison, ni même la seule, et il préfère entendre son patient lui expliquer les choses de vive voix.

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Parlant de la décoration de la pièce, le psy annonça à son patient qu’il verrait une différence lors de la prochaine séance Qu’il commençait seulement à travailler ici. Ce fut tout bonnement que Spencer s’exclama : « Ah parce qu’il faudra revenir ? » Lui qui n’était déjà pas enchanté de se pointer dans ce bâtiment, il fut blasé d’apprendre qu’il faudra y remettre les pieds à l’avenir. Lui qui stressait, assit sur le bord du fauteuil, accoudé sur ses genoux, à cette remarque, il soupira encore en se laissant tomber en arrière le dos vouté contre le dossier. Le beau brun était un garçon très expressif malgré lui. Et comme un enfant, il avait tendance à parler sans réfléchir. Tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de l’ouvrir, il ne savait pas faire.

« Appelez-moi comme vous voulez. Ça m’ait égal ! » Au moins, il ne pouvait pas être plus direct. « C’est ma patronne qui m’a forcé à vous voir. Elle ne veut pas que je démissionne. Allez savoir pourquoi… » Il haussa des épaules. « Vous allez mettre quoi comme déco ? » Il détestait parler de lui-même. Alors dès qu’il pouvait changer de sujet, Spencer n’hésitait pas. Au moins pendant ce temps-là, il ne se morfondait pas en pensant à Talia. « Au fait vous avez dit que vous vous appelez docteur comment ? » C’est Casey qui avait pris rendez-vous. Spencer savait juste qu’il avait un entretien ici avec un psychiatre. Il n’en savait pas plus. En pensant à la fille qu’il aime, le trentenaire se rendit compte qu’il avait couché avec une femme dont il ignore le nom de famille. Et bah bravo mon grand ! Comment veux-tu demander son numéro à Camilla après ça ?

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