Une rencontre inattendue ( siloë )

Le temps peut passer vite. Au début de notre vie, on ne s’en rend pas encore compte mais en vieillissant le temps nous semble passer plus vite et c’est là qu’on en fait le constat. J’ai trente-cinq ans et je laisse aujourd’hui plusieurs souvenirs derrière moi, des bons comme des mauvais. Mes meilleurs souvenirs restent ceux de mon enfance, l’époque où on croit au père noël, à la petite souris ou encore au monstre sous son lit, quand ma mère était encore là. Je m’en souviens comme ci c’était hier de ces moments à ses côtés. Elle avait la coutume de me réveiller en me chuchotant des mots doux à l’oreille, de me préparer des sandwichs en y retirant la croute et de me coucher en bordant mon lit et me déposant un doux baiser sur mon front tout en me réconfortant à l’idée du monstre sous mon lit justement. Aujourd’hui elle n’est plus là et j’ai fini par en faire le deuil. J’y ai mis du temps, mais j’ai fini par le faire. Mais le souvenir où j’ai appris qu’elle ne ferait plus parti des nôtres, celui-ci restera indélébile. Je n’avais que seize ans. J’ai vécu, durant cette période, là aussi mes plus beaux souvenirs entre mes premières amourettes et mes premiers quatre cents coups avec mes camarades, proches et amis. Tout a été chamboulé quand j’ai su, un soir, le décès de ma mère par des médecins de l’hôpital de Wellington qui avaient pu sauver mon père mais pas ma mère. Je me rappelle de mes larmes qui n’en finissaient plus de couler sur mes joues et de mon cri de désespoir à cette annonce. J’étais comme orphelin, car après tout c’était elle qui veillait et s’occupait de moi. Elle remplissait largement son rôle de parent, au contraire de mon père. Lui qui passait plus de temps à son travail qu’à s’occuper ou partager des moments avec nous. Je garde quand même quelques bons souvenirs avec mon père, mais pas autant que ceux de ma mère. Je lui en ai voulu d’être sorti ce soir là avec ma mère en voiture mais aussi de ne pas m’avoir consolé après une situation telle que celle-ci. Il voulait que je sois fort. C’est ce que j’avais fait. J’ai appris à être autonome, à sourire alors que je n’étais pas forcément heureux et à ne plus verser une larme depuis ce jour. Au fur et à mesure que le temps passé, on se déchirait et je supportais de moins en moins de le voir. A mes vingt-un ans, j’ai fini par prendre une décision. J’ai rassemblé quelques affaires dans un sac et suis parti du domicile familial en laissant juste derrière moi un mot : « Je m’en vais, je vais faire ma vie. S. »

Heureusement, certaines personnes me redonnaient goût à la vie que se soit mes proches, comme Avery que j’ai rencontré quatre ans après mon départ et qui m’a redonné la joie de vivre, ou encore mes amis d’enfance qui me redonnaient le sourire le temps d’un instant. Johan et Eliot, depuis ma plus tendre enfance, ne m’avait pas laissé tomber. Ils me permettaient de me changer les idées, mais aussi de me rappeler cette époque où on était jeune et innocent. Johan, son frère Eliot et moi, nous nous sommes rencontrés sur les bancs de l’école. Nous avions l'habitude de trainer ensemble. J'ai également connu Siloë. Siloë qui était toujours dans leurs pattes. Petite, elle ne cessait de me répéter qu'elle se marierait avec moi et de me regarder avec des yeux doux, arrivé à l'adolescence. Elle était folle amoureuse de moi pour vous dire ! C’est fou ce qu’elle pouvait me faire rire avec ça. La trouvant touchante, je me suis pris d'affection pour cette petite bouille et pris soin d'elle notamment depuis le décès d'Eliot. Décidément, je perdais les gens auxquels je m’attache.

J’avais décidé, aujourd’hui, après une longue et pénible journée au travail de me rendre à la plage pour surfer quelques vagues. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas surfé. Voyant ce beau temps sur le chemin du retour vers mon appartement et du carreau de ma voiture, j’avais pris la décision de prendre ma planche et quelques affaires avant de m’y rendre. Il ne me fut pas bien longtemps pour trouver tout ça, me changer pour mettre des habits plus du quotidien et charger mon buggy avec lequel j’avais l’habitude d’aller à la plage ou même me promener par plaisir. Je n’avais plus qu’à embarquer et conduire vers la plage qui n’était qu’à quelques minutes de chez moi. En fin d’après-midi et en pleine semaine, seulement quelques personnes profitaient des derniers rayons du soleil et d’autres surfaient. Garé sur le terrain vague, j’enfilai ma combinaison de surf avant de prendre ma planche d'installer quelques affaires sur la plage et de me jeter à l’eau. Le vent était au rendez-vous, pas trop ni moins que d’habitude, c’était le bon moment pour surfer. Finalement, je n’avais pas perdu la main et avais pu avoir quelques vagues après avoir bu tout de même quelques tasses sur le début. Je pris ma planche à mon bras pour aller rejoindre mes affaires sur la plage. Je voulais profiter un peu du soleil avant de repartir. Je pris mes lunettes de soleil de mes affaires pour les mettre sur mon nez, mais une jolie demoiselle suscita mon intention, ce qui me fit relever mes lunettes de mon nez. « Siloë ?! » m'exclamais-je surpris.

Je ne m’y ferai donc jamais. C’est fou ce qu’une petite fille peut devenir en un rien de temps une belle jeune femme. Celle-ci est belle à croquer, je ne me le cachais pas. Plus d’un homme est à ses pieds, il n’y a pas de doute là-dessus. La plupart d’eux la voit surement comme un gibier à chasser pour l’ajouter à leurs « trophées de chasse », mais moi je la vois comme la sœur que je n’ai jamais eu dont je dois veiller surtout depuis le décès d’Eliot. Sa mort m’avait touché profondément, mais je ne suis pas du genre à dévoiler mes sentiments. Je garde ça enfoui en moi. Mais depuis quelques temps, mon travail prenait le plus clair de mon temps. Je la voyais beaucoup moins qu’auparavant tout comme mes proches. J’avais ce besoin de passer du temps avec eux, il faut dire que je considère mes amis un peu comme une famille. Ils sont toujours la pour moi, d’ailleurs Dougie me l’avait montré récemment, et je suis là pour eux aussi. Donnant, donnant, comme je dis souvent mais certaines personnes comme Siloë n’avaient pas à me le rendre car elle reste la petite fille que j’ai connu et qui peut se retrouver sans défense face à une situation qui la mettrait dans l’embarras ou quelqu’un qui lui voudrait du mal.

Cet instant présent à la plage pour surfer et prendre l’air est mon moment d’évasion pour me sortir de ma routine quotidienne, métro, boulot et dodo qui commençait à m’agacer. Je suis quelqu’un qui tient à sa liberté, cette routine m’étouffe sérieusement. J’ai besoin d’air et non de me sentir oppressé d’où pourquoi je m’étais décidé de m’accorder ce moment pour profiter des vagues et du soleil. Cela faisait un temps que ce n’était pas arrivé. Après avoir profité de quelques vagues, je m’étais rendu sur la plage pour prendre le temps de souffler un peu justement tout en profitant des derniers rayons du soleil. Toutefois, je n’eus le temps de le faire car une jolie demoiselle, les cheveux au vent, arrivant sur la plage suscita mon attention. Je ne peux m’empêcher de regarder du coin de l’œil les jolies filles que je croise dans la rue ou vois à la plage, surtout à la plage ! Un lieu qui a tendance à faire monter ma testostérone quand je vois des femmes vêtues d’un simple bikini et mettant tout leurs atouts en valeur comme c’est le cas là. Je suis un homme après tout ! Mais je n’avais pas d’arrière pensée en les regardant. J’étais marié à la plus belle selon moi. Quels sont les hommes, mariés ou non, qui ne posent pas un regard sur une jolie femme ? Si c’est le cas, ils doivent se faire rares ! De plus, il n’y a rien de normal chez eux. En la regardant, je n’étais pas des plus discrets cette fois-ci. Puisque qu’il me fallut un instant et remonter mes lunettes sur mon crâne pour reconnaître Siloë avant de m’exclamer : « Siloë ?! » Hésitant tout de même. « Sean ! Si je m'attendais ! » Je ne m’étais donc pas trompé. Je la reconnus quand celle-ci se tourna vers moi. C’est moins facile de reconnaitre quelqu’un de profil notamment dans une tenue dont je n’ai pas l’habitude de voir cette personne. Elle me sourira, je lui rendis ce sourire avant qu’elle m’enlace. Je l’enveloppai ainsi de mes bras avant de la relâcher pour qu’elle me dise : « Toujours aussi beau à se que je vois, ta femme devrait pas te laisser sortir. » Un sourire amusé se dessina sur mon visage. « Je peux dire de même de toi ! Elle est loin la petite fille que j’ai connue. » répondis-je à son compliment. Celle qui cherchait toujours un moyen de me coller. Un vrai pot de colle mais cela m'amusait. « T’inquiètes pas pour elle, elle sait me faire confiance. » dis-je sur un ton confiant. « Ça fait un moment qu’on ne s’était pas vu. » Depuis le décès d’Eliot à peu prés. « Tu viens profiter du soleil ? Profites-en donc avec moi. » Suite à mes paroles, je m’assis sur le sable attendant qu’elle vienne s’installer à côté de moi. Elle ne tarda pas à s’installer à côté de moi. Je lui confiai alors : « Ça fait plaisir de te voir. »

Spoiler:

Nous profitions de ce moment ensemble avant que notre routine nous rattrape. Celle-ci se passa les mains dans les cheveux, comme gênée,  à ma réflexion concernant son enfance. Ce qui me fit sourire en repensant à toutes les fois où elle voulait me charmer. « Et non, comme tu le vois je suis une femme maintenant. Tu vois ce que tu as manqué ? » Il est vrai que si je n’avais pas rencontré Avery, peut-être aurais-je jeté mon dévolu sur Siloë. Pour un soir, pensais-je avec un sourire au coin car physiquement, il n’y a rien à dire sur elle. Toutefois pour une vie, c’est diffèrent. Selon mon avis, le physique ne faisait pas tout dans une relation. Face à une personne, le premier ressenti se veut physique, on est attiré par un corps, mais je tombe sous le charme d’une personnalité. Celui qui me dit que le physique n’impacte pas son amour envers la personne qu'il aime, c’est faux. Certes, certains se basent sur une personnalité établie. Mais le physique contribue beaucoup à l’amour. Pour ma part, ce qui m’a plu surtout chez Avery c’est sa joie de vivre, son sourire et sa bonne humeur quotidienne, et sa générosité. Toujours des petites attentions pour moi, un repas préparé à mon retour du travail quand elle le pouvait avec ses horaires de travail, juste à mettre les pieds sous la table, ou encore un présent à m’offrir qu’elle a déniché pendant une journée shopping, elle qui adore ça. Je suis conscient que j’ai une parfaite femme, je l’échangerai pour rien au monde d’ailleurs. « Si j’avais su ! Tu aurais peut-être pu t’appeler Madame Sawyers finalement ! » dis-je en entrant dans son jeu. Je la connais bien surtout sa manie de me faire du rentre-dedans, on prend ça à la plaisanterie bien sûr bien que je pouvais me questionner parfois. Elle s’installa sur le sable à mes côtés avant de répondre à ma question. « Et bien pour tout te dire, j'allais me baigner avant de retourner bosser plus tard dans la journée. Je vis sur la plage juste derrière toi. » dit-elle en me donnant un coup d’épaule. Nous avions donc le même souci avec le travail. Le travail, pire qu’un parasite ! « Une maison sur la plage ? » dis-je interrogé avant de diriger mon regard vers la villa derrière nous. « Jolie villa ! Avery et moi, on projette de s’acheter une villa au bord de mer aussi. Pas pour tout de suite, mais on sera peut-être voisin ! » lui confiais-je après m’être retourner vers elle. Je la connais, mais pourtant je ne savais pas où elle vivait. Tout comme moi, elle me confiait également : « Je suis contente aussi. Ta tête me manquait. » Je lui souris face à sa remarque. C’était au moins réciproque. « Bon sinon quoi de nouveau depuis ce temps ? A part la villa que je viens de savoir. La vie et le travail ? Et les amours ?! » Je voulais tout savoir et rattraper le temps perdu. « T’as enfin réussi à te caser ou t’es encore incapable de penser à quelqu’un d’autre que moi ?! » dis-je en continuant son jeu.

Six mois. Six mois que nous nous n’étions pas vus quand j’y repense. Six mois peuvent nous sembler courts comme péniblement longs. Tout dépend de nos occupations. Me concernant, je ne les avais pas vus passer. Je n’avais même pas eu le temps de m’ennuyer avec le boulot donc. Il était peut-être temps pour moi de prendre des vacances comme pour Avery pour que nous puissions partager des moments ensemble plutôt que de nous croiser brièvement avant de rejoindre chacun de notre côté notre travail. Je me plains que mon travail peut occuper le plus clair de mes journées, mais pour elle ça peut même occupé ses nuits. Nous nous éloignions peu à peu. C’était là, à cet instant, que je m’en rendais seulement compte. Il m’aura fallu d’une sortie à l’extérieur et d’un bol d’air marin pour m’en faire la constatation.

Siloë se mordit la lèvre inférieure à ma réflexion au sujet de ce nom qu’elle n’a pas. Le regrettait-elle ou le faisait-elle exprès pour continuer son jeu ? Je penche sur ma deuxième supposition.  « Siloë Harleen Sawyers, oui ça claque ça. Bon je vais devoir en trouver un autre de ta famille, tu as ça sous le coude ? » Je fis mine de réfléchir alors que j’avais déjà une idée. « Hum … Oui j’ai ça sous le coude. Il est aussi beau que moi, mais à la différence c’est qu’il est beaucoup plus connu. Tu en as surement entendu parler voir même dû le croiser dans Island Bay, Tate Sawyers. C’est mon cousin et aux dernières nouvelles il est célibataire. » lui confiais-je. J’étais fier de mon cousin, de ce qu’il est devenu et de sa carrière sportive en tant qu’ancienne star mondiale au football américain. Il faut dire aussi qu’il est canon, le gêne Sawyers, il ne faut pas chercher bien loin, notamment avec sa carrure d’athlète qu’il garde toujours même après sa retraite sportive. J’en suis presque jaloux. Quand nous passions notre temps ensemble en soirée, plus jeunes, je n’avais pas remarqué une seule fois une fille le rejetait. Siloë ne résisterait sans doute pas à son charme. Puis je dirigeai mon regard vers la villa sur le bord de plage derrière nous tout en me confiant sur mon projet de couple avec Avery. Siloë se permit d’ajouter : « Et bien, il s'agit d'un loft à l'intérieur, j'en suis fan. Puis vous devriez vraiment le faire, le couché du soleil et le lever son absolument splendide, c'est le paradis. » Tout ça me donnait envie et il faut dire que le quartier de South Bay est le plus prisé à Island Bay, j’en connais dés à présent l’une des raisons. « J’espère que notre projet aboutira dans ce cas ! » Je m’y voyais déjà. A ce moment de la journée nous serions surement à l’extérieur de notre villa, moi entrain de nager dans notre piscine, le sport est le meilleur moyen de décompresser pour moi, et elle sur le transat profitant des derniers rayons du soleil. S’il fallait que je travaille deux fois plus pour nous l’offrir, je le ferai. Je m’intéressais ensuite à elle, sa vie. « Et bien, je travaille deux fois plus qu'avant, j'accumule deux boulots, j'ai mon émission à la radio qui depuis quelques mois cartonne, j'ai augmenter les audiences donc je suis super contente, puis j'ai mon bébé, l'association que j'ai créé, je suis à fond dans ce travail, j'ai réussi pas mal de missions. » Une parfaite working girl. « Tu n’as pas le temps de t’ennuyer avec tout ça. Une association ? Dis-moi en plus ! » Je peux être curieux surtout quand il s’agit de mes amis et encore plus de leurs histoires d’une nuit ou d’amour. « Je suis toujours célibataire, ça ne change pas. Je n'en suis pas malheureuse pour autant, je profite de ma liberté. Et toi comment ça se passe avec ta femme ? » me dit-elle sans confidence. « T’as raison, on a qu’une vie. Profites-en ! Si je n’avais pas rencontré Avery peut-être que je serais entrain de m’amuser. Mon célibat me manque sur certains points. » dis-je avec un sourire amusé. C'est alors que je me rendais compte que la lumière du jour se faisait de moins en moins intense. Le soleil commençait à se coucher, on pouvait le voir au loin. Je me décidais alors de rentrer à l'appartement aux côtés d'Avery. « Je vais te laisser, Avery va se faire un sang d'encre si je ne reviens pas avant le dîner. » Nous décidions alors de nous lever du sable sur lequel nous étions assis depuis plus d'une heure déjà et de nous enlacer suite à mes paroles « Ça m'a fait plaisir de te voir. J'espère qu'on se recroisera ! » Je rembarquais ma planche de surf et rassemblais les quelques affaires que j'avais posé sur le sable avant de les embarquer eux aussi. Puis nous nous quittions sur cette plage après cette rencontre inattendue. Je me dirigeais, les bras remplis, vers ma voiture qui me permettrait de rentrer chez moi. Au contraire de Siloe, je n'avais pas quelques mètres à faire pour rentrer chez moi.