so let the river run (colexis)

Sierra est partie tôt, ce matin. Plus tôt que ce qu'il pensait. Et pourtant, il a dû trouver le courage de se lever, parce qu'il a reçu son premier rendez-vous chez un psychologue. Il ne sait pas encore pourquoi il a dit oui. Enfin... C'était dans les conditions pour qu'il puisse sortir plus tôt. C'est juste qu'il en a pas envie. Un rendez-vous chez un psychologue, tous les mois pendant un an, simplement parce qu'il a fait de la taule. Putain, ça craint. Il pensait connaître la liberté, mais faut croire que sur certaines choses, ce n'est pas le cas. Colin s'est dépêché de prendre sa douche, parce qu'il s'est levé en retard. Il part l'estomac vide, alors que les rayons du soleil ne sont même pas levés. Bon sang.

Une heure, deux heures ? Sûrement même trois d'ailleurs, où il est resté assis sur cette chaise, à écouter ce type. Il ne se sent pas à sa place, n'arrive pas à comprendre ce qu'il fout là. Il a tué un type, mais ça ne reste pas dans sa tête, il n'est pas traumatisé de son acte, n'est pas non plus traumatisé de la prison. Il n'avait aucun repère, au début, alors que maintenant il se rend compte que c'est en dehors de cette prison qu'il n'a plus de repère. Colin est complètement paumé, et au final, il a passé plus de temps à penser, à réfléchir, qu'à ouvrir la bouche pour combler la conversation. Il a vu cette main se tendre, et il en a conclu qu'il était enfin libre. C'est pas trop tôt. Alors, après avoir retrouver la secrétaire de l'étage pour signer un papier pour la justice, il se retrouve avec un simple dossier dans la main et libre à lui de partir. Enfin. Il s'engouffre dans l'ascenseur, il n'est pas tout seul, un autre type est à l'intérieur mais c'est tout. Il lui offre un simple hochement de tête, et se colle contre le mur. Il y a encore une dizaine d'étages à descendre. Sauf que l'ascenseur s'arrête d'un coup, et ça, c'est vraiment pas cool. Alors, Colin s'approche, appuie sur n'importe quel bouton, et lâche un long juron. Il s'retourne vers le type, laissant son dos glissait le long du mur. « J'espère que t'as rien d'important à faire, on est pas prêt de sortir. » Faut croire que la liberté, elle va devoir attendre.

Tout le monde sait que vivre sa vie en étant malade est loin d'être une partie de plaisir ! Entre la prise de médicaments, les effets secondaires des divers traitements médicaux et les rendez-vous à l'hôpital pour les sois-disant ''bilan'', c'est une sacré organisation à avoir.....

Récemment installé à Island Bay, Alexis devait aujourd'hui rencontrer le médecin qui s'occuperait de son suivi ! Le jeune homme allait encore devoir faire l'historique de tout ce dont par quoi il était passé depuis la découverte de son lymphome et ça ne l'emballait pas du tout ! Pourquoi ces abrutis de médecins ne se contentaient pas de lire le dossier médical où tout était pourtant consigné ?! Et puis de toute façon qu'est-ce que ce nouveau Docteur allait lui apporter ? Alexis savait très bien qu'il ne lui restait que quelques années à vivre..... Le jeune homme n'avait pas très envie de revoir ses cheveux tombés et ses muscles se fatiguer en un temps record.... M'enfin si il était là aujourd'hui c'est qu'inconsciemment Carmichael se disait son lymphome pouvait disparaître une bonne fois pour toute....

Le rendez-vous aura duré une bonne demi-heure ! Contact plutôt agréable ! Rien de révolutionnaire, on vient juste de lui ajouter un cachet supplémentaire à prendre tous les matins... Point positif, le Docteur Keating semble beaucoup plus humaine que celui qui le suivait jusqu'à présent ! Autant essayer de trouver un peu de positif dans tout ça non ? Reste tout de même à voir ce que cela donnerait sur le long terme.... Direction l'ascenseur, Alexis ne se voyait pas prendre les escaliers pour descendre une bonne quinzaine d'étages à descendre, quelques secondes plus tard, la machine s'arrete pour laisser entrer un autre homme.... Baraqué, crane rasé, un style qui n'est pas pour déplaire à Carmichael ! Au moins il pourra se rincer l'oeil pour la suite du voyage... Malheureusement pour eux et suite à bruit assourdissant et une légère secousse l'ascenseur s'arrete dans sa descente.... Les voilà coincés pour on ne sait combien de temps ! Fichu journée ! ''Pas vraiment.... Déjà que mes jours sont comptés et que je viens de perdre 30min à parler de ma vie à une inconnue.... Faut pas abuser'' lâche t'il sans retenue ! ''La vie est une drôle de salope quand elle s'y met.'' Et oui Alexis s'avérait être un jeune homme impatient qui n'aimait pas attendre et perdre son temps quand l'être humain n'était pas capable de faire correctement son boulot parce que oui si la machine venait de se bloquer c'est forcément parce que la société de maintenance n'avait pas contrôlé le bon fonctionnement de cette dernière en temps et en heure. ''Fait chier..''

Il a pas besoin de ça, Colin. Il a passé plusieurs années dans une prison, à attendre d'enfin pouvoir en sortir, de pouvoir faire ce qu'il désire. Il a pas besoin que l'ascenseur se bloque, pas besoin de rester enfermer dans un endroit aussi petit. Il y a un type avec lui, alors Colin se permet de faire la conversation. Parce que s'ils restent ici pendant des heures, hors de question que ça soit dans une mauvaise ambiance. Puis, le côté positif des choses, c'est que ça lui permet de se faire des nouvelles relations. Bon, peut-être que celle-ci ne va durer que le temps d'un ascenseur qui est bloqué, mais elle compte, pas vrai ? Alors, quand le type commence à parler, Colin comprend directement son problème à lui. Il lâche une légère grimace, voulant s'excuser mais se retenant par la suite. Parce qu'à quoi bon s'excuser ? C'est pas sa faute s'il est pas gâté par la vie. C'est le destin qui contrôle tout ce qu'ils doivent affronter, faut croire qu'un mec qui sort de taule et un gars qui s'bat contre une maladie, ça doit lui plaire. « Contrairement à toi, mes jours sont pas comptés... Mais, j'sors à peine de taule, et j'apprécierais de ne pas être enfermé encore une minute de plus dans un autre endroit. » Il commence déjà à avoir chaud. Faut dire qu'il fait chaud, à l'extérieur. « J'te le fais pas dire. » Ouais, la vie est une salope, et ouais, putain ça fait chier. Il pourrait lire son dossier, ça l'occuperait de savoir ce qu'il se dit sur lui depuis qu'il est suivi psychologiquement en prison. Mais en même temps, à quoi bon ? Quand il va rentrer au loft, il va foutre le dossier dans ses affaires et il se contentera de le sortir à ses rendez-vous, simplement.

« Moi c'est Colin. » Il fini par dire. Ouais, Colin. Il commence enfin une vie sociale en s'autorisant à s'appeler par ce prénom. Il peut pas s'empêcher de sourire, il a vraiment l'air très con d'ailleurs. Puis, en fixant le type en face de lui, il s'dit qu'ils doivent sûrement avoir le même âge. Il a des traits fatigués, sûrement la maladie, il sait pas trop. Tout comme il sait pas comment va se terminer tout ça, trop d'incertitude, des questions sans réponses.

Sa maladie, il n'en parlait presque jamais mais aujourd'hui on lui avait en quelque sorte tendu la perche alors pourquoi ne pas se lâcher une bonne fois pour toute ? Carmichael n'était pourtant pas du genre à se plaindre ne supportant pas la pitié des gens mais comme le dit l'expression ''ne jamais dire jamais''. Sur certains points, Alexis n'avait donc pas à perdre temps ! Le jeune homme avait une entreprise à faire tourner, une vie sociale à recréer de A à Z, des passions à exercer alors être coincé dans un ascenseur avait l'effet d'un grain de sable dans cette machinerie qu'il s'était en quelque sorte fabriquée. ''La taule tu dis ?'' Certains auraient sans doute été effrayés mais pas lui ! C'est la première fois que le rédacteur faisait face à ex-detenu et du coup cela piquait sa curiosité. Le fait qu'il soit aussi par des moments compliqués les rapprochaient sans doute un peu. ''Normal.... Je comprends....'' Cet inconnu représentait donc un certain intérêt et vu qu'actuellement Alex n'avait pas de potes pourquoi ne pas faire plus ample connaissance avec ce garçon.

''Alexis.'' dit-il en tendant sa main histoire d'appuyer un peu plus les présentations. Un nouveau bruit sourd se dit entendre dans l'espace confiné à croire que la panne n'était que de courte durée. ''Faut croire qu'on a entendu notre appel... Hmm ça te branche un café ? J'ai pas très envie de retourner bosser tout de suite alors si t'es ok je t'invite...'' Toujours dans l'optique de se recréer une vie sociale cette invitation pourrait s'avérer utile, reste à savoir si le fameux Colin donnerait suite mais probablement que le taulard avait mieux à faire.

Heureusement que Colin n'est pas claustrophobe, parce que l'ascenseur est tellement petit qu'à deux, il a déjà la sensation qu'ils sont bien trop serrés, comme des sardines dans une boite de conserve. « Ouais, la taule. » Il réalise, quand même, que c'es une information qu'il ne faut pas sortir à tout bout de champs. Parce qu'elle ne regarde personne, parce que Colin peut très vite se faire recaler, faire peur. Être en prison pour avoir défendu cette fille, ça lui a vraiment brisé les tripes. L'autre était mort, donc de toute manière, elle ne risquait plus rien. Mais ça lui tue, le fait de savoir qu'elle l'a dénoncé, qu'elle a menti pour protéger les arrières de ce sombre fils de pute. Colin secoue la tête, sentant qu'il allait vraiment partir loin dans ses pensées, et c'est pas non plus le but. Il ne sait pas combien de temps ils vont être bloqué dans cet endroit, il vaut mieux ne pas laisser un malaise s'installer, encore plus si c'est de sa faute.

Alors il lui tend sa main, et naturellement, il accroche la sienne, la serre. Symbole de politesse, mais ça lui fait bizarre parce qu'il n'a pas fiat ce geste depuis des années. Puis, l'ascenseur redémarre, et il ne peut pas s'empêcher de lâcher un long soupir. Il est rassuré ; il avait quand même l'impression que les murs se rapprochaient, et finalement, heureusement qu'il n'a pas fumé un joint avant de venir. Il aurait pu rapidement partir en bad trip. « Je ne dirais pas non à un café. » Il essaye de sourire,mais ça aussi, il sait pas faire. Il a l'impression de devoir tout apprendre à nouveau, de reprendre des bases mais en les modernisant. C'es perturbant, d'ailleurs, qu'il sente qu'il n'est pas vraiment dans un terrain qu'il domine. « Mais c'est parti remise, la prochain fois, je pourrais te payer autre chose qu'un café. » Parce qu'après tout, pourquoi pas ?

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je suis sincèrement désolé de l'attente.  :hrt: