i will be your remedy (jude)

jude et oscar

Il y avait réfléchi pendant tout le trajet. Aujourd'hui était un jour particulier, plein de sens aux yeux d'Oscar. Cette date l'avait marqué au fer rouge mélangeant bons et mauvais souvenirs. Sa rencontre avec elle ne pouvait que lui arracher un sourire, même si cela cachait des séparations et des disputes également. Il ne gardait que le meilleur aujourd'hui, Oscar. En sortant de la voiture, il avait attrapé son téléphone dans le fond de sa poche et s'était empressé d'appeler ce restaurant pour réserver une table dans une heure. Un moment à eux, pour eux. Ce serait l'occasion de se retrouver, alors que ces derniers temps elle semblait distante et ailleurs. Après avoir appelé le restaurant, il s'était arrangé avec une amie pour qu'elle vienne garder Félix jusqu'au lendemain. Elle ne devrait pas tarder à arriver. Une main lasse passée sur son visage, il enfonçait son téléphone dans la poche de sa veste. Il poussait la porte de la maison et s'empressait de jeter ses affaires sur le meuble de l'entrée. “Je suis rentré.” lâchait-il en regardant son reflet fatigué dans le miroir. Un regard jeté dans le salon, puis dans la cuisine où il apercevait Jude. Il se glissait dans son dos et déposait un baiser dans son cou. “Laisse tout ça, on sort ce soir.” Il piochait un gâteau dans une boite un peu plus loin observant malicieusement Jude qui s'était tournée vers lui. L'air joueur, il n'en disait pas plus. Ses yeux ne la lâchaient pas le temps de quelques secondes avant que la sonnette de la porte d'entrée ne retentisse dans la maison. Il s'empressait alors de finir le gâteau qu'il avait dans les mains avant de s'approcher de nouveau de Jude. “Olivia s'occupe de Felix jusqu'à demain. Allez, prends une veste.” Il déposait un baiser furtif sur ses lèvres avant de se diriger vers l'entrée pour accueillir son ami. Après l'avoir saluée et remerciée, il montait rejoindre Felix dans sa chambre pour l'aider à faire son sac. En redescendant les escaliers, Oscar se demandait si Jude avait réalisé à quoi correspondait la date d'aujourd'hui. Dix ans que son regard avait glissé sur son visage enfantin et ses longs cheveux blonds. Il y a dix ans, il la voyait pour la première fois à la fin de la messe. Il s'était levé et était allé vers elle sans même réfléchir, comme si ses pas étaient guidés, comme si son être entier avait été attiré. Arrivé en bas des escaliers, il la voyait venir vers lui. Lentement, un sourire étirait ses lèvres.

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i will be your remedy.

Tu es nerveuse. Bien trop anxieuse depuis ces derniers jours. Depuis que Evan a refait irruption dans ton quotidien. Depuis qu'il est venu foutre le bordel dans ta vie si parfaite. Il est là. De retour. Et peut-être bien définitivement. Tu peines à y croire. Même si tu as attendu quatre années. Tu peines à faire le tri dans ton esprit. Et tu es devenue distante. Si bien que t'en as oublié la date du jour. Alors, quand Oz entre à la maison. Quand Félix se précipite vers lui dans un bruit sourd à cause de ses jouets lâchés sur le sol, tu ne peux t'empêcher de sursauter légèrement. Tu n'y arrives pas. Tu n'arrives pas à faire comme si rien ne s'était passé. Comme si Evan n'avait jamais franchi le seuil de la porte de ta maison. De votre maison. Tu n'arrives pas à mettre tes idées au clair. Le mariage qui te stress. Le retour du père de ton fils. Oscar. Bordel, tout s'embrouille dans ton esprit. Comment ça ? Tu demandes en te retournant. Je n'ai pas tellement envie de sortir ce soir. Tu ajoutes, peut-être plus froidement que tu ne l'aurais voulu. Et son regard malicieux te trouble. Tu n'as pas envie de sortir. Tu n'as envie de rien, ces derniers temps. Tu as surtout peur qu'ils se retrouvent face à face, Evan et Oz. Et tu n'es pas prête à ça. Tu n'es même pas prête à avouer à ton fiancé qu'il est revenu, Evan. Qu'il est là, à Island Bay. Un baiser furtif qu'il dépose sur tes lippes. Et tu le regardes s'éloigner. Tu restes un instant immobile. Le feu que tu coupes sous les casseroles. Et tu as bien compris que Oz ne laissait pas place aux négociations. Pas ce soir, en tout cas. Alors tu te diriges vers l'entrée. Saluant ton amie. Te retournant quand tu vois Félix et Oscar revenir. Sois sage mon ange. Tu souffles en venant prendre ton garçon dans tes bras. Tu as toujours ces difficultés à te séparer de lui. Un baiser sur sa tempe. Et tu vois Olivia s'éloigner avec le gamin. Et puis, il y a cette question qui te brûle les lèvres. Pourquoi ? Pour quelle occasion ? Tu as l'impression d'avoir oublié un truc. Un truc important. Et tu essaies de t'en souvenir. Ton esprit qui se torture pour remettre la chronologie en place. Mais rien n'y fait. Ce n'est pas ton anniversaire. Ni le sien, d'ailleurs. Alors, tu conclues une chose. Peut-être qu'il n'y a aucun événement à fêter. Peut-être que Oscar a simplement envie de sortir, ce soir. Tu jettes un oeil furtif vers le miroir de l'entrée. Espérant que ta petite robe et ton maquillage léger suffisent à cette soirée. Où m'emmenez-vous Monsieur Dyers ? Tu demandes, un sourire malicieux qui étire tes lèvres. Maintenant seuls. Ta veste sur les épaules. Tu attires le brun contre toi. En y réfléchissant bien, c'est peut-être ce qu'il vous faut. Un moment à deux. Un moment à partager en tant que couple. Un instant privilégié qui se fait trop rare depuis ces derniers mois. Et puis, tu ne peux t'empêcher de venir sceller tes lippes aux siennes. Tu es soudainement bien moins frigide que ces derniers jours. Tu te détaches de lui au bout de quelques secondes. Venant lier tes doigts aux siens, te dirigeant vers la voiture.

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La réponse de la jeune femme ne l'étonnait pas, alors il n'y prêtait pas vraiment attention. Se tournant pour poser la boite de gâteaux un peu plus loin, il se contentait de la regarder avec un air amusé tout en haussant les épaules innocemment. Aucune mauvaise humeur ne gâcherait ses plans pour ce soir. Elle n'avait pas envie de sortir, mais elle n'avait pas vraiment le choix. Pourtant son ton est froid. Il baissait légèrement la tête sur le côté en l'observant minutieusement. Comme si, rien qu'en la regardant, des réponses pouvaient apparaitre. Il aimerait savoir ce qui se trame dans l'esprit de la jeune femme. Mais il ne baisserait pas les bras. Son regard glissait sur la jeune femme. “Ce n'est pas négociable, désolé.” Puis il déposait un baiser furtif sur ses lèvres. Trop rapide à son goût. Il s'éclipsait ensuite pour aller chercher Felix et les affaires du petit garçon. Il remerciait de nouveau Olivia une fois de retour dans l'entrée. Felix dans les bras de sa mère arrachait un sourire à Oz. Il ne se lasserait jamais de cette vue. “A demain, bonhomme.” lâchait-il en ébouriffant les cheveux du garçon avant qu'il ne sorte avec Olivia. Le regard d'Oz se posait de nouveau sur Jude qui semblait ailleurs, perdue dans ses pensées. A cet instant précis, il réalisait qu'elle ne savait pas ce qu'il se passait. Elle ignorait pourquoi il avait organisé cette soirée. Elle avait oublié la date. Une vague de déception le submergeait avant qu'il ne se ressaisisse en la voyant jeter un coup d'oeil dans le miroir. “Tu es magnifique, Jude. Ne t'en fais pas.” Un léger sourire étirait ses lèvres, un peu forcé, un peu triste. Puis il lui pardonnait, alors qu'elle se rapprochait lentement de lui, alors qu'elle l'attirait contre elle. “Je ne peux rien dire, ça gâcherait la surprise.” Il savourait la sensation de ses lèvres contre les siennes. Un geste devenu trop rare entre eux ces derniers temps. Elle semblait être loin, ailleurs, préoccupée. Il n'avait pas osé lui demander ce qui la tracassait, Oz, de peur de l'offenser, de peur de sa réaction. Il s'était dit que ça finirait par passer, et cette soirée était un bon moyen d'y parvenir. Il serrait sa main dans la sienne alors qu'ils se dirigeaient vers la voiture. Il prenait le soin d'ouvrir la portière pour sa fiancée avant de faire le tour et de s'installer au volant. Une fois installé, il soufflait dans ses mains pour les réchauffaient. “Tu sais quel jour on est, pas vrai ?” demandait-il en jetant un coup d'oeil dans le rétroviseur. Elle ne savait pas, il en était certain, alors autant en jouer.

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C'est vrai que tu n'es pas dans ton état normal, ces derniers temps. T'es distante. Tu te réfugies bien trop facilement dans le travail. Te portant volontaire lorsqu'un de tes collègues a besoin d'un jour. Ou lorsqu'un arrêt maladie se déclare à la dernière minute. Tu trouves l'excuse de l'argent ; pour financer le mariage. Ça te permet d'avoir une meilleure conscience. Mais en réalité, tu es juste effrayée à l'idée de te retrouver devant Oz. En tête à tête, sans Félix. Parce que t'es incapable de lui avouer que Evan est de retour en ville. Mais ça te ronge, toi. Ça te ronge de devoir lui mentir. Ou de simplement omettre cette vérité. Tu n'es pas comme ça, habituellement. Tu n'es pas ce genre de femme. Et tu te détestes d'être ainsi. Parce que ça ne te ressemble pas. Parce que Evan fait, sans le vouloir, surgir ce qu'il y a de pire en toi. Et ça t'étonne qu'il ait pris cette initiative, Oscar. D'appeler Olivia, d'organiser une soirée juste pour vous deux. Ça t'étonne parce qu'il est rarement comme ça. Parce que tu ne cherches plus tellement à partager ce genre de moments, ces derniers temps. Et, tu es sûrement un peu réticente. Mais, tu comprends rapidement que ton fiancé ne te laisse pas le choix. Tout est déjà organisé. Alors, tu ne résistes pas longtemps. Surtout lorsque tu vois Olivia qui attend Félix. Surtout quand tu vois le gamin et Oz descendre les escaliers avec le nécessaire pour la nuit. Tu te questionnes beaucoup trop. Et ton fils ayant à peine quitté la maison, tu commences ton interrogatoire. Merci, mais tu sais très bien que je déteste les surprises. Tu soupires en haussant les épaules. Un sourire qui étire doucement tes lèvres. C'est peut-être faux ; tu ne les détestes pas. Tu n'aimes simplement pas devoir attendre. Il y a cette impatience qui te bouffe. Cette peur que tout dérape. Et tu te dis qu'il ne sait pas, Oscar. Il ne sait pas à quel point tout pourrait s'effriter. A quel point il est dangereux, pour vous, d'être exposés aux yeux de tous. Parce que Evan est dans les parages. Parce que tu redoutes la moindre de ses réactions. Et celles d'Oz aussi. Parce qu'ils sont bien trop semblables, ces deux là. Excessifs.
Un mercredi, de janvier. Ouais, c'est tout ce que tu trouves à répondre. Parce qu'en réalité, tu n'as aucune idée de ce qu'il veut te faire dire. Ou comprendre. Tu viens nerveusement te mordre le lèvre inférieure tandis que tu mets ta ceinture. Tu as honte. Totalement honte. Parce que ton hypothèse d'une soirée banale sans rien à fêter vient de s'évaporer. Alors, il y a bien quelque chose. Quelque chose qui compte à ses yeux. Assez pour qu'il ait envie de t'emmener quelque part, en tout cas. Je suis désolée, Oz ... Je suis fatiguée depuis quelques jours. Et c'est une excuse bidon. Elle est loin d'être valable, tu t'en rends bien compte. Mais, tu te vois mal lui avouer tes tracas. Pour une fois, Oscar ne peut pas être ton confident. Il ne peut pas être celui sur qui tu te reposes. Parce que t'es terrifiée à l'idée qu'il ne comprenne pas. T'es terrifiée à l'idée de lui faire du mal. Je dois être la pire des fiancées. Tu murmures, ton regard qui fixe la route. Ta main qui vient doucement se poser sur celle d'Oscar. Ouais, il n'y a aucun doute ; tu es la pire.

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Elle était si proche et si loin à la fois. Sa main glissait le long de sa joue pourtant la jeune femme semblait être à des kilomètres d'ici. Depuis quelques jours, elle avait mis une certaine distance entre vous, sa voix n'avait jamais été aussi froide, ses regards si vides d'amour. Oscar n'avait même pas poser de questions, de peur d'empirer les choses, de peur de la braquer. Alors il se contentait d'encaisser en espérant que cela passe, en espérant ne pas être la cause de ce malheur. Cela n'avait pas toujours été calme entre eux, mais jamais elle ne lui avait tourné le dos du jour au lendemain de la sorte. Au fond s'il ne posait aucune question, Oz, c'était parce qu'il avait peur que cela soit le mariage qui arrive qui la mette dans cet état. Il avait peur de ce qu'elle pourrait lui dire, lui avouer, alors il gardait le silence, en priant pour que cela ne soit pas ça. Il voyait bien qu'elle évitait à tout prix de se retrouver seule avec lui, sûrement de peur qu'il la questionne sur ses préoccupations. Alors cette soirée qu'il avait organisé serait peut-être l'occasion de se retrouver et de comprendre. Un sourire amusé étirait ses lèvres lorsqu'elle répondait qu'elle n'aimait pas les surprises. “Je ne céderai pas.” soufflait-il alors qu'il la faisait entrer dans la voiture. Il ne dirait rien, il tiendrait sa langue jusqu'au bout. De plus, il savait que ce n'était pas totalement vrai. Elle ne détestait pas les surprises. Et celle-ci l'étonnerait réellement puisqu'elle ne semblait pas comprendre l'importance de la date. Il s'agissait bien plus que d'un simple mercredi de janvier. Son visage se refermait lentement malgré ses efforts pour cacher sa déception. “C'est tout ?” lâchait-il en démarrant la voiture et ne lâchant pas la route du regard. Il ne pouvait le nier, il lui en voulait. Cette rencontre avait tout changé pour lui, il serait incapable d'en oublier la date, même s'il essayait. Peut-être que c'était différent pour elle, peut-être que cela n'avait pas autant de signification qu'aux yeux du jeune homme. Ce simple jour de janvier, il avait croisé son regard alors que toute sa vie partait à la dérive. Il était tombé amoureux d'elle au moment même où ses yeux se sont posés sur elle. Elle l'avait sauvé, Jude. De toutes sortes de conneries. Elle l'avait empêcher de partir en vrille quand tout le poussait à le faire. Alors il ne pouvait pas oublier cette renaissance, cette deuxième chance qu'elle lui avait offert. Cela semblait être différent pour la jeune femme.

Ses sourcils se haussaient lorsque la jeune femme s'excusait. Il ne s'y attendait pas. “Ne t'en fais pas, c'est bon.” soufflait-il en observant minutieusement la route. “Mais tu es sûre que ce n'est que de la fatigue?” osait-il finalement ajouter. Il se garait en face du restaurant, celui où il l'avait emmenée pour leur premier rendez-vous alors qu'elle se confessait. Il secouait la tête légèrement tentant de passer outre la déception. Sa main se posait sur la sienne et il se rendait compte qu'il ne pouvait pas lui en vouloir. Il se penchait doucement afin de déposer un baiser sur sa joue. “Tu n'es pas la pire des fiancées, tu as juste oublié la date de notre première rencontre.” Il jetait un coup d’œil au restaurant derrière elle avant de descendre de la voiture. Prenant soin de ne pas se faire renverser, il faisait le tour pour venir à la rencontre de la jeune femme. “Je te pardonne.” Et ses lèvres s'écrasaient sur les siennes. Parce que son esprit devait être préoccupé à Jude, alors elle n'y avait pas pensé. Il ne lui en voulait pas. Cela ne ferait qu'empirer les choses, cela ne ferait que la mettre mal à l'aise et c'était loin d'être ce qu'il voulait pour cette soirée. Il voulait la retrouver. La Jude qui rit à ses idioties, celle qui le regarde comme s'il était son tout, celle qui l'embrasse passionnément et pas celle qui le fuit.

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Et tu en es bien consciente, Judith, de ne pas être la meilleure des fiancées. Tu es bien consciente d'avoir fait en sorte qu'un fossé se creuse entre vous. Parce que tu détestes devoir lui mentir, à Oscar. Parce que tu as beau tourner le problème dans tout les sens, tu ne sais pas comment aborder le sujet. Evan est là, en ville. Le père de ton fils. Ce gamin que Oz a élevé comme son propre enfant. Evan. Ce brun qui te hante depuis toutes ces années. Tu ne l'as jamais caché à Oscar. Tu ne lui as jamais menti. Evan sera toujours cette ombre. Mais, à l'époque, tu n'imaginais pas le revoir un jour. A l'époque, tu n'imaginais pas qu'il puisse réapparaître dans ta vie. Alors tu t'y es fais, Jude. Tu as simplement avancé sans lui. Tu as refais ta vie dans les bras d'Oscar. Ces sentiments qui ont resurgi petit à petit. Ce couple, cette famille, que vous formez à présent. Une histoire parfaite. Sans ombre au tableau. Un amour délicat, pure. Il est celui qui t'a sauvée. Comme tu as pu le faire, quelques années auparavant, pour lui. Quand tu as décidé de lui tendre la main. Quand tu es tombée amoureuse de lui. Et tu comprends rapidement qu'il est déçu. Qu'il s'attendait à plus. Tu te rends compte que tu as loupé quelque chose. Quelque chose d'important. Tu prétexte être fatiguée. Et c'est le cas. Parce que ton esprit te torture sans interruption. Parce que tu n'arrives plus à avancer depuis quelques semaines. Et peut-être que Evan n'est pas le seul problème. Peut-être qu'il n'est, lui aussi, qu'un prétexte. Oui, il n'y a que ça. Tu murmures encore. Ta main qui caresse doucement la sienne. Tu t'enterres dans ton mensonge. Dans ton omission. Tu persistes à ne pas cracher le morceau. Même si tu en crèves d'envie. Même si tu ouvres doucement la bouche. Peut-être qu'en réalité, il est là le bon moment. Mais ça t'angoisse. Ça t'angoisse alors qu'il se gare dans une rue. Une rue que tu reconnais. Mais bien trop tardivement.  

Et tu as honte, Judith. Tu as honte d'avoir oublié cette date. Ce jour qui vous a lié l'un à l'autre pour l'éternité. Je. Excuses-moi. Tu murmures doucement. Le sang qui te monte aux joues. La vérité qui te frappe. Tu te détestes d'avoir pu oublier ça. Tu te hais d'être devenue aussi négligente depuis ces dernières semaines. Et tu t'en veux de lui faire subir ça, à Oscar. Tes états d'âme que tu n'oses pas lui confier. Tu sors de la voiture alors que le brun vient à ta rencontre. Ses lèvres qui rencontrent les tiennes. Tu te rappelles, maintenant. Tu te souviens à quel point ce dimanche a changé votre vie, à tout les deux. Tu vous y vois encore. Assis sur le banc de l'église. Oz qui s'est confié à toi. Ce sentiment que tu as pu ressentir lorsqu'il t'a raccompagnée quelques heures après. Ce restaurant, cette église. Cette après-midi qui a marqué le début de votre histoire. Tu soupires finalement alors que vos lèvres se séparent. Tes doigts qui viennent enlacer les siens. Je confirme, je suis la pire des fiancées. Pas de doute. Aucun. Tu te mords nerveusement la lèvre inférieure. Ton autre main qui s'aventure sur sa joue. N'imagines pas que j'ai oublié ce jour. Parce que tu en es incapable. Parce que tout a commencé à ce moment précis. Merci. Que tu murmures alors que tes lippes viennent s'écraser contre les siennes. Un baiser qui se veut moins timide. L'entrain que tu veux faire passer. Les excuses que tu portes doucement en l'attirant un peu plus contre toi. C'est beaucoup plus passionnel que ces dernières semaines. Beaucoup moins distancé.

Vos doigts enlacés, il te précède après que tu sois entrée dans le restaurant. Le serveur qui vous accompagne à cette table. Celle près de la vitrine. Celle à laquelle vous étiez installés dix ans plus tôt. Ta main qui se refuse de lâcher celle d'Oz. J'aurai aimé être plus élégante que ça pour cette soirée. Tu souffles sans aucun reproche. Tu aurais du anticiper. T'aurais du y penser, Judith. C'est à toi que tu en veux. Pas à Oscar. Tu secoues faiblement la tête. Le serveur qui dépose deux coupes de champagne sur la table. Le verre que tu prends de ta main libre, le levant vers Oscar. A nous deux. Tu souffles en te penchant vers lui pour déposer un baiser furtif sur ses lèvres. Je le savais déjà, il y a dix ans. Je savais que tu étais l'homme de ma vie. Tu murmures contre ses lèvres avant de t'éloigner doucement pour t'asseoir à nouveau sur la chaise. Ils sont devenus rares, ces mots là. Ils sont devenus comme tabous. Parce qu'après toutes ces années, la frénésie d'un nouvel amour s'effrite. Parce que même si tu ne l'as trouvé que récemment, vous êtes presque devenus un vieux couple, à présent. Ceux qui se connaissent par coeur. Ceux qui n'ont pas besoin de parler pour se confier.

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Il savait qu'elle ne lui disait pas tout, mais il n'insistait pas Oz. Il ne voulait pas la brusquer, ni la braquer, ce n'était pas ce qu'il voulait ce soir. Et sa main qui glissait sur la sienne lui rappelait ce qu'il voulait pour cette soirée. Une sorte de réconciliation, une sorte de trève dans ce qui était une crise pour votre couple. Tout allait bien pourtant, avant qu'il ne pose un genou à terre pour elle. Depuis cette demande en mariage, les choses avaient changées. Elle devait être stressée, Jude, il pouvait le comprendre. Même s'il était tout sauf inquiet. Il était impatient, il attendait depuis des années de lui passer la bague au doigt. Il était serein parce qu'il savait qu'il n'y avait qu'elle, qu'elle était la seule avec qui il voulait finir sa vie. Leur famille, avec Félix, était tout ce qu'il avait de plus important. C'était une seconde chance pour lui, une façon de rattraper ses erreurs, de donner tout ce qu'il n'a pas pu donner à ses premiers enfants. Il ne disait rien de plus, Oz, il se contentait de hocher la tête en affichant un sourire qu'il voulait convaincant. Pour la rassurer, pour lui faire comprendre qu'il comprenait. Qu'il ne lui en voulait pas pour son silence, qu'il restait là, qu'il ne bougeait pas. Peu important ce qui pouvait arriver.

Il secouait légèrement la tête. “Ce n'est pas grave, Jude.” Il ne pouvait pas lui en vouloir. De plus, l'effet de surprise avait été possible jusqu'au bout grâce à son oubli. Son regard se posait sur la jeune femme dont les joues rougissaient. Un air amusé flottait sur le visage d'Oz. Il serait là pour lui rappeler, chaque année. Comme pour la rassurer, il déposait ses lèvres sur les siennes, dans un geste délicat. Il riait doucement lorsqu'elle confirmait être la pire des fiancées. Il ne voyait pas les choses comme ça, Oz. A ses yeux, elle était la plus belle, et il était chanceux de l'avoir. Bien des fois il s'était demandé comment une femme comme elle avait pu le choisir lui, alors qu'elle pourrait avoir n'importe qui à ses pieds. Il fermait les yeux pendant quelques secondes alors que la main de la jeune femme effleurait sa joue. Puis un sourire étirait ses lèvres. Il savait qu'au fond elle n'avait pas oublié. Trop de choses embrouillaient son esprit pour qu'elle puisse s'en souvenir, mais il était là pour lui rappeler. Sa main glissait dans ses cheveux alors qu'elle l'embrassait. Depuis des semaines, elle ne faisait plus le premier pas, depuis des semaines, il attendait ça. Ses mains qui l'attirent vers elle, cette envie brûlant ses lèvres. Elle lui manquait, Jude. Ça le tuait à petit feu d'être à la fois si proche et si loin d'elle. De l'aimer sans pouvoir la toucher comme avant. Il voulait la retrouver.

Ils se dirigeaient vers le restaurant, main dans la main. Elle passait la première -Oz agissant en bon gentleman. Un léger signe de tête pour le serveur qui les emmenait jusqu'à leur table, près de la fenêtre, la même qu'il y a dix ans. “Tu es très bien comme ça. Ne t'en fais pas.” lui soufflait-il avant de s'asseoir en face d'elle. Imitant Jude, il s'emparait du verre de champagne et le levait en l'air. “A nos dix ans et à notre futur mariage.” ne pouvait-il s'empêcher d'ajouter, un sourire idiot collé aux lèvres. Il appréciait le moment Oz, il savourait chaque instant où leurs lèvres étaient scellées, chaque caresse, chaque mot doux. Il se contentait de la regarder, de l'admirer, étudiant chaque trait de son visage. Ce visage que tu avais passé des heures à contempler, que tu connaissais par cœur. Il était fier, Oz. Fier de l'avoir à son bras, fier d'avoir une femme comme elle à ses côtés, fier d'avoir été son choix. “Je t'aime, Jude.” C'était la seule chose qu'il avait pu dire, sans la lâcher du regard. Elle était la femme de sa vie aussi, c'était la raison pour laquelle son éloignement l'inquiétait. Il ne se voyait pas sans elle. Plus rien n'aurait de sens sans elle. Sans eux. “J'espère que tu le sais...” ajoutait-il avant de baisser les yeux sur son verre. L'éloignement de la jeune femme l'envahissait de questionnements. Peut-être n'était-il pas fait pour elle. Peut-être qu'elle voulait plus, ou mieux.

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i will be your remedy.

Tu ne peux le nier ; tu t'en veux. Tu t'en veux de lui cacher la vérité. D'omettre le retour d'Evan. Mais tu es toi-même perdue, totalement. Et tu as peur de sa réaction. De ce qu'il pourrait penser, Oscar. De ce qu'il pourrait croire. Tu l'aimes, Oz. Tu l'aimes à en crever. Tu le sais depuis votre rencontre il y a de ça dix ans. Mais Evan. Il est le père de ton fils. Il est celui pour qui tu aurais tout donné. Alors, ce n'est pas rien ; son retour. Ce n'est pas anodin qu'il soit revenu dans ta vie. Parce que tu l'as aimé aussi. Parce que tu l'aimes sans doute encore un peu. Et c'est sûrement pour ça que tu caches son retour à Oscar. C'est sûrement parce que c'est de toi que tu as peur. De toi et de tes réactions. De toi, et du fait que Evan soit totalement imprévisible. Tu as changé, grâce à lui. Tu es devenue plus femme, plus libre. Et tu voudrais oublier son souvenir. Pour ce soir. Tu voudrais remercier Oscar d'avoir organisé cette soirée. Tu aimerais oublier Evan pour les prochaines heures. Autant que ça puisse être possible. Tu t'en veux un peu plus de savoir que tu as oublié cette date. Tu t'en veux d'être cette fiancée si distante. Le mariage ; l'échéance. Tu as décidé de te donner à tout jamais à Oscar. Tu as décidé qu'il serait l'homme de ta vie. Qu'il te verrait vieillir. Il est ta famille. Il est ce père pour Félix. L'homme parfait.

Alors, tu ressens ce besoin de t'excuser encore. A cause de ces distances que tu imposes. A cause de ton oubli. Tu t'excuses d'être une si mauvaise fiancée. Tu le penses. Et tu aimerais pouvoir le rassurer, Oscar. Lui dire que ça ne se reproduira plus. Lui dire que tu feras des efforts, à présent. Mais tu n'es pas certaine d'en avoir la force. Tu n'es pas sûre de pouvoir tenir ces promesses là. Pourtant, tu lui dois bien plus, à Oz. Tu lui dois l'amour, la vie. Il a été la lumière au bout du tunnel. Votre rencontre, votre histoire. Un conte merveilleux qui berce votre couple depuis dix ans. Vos retrouvailles alors que ton ventre se dessinait déjà. Félix qu'il a pris sous son aile. Cet enfant qui n'est pas le sien mais qu'il considère comme tel. Tu lui dois tout, à Oscar. Ton bonheur, surtout. Et tu as honte de ton comportement. Tu as honte d'avoir repoussé ce mariage pendant de longs mois. Tu as honte d'avoir ce fantôme qui te hante toujours. Et dans tes baisers, tu veux le remercier de tout ça. De cette soirée qu'il a organisé. De cet amour inconditionnel qu'il te porte depuis toutes ces années. Tu veux qu'il comprenne, Oz. Que tu es toujours la même. Que tu es toujours cette Judith qu'il a rencontré. Avec quelques rides en plus. Avec un enfant qui n'est pas de lui. Mais tu es la même. Bien sûr que je le sais. Tu souffles après avoir bu une gorgée de champagne. Ouais, tu n'as aucun doute quant à ses sentiments. Tu n'en as jamais eu. Même lorsqu'il semblait être bien trop dangereux pour toi. Même lorsqu'il cherchait cette rédemption. Vous vous êtes aimés dès le premier jour. Dès que vos regards se sont croisés sur le banc de l'église. Et chaque jour encore un peu plus. Et je t'aime aussi, monsieur Dyers. Tu murmures alors que tes lèvres viennent à nouveau rencontrer les siennes. Ça a sûrement l'air déplacé de l'extérieur. Ce couple qui se bécote sans arrêt. Avec vos sourires et vos douces paroles. Mais tu t'en fiches bien. Depuis toujours.

Tu viens t'asseoir à nouveau correctement sur ta chaise avant de te saisir du menu. J'ai l'impression que rien n'a changé. Tu souffles en relevant ton regard vers lui. Tu parles du menu. Mais en réalité, il y a autre chose. Peut-être parce que tu es redevenue une inconnue à ses yeux. Peut-être parce que cet amour a besoin de renaître. Un souffle que vous procurera sûrement ces lieux. Hormis nos dix années de plus et ce serveur qui était à peine né à l'époque. Tu ajoutes en riant doucement. Il y a eu vos années de séparation. Ces années où tu as pris ton envol. Et Oscar était toujours là, à ton retour. Il t'a accepté malgré tes péchés. Et tu sais que ça n'a pas été facile pour lui. D'accepter que tu ais pu tomber amoureuse d'un autre. D'accepter cet enfant issu du fruit d'une relation éphémère qui ne te ressemble pas. Tu n'as jamais compris pourquoi. Pourquoi Oscar a continué à t'aimer. Pourquoi il s'est attaché à toi à ce point. Tu ne le mérites pas.