C’est le grand jour. Enfin, je devrais plutôt dire que c’est le second grand jour puisque, officiellement, je suis mariée depuis presque deux semaines aujourd’hui. (Soupir) Deux semaines déjà. Bon sang. J’ai l’impression que c’était encore hier que le célébrant nous unissait sur cette plage de sable fin aux Seychelles. J’ai un sourire béat au visage rien que d’imaginer ce moment magique de ma vie. Incontestablement, cette soirée est devenue le second meilleur souvenir de toute ma vie. Quel est le premier ? La naissance de Lana, bien évidemment. En parlant de cette jeune demoiselle, elle est justement entrain de s’admirer dans l’immense miroir de notre chambre, à Liam et moi, dans sa somptueuse
robe de demoiselle d’honneur. Au moment de son achat, elle a impérativement voulu une robe ressemblant à la mienne. Je crois que l’on peut affirmer que son souhait à été réaliser. _
Si je comprends bien, c’est donc toi qui te marie à ton papa aujourd’hui ? Lui demande taquine Anna, tandis qu’elle m’aide à mettre convenablement le tulle de la mienne. _
Mais nooooon tata. Clame Lana en riant aux éclats. _
Tu te trompes totalement ! C’est maman qui fête son mariage avec papa, pas moi ! On ne se marie pas avec un papa voyons ! Nous éclatons de rire de concert. Elle est très lucide pour son âge. Dommage qu’elle n’ait toutefois pas connue cette courte période où une petite fille veut justement se « marier » à son papa, parce qu’il est son héro à ces yeux. Je garde un souvenir nostalgique de cette période à ce sujet. J’imagine qu’Anna aussi, vu sa relation presque fusionnelle avec son défunt père. _
Quand vas-tu me maquiller maman ? Me demande impatiente Lana, me sortant de mes souvenirs. _
Ce n’est pas moi qui vais le faire princesse, je te l’ai déjà expliqué. Je lui réponds doucement. _
Maman a engagé une coiffeuse/maquilleuse qui ne devrait plus tarder à arriver. Du moins, si elle est ponctuelle. Le cas contraire, j’ignore totalement quand elle arrivera. Elle acquiesce avant de reprendre l’admiration de sa robe. J’en profite pour observer le visage de mon amie qui s’affaire dans mon dos. Elle ne me semble pas totalement dans son assiette, aujourd’hui. _
Quelque chose ne va pas ? Je lui demande immédiatement, soucieuse de résoudre le problème avant le début de la réception. _
Non. Tout va bien. M’assure t’elle en regardant à son tour mon regard dans le reflet du miroir, souriante. _
Pourquoi cette question ? _
Je ne sais pas. Tu m’as l’air soucieuse voir… triste. Je n’arrive pas à nommer l’émotion qui me semble déceler bien au fond de ces prunelles chocolat. _
Tu te fais des idées. M’assure t’elle avec amusement. _
Tu me le dirais s’il y avait un problème entre toi et Brendon ? Je l’interroge, très sérieusement. Elle me regarde longuement, silencieuse, lorsque la sonnette de l’entrée résonne au loin. _
C’est sûrement ta coiffeuse. Déclare t’elle aussitôt, enthousiasme. Je n’obtiendrai aucune réponse à cette question, je crois bien.
***
Assise a la table qui a été dressé sur la terrasse de la villa, j’observe songeuse mon couple d’amis sur la piste de danse. Je ne peux pas m’empêcher de déceler chez eux, depuis le début de la réception qu’on a voulu la plus similaire possible à notre cérémonie de mariage, une petite différence dans leur attitude de couple. Je ne saurai dire quoi très exactement. Je n’arrive pas à me rappeler s’ils m’ont habitués à être plus câlins, plus tactiles. J’ai le sentiment que oui puisque mon meilleur ami a un besoin constant de se sentir aimer mais… paradoxalement il semble également rayonné de bonheur tandis qu’il danse sur la piste avec Lana, Anna, Aubrey et Liam. D’ailleurs, mon mari ne cesse de me faire signe de les rejoindre à nouveau, immense sourire aux lèvres. Je décline en riant. _
Plus tard. Je n’ai pas la même énergie que lui, moi. (Rires) Tandis que mon regard s’attarde sur l’unique invité qui demeure assis aussi seul dans son coin, pendant que les autres discutent à l’autre extrémité de la table, je sens la main de Lana se glisser dans la mienne. _
Plus tard mon chat, maman a mal aux pieds. Je lui dis, m’imaginant qu’elle désire que je vienne danser également. _
Non. Maman. J’ai plus de rouge à lèvres. Je voudrai que tu m’en remettes. Je me demande bien pourquoi soudainement elle y tient. Mais qu’importe. Je me lève pour la suivre à l’intérieur de la villa, où je me charge de rosir à nouveau ces lèvres dans la salle de bain à l’étage. Ensuite, nous rejoignons l’extérieur où la fête bat toujours son plein. _ Fais attention Lana ! Je l’interpelle quand il me semble qu’elle va percuter de plein fouet Marty, le meilleur ami de ma belle-sœur. Heureusement pour lui, elle l’évite. Sacré Lana. Je rie brièvement de la voir si surexcitée. Je passe à côté de Marty pour rejoindre ma place quand, tout d’un coup, je l’entends soupirer. Immédiatement, je me fige pour me tourner vers lui. Sa réaction ne se fait pas attendre. Il lève les mains comme si je pointais une arme à feu invisible sur lui, tout en s’excusant. Je glousse quelque peu. Il n’y aucun mal à ce qu’il soupire. Je n’oblige personne à être aussi exaltée que ma belle-sœur ou mon meilleur ami qui danse justement ensemble sur la piste improvisée. _
Lexie Drake, enchanté. Je dis avec amusement, en lui tendant la main. _
Je suis la mariée mais ça, tu le savais déjà. J’ajoute toujours sur le même ton, dans l’espoir de le faire rire un peu. J’ai remarqué à quelques occasions, lorsque mes yeux se posaient sur lui, qu’il ne semblait pas très heureux. _
Effectivement, Aubrey ne m’a pas encore fait l’honneur de me présenter son meilleur ami. Je confirme, charmante. _
Il me semble qu’en ce moment elle a la tête ailleurs. Peut-être un nouveau béguin ? Je suggère avec légèreté, amusée par le côté fleur bleue de ma jeune belle-sœur. Quand j’y songe sérieusement, je me dis que cela justifierait le pourquoi depuis quelques semaines elle est si épanouie. _
Et s’il te plaît Marty, ne me vouvoie pas. Tu fais partie de la famille après tout. Il est une sorte de frère pour Aubrey, comme Brendon l’est pour moi. Je refuse donc qu’il en soit autrement. _
Est-ce que tout ce passe bien ? Je lui demande finalement, sincèrement curieuse de savoir comment il se sent parmi nous. _
J’ai cru remarquer que tu n’avais pas l’air très bien. Si je peux faire quoique se soit pour toi, n’hésite pas. A défaut d’avoir des confidences d’Anna qui semble me fuir dès que nous sommes seules, je peux peut-être en avoir de Marty. Bon, j’ai conscience que le fait que l’on ne se connaisse pas réellement peut aussi l’encourager à me dire que tout va bien mais, mon instinct me dit qu’il me mentirait. Il a une mine triste au visage et son soupir était autant teinté de cette émotion.