a night like this → evan

la présence de la jeune femme ne te gêne pas du tout, c'est sans doute pour ça que tu lui proposes d'aller boire un verre - en toute amitié - pour prolonger cette soirée qui a commencée d'une manière bien étrange à ton goût. tu désignes un petit bar au bout de la rue, que tu connais bien, et qui te parle, même si ça fait de longues années que tu n'as pas pu t'y rendre. après tout, tu as passé ton enfance et ton adolescence ici. allons-y ! tu souris une nouvelle fois, face à l'entrain de la jeune femme, tandis qu'il ne vous faut pas bien longtemps pour rejoindre le bar en question, vous frayant un passage dans l'établissement jusqu'à une petite table de deux personnes, dans un coin sympathique de la salle. tu viens glisser tes doigts dans tes cheveux et tu te pinces brièvement les lèvres optant, tout comme la jeune femme, pour une simple bière. t'as pas envie de te bourrer la gueule. alors comme ça, tu voyages beaucoup. et malgré ça, c’est quand même ici que tu reviens. c’est pas trop indiscret si je te demande pourquoi ? tu te pinces les lèvres face à la question de la jeune femme, tandis que tu restes silencieux quelques instants a sa question. tu viens boire une gorgée de bière et tu soupires un peu. c'est une longue histoire. tu réponds simplement. ta rencontre avec judith, tout ce temps passés ensembles. ce n'est pas anodin non plus, comme histoire. mais pour faire court ... j'ai rencontré quelqu'un pendant un de mes voyages, on a passé un peu de temps ensembles, mais j'ai terminé par partir, comme je le faisais toujours. sauf que j'étais encore un peu trop con pour me rendre compte que j'voulais pas tant partir. et quand j'suis revenue, c'est elle qui est partie. par d'anciennes connaissances, j'ai appris que c'était ici, à island bay, qu'elle a grandit. alors j'suis revenu. tu expliques succinctement. t'as pas spécialement envie d'entrer dans les détails ou de parler de ton fils. tu soupires un peu, et tes doigts glissent contre ton visage, tandis que tu viens boire une nouvelle gorgée dans ton verre, te mordant l'intérieur de la joue.

Parfois, Cleo ferait mieux de réfléchir avant de parler ; elle spécifie qu’elle ne tient pas à paraître indiscrète, et c’est le cas. Son intention n’est clairement pas de pousser Evan à la confidence puisque tout ce qu’elle veut, c’est savoir si le coin est tellement sympa qu’on a la sensation d’avoir le mal du pays quand on le quitte. Ainsi, ça lui donnerait une indication sur la ville où elle vient tout juste d’emménager. Mais de la façon dont elle a formulé la question, ça ne ressemble pas trop à ça. Par chance, le jeune homme a plus ou moins l’air de comprendre puisqu’il tâche de résumer sa longue histoire.

Une histoire apparemment complexe bien qu’il ne s’épanche pas tellement là-dessus mais la rouquine a vite fait de capter l’essentiel : il est revenu pour quelqu’un et non pas parce que Island Bay est un coin tellement friendly qu’on ne peut plus s’en passer, très bien. Elle hoche machinalement la tête sans trop savoir quoi répondre à ça. Okay c’est elle qui a posé la question mais sans véritablement s’attendre à ce genre de réponses. Et puis surtout, c’est un rien difficile de se mettre à la place de quelqu’un lorsque la situation vous est totalement étrangère.

« Ah oui d’accord, ça a l’air compliqué. »

Cleo n’a aucune envie d’entrer dans les clichés – ce qu’elle fait pourtant souvent -, mais c’est les mecs tout crachés, ça. Toujours à fuir les sentiments qui pourraient les mener à des relations sérieuses. Le problème, c’est que quand il est trop tard, il est trop tard. Quoi qu’il en soit, on ne peut vraiment pas dire que l’écossaise tire cette leçon de sa propre expérience mais plutôt de celle de sa mère adoptive ainsi que ce que l’on peut entendre en bossant dans le milieu du porno et de ce qu’on peut voir à la télé alors évidemment, elle ne se permet pas de se faire la moindre réflexion à ce sujet.

« Moi qui croyais que c’était parce que Island Bay est un peu l’endroit rêvé où vivre. »

De toute manière, elle ne sait pas pour quelle raison elle continue à insister là-dessus puisque son mari et elle sont d’accord sur le fait qu’Island Bay n’est qu’une étape avant de migrer vers un coin encore un peu plus paumé. Peut-être même son Ecosse natale, qui sait ?

tu expliques rapidement la situation à la jeune femme, sans pour autant lui souffler un quelconque nom ou des détails un ;peu trop important à tes yeux. tu retiens un soupir, ne sais pas comment te comporter face à tout ça, tandis que tu as vraiment envie de conquérir - reconquérir - judith. tu retiens un léger soupir, te mordant l'intérieur de la joue. ah oui d’accord, ça a l’air compliqué. tu restes silencieux, hochant un peu la tête. tu manques un soupir, tes doigts glissent dans tes cheveux et tu viens boire une gorgée dans ton verre. tu sais pas trop quoi dire, parce qu'au fond, c'est même plus que compliqué. c'est un gros bordel qui dure depuis des années maintenant et que t'arrives pas à gérer et tout ça, à cause de ton enfance pseudo-merdique et de ton frangin qui a plus eu d’intérêt pour toi du jour au lendemain. un soupir s'échappe de tes lèvres à cette pensée et tu fermes les yeux quelques secondes. c'est encore autre chose ça, tu sais pas franchement quoi en penser ou comment aborder le sujet avec qui que ce soit. c'est sans doute pour ça que t'as pas envie de retourner voir tes parents ou le reste de ta famille. tu te pinces les lèvres un instant. moi qui croyais que c’était parce que island bay est un peu l’endroit rêvé où vivre. tu fronces un peu les sourcils et tu secoues la tête de gauche à droite, soupirant un peu. j'ai quasiment fais le tour du monde, j'peux te dire qu'il y a des endroits bien mieux qu'island bay qui existent. tu souffles simplement, haussant un peu les épaules. ouai, t'as toujours eu ta préférence pour les pays moins développés. haïti, c'était vraiment bien, pas très riche, mais au moins les gens n'étaient pas omnibulés par l'argent. tu te pinces les lèvres. tu aurais sans doute dû rester là-bas. avec judith. fonder votre famille. tu souffles un peu, secoues la tête. je ne vais pas t'embêter plus longtemps. et il se fait tard. tu ajoutes finalement en terminant ta bière en quelques gorgées, retenant un petit soupir tandis que tu sors un billet de ta poche pour payer vos consommations.

En terme d’indiscrétion, on peut dire qu’on peut difficilement faire pire mais la rouquine pensait s’être assez bien rattrapée en ne poussant pas la réflexion plus loin. Elle se félicitait même de cette petite pirouette bien que sa vanne tombe carrément à plat mais ce n’a absolument aucun caractère de gravité. Toujours est-il qu’Evan lui avoue alors que, pour avoir fait le tour du monde, il est bien placé pour savoir qu’il existe des tas d’endroits mieux qu’Island Bay. Le moins que l’on puisse dire c’est que ça la rassure. Pas du tout. Mais dans le fond ça ne l’étonne pas plus que ça ; en ce qui la concerne, Cleo déteste l’Australie dans son entièreté alors qu’elle est persuadée que masse de gens adorent ce pays, son bestiaire terrifiant et son climat invivable.

La jeune femme acquiesce tout en sirotant sa boisson jusqu’à qu’Evan lui annonce qu’il commence à se faire tard et qu’il est temps pour lui de prendre congé. Ce que la rouquine comprend aisément étant donné qu’il sort d’une soirée de boulot ; il a sûrement hâte de rentrer chez lui pour prendre un peu de repos avant de recommencer le lendemain, on en est tous là. Une fois de plus Cleo hoche la tête et s’empresse de répondre :

« Oui bien sûr. Encore merci de m’avoir sauvé la mise avec Barney, c’était vraiment sympa de ta part. »

Elle consulte rapidement sa montre, se rend compte à son tour qu’il se fait effectivement tard, que Seth doit se demander malgré tout où elle a bien pu passer et que, plutôt que de perdre bêtement son temps à lui envoyer un SMS – et ce bien qu’elle n’ait aucun compte à lui rendre -, elle ferait mieux de terminer son verre et de rentrer. Ce qu’elle fait. Du moins pour le verre qu’elle finit d’une traite avant de chercher ses clefs de voiture au fond de son sac.

« A une prochaine fois, sûrement ! »

Sauf s’il change d’emploi d’ici-là.