a night like this → evan

« Ecoute Cleo, je sais qu’il ne te reste qu’un an et demi avant que ton contrat ne prenne fin mais ça ne veut pas dire pour autant que tu peux te permettre de faire n’importe quoi… »

Il parlait, parlait et parlait encore mais tout ce que Cleo entendait c’était « blablablablabla ». Ça ne faisait que vingt minutes qu’elle était là et elle avait déjà l’impression que la soirée s’étirait en longueur. Ce que ce type pouvait être barbant. Puis ce n’était pas comme si elle pouvait se permettre de répondre quoi que ce soit ; pour dire quoi ? Elle était effectivement toujours sous contrat pour dix-huit mois encore mais après ça, elle serait libre, donc elle ne pouvait que serrer les fesses en attendant que ça passe. Et s’il attendait des excuses pour son comportement de ces derniers mois, il pouvait toujours se brosser, la rouquine savait pertinemment qu’il ne la virerait pas avant que son contrat n’arrive à échéance pour la simple et bonne raison que les gens voulant devenir perchiste dans le milieu du porno et qui savaient un minimum ce qu’ils faisaient, ça ne couraient pas les rues. Elle le laissait donc parler tout en faisant mine d’écouter, son menton reposant dans la paume de sa main, une légère moue affichée sur le visage, attendant impatiemment que son verre arrive enfin. Vingt minutes pour un verre, c’était un peu long, non ?

Elle songea l’espace d’un quart de seconde à aller se plaindre de l’attente, ne serait-ce que pour avoir un prétexte pour fausser compagnie à ce balourd mais elle n’en fit rien, jugeant qu’elle ne pouvait tout de même pas reporter son ennui sur ces pauvres serveurs qui devaient sans doute courir dans tous les sens, coup de feu oblige. Au lieu de quoi, la jeune femme poussa un énième soupire et tenta de changer un peu de sujet de conversation. Non parce que s’ils devaient passer toute la soirée à ne parler que de ça, elle n’allait clairement pas tenir.

« Okay, pigé. Et sinon, Barney, la famille va bien ? »

Un horrible doute la prit juste après que les mots soient sortis de sa bouche. Avait-il seulement une famille ? Si ce n’était pas le cas, elle venait de faire une bourde monumentale de plus et le deviner rien qu’à son allure s’avérait… compliqué. Ils furent alors interrompus par l’un des serveurs qui leur apportait leurs verres. Enfin ! Cleo tâcha de ne pas donner l’impression de se jeter dessus mais elle se jeta bel et bien dessus tout en se sermonnant car il n’était pas question de finir beurrée en compagnie de ce type. Par chance, il finit par répondre que sa femme et ses deux enfants se portaient à merveille. Rassurée. Mais aussi intriguée ; il fallait avoir des proches hyper tolérants pour continuer à exercer dans cette profession. Enfin, il faut de tout pour faire un monde, comme on dit, loin d’elle l’idée de juger qui que ce soit.
Toujours est-il que, dix minutes plus tard, la rouquine n’en pouvait plus de ce bavardage incessant et s’excusa pour aller au petit coin. Où elle resta sans doute plus que nécessaire mais ça lui permit de relâcher la pression en fumant une cigarette juste en-dessous de la fenêtre.

Lorsqu’elle sortit enfin, rien que le voir assis à cette table lui donnait envie de fuir le plus loin possible. Il fallait donc qu’elle trouve un truc. Cleo lança un regard à la ronde et il s’arrêta sur le bar, très visible depuis leur table. Derrière se trouvait un serveur. Le pauvre. Elle ne lui en voulait pas personnellement mais il avait l’air moins occupé que les autres, moins susceptible de se faire taper sur les doigts s’il passait quelques minutes à discuter avec une cliente, en tout logique. Un grand sourire aux lèvres, la jeune femme se dirigea vers le bar en s’exclamant assez fort pour que l’autre l’entende de là où il se trouvait et ainsi attirer son attention :

« Hey salut ! Ça doit bien faire un siècle depuis la dernière fois ! »

Et pour ajouter du crédit à cette affirmation, elle se hissa sur le bar, le temps de serrer le serveur dans ses bras et surtout de lui glisser à l’oreille :

« Je sais, on ne sait connaît pas, mais je vous en prie, faites comme si nous étions les meilleurs amis du monde juste pour quelques minutes. »

Toujours risqué ce genre de manœuvre, le jeune homme pouvait tout à fait l’envoyer paître ou pire, crier au harcèlement mais qui ne tente rien n’a rien, il paraît.

c'est pas vraiment pour toi, ce job. t'aimes pas ça, être guindé dans une chemise qui se veut blanche et impeccable. mais pour le moment, t'es bien obligé de faire un effort, de sourire pour les apparences et d'être bien trop poli, même avec les clients que toute l'équipe à envie de frapper tant ils sont énervant. soupir léger sur tes lèvres. tu n'as pas le choix, t'as bien besoin d'un salaire pour vivre décemment. et, clairement, quand t'as débarqué à wellington, t'as pris ce qu'il te passait sous la main. tu te mords l'intérieur de la joue, continuant ton service tranquillement. étonnement, ce soir est une soirée assez calme. et tant mieux. parce que tu n'es pas totalement d'humeur, ces derniers temps. tes doigts glissent dans tes cheveux par réflexes, te prenant à observer les gens dans la salle, légèrement accoudé au comptoir, ton regard glissant ça et la. des couples, comme trop souvent. puis des jeunes, bien bourrés, dont le comportement est à surveiller, parce que ça dégénère trop rapidement, en général. tu te pinces les lèvres, tu te souviens quand tu étais à leur place, bourré au possible et pas certain de réussir à rentrer. mais, visiblement, les années ont passé et cette époque te semble bien loin, maintenant. tu fronces légèrement les sourcils quand une jeune femme que tu ne connais ni d'eve, ni d'adam, ne s'approche de toi, cet air bien trop réjouit sur les lippes. hey salut ! ça doit bien faire un siècle depuis la dernière fois ! tu fronces légèrement les sourcils, te retrouvant dans les bras de la jeune femme, essayant désespérément de comprendre la situation. ses lèvres qui glissent finalement contre ton oreille pour t'apporter quelques vagues explications. je sais, on ne sait connaît pas, mais je vous en prie, faites comme si nous étions les meilleurs amis du monde juste pour quelques minutes. tu te redresses et réajustes le tissu de ta chemise, arquant légèrement un sourcil, te mordant l'intérieur de la joue. qu'est ce que ça te coûtes, au fond, de rendre service ... et puis, ça peu rapidement devenir drôle, comme situation. ça fait un bail effectivement ! tu lâches en revenant t'accouder contre le comptoir. tu te penches légèrement en sa direction. moi, c'est evan. tu souffles avant de glisser tes doigts contre ta joue. ton regard qui s'éloigne un peu de la jeune femme, essayant de chercher la personne qu'elle tente de fuir. tu ne vois pas d'autres explications à cette situation dans laquelle tu viens de t'enfoncer sans savoir ou ça va bien pouvoir te mener. tu te pinces légèrement les lèvres quand un homme se dirige vers vous, et ton regard se pose sur cette parfaite inconnue. alors, qu'est-ce que tu deviens ? j'reviens tout juste en ville, j'voulais t'appeler, mais ... tu sais bien, toujours pressé. je fais un bien piètre ami. tu lâches le plus naturellement du monde quoique tu parles sans doute un peu trop fort, pour que ta voix puisse couvrir le bruit ambiant. tu souris doucement, comme si cette situation était la plus normale du monde.

Légitimement, Cleo aurait pu s’attendre à se voir repoussée parce que certaines personnes, elle la première, n’aimait pas tellement qu’on envahisse leur espace personnel de la sorte. Elle se prépara bien évidemment à cette éventualité, croisant les doigts pour que ça ne se passe pas ainsi, sinon elle aurait l’air fine auprès de son réalisateur. Son cerveau fonctionnant à plein régime, elle cherchait un plan B si le A ne fonctionnait pas. Oh, elle n’aurait qu’à dire qu’elle s’était trompée, qu’elle n’était pas plus physionomiste que ça et puis voilà. Mais à sa grande surprise, le jeune homme ne la repoussa et, bien qu’elle ait lu l’interrogation sur son visage alors qu’elle s’approchait de lui, il marcha. Ce coup de bol ! Il lui souffla même son prénom de manière très discrète avant de chercher à qui pouvait bien être destinée toute cette mise en scène. La jeune femme allait lui souffler son prénom à son tour, histoire que tout ça soit bien rôdé lorsqu’elle vit, du coup de l’œil ce cher Barney se lever pour venir dans leur direction et, l’espace d’une seconde, Cleo en resta coite. Grâce au ciel, Evan lui vint une fois de plus en aide en entamant la conversation.

« Haha sacré Evan ! Je te reconnais bien là. » s’exclama-t-elle en lui claquant doucement l’épaule, sans avoir le temps de lui donner la moindre information à son sujet, finalement.

Mais qu’à cela ne tienne, ce fut Barney qui s’en chargea.

« Cleo ? Qui est-ce ? Présente-moi à ton ami ! »

Il avait fini par se rapprocher. Beaucoup trop à son goût, elle avait du mal à supporter son eau de toilette bon marché quand elle n’était pas camouflée par quelque chose de plus agréable. Puis il avait l’air de s’intéresser d’un peu trop près à ce gentil Evan et ça non plus, ça ne lui plaisait pas…

« Ah mais j’allais le faire ! Evan, voici Barney, il est réalisateur. Barney, ça c’est Evan, on se connait depuis… pfiouuu, on ne compte même plus les années. »

La demoiselle avait failli rajouter qu’ils avaient fait les quatre cents coups ensemble mais s’abstint, songeant que Barney serait bien foutu de lui proposer un petit rôle dans un de ses films pourris ici et maintenant. C’est bien pour cette raison qu’elle avait insisté sur le fait qu’ils se connaissaient depuis longtemps ; s’il les croyait proches, peut-être aurait-il la décence de ne pas du tout évoquer le sujet auquel il avait tant l’air de tenir, elle le voyait à son regard.

« Ah oui, tant que ça ? Mais je croyais que tu venais de Canberra. »

Oups, elle avait oublié ce détail. Il est vrai que son dossier était accessible à certains de ses collègues/boss du moment et que de toute façon, elle n’avait jamais caché à qui que ce soit qu’elle n’était pas originaire de Wellington. Elle aurait sans doute eu du mal vu qu’elle avait gardé l’accent de son Ecosse natale bien qu’elle n’y eut plus remis les pieds depuis au moins vingt ans.

« Oui ! Evan aussi. Enfin, il y a vécu un temps. Pas vrai, Evan ? C’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai entendu parler de Wellington, Island Bay et tout ça. Pas la Nouvelle-Zélande, je te rassure, j’ai vu Le Seigneur des Anneaux haha. »

Voilà qu’elle se mettait à raconter n’importe quoi… Oh, Cleo n’avait jamais douté de sa crédibilité en tant qu’actrice, mais quand elle était prise au dépourvu, elle avait tendance à en rajouter des tonnes et à avoir la bouche toute sèche à force de parler. D’ailleurs, elle commençait sérieusement à regretter de ne pas avoir emmené son verre avec elle…

« Tiens, tu veux bien me mettre un verre d’eau s’il te plaît, Evan ? »

D’autant qu’elle avait subitement l’impression de mourir de chaud. Crédible dans sa façon de parler, oui, mais ça ne passerait sans doute jamais si elle devait être confrontée à un détecteur de mensonges.

une soirée qui s'annonce bien ennuyante. ou, pas tant que ça. il n'y a pas grand chose à faire, ce soir. quelques tables déjà servies, pas trop de gamins trop bruyants ou trop bourrés qui doivent être gentiment mit dehors. une soirée banal. enfin, c'est ce que tu pensais avant qu'une jeune femme d'environs ton âge ne s'approche de toi comme si vous étiez les meilleurs amis du monde. pas vraiment, puisque tu ne la connais pas du tout. mais ... ça peut vite devenir amusant. et faire passer le temps un peu plus rapidement que prévu. tu fronces légèrement les sourcils et lui donne ton nom, avant d'observer autour de vous, ne sachant pas forcément ou poser ton regard et devant qui tu vas devoir te lancer dans cette comédie. et puis finalement, un homme qui se dirige vers vous. tu lances la conversation comme si de rien n'était. haha sacré evan ! je te reconnais bien là tu laisses un léger rire fendre tes lèvres et, finalement, tu tournes la tête vers ce parfait inconnu, venant t'accouder contre le bras, croisant les bras sur celui-ci. il réclame des présentation. et te délivre une information capitale sans même le savoir; le nom de la brune. cleo. tu te pinces légèrement les lèvres. ah mais j’allais le faire ! evan, voici barney, il est réalisateur. barney, ça c’est evan, on se connait depuis… pfiouuu, on ne compte même plus les années. tu hoches distraitement la tête. tu as l'impression d'assister à une conversation sans réellement y prendre part. tu viens te gratter distraitement la joue, tandis que le fameux barney lance une nouvelle réplique. canberra. tu connais un peu la ville. oui ! evan aussi. enfin, il y a vécu un temps. pas vrai, evan ? c’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai entendu parler de wellington, island bay et tout ça. pas la nouvelle-zélande, je te rassure, j’ai vu Le Seigneur des Anneaux haha. tu acquiesces doucement. tu sens bien que la jeune femme n'est pas trop certaine de ce qu'elle raconte, mais l'homme face à vous semble réceptif à son petit discours. je suis né la-bas, en réalité. mais mon oncle a toujours vécu à island bay. enfin, que je m'en souvienne. il a déménagé après la naissance de mon frère aîné, un peu avant la mienne donc. j'y ai vécu quelques années avant que mon père ne décide de rejoindre son frère ici. tu lances vaguement. une partie de l'histoire qui est réelle. ton père qui rejoint son frère. sauf que toi, t'es né à new york. pas à canberra. tiens, tu veux bien me mettre un verre d’eau s’il te plaît, evan ? tu hoches la tête et te retournes pour attraper un verre derrière toi. tu t'éloignes un peu et le remplis d'eau, avant de venir le poser face à la jeune femme. je vous sers quelque chose ? tu demandes finalement à l'homme qui l'accompagne. déformation professionnelle ? sans doute. tu as pris quelques réflexes, depuis que tu travailles ici. en attendant une quelconque réponse, tu te tournes légèrement vers cleo. il va falloir que tu me racontes ce que j'ai manqué ces derniers temps. ça fait même pas un mois que je suis rentré alors bon ... en tout cas ça valait le coup, de voyager. y'a vraiment des endroits magnifiques. une conversation presque normale, si on exclut le fait que tu ne la connaissais pas il y a quelques minutes à peine. et voilà que tu te lances dans une grande discussion à propos de ton tour du monde. bon, c'était pas vraiment ça, à la base. tu voulais juste fuir ta famille. et, finalement, ça te plaisais bien, cette vie de vagabond, à changer constamment d'endroit. et pourtant, te revoilà à la maison après douze d'années d'errance.

A bien y réfléchir, Cleo se demandait comment elle faisait pour s’en sortir. Est-ce que ce qu’elle racontait tenait seulement la route ? Pas sûr mais Barney ne la connaissait pas suffisamment pour s’en rendre compte et puis cet Evan était pour le moins convaincant. A croire que ce genre de situations lui arrivait tous les jours. Il faudrait qu’elle songe à le remercier par la suite. Elle l’écouta débiter son histoire sur Canberra en acquiesçant à chacune de ses paroles comme si ce simple geste y ajoutait du crédit. Même pas besoin de ça, en plus, Barney avait l’air de tout gober sans qu’ils aient à se donner trop de mal. Ou bien alors il s’en fichait totalement et attendait sagement qu’ils en aient fini avec leur baratin pour demander au barman si un petit rôle dans un de ses petits films sans grande ambition ne l’intéressait pas, sait-on jamais. A peine Evan eut-il posé le verre d’eau sur le comptoir que la rouquine s’en emparait pour l’avaler d’une traite. Voilà qui était mieux, elle pouvait de nouveau se concentrer sur la discussion en cours. Lorsque le jeune homme lui demanda s’il voulait boire quelque chose, le réalisateur ne répondit pas tout de suite, les laissant bavarder un peu.

Comme s’ils se connaissaient effectivement depuis toujours, Evan lui demanda alors de lui raconter ce qu’il s’était passé en son absence, signalant au passage qu’il n’était de retour à Island Bay depuis un mois après ce qui semblait une espèce de tour du monde. Trop cool ! Visiblement, ce jeune homme gagnait à être connu. Puisqu’il tenait à savoir ce qu’il s’était passé en son absence – en l’occurrence toute la vie de Cleo s’était déroulée en son absence étant donné qu’ils ne se connaissaient pas du tout mais bon -, la première chose qui lui passa par la tête fut son mariage. Relativement récent puisque ça ne faisait que trois mois. Le moins que l’on puisse dire c’est que tout s’était précipité en quelques mois, la rencontre avec son mari pêché au hasard sur le net, le mariage, l’héritage, leur emménagement à Island Bay… mais pas besoin d’entrer dans les détails, évoquer le mariage seul ferait bien assez l’affaire. Elle tendit alors le bras gauche pour que son alliance se retrouve tout juste à hauteur des yeux d’Evan.

« Tadam ! Voilà ce qu’il s’est passé, je me suis mariée ! Ça me fait penser que tu ne connais pas encore Kevin, il faudra que je te le présente. »

La rouquine songea que ça serait pour le moins cocasse comme situation, que des inconnus dans la pièce. Enfin bon, ça faisait trois mois qu’elle vivait avec Kevin alors on ne pouvait plus vraiment dire qu’il était un inconnu pour elle, si ?

« Et comme ça faisait longtemps qu’on en parlait… » absolument pas, ça s’est décidé sur un coup de tête, comme le reste. « On est venus s’installer à Island Bay il y a de ça trois mois. »

Et voilà, ça faisait assez d’infos pour le moment. L’écossaise décida de revenir sur qu’Evan lui avait dit, de son côté, à savoir le tour du monde. Ou le fait de voyager, en tout cas.

« Mais raconte-moi plutôt ce que tu as vu d’intéressant ! »

Elle en aurait presque oublié Barney qui jugea le moment opportun pour se rappeler à leur bon souvenir d’un raclement de gorge.

« Ahem, désolé de vous interrompre. Juste une question avant que je vous laisse reprendre votre discussion là où elle en était et je me contenterai d’un whisky, mais est-ce que ton ami a déjà pensé à jouer dans un film ? »

Et voilà, il n’avait pas pu s’en empêcher. Sa répugnance pour ce type devait être à son paroxisme mais Cleo ne sut que répondre sur le moment-même :

« Mais j’en sais rien, Barney, tu n’as qu’à le lui demander, il se tient juste devant toi. »

Tellement ça lui semblait mal élevé de parler de quelqu’un à la troisième personne juste sous son nez. Si seulement il s’était agi d’un film normal, elle aurait pu les laisser discuter de tout ça, mais ça ne l’était pas, c’était de films pornographiques, qu’on parlait et Cleo aurait aimé pouvoir donner cette info à son nouvel ami qui, s’il avait été ami avec depuis aussi longtemps qu’ils le prétendaient le saurait déjà. Mais elle ne pouvait tout de même pas le prendre à part pour lui glisser cette info à l’oreille, le réalisateur était trop près d’eux et collant par-dessus le marché.

tout semble naturel. bien trop, en réalité. et tu ne sais pas totalement comment réagir face à la jeune femme. vous êtes censés vous connaître depuis plusieurs années, mais ... comment est-ce qu'elle est proche, avec les gens qu'elle connaît depuis autant de temps ? est-ce qu'elle est tactile ? est-ce qu'elle leur envoi des petites piques ? tu n'en sais trop rien. même toi, tu ne sais pas comment tu pourrais réagir avec des amis de longues dates. parce que tu bouges sans cesse, tu ne recroises pas les gens. sauf judith. et judith, c'est différent. judith, ce n'est pas juste une amie. judith, c'est la seule femme que tu n'as jamais su aimer dans ta misérable vie. et encore, tu n'as pas été capable de prendre ton courage à deux mains, tu n'as pas réussi à contrôler tout ce qu'il se passait dans ton esprit et tu as terminé par disparaître, comme tu le lui avais dit le soir de votre première rencontre. mais tu n'avais pas prévu, qu'en la cherchant quatre ans plus tard, tu allais retrouver à ses côtés un enfant d'un peu plus de trois ans. tu écoutes attentivement cleo te raconter "ce que tu as raté" ces dernières années. en réalité, tu apprends à découvrir la jeune femme. tadam ! voilà ce qu’il s’est passé, je me suis mariée ! ça me fait penser que tu ne connais pas encore kevin, il faudra que je te le présente. tu hoches doucement la tête, un sourire sur les lèvres. avec plaisir. pour être honnête, tu n'en as pas grand chose à faire, de son mari. t'en as même relativement rien à foutre. tu soupires doucement, tes doigts glissent dans tes cheveux. et comme ça faisait longtemps qu’on en parlait… on est venus s’installer à island bay il y a de ça trois mois. mais raconte-moi plutôt ce que tu as vu d’intéressant ! un léger sourire se dessine sur tes lèvres. tu adores parler de tes voyages, des paysages que tu as pu découvrir, de tout ces pays, des langues que tu as apprises un peu sur le tas. tu t'apprêtes à répondre, quand barney, qui accompagne cleo et dont elle souhaite se débarrasser, décide d'intervenir dans la conversation. il n'a toujours pas compris qu'il ne vous semblait pas intéressant ? ahem, désolé de vous interrompre. juste une question avant que je vous laisse reprendre votre discussion là où elle en était et je me contenterai d’un whisky, mais est-ce que ton ami a déjà pensé à jouer dans un film ? tu arques un sourcil, restant silencieux, te contentant de te retourner pour attraper à verre à whisky que tu viens déposer sur le bar. tu le remplis avec la dose usuelle avant de le pousser vers l'homme. tu as loupé la réplique de cleo. le cinéma ne m'a jamais intéressé. tu réponds poliment. et c'est vrai. je joue affreusement mal la comédie. tu ajoutes pour appuyer tes propos. ça, par contre, c'est faux. et tu t'empêches de pouffer de rire, offrant simplement un regard presque malice à cleo. tu te pinces les lèvres et tu viens te gratter la joue. mais c'est très gentil de votre part, de proposer ça. tu lâches finalement pour clore la discussion le plus rapidement possible. et puis, il ne t'inspire pas réellement confiance. tu n'as pas envie de te retrouver mêlé à des histoires étranges ou dérangeants. tu laisses quelques secondes de silence passer, avant de te tourner une nouvelle fois vers la jeune femme. j'ai plein de photos à mon appartement. je te les montrerais à l'occasion ! y'a vraiment des paysages magnifiques. mon coup de cœur va à l'alaska. tu reprends comme si de rien n'était. après tout, n'es-tu pas censé retrouver une vielle amie perdue de vue ? t'en as rien à foutre du gars chiant qui l'accompagne.

Avec plaisir, disait-il. Finalement, peut-être bien que Barney avait du nez pour une fois, Evan n’était pas mauvais acteur et il avait peut-être une carrière plus scintillante que celle de serveur qui l’attendait. Mais pas dans cette branche. Enfin, après tout, Cleo n’avait pas à prendre de décision pour ce jeune homme qu’elle connaissait à peine et c’est bien pour cette raison qu’elle préférait le laisser répondre tout seul comme un grand. D’ailleurs, ça tombait bien puisque le cinéma ne semblait pas l’intéresser et la jeune femme se surprit à se demander ce qui pouvait bien l’intéresser, du coup. Juste comme ça, parce qu’elle se donnait rarement la peine d’essayer de cerner les gens qui l’entouraient et qu’elle n’avait rien de mieux à faire, là, tout de suite. A part répondre au regard un peu malicieux au sujet de sa réplique extrêmement bien placée par un clin d’œil furtif que ce gros balourd de Barney ne remarqua même pas tant il se voyait déçu qu’Evan ait décliné sa proposition sous-entendue.
Après quelques instants, son nouvel ami se tourna à nouveau vers elle pour reprendre leur conversation là où ils avaient été interrompus et Cleo comprit alors que ce qui l’intéressait, c’étaient les voyages. Et sa préférence allait à l’Alaska, d’après ses dires.

En ce qui concerne les voyages, elle n’a jamais connu que trois destinations : l’Ecosse, son pays d’origines dont elle est très fière mais dont elle n’a gardé malheureusement que d’assez vagues souvenirs vu qu’elle n’était encore qu’une enfant lorsque sa mère adoptive et elle sont parties pour Canberra où elle a passé le plus clair de sa vie jusqu’ici et puis la Nouvelle-Zélande qu’elle découvre depuis le mois de décembre. Autant dire que ce n’est pas vraiment très fourni comme expérience mais bon, elle connaissait quand même un peu l’Alaska sans jamais y avoir mis les pieds tout ça grâce à un film. Avec Sandra Bullock. Mais hé, c’est mieux que rien.

« Ah oui ?? J’avoue que ça a l’air magnifique, digne d’un paysage de carte de postal. Mais quand même, je ne sais pas si j’arriverais à me faire à leurs jours polaires. Vingt-quatre heures de clarté ça doit taper sur le ciboulot, tu crois pas ? »

Est-ce qu’elle n’était pas en train de raconter une connerie monumentale ? Est-ce que ces jours polaires avaient lieu dans tout l’Alaska ou juste dans un coin ? L’ignorance à ce sujet était à son comble mais tout en parlant, la rouquine s’était légèrement déplacée et tournait à présent carrément le dos à son réalisateur qui devait se sentir totalement exclu de la conversation et c’était évidemment l’effet escompté de cette manœuvre ô combien subtile et qui allait très certainement encore lui valoir la réputation de petite effrontée mais who cares ? Pas elle, en tout cas. Et pourtant, ce type continuait à leur coller aux basques, non mais pire qu’une colonie de morpions. Paraît-il. Et puis enfin, cinq minutes plus tard alors que ça lui avait paru bien plus long que ça, le réalisateur se racla une fois de plus la gorge et annonça :

« Bon, je vois que vous avez envie de vous retrouver un peu tous les deux alors je vais y aller. On remet ça, Cleo ? »

Pitié non…

« Bien sûr, de toute façon on se voit demain au travail, salut. »

Barney hocha la tête, un petit sourire louche affiché au coin de lèvres, assura à Evan qu’il avait été ravi de faire sa connaissance et tourna les talons. Par mesure de sécurité, Cleo continua à bavasser jusqu’à ce qu’il soit hors de vue, des fois qu’il aurait oublié quelque chose. Puis elle remarqua qu’il n’avait pas terminé son whisky et s’appropria son verre qu’elle vida cul sec.

« Pfiou, j’ai bien cru qu’il ne lâcherait jamais l’affaire. Je vous dois une fière chandelle, merci beaucoup d’avoir joué le jeu. »

ah oui ?? j’avoue que ça a l’air magnifique, digne d’un paysage de carte de postal. mais quand même, je ne sais pas si j’arriverais à me faire à leurs jours polaires. vingt-quatre heures de clarté ça doit taper sur le ciboulot, tu crois pas ? tu arques un sourcil, amusé par sa remarque et haussant vaguement les épaules. elle n'a pas totalement tord, au fond. tu te mords l'intérieur de la joue et tes doigts glissent rapidement dans tes cheveux. en fait ça dépend ou tu te trouves en alaska. une partie du pays est traversée par le cercle polaire, donc quelques villes assez au nord sont touchées par le phénomène, si je puis dire. mais ce n'est pas vraiment vingt-quatre heures de clarté. j'ai assisté à un soliste d'été, le soleil s'est couché aux alentours des une heure du matin. tu souffles en souriant doucement. par contre, plus on se rapproche du pôle, plus le jour polaire est long. d'où les six mois constants de soleil au pôle même. mais tu t'arrêtes avant d'en dire trop et de passer pour un prétentieux. tu te mords l'intérieur de la joue. et tu tournes légèrement la tête quand le fameux barney reprend la parole. il est toujours la, lui ? bon, je vois que vous avez envie de vous retrouver un peu tous les deux alors je vais y aller. on remet ça, cleo ? tu hoches doucement la tête et le salue poliment. tu retiens un léger soupir et tu reviens t'accouder au niveau du bar, l'observant partir un instant, restant silencieux quelques temps aussi, laissant la jeune femme parler encore un peu. tu te pinces les lèvres et, finalement, il semble parti pour de bons. et c'est sans doute mieux comme ça. tu sors de tes pensées en voyant la jeune femme terminer le verre de whisky. tu ne sais pas si tu aurais pu boire dans le même verre que ce gars, mais tu t'abstiens d'une quelconque remarque. pfiou, j’ai bien cru qu’il ne lâcherait jamais l’affaire. je vous dois une fière chandelle, merci beaucoup d’avoir joué le jeu. tu fronces légèrement les sourcils quand elle te vouvoie. je pense qu'on peut continuer de se tutoyer, non ? tu demandes doucement. après tout, ça te semble assez logique mais, sait-on jamais. on a visiblement le même âge et tu sais beaucoup plus de choses sur moi qu'une partie de ma propre famille. tu lâches finalement, un rire un peu nerveux sur les lèvres. parce qu'une partie de ta famille ne sait même pas que tu es de retour en ville, si ce n'est pas triste, comme situation. mais tu préfères ne pas t'étaler sur le sujet. tu manques un léger soupir. est-ce que je peux me permettre de demander qui était cet homme dont il fallait absolument se débarrasser ? tu termines par demander, sans doute un peu trop curieux, mais tu dois bien avouer que la situation t'as bien amusé et qu'en apprendre un peu plus ne serait pas de refus. tu comptes cependant respecter sa décision si toutefois elle décide de ne pas vouloir t'en parler.

La vérité c’est que Cleo n’y connaissait rien à l’Alaska. Ni au cercle polaire. Quand on y pense, c’était déjà pas mal qu’elle sache qu’il existait un jour polaire, merci Sandra Bullock. Cela dit, la rouquine n’était jamais contre le fait d’apprendre quelque chose, ce qui était le cas présentement grâce à Evan. L’espace d’un instant, elle se demanda si son mari qui ne venait pas d’Alaska mais qui était tout de même américain savait tout ça, lui. Sinon, elle pourrait toujours essayer de frimer un peu au prochain dîner. Bref, alors que la conversation devenait assez fascinante, il fallait que Barney ouvre la bouche. Mais la bonne nouvelle était que c’était pour annoncer qu’il s’en allait. Tout en lui balançant qu’il faudrait qu’ils remettent ça. Tu parles, ça lui faisait à peu près autant envie que de se pendre. Réflexion faite, elle préférait se pendre. Ça la laissait donc seule avec Evan qu’elle remercia aussitôt qu’elle eut vidé le verre de whisky. Pouvait-on se permettre de gaspiller de nos jours ? La réponse était non, surtout pas du whisky. Etrangement, son sauveur de la savoir insista pour qu’ils continuent à se tutoyer. « Etrangement » parce que d’habitude, c’était Cleo qui le faisait car elle trouvait que ça faisait vieux cons de se vouvoyer. Elle sourit et l’écouta ajouter qu’elle en savait plus à son sujet que certains membres de sa famille. Ce qui en disait long.

« Ah bon. Mais oui bien sûr, tutoyons-nous, je te l’aurais sans doute proposé de toute façon. »

Dans le fond, ça n’était pas étonnant que ça. Enfin, elle le supposait que ça faisait environ qu’elle n’avait plus de vraie famille et qu’elle ne pouvait qu’imaginer ce que c’était mais elle avait le sentiment que c’était parfois bien plus simple de se livrer à de parfaits étrangers qu’à son entourage. Le jeune homme la questionna ensuite sur le drôle de numéro qu’était son « patron » et c’était bien légitime car après tout, il l’avait bien aidée à se débarrasser de lui.

« Barney Gable, réalisateur. Je suis perchiste et je prends le son pour son film. »

La rouquine avait dit tout ça avec une petite grimace de dégoût puisque c’était tout ce que lui inspirait Barney ainsi que son film. Parfois, elle se demandait pourquoi elle ne se débrouillait pas pour se faire virer et on n’en parlerait plus mais elle se rappelait alors qu’elle n’avait pas été habituée ainsi et que ça lui porterait peut-être préjudice si plus tard elle parvenait à se faire un nom dans d’autres genres de films. En parlant de genre…

« T’as bien fait de refuser son offre. C’est un vrai réalisateur, ouais, peut-être même qu’il est connu mais uniquement dans le porno. »

Quand je vous dis que c’est parfois plus facile de se confier à des étrangers. Habituellement, Cleo rechignait à parler du milieu dans lequel elle travaillait depuis l’âge de quinze ans ; c’était tout sauf un milieu très reluisant et elle avait remarqué que les gens qui étaient au courant avaient tendance à la regarder d’une drôle de façon – alors qu’elle ne faisait jamais que prendre le son, elle ne jouait pas dedans, enfin… excepté une fois au chalet, mais c’était juste un brin de figuration, elle avait gardé tous ses vêtements, s’était contentée de balancer une phrase idiote et ça remontait à des siècles… le moment le plus embarrassant de toute son existence, probablement – mais elle estimait qu’Evan avait le droit de savoir à quoi il avait échappé.

la situation t'amuse plus qu'autre chose. et puis, tu aimes parler de tes voyages, raconter les pays ou tu as pu te rendre. tu as appris énormément pendant ces douze années autour du monde. et tu ne sais pas si tu es réellement près à rester ici pour le restant de ta vie, mais tu espères rester à island bay le plus longtemps possible, tu espères pouvoir construire quelque chose avec judith. tu manques un léger soupir. cleo commence à te vouvoyer alors que l'homme dont elle voulait sans doute se débarrasser s'est éclipsées pour vous laisser profiter de vos "retrouvailles". tu n'es peut-être pas un si mauvais acteur, au fond. ah bon. mais oui bien sûr, tutoyons-nous, je te l’aurais sans doute proposé de toute façon. tu hoches doucement la tête. vous avez similairement le même âge, tu te voyais mal la vouvoyer, en réalité. tu ne te prends pas beaucoup la tête avec ça. tu laisses un sourire se dessiner sur tes lèvres et pendant quelques instants, tu t'étonnes que personne ne soit venu t'engueuler parce que tu discutes avec une cliente plutôt que de faire ton job. tu soupires un peu et tu viens glisser tes doigts dans tes cheveux, assez distraitement. barney gable, réalisateur. je suis perchiste et je prends le son pour son film. t’as bien fait de refuser son offre. c’est un vrai réalisateur, ouais, peut-être même qu’il est connu mais uniquement dans le porno. tu fronces les sourcils à cette révélation et tu comprends mieux pourquoi tu ne le sentais pas, ce gars. tu te pinces les lèvres et retiens un soupir. ouai, je vois. tu te mords l'intérieur de la joue et te pinces les lèvres. tu soupires. et il demande souvent aux gens qu'il ne connaît pas de jouer dans des films de cul ? tu demandes avec légèreté. honnêtement, tu te fiches bien de savoir dans quel genre de films elle est perchiste même si c'est ... un peu particulier, tu dois l'avouer. et tu ne t'attendais pas à ça. tu esquisses un petit sourire, sans doute qu'au fil du temps, ça deviendra une anecdote pour elle. tu jettes un coup d’œil à l'heure. je termine dans une dizaine de minutes, je peux te proposer d'aller boire un verre ? tu demandes en te redressant et en glissant tes doigts dans ta nuque. en tout bien tout honneur, bien sûr. tu ajoutes avec un petit rire.

Comme à son habitude, Cleo guetta discrètement la réaction du jeune homme quand elle annonça dans quel milieu elle travaillait. En quinze ans, elle avait vu de tout ; il y avait les gens qui se la jouaient parfaits saints alors qu’elle était certaine qu’ils avaient vu au moins une dizaine de films pour lesquels elle avait pris le son, ceux qui étaient réellement dégoutés et qui ne parvenaient plus à la regarder dans les yeux et puis les pervers. Il arrivait parfois qu’elle tombe sur des gens qui comprenaient qu’on n’a pas toujours le choix et qu’il faut bien commencer quelque part mais c’était tellement rare qu’elle préférait tout simplement éviter d’aborder le sujet. La réaction d’Evan, quant à elle, est pas mal indéchiffrable. Oui, il a l’air un peu dégoûté mais plus par Barney et sa proposition que par cette révélation. Parfait. Puis rien de plus compréhensible. Si c’était à elle qu’on avait fait cette proposition – et à vrai dire, c’était arrivé quelques fois -, elle l’aurait mal pris aussi. Au diable le pseudo-côté flatteur de la chose, c’était d’abord et avant tout humiliant, surtout pour une femme. L’écossaise haussa les épaules en réponse à la question du jeune homme.

« J’en sais trop rien, je le fréquente très peu en dehors du travail, Dieux merci. »

Dieux merci, oui, cette fois il ne s’agissait pas d’une phrase toute faite et s’il existait un ou deux Dieux dans cet univers, alors elle les remerciait de ne pas avoir à passer plus de temps avec ce type. Bref, après un rapide coup d’œil à l’heure, il lui proposa d’aller prendre un verre d’ici dix minutes ; le temps pour lui terminer son service. Ce n’est qu’à cet instant qu’elle se rappela qu’il travaillait et qu’elle lui avait pas mal pris de son temps mais elle ne se culpabilisa pas bien longtemps étant donné qu’il y avait nettement plus de monde côté restaurant que côté bar. Inutile de préciser que c’était en tout bien, tout honneur, ça l’était toujours en ce qui la concernait et Evan n’avait pas vraiment l’air d’un homme lourdingue. Comme ceux qu’elle croisait tous les jours au travail, par exemple.

« Avec plaisir. »

En attendant, Cleo régla ses consommations, même le whisky de Barney puisque ce tocard était parti comme un prince, un peu comme si l’établissement tout entier appartenait à Evan et que ce n’était qu’une broutille et alla récupérer les affaires qu’elle avait laissé à la table – sa veste, en fait, elle avait eu la bonne idée de prendre son sac avec elle pour aller fumer dans les toilettes avant que tout ça ne commence – avant de revenir auprès d’Evan.

« Tu fumes ? »

Façon subtile de signaler qu’elle avait besoin de sa dose de nicotine après toutes ces émotions. Heureusement qu’elle ne le voyait pas tous les jours, ce gars, sinon ce ne serait plus occasionnellement qu’elle fumerait.

une situation bien étrange à ton goût, qui deviendra sans doute anecdotique, tu n'en sais trop rien. tu te pinces brièvement les lèvres après avoir rejeté la proposition de ce barney. et tu es bien content de l'avoir fait, quand cleo t'indiques qu'il se trouve être bel et bien réalisateur, mais dans l'industrie du porno. tu te mords l'intérieur de la joue, ok, c'est vraiment une situation étrange et qui n'arrive que rarement. tu manques un léger soupir et tu observes la jeune femme. j’en sais trop rien, je le fréquente très peu en dehors du travail, dieux merci. tu te pinces brièvement les lèvres et tu esquisses un petit sourire. tu manques un léger souffle et tu ne sais pas vraiment comment réagir face à cleo. elle semble vraiment subir d'avoir un réalisateur comme celui-ci. au moins je saurais que j'ai une tronche à jouer dans un porno, maintenant. tu lâches avec un rire, haussant légèrement les épaules avant de lui proposer d'aller boire un verre ensemble, une fois que tu as terminé de bosser. tu n'essayes même pas de la draguer au fond, tu veux simplement te montrer sympathique, parce que tu aimes bien la jeune femme et qu'une situation comme celle qui vient de vous faire vous rencontrer n'est pas totalement banale. avec plaisir. tu esquisses un sourire et tu la laisses régler ses consommations, tandis que tu éclipses rapidement pour récupérer tes affaires et terminer ton service. tu enfiles une veste légèrement avant de rejoindre cleo dans la salle de l'établissement. elle t'aperçoit rapidement et se dirige vers toi. tu fumes ? tu arques un sourcil face à sa demande et tu te pinces brièvement les lèvres. et pas qu'un peu. tu souffles en riant, avant l'emmener avec toi en direction de la sortie de l'établissement. tu sors un paquet de cigarettes de ta poche et tu en glisses une entre tes lèvres, avant de l'allumer et de tirer longuement dessus, avec un petit soupir. tu te tournes vers cleo en attrapant ta clope entre tes doigts. c'était vraiment inhabituel comme situation. tu souffles en riant, et en faisant référence à cette conversation que vous avez vu, comme si vous étiez les meilleurs amis du monde alors que vous ne vous connaissez pas du tout. tu te mords l'intérieur de la joue et esquisses un petit sourire.

La bonne nouvelle c’est qu’Evan prend plutôt bien le fait d’avoir, selon Barney en tout cas, une tête à jouer dans un porno. Ça ne serait sans doute pas le cas de tout le monde et pourtant, pour en voir défiler un paquet tous les jours, Cleo était bien placée pour dire que c’était plutôt flatteur. Ça l’est encore plus si l’on juge que vous avez le corps qu’il faut pour ça, évidemment – ce qui explique sans doute les complexes de la rouquine qui avait constamment l’impression d’être une planche à pain à côté de toutes ces bombes mais c’est la vie. Toujours est-il que le jeune homme en rit et qu’elle fait de même, soulagée qu’il le prenne aussi bien. N’empêche, quel imbécile ce Barney. Il n’existerait pas qu’il faudrait se retenir à tout prix de l’inventer. Puis il retourne à ses occupations, termine son service tandis qu’elle récupère ses affaires vite fait, ayant assez hâte de quitter l’endroit. Ce n’était pas qu’elle n’aimait pas le restaurant, au contraire, le personnel était très serviable – surtout Evan, en fait – et tout ce qu’on veut mais cet établissement serait désormais lié à ce pauvre type qu’était le réalisateur. Décidément, il fallait vraiment qu’il gâche tout.

Alléluia, le jeune homme fume aussi. Il ne leur en faut pas plus pour sortir et prendre chacun une cigarette. C’est fou le pouvoir relaxant de ces petits trucs nocifs, quand même… pas étonnant qu’un pourcentage certain de la population mondiale soit accro. Bref, Evan la sort alors de ses pensées en exprimant tout haut ce que tous deux pensent tout bas : drôle de soirée. Bien que ce ne soit pas formulé exactement de cette façon, c’est clairement un très bon résumée. La remarque la fait sourire.

« Je sais et je tiens à m’excuser mais c’est toujours un bon moyen de se débarrasser de quelqu’un. »

Car non, ce n’est pas la première fois – ni la dernière, c’est certain – que l’écossaise se servait de cette technique. Et tout le monde était loin d’être aussi coopératif qu’Evan, c’est le moins que l’on puisse dire. Cleo s’est déjà fait envoyer se faire voir mais il faut bien admettre que c’est tout de même assez rare. Elle devait avoir une bonne bouille, c’était déjà ça. Elle hausse ensuite les épaules et ajoute :

« Le point positif, c’est que ça permet de se faire de nouveaux amis. »

C’est vrai, quoi, sans ça, ils n’en seraient sans doute jamais venus à discuter. Certes, la rouquine n’était pas restée en contact avec la personne à chaque fois mais ça lui était quand même arrivé ; il fallait juste qu’il y ait quelques atomes crochus. Ce qui semblait être le cas avec Evan.

« Dans tous les cas, si ça t’arrive un jour de te retrouver dans cette situation, sache que c’est souvent une excellente porte de sortie. » conclut-elle en ricanant.

ce n'est vraiment pas une situation qui t'arrive régulièrement, tu l'avoues sans mal. mais cleo t'es sympathique, alors ça ne te dérange pas vraiment de jouer le jeu pour l'aider à se débarrasser de ce barney. tu te mords l'intérieur de la joue et tes doigts glissent brièvement dans tes cheveux. tu t'éloignes quelques instants, simplement le temps de passer récupérer tes affaires pour rejoindre la jeune femme à l'extérieur. tu glisses une clope entre tes lèvres et tu soupires un peu en l’allumant. je sais et je tiens à m’excuser mais c’est toujours un bon moyen de se débarrasser de quelqu’un.tu hoches doucement la tête. c'était plus amusant, pour être honnête. tu souffles avec un sourire, lui indiquant pas la même occasion que tu t'en fiches bien, qu'elle ait déboulée de cette manière dans ta soirée. ça l'a animée un peu. tu tires lentement sur ta cigarette. tu n'as jamais abordé quelqu'un de cette manière. tu as assez de caractère et de franc-parlé pour envoyer bouler la personne face à toi, si elle commence à t'énerver de trop. le point positif, c’est que ça permet de se faire de nouveaux amis. tu hoches la tête et tu lui offres un sourire. c'est vrai que tu t'entends bien avec la jeune femme, pourquoi pas garder contact avec elle. dans tous les cas, si ça t'arrive un jour de te retrouver dans cette situation, sache que c'est souvent une excellente porte de sortie. tu ris un peu à ces mots et tu hausses les épaules. j'y penserais. tu souffles en terminant un peu trop rapidement ta cigarette, écrasant ton mégot dans le cendrier au niveau de la porte d'entrée du restaurant. tu te tournes ensuite vers la jeune femme. et si on allait boire maintenant ? tu demandes en désignant un bar sympathique, au bout de la rue, un petit sourire sur les lèvres. tu avoues sans mal que tu n'as pas envie de rentrer de suite dans ton appartement vide. tu te mords l'intérieur de la joue et tu enfonces tes mains dans les poches de ta veste.

Cleo fut rassurée d’apprendre qu’Evan avait trouvé ça plus amusant qu’autre chose. Dans le fond, c’était un bon exercice d’improvisation mais elle résonnait là comme une nana travaillant dans le cinéma. Ce qu’elle était même si c’était une partie assez obscure du cinéma, il fallait bien l’admettre. Enfin bref, il ajouta ensuite qu’il y pensera la prochaine fois que ça lui arrivera et elle lui rendit son sourire. Elle le vit terminer sa cigarette et alla écraser la sienne au moment pile où il lui désignait un bar à l’autre bout de la rue. Après tout, même s’il voyageait beaucoup, il devait mieux connaître le coin qu’elle et c’était tant mieux car elle aurait été bien en peine de proposer un endroit où aller prendre un verre. La rouquine acquiesça et prit la tête du binôme en s’exclamant :

« Allons-y !* »

Elle poussa la porte du bar qui n’était pas bondé mais pas désert non plus et se fraya un chemin jusqu’à une table pour deux personnes où elle prit place. L’établissement lui plaisait bien et il faudrait qu’elle en parle à Seth quand elle rentrerait ; il avait bien le droit de connaître lui aussi les endroits chouettes de la ville même s’il prenait rarement la peine de les visiter. Soit, l’écossaise commanda une bière et attendit qu’Evan passe commande à son tour avant de reprendre la parole.

« Alors comme ça, tu voyages beaucoup. Et malgré ça, c’est quand même ici que tu reviens. C’est pas trop indiscret si je te demande pourquoi ? »

Cleo entendait toujours parler de racines et de mal du pays mais elle ne pouvait croire que, lorsqu’on voyait toutes les merveilles du monde, on ait pas la bougeotte. Et si elle devait se prendre pour exemple, alors oui, on pouvait dire que l’Ecosse lui manquait, en quelque sorte et qu’elle y retournerait un de ces jours, quant à savoir si c’était là qu’elle voulait s’établir pour de bon, elle n’en avait pas la moindre idée. Tout ce qu’elle savait c’est qu’elle ne rentrerait pas en Australie et que la Nouvelle-Zélande n’était provisoire mais maintenant qu’elle avait les moyens de parcourir le monde, elle avait bien l’intention de le faire sans trop savoir si elle se poserait quelque définitivement.

* En français dans le texte.