vitamine sea (noa)

Quand Esme se lève, la première chose qu'elle fait c'est regarder le temps qu'il fait dehors, bien qu'elle sache déjà qu'il fait chaud et que le temps sera idéal pour un tour sur la plage et une séance de domptage des vagues. Elle n'est pas en Nouvelle-Zélande depuis longtemps, mais elle a déjà pris l'habitude. Après avoir déposé Jayden à l'école, le petit garçon dont elle a la charge en tant que jeune fille au pair, elle passe à la plage, elle se promène et puis elle ne résiste pas à l'appel de l'océan. Et même si c'est quelque chose qui a l'air de faire partie de 90% de la vie neo-zélandaise, ce n'est pas forcément la première raison qui la pousse à venir ici pratiquement tous les jours. Non, en vérité, elle avait l'habitude de surfer au Venezuela. Elle domptait les vagues, elle dansait avec elles. Alors, en faire de même ici est un peu comme une façon de ne pas oublier d'où elle vient et de lutter contre le mal du pays. Sur le chemin elle s'extasie du temps magnifique et elle ne fait que penser aux vagues. Elles doivent être sensationnelles, un temps idéal pour surfer, elle en est persuadée. Le sable est chaud, le soleil est flamboyant et les vagues sont hautes. Tout semble parfait. Esme regarde quelques personnes rebrousser chemin, trop effrayés par les grandes vagues. Elle affiche un léger air interrogateur mais n'y prête pas plus attention que ça. Les vagues ne lui font pas peur à elle. Pourquoi lui feraient-elles peur ? Il n'y a pas meilleure sensation qu'être debout sur une planche et sentir la fougue des vagues en dessous ! Alors elle fonce vers l'océan, ignorant les surfeurs qui rebroussent chemin. Elle préfère suivre ceux qui sont assez courageux pour dompter l'océan. Intérieurement elle se moque un peu de ceux qui retournent sagement sur la plage. Au Venezuela elle en a vu des grosses vagues, plus grosses que celles qu'elle s'apprête à affronter même. Alors elle ne comprends pas vraiment la réaction de ces gens, mais peu importe. Elle entre dans l'eau, s'allonge sur la planche et se met à ramer. C'est la partie la plus difficile à vrai dire. Etre debout sur la planche n'est qu'une question d'équilibre, une fois qu'on a trouvé son centre de gravité ça ne pose plus aucun problème. Mais ramer, ça demande de la force dans les bras. Et elle doit bien reconnaître que l'océan lui parait un peu plus récalcitrant maintenant qu'elle est entrée dans l'eau. Mais elle continue, elle s'accroche, parce qu'une vague magnifique arrive. Esme se prépare, dans quelques secondes elle va pouvoir monter sur la planche et ressentir une folle impression de liberté l'envahir, un sentiment inégalable ! Mais quand la vague n'est plus qu'à quelques mètres d'elles elle comprends que ces surfeurs n'avaient peut-être pas tout à fait tort de rebrousser chemin, elle sent que la vague sera trop forte ce coup-ci. Elle essaye tout de même mais son pied glisse et elle tombe. Esme est coincée dans l'eau, dans un tourbillon. Elle ne sait plus où est la surface, peut-être parce qu'elle s'est cogné la tête ou simplement parce qu'elle est sous le choc. Elle ne s'attendait pas à une puissance pareille. Elle se met à paniquer, elle peut encore retenir son souffle mais il va bien falloir qu'elle retrouve la surface et de préférence avant que ses poumons ne soient à cours d'oxygène.

@Noa Lane

Ma vie est en pleine dérive. Je croyais avoir vécu l’enfer, en perdant Jack, et que je ne pourrais pas rencontrer pire. Oui pas pire, peut-être, mais elle a trouvé une astuce pour ajouter au calvaire. Elle donne, faisant croire à l’accalmie, et vous sabre aussitôt. Je ne sais plus du tout où j’en suis, entre Leeth qui me trouble et avec qui j’ai envie de passer du temps et Connor dont le temps risque de lui faire défaut trop brutalement pour qui je garde depuis tant d’années une tendresse immense. Et comme si tout ça ne suffisait pas, Kenzo veut que je parle d’amour ! Comme à chaque fois où les événements m’échappent, que j’ai besoin de faire le point, je viens à la rencontre de l’océan. Je me suis assise sur la plage, le regard en direction des vagues, sans pour autant me fixer sur l’une d’elles. Je n’ai pas prévu de mettre les pieds dans l’eau. Ici ce n’est pas le bon endroit. Des courants qui donnent des vagues imprévisibles. Leur bruit irrégulier quand elles viennent mourir sur le sable l’atteste. Les quelques téméraires qui s’hasardent le font en connaissance de cause, pour s’entrainer dans le but d’être capable d’affronter des géantes sur lesquelles le surfeur n’est qu’un confettis. Je plonge ma tête dans mes bras posés sur mes genoux relevés. J’écoute la valse au rythme cassé. Je relève le front dans un soupir lourd. Machinalement, je compte les points sur l’océan. J’ai l’impression qu’il en manque un. Mais est-ce que j’ai bien fait attention tout à l’heure ? Peut-être que... Je me lève. Je cherche. Une planche. Une planche seule qui flotte. J’espère qu’une tête va apparaitre. Combien de temps ? Le temps, c’est ce qui tue. J’y vais au feeling. Si j’ai un doute, je dois l’éliminer. J’abandonne mon pantalon et mon tee-shirt pour entrer dans l’eau en sous-vêtements. Je n’avais vraiment pas prévu. Je mets toute mon énergie pour nager le plus vite possible jusqu’à la planche. J’attrape le leash mais personne au bout. Je prends une grand respiration et je plonge. Une fois. Deux fois. J’attrape une main. La guider vers la surface. Emerger. Nager jusqu’à la plage en lui maintenant la tête hors de l’eau. Je n’avais absolument pas penser jouer les sauveteuses aujourd’hui. Au moins, j’ai oublié les hommes de ma vie.

Elle est parfois imprudente la brune. Enfin parfois beaucoup. Disons que c'est plus facile pour elle de se laisser porter par ses sentiments et ses impressions. Mais visiblement aujourd'hui, ils avaient décidés de bien se foutre d'elle. La mer semblait calme, pas forcément trop menaçante. Mais ce n'est pas sa mer. Ce n'est pas celle où elle a grandit. Alors forcément. Elle n'a pas l'habitude, elle ne connait pas les signes. Et c'est bien pour ça qu'à la première vague un peu trop grande, au premier courant contraire, elle se fait éjecter de sa planche et se retrouve sous l'eau. Le leash lâche, elle se débat pour regagner la surface mais n'y arrive pas. Dans sa tête, elle entend la voix de son père, elle l'entend lui dire de se laisser faire, d'attendre que le courant se calme pour remonter à ce moment là. Oui, elle l'entend. Mais les paroles se font lointaines et ce qu'elle tente de garder surtout, c'est le visu sur la surface. Forcément le courant l'a un peu bousculée et sous l'eau, les cabrioles improvisées l'ont fait dévier de sa trajectoire. L'air se fait rare et sa tête commence à tourner. Il ne faut pas qu'elle s'endorme, il ne faut pas qu'elle sombre. Mais c'est de plus en plus difficile de résister. Alors elle ferme les yeux et au moment où l'air restant dans son corps s'expulse, elle sent une main l'agripper et la ramener à la surface. Elle prend une grande inspiration, se débat pour rester à la surface et prends de longues secondes pour s'en remettre. " Qu'est ce... " Elle arrive enfin à flotter librement, sans s'agiter et la main qui l'a sauvé la ramène jusqu'au sable. Elle s'extirpe, toussote, regarde et voit la brune face à elle, celle qui l'a sorti de là. " Merci. " Elle crache encore un peu d'eau et laisse sa respiration revenir à la normale. Elle observe sa sauveuse et voit sa tenue. " Oh mierda... tes vêtements ? "

Vous avez déjà vu les secouristes sur la plage, dans leur super maillot coloré qu’on repère à deux cent mètres ? Bon, alors vous faites une grosse croix là-dessus parce que ce n’est pas moi, rien à voir ! Je suis en sous-vêtements. Et les trois hommes en train de se marrer un peu plus loin, j’irais volontiers leur mettre mon poing dans la figure, mais j’ai autre chose à faire... sauver la demoiselle en détresse. J’aurais pu lui faire un grand sourire maintenant qu’on était en sécurité sur le sable. Mais non ! Ma noyée s’y met aussi ! — Quoi mes vêtements ? Il y a un mot dans sa phrase qui me laisse un doute sur ses origines. — Sous-vêtements. Ouais, je précise, pour enrichir son vocabulaire. Je reconnais que mon choix en la matière n’était pas fait pour être montré en public, encore moins être trempé dans l’eau. Je m’en rends compte dès que je baisse les yeux et constate le manque d’opacité qu’offre la dentelle mouillée déjà bien ajourée. Le regard que je lui lance en la fixant n’a rien de compatissant. — J’espère que tu avais une bonne raison d’aller te noyer accidentellement, sinon je vais t’en donner une bonne pour te noyer volontairement. C’était dit. Je viens de lui offrir ma colère en réponse à son inconscience. En colère, mais je ne lui crie pas dessus non plus. Elle a besoin de se remettre de ses émotions. — Mais t’as appris à surfer où ? C’est elle qui prend pour les trois lascars et surtout pour celui qui est en train de se diriger vers leurs affaires entreposées sur la plage. Je sens que la fureur monte d’un cran, s’il sort un portable pour prendre une photo !!! — T’as une serviette au moins à m’offrir pour service rendu ? C’est la moindre des choses. Ça m’évitera de remettre mes vêtements secs sur de l’humide et surtout si elle est moins loin que mon tee-shirt, en me couvrant avec, j’éviterai que mon portrait fasse le tour du monde avec ce look dénudé.

Esmeralda se rend compte de la tenue de sa sauveuse et commence légèrement à paniquer. Pas pour elle même mais pour l’autre. Enfin, elle se retrouve quand même à moitié à poil sur le sable. Certes un maillot de bain est similaire à un ensemble culotte-soutien gorge, mais le tissu n’étant pas le même, celui ci devient transparent en étant humidifié. Elle la reprend sur le terme de vêtements. Esme hoche la tête et reprend calmement. ” Sous-vêtements. “ Y’a des sons qui sont encore un peu écorchés par sa voix et son accent sud-américain. Elle a parfois un peu de mal à parler, ou à comprendre, mais quand sa sauveuse s’énerve contre elle, tout est très clair. Esmeralda aussi s’en veut un peu d’avoir été inconsciente, mais elle sait que ça n’aurait pas dû arriver. Elle aurait dû réussir à surfer sur cette vague, elle a glissé c’était un simple accident, la faute de personne. ”Au Venezuela les vagues sont tout aussi hautes, j’ai glissé c’est tout. Ca aurait pu arriver à n’importe qui... La brune s’énerve un peu, elle n’a pas exprès non plus. Mais elle doit bien reconnaître que c’était imprudent et qu’elle est on ne peut plus reconnaissante d’avoir été sauvée. ”Oui bien sûr, tiens !” s’exclame Esmeralda en allant récupérer sa serviette non loin de là. Elle regarde un groupe de mecs en train de se marrer, ça l’énerve la brune de voir des gens se comporter ainsi ! Quelle bande d’idiots ! Pour rire c’est les premiers mais alors y en aurait pas un pour venir voir si ça va… Merci de m’avoir sauvée d’ailleurs, sans toi… Esmeralda n’ose pas vraiment finir sa phrase, la peur est encore présente en elle, tordant ses entrailles. Elle aurait pu y passer. Sa passion aurait pu lui coûter la vie et elle est encore en état de choc.

L’imprudente a une serviette à me prêter et c’est pour l’instant ce qui m’importe le plus alors que nous sommes sauves sur le sable. Au moins j’étais à l’abri des regards indiscrets, enveloppée dans la serviette de la jeune surfeuse étrangère. Elle me confirme que son accent n’est pas une erreur auditive de ma part. Le calme revient, maintenant qu’on est en sécurité.  Maintenant on peut discuter plus tranquillement. Maintenant que les mecs ont fini de nous prendre pour cible. Je prend une attitude bienveillante, je sens bien qu’il y a encore une tension après le risque qui aurait pu tourner au drame. — Oui, ça arrive qu’on fasse un faux mouvement, qu’on se laisse surprendre. Personne n’est à l’abri. Et c’est la moindre des choses de t’avoir aidé. J’hausse les épaules. — J’ai stressé de plus te voir à la surface. Je donne des cours de surf de temps à autre et mon angoisse première, c’est de perdre un élève. J’essaie de sourire comme je peux, parce que oui, c’est la peur absolue que voir un de ses élèves se noyer. Ça ne s’est jamais produit, heureusement, mais je connais un prof de plonger à qui c’est arrivé. Il est ravagé depuis. Il a changé de job. Il n’enfile même plus une combinaison depuis. — Venezuela ? J’essaie mentalement de dessiner une carte du monde et de poser une épingle sur le bon pays. C’est de l’à peu près ! Très approximatif, mais je pense être dans le bon secteur de l’Amérique du Sud. L’Argentine et le Brésil, je sais, le reste c’est plus délicat. — C’est pas le même océan chez toi. Affirmation-question pour vérifier que je ne me suis pas trompée. — Tu viens essayer nos spots ? Un tour du monde ? Uniquement la Nouvelle Zélande ? Je la regarde en souriant. J’ai été un peu sèche quand je l'ai sortie de l'eau, mais la situation... J’ai pas envie qu’elle reste sur cette idée que les néo-zélandais sont des connards de première, les gars de tout à l’heure, ça suffit pour le côté mauvaise presse du lieu. Je suppose que c’est partout pareil, il y a des gens sympas et les autres. J’aimerai bien rencontrer des personnes avec lesquelles nouer de bonne relation si je voyage aux quatre coins du monde. Si... parce que je n’ai jamais bougé de mon pays. Alors si...

Elle a eu peur Esme, elle ne peut pas le nier. Elle a eu peur parce que la mer est son alliée, son amie. Mais cette mer là, elle ne la connait pas si bien que ça. Et elle a failli l’engloutir, la faire sombrer. Esme remercie sa sauveuse, elle est sincère. Sans elle, son aventure néo-zélandaise se serait arrêtée bien vite. Tout comme sa vie d’ailleurs. La brunette lui explique qu’elle donne des cours de surf et que son cauchemar serait de perdre un élève. Esme acquiesce, elle peut comprendre ça. C’est vrai que ce serait terrible quand on y pense. La mer peut être dangereuse, même avec toutes les précautions du monde. ” Oui Venezuela. “ Elle est fière de son pays, elle est fière de ses origines. Ce n’est pas la seule à aimer de là où elle vient. Et souvent son pays lui manque. Mais elle est contente d’avoir atterri ici. La ville en plus de ça est vraiment agréable et les gens également. Elle secoue la tête de gauche à droite lorsque sa sauveuse lui dit que l’océan n’est pas le même. En effet, on est loin de son confort. Une petite pluie de questions s’abat sur elle et Esme tente de toutes les apprivoiser avant d’y répondre. Son anglais étant encore parfois incertain, elle prend le temps d’analyser pour ne pas sortir de connerie. Ce serait dommage. ” J’habite ici maintenant. Enfin je travaille, je suis fille au pair. Et à la rentrée prochaine je serai à la fac en dessin. Je prends des cours d’anglais mais c’est pas encore parfait. “ Ses phrases ne sont peut être pas encore tout à fait correctes du moins d’un point de vue grammatical mais elle essaye au maximum de se faire comprendre. Tant pis pour les fautes, ce n’est pas bien grave. ” Je m’appelle Esmeralda mais tout le monde m’appelle Esme. “ Elle se rend compte que malgré les minutes qui ont défilé depuis qu’elles sont sur la plage, elle ne connait même pas le prénom de sa sauveuse. ” Et toi ? Tu habites depuis longtemps ici ? “ Si elle donne des cours, Esme peut aisément affirmer que ce n’est pas juste une nana en voyage qui s’est arrêtée pour quelques jours. Alors elle ne pense pas se tromper en lui demandant ce genre de choses. Peut être même qu’elle a toujours vécu ici qui sait. Ce ne sont que des spéculations pour le moment.

hj ♥:

Je ne sais absolument pas quelle est la capitale du Venezuela. Je ne connais absolument rien de cette partie du monde. Pourtant je suis certaine, qu’à un moment de ma vie, j’ai eu un cours s’y rapportant. C’est parti aux oubliettes. C’est lamentable. Quand je rentre chez moi, je me mets à potasser sur le sujet. Elle me donne quelques détails sur ce qu’elle fait en Nouvelle-Zélande. — Bah, il est joli ton accent, il met du soleil dans tes phrases. Et ne t’inquiète pas, on ne parle pas un anglais parfait nous non plus. Les langues, à l’usage, elles évoluent, c’est bien connu. Encore plus en se frottant à d’autres langages, en prenant de la distance kilométrique par rapport à la source. On repère facilement un britannique, comme un américain, qui se promène dans les rues de Wellington ou sur la plage d’Island Bay. Je mettrais ma main au feu qu’au Venezuela on ne parle pas le même espagnol qu’à Madrid. Ah, je sais au moins ça. Bon ce n’est pas un scoop non plus, c’est la langue de la plupart des pays d’Amérique Centrale et du Sud. Pas pour rien qu’on l’appelle communément l’Amérique Latine. — J’espère que ton travail de jeune fille au pair se passe bien. Chez qui ? Peut-être que je connais. Ce n’est pas toujours le travail le plus cool, il se transforme parfois en “esclavage”. — Et c’est bien si tu vas à la fac pour faire du dessin. J’aurais aimé savoir dessiner mais ce n’est pas le domaine où je suis le plus douée. On en vient à l’échange de prénoms. — On t’a surement déjà fait bon accueil, mais je te souhaite la bienvenue en Nouvelle Zélande, Esme. A mon tour de me présenter. — Je m’appelle Noa. Il y a déjà un bon moment que ma famille a emménagé ici. Sinon, je suis née dans une autre ville, Auckland. Je tends le doigt dans sa direction comme si ma ville natale se trouvait derrière le talus. Ce qui est très loin d’être le cas ! 650 kilomètres, pas mal pour un bond par dessus la plage. — Ici, c’est un endroit très agréable. Tu as dû t’en rendre compte. Je l’espère en tout cas. Mais je peux te faire l’éloge façon office du tourisme. Island Bay, son charme néo-zélandais, son calme, son bourg tous commerces, ses plages, l’océan à porter de marche à pied, son port de plaisance et ses merveilleux habitants. J’éclate de rire à cause du ton “voix off” publicitaire que j’ai donné à ma description. Je ne sais pas si c’est une dérive de mes occupations professionnelles mais personnellement j’avais les images qui accompagnaient le texte. En reprenant mon sérieux, je me présente un peu plus. — Je donne des cours de surf de temps en temps, tu avais peut-être deviné. Je fais aussi un remplacement comme assistante de production pour une chaine de télévision.

Elle est vraiment gentille sa sauveuse, y’a pas à dire. Esme aurait pu tomber sur bien pire que cette brunette. ” Bah, il est joli ton accent, il met du soleil dans tes phrases. Et ne t’inquiète pas, on ne parle pas un anglais parfait nous non plus. “ Le sourire de la gamine s’agrandit face à ce joli compliment. Elle irait même jusqu’à rougir si sa peau ne l’était déjà pas à cause de l’effort qui se dissipe doucement. “ Merci. “ Oui, elle la remercie pour sa jolie remarque et puis surtout parce qu’elle la rassure. L’anglais est de toute façon une langue compliquée lorsque la langue natale est une langue latine. C’est comme ça. Pas la même construction des phrases, des temps, des verbes, c’est un peu le bordel. Et l’inverse est tout aussi vrai. ” J’espère que ton travail de jeune fille au pair se passe bien. Chez qui ? Peut-être que je connais. “ C’est la première fois qu’on lui demande chez qui elle est mais ça ne la dérange pas. Elle trouve ça plutôt sympa. Surtout si elle connaît effectivement Axl. ” Ca se passe super bien, je ne pouvais pas rêver mieux. Je suis chez Axl O'lachlan et je m’occupe de son fils Jayden. “ Esme est dingue de ce gosse. C’est un véritable petit rayon de soleil. ” Et c’est bien si tu vas à la fac pour faire du dessin. J’aurais aimé savoir dessiner mais ce n’est pas le domaine où je suis le plus douée. On t’a surement déjà fait bon accueil, mais je te souhaite la bienvenue en Nouvelle Zélande, Esme. Je m’appelle Noa. Il y a déjà un bon moment que ma famille a emménagé ici. Sinon, je suis née dans une autre ville, Auckland. “ Définitivement, elle est adorable. ” Merci beaucoup Noa. T’es la seule à m’avoir sauvé la vie pour me souhaiter la bienvenue. Ca compte beaucoup. “ Elle rigole parce que oui, c’est pas commun comme situation. ” Et le dessin ça s’apprend comme le surf, je pourrai t’aider si tu le souhaites. “ Parce que la transmission, c’est quelque chose d’important pour elle. Noa lui indique une direction, Esme suit le bout du doigt en imaginant la ville natale de la jeune fille. ” Ici, c’est un endroit très agréable. Tu as dû t’en rendre compte. Je l’espère en tout cas. Mais je peux te faire l’éloge façon office du tourisme. Island Bay, son charme néo-zélandais, son calme, son bourg tous commerces, ses plages, l’océan à porter de marche à pied, son port de plaisance et ses merveilleux habitants. “ Elle écoute le flot de paroles et rejoint son rire à la fin de son exposé sur la ville. Elle sait très bien la vendre y’a pas à dire. ” Je donne des cours de surf de temps en temps, tu avais peut-être deviné. Je fais aussi un remplacement comme assistante de production pour une chaine de télévision. “ Esme laisse échapper un sifflement même si elle ne comprend pas trop la deuxième occupation de la jeune femme. ” Tu n’as pas le temps de t’ennuyer ! Mais c’est quoi que tu fais pour la télévision ? “ Parce que ça l’intrigue. Enfin si elle a le temps de continuer à bavasser bien sur.

Axl O'lachlan, ce nom là me trotte dans la tête. Je le connais. C’est le genre de sonorité qu’on repère. Ensuite il faut mettre un visage sur le nom. Retrouver dans quelle circonstance cette personne est entrée dans ma vie. On échange quelques paroles avant que le puzzle se reconstitue. — Axl O’lachlan... il enseigne le journalisme à l’université. Je ne me trompe pas ? Je m’étais renseignée pour prendre des cours avec lui. Mais avec mon emploi du temps, c’est compliqué. Parlons-en d’ailleurs de mon emploi du temps ! — Mon boulot ? Comment dire... Ça va de faire en sorte que la présentatrice vedette de l’émission ait son gâteau à la myrtille avec son thé tous les jours à 16h18 jusqu’à trouver, alors que le tournage commence, un peintre qui badigeonne complètement de vert un container parce que le réalisateur du téléfilm trouve que c’est une couleur plus photogénique dans le décor. En résumé, c’est faire en sorte que tout le monde ait ce qu’il veut pour qu’il soit heureux et fasse du bon travail. Je lui souris en soupirant. — Tu as probablement remarqué, je suis bavarde. Tu préfères te mettre au sec, t’habiller peut-être. Parce que je ne veux pas imposer ma présence. Là, je n’ai rien de particulier à faire, mais ce n’est peut-être pas son cas, surtout si elle s’occupe d’un enfant. — Elever un enfant ce n’est pas de tout repos. Il a quel âge le petit ? Voilà ! Dès que j’aligne deux pensées, elles débouchent sur une question et me voilà encore en train de discuter. Je me tape doucement le front de la paume de la main tout en soupirant. — Tu as le droit de dire que je suis trop curieuse et que j’accapare du temps qui t’est précieux. Je suis désolée. On se refait pas !

Elle répond avec un sourire aux questions que la brune lui pose. Ca lui fait plaisir qu’on s’intéresse à elle. Non pas qu’elle ait besoin d’être au centre de l’attention, bien loin de là. Mais parce que ça veut dire qu’elle intrigue, qu’on a envie de la connaître. Elle est surprise de la réponse de la brune. ” Axl O’lachlan... il enseigne le journalisme à l’université. Je ne me trompe pas ? Je m’étais renseignée pour prendre des cours avec lui. Mais avec mon emploi du temps, c’est compliqué. “ Esme hoche la tête vivement pour répondre à cette question qui n’en était finalement pas une vu qu’elle avait déjà la réponse. Elle l’interroge ensuite sur son travail, pour comprendre réellement ce qu’elle fait de ses journées, cherchant des explications sur un sujet qu’elle ne maîtrise pas vraiment. ” Mon boulot ? Comment dire... Ça va de faire en sorte que la présentatrice vedette de l’émission ait son gâteau à la myrtille avec son thé tous les jours à 16h18 jusqu’à trouver, alors que le tournage commence, un peintre qui badigeonne complètement de vert un container parce que le réalisateur du téléfilm trouve que c’est une couleur plus photogénique dans le décor. En résumé, c’est faire en sorte que tout le monde ait ce qu’il veut pour qu’il soit heureux et fasse du bon travail. “ Elle saisit l’idée principale de ce qu’elle explique et ne peut s’empêcher de rire. Assister autant de monde ça doit faire perdre la tête au bout d’un moment. ” Je comprends mieux. Merci de ces explications. “ Il y a encore des formulations avec lesquelles elle a du mal mais elle se sent de plus en plus confiante à tenir une véritable discussion. ” Tu as probablement remarqué, je suis bavarde. Tu préfères te mettre au sec, t’habiller peut-être. “ Elle secoue la tête sans pour autant perdre son sourire. ” Ca va pour le moment. “ Elle se nourrit de ses paroles, se réchauffe de ses histoires. ” Elever un enfant ce n’est pas de tout repos. Il a quel âge le petit ? “ Ah le voilà son sujet préféré. Jayden. ” Il a deux ans ! C’est un amour, il est gentil et écoute bien. Il adore les histoires et encore plus quand je lui raconte les histoires en espagnol. Je sais pas si il comprend tout mais il s’endort avec le sourire sur la bouche. “ Et ça, c’est son plus grand réconfort. ” Tu as le droit de dire que je suis trop curieuse et que j’accapare du temps qui t’est précieux. Je suis désolée. “ Encore une fois, elle sourit. Heureusement que c’est quelque chose qui la caractérise sinon elle en aurait des crampes à force. ” J’ai rien à faire avant 15h alors j’ai le temps. Mais toi t’as peut être des choses à faire au lieu de sauver des gens des vagues et leur parler en sous vêtements sur la plage ? “ Elle a retenu le nom, elle en est fière. Mais avec ce qu’elle a pu lui dire, elle ne veut pas la mettre en retard si elle a d’autres choses à faire.

Avec un prénom pareil accolé à ce patronyme, Axl O'lachlan, je ne crois pas qu’il y est foule. Je n’ai pas oublié ce prof que j’ai failli avoir. Nous avions échangé plusieurs messages, pris un rendez-vous pour parler des cours qu’il donnait. Par contre, je découvre qu’il a un enfant en bas âge et que la jeune femme qui veille sur lui vint d’un autre pays. — Deux ans, c’est encore l’âge où on peut intégrer les bases d’une langue sans se forcer à apprendre. Je pense qu’il comprend au moins le pourquoi de tes intonations de voix, si l’histoire est belle ou si elle fait peur. Si tu continues à lui parler espagnol, il sera bilingue avant de mettre les pieds à l’école. Elle a du temps, Et moi ? J’éclate de rire. C’est vrai qu’on a belle allure à discuter toutes les deux sur la plage, surtout moi en tenue légère ! — Des choses à faire, on peut toujours en trouver. Il faut aussi se trouver du temps libre pour se ressourcer. Te sauver fut un plaisir, enfin avec la nuance que j’aurais préféré te voir rester debout sur ta planche. Et je vais éviter de rester en sous-vêtements plus longtemps. Un point pour toi ! Je l’abandonne, le temps de récupérer mes vêtements et m’habiller, la laissant libre d’en faire autant. Au final cet incident m'a fait sortir de mes problèmes. Le stress du sauvetage mais aussi cette rencontre. Quand je reviens vers elle, c'est pour lui proposer un échange de numéros de téléphone. Si elle a besoin de quelque chose. Quand on n'est pas dans son pays, je suppose qu'engranger des contacts peu toujours servir.

Elle est intarissable au sujet de Jayden. Mais c'est une bonne chose quand on y pense, parce qu'en parlant sans cesse de lui, elle améliore son anglais. Même si le vocabulaire employé est bien souvent le même. Elle tente quand même de se diversifier mais ce n'est pas toujours évident. Surtout lorsqu'elle en parle du tac-o-tac comme maintenant. Ca n'a pas trop l'air de déranger sa sauveuse qui l'écoute et semble la comprendre sans aucun soucis. " Deux ans, c’est encore l’âge où on peut intégrer les bases d’une langue sans se forcer à apprendre. Je pense qu’il comprend au moins le pourquoi de tes intonations de voix, si l’histoire est belle ou si elle fait peur. Si tu continues à lui parler espagnol, il sera bilingue avant de mettre les pieds à l’école. " Esmeralda hoche activement la tête, bien d'accord avec ce qu'elle vient d'exposer. Elle lui parle en espagnol assez régulièrement, surtout lorsqu'elle lui chante des berceuses. Et puis parfois des mots, pour décrire son environnement, ses jouets et tout ce qu'elle peut trouver. " Il aime bien l'espagnol et des fois il dit des mots d'anglais avec mon accent. C'est marrant. " Forcément le temps passé avec lui fait qu'il récupère ses tics de langage.

Le temps passe, surtout quand on parle de choses aussi plaisante. Esmeralda avait même pendant quelques secondes oublié comment elles en était venues à se parler. Cependant ça lui revient bien vite en tête. Elle se rend compte qu'elle a monopolisé son temps, surtout déjà parce qu'elle a du la sauver bien sur mais par la suite également. Ca n'a pas semblé déranger Noa, ce qui ravit la vénézuélienne au fond d'elle. " Des choses à faire, on peut toujours en trouver. Il faut aussi se trouver du temps libre pour se ressourcer. Te sauver fut un plaisir, enfin avec la nuance que j’aurais préféré te voir rester debout sur ta planche. Et je vais éviter de rester en sous-vêtements plus longtemps. Un point pour toi ! " Esme rigole aux paroles de la brune. Elle l'observe retourner à ses affaires, s'habiller avant de revenir auprès d'elle. Quelques instants plus tard, elles ont échangés leurs numéros de téléphone. Elle lui indique que si elle a besoin, elle peut lui demander de l'aide. Esme est vraiment agréablement surprise de la gentillesse des gens d'ici. Faut le vouloir pour se trainer la petite étrangère dans son sillage. Mais ça lui fait plaisir. Les contacts enregistrées, elles peuvent ainsi retourner à leurs occupations, l'une et l'autre. Comme quoi un accident peut amener de bonnes choses finalement.