On avait dit rendez-vous dans... deux mois (Leeth & Noa)

J’irai vider tous les matins la poubelle au pied de ton lit. Je ferai des noeuds à toutes les manches de tes vestes et aux jambières de tes pantalons. Je te maudirais jusqu'à la septième génération. Je te pourrirai la vie Kenzo comme tu n’as pas idée, si tout foire avec Leeth à cause de toi. A cause de ce pacte absurde, complètement absurde, débile. Si tu fais tout foirer, je passerai l’info sur tous les réseaux sociaux que t’es puceau. Frangin ou pas frangin. Jumeau ou pas jumeau. Idem. J’ai fait la route à pied. De chez moi jusqu'au centre ville. En voiture, j’aurais été trop vite. A pied, j’ai testé cinquante mille formules pour lui dire... J’peux pas ! Je ne peux pas. Si je lui balance le moindre “je t’aime”, ça va pas le faire. Je vais lui faire peur, il va s’enfuir. Et puis je l’aime pas. Un peu. Beaucoup. Passionnément. A la folie. Pas du tout. Un peu. Mais c’est pas de l’amour, c’est... Je sais pas ce que c’est, mais c’est pas de l’amour, ce truc débile qui vous bouffe la cervelle. J’ai poussé la porte de la boutique dans un refus de céder à la promesse faite à mon frère. Il a qu’à le faire, on verra après. Voilà, excellent, lui d’abord. Je suis à l’intérieur. On va dire que c’était l’étape la plus dure. Quelques clients dans les allées. Je vais le déranger. C’est mal. Il a autre chose à faire que... Je repère sa tête blonde. Je souris. On avait dit qu'on ferait un truc ensemble... la Saint Valentin, c'est demain. — Pardon. Une voix répète le même mot. — Pardon. Cette fois bien plus insistante. — Tu entres ou tu sorts, parce que là tu bloques la porte. Je regarde le gamin. — Quoi ? Il fait un grand geste pour montrer la porte. — T’es plantée devant la porte, on peut plus sortir. Je réalise que oui. Je suis immobile devant la porte, en attente d'oser aller jusqu'à lui. Je hausse les épaules et fais un pas de côté. Je contourne le môme qui s'empresse de partir. Je pénètre dans une allée. Celle où Leeth se trouve. J’approche lentement. Je n’ai pas envie de le déranger. J’ai envie de le regarder. Alors je vais lentement. Jusqu’à lui. — Salut.

une journée qui semble identique à toutes les autres. qui s'annonce ennuyante. pas que tu n'aimes pas ton job, pas que tu n'aimes pas aller bosser. mais il y a des jours comme ça, ou tu dois conseiller quarante-cinq petites mamies sur quel cd elles doivent acheter pour ravir la dernière petite-fille en date donc l'anniversaire approche à grand pas. c'est parfois lassant. mais, étrangement, ce qui t'as fait changer d'humeur aujourd'hui, ce n'est pas cette optique. c'est la date. le treize février. veille de la très célèbre saint-valentin. fête que tu n'as jamais fêtée, pour la simple et bonne raison que tu n'as jamais été en couple à cette période. ni même jamais été couple. pas plus de quelques jours. c'est lassant, ça aussi. c'est pas pour toi. enfin, tu le pensais, il y a encore quelques mois. tu le pensais bien trop fort. et puis ... et puis il y a eu noa. il y a eu cette matinée ou elle n'était pas partie, cette conversation étrange, mais pas dénudée d'un certain charme. une conversation qui a appelé à une promesse de se revoir. le jour de la saint-valentin. parfois, tu te demandes depuis quand est-ce que tu donnes dans le pseudo-romantisme, depuis quand est-ce que tu fais dans les sentiments, aussi minimes peuvent-ils être. tu retiens un léger soupir, et tu essayes de chasser toutes ces pensées de ton esprit en arrivant à la boutique. tu essayes au maximum de ne pas te distraire, au travail. c'est parfois compliqué. ça l'est, aujourd'hui. peut-être bien que tu commences à stresser. peut-être bien que tu vas envoyer des messages à ton frère ce soir, en panique total. t'es pas comme ça, toi. tu sais pas c'que c'est normalement, les sentiments. tu es occupé et concentré, la tête plongée dans un bac ou tu essayes de trouver un disque. t'es persuadé de l'avoir vu, la veille. et de ne pas l'avoir vendu. salut. tu te redresses. rapidement. trop rapidement sans doute. tu tournes la tête. noa. tes lèvres se pincent très rapidement avant de laisser un petit sourire s'afficher sur ton visage. noa. tu souffles en glissant tes doigts dans tes cheveux pour éloigner une mèche de ton visage. décidée à trouver un vinyle pour ta belle-mère ? tu demandes en riant doucement. ta main qui s'échoue contre ta joue que tu grattes distraitement. t'as aucune idée de si elle doit vraiment trouver une disque pour sa belle-mère ou non. comment tu vas ? tu termines par demander après quelques instants de silence. habituellement, t'es bien le dernier à te la fermer, pendant une conversation. mais tu ne trouves étrangement rien à dire. tu sais pas. t'es un peu paumé, au fond. un peu beaucoup.

Je l’ai surpris en pleine activité dans l’allée, au milieu des bacs. Ça c’est pas bon, il ne comptait pas me voir aujourd’hui. Je souris, c’est la seule chose qui est facile à faire. Le vinyl pour Lukas, ah oui, c’était le prétexe pour se revoir. — Oui, c’est ça, exactement. Mais... J’avale ma salive et je finis d’avancer jusqu’à lui. — Pour découvrir ta boutique. Pour te voir dans ton environnement aussi. Te voir. Te revoir. Te revoir encore. Absolument. Exactement. Okay, le gyrophare qui clignote c’est mauvais signe. Faut que je change d’approche avant de perdre tous mes moyens. — Ça va. Je hoche la tête. — Et toi ? Oh quel luxe de syllabes ! J’ai fait fort. Il va me répondre « Bien » et tout sera dit, au revoir, à bientôt. Je le regarde, c’est tout ce que je suis capable de faire. Même si on se dit « Salut à la prochaine », je ne suis pas certaine de pouvoir décoller mes pieds du sol pour aller jusqu’à la porte. J’ai déjà été amoureuse une fois, éperdument, à la folie. La folie, c’était exactement ça. La souffrance continuelle de ne pas le voir, la souffrance quand on s’éloignait parce que ça ne devait pas, ça ne pouvait pas, la souffrance quand il a dit c’est fini. Quand je regarde Leeth, il y a le bonheur de le voir, il y a le bonheur de penser à lui, il y a le bonheur de se dire demain nous passerons la soirée ensemble. Ce n’est pas de l’amour, l’amour ça fait souffrir, ça vous détruit. Je ne veux pas d’amour. J’essaie de me sortir de cette contemplation, en découle des gestes désordonnés. Je croise les jambes, position instable. Avant de perdre l’équilibre, je me prévois. Je tends le bras pour attraper le bord du bac. Ma main le rate et plonge entre les albums. Pile là où lui avait sa main. Il cherchait quelque chose quand je suis arrivée. On peut pas dire qu’il y a la place de deux mains entre les deux albums. — J’suis désolée. Et comme bien sûr ce que je voulais éviter et en train de se passer, c’est la panique à bord. Replacer mes jambes, retrouver mes pieds, récupérer ma main... ou pas. Je serais pas en train de rougir ? Non ! T'as rien Leeth, tourne la tête, je suis pas là ! Enfin si et toi aussi.

s'il y a bien une chose à laquelle tu ne t'attendais pas, c'était bien de croiser noa aujourd'hui. la veille de la saint-valentin. la veille de ce rendez-vous improvisé il y a deux bon mois, de cet instant qui, au fond, te fait si peur. instant que tu redoutes tout autant que tu veux le vivre pleinement. tu ne sais plus comment réagir face à ça. et tu préfères donc ne pas imaginer comment la journée se passera. oui, c’est ça, exactement. pour découvrir ta boutique. pour te voir dans ton environnement aussi. un rire léger s'échappe de tes lèvres, tandis que tu viens passer ta main libre dans tes cheveux, un peu distraitement. le leeth dans son état naturel, hm ? tu demandes en haussant les épaules, sourire toujours aux lèvres. parce que c'est vrai, tu te sens bien à ses côté. c'est différent de ce que tu as pu déjà connaître. c'est ... étrange. et reposant, aussi. et pourtant extrêmement stressant, d'un autre côté. ça va. et toi ? tu hausses vaguement les épaules. tu te mords l'intérieur de la joue. la routine de la semaine. boulot, dodo ... tu ne veux pas en dire trop, ce serait sans doute bien trop dangereux, que d'ajouter quelque chose, non ? et ... en même temps, il y a une partie de toi qui ne veut pas paraître ennuyant. tu n'aimes pas la routine, tu es le premier à la fuir, de toute manière. tu retiens un soupir, tu te pinces légèrement les lèvres, en pleine réflexion, sans vraiment le vouloir, en réalité. tu n'es pas le plus gros penseur de la famille. tu laisses ça à tes frères et tes sœurs bien volontiers. tu fronces légèrement les sourcils en voyant noa vaciller, se rattrapant comme elle le peut, sa main terminant contre la tienne entre deux albums dont tu as déjà oublié le nom, grisé par la présence de la jeune femme, grisé par la friction de sa peau contre la tienne. j’suis désolée. ce n'est rien. tu souffles simplement. tes doigts viennent attraper les siens, tu les observes doucement. tu souris doucement ne la voyant rougir, mais tu ne relèves pas. tu ne veux pas la mettre mal à l'aise. et pourtant ouai, tu la trouves mignonne, comme ça. carrément attirance. tu te mords l'intérieur de la joue une nouvelle fois. tu termines par relâcher ses doigts, à contre cœur.  je suis content de te voir. tu avoues finalement. tu viens glisser tes doigts à l'arrière de ta nuque, ne sachant pas totalement comment réagir face à tout ça. c'est nouveau pour toi. t'as vingt-sept ans et c'est totalement inédit. sans doute que tu commences enfin à mûrir ? sans doute. tu sais ce que j'me suis dit, ces derniers temps ? tu demandes en venant t'accouder contre le bac de cd. que j'avais pas encore ton numéro de téléphone. j'ai trouvé ça dommage. tu ris doucement. j'sais pas, on aura pu se perdre demain et ... et ne jamais se revoir. ça aurait été triste. très triste. une moue légèrement exagérée sur les lèvres, tu es pourtant sérieux. en grande partie. en très grande partie.

Alors que Leeth rit de ma remarque sur le voir dans son environnement, je ris à la sienne « le leeth dans son état naturel ». Je masque par là une sensation furtive, comme si nos soirées étaient artificielles, nos nuits ? Non, pas artificielles, elles ne le sont pas. Mais c’est vrai qu’en plein jour, les masques ne sont pas les mêmes. Bien plus, ils glissent et laissent apparaitre les faiblesses que l’obscurité ou les néons déforment, plus de une mise en valeur dans le but de séduire. Maintenant, face à face, il n’y a plus ce jeu, séduire avc les armes du quotidien. Il y a nous avec nos sentiments, nos peurs. Les regards qui se croisent, les frissons qui prennent le temps de remonter la colonne vertébrale ou la descende, le trouble qui fait rougir, qui fait retirer une main dès qu’elle le peut, avant qu’elle ne tremble, avant qu’elle refuse de quitter. Puisqu’il est content de me voir, je range mon inquiétude dans le placard. Je peux savourer l’instant sans frein. Je reste surprise par sa demande. Il me parle de demain, il me parle d’échanger nos numéros, il me parle de se perdre et ne jamais se revoir. — Ce serait une tragédie tu veux dire. J’en serai tellement triste si... Si on se perdait. Je me suis tellement posée la question du comment échanger nos numéros et il me sert ça avec une facilité démoniaque. — Oui c’est une excellente idée. Je lui donne mon numéro, je ne sais pas s’il va mémoriser ou quoi, mais moi j’ai déjà sorti mon portable pour enregistrer directement le sien tout en me disant que ça fait très empressée, mais oui, je le suis. Comme trop souvent quand je stresse, que sens comme un impératif qui peut influer sur ma vie, je lui sors un mélange verbal façon moi. — Donc demain, ça tient toujours, c’est super cool et pour ma belle-mère je sais qu’elle a fait main basse sur des vinyls des Rolling Stone et de Bowie. On se retrouve à quelle heure ? Après on peut voir à plus récent et même lui faire découvrir des chanteurs et groupes actuels. Le programme je n’ai pas regardé, j’espère que ce sera sympa demain soir, qu’on passera une soirée géniale. Je baisse la tête sur mon portable tout en levant les yeux pour le garder dans mon champs de vision. J’espère qu’il ne va pas louper la question, parce que demain, ce serait trop nul de ne pas être avec lui.

noa. c'est étrange, parce que tu te sens bien avec elle. tu n'as pas cette impression qu'il serait mieux que tu t'éloignes, qu'elle ne sache jamais qui tu es réellement. non. et c'est presque reposant, comme sensation, que de se sentir bien à ses côtés et que de vouloir passer un peu plus de temps encore avec elle. tu te mords l'intérieur de la joue, rire sur les lippes, c'est agréable à entendre et ça détend considérablement l'atmosphère. parce que ni elle, ni toi, n'avez cette habitude que de fréquenter réellement quelqu'un d'autre. c'est facile à voir. à comprendre. jusqu'à présent, vous avez toujours préféré la facilités. une nuit ou une autre, dans des draps inconnus. et puis, il semble que le destin en a voulu autrement. tu te mords l'intérieur de la joue, préférant rapporter ton attention sur la jeune femme plutôt que sur tes propres pensées. un peu de mal pour lancer la conversation, tu termines par penser au fait que tu n'as pas son numéro de téléphone. et elle ne possède pas le sien non plus. une petite moue sur le visage, tu esquisses cependant un sourire. ce serait une tragédie tu veux dire. j’en serai tellement triste si... oui c’est une excellente idée. tu te mords l'intérieur de la joue, tu n'es pas certain de retenir son numéro comme ça, alors qu'elle te le dicte simplement. tu lui dictes ensuite le tiens, qu'elle entre dans son téléphone. donc demain, ça tient toujours, c’est super cool et pour ma belle-mère je sais qu’elle a fait main basse sur des vinyls des rolling stone et de bowie. on se retrouve à quelle heure ? après on peut voir à plus récent et même lui faire découvrir des chanteurs et groupes actuels. le programme je n’ai pas regardé, j’espère que ce sera sympa demain soir, qu’on passera une soirée géniale. tu te mords l'intérieur de la joue et tu laisses simplement un petit sourire se dessiner sur le coin de tes lèvres. ok, tu trouves ça carrément mignon. tu hoches doucement la tête. tu ne sais pas si c'est volontaire ou non de sa part et tu es tenté de le lui demander, mais tu n'as pas envie de la mettre mal à l'aise. les stones et bowie ? plus quelque chose de rock du coup pour ta belle-mère ? pourquoi pas queen, les beattles, the woo ? en plus actuel, tu peux partir sur du muse, radiohead, foo figthers, the killes ... tu énumères rapidement. les premiers non que te viennent en tête quand tu penses à des groupes de rock. tu te pinces légèrement les lèvres. et oui, ça tient toujours demain. enfin, si c'est bon pour toi. tu souffles un léger sourire. l'heure, je sais pas trop ... c'est censé commencer à quel heure la soirée ? j'pense une demi-heure avant ça devrait suffire ? t'en dis quoi ? tu demandes en haussant vaguement les épaules. t'es pas très doué pour fixer des rendez-vous, en réalité. je ne vois pas pourquoi on ne passerait pas une bonne soirée. tu termines par ajouter. pour la rassurer ? pour te rassurer ? tu ne sais pas trop au fond, c'est un peu vague et les quelques sms que tu as pu échanger avec ton frère ne t'on pas réellement aidés à y voir plus clair. tu te mords l'intérieur de la joue avant de glisser tes doigts dans tes cheveux, comme tu le fais bien trop souvent, en réalité.

Il parle musique. Je ne dois pas lui en vouloir d’avoir pris le coeur de ce que je lui ai dit comme sujet principal. Je lui avais dit que je viendrais pour cela et je lui parle rock maintenant, alors normal qu’il me réponde ainsi. Il me liste des vieux groupes de légende, des plus récents aussi. Je hoche la tête en soufflant. — Ça va pas être facile de choisir. Je m’arrête sur un nom Muse, et l’image qui me vient c’est celle de ce mannequin amputée qui a tourné dans la vidéo de leur morceau Dig Down. Je sais pas pourquoi je pense à elle tout à coup. Peut-être pour son courage de continuer à se battre, à vivre, à faire ce métier de mannequinat qui est basé sur une apparence parfaite. Ne jamais abandonner quels que soient les merdes que la vie te sert. C’est peut-être pour ça que c’est elle qui s’impose parce que mon frère m’a dit qu’on avait droit au bonheur après les galères qu’on a pu croiser. Ma mère me l’a dit aussi, la roue tourne. Oui, le bonheur. Il me l’offre à cet instant. Ça tient toujours, lui et moi, demain. Notre rendez-vous. La Saint-Valentin. Je dois sourire bêtement, mais je m’en fous. C’est la première année qu’elle a un sens authentique cette fête. — Une demi heure avant c’est parfait. Le bonheur, c’est comme le malheur, ça tient à un rien. Aujourd’hui le baromètre penche du bon côté. — Tu as raison, ce ne peut être qu’une bonne soirée. 20h30. A force de sourire, je vais avoir des rides prématurément. Je prends une grande respiration. Elle doit être absolument géniale cette soirée. — Et si tu me faisais écouter un ou deux morceaux ? Dans les supermarchés c’est délicat de goûter une pomme avant d’acheter un kilo, mais là... je suis d’humeur joyeuse, alors avec d la musique en plus ! Peut-être qu’il a de quoi passer un CD par là et un casque pour éviter de déranger les clients.

la musique. c'est plus facile de parler de la musique que de parler de ce rendez-vous qui vous attend demain. vraiment plus simple. c'est ta passion, ça vient tout seul, sans que tu n'as besoin d'y réfléchir plus que ça. t'es pas vraiment doué pour réfléchir à tout ce qui touche aux sentiments, de toute manière. t'as jamais été doué pour ça, toi. ça va pas être facile de choisir. tu hoches vaguement la tête. tu n'as aucune idée de ce que sa belle-mère peut écouter ou non et tu retiens un léger soupir, abordant finalement le sujet qui fait peur, celui qui effraie parce que c'est nouveau et que t'es pas de ceux qui trouvent ça juste beau et simple, les sentiments. tu te mords l'intérieur de la joue. il serait peut-être temps d'être courageux, face à tout ça. ça fait bien des années maintenant que tu vis comme si rien n'avait d'importance et il est temps que ça change. d'une manière ou d'une autre. une demi heure avant c’est parfait. tu as raison, ce ne peut être qu’une bonne soirée. 20h30. tu hoches la tête et tu te notes ça dans un coin de l'esprit. t'as encore aucune idée de comment tu vas t'habiller et t'as l'impression d'être une nana tant tu trouves déjà ça compliqué de trouver une tenue assez bien pour l'occasion, mais qui ne fait pas trop. c'est parfait. tu souffles simplement. tu ne sais pas trop quoi rajouter, en rendez-vous. et si tu me faisais écouter un ou deux morceaux ? tu hoches la tête, un peu plus enthousiaste, un peu plus à l'aise, surtout. tu veux écouter quoi du coup ? p'être des groupes que tu connais pas trop histoire de te faire une idée ? tu fronces légèrement les sourcils et tu trouves ça ridicule sur les bords, mais ça ne t'empêches pas d'attraper sa main avec douceur pour la guider dans la petite boutique. comme ça, juste pour le plaisir de sentir sa peau contre la tienne. tu esquisses un petit sourire et te rapproches du comptoir que tu viens contourner rapidement pour attraper un ordinateur portable. globalement tu peux trouver tout ce que j'ai à vendre dans les dossiers. tu souffles en revenant près de noa, t'accoudant contre le comptoir, cherchant la catégorie 'rock' dans les nombreux dossiers de l'ordinateur. tu te penches un peu pour attraper un casque qui traîne également de l'autre côté du meuble. tu viens le tendre à noa. c'est le mien. il a un meilleur son que les autres. tu souffles finalement. et pourtant, dieu sait que tu détestes qu'on touche à tes affaires, particulièrement quand il s'agit de la musique. tu souris doucement, presque tendrement, en réalité.

L’horaire lui convient, c’est la meilleure des choses. J’ai besoin d’évacuer le stress avec un peu de musique. L’idée ne le dérange pas. Mais voilà le stress, une nouvelle étape est franchi quand il prend ma main dans la sienne pour m’entrainer. Je n’ai plus envie de musique, j’ai envie de le prendre dans mes bras, qu’il me serre dans les siens, j’ai envie... non, pas d’un truc à la sauvage entre les allées, sur le comptoir ou le long d’un mur, non pas ça. J’ai envie de tendresse, d’énormément de tendresse, des montagnes de tendresse. J’aurais voulu qu’on ignore ma demande, les clients, les passants dans la rue qui jettent parfois un coup d’oeil vers cette boutique d’un autre âge. J’aurai voulu que le comptoir soit distant de plusieurs kilomètres. J’ai pas entendu ce qu’il a dit quand il a pris son ordinateur. Je le regarde, nous sommes encore sur le chemin qui nous mènera d’ici quelques heures à ce casque qu’il me tend. Je suis encore à entendre les chants des oiseaux quand la musique se lance. Du rock ? Tu veux rire. C’est peut-être ce qu’il a mis, ce n’est pas ce que j’entends. Et puis c’est bien connu, les rockeurs c’est eux qui écrivent les plus belles mélodies d’amour. Ce que j’entends ? Je vais le rejoindre de son côté de comptoir, je m’approche presque à me coller à lui. Il reste l’espace d’une main. Ce que j’entends ? Des rythmes endiablés font vibrer le casque, mais à quelques centimètres de lui, je bouge comme sur un slow en lui souriant. On n’est pas encore demain, c’est demain que je lui dirais, aujourd’hui je lui montre que j’ai besoin d’une proximité entre nous deux, comme nos deux mains ensemble, comme ce pas de deux qui n’a rien d’un ballet mais qui est une invitation à une danse à l’unisson, à un bout de chemin ensemble.

tu n'es pas vraiment habitué à tout ça. tu as toujours été plus ou moins solitaire, pas des plus doué pour les relations avec les autres. tu dis ce que tu penses et en général, ça ne passe pas. mais tout semble bien trop facile avec noa. tu glisses tes doigts dans tes cheveux et attrapes ton ordinateur qui se trouve à l'arrière du comptoir. tu te pinces légèrement les lèvres, toutes ces minutes qui s'écoulent ne font que vous rapprocher un peu plus de cette soirée que vous allez passer ensemble demain soir. tu ne sais pas si tu dois être inquiet ou non. sans doute pas. ce serait facile de te laisser porter par tout ça. cette douceur et cette chaleur. t'en sais trop rien, tu te prends trop la tête, sans doute. tu souris doucement quand tu vois noa se rapprocher de toi et esquisser quelques pas. tu n'as jamais su danser. enfin, tu ne t'es jamais réellement intéressé à la danse. et pourtant ça ne t'empêches pas d'attraper ses mains pour la garder contre toi, souriant un peu bêtement, sans musique pour te guider, tu suis les mouvements de la brune. vous êtes bien, comme ça. t'as pas envie de penser à ce qu'il se passe autour, à quelqu'un qui pourrait venir te déranger pour une question ou autre. t'es autre part, c'est tout. tu te pinces légèrement les lèvres. tu ne sais pas si vous avez déjà été aussi proche autre que dans un de vos deux lits. sans doute pas. et c'est agréable. bien plus que tu pouvais le penser il y a encore quelque temps. alors comme ça, sans doute que tes parents avaient raison sur ce point; te poser te ferait sans doute du bien. tu n'en sais trop rien. tu retiens un léger souffle et tu te contentes de te pencher pour venir voler un baiser du bout des lèvres à noa. pourquoi pas, après tout ?

Tout est simple. Tout est facile. Etre avec lui. Etre contre lui. Etre dans ce mouvement qui nous réunit tous les deux. Ensemble. Ensemble comme nos lèvres qui se rejoignent. On est très loin des plans cul, des aventures d’une nuit, des départs furtifs au petit matin. Tout est loin, tout ce non-engagement, tout ce refus d’engagement. Kenzo a tellement raison ! Leeth vient prendre un baiser. Si je garde l’une de ses mains dans la mienne, l’autre remonte de son épaule à sa nuque. J’ai fermé les yeux depuis longtemps et je n’ai pas du tout envie de les ouvrir. Bon okay, ça ce sont les apparences parce que dans ma tête c’est rock’n roll. Musique certes, mais pas que ça. Oh non ! Maintenant je n’ai plus de doute sur la soirée de demain parce que ce que je ressens c’est bien trop agréable pour le laisser filer. Et si ma logique l’a cernée ainsi, ce n’est pas elle qui en train de pousser ce cri "yeeeehhhhh !" Lui je le reconnais, ce cri, il s’appelle bonheur. Je sens le souffle de Leeth quand on se sépare de quelques centimètres. J’enlève mon casque et j’ouvre les yeux pour vérifier que je ne rêve pas, qu’il est bien là. Je souris au bord d’un rire parce que dans ma tête c’est toujours "yeeeehhhhh !" Et pour reprendre pied, pour éviter que ce "yeeeehhhhh !" ne me fasse faire une connerie made in gamine de 14 ans, je me retourne pour poser le casque sur le bureau. Je me retrouve face au sourire d’une vieille dame qui à l’air de partager l’instant comme une tasse de thé avec des petits gâteaux “Vous en reprendrez bien un autre ?” Un baiser ? Oui ! Mais non, pas comme ça ! Je rougis en écarquillant les yeux comme si nous venions de nous faire surprendre dans une position indécente.

tu as parfois bien du mal à comprendre ce qu'il se passe réellement. comprendre tes propres émotions, tes propres sentiments. mettre des mots sur tout ça. et c'est sans doute la première fois de ta vie, ou une des seules fois ou tu as demandé de l'aide à tom, ton frangin. et pourtant vous n'êtes pas les frères les plus proches du monde, ça va et ça vient, votre relation. et tu as bien souvent du mal à savoir ce qu'il en est vraiment. c'est cette même sensation qui t'habites avec noa. tu ne sais pas. parce que tu te sens bien et dans un sens, tu ne sais pas ce qu'il se passe. tu sais juste que la, maintenant, t'as envie de l'embrasser. alors tu le fais, tu la gardes contre toi et tu te penches doucement, tes lèvres venant cueillir les siennes avec douceur, ta main dans le creux de ses reins tandis que tu sens ses doigts glisser dans ta nuque. tu ne sais pas combien de temps s'écoule avant que tu n'arrives plus à respirer. tu te redresses un peu, rouvrant les yeux, un sourire sur les lèvres, tandis que tu laisses noa retirer le casque qu'elle porte toujours et se retourner pour le déposer sur la petite tablette derrière le comptoir. ton regard remarque cette dame âgée, un peu plus loin, qui semble avoir assistée à toute la scène et tu ne peux t'empêcher de froncer légèrement les sourcils, retenant un petit soupir tandis que tes doigts glissent presque distraitement dans tes cheveux. tu te pinces les lèvres avant de croiser le regard de noa. je dois retourner travailler. tu souffles en riant un peu. mais ... je suis content que tu sois passé. vraiment. tu ajoutes en souriant. vous vous éloignez doucement du comptoir. j'ai hâte d'être à demi soir. tu termines en te pinçant légèrement les lèvres. tu l'accompagnes jusqu'à la porte et tu l'observes quelques secondes encore, tandis que tu retournes à ton travail. et la soirée te semble affreusement longue.

fin.