We are family [The Fitzgerald]

La famille a toujours été une valeur importante pour moi. Un élément vital de mon existence, au même titre que respirer ou manger. Mes parents m’ont inculqués cette notion et elle est également présente dans les autres membres de ma famille. Nous sommes suffisamment soudés pour être demeurés tous en contact malgré les années. Si je suis naturellement plus proche de Bambi, cela ne m’empêche pas de tenir à voir régulièrement mes autres frères et ma sœur Daisy. C’est d’ailleurs chez les jumelles que je dois me rendre ce soir pour l’un de nos repas familiaux. Il n’y a rien de spécial à fêter, c’est seulement pour garder contact. Nos parents ne viennent pas à ce genre de soirée, laissant leurs enfants reconnectés un peu. C’est la même chose pour les conjoints et les enfants. Tracy et Kaleigh se font une soirée cinéma de leur côté. J’ai appris il y a deux jours que Robin, l’aîné des Fitzgerald, a un empêchement de dernière minute. Du coup, ça sera un repas à quatre. C’est un bon chiffre paire, j’aime bien même si je trouve dommage que nous ne soyons pas au complet cette fois-ci. Je prends la route de la maison de Bambi et Daisy un peu après dix-huit heures, n’ayant que quelques rues à parcourir avant d’arriver chez les jumelles. Je n’ai pas de cadeau pour les filles, ayant perdu l’habitude de le faire avec le nombre de soirée de la sorte que nous faisons. Je me contente de toquer quelques coups à la porte avec mon sourire, mon air espiègle du jour et mon complet choisi pour ce soir. Tant qu’à faire un truc tous ensemble, autant être bien habillé. C’est une habitude qui ne me déplait pas. Bambi est celle qui m’ouvre la porte. Je l’ai vue ce matin même puisqu’elle est passée voir sa filleule à la maison, mais ça ne m’empêche pas de serrer ma sœur dans mes bras comme si je ne l’avais pas revu depuis une éternité. J’entre ensuite en gardant un bras autour de la taille de la jumelle. « Achille n’est pas encore arrivé ? » Je demande, étirant le cou afin de tenter une meilleure inspection des lieux. Visiblement non, je suis le premier des hommes à être arrivé. Il y a du mouvement dans la cuisine. Je me dirige donc vers Daisy avec un sourire. « Salut toi ! » J’exprime joyeusement avant de la serrer aussi dans mes bras. Cela fait un moment que je n’ai pas revu cette dernière. Je dirais au moins deux semaines. Je la garde donc contre moi quelques secondes avant de la libérer. « Comment tu vas ? » Je m’enquis en gardant une main dans son dos. Je ne fais pas référence à son veuvage, mais bien à son état général. Le sourire que j’ai au visage est très évocateur de ma curiosité mais surtout de ma bienveillance à son égard. Je m’inquiète toujours pour les jumelles. Même si je ne le montre pas, je réfléchis parfois à Daisy et à sa peine. Et j’espère que bientôt elle trouvera le moyen de remonter la pente. Sa famille est là pour l’aider en tout cas.

Le bleu éclatant de l’eau, les arbres d’un vert prodigieux à perdre de vue, ces naissances de rochers qui donnent vie à une île. Le contraste de la lumière du soleil et du ciel libre de tout nuage. Le relief ainsi que l’immensité du paysage seraient une arme contre ceux dont la taille et la profondeur de l’eau, est une phobie reine. L’aube est le moment propice pour capturer cette merveille naturelle. C’est depuis les premières lueurs du jour qu’Achille, son appareil photo autour du cou, immortalise cette nouvelle journée, se réveillant avec elle.

Un seul regard en direction de l’horizon dont la Terre a était offert, et l’apaisement s’empare de lui.

Achille n’a nullement besoin de café pour son éveil et une potentielle humeur non trop aigri, la beauté de nature remplie ce rôle à la perfection. Intérieurement, et très souvent, il plaint ceux à qui cela n’est pas suffisant, car c’est certainement l’une des seules choses qui lui procure un bien-être. Cet homme, dans la première année de sa trentaine, est un amoureux de la nature, celle-ci demeure son havre de paix, et ce, depuis très longtemps.

Le vent, comme un retour éternel de l’amour de celle qu’il a autrefois aimé plus que tout. Qu’il aime plus que tout. & il respire, parce qu’il la sent à ses côtés.
D’une certaine façon.

& clic. La réalisation qui tambourine soudainement dans son esprit.
Aspiré, dans cette oasis, et dans ce quotidien auquel il reste indéfiniment fidèle, Monsieur Fitzgerald a oublié qu’il était attendu par sa fratrie, qui eux, sont bel et bien vivants. Comme la sensation, de parfois vivre avec un fantôme. Existe-t-il quelqu’un qui contourne cette possibilité ? À cette pensée, il se sent mieux, pour quelconques raisons cela l’aide. Souvent au détriment des gens qu’il aime et dont le cœur bat toujours,trop absorbé par sa bulle où il tente de se réconcilier avec l’univers.

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Le chemin du retour à la réalité. La réalité à qui il voue une aversion sans limite. Machinalement, il appréhende cette après-midi avec son frère et ses sœurs. Un rien le pousse à bout, et il explose. Éviter cette route est son but premier, passer du bon temps et profiter de sa famille est la deuxième. C’est à ce point qu’il se bat continuellement avec lui-même. Prendre les choses et les remarques trop à cœur, ne penser qu’au premier degré à la place du second, voilà son problème. Il ne veut pas gâcher cette journée à cause de son caractère de merde, qui, quoi qu’il arrive ne sera jamais comprit.

Les jardins secrets sont parfois cruels.
& se retournent contre nous.

Pour ne pas changer les habitudes, il est pitoyablement en retard. La grande tête brune n’est pas ponctuelle, au grand damne d’autrui. Devant la porte de ses sœurs, avant que son poing rencontre le bois de celle-ci, il prend une grande respiration cherchant à se contenir, souhaitant laisser paraître sa fausse bonne humeur, dans l’espérance que celle-ci persiste.

Le visage de sa biche préféré se dessine à l’ouverture de la barrière qui les sépare, Bambi. Faussant un sourire digne d’un fou heureux. « Promis, j’avais pas oublié ! » Tellement de sarcasme dans une si petite phrase. « Comment ça va, bichette ? » Demande-t-il en s’approchant d’elle pour l’enlacer rapidement avant de la relâcher. « À moins que tu sois la cane… Je suis jamais sûr avec vous deux. » Il pénètre à l’intérieur se débarrassant de son manteau, avant de se diriger dans la cuisine où Daisy et Ivan se trouvent. « Merveilleux, j’arrive avant la catastrophe. J’aurais l’occasion de filmer les dégâts. » Quand le dépressif paumé fait place au lourdaud de service.

Comme à chaque repas en famille, je ressentais cette hâte presque enfantine de revoir les autres. Puisque j’entretenais d’excellentes relations avec chacun d’eux et qu’on se voyait régulièrement, je n’ai jamais saisis d’où me venait ma fébrilité. Peut-être du fait que j’adore qu’on soit tous réunis à manger, à discuter et à rire. La vie de famille a toujours été ce qui m’apporte le plus de joie depuis que je suis au monde. Pas étonnant que mon choix de partenaire de vie a été basé principalement sur le fait d’avoir une vision similaire de la famille. Aujourd’hui ne faisait pas exception, j’étais d’excellente humeur. Mon sourire ne me quitte plus à présent que je suis dans la maison des jumelles. Même si notre aîné ne peut venir ce soir, je sais que nous allons passer un agréable moment et il me tarde de pouvoir passer à table. Il ne manque que l’arrivée d’Achille pour amener mon bonheur à son apogée. Bambi voit mon commentaire sur la présence de mon jeune frère comme un manque d’intérêt pour elle. Je me retiens difficilement de la reprendre sur le nom, préférant lui ouvrir les bras pour une accolade chaleureuse. « Voyons, tu te fais des idées. » Je réponds à son oreille. Je souris alors qu’elle fait référence à sa filleule avant de secouer la tête par la suite. « Je ne sais pas qui des deux à une mauvaise influence sur l’autre, mais Kal’ aussi a insisté pour venir. » Je lui assure avant de rire doucement. « Merci de me prévenir à l’avance pour les bêtises en tout cas. » Je rejoins la cuisine afin de voir Daisy. Je grimace à la référence à mon nom de naissance par cette dernière. Je préfère pousser la conversation afin de déterminer comment va Daisy. Le travail est ce qui occupe principalement son temps mais comme je sais qu’elle n’ira pas jusqu’à se surmener pour oublier sa douleur, je ne passe aucun commentaire sur ses gardes épuisantes. « Ça va bien. J’ai encore des heures supplémentaires à faire à l’usine dans les deux prochaines semaines mais elles se font bien. » Normalement je n’aime pas passer autant de temps à l’usine mais je prenais étrangement plaisir à faire des nuits avec ma musique dans les oreilles dissimulée dans mon casque de soudure. « Ça sent bon. » Je lâche en me permettant de regarder ce qui est à cuire. La sauce est retirée du feu. Je tourne la tête tandis que Bambi souhaite que j’aide sa jumelle avec le repas. Je baisse les yeux sur le chien qui est contre ses mollets. « Coco est loin d’être impartial, donc. Mais oui, je vais m’occuper de te remplacer, t’inquiète. » Je lui assure, ne perdant pas ma bonne humeur. « Qu’est-ce qui reste à faire ? » Je demande à Bambi tandis qu’à la porte il y a Achille qui arrive. Je suis en train de goûter à la sauce pour m’assurer qu’elle a assez de sel lorsque la voix de mon frère me fait me retourner. « Hey, tout est sous contrôle. » Je dis en portant un bras vers lui afin de l’enlacer brièvement pour le saluer. « Pour l’instant. » J’ajoute au moment de la séparation. Je ne garantie pas le succès de notre duo de cuisiniers mais j’ai confiance en nous. D’ailleurs je reviens vers Daisy. « Tu veux que je m’occupe du pain ? » Je lui propose pour ne pas être dans ses pattes tandis qu’elle termine la cuisson des pâtes.

Toutefois et en dépit des réticentes démesuré, le beau et grand brun à toutes les attentions de repartir chez les lui en ayant apporté que du positif au cours de cette après-midi. Pour une fois. Il redoute, il tremble, c’est sont fardeau. Un fardeau qu’il ne désire pas puissant possiblement remporté la bataille. Mais il est là. Il se tient debout dans la demeure de ses cadettes, en espérant ne pas se jeter dans un piège à loups.

Son esprit hurle tel un loup prit au piège depuis des années, silencieusement, à l’abri de l’ouïe de tous, comme seul au monde emprisonné dans sa détresse. Foutue ironie.

Soigneusement et avec une précaution rapide, sans réel antécédent d’effort des minutes passées, il installe métaphoriquement son masque de clown sans maquillage et sans nez rouge sur son visage sur la personnalité dont il n’est pas fier et avec qui il se doit de côtoyer chaque jour de sa vie, avant de se jeter à l’eau parmi les gens qu’il aime le plus au monde. Un amour qu’il ne leur montre pas forcément.

Aussitôt dans la place, ce faux et à la fois authentique clown, s’attire un coup de sa biche préféré sur son bras. Un petit coup innocent qui passe presque inaperçu au touché, laissant les traces d’un bref picotement par la différence de force de Bambi et de son grand frère, n’empêchant pas que celle-ci soit dotée d’une force bien plus important en soi. Un petit coup innocent qu’il ne perçoit qu’au regard. « Qu’est-ce que je risque si ce n'est pas le cas ? » Lâche-t-il a Bambi en lui adressant un sourire narquois suivant avec elle le chemin menant à la cuisine vers le reste de la famille, non réunis au complet pour aujourd’hui.
Instinctivement, il trouve Daisy qui semble avoir détecté la position de sa présence avant lui pour resserrer l’étreinte qu’elle lui offre d’un naturel au-delà de l’imaginable, battant sa routine. Un nouveau sentiment qui se vaut inexplicable. Si seulement elle savait qu’il comprenait sa peine, s’il pouvait, s’il avait assez d’essence pour le lui avouer, il le ferait sans hésitation. Mais à quoi bon ? Qu’est-ce que cela changerait ? Il est là, près d’elle, quand elle a besoin de lui et quand elle n’a pas besoin, c’est tout ce qui compte. Simplement, lui tenir la main jusqu’à ce que la douleur fasse moins mal. Un doux rêve. « Sait-on jamais, mon cerveau a pu être endommagé depuis la dernière fois qu’on s’est vu, canette. » Il chiffonne sa tignasse alors qu’elle retourne à ses occupations, un des avantages à faire une tête de plus. Ivan s’approche à son tour pour brièvement l’enlacer. « Prévenez-moi tout de même avant, que je puisse préparer ma caméra. » Il vint s’asseoir sur le comptoir de la cuisine en regardant les alentours curieusement bien qu’il les connaisse déjà, en commençant légèrement à siffloter, avant de se faire rappeler à l’ordre par Daisy et en lui répondant d’un sourire niais en continuant de siffloter. L’emmerdeur dans toute sa splendeur, interrompu par le clone de la canne. « La maladresse est mon alliée aussi, je te rappelle. » Il prend la bouteille dans ses mains, priant intérieurement pour que le bouchon ne finisse pas se route dans un objet facilement cassable qui causerait la colère de ses sœurs. Ou dans leur œil. « Achille 1, boulette 0. » Il dépose la bouteille sur la table dans la salle à manger, versant le vin dans chacun des quatre verres. Il approuve les paroles de Bambi, en prenant une gorgée de son verre. «Pitié annoncez pas que vous avez fait fondre le dîner. » Le timing serait importun, étant un affamé pure et dure.

Comme dans chaque famille, il arrivait qu’il y ait des joies et des peines, des réconciliations ou des mésententes. Je sentais qu’Achille était d’humeur un peu blagueuse, peut-être parce qu’il cache quelque chose. Je ne cherche pas à déterrer ce qui pourrait y avoir d’enfouie. Il a toujours été libre de me parler si cela lui convenait. Je ne suis pas celui qui cherche à lui tirer les verres du nez ou à m’inquiéter à outre mesure de sa vie. Je pense qu’il est assez grand pour savoir ce qu’il fait. Les choses sont un peu différentes avec les jumelles. Je les surprotège par instinct, en particulier Bambi. Même s’il existe plus protecteur que moi, je montre clairement mon souci pour elles dès qu’il y a quelque chose qui les tracassent. Ça a toujours été différent avec les bébés de la famille. Mon comportement change presque en leur présence. Pour le mieux, je l’espère. J’aide ainsi Daisy comme je le ferais naturellement. Cela arrange Bambi. Ça amuse aussi mon frère. Le coup de coude que je reçois de la cuisinière principale me fait bien rire. Je réplique d’un coup d’épaule léger, juste pour ajouter à l’humeur positive entre nous. Je coupe le pain en essayant d’être productif puisque le repas est presque prêt. Je tourne la tête vers Bambi pour approuver son choix de vin d’un hochement simple. Je me saisis des assiettes afin d’aider encore davantage l’autre jumelle. J’écoute d’une oreille distrait la conversation entre Bambi et Achille, ce dernier ayant apparemment eut l’honneur d’ouvrir le vin. Ils ont faim. « Ça vient, ça vient. » Je les calme pour qu’ils patientent encore quelques minutes. Nous dressons les assiettes en vraie équipe imbattable, en effet. Je m’occupe avec Daisy de servir tout le monde et en quelques minutes nous sommes tous à table à terminer de mettre en place tout ce qu’il faut. Je suis assis en face de Bambi, Achille à ma droite. La seconde jumelle prend place à la gauche de sa sœur. Quatre est un chiffre idéal pour être assis autour d’une table. Lorsqu’il est temps de déguster, c’est avec un sourire que je pique ma fourchette dans le plat de pâtes et mange avec appétit le tout. « C’est délicieux, comme toujours. » Les jumelles tiennent leur savoir de maman, c’est normal. On se croirait presque remonter des années en arrière alors que nous étions sept autour d’une table à manger tous ensemble.

IRL: