We need to be strong. -Murphy & Lily-

Un exposé à faire en cinéma. Il n'en fallait pas plus à la jeune femme pour la ravir. Autant encore en anthropologie, elle avait un peu de mal à suivre les cours, autant en cinéma... elle était parmi l'une des meilleures de sa classe de travaux pratiques. Parcourant les rayons de la bibliothèque de l'université, la jeune fille écumait des yeux, les côtes des livres rangés là par centaines. Empruntant un livre ici, et puis un second, et enfin, un troisième, la jeune fille se retrouva bien vite avec une pile de livres dans les bras. Ca commençait à faire lourd là, tournant alors sur elle-même, elle se mit en chasse de trouver une table disponible. Dans l'allée principale du grand établissement, Murphy trouva une place, pas très loin d'une petite blonde qui bossait déjà. Elle s'approcha et sourit timidement à la fille, croisant son regard, comme pour lui demander si la place était libre, sans ouvrir la bouche. Elle posa ses livres sur la table, retira son sac à dos qu'elle posa au sol et puis retira aussi sa veste en jeans qu'elle posa doucement sur le dossier de sa chaise, sans faire de bruit. Fouillant dans son sac pour y prendre un carnet et un crayon, elle commença à arranger ses petites affaires, ouvrant les livres afin de noter les références bibliographiques, la jeune femme commença par lire le sommaire. En fait, elle trouvait ça plus rapide, puisque ça donne une idée globale du thème déployé dans le livre et ça lui évite surtout d'avoir à lire tous les chapitres. Parfois, seul un ou deux chapitres sont vraiment pertinents pour ses recherches. L'adolescente commença à lire son livre, à en prendre des notes précieuses lorsque soudain, elle fit un bond sur sa chaise. Une alarme s'était déclenchée, une alarme puissante et féroce à en faire trembler les murs. Il se passait quoi ? Ca voulait dire quoi ça ? Et là, un sketch, un homme arriva en courant dans l'allée centrale de la bibliothèque normalement silencieuse et cria à tout le monde de se cacher. Qu'est-ce qu'il se passait au juste ?! Murphy sentit son cœur battre fort dans sa poitrine et très vite, lorsqu'elle vit que tout le monde prenait ça au sérieux, elle comprit que ça l'était. Que se passait-il ? Un tremblement de terre ? Une bombe ? Une attaque terroriste ? La jeune fille sentait son cœur battre vraiment fort dans sa poitrine, et la peur faisait trembler son corps tout entier. Sans réfléchir, elle glissa de sa chaise jusqu'à sous la table où se trouvait déjà des gens. Très vite, la blonde à côté d'elle fit de même et leurs regards se croisèrent. Elle lui demanda si elle savait ce qu'il se passait, Murphy, prise de peur, fit non de la tête, en silence. Elle n'osait pas parler. Le sol ne tremblait pas, il ne se passait rien. Ce n'était pas un tremblement de terre, alors de quoi est-ce qu'il s'agissait ? Murphy regardait en direction de l'entrée principale. Elle n'était pas cachée sous cette table, si jamais il y avait des terroristes... elle savait qu'elle allait mourir. Prise de peur, elle aurait voulu appeler son père. Mais elle n'avait pas de téléphone. Fermant les yeux, priant dans sa tête, elle essayait de parler à sa mère, et ses frères, déjà au ciel et bizarrement, elle les pria de l'aider, de la sauver, de la laisser vivre. Rien ne se passait, un silence de mort régnait désormais, l'alarme s'était arrêtée. Murphy lança alors à la petite blonde de tout à l'heure « si ça avait été un tremblement de terre... ça aurait déjà eu lieu... ça doit être plus grave que ça » et sous entendu, des terroristes. Après tout, depuis quelques temps maintenant, ça explosait aux quatre coins du monde. Murphy regarda autour d'elle, de dessous la table et lança « on n'est pas cachées ici... on doit se trouver un autre endroit » lança t-elle alors.

Où aller ? La petite blonde à côté d'elle lui posait la question. Murphy ferma les yeux une seconde. Elle essayait de visualiser l'endroit, mais sa mémoire ne semblait pas prête à jouer le jeu. Etrangement, c'était comme si non, elle ne visualisait plus rien de cet endroit qu'elle connaissait pourtant depuis plusieurs mois. Sentant uniquement son cœur battre fort, elle se dit que les terroristes allaient eux aussi, l'entendre. Elle essayait de ne pas faire de bruit, parlant tout bas pour dire à la jeune fille à ses côtés « je ne sais pas... mais je le sens pas ici » croisant son regard. L'étudiante lui annonça alors qu'elle allait essayer de prendre son téléphone, pour appeler leurs proches. Murphy pensa à son père. Elle ne connaissait même pas son numéro. Elle ne pouvait même pas l'appeler. Le seul numéro qu'elle connaissait était le téléphone fixe de la maison de sa mère, qui n'existait désormais plus. Murphy sentait l'émotion la gagner. Elle ne pouvait pas mourir aujourd'hui, et ne pas avoir parlé à son père avant. Elle savait ce que c'était, que de perdre sa famille sans avoir pu leur dire au revoir. Le traumatisme de la perte de sa maman, ainsi que de ses deux frères s'éveilla en elle. Terrorisée, Murphy sentait son cœur battre encore plus fort alors que la jolie blonde à côté récupérait son téléphone. Elle l'avait, pour elle, c'était une victoire. Murphy lui sourit, un sourire forcé qui se voulait sincère, mais dans des conditions pareilles, c'était compliqué. Elle regarda autour d'elle et lança « moi je bouge » ne la forçant à rien si jamais elle avait trop peur de bouger. Murphy était tétanisée par la peur, mais elle savait qu'ici, sous cette table, elles n'étaient pas en sécurité. Prenant une forte inspiration, la petite blonde sortit de dessous la grande table, sous les regards inquiêts des autres étudiants. Elle fit quelques pas, guettant tout autour d'elle le moindre bruit. Allait-elle prendre le risque de passer par les portes principales ? Elle ne savait pas, de toutes façons, il n'y avait pas d'accès derrière. Murphy se mit donc en marche, après que la jolie blonde l'ait rejointe debout, pour longer les rangées de livres afin de s'approcher à pas de loups, mais rapides tout de même, vers l'entrée de la bibliothèque. Murphy voyait à différents endroits de la bibliothèque, que d'autres étudiants tentaient le coup aussi. L'effet de groupe la rassura un peu et les deux jeunes filles avançèrent vers l'entrée. Il n'y avait plus aucun membres du personnel, et un silence sépulcral régnait en maître. Se collant le dos contre un mur, la jeune fille regarda vers les portes, il n'y avait personne. Derrières, les larges vitres automatiques dévoilaient une cour totalement vide. Fallait-il aller dehors ou rester à l'intérieur des bâtiments ? L'étudiante regarda à nouveau autour d'elles et très vite, elle vit une porte. Un local pour les femmes de ménage. Un étudiant venait d'y entrer, avec d'autres. « Y'a un local là bas » lança t-elle pour l'autre étudiante avant de jeter un coup d'oeil vers l'extérieur. Rien, pas un bruit. Maintenant. Courant aussi vite que possible, elle alla à toute vitesse en direction du local et face à la porte, cogna en murmurant « laissez-nous entrer ! » La porte s'ouvrit et les deux filles s'y engoufrèrent. Il y avait plusieurs étudiants, tous sur leurs portables en train d'envoyer des messages à leurs familles probablement. Murphy entra à toute vitesse dedans, cognant dans plusieurs étudiants au passage. Est-ce que quelqu'un ici pourrait se connecter à internet et savoir ce qu'il se passe ? Peut-être, mais en attendant, Murphy sentait son cœur s'emballer dans sa poitrine à toute allure.

Enfermées dans cette salle, Murphy est un petit peu perdue. Les gens sont tous terrorisés, mais ils sont tous sur leurs écrans à prévenir leurs proches. Elle se sent toujours aussi effrayée, mais davantage seule en ce moment même. Les gens sont silencieux, parfois on entend des nez renifler, parfois, tout semble s'arrêter lorsqu'un bruit se fait entendre provenant de l'extérieur. Murphy se trouve un bout de mur sur lequel elle semble se coller, et ne plus y bouger. Le temps lui semble long, elle n'a rien pour téléphoner, elle n'a rien pour prévenir qui que ce soit, elle n'a rien pour passer le temps. Elle est coincée ici, à attendre de savoir si elle sort ou non. Et si c'était ses derniers instants ? Passés dans un placard avec des gens qui pleurent face à des écrans ? Comment pouvait-elle leur en vouloir... après tout... n'est-ce pas elle, qui n'a pas de réaction normale ? La fille aux cheveux blonds de tout à l'heure s'approche d'elle, Murphy lui sourit timidement. Elle lui dit merci. Murphy arque un sourcil, elle ne comprend pas. Merci d'avoir trouvé ce placard ? Non, il ne fallait pas lui dire merci, elle n'avait rien fait. Et rien n'était encore fini. Si ça se trouve, ça n'était pas une bonne idée du tout. « Tu me diras merci quand on sera dehors, d'accord ? » demanda t-elle en replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Murphy » murmura t-elle tout bas, pour répondre à ses présentations. La jolie blonde de dix-huit ans sourit timidement en attendant que le temps passe. Le cœur battant, elle avait très peur, vraiment. Lily ne tarda pas à lui tendre son téléphone. Murphy la regarda sans comprendre et là, elle sentit son cœur se serrer à l'intérieur. Elle ne connaissait pas le numéro de son père. Elle l'ignorait complètement. Qu'il s'agisse de son portable, de la maison, ou de son bureau... et là, son cœur se serra si fort, qu'elle cru pleurer pendant quelques secondes. Elle baissa la tête, renifla et répondit tout bas « je n'ai personne a appeler » en souriant doucement à la jolie blonde pour la remercier de son geste, qui la touchait. Parce que bien évidemment, pas une personne ici n'était prête à lui céder son appareil une seconde. Les minutes défilaient et finalement, une voix dans ce placard se fit entendre « apparemment c'est... une fausse alerte... j'crois qu'on peut sortir » lança cette voix. Tout le monde se regarda sans rien dire et c'est une nouvelle fois Murphy qui s'approcha en première de la porte. Posant lentement sa main sur la poignée, elle ferma les yeux, prit une forte inspiration et ouvrit tout doucement la porte, le cœur battant la chamade. Et là, elle vit. Les étudiants de la bibliothèque étaient tous en train de marcher vers la sortie. Murphy ouvrit la porte en grand, croisant les regards des autres étudiants qui sortaient des étages vers les portes vitrées. L'un d'eux lui lança en voyant son incompréhension « ils ont arrêtés le mec, sortez ! ». Y'avait-il réellement un mec armé sur le campus du coup ? Murphy ne comprenait rien. Elle ouvrit la porte en grand et lança par dessus son épaule « c'est bon » avant de sortir du placard, presque expulsée par les étudiants derrière elle. Elle les laissa passer et avança lentement vers la table où elle se trouvait il y a encore moins d'une heure. Elle n'avait aucune envie de rester ici à étudier, mais elle voulait récupérer ses affaires déjà. Après... elle allait sûrement s'asseoir dehors, voir le soleil, et prendre quelques minutes pour se remettre.