that old feeling (arnaud)

Nahla ne travaillait pas aujourd'hui, elle avait donc pris la journée pour se faire un spa et se détendre comme il se doit. Ça lui faisait du bien de pouvoir relâcher la pression et prendre un peu de temps pour soi. Elle venait de sortir de son cours de yoga et elle avait décidé de piquer par le parc pour rentrer à la maison. Elle pensait déjà à ce qu'elle allait cuisiner, ça la faisait saliver d'avance. Même si elle est policière, elle ne peut pas nier que parfois, ça lui fasse peur de passer dans une ruelle ou encore dans un endroit malfamé. Bien que le parc soit éclairé par des lampadaires, elle regardait droit devant elle et elle avait appris à se concentrer sur les bruits, les pas, pour se mettre en alerte. La tête haute, elle passe devant un groupe de jeunes adultes qui la siffle, la laissant froide face à cela. Ce n'est que quand l'un d'eux lui fait une remarque assez déplacée, qu'elle s'arrête subitement. Non, elle ne va carrément pas toutes se les faire et les embarquer, déjà, elle n'a même pas son arme et elle est seule, même si elle garde son insigne toujours sur elle. Ça quand même du bon d'être de l'autorité, il y a des avantages. La rousse se recule de quelques pas pour leur faire face, bien qu'elle aurait pu continuer sa route, elle se sentait presque obligée de les confronter. La belle vient pour ouvrir ses lèvres, mais elle remarque qu'elle connaît l'un des garçons. « Arnaud ? » Ça avait presque l'air impossible, elle sentait son cœur se resserrer et débattre dans sa poitrine. Elle en fait presque un malaise, mais elle est figée, à le regarder. Il avait changé, étant devenu plus bâti, mais il avait toujours ce même visage, ce regard.

Ça t’amuse d’embêter les gens dans les bars quand t’es saoul, mais comme ça juste pour le plaisir dans le parc à la vue de tout le monde et aucunement sous l’effet de l’alcool – tu détestes ça. Tu restes donc là assis sur ce banc de parc à regarder ton portable à la recherche de quelqu’un avec qui discuter. En vain, y’a personne, pas même Finn que t’as vu que quelques fois, ni même Valentin que pour te faire chier. Tu le ranges donc dans ton jeans alors que t’entends tes amis s’exciter. Tu lèves les yeux en l’air puis croise tes bras sur ton torse en soupirant. Ce qu’ils peuvent être lourds. Tu te relèves, puis tu la vois. Bordel, cette fille tu la connais.. Un peu trop même. Sauf que t’es tout de même foudroyer par le roux de ses cheveux, sa silhouette. Tu comprends pourquoi tu l’as tant aimé à l’époque.. Maintenant t’es pas certain d’avoir envie de t’enfuir en courant ou de faire la discussion avec elle de façon civilisé. Oui t’es capable, mais t’es partagé dans tes sentiments. « Arnaud ? » Dit-elle alors que tu prends tes livres sur le banc et que t’es prêts à foutre le camp. « Tu la connais ? » Te demande même l’un d’entre eux. T’hoches la tête positivement et pousse tes copains qui se mettent dans ton chemin. « Nahla..Je m'attendais pas à te voir.. » Finis-tu par dire alors que tu te retrouves face à elle. Tu la regardes puis te racle la gorge mal à l’aise. Tu ne te souviens pas la dernière fois que vous vous êtes croisé, tout ce dont tu te souviens c’est que c’était de mauvais souvenir. « Tu tombes mal.. j’allais partir.. » Finis-tu par dire en détournant le regard et passant une main derrière ta nuque. Tu soupires puis relèves les yeux. Est-ce que c’était le moment où tu devais courir ?

Elle ne pensait pas qu'elle allait le retrouver, qu'un jour, ils allaient finir par se recroiser dans la rue ou dans un parc tout simplement. Elle dévisage légèrement les hommes avec qui il se trouve, préférant les ignorer et porter son attention sur son ex, à qui elle a fait du mal. « C'est drôle, mais tu ne semblais pas partir lorsque je suis arrivée. » C'est sûrement une excuse, une sortie pour prendre la fuite. Elle s'y attendait un peu, quoi qu'en réalité, elle s'attendît plutôt à ce qu'il injure et qu'il l'envoie balader. Elle l'avait trompé, elle avait pris son argent, et elle était partie sans rien dire. Elle n'avait jamais su la vérité, que c'était pour retrouver sa famille biologique, son frère, sa mère. Nahla n'avait même pas pu assister à l'enterrement de sa propre mère, et ça lui brisait le cœur d'avoir raté tout ça, et ses moments avec son jumeau. Il avait tellement grandi et il avait bien changé, chaque fois qu'elle y pense, ça lui fait un pincement au cœur. « Moi non plus.. je croyais que tu étais en France. Tu es encore en vacances ? » Ça semblait être une habitude dans cette famille, et elle était curieuse de savoir s'il est là pour une semaine ou plus que ça. Elle trouvait cela étrange de tomber sur lui, le revoir, après si longtemps, ça lui fait tout drôle. « Laisse-moi te raccompagner.. sans eux. » Elle attrape doucement le bras d'Arnaud pour qu'ils avancent un peu plus vite et elle finit par le lâcher, en sachant qu'ils n'étaient que tous les deux. « Alors.. raconte un peu.. »

« C'est drôle, mais tu ne semblais pas partir lorsque je suis arrivée. » Tu la regardes et te pinces les lèvres en hochant la tête. Non en effet tu n’étais pas tant sur le point de partir, mais la voir devant toi t’as fait te rappeler de mauvais souvenir. Tu soupires puis la regardes. « Non, t’as raison. » Finis-tu par dire. T’as l’habitude d’être honnête et dire ce que tu penses. Tu ne t’es jamais caché et ça n’allait pas être aujourd’hui que tu allais commencer. « J’suis pas certain d’avoir envie de converser avec toi Nahla. » Tu te souviens de ce moment comme si c’était hier. Tu es peut-être passé à autre chose dans ta vie, mais y’a tout de même des souvenirs plus douloureux que d’autre. Tu l’aimais, comme une fou et pourtant elle s’est bien foutu de ta gueule. T’es donc là devant elle à la regarder à tenter de garder ton calme, mais t’as du mal. « Moi non plus.. je croyais que tu étais en France. Tu es encore en vacances ? » Tu regardes au sol comme si tu étais désintéresser par la conversation puis lui réponds finalement : « Non j’vis ici maintenant.. » T’as envie de lui demander qu’est-ce que ça peut bien lui changer dans sa vie, mais t’essaie de rester polie. T’as pas non plus envie de faire un spectacle devant tes copains. En fait tu les connais, mais pas assez pour étaler ta vie personnelle, ton histoire avec Nahla devant eux. « Laisse-moi te raccompagner.. sans eux. » Tu grognes comme si tu te sentais obligé mais t’es aussi perplexe face à sa main qu’elle vient de poser sur toi. T’essaie de faire abstraction mais t’y arrives pas. Heureusement qu’elle l’ait enlever elle-même parce que sinon ça aurait été toi qui l’aurait retiré. . « Alors.. raconte un peu.. » Tu te mets à rire puis tu la regardes. « Raconter quoi ? Tu m’as détruit Nahla.. et maintenant tu crois que j’vais t’accueillir comme si il ne s’était rien passé ? » T’es calme malgré tout mais t’es prêt à bondir face à chaque mots qui sortiront de sa bouche.

En gros, il était surtout en train de la fuir, ce qui ne l'étonne pas tellement. Pour elle, l'eau a coulé sous les ponts. Ce n'est pas elle qui a été trahie, c'est vrai, mais ce n'est pas pour autant qu'elle a été fière de geste, cela dit, elle ne regrette pas vraiment. Elle aurait pu lui en parler à l'époque, peut-être qu'il aurait compris ou peut-être pas justement. Nahla soupire légèrement, il faudrait bien qu'elle finisse par s'expliquer, non ? C'est peut-être Dieu qui les a placés sur le même chemin pour justement tourner une page dans leur chapitre. Elle hoche la tête, et en plus, il vivait dans la même ville. C'était sûrement une blague. Elle pensait qu'il allait finir par repartir, alors que c'est définitif. Ce n'est pas ce à quoi elle s'attendait. Ils ne pourront donc pas s'éviter éternellement. Elle décide de s'éloigner avec lui, parce que sa vie personnelle ça ne regarde personne, encore moins ses amis, dont elle ignore tout. « Je sais bien.. » Finit-elle par avouer. Ils ne peuvent pas faire comme si rien n'était et honnêtement, elle préférait éviter le sujet épineux entre eux. « Tu es quand même passé à autre chose.. » Enfin, elle suppose, et elle dit surtout cela pour faire qu'il ne doit plus penser à cette vieille histoire. Nahla croise légèrement les bras et elle le regarde. « Tu n'as jamais cherché à savoir.. tu ne m'as jamais rappelé. » Dit-elle d'une voix douce et sans chercher à lancer la dispute. Elle n'a pas été sage, elle a fait quelque chose d'horrible et elle va sûrement le regretter jusqu'à la fin des temps ou plutôt, jusqu'à ce qu'il finisse par lui pardonner. Elle aimerait au moins pouvoir lui expliquer, mais elle sent de la tension de sa part et ce n'est pas ce qu'elle recherche.

« Tu es quand même passé à autre chose.. » Tu hoches la tête d’un côté puis de l’autre en pensant à ce qu’elle venait de dire. Oui, tu avais passé à autre, mais ça pris du temps et franchement si tu n’avais pas rencontré Valentin cet été là peut-être que tu serais resté sur la même histoire. Tu lui en a voulu et d’ailleurs tu lui en veut toujours. Tu la regardas sérieusement, n’ayant pas envie de lui sourire. « On va dire que j’ai fais du mieux que j’ai pu. » T’es froid avec elle et avec raison même. T’essaie vraiment de ne pas en faire un plat mais franchement la dernière fois que vous vous êtes vu on peut dire que ça c’est très mal terminé. Tu continues la regarder, mais t’as cette folle envie de foutre le camp et surtout de ne pas avoir cette conversation avec elle. Quoi qu’en même temps peut-être que cela pourrait t’aider à comprendre certaines de tes interrogations. C’est peut-être un mal pour un bien et après toutes ces années, tu devrais t’en être remis, non ? « Tu n'as jamais cherché à savoir.. tu ne m'as jamais rappelé. » Te dit-elle finalement calmement. Tu lèves les yeux en l’air. « C'est simple j'en avais pas envie.. T’aurais essayer de rappeler la personne qui t’as brisé le cœur pour savoir toi ? Bon sens Nahla.. si tu ne m’aimais plus il me semble que ça aurait été plus simple de me le dire. » Tu secoues la tête, grogne et te met à marcher dans l’autre direction.  Ce n’était plus une bonne idée, mais tu t’arrêtas au milieu de ta course. « L’argent j’en ai rien à foutre mais d’avoir couché avec un autre.. C’est celle-là que j’ai de la misère à digérer. Je te faisais confiance. Je t’aimais ! » Dis-tu en laissant retomber tes bras de chaque côté de ton corps.

Ça fait six ans maintenant, elle croyait qu'il serait moins vénère, pas autant qu'il était en train de le montrer. Nahla s'en veut déjà, elle n'a pas besoin de lui ou d'un autre pour la faire culpabiliser encore plus. Elle comprend très bien ce qu'il peut ressentir, enfin, en partie, elle n'a pas été trompée, mais elle se l'imagine bien. Elle soupire légèrement à sa phrase, ça n'allait pas être facile de se faire pardonner, mais ce n'est pas pour autant que la rouquine allait baisser les bras aussi rapidement. Être patiente, ça fait partie de son métier, même si ça peut être facile de perdre patience, ça n'a pas encore été son cas et elle n'espère pas perdre son calme un jour et péter un plomb comme certains policiers ou tout simplement, comme certaines personnes. « Ça n'a rien à voir avec l'amour que j'avais pour toi. » Et elle n'en avait rien à foutre de Max, du mec avec qui elle a couché, il n'était qu'un bouche-trou, rien de plus. Ce n'est pas qu'elle est sans sentiment, mais elle l'avait fait que pour elle, pour pouvoir lui briser le cœur et pouvoir partir sans qu'il la retienne. Nahla s'arrête de marcher en le voyant, c'est tout ? Il allait partir comme ça, encore dans une ambiance de merde ? Elle s'approche de quelques pas de lui, pas besoin de hurler pour que tout le monde s'en mêle ou fasse les curieux. « Je t'aimais aussi. C'est seulement que.. » Elle s'arrête de parler et soupire légèrement. « On peut s'asseoir pour en discuter calmement ? S'il te plaît.. » Le son de sa voix se veut toujours aussi doux.

 Tu l’aimais Nahla, plus que tout, mais elle t’a brisé le cœur. À croire que t’es maudit. Il n’y a vraiment aucune de tes relations amoureuses qui fonctionnent. T’es rendu à un point où tu demandes si tu es soit beaucoup trop gentil ou un réel problème. Après t’es tout de même capable d’être assez chiant.. parce que tout le monde sait que les garçon gentils c’est jamais ce qui a de mieux. T’es se gosse de riche qui n’est pas vraiment ce qu’il devrait être. Alors oui, t’es probablement trop gentil pour ce que tu devrais être. « Ça n'a rien à voir avec l'amour que j'avais pour toi. » Tu te mets à rire. En fait t’as pas su te retenir. T’es partagé entre le stress et l’amertume de la situation. « Je t'aimais aussi. C'est seulement que.. On peut s'asseoir pour en discuter calmement ? S'il te plaît..» Tu lèves les yeux en l’air. Tu lui dois peut-être ça d’écouter ses excuses, ou peut-être est-ce plutôt la curiosité qui s’empare de toi. Tant qu’à avoir garder ce poignard dans ton cœur, autant qu’elle termine de le tourner, après tu pourras rapidement oublier cette histoire. « C’est pas comme si j’en avais vraiment. Mais vas-y je t’écoute ça l’air tellement important pour toi de m’expliquer ce qui s’est passé. » T’es froid et distant, mais tu prends finalement place sur ce banc de parc. Tu n’oses pas la regarder. T’en a pas envie. Tu lui en veux et surtout tu ne comprends même pas comment cela se fait que ce soit si important pour toi de se justifier. T’es même pas certain d’avoir envie de lui pardonner ce qui s’est passé. Ses raisons ont besoin d’être valables. Déjà ça commence bien mal, il semblerait que cette histoire de couchette ne soit pas ce qui en est.. Comment peut-on aller voir ailleurs en ayant vraiment des sentiments pour une autre personne. Étais-ce si difficile de contrôler ses pulsions ? .

 Même si la rousse garde son calme, ses mots lui donnent presque pas le choix de rester et d'aller s'asseoir sur ce banc pas loin d'eux. Elle est presque convaincue qu'il a besoin de réellement tourner la page et qu'elle lui doit des explications. Elle ne peut pas croire qu'il n'a pas envie de savoir de ce qu'elle a à lui dire, il a dû vraiment se poser des millions de questions pour connaître ce qui lui avait bien pris d'avoir couché avec un autre et d'avoir agi comme une traînée. Nahla a besoin de vider son sac une bonne fois pour toute, même si ça fait six ans, cette histoire est toujours sur sa conscience. Elle soupire légèrement, calme, mais pas aussi patiente qu'il veut bien le croire quand même. Elle s'installe à son tour en le regardant, même s'il a détourné le regard, ça ne change rien, tant que ses oreilles sont grandes ouvertes, ça lui va parfaitement. « Mes parents adoptifs refusaient de me payer le voyage jusqu'à la Nouvelle-Zélande et je crois que j'étais tellement frustré que j'ai préféré me venger sur toi. Inutile de dire que j'aurais dû t'en parler. À la fin de notre relation, c'était surtout pour ton argent, enfin, mon cœur y était toujours, mais mon ambition de revenir dans ma ville natale a pris le dessus, sur tout le reste. » Elle prend une légère pause, pour lui laisser le temps d’assimiler les informations. Elle l'aimait au moment même où elle avait quitté le pays pour Island Bay. Elle avait vendu certains de ses cadeaux, parce que même si elle avait le billet, il lui fallait de quoi pour avoir un appartement, de la nourriture, et pouvoir s'inscrire à l'académie de police. « Je t'ai trompé pour justement me séparer de toi, parce que je n'allais pas revenir.. et je ne voulais pas que tu tentes de me convaincre du contraire. » Elle détourne un peu le regard, elle a tout de même un pincement au cœur, même si c'est rendu de l'histoire ancienne. « La raison de tout ça, c'était pour retrouver ma famille biologique, mon jumeau, ma famille.. » Elle baisse doucement la tête, ça la libère d'un poids, ça le rend triste en même temps.