Un renouveau [Feat. Helsie Mikaelson]

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Ces derniers mois ont été compliqué pour l'italien, entre son opération, son ex-femme qui fait sa réapparition. Son quotidien a été chamboulé de toute part, mais ça lui a au moins permis de se rendre compte d'une chose : que la vie qu'il menait actuellement n'était pas celle dont il avait rêvé. Certes la concession automobile qu'il avait créé en arrivant à Island Bay, c'était son bébé, et même si son boulot lui plaisait, il avait besoin de renouveau. Il faut parfois croire qu'échapper à la mort permet de remettre ses priorités dans sa vie. Et c'est exactement ce qu'il s'apprête à faire.

Dans un premier temps, il va essayé de se renseigner pour savoir s'il a encore assez de compétences et s'il n'a pas perdu la main pour reprendre du service soit dans un commissariat soit dans l'armée. Suite à quoi, s'il obtient les informations qu'il attend, il cherchera une personne de confiance pour reprendre son entreprise et la faire perdurer encore quelques années, et surtout, il va quitter son poste d'investisseur chez Vogue. Cela fait sept ans qu'il investit dans cette société et il n'en a été que très rarement déçu, mais il est temps pour lui de tourner la page une bonne fois pour toute, et de vivre pleinement ce qu'il a rêvé durant toutes ces années mais dont il s'est interdit pour diverses raisons.

Sasha avait donc envoyé un mail pour prévenir les gérants de la société qu'il tenait à faire une réunion afin d'avertir en bonne et due forme son départ de la société. Même s'il n'était qu'investisseur, il faisait aussi parti de la société, c'est lui qui avait donné certains fonds pour telle ou telle chose, donc même si c'était qu'infime par rapport aux employés à temps plein, il faisait parti des effectifs.

Se rendant dans les bureaux de Vogue, il venait de terminer sa petite réunion pour annoncer son départ. Certains avaient l'air plutôt content, d'autres tristes et puis certains prenaient cela par dessus la jambe puisque ça ne leur faisait ni chaud ni froid. En revanche, il y a bien une personne que ça arrangeait, cette fameuse jeune femme nommée Helsie. Dès l'arrivée de Sasha, elle l'avait détesté. Il n'avait pourtant rien fait pour, il avait même essayé de se montrer compréhensif, de faire tout ce qui était en son pouvoir pour montrer qu'il n'était pas un connard de première, mais ça ne semblait pas avoir suffit, alors il avait lâché l'affaire. Après tout c'est comme partout, on ne peut pas aimer tout le monde, et tout le monde ne peut pas nous aimer. Étant donné qu'il n'était là que de temps en temps, Helsie n'avait pas à le supporter au quotidien alors ce n'était qu'un moindre mal.

Sortant de la salle où il venait d'annoncer, il vit la jeune femme en question. Il aurait très bien pu l'ignorer et ne rien dire, mais c'était plus fort que lui.

" - Vous allez pouvoir vous réjouir, enfin c'est déjà fait vu le sourire que vous avez sur le visage, vous ne me verrez plus dans les parrages. Mais maintenant, j'aimerai savoir quelque chose, qu'est-ce que je vous ai fais au juste ? Pourquoi vous me détestez à ce point là ?" demanda-t-il en remettant les papiers qu'il tenait sous le bras en place pour qu'ils ne tombent pas.

Dans ses souvenirs, il n'avait pourtant rien fait de mal, mais c'était peut-être involontaires, un mot ou un geste avait froissé la jeune femme. Il avait besoin de savoir, mais quelque chose lui disait qu'il allait rester dans l'ignorance.

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Depuis que je travaillais pour le magazine Vogue ; soit depuis la fin de mes études de journalisme ; de nombreux investisseurs s’étaient succédé. Certains étaient encore là, d’autre n’avaient fait que passer, d’autres arrivaient et certains s’en allaient. C’était le cas de Lazlo, je m’excuse mais je n’ai pas la mémoire des noms de famille. Lazlo, ou le bel italien. Dès le moment ou je l’avais aperçu dans les couloirs du journal, je l’avais pris en grippe. Il ne m’avait rien fait à dire vrai, mais voilà, il ressemblait comme deux goûtes d’eau à Andy, le salopard qui m’avait agressé quelques douze années auparavant. Celui par la faute de qui, j’avais perdu ma mère, celui par la faute de qui, je m’étais retrouvé à déménager sur cette île du bout du monde ou je ne connaissais personne. Résultat, quand je voyais l’italien, mon passé ressurgissait. Je ne pouvais apprécier une personne qui me rappelait le pire souvenir de mon existence. Ce jour-là, il nous avait demander de nous rassembler dans la salle de réunion. Je pensais qu’il allait nous annoncer l‘arrivée prochaine de nouveaux investisseurs ou quelque chose dans ce gout-là. Ou alors une réduction de personnel. Je dis ça, parce que pas plus tard que la semaine dernière, une fille de mon service s’est fait mettre à la porte. Cependant, je ne suis pas certaine qu’il s’agisse d’une réduction de personnel, je crois plutôt qu’elle à fait une faute grave et que c’est pour cette raison que la grande patronne lui à demander de faire ses cartons. Mais, les réductions de personnel, c’est à la mode en ce moment, on en entend tous les jours aux informations du soir, voilà pourquoi j’ai pensé à ça en premier. Mais j’étais bien en dessous de la vérité. Car, ce qu’il voulait nous dire, c’était qu’il partait. Une bonne nouvelle pour moi et je n’ai d’ailleurs pas réussis à masquer le grand sourire sur mon visage, à cette annonce. D’ordinaire, je suis une gentille personne, bienveillante et tout et tout, aussi, ça ne me ressemble pas ce genre de chose. Mais tout le monde dans ce journal ignore les raisons qui nous ont poussé, mon père et moi, à venir vivre à Island Bay il y a douze. Tout le monde l’ignore et c’est très bien comme ça, car je ne veux pas que ça se sache. La réunion terminée, je tente de filé à l’anglaise, comme la crème, bref, de retourner dans mon bureau comme si de rien n’était, mais voilà, lorsque l’on veut se faire discret, on ne voit plus que nous et quand je passe à côté de lui, il m’interpelle. Merde, pas de chance. J’ai envie de disparaitre sous la terre, à l’écoute de ses paroles, de me liquéfier sur place, de m’envoler, mes pieds restent bien ancrer sur la moquette. Je deviens rouge comme un gratte cul alors que je baragouine quelque chose qui ressemble à « Mais oui, mais non, mais quoi, mais pas du tout ! » avant de baisser le nez sur mes chaussures, aussi rouges que mon visage. Tiens donc, il y a à une tâche noire sur le pied gauche, de l’ancre sans doute.

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Sasha n'a jamais été une mauvaise personne, comme tout le monde, il a fait des erreurs, mais il n'a jamais blessé quelqu'un volontairement. Bien au contraire, il avait toujours mis un point d'honneur à aider les personnes dans le besoin. Il s'était porte bénévole dans pas mal d'associations ou autres, mais il faut croire que malgré ses engagements, les personnes finissaient toujours par se fier à ce qu'il dégageait comme impression.

C'était la même chose lorsqu'il était arrivé chez Vogue, il y a de ça plusieurs années. Il avait donné de son temps, de son argent surtout, pour essayer de faire avancer au mieux les choses. Il avait donné son avis, avait participé aux projets en cours, il avait tout fait pour que ce dernier soit le plus percutant possible. L'argent n'avait jamais été un critère pour lui, et pourtant, bon nombre de personnes l'avaient considéré comme un parfait connard lorsqu'il avait mis les pieds dans la société. Costume, cravate, friqué il ne suffisait pas de beaucoup plus de choses pour être considéré comme tel.

Au départ, il avait tout fait pour retirer cette étiquette qui lui collait à la peau, puis, avec les mois qui s'écoulaient, voyant que ses efforts étaient réduits au néant, il avait cessé de chercher à se défendre, il avait laissé dire. Et en écoutant les ragots, il avait entendu pas mal de critiques à son sujet. Même si ça l'avait toujours blessé, il était passé au-dessus et avait continué de vivre comme il en avait l'habitude.

Mais cette fois-ci, l'italien était bien déterminé à laisser toute cette sombre époque derrière lui, il avait besoin de tourner la page une bonne fois pour toute, mais pour cela, il fallait qu'il fasse certaines choses avant de reprendre complètement sa vie en main, notamment quitter la société dans laquelle il avait fait sa place durant sept ans. Alors ce n'était pas de gaieté de coeur qu'il avait pris cette décision, mais elle faisait partie du renouveau dans lequel il comptait évoluer à présent. Sasha avait donc demandé à convoquer le personnel afin d'annoncer lui-même cette nouvelle. Oui il aurait pu se défiler, mais il n'était pas de ce genre là.

Après cette fameuse réunion, bon nombre d'employés s'étaient empressés de quitter la pièce, tandis que d'autres préféraient discuter entre eux avant de retourner au travail. Désormais, c'était officiel, Sasha ne faisait plus parti de la société, mais il ne comptait pas décamper aussi rapidement, il lui restait encore un point à éclaircir, notamment celui de la jeune Helsie. Il avait besoin de savoir pourquoi elle s'était toujours comporté ainsi avec lui. Par chance, elle était seule dans le couloir, il se décida à sauter sur l'occasion pour obtenir cette explication qu'il attendait depuis sept ans.

" - Hey.. Du calme.. Respirez, il ne vous arrivera rien. Je voudrais juste savoir ce que je représente pour vous pour que vous ayez toujours agis comme si je m'étais comporté comme un salaud avec vous. Je ne sais pas ce que je vous évoque, mais je n'ai jamais cherché à vous faire le moindre mal, et si c'est le cas, j'en suis sincèrement désolé.."

La perspective d'avoir blessé quelqu'un sans même s'en rendre compte pouvait facilement rendre malade le jeune quadra. Il avait toujours fait passer les autres avant sa propre personne, et là, il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir que quelque chose perturbait la jeune femme. Sans la toucher, il baissa sa tête de sorte à croiser son regard. Il avait enfin qu'elle l'affronte, qu'elle le frappe si elle en avait envie mais il avait besoin de savoir ce qui semblait tant l'agiter.

" - Mademoiselle Mikaelson.."

Heureusement pour lui, il avait toujours eu une bonne mémoire de noms, sauf avant son opération, et il en avait encore quelques séquelles d'ailleurs, bien qu'il n'en ai jamais parlé.

" - Je peux vous appeler Helsie ?"

Et sans même attendre une réponse, il osa tout de même l'appeler par son prénom.

" - J'ignore ce que vous avez vécu, ni même ce qui vous fait autant souffrir, mais je ne suis pas là pour vous blessez, ça n'a jamais été mon objectif.. Je pense que.. La personne qui vous a fait autant souffrir ne mérite clairement pas d'être encore de ce monde, mais si elle l'est, je vous conseille d'aller parler de tout cela à quelqu'un, vous avez besoin d'une oreille pour vous écoutez. C'est la seule solution si vous comptez tourner la page sur cet événement. Je sais que ça n'a rien de facile, mais il vous faut le faire si vous voulez pouvoir avancer. Vivre dans la peur n'est pas une option possible."

Et là-dessus, même s'il n'en avait pas fait référence, il savait de quoi il parlait. Il avait toujours vécu pour les autres, sans se préoccuper de son bien-être à lui. Aujourd'hui il se rendait compte de tout ce à côté de quoi il était sans doute passé, notamment son avenir professionnel. Il espérait que ces paroles allaient faire réagir la jeune femme, peu importe qu'elle se mette en colère, à le frapper, à l'insulter, il avait besoin qu'elle réagisse.

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Je ne pensais vraiment pas que cet homme, enfin Sasha puisque tel était son prénom, s’intéresserait de savoir pourquoi je prenais la fuite et agissait de façon étrange chaque fois que je le croisais. C’est vrai, dans cette boîte, j’étais toujours la dernière informée sur tout, j’étais invisible. Oh, ça ne me dérangeait pas, bien au contraire, j’ai toujours préférée être ainsi. Voilà pourquoi j’étais surprise qu’il s’inquiète de savoir pourquoi je pensais mal de lui, sans le connaitre vraiment. Peut-être qu’il voulait le savoir uniquement parce qu’il s’en allait ? Je l’ignorais, je n’ai jamais réussi à savoir ce qui pouvait se passer dans la tête des gens. Si j’en avais été capable, je n’aurais jamais fait confiance au premier garçon avec qui j’étais sortie, c’était évident. Depuis, je me méfiais de tout et de tout le monde ; même de ma patronne ou des gens que je croisais dans les rues d’Island Bay. Mais avec Sasha c’était encore pire, parce qu’il ressemblait comme deux goutes d’eau à ce garçon. C’était troublant et c’est pour cette raison qu’il me faisait peur. Je ne le détestais pas. Je ne suis pas comme ça, je ne déteste personne, on ne peut pas mépriser une personne dont on ne connait rien. Evidement, il y a toujours des gens avec qui on s’entends moins bien que d’autres et c’était bien sûr mon cas, mais je ne les détestais pas pour autant. Je me contentais de les éviter, tout simplement. Mais parfois, c’est difficile d’éviter quelqu’un ou une situation particulière. Et là, j’aurais tout simplement aimé être n’importe où, sauf dans cette salle de réunion d’où je n’avais pas été suffisamment rapide à sortir. Maintenant, j’étais coincée et je ne savais pas comment me sortir de cette impasse. Lorsque l’homme me questionna je baragouinais quelque chose sans queue ni tête, effrayée. Pour sûr, il devait me prendre pour une cinglée. Il me proposa de respirer pour me calmer, mais ce genre de chose n’avait marcher sur moi. J’ai essayé la méditation et le yoga pour me calmer, mais rien à faire, après une séance ; même très coure ; je suis encore plus sur les nerfs. Une vraie pile électrique, sauf que chez moi, ça ne se manifeste pas comme chez les autres, je suis juste tétanisée au lieu d’être hyperactive. Et quand il me demande de me calmer, je me ratatine sur place. « Non, ce n’est pas ça ! » dis-je, la gorge sèche, que je réponds, lorsqu’il me demande pourquoi j’agis comme s’il s’était comporté comme un con avec moi, ce qui n’a jamais été son objectif. Au fond de moi, je sais qu’il n’est pas l’autre, qu’il est quelqu’un de bien, mais voilà, il lui ressemble tellement que j’ai mal au ventre lorsque je le croise. Il se permit de m’appeler par mon prénom ; j’ignorais qu’il le connaissait ; mais même si j’avais refusé, je ne pense pas que ça aurait eu le moindre impact. A l’évidence, c’était important pour lui de savoir ce que j’avais en tête et j’étais doublement surprise. C’est vrai, il venait d’annoncer son départ, alors en quoi était-ce si important pour lui. C’était tellement rare qu’on me montre un peu d’intérêt. Je pris un profond soupire, autant lui dire la vérité. Non pas que ça me soulagerait, mais au moins, il comprendrait. « J’ai été agressé quand j’avais seize ans et vous lui ressembler ! » dis-je, mal à l’aise. Là, s’il ne me prenait pas pour une cinglée, c’est évident que ça allait être le cas. Il reprit la parole pour me dire que je devrais en parler. « Je l’ai déjà fait, ça ne sert à rien ! Je prends même des cours de self défense et de boxe, et là encore, ça ne sert à rien ! La vérité, c’est que depuis ce qui s’est passé, j’ai peur de tout, même de mon ombre ! » racontais-je, toujours aussi peu à l’aise. Il avait raison, ce type ne méritait pas que j‘ai toujours peur de lui aujourd’hui, mais j’ai toujours été sensible. Petite, même si j’allais facilement vers les autres, la moindre contrariété me mettait dans des états pas possibles, ça c’est simplement amplifier à la suite de cette histoire.

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Sasha savait parfaitement que parfois, le simple fait qu'il débarque dans une pièce suffisait à ce que le brouhaha cesse. Il avait toujours eu une certaine prestance, mais il ne faisait pas grand chose pour la cultiver. Disons qu'il laissait le naturel agir. Quand on ne le connaissait pas, la première impression qu'il renvoyait c'était d'être un homme froid, hautain et autoritaire. Au fond, il n'était absolument pas tout ça, mais il fallait apprendre à le connaître pour savoir que la première impression sur lui était fausse.

D'aussi loin qu'il se souvienne, le jeune homme avait toujours été de nature généreuse, il n'avait jamais rechigné à donner à des associations pour aider les enfants malades, ou bien même les personnes qui n'ont pas de maison. Il n'avait jamais hésité à donner de sa personne pour aider les autres, mais une fois de plus, ce n'est pas quelque chose qui se voit au premier coup d'oeil. Il ne cherche pas pour autant à le cacher, ni à le crier sur tous les toits. Ce n'est pas de la reconnaissance qu'il cherche, il veut juste un peu humain, ce qu'il manque à beaucoup de personnes, voilà pourquoi la société part lentement en lambeau.

Alors évidemment, lorsqu'il avait vu cette jeune femme, Helsie, il n'avait pas pu s'empêcher de remarquer cette crainte qu'elle semblait lui vouer. Avait-il fait quelque chose sans s'en rendre compte ? Avait-il agit d'une manière qui lui avait déplu ? Il avait besoin de le savoir, parce qu'il ne supportait pas l'idée d'avoir pu blesser quelqu'un involontairement, et encore moins cette demoiselle qui semblait plus que fragile. C'était sa nature généreuse et à l'écoute qui ressurgisait et il savait qu'il n'obtiendrait sans doute pas gain de cause, mais au moins, il aura essayer et c'est déjà une bonne chose.

Seuls dans la salle de réunion, il essayait tant bien que mal de lui arracher les vers du nez. Pourquoi agissait-elle ainsi en sa présence ? Certes, il n'avait jamais rien fait pour la mettre à l'aise, puisqu'on n'avaient jamais eu l'occasion de discuter ensemble, mais cette fois-ci, il comptait bien le faire. Peut-être qu'il faisait parti d'une grosse société, où bien souvent les employés n'étaient que des numéros, mais l'italien avait toujours mis un point d'honneur à tous apprendre à les connaître, en tout cas, connaître leur prénom respectif. Et c'est comme ça qu'il avait appris le sien.

Après plusieurs minutes de bataille, elle finit par lui avouer la raison pour laquelle elle l'avait toujours évité. Il ne pouvait lui en vouloir, bien que la situation soit différente pour lui, mais malgré les années qui avaient passé, il ne pouvait être complètement serein lorsque quelqu'un le touchait au niveau du torse, parce qu'il avait toujours cette crainte qu'on vienne le faire souffrir, comme l'avait fait son oncle en écrasant des cigarettes sur ce dernier. Dans le cas présent, ce qu'il voulait, c'était simplement aider la jeune femme à aller mieux. Est-ce qu'il en avait les pouvoirs ? En tout cas, ça valait le coup d'essayer, de lui montrer qu'elle en valait la peine et qu'elle devait aller de l'avant, tout comme lui avait essayé de le faire durant un bon nombre d'années.

" - Je comprends parfaitement ce que tu ressens.. Écoute-moi.. Je sais que rien ne t'y oblige, mais j'aimerai t'aider. Je sais ce que c'est que de vivre dans la peur au quotidien, et ça finira par te ronger si tu continues de vivre comme ça. Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais tu dois aller de l'avant, tu dois réapprendre à vivre. Ce qui t'es arrivée, jamais tu ne l'oubliera, mais tu dois apprendre à vivre avec maintenant."

Sans même s'en rendre compte, il s'était mis à la tutoyer, parce qu'il savait ce qu'elle pouvait ressentir et il se sentait d'autant plus concerner par le mal qui songeait la demoiselle. Elle avait les cartes en main, à elle d'accepter ou de refuser la main tendue qu'il lui avait proposé.

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Souvent, les avis que l’on se fait sur les gens sont faux. On ne cherche pas à se connaitre, on se fait un avis rien qu’en regardant la façon d’être des autres. Je sais parfaitement comment les gens d’ici me perçoive, comme une coincée qui ne sait pas se fringuer et qui n’a bien évidement pas sa place au sein de la rédaction de Vogue Magasine. Seulement, je ne suis peut-être pas à la pointe de la mode mais au moins, moi, quand je grimpe ou quand je descends les escaliers, je ne donne pas l’impression que je vais me rompre le cou à toutes les marches. Pour autant, que je sache, je ne sais rien de ses filles, mais parce qu’elles sont constamment juchées sur des talons aiguilles et couvertes de maquillage, je me dis que pour elles, seule l’apparence compte. Mais dans le fond, peut-être que l’une d’entre elles est fatiguée et qu’elle cache ses cernes sous une tonne de fond de teint. Qu’une autre se fait cogner dessus par son mec et qu’elle se maquille pour que l’on ne voit pas que le noir autour de ses yeux est dû à un coup. Bref, comme tout le monde, je juge sans savoir. Et comme tout le monde, j’ai tort d’agir comme je le fais. Je le sais, mais c’est malheureusement, je suis comme tout le monde. On passe à côté des gens sans les connaitre, sans s’intéresser à eux et c’est moche, je trouve. C’est pour cette raison que je n’ai jamais chercher à voir plus loin que le bout de mon nez concernant Sasha. Et maintenant, il s’en va alors je ne saurais sans doute jamais rien de lui. Mais voilà, il me parle, il veut savoir pourquoi je semble le détesté alors qu’il ne m’a rien fait. Ou du moins, si c’est le cas, ce n’était pas volontaire. Je pourrais passer mon chemin, mais le fait qu’il s’en aille et que je ne le connaisse pas me pousse à lui avouer la vérité. Je suis prête à parié ma chemise de nuit qu’il s’attendait à tout sauf à ce que je lui révèle. Moi, je m’attends à ce qu’il me prenne pour une folle ; après tout je l’ai évité tout ce temps simplement parce qu’il ressemble comme une goute d’eau à un fantôme de mon passé. Mais, encore une fois, je me trompe sur toute la ligne, parce qu’il semble comprendre. Il m’explique qu’il comprend ce que je ressens parce qu’il sait ce que c’est que de vivre dans la peur. Je l’avoue, je ne l’avais pas vu venir et cette simple phrase me détends. Je ne suis plus sur la défensive, je me sens plus légère. Je sais que je suis sotte de l’avoir éviter juste parce qu’il ressemble à mon agresseur, mais il y a des choses que l’on ne peut contrôler même avec toute la volonté du monde. « Vous semblez en savoir beaucoup sur le sujet ! » que je réponds, d’une voix sèche, sans m’offusquer de sa familiarité. Après tout, je suis plus jeune que lui, et, il y a encore quelques minutes, il était mon supérieur. Je n’ai pas accepté qu’il m’aide, parce que je ne le connais pas, mais il m’intrigue. J’aimerais savoir pourquoi il sait ce que je traverse, mais je me doute que ça ne doit pas être un souvenir facile à raconter. Comme le mien.

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Sasha est le genre de personne à vouloir aider tout le monde, même s'il est conscient que tout cela est purement utopique. Et pourtant, il y met un point d'honneur. Il n'est pas du genre rancunier et n'hésite pas à aider même les gens qui l'ont enfoncé plus bas que terre. Il a trop de bonté en lui et ça causera sa perte tôt ou tard, il le sait, mais il continue à venir en aide à toutes les personnes qui en ont besoin.

Devant cette gamine, parce que oui, par rapport à lui, c'est une gamine et c'est sans doute aussi cette différence d'âge qui fait qu'il se dit que dans un autre monde, elle aurait pu être sa fille. Il agissait comme avec Nina, parce que c'était plus fort que lui tout simplement. Helsie le déstabilisait plus qu'il ne l'aurait cru dans un premier temps. Il s'était dit qu'en lui prouvant que ses intentions n'étaient pas mauvaises, elle finirait par se confier à lui. Elle l'avait certes, mais pas assez à son goût. Alors il s'était appuyé sur sa propre expérience, espérant que ça suffise à la convaincre qu'elle n'était pas la seule dans une telle situation, mais même ça, semblait la dépasser.

Le timbre de sa voix était son équivoque, pour une fois, l'italien devait voir la vérité en face, elle refusait son aide et continuer d'insister pourrait être perçu comme du harcèlement. Alors il allait devoir rentrer chez lui, penser à cette jeune femme qui était mal dans sa peau et qu'il n'avait pas pu aider. Il réfléchit à toute vitesse, essayant de trouver une solution. C'était sa dernière carte et s'il se loupait, alors c'était la fin pour lui.

" - Si j'en sais beaucoup à ce sujet, c'est parce que tout comme toi, j'ai vécu certaines choses dans ma vie qui l'ont fait devenir ainsi. Des années après je n'en suis toujours pas guéri, mais j'ai essayé d'apprendre avec. Alors ce n'est pas facile tous les jours, il y a des fois où tu sombreras, où tu te demanderas pourquoi toi, puis d'autres jours où tu te sentiras pousser des ailes."

Il s'arrêta, histoire de lui laisser digérer ce qu'il venait de déballer. C'était le moment où jamais, l'italien se tourna afin de s'assurer qu'il n'y avait aucune oreille qui pouvait entendre ce qu'il s'apprêtait à lui dire.

" - Quand j'étais gamin, j'ai été battu durant des années par mon oncle. Mes parents sont décédés quand je n'avais que cinq ans, alors c'est lui qui a récupéré ma garde. Il était constamment ivre et consommait toute somme de drogues, sans compter les prostituées ou même les filles de passage qu'il ramenait. J'ai vécu dans cette peur pendant plusieurs années, jusqu'au jour où, j'y ai mis fin.."

Il ne lui révélait pas bien sûr le fait qu'il avait tué son oncle. En soit, il savait que c'était de la légitime défense, mais il ne pouvait pleinement s'y résoudre.

" - Alors si aujourd'hui je parais être cet homme sûr de lui et arrogant, c'est parce que j'ai enfilé un masque que je porte au quotidien, mais il suffit de creuser pour savoir que je ne suis pas ce type là. Crois-moi, tu peux le faire toi aussi, il faudra juste que tu sois patiente. Mais si tu le veux, je pourrais t'épauler. Tu as les cartes en main, soit tu me dis oui et je reste, soit tu me dis non et je disparais et tu ne me reverra jamais je te le promets."

Et même si Helsie ne connaissait pas Sasha, elle pouvait être sûr que lorsqu'il promettait quelque chose, il tenait toujours ses paroles.

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Depuis ce qui m’était arrivé, quelques quatorze ans plus tôt, j’avais essayé toutes sortes de choses. J’avais été voir plusieurs thérapeutes, sans succès. J’avais suivi des cours de boxe, de self défense, sans succès également. J’étais bien forcée de constater que rien de ce que je faisais ne fonctionnait, alors j’avais laissé tomber. A quoi bon insister puisque chaque fois que je faisais quelque chose pour aller mieux, il y avait toujours un problème ? Je ne suis pas le genre de personne à baisser les bras, à abandonner facilement, mais là, j’étais dans l’impossibilité de faire autrement. Ou alors, je ne le souhaitais pas plus que ça. C’était plus facile de vivre comme je vivais, c’est-à-dire dans la peur des autres et de l’inconnu de façon général, parce que ça me protégeait. En refusant la compagnie des gens et plus particulièrement des hommes, en préférant rester seule tout le temps ; ou presque tout le temps ; je me protégeais des moments difficiles. Et d’une certaine façon, oui, c’était plus facile comme ça. Sauf que j’avais conscience qu’il avait raison. Vivre de cette façon-là, ça me bouffait l’existence, je me sentais mal dans ma peau, triste. Alors que, quand je liais connaissance avec quelqu’un, si je mettais ma peur de côté, je me sentais bien. Avec Fabian, je me sentais bien. Il me faisait rire et j’aimais nos conversations. Alors, peut-être que je devrais apprendre à vivre avec mes peurs et mes doutes, cesser de les cacher et de les combattre et en parler. Ça serait peut-être plus facile. Mais pour le moment, c’était plus facile à dire qu’à faire. Sasha semblait être près à m’aider, mais bien sûr, j’avais encore des doutes, tout simplement parce que je ne le connaissais pas du tout. Alors, certes, les thérapeutes que j’ai rencontré dans le passé, je ne les connaissais pas non plus, mais c’était leur travail que de m’aider. Ce n’est pas le cas de cet homme, alors je me demande bien pourquoi il serait près à prendre de son temps pour aider une fille qu’il ne connait pas. J’aimerais le savoir et la meilleure façon de le savoir, c’est de le lui demander. Toutefois, comme je ne suis pas une personne qui manque de tact, je lui fais simplement remarquer qu’il semble savoir de quoi il parle. Et le voilà en train de m’expliquer, qu’il a été battu par son oncle ; jamais je n’aurais imaginé une telle chose ; et qu’il a essayé d’apprendre à vivre avec sa peur. En gros, tout le contraire de moi, alors, j’ai sans doute beaucoup à apprendre de lui. « J’ai suivi plusieurs thérapies pour essayer d’aller mieux, j’ai même pris des cours de boxe pour me sentir mieux. Mais il y à toujours quelque chose qui me ramène à cette nuit-là. Je n’arrive pas à m’en débarrasser. » expliquais-je. « Comment est-ce que vous avez fait ? » je lui demande alors. Après tout, il veut m’aider, alors je peux bien lui poser cette question en toute innocence.

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Sasha n'a jamais été un homme heureux, hormis peut-être quand il était avec sa femme. Mais tout ce bonheur lui a rapidement échappé des mains sans qu'il ne puisse faire quoique ce soit. C'était comme si sa vie s'était arrêté durant des années. Et ses traumatismes de l'enfance ne l'avaient jamais aidé à être un homme pleinement heureux. Les cicatrices sur son torse qu'il ne montrait jamais, le fait qu'il ne supporte pas qu'on touche son torse, parce qu'il a cette douloureuse impression que chaque geste porté à cet endroit sera aussi douloureux que ceux que son oncle a porté sur lui durant plusieurs années. Il s'était totalement enfermé dans une bulle et encore aujourd'hui, il ne montrait que rarement l'homme qui se cachait derrière son armure.

Aux yeux des autres, c'était bien plus simple de montrer l'assurance et le charisme qu'il dégageait au premier regard, plutôt que cet homme totalement détruit et brisé qu'il était réellement. Il avait essayé de remonter la pente. À plusieurs reprises même. Mais au final, des années après, il n'était pas encore guéri, et il ne le sera très certainement jamais. Un enfant n'oublie jamais ce qu'il a pu endurer durant les années où il se construit. Ce sont les années charnières pour la vie d'un être.

Alors évidemment qu'il comprend ce qu'Helsie vit. Cette peur qui lui tord les entrailles dès lors que la nuit tombe. Cette peur qu'elle nourrit à l'égard de tous les hommes qui pourraient éventuellement lui adresser la parole pour la charmer. Parce que même si Sasha n'était pas sous son charme, il ne pouvait nier sue c'était une jolie jeune femme, et si elle arrivait à faire abstraction de sa peur, elle trouvera facilement un homme qui saura la rendre heureuse. C'est une certitude. Mais c'est aussi beaucoup plus simple d'y songer que de le vivre réellement. Il suffit de voir où est-ce qu'il en est depuis son divorce.

La seule solution pour que la jeune femme se laisse aider, c'est de lui prouver que lui aussi est passé par là, qu'il sait de quoi il parle, et pas simplement pour faire le beau et espérer quelque chose. À la suite de la révélation qui lui fait, aucun mot ne rompt le silence qui s'est installé. L'italien sent simplement regard de son interlocutrice sur sa personne, mais il n'ose pas affronter son regard. Pas pour le moment. Il est encore perdu dans ses pensées d'enfant.

Une fois qu'il a réussi à se ressaisir, ses yeux se posent sur le visage fin mais terne d'Helsie. Il se demandait à quel point un simple sourire sur ce visage la rendrait tout simplement irrésistible pour la gent masculine. Puis, elle lui pose la question logique après la confession qui lui a faite. Comment s'en est-il sorti ? Pouvait-il lui dire que des dizaines d'années après, il était toujours victime de terreurs nocturnes, de flash qui le ramène à toutes ces années pendant lesquelles il a enduré sans broncher ?

" - J'ai rapidement compris qu'il allait falloir que je trouve un but dans ma vie pour avancer. L'avenir, ce ne s'est pas ce que c'était, j'avancais au jour le jour sans me poser plus de questions. C'est dur à expliquer parce que chaque personne réagit différemment face à une même expérience, mais.. Il faut survivre, se battre au quotidien, trouver un objectif à atteindre et ne plus penser à rien d'autre. Ça n'a pas été tous les jours faciles, et aujourd'hui encore j'en souffre, mais, c'est quelque chose qui fait parti de mon passé et de mon présent. Quelque chose qui fait que je suis devenu l'homme que je suis aujourd'hui, sans ça, je ne serai peut-être pas du tout le même. Mais on ne peut savoir, la vie ne nous a pas laissé la possibilité de choisir."

Bien sûr qu'il voulait l'aider, mais en réalité, il ignorait ce qu'il pouvait faire pour qu'elle reprenne confiance en elle d'une part, et surtout, que sa peur des hommes diminue, même si elle ne disparaîtra jamais entièrement, il faudra qu'elle apprenne à vivre avec et à la surmonter. Tout cela est une question d'années et de patience surtout.

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Plusieurs années se sont écoulées depuis que c’est arrivé, et je sais que j’ai tout de même réussis à faire de nombreux efforts. Par exemple, je ne pars plus en courant dès qu’un homme me demande l’heure ; vous pouvez rire mais c’était bel et bien le cas avant. J’arrive à leur parler, mais il est vrai que je me braque assez facilement et que je reste méfiante. Même lorsque la personne devant moi à montrer qu’elle n’était pas quelqu’un de méchant ou de désagréable. Je crois, dans le fond, que je me méfierais toujours des hommes, quoi que je face. C’est quelque chose qui restera toujours ancré dans ma chair. J’aimerais que ça change, mais je ne suis pas certaine que ça soit possible. Enfin, peu importe. Si déjà, j’arrive à avoir suffisamment confiance en quelqu’un ; et plus particulièrement un homme ; alors cet homme m’acceptera sans doute avec ma peur. Ainsi, même si je restais méfiante envers lui, j’avais entièrement confiance en Fabian, alors j’espérais que ça ne serait pas lui qui partirait en courant lorsqu’il saura ce que j’ai traversé dans le passé. Qu’il comprendra simplement pourquoi j’ai aussi peur et pourquoi c’est aussi difficile pour moi. Oui, j’espère qu’il comprendra parce que j’ai bien l’intention de tout lui raconter. Enfin, pour le moment, il n’est pas question du beau et séduisant Fabian, mais de cet homme, Sasha. Il m’explique comprendre de quoi je parle, parce qu’il a lui-même eut des ennuis dans le passé. Certes, pas du même ordre que moi, mais dans le fond, peu importe la forme qu’il prend, un traumatisme, reste un traumatisme. Je lui demande alors ce qu’il à fait pour pouvoir s’en sortir. Parce que bon, on ne peut pas dire que ce que j’ai fais moi, soit efficace. Certes, je suis moins terrifiée que je ne l’étais lorsque je suis débarquée sur cette île, mais il suffit de pas grand-chose ; comme par exemple un visage qui ressemble à s’y méprendre à celui de mon agresseur ; pour que tout vole en éclat. Ainsi, Sasha lui ressemble. Mais, maintenant que je le vois d’un peu plus près, je me rends compte qu’il y à des différences. Des différences que, sur le moment, je n’avais pas vu, trop occupé que j’étais à avoir peur de lui. Sasha est plus petit que l’autre et moins fort ; mon ex avec quelques petits kilos en trop. Et surtout, il n’avait pas cet accent italien, comme Sasha as. Donc oui, j’ai eu peur, alors que, quand on regarde d’un peu plus près, ils sont bel et bien différents. « Le problème, c’est que je n’ai aucun but dans la vie ! » dis-je, blasée. C’est triste, mais c’était la vérité, je n’avais pas beaucoup d’amis. Je travaillais dans le milieu de la mode alors que je détestais ça. Mon chat ne m’aimait pas alors que je faisais tout pour qu’il soit bien avec moi, et le garçon qui ne me laissait pas différente, devait sans doute me prendre pour une cinglée. Bref, tout allait bien dans le meilleur des mondes.

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Il y a des choses parfois injustes dans la vie. Il y a des personnes qui, tirées d'un milieu aisé ne vont jamais manqué de rien alors que de l'autre côté, il y a ceux qui ont de l'argent à foison et qui n'hésite pas à le jeter par la fenêtre. Puis, il y a ces personnes qui se battent au quotidien pour rester en vie, pour survivre, alors qu'il y en a d'autres qui n'ont jamais eu à se relever des épreuves que leur infligeait la vie. Et alors ? Au final, ce sont toutes ces personnes qui ont souffert qui ont un certain mérite à maintenir un rythme de vie, parce que ceux qui ont ce que l'italien appelle une vie toute rose, ils n'ont aucun mérite. Ils n'ont jamais connu de coups durs qui les ont mis plus bas que terre.

Sasha fait partie de la première catégorie de personne. Il n'avait jamais manqué de rien étant petit sauf peut-être d'amour et d'attention après le décès de ses parents. Mais, lorsqu'ils étaient encore en vie, ils avaient tout mis en oeuvre pour qu'il soit heureux et ai la meilleure des existences. Comme tous les parents sont censés faire pour donner le meilleur à leur enfant.

Malgré cela, Sasha n'a pas été gâté par la suite de son existence. Il a vécu beaucoup de traumatismes, que ce soit en commençant par son oncle qui l'avait élevé ou même lorsqu'il était à l'armée. Mais il n'avait jamais cherché à se faire plaindre, il avait simplement dépassé ses traumatismes comme il le pouvait, même si au fond, ils étaient encore là. Ils faisaient parti de lui, de son passé et de son présent. Il vivait avec.

Alors forcément quand Helsie lui avait demandé pourquoi il la comprenait aussi bien, et comment lui, avait réussi à surmonter ça, il avait joué la carte de la sincérité et la franchise. À quoi bon lui mentir ? Il voulait l'aider et pour ça, il avait besoin de lui prouver que même des années après, ce ne sera jamais gagné mais ça améliore quand même l'existence un minimum.

" - Tout le monde a un but dans la vie. Qu'est-ce qui te passionne ? Qu'est-ce que tu veux être ?"

C'était important, parce qu'il savait à quel point c'était important de vivre pour soi, il en avait pris conscience que récemment alors qu'il vivait encore avec les fantômes de son divorce et de son ex-femme.

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Je n’ai jamais manqué de rien, j’ai toujours été très entourée. Je n’étais pas une enfant pourrie gâtée, loin de là, mais je n’avais qu’à demander pour recevoir. J’étais aimée et le fait d’être aimer autant, je crois que c’est ce qui m’a rendu vulnérable et moins vigilante. Peut-être que si je n‘avais pas autant que je ne risquais rien, que je pouvais faire confiance à mes proches les yeux fermés, jamais il ne me serait arrivé ce qu’il m’est arriver. J’ai été bête et naïve. J’ai cru qu’il était comme tout le monde autour de moi, quelqu’un digne de confiance, un type bien. Et quand je m’en suis aperçue, c’était trop tard. J’avais perdue ce qui me définissait tant : la confiance en moi-même et envers les autres. Et pire encore, j’avais perdu ma mère pour toujours. Souvent, je me disais que j’aurais dû rester dans la cave ou il m’avait enfermée. Que si je n’avais pas réussi à m’enfuir, ma mère serait encore en vie. C’est idiot, parce que mon père m’a bien dit que pendant les quelques jours ou ce type m’a séquestrée, elle vivait un enfer. Au fond de moi, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle est morte par ma faute, mais de l’autre, je sais que ça n’aurait rien changer du tout. Non pas que je crois au destin et à toutes ces conneries, mais je pense que vous voyez ou je veux en venir. Une mère ne survie pas à la disparition de son enfant. Enfin, maintenant, c’était une page de mon passé et bien qu’elle soit impossible à tourner de manière définitive, je devais faire avec. Il y a des jours ou c’était difficile, principalement lorsque je rencontrais de nouvelles personnes, mais dans l’ensemble, je m’en sortais de mieux en mieux. Enfin, si on oublie le fait que j’ai « cataloguer » Sasha de pervers, simplement parce qu’il ressemble au taré qui m’a agressé. Le jeune homme m’indique ensuite qu’il est important que je vive de mes passions, mais je suis bien forcée d’admettre que je n’en ai pas. Enfin, pas vraiment. J’ai toujours voulu être journaliste et c’est ce que je fais, j’aime la bouffe et je suis chargée de la rubrique culinaire du journal, donc, je fais les deux choses qui me tenaient à cœur, ce qui fait, qu’il ne me reste rien d’autre. Je me sens stupide, surtout qu’il semble penser que tout le monde à un but dans la but et que je dois forcément avoir des passions. Je saute d’un pied sur l’autre, pas franchement à l’aise. « Et bien, je fais déjà ce que j’avais envie de faire depuis toujours ! » que je réponds. Mais, dans le fond, ça ne soit pas être ce qu’il attend comme réponse. Le problème, c’est que j’ai beau me creuser la cervelle, je n’ai pas d’autres buts dans la vie.

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L'enfance de Sasha a été heureuse jusqu'au moment où ses parents sont décédés, depuis ce jour là, sa vie a basculé et il a dû prendre des décisions qui risquait de rythmer le restant de ses jours. Tuer un homme de sang froid, bien que ce soit pour se protéger, aurait pu lui coûter très cher s'il avait eu quelques années de plus. Les médecins auraient très certainement pu déceler toutes les traces sur son corps qui montraient que les sévices duraient depuis de longs mois, mais est-ce que ça l'aurait sauvé pour autant ? Ça n'empêche qu'il ne cessait de penser à tout cela dès lors qu'il faisait un choix dans sa vie d'adulte.

On dit souvent que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, et c'est le cas, mais si ça ne nous tue pas, ça nous détruit quasiment entièrement et là reconstruction est très longue, si toutefois on a le soutien nécessaire pour remonter la pente. L'italien ne l'a pas eu immédiatement, ce n'est qu'en s'engageant dans l'armée qu'il a trouvé ce qui l'animait réellement et c'est à ce moment qu'il a commencé à se reconstruire, avec ses compagnons d'arme.

Mais sa vie a basculé une seconde fois, et celle-ci aurait pu lui être fatale. Elle aurait pu. Mais elle ne l'a pas été. Signe que son heure n'était pas encore venue ? Peut-être. Certains y verront un signe du destin, d'autres un simple coup de chance. Sasha lui, se fichait bien de savoir lequel des deux c'était, il était en vie et il essayait de reprendre celle-ci en main avant que la mort ne vienne le trouver pour de bon.

Reprendre sa vie en main n'était pas aisé. Tout ce qui avait été construit, tous les liens tisés, il faut savoir passer au-dessus. Sans compter la peur d'échouer, et c'est celle là qui paralysait totalement le jeune homme. Et c'est aussi celle-là qui semblait s'être emparée d'Helsie. La peur de ne pas réussir, la peur que tout nos efforts soient réduits à néant. Alors il fallait trouver un but. Se battre pour une raison. Mais d'après sa réponse, ça ne semblait pas être simple. Il commençait à être à court d'arguments et pourtant, il n'avait pas envie de lui tourner le dos et simplement la laisser dans sa crainte permanente qu'un homme ressemblant de près ou de loin au salopard qui l'a traumatisé daigne se pointer et lui faire la conversation. Pourtant ce qui était en train de se passer, Sasha était impuissant, il devait comprendre qu'il ne pouvait pas sauver tout le monde, certaines personnes passaient entre les mailles du filet et pourtant, cette idée d'échec rendait malade l'italien.

" - Écoute je.. Je sais plus quoi te dire.. La vie est faite d'obstacle et il faut les surmonter si on veut poursuivre, chacun à sa manière. Tu ne pourras jamais totalement vivre sereine sans te retourner, c'est méchant de ma part de te dire ça, mais je le sais d'expérience. Tu auras toujours une boule ancrée au fond de toi, mais il faut que tu la surpasse, que tu apprennes à vivre avec sans pour autant qu'elle t'empêche de faire ce que tu as envie de faire. Il faut que tu réussisses à mettre tout ça dans ton passé, même si ça ressurgira parfois, mais tant que tu te bloqueras sur cette idée, tu n'avancera jamais."

Honteux de ne rien pouvoir faire, la colère monta chez l'ancien employé de Vogue. Une colère contre lui-même. Une colère qu'il ressentait bien trop souvent. Il s'apprêtait à quitter les locaux mais laisser la jeune femme ainsi n'était pas digne de lui. Il sortit sa carte de visite de la concession et la lui tendit.

" - Tu en fais ce que tu veux, je te la donne si tu as besoin de discuter, me donner de tes nouvelles, d'aide ou simplement besoin de papier pour allumer un feu de cheminée."

Dessus était mentionné son numéro de téléphone ainsi que l'adresse de la concession automobile dont il était le propriétaire et le directeur. Même si tout cela allait sans doute bientôt disparaître.

HRP:

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