There's a fire inside you [Camille & Marty]

Je me sens vraiment stupide de m’être imaginé tout ce temps que ma meilleure amie et colocataire me cachait quelque chose de grave. Pire, quelque chose me concernant. Aubrey est un grand livre ouvert et elle dit tout ce qu’elle pense la plupart du temps. J’ai l’habitude à force de la côtoyer de connaître absolument tout de sa vie, de ses journées. En réalisant qu’elle semblait plus distante et qu’elle cachait une relation amoureuse que je soupçonnais fortement, je me suis dit bêtement que c’est parce que je n’étais plus assez bien pour être son confident. Franchement, je sais désormais que j’ai exagéré la situation et que j’aurais simplement du laisser le temps à ma meilleure amie de trouver les bons mots pour m’annoncer sa nouvelle relation. Je comprends désormais pourquoi elle la cacher à tous, y compris moi. Si l’ex de son nouveau compagnon avait su qu’elle sortait avec lui quelques minutes à peine après leur rupture, ça lui aurait causé une trop grande peine. Aubrey a fait cela pour se protéger elle-même aussi, pour ne pas passer pour une voleuse d’homme en couple. Je réalise à présent tout cela et c’est plus fort que moi, je me sens coupable de m’être refroidit en sa présence durant quelques semaines. Je me suis isolé de tout le monde en fait, trop blessé par cette trahison qui n’a jamais existé. J’ai du mal à me remettre de mon comportement très inhabituel. Je suis le gars doux et toujours compréhensif. Là j’ai réagis comme un gamin possessif. Je commence à me demander si cette attitude ne vient pas de ma solitude amoureuse qui perdure depuis trop longtemps. L’affection d’une femme me manque, m’aiderait à garder mon harmonie mentale. C’est bien la première fois que je trouve la mise en couple nécessaire, voir urgente. Puisque j’ai tout foutu en l’air avec Tessa et que je ne trouve pas le courage de la rappeler, je me retrouve à tourner en rond comme toujours. Jackson n’est pas disponible pour moi afin de me sortir de ce cercle vicieux. Je suis encore trop gêné par mon récent comportement pour me confesser à ma colocataire. Résultat, je ne sais plus vers qui me tourner. Chaque personne dans mon entourage me semble indisponible pour moi. Je pourrais très bien prendre un avion et rendre visite à ma famille à Londres pour quelques temps afin de me changer les idées. Sauf que la seule présence de mes parents pourrait me stresser outre mesure. Que faire alors ? Aller boire un café. C’est la solution que j’ai trouvé après des jours à y réfléchir. Il y a quelques semaines que je n’ai pas eues de nouvelles de Camille, celle que j’aidais lorsque j’étais toujours l’un des mentors de l’université. Je sais qu’elle arrivera à me comprendre et à m’apporter un soutien que j’ai grandement besoin en ce moment. Je suis un peu déçu en la manquant de peu à mon arrivée au café où elle travaille à temps partielle. Une autre employée me sert donc à la place, allant ensuite à une table non loin du comptoir afin d’être visible lorsque Camille reviendra de sa pause. Je surveille donc le déroulement des activités du café avec un grand intérêt, sentant un nœud se former dans mon estomac lorsque je croise enfin le regard de la jeune femme. Je lui souris doucement, comme seul je sais le faire. J’espère qu’elle a encore quelques minutes de libre afin de me consacrer un peu de temps. La chanson familière qui passe à la radio de l’établissement me pousse à nerveusement fredonner l’air sans lâcher Camille du regard. Les sons finissent par former des paroles inintelligibles tandis que la jeune femme comprend mon désir de lui parler. Je ne réalise même pas que mes doigts se sont littéralement agrippés tels des serres à la table sous la tension. Si je ne parle pas à quelqu’un très rapidement je vais devenir dingue, je pense.