color me (craig)

Durant l'heure de pause, elle a pris l'habitude de lire les petites annonces, non pas pour se trouver un boulot, puisque le sien lui convient parfaitement et qu'elle en est passionné, mais plutôt pour les activités et autres. Elle est toujours à la recherche de sensations, de nouveauté et elle aime bien parcourir les brocantes, il y a toujours des trouvailles là-dedans, rien de neuf, mais souvent de valeur, tout comme des tableaux, ou encore de vieux vinyles. Cette fois-ci, elle tomba sur une annonce d'une personne qui cherche des modèles pour la peinture. Un sourire en coin, pourquoi pas, ça peut être amusant, après tout, elle n'a qu'une vie et bien qu'il y ait peu de détails, ça attire assez son attention pour qu'elle tente le coup. Malheureusement, un coup l'appelle faite, elle tombe sur la boîte de vocal de l'homme, en jugé par la voix. Après sa journée, elle ira y faire un tour. Elle aurait sûrement plus besoin d'un massage que de rester planter debout ou assis, mais ce n'est pas grave, contrairement à ce qu'on pourrait dire, elle n'est pas faite en chocolat. Un coup le boulot terminé, l'uniforme retiré et la douche prise, et de nouveaux vêtements enfilés, elle part à l'adresse indiqué sur le bout de papier. Heureusement pour elle, l'endroit n'est pas très loin de son appartement, ça lui évite de prendre le taxi. Au bout de cinq ou dix minutes, elle arrive devant la porte de l'artiste. Encore une fois, elle aurait dû s'autoriser à prendre son arme, d'un coup que c'est un psychopathe ? C'est le genre de détail qu'elle pense toujours en dernier, comme si cela n'était pas important. Elle a beau être policière, tout le monde n'est pas cinglé, ou presque. Elle se mord la lèvre, au pire, elle lui balancera ses chaussures au visage et elle lui fera une ou deux prises pour lui faire comprendre qu'il ne s'apprend pas à la bonne personne. Elle a toujours son insigne sur elle, planqué dans son sac à main. Elle se racle la gorge et elle frappe trois petits coups sur la porte. Nahla range son bout de papier dans son sac à main et elle attend que l'on lui ouvre.

C'est tout à fait son genre de débarquer à l'improviste chez les gens, sans prévenir, sans laisser de message. C'est ce qu'elle aurait dû faire en y repensant, mais Nahla préfère y aller directement, sans détour. Et puis si jamais la personne ne répondait pas, elle n'aura qu'à retourner chez elle, c'est aussi simple que ça, non ? Elle est un peu impulsive pour tout dire, elle préfère foncer plutôt que d'attendre. Elle ignore complètement qui se trouve de l'autre côté de la porte, et plus l'inconnu met du temps à répondre, plus elle se met à angoisser. Elle avait frappé trois petits coups, son visage était en train de guetter les lieux, au point de la faire sursauter lorsque la porte s'ouvra devant elle. Elle commençait à se dire qu'elle allait devoir retourner chez elle. C'est ça qui arrive quand on ne prévient pas les gens. Elle sourit en coin en voyant le jeune homme qui se présente sous ses yeux, elle en oublie presque la question qu'il venait de lui poser. Elle ne s'attendait pas du tout à cela, elle s'était imaginé quelqu'un de plus âgé, une femme, ou un homme dans la cinquantaine, ayant besoin de gens pour passer le temps, ni plus ni moins. « C'est pour l'annonce dans le journal.. est-il trop tard ? » Elle se replace une mèche de cheveux derrière l'oreille. Elle s'autorise à entrer sans vraiment attendre sa réponse, c'est sûrement l'habitude d'être policière, non pas qu'elle n'est pas polie, c'est juste sa façon d'elle. Nahla observe l'appartement, vide, quelques boîtes traînes par-ci et par là. « Je comprends qu'il soit un peu tard, je peux toujours partir et revenir un autre jour ? Les visites surprises, c'est tout à fait moi.. » Elle se mord la lèvre avant de hausser les épaules. Ça ne paraît pas, mais à l'intérieur de son ventre, elle sent le stress qui s'agite dans son estomac et la chaleur monter à ses joues. « Nouvel appartement ? » Ce n'est pas très difficile à deviner, mais elle ignore qu'il est là depuis peu, mais vu son accent, il ne doit pas être du coin, ou peut-être qu'elle se trompe après tout, elle ne le connaît pas. Elle le laisse à peine parler, le pauvre, il doit vraiment se demander ce qui passe. Elle rit légèrement, une vraie pie quand la nervosité est là.

Nahla ne s'était pas gêné pour entrer, alors, qu'elle aurait dû faire preuve de politesse, mais il était un peu trop tard pour reculer et s'excuser, non ? Dans son esprit d'enfant, ça l'était. Et puis, ce n'est pas comme si elle allait y passer la soirée, son impatience s'était emparée d'elle, ainsi que sa curiosité. Elle ignore complètement le genre de dessin, de peinture qu'il réalise. Il n'y avait pas beaucoup de détail dans l'annonce, ça laisse donc place à l'imagination et ça, elle en a pas mal à revendre. Elle a hâte de découvrir ce qu'il fabrique avec un pinceau et un crayon. C'est la première fois qu'elle fait cela, c'est un peu ça qui l'a poussé à venir, tenter une toute nouvelle expérience, c'est dans ses cordes. Elle est toujours tentée pour l'aventure, testée un nouveau sport ou encore un nouveau restaurant et de nouvelles activités. Elle hoche la tête, ce n'était pas très difficile à deviner, mais il fallait qu'elle en fasse la remarque. Elle savait déjà son prénom, puisqu'il l'avait signé dans l'annonce, elle n'avait donc pas besoin de lui demander à son tour, ça serait plutôt inutile. « Nahla, et tu n'es pas obligé de me vouvoyer. » Dit-elle en lui adressant un sourire qui se veut chaleureux. Surtout que ça la fait vieillir, dis comme ça, même si l'intention est sûrement derrière tout ça, par simple politesse avec l'inconnue qu'elle s'avère être. La rousse se met à le suivre jusqu'à la fameuse pièce. « Quel genre de peinture fais-tu ? Et c'est une habitude chez toi, d'inviter des inconnus ? » Demande-t-elle curieusement. Peut-être qu'elle se la joue un peu trop flic, quoi qu'il ignore son métier, c'est peut-être mieux ainsi. Elle n'avait pas encore remarqué les toiles en posant sa première question et quand ce fut le cas, ses yeux se sont agrandi. Ses jambes l'avaient conduite jusqu'aux toiles en question, se mordant légèrement la lèvre, elle se permit de passer le bout de ses doigts sur le tissu. « C'est.. c'est vraiment magnifique. » Sa voix se fait plus douce et plus basse, mais sincère. Elle lève la tête et elle scrute chaque détail qui s'y retrouve, hypnotisé par les couleurs, les détails qui se trouvent.

Nahla se contente de rire jaune suite à sa question, dont il ne devait sûrement pas attendre une réponse. Étrangement, elle serrait ses doigts sur son sac à main, à l'intérieur se trouvait son insigne. Ce n'est en aucun cas une honte de son boulot, elle a travaillé fort pour être à sa place et elle continue encore de faire ses preuves. Elle est là depuis environ six mois et certains de ses collègues ne la prennent pas forcément au sérieux, loin d'être le genre de femme que l'on voit à l'académie et dans un commissariat, si ce n'est que pour les jouer les secrétaires. Or, la rousse préfère l'action, et les sensations liées au métier. Ce n'est pas forcément tout le temps rose, ce n'est pas un truc facile, mais elle tient le coup. Elle s'était approché des toiles, les frôlant à peine de ses doigts, les yeux rivés sur les détails, et tout ce qui s'en suivi. Ses paroles ne tombent pas dans l'oreille d'une sourde, elle entend bien qu'il est passionné, mais aussi peut-être l’inquiétude face aux modèles qu'il trouve. Elle espère le sauver de cette impasse, qu'il trouvera inspiration en elle, dans ses traits et ses poses. Nahla se redresse le dos et elle lui fait face et elle manque de s’étouffer avec sa propre sa salive. Nu ? Elle se mâchouille l'intérieur de la joue, elle ne s'attendait pas du tout à cela, mais encore une fois, elle n'avait pas tellement d'attente en venant ici. « À vrai dire, c'est la première fois que je fais cela. » Finit-elle par lui avouer. Elle hausse légèrement les épaules et elle s'approche de lui, le regardant dans les yeux. « Une préférence ? C'est toi, le maître dans tout ça.. » Elle n'a aucune gêne face à son corps, elle n'est pas conflit avec elle-même à ce sujet et si c'est une source d'inspiration que son modèle soit nu, elle n'allait pas chigner face à sa demande.

Elle ne s'est jamais déshabillée au complet devant un inconnu, elle n'a jamais couché avec un homme le premier soir, sûrement par respect pour elle-même, par simple principe. Nahla n'est pas pudique, mais disons seulement qu'elle a encore de l'estime pour elle-même, mais néanmoins cette idée la rend un peu fébrile, ça l'anime à quelque part. Ils ne savent rien de l'un et de l'autre, ça sera encore une première, même si elle n'est là que pour la peinture. En tout cas, il n'aide en rien pour l'aider à prendre une décision, si elle doit se dévêtir ou au contraire, garder ses vêtements. Est-ce raisonnable de se mettre à nu comme ça ? Elle ressent une étrange confiance en lui, alors qu'autrement, elle aurait sûrement giflé le mec ou aurait pris la fuite. Même la photographie érotique, elle n'a jamais tenté, faudra peut-être qu'elle ajoute ce truc à sa liste, quoi qu'en même temps, ça peut-être avoir un impact sur sa carrière. Merde, elle n'a pas pensé au fait, qu'il pourrait exposer ses toiles quelque part où tout le monde pourra la reconnaître. Mais en même temps, rien n'est sûr qu'il ait de l’inspiration avec elle, une autre hypothèse quoi, tout est possible. Elle hoche la tête, tout en regardant là où il venait de poser ses yeux, vers le canapé et les objets qui s'y trouvent ainsi que les vêtements. Nahla ne répond pas, elle réfléchit, elle essaye de penser à ce qu'elle va faire, ça semble déjà tout tracer. Elle se recule de quelques pas, elle décide de poser son sac au sol, et elle en fait de même en retirant sa veste, elle prend une respiration et détache la robe qu'elle porte, la laissant glisser jusqu'au sol, gardant uniquement ses sous-vêtements. « Est-ce que ça te convient ? Ou plutôt, est-ce que je te conviens ? » Finit-elle par lui demander après un léger silence. Peut-être qu'il allait la trouver affreuse, qu'il va préférer qu'elle porte un drap sur la tête, ou même un sac pour être certain de ne pas vomir, ou qu'il va lui montrer la porte, sait-on jamais. Elle plante son regard dans le sien, elle aimerait pouvoir entendre ce qu'il pense, tout ce qu'elle peut faire, c'est de tenter de deviner.

Ce n'est pas dans ses habitudes de faire cela, elle se surprend elle-même, c'est peut-être qu'il arrive à la mettre en confiance de façon aveugle. Il n'a pas dit grand-chose qui pouvait la mettre complètement en confiance, mais juste assez pour elle. C'est aussi en le regardant, ses yeux la transpercent presque. Nahla savait qu'elle avait envie de le faire, mais que se mettre complètement nu dans l'immédiat, c'était peut-être limite, alors, autant faire le juste-milieu, en simple sous-vêtement. Son sourire la fait légèrement rougir, pas point d'être rouge comme une tomate, mais ça lui donne un léger rosé sur les joues. Elle sourit à son tour, si elle convenait, c'était sûrement le principal, sûrement qu'il lui aurait dit non dès le départ, avec ou sans sa robe. Son cœur se met à débattre dans sa cage thoracique en le voyant s'approcher, ses yeux ne quittent pas les siens, elle reste à sa place, comme une jolie poupée. Elle décide de retirer ses souliers à talon, pour être plus à l'aise. Elle se recule légèrement et se met à observer l'endroit plus en détail en l'écoutant lui parler de ce qu'elle peut faire. Elle s'approche du canapé, elle a décidé de mettre ses jambes en valeur, elle s'installe doucement dessus, de sorte à être presque allongé, mais sans l'être totalement. « Tu as vendu beaucoup de toiles jusqu'à maintenant ? Si jamais tu exposes, il faudrait me faire signe, je serais heureuse de venir t'encourager. » Dit-elle en lui souriant. Un coup placé correctement, son sourire s'efface, elle aborde plutôt un visage neutre et naturel. Elle serait ravie de pouvoir venir lui acheter un tableau ou tout simplement être présente à ses côtés. Son corps est détendu, elle est plus à l'aise, sa nervosité du départ a disparu. Elle essaye de rester silencieuse, mais c'est difficile de rester muette dans son cas pendant un long moment.

Nahla a visité Londres qu'une fois, sauf qu'elle s'en souvient vaguement, elle n'avait que treize ans et c'était le temps de quatre jours. Sa famille adoptive n'était là que pour affaire et ils ne l'avaient pas laissé visiter les lieux, ou que très peu d'endroits. « J'espère que tu auras autant de succès ici. » Elle s'est toujours intéressée à l'art, aux musées et aux objets antiques. Ce n'est pas une collectionneuse, mais elle aime bien décorer son appartement avec ce genre d'objet et en connaître l'historique. Elle le regarde du coin de l'œil, observatrice, surtout grâce à son métier, elle aime observer les gens, sans que ça soit malsain bien évidemment, mais les traits des visages, les expressions, c'est parfois fascinant. « J'ai vécu ici jusqu'à l'âge de mes cinq ans et puis j'ai ensuite vécu à Paris pendant cinq ans. » Elle évite seulement de dire qu'elle a été adoptée après un malentendu, parce que son voisin détestait son père biologique et qu'il a signalé un cas de maltraitance, alors que c'était faux. « Et.. » Elle lève les yeux en laissant échapper un petit rire. « Je suis policière depuis maintenant six mois. » Encore une recrue, mais elle exerce tout de même le métier de ses rêves. Tout à l'heure, sa phrase voulait sûrement marrante, c'était la vérité. Nahla espère seulement que cela n'allait pas le refroidir, des fois, ça arrive, comme si les gens avaient des secrets à cacher, peur qu'elle fouille dans leur vie. Ce serait facile de fouiller, mais elle préfère découvrir d'elle-même, plutôt que de tout savoir à l'avance. « Tu préfères garder le mystère monsieur le peintre ou me parler un peu de toi ? » Elle sourit légèrement à ce dernier, ne voulant surtout pas le forcer. Elle n'avait que dévoilé son métier et un peu de son passé, sans toutefois émettre tous les détails, mais s'il avait envie de la découvrir, il n'avait qu'à poser des questions. Bien que d'habitude, c'est elle qui pose les questions.

Nahla sourit légèrement. « Bravo Sherlock. » Elle se retient de taper des mains pour le taquiner, surtout qu'elle doit garder la pose. C'est vrai, la patience, ce n'est pas tellement son truc, alors présentement, elle fait un gros effort pour lui. « Si je réponds, tu vas me devoir deux réponses, sinon ce n'est pas drôle si tu en sais plus sur moi. » Dit-elle pour plaisanter, bien qu'elle n'ait pas nécessairement tout envie de déballer en quelques heures, préférant lui laisser le plaisir de découvrir lui-même. Est-ce qu'il tentait d'en savoir plus sur elle, préférant la laisser parler, plutôt que d'en dire plus sur lui et son passé ? Nahla n'allait certainement pas le forcer à parler de lui, mais parler d'elle-même toute la soirée, il allait la croire narcissique et ce n'est pas le cas. Même si elle ignore s'ils vont se revoir et si cela n'est que professionnel. Pour tout dire, Nahla préfère casser le sérieux, et mettre un peu d'ambiance. « J'ai vingt-trois ans, ça compte vraiment ? » Est-ce que l'âge était un problème ? Pas nécessairement et vu le look des deux, il était évident qu'ils n'avaient pas encore l'âge d'être retraités. Elle jette un léger coup d’œil vers sa direction. « Je suis une gymnaste et je fais du yoga de temps en autre aussi. Mais j'ai toujours voulu être policière, même si mes parents n'y croyaient pas tellement, je suis passé à travers des critiques et voilà, où j'en suis, j'ai réussi. » Elle est dans le métier, même si elle doit prouver à tous qu'elle peut être une bonne policière, elle ne s'est jamais laissé décourager. « J'adore les séries policières, les films d'action, ou encore de superhéros, même les zombies. Hm.. la cuisine, j'aime cuisiner, surtout les sucreries, pâtisseries.. » Elle se retient de lui dire que ça lui donne carrément faim tout ça. Maintenant, elle ne pense plus qu'à ça, les desserts, ça la titille un peu trop. Sa tête reprend sa position, regardant devant elle, tentant de penser à autre chose. « Commence-t-il à prendre forme ton tableau ? » Demande-t-elle, pour savoir quand elle allait pouvoir retrouver une position normale ou si quelque chose clochait avec sa position ou son allure. « Je dessine aussi... c'est plus un passe-temps qu'autre chose, mais j'ai quelques croquis chez moi et dans un vieux cahier. » Finit-elle par lui avouer. Elle est une artiste dans l'âme, elle touche un peu à tous, même la chanson.