Danse avec les lions | Esme.

Ton regard glisse sur l'inconnue qui danse devant toi. Un sentiment de jalousie vient te prendre au bide lorsque tu détailles chacun de ses mouvements. Qu'elle est belle, cette fille. Elle est magnifique alors que ses bras épousent parfaitement la prolongation de ses mouvements. Bordel que tu aimerais être elle. Tu voudrais pouvoir être à sa place. Tu voudrais pouvoir danser à nouveau. Adossée contre le mur du gymnase, silencieuse, soucieuse. Tu es arrivée discrètement dans l'enceinte du bâtiment. Tu ne sais plus trop ce que tu viens faire là. Tu es venue récupérer quelques cours auprès de tes camarades et tes pas t'ont ensuite guidé jusqu'au gymnase. Tu y venais souvent, avant. Avant qu'on te dise que tu ne pouvais plus danser. Plus comme avant, en tout cas. Plus sans avoir mal. Alors, tu as dis au revoir aux compétitions. A cette notoriété qui te tendait la main. Un deuil bien trop difficile. C'est trop compliqué d'étouffer ses rêves. Et ça te bouffe, Jane. Beaucoup plus que les autres ne le pensent. Alors, tu ne sais pas combien de temps tu restes là à la regarder. Plusieurs minutes, sans doute. Tu as l'impression qu'elle ne t'a pas remarqué. Cette symbiose, cette harmonie, la gamine s'y connait un minimum. Mais tu remarques quelques erreurs. Plusieurs détails qui te font grimacer. Tu attends que la musique s'arrête pour te manifester. Tu attends que la brune s'immobilise un instant avant de t'avancer vers elle. C'est dommage que tu n'arrives pas à donner de la légèreté lorsque tu reviens au sol. Tu souffles en t'approchant d'elle. Tu commences à sauter un peu, faisant mine que tu tiens une corde à sauter entre tes doigts. Lorsque tes pieds touchent le sol, un boucan incroyable résonne dans le gymnase. Tu fais exprès, c'est juste pour qu'elle comprenne. Ça donne un peu près ce bruit là à mes oreilles. Tu ajoutes après t'être arrêtée de sauter. Ce n'est pas méchant, ce que tu dis. Même si ça en à l'air. Tu veux juste la conseiller, mais à ta manière. Tu souris légèrement avant de lui montrer un mouvement. Rien que ça, ça te fait mal. Ça étire une grimace sur ton visage, mais tu continues tout de même. Parce que, bordel, ça te fait du bien. Ce n'est pas facile de paraître légère, même quand on fait un poids plume comme toi. Mais il faut donner l'impression de voler. L'oiseau libre que tu étais. C'était cette sensation là que tu ressentais quand tu dansais.

Elle est en avance. C'est vrai oui. Elle est en avance. Mais ce n'est pas grave, c'est l'occasion de s'adonner à quelque chose qui lui manque, la danse. Elle a pu voir avec le gardien pour qu'il lui ouvre le gymnase, quand évidemment, il n'est pas occupé. Le gymnase, pas le gardien. Elle entre dans la grande salle au moment où son téléphone se met à biper. Un mail de l'université. Evidemment, elle n'attend pas une seconde de plus pour l'ouvrir. Le cours de ce soir est annulé. Elle peste, elle souffle. Puis elle sourit. Plus de temps pour la danse, plus de temps pour se défouler. Ce matin elle n'a pas pu aller surfer, la mer était bien trop agitée. Alors c'est l'occasion pour elle de s'amuser un peu. Elle sort de son sac sa petite baffle en bluetooth et la branche à son téléphone. Une playlist toute prête l'attend mais avant, elle veut s'amuser un peu. Alors c'est la macarena qu'elle branche. Cette musique sur laquelle elle danse depuis petite en famille. C'est un souvenir de chez elle, un instant nostalgie. Elle se déhanche au rythme, n'a pas besoin de trop réfléchir. Ca l’échauffe en quelque sorte et elle éclate de rire. Mains devant, sur la tête, sur les hanches, sur les fesses qu'elle agite et hop quart de tour. Et elle recommence le mouvement jusqu'à la fin de la musique. La récréation est terminée. Elle branche la playlist numéro 3, plus classique. Retirant son pull fin, il ne lui reste que sa brassière et un pantacourt de sport. Les converses sont retirées, les chaussons enfilés. Le sol est un peu rugueux mais ce n'est pas bien grave. Elle s'y est habituée. Alors elle commence à danser. Et quand elle danse, elle oublie tout. Elle n'a pris que quelques cours, abandonnant bien vite pour se concentrer sur le surf, mais elle a certaines bases. C'est ce dont elle se sert. Certains enchaînements lui reviennent en tête mais pour le reste, elle s'abandonne dans une chorégraphie totalement improvisée. La musique se termine et c'est là qu'elle constate qu'elle n'est pas seule. Elle sursaute légèrement et se retrouve face à une étudiante visiblement, d'approximativement son âge. Elle l'écoute parler de légèreté et se permet même de lâcher un petit rire lorsqu'elle l'imite avec une certaine caricature. Elle hoche la tête et la regarde exécuter un autre mouvement. Mais en grimaçant. Esme ne comprend pas vraiment, mais en tout cas l'autre s'y connait en danse, y'a pas à dire. " Je vais essayer. " Son accent espagnol tranche totalement dans sa voix même si elle gère de mieux en mieux l'anglais. Elle se recule et tente de reproduire ce que la jeune fille vient de faire. Elle trébuche la première fois mais se relève et recommence. " Je ne sais pas si c'était mieux. " Elle rigole à nouveau, parce qu'elle est comme ça Esme. Solaire. " Tu es danseuse ? " Elle éteint la musique, elle n'en a pas besoin pour le moment.

L'après-midi touche déjà à sa fin. Et tu es bien consciente que cette journée ne te mènera à rien. Même si tu es venue ici. Après tout, tu as fais l'effort de venir. Et c'est déjà beaucoup. Mais en réalité, tu n'es pas prête à reprendre les cours. Tu n'es pas prête à reprendre une vie normale. Tu es sur une pente dangereuse, tu es en bien consciente. Et, il te sera compliqué de te relever. Mais tu n'as pas envie de faire d'effort. C'est tout l'inverse, même. Tu te complets dans cette descente aux enfers. Même si tu ne laisses rien paraître. Sauf que forcément, tes pas t'ont guidé vers l'endroit où tu te sens le mieux dans cette université. Le gymnase. Et tu ne t'attendais pas vraiment à voir quelqu'un danser entre ces murs. Cette fille qui doit avoir un peu près ton âge. La brune que tu regardes pendant plusieurs minutes avant d'enfin te manifester. Ça n'a rien de méchant lorsque tu la reprends sur ses mouvements. Ça n'a rien de prétentieux non plus. Tu n'étais pas la meilleure danseuse du monde, non. Tu étais juste assez douée. Bien assez pour avoir un avenir prometteur dans le milieu. Alors, forcément, ça te rend un peu triste de la voir pouvoir se mouvoir de la sorte. Parce que toi tu ne peux plus le faire. Parce que le seul mouvement que tu lui montres t'arrache déjà une grimace alors que tu as à peiner bouger. Foutue maladie. Tu la regardes s'exécuter. Et tu hoches finalement la tête lorsqu'elle y parvient. Faut encore que tu travailles ça, mais c'était mieux. Tu sais que ça peut être compliqué de paraître légère. Mais c'est indispensable quand on danse. Ça l'est parce qu'il faut donner l'impression d'être un oiseau. De pouvoir s'élever dans les airs avec une facilité sans faille. Sa question t'irrite un peu. C'est comme une claque que tu prends en plein visage. Je l'étais. Tu souffles finalement en haussant les épaules d'un air détaché. Ce n'est qu'un air, qu'une façade. Parce que ça te fait mal de l'avouer à voix haute. Tu n'es plus danseuse. Tu ne peux plus l'être. Tu es nouvelle ici ? Tu demandes à ton tour. Tu as bien remarqué sa peau halée. Et son accent chantant. Et puis, tu ne l'avais jamais croisé ici. Et ça aurait été le cas si elle avait été là avant que tu ne déclines.

Esmeralda suit à la lettre les conseils qu'on lui donne. Elle a pris quelques cours mais elle sait pertinemment que ce n'est pas suffisant. Elle se débrouille, elle entend la musique, elle sait compter les pas. C'est déjà un bon début mais elle peut s'améliorer. Et elle ne se fait pas prier pour apprendre d'ailleurs. Elle aime ça. La blonde la félicite mais ce n'est pas encore ça visiblement. Elle a forcément du mal et sait que ça ne changera pas en un seul essai. Les entraînements sont primordiaux pour ça. Pour se perfectionner, pour évoluer. C'est comme tout d'ailleurs. Comme le surf. Forcément la première fois qu'elle a grimpé sur une planche elle est tombée à l'eau. Mais à force de persévérance, maintenant elle se débrouille vraiment bien. La danse n'a pas la même place dans sa vie mais c'est aussi un moment à elle, qui lui permet de se libérer, de s'échapper de son quotidien, de décompresser.  Elle finit par demander à sa professeure de la journée si elle est danseuse, elle a les bons conseils et semble savoir de quoi elle parle. Ça parait donc être une solution logique. Voir même plus que ça d'ailleurs. Elle lui répond qu'elle l'était. Mais ça semble la déranger d'en parler. Esme tique un peu mais ne relève pas. Ca l'intrigue, c'est vrai. Mais bon, si elle ne veut pas en parler, elle ne va pas la forcer. La question qu'elle lui pose ne l'étonne pas plus que ça. Ce n'est pas la première fois qu'on lui demande ça et clairement pas la dernière. " Oui, je suis arrivée en janvier. " Elle boit une autre gorgée d'eau et dépose la bouteille au sol. " Je viens du Venezuela et je travaille comme fille au pair. Mais je prends des cours d'anglais, je ne suis pas encore très douée. " Elle a fait pas mal de progrès c'est certain, elle avait un bon bagage de base. Mais ce n'est pas encore parfait. " Un peu comme la danse il faut croire. " Elle laisse échapper un léger rire. " T'es d'ici toi ? " Après tout, on est surs de rien.

Ça ne te plait pas vraiment d'être ici. Ni même de donner ces conseils à cette fille. Mais, tu ne peux pas t'en empêcher. Tu ne peux pas te résoudre à être froide et amer avec elle. Même ce pincement dans ton coeur lorsque tu la vois sourire tout en dansant n'arrive pas à te faire la détester. Parce qu'elle, elle peut encore le faire. Et toi, tu souffres d'être immobile. Tu souffres de ne pas pouvoir danser avec elle. Et que chacun de tes muscles te fassent regretter de lui avoir simplement montré un mouvement. Alors, forcément, lorsqu'elle te demande si tu es danseuse, tu restes assez évasive. Tu l'étais. Tu ne le seras plus jamais. Alors, tu préfères détourner le sujet de la conversation. Tu as remarqué son accent. Son bronzage, aussi. Et puis, tu es assez physionomiste d'habitude. Et toi as l'impression de ne jamais l'avoir croisé ici. J'trouve que tu de débrouilles pas si mal que ça. Pour la danse, et pour l'anglais aussi. Ce n'est pas une langue facile. Et la discipline ne l'est pas non plus. Tu sais de quoi tu parles, après tout. J'suis née et j'ai toujours vécu ici. Tu avoues tout en hochant la tête. J'connais pas le Venezuela. Tu ajoutes finalement. Tu n'y es jamais allée. D'un côté, tu faisais plutôt des tournées vers les States ou l'Europe lorsque tu dansais. Ça doit être un beau pays. Qu'est-ce qui t'amène ici ? C'est peut-être un peu trop brut. Un peu trop intrusif, aussi. Mais c'est ta curiosité qui parle. Loin de toi l'idée de vouloir la mettre mal à l'aise. Tu souris légèrement pour lui faire comprendre que ta question n'a rien de méchant. Tu viens finalement t'asseoir sur le parquet du gymnase. Regardant avec une certaine distraction autour de toi. Ça te manque, tout ça. Cet endroit. Cette passion qui te faisait te sentir vivante.

Elle laisse apparaître un léger sourire lorsque la blondinette lui dit qu'elle n'est pas si mauvaise que ça en danse. La confiance, elle ne l'a pas forcément. Surtout que ça fait un moment qu'elle n'a pas pris de cours. Evidemment, elle danse assez régulièrement, mais sans personne pour la guider c'est compliqué de s'améliorer. L'entrainement peut être utile en soi, c'est certain. Mais si on continu à s'entraîner en faisant des erreurs, c'est compliqué de les gommer. Les questions commencent et Esme se prête au jeu. Ce n'est pas la première fois qu'on lui demande tout ça mais ça ne la dérange pas. Elle est fière de dire d'où elle vient en fait. C'est son pays. Le manque se fait ressentir parfois mais pour le moment, elle tient bon. " C'est un beau pays oui. " Elle ne tarit pas d'éloges sur le Venezuela. " Le travail. Enfin c'est pour ça que je suis ici en fait. " Mais ce n'est pas tout. " J'avais besoin de quitter ma ville un temps. De découvrir d'autres choses et puis de me vider la tête. " Les déceptions amoureuses sont souvent des moteurs pour des changements de vies. Et c'est le cas pour elle. Avoir trouvé sa copine en train de coucher avec un mec avait été une vision bien assez effrayante pour cela. Elle n'avait pas pu rester de marbre et même si pendant quelques mois elle était restée chez elle, l'envie de se vider la tête avait pris le pas sur tout le reste. " Tu veux m'entraîner ou ... je sais pas ? " Parler n'est pas quelque chose à exclure, ça ne la dérange pas. Encore faut il que la jeune femme soit ouverte à la proposition.

Le Venezuela est un pays que tu ne connais pas. Tu sais où il se situe. Tu connais sa démographie. Et presque même son PIB. Mais tu n'as jamais eu la curiosité d'aller visiter ce pays. D'un côté, tu n'en as pas eu l'occasion non plus. Les rares fois où tu as quitté la Nouvelle-Zélande, c'était pour des galas de danse. Alors forcément, tu lui poses des questions. Tu lui demandes pourquoi être venue ici. A Island Bay. Ça t'aide à faire passer la pilule. Ça t'aide à ne pas penser que la brune peut encore danser. Et puis, au fond, ça n'a rien de déplaisant. De faire une nouvelle rencontre. D'apprendre à connaître quelqu'un de nouveau. J'aimerai pouvoir en faire de même. Tu souffles finalement sur le ton de la confidence. Tu hausses vaguement les épaules. C'est vrai que l'idée t'a déjà effleuré l'esprit. Partir loin d'Island Bay. T'échapper pour recommencer ta vie à zéro. Sans te soucier de tout ce qu'il peut y avoir autour. Être quelqu'un d'autre. Sa question t'étonne un peu. Et ça doit facilement ce lire sur ton visage. Le sang te monte aux joues tandis que tu baisses doucement la tête. J'aimerai, mais je ne peux pas. Tu souffles doucement. Oh ça oui, tu voudrais pouvoir l'aider à se perfectionner. Tu voudrais pouvoir danser avec elle. Être un oiseau, toi aussi. Mais ça t'est impossible. Je dansais avant même de savoir marcher correctement. J'étais faite pour ça. J'ai ennuyé mes parents pendant des semaines afin qu'ils me payent des cours de danse. J'avais même mis de l'argent de côté en vendant tout et n'importe quoi pour les aider à financer les cours. Tu murmures sur le ton de la confidence. Un sourire vient doucement étirer tes lippes lorsque tu repenses à ta détermination. Tu n'étais qu'une enfant à l'époque, mais tu étais déjà bien trop déterminée. Tout ça pour rien.

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Elle sourit lorsque la blonde lui dit qu'elle aurait aimé pouvoir faire comme la voyageuse. " Tu sais, c'est possible hein. Tu peux trouver plein d'endroits où il cherche des jeunes filles au pair. Ou même pour voyager mais ça faut du fric. " Oui, c'est sur que si ce n'est pas pour aller bosser, il faut prévoir de l'argent pour voyager aussi loin. Voyager tout court d'ailleurs. Après la vénézuélienne ne connait les revenues de la blonde, si ça se trouve elle peut se le permettre. Mais bon ce n'est pas le genre de question qu'on pose comme ça lorsqu'on croise quelqu'un pour la première fois.

Ce qui les a rapproché, c'est la danse. Parce qu'Esme dansait, parce que Jane lui a donné des conseils pour s'améliorer. Alors c'est tout naturellement que la brune lui a demandé si elle souhaitait continuer. La réponse la laisse un peu surprise. Elle ne peut pas. C'est bizarre quand même non ? Enfin, heureusement, Jane continue ses explications. Elle l'écoute attentivement, comprend tout ce qu'elle lui dit même si quelques mots ne lui sont pas encore familiers. Mais dans le contexte, il est facile pour elle de saisir le sens des phrases. Elle en voulait quand elle était jeune, ça c'est certain. Comme Esme et le surf, c'est exactement le même parcours finalement. Juste pas le même sport. Mais la fin arrive. Et elle ne comprend pas pour le coup. " Pour rien ? Comment ça pour rien ? " Elle est peut être indiscrète Esme, mais elle veut comprendre.

Partir à l'étranger. Quitter Island Bay et tout recommencer à zéro. Ça pourrait te plaire, en effet. Mais ça voudrait dire que tu dois quitter les Braxton. Ça en reviendrait à baisser les bras. Et ça, ça ne te ressemble pas. Et puis, les enfants, très peu pour toi. Tu es loin d'avoir un bon feeling avec eux. C'est même tout l'inverse. Alors, tu hausses finalement les épaules tout en répondant. J'suis pas certaine que quitter Island Bay soit mon destin. Enchaînée à cette ville pour le meilleure et pour le pire. Tu te dis que c'est le karma qui veut ça. C'est peut-être à cause de ça que tu ne peux plus danser. Parce que tu es destinée à rester ici.
Mais toute ta détermination s'est envolée lorsque le diagnostic est tombé. Tout ce que tu as pu faire pour devenir danseuse professionnelle n'a servi à rien. Ouais, tout ça pour rien. Des heures entières à ennuyer tes parents et le reste de ta fratrie. Des années à économiser pour t'offrir les meilleures tenues ou les meilleurs cours. Alors qu'aujourd'hui, tu es vouée à l'échec. Je ne peux plus danser. Tu souffles comme seule réponse. Tu sais qu'elle aura besoin de plus d'explications, c'est évident. Mais cette phrase te fait déjà beaucoup trop de mal lorsque tu la prononces. Je ne peux plus parce que je suis malade. Et parce que cette maladie m'empêche de vivre sans avoir mal à chaque mouvement que je fais. C'est une réalité. Tu souffres Jane. Tant physiquement que psychologiquement. Tu souffres parce que tes rêves se sont envolés. Et c'est un deuil que tu as beaucoup de mal à faire.
Au fait, je m'appelle Jane. Tu souffles finalement tout en venant fouiller dans ton sac. Tu en sors un bout de papier où tu viens griffonner quelque chose. C'est mon numéro. J'dois y aller. Mais, ça été un plaisir de te rencontrer. Tu te lèves finalement, un sourire qui étire tes lippes.

Elle semble un peu défaitiste la blondinette et ça étonne un peu Esmeralda. C'est bizarre ce qu'elle dit. Tout le monde peut quitter son pays, suffit juste d'un passeport. Enfin, bien sur faut le vouloir mais elle semble en avoir envie. Donc c'est qu'il y a autre chose, une donnée qu'elle n'a pas dans sa base. Il manque une information oui. " Peut être un jour. " Esmeralda elle, elle est beaucoup trop optimiste. Elle cherche à l'être. Pour les autres finalement, pas pour elle. Parce que sa vie a elle, elle s'en fout. Et si ça va mal bah elle l'accepte. Pessimiste pour elle, optimiste pour les autres c'est bizarre. Mais c'est difficile d'être objectif dans ces cas là.

Ca l'intrigue cette histoire de danse pour rien. On ne danse pas pour rien. Qu'est ce qui ne va pas finalement ? Et Esme curieuse comme d'habitude, n'hésite pas à poser la question. Elle attend, elle voit les lèvres de la jeune fille bouger, elle les suit. Et lorsque les mots sont prononcés, elle bug. Elle ne peut plus danser. " Oh... " C'est rude en fait. Parce que visiblement elle adore ça. Mais Esme comprend mieux le voile de tristesse qui s'était posé sur ses yeux depuis le début de leur conversation. " Je suis désolée pour toi et pour... enfin voilà. " Elle ne s'excuse pas de pouvoir danser, ou peut être un peu. Elle s'excuse surtout de lui avoir demandé de l'aider et du coup comprend son mouvement de douleur du début. Oui pour ça elle se sent coupable. Elle se présente, la conversation est close visiblement. " Esmeralda. " Elle la voit fouiller dans son sac et en sortir un bout de papier où de l'encre vient y être apposé. " Oh merci ! " Elle ne pensait pas qu'elle réagirait comme ça. Qu'elle voudrait la revoir. Mais elle en est ravie la brune et son sourire le confirme. " Je t'enverrai un message pour que tu aies le mien aussi. " Elle le fera, c'est sur. Une fois qu'elle est partie, Esme danse encore un peu avant de quitter le gymnase, plutôt ravie de cette rencontre.