it's the first step in the healing process (avery)

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crédit/ tumblr ✰ avery.

Parler. La première étape dans le processus de guérison. Et croyez-moi, je suis bien placée pour le savoir. C'est un discours que je mets souvent en avant avec mes patients. Et, pourtant, moi-même, j'en suis incapable. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Après la mort de Nina, l'équipe médicale de la maternité m'a conseillé de me joindre à un groupe de paroles. Pour en parler. Mettre des mots sur ma douleur. Celle qui me consume secrètement de l'intérieur depuis trois ans maintenant. Mais je n'ai jamais trouvé la force et le courage d'y aller. Comme si, d'une manière ou d'une autre, le fait de ne pas en parler pouvait éviter de rendre les choses réelles. Mais c'est faux. Et nous avons tous besoin d'aide. Un vulgaire flyer dans les mains, je jette un rapide coup d'œil à ma montre. Si je pars maintenant, je peux arriver avant la fin de l'atelier. Sur un coup de tête, je me rends rapidement au lieu de rendez-vous. Le groupe se réunit dans une salle réservée située dans les annexes de l'hôpital. Je respire un grand coup avant de me diriger jusqu'à la porte indiquée sur le papier. Une jeune femme semble en retrait, hésitante. En réalité, dans le fond, je suis dans le même état qu'elle. D'un coup, je ne suis plus trop sûre de vouloir rentrer. Je m'arrête à son niveau et observe du coin de l'œil le groupe déjà installé en cercle dans la salle. Une majorité de femmes. Elles semblent plutôt à l'aise comme si elles se connaissaient déjà toutes. Probablement des habituées. « Vous ne rentrez pas ? » L'atelier a déjà commencé depuis une bonne demi-heure. « A vrai dire, je ne suis plus trop convaincue non plus. » En même temps, ce n'est jamais idéal d'arriver en retard dans ce genre de situation. Et je ne veux surtout pas casser la dynamique du groupe apparemment déjà bien lancée. Une machine à café non loin de là pourrait nous sauver la mise. « Un café, ça vous tente ? » En tout cas, c'est tout ce que je trouve comme excuse pour ne pas rentrer.

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Trois ans. Les années défilent et pourtant, la brune reste tout autant touchée par cet évènement qui tant chamboulé sa vie. Elle ne souhaitait pas en parler, au début, se refusant de penser un seul instant à cet acte horrible qu’elle a fait. Elle avait tout de même ôté la vie à ce petit être qui grandissait en elle. Ce mini eux, qui aurait surement ressemblé à son père. Le charme fou. On ne pouvait que craquer pour lui. Au final, la brune aux reflets roux n’aura même pas su si l’enfant qu’elle portait était un petit bout d’homme ou bien un petit bout de femme. C’est mieux de ne pas avoir su, c’était ce qu’elle s’était dit, au départ. Et puis les questions se sont faites de plus en plus présentes dans sa tête, et elle a trouvé que son travail comme remède pour ne pas penser à cet évènement. Une de ses collègues lui a d’ailleurs parlé d’un groupe de soutien, où plusieurs personnes se retrouvent pour parler de leurs soucis. Elle a hésitée pendant plusieurs semaines, avant de se dire que ce serait peut-être une bonne idée. Mais, devant la salle où se retrouve tout ce petit monde, Avery, elle panique. Elle se dit qu’elle allait devoir parler de cet évènement, et elle a tellement peur d’être jugée pour son acte. Elle se perd dans ses pensées quand une voix la sort de sa rêverie. Elle sursaute, avant de lui adresser un sourire. « Je… » Elle était en retard, avec ses horaires au travail ce n’est pas forcément évident, et aussi parce qu’elle a réellement du mal à passer cette porte. La femme brune à ses côtés, lui avoue qu’elle n’est pas très convaincue à entrer non plus. « Je me sens moins seule… » Elle lui sourit tout de même, avant qu’elle ne lui propose un café. « Je ne dirais pas non. » Vite, avant que la femme qui préside l’atelier de soutien vienne les voir pour les faire entrer. Elles se dirigèrent alors à la machine à café. « C’est la première fois que vous venez à cet atelier ? Ou que vous tentez de venir. »

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Une excuse comme une autre pour se défiler. Certes, c'est pas glorieux mais on fait avec les moyens du bord. « Je ne dirais pas non. » Nous nous éloignons définitivement de l’atelier en direction de la machine à café. Heureusement, personne n’a eu le temps de nous voir. Notre plan d'évasion aurait très bien pu échouer. « C’est la première fois que vous venez à cet atelier ? Ou que vous tentez de venir. » Je grimace légèrement, malgré moi. « C’est ma première tentative, oui. » Je m’arrête un instant avant de lâcher un petit rire nerveux d’entre mes lèvres. « Mais c’est raté. » De toute évidence. Après tout, c’est l’intention qui compte, non ? Dans tous les cas, pour moi, ce n’est pas totalement un échec. Au contraire. Le fait d’être venue jusqu’ici est déjà un énorme premier pas. La suite reste à venir. « Je suppose que pour vous aussi ? » En réalité, ma question sonne davantage comme une affirmation. Ce n’est pas difficile de comprendre qu’elle semble dans le même cas que moi. Son hésitation pour rentrer dans la salle en est un signe. « Je vous propose un deal. » La jeune femme me regarde d’un air perplexe sans vraiment comprendre. Entre temps, j’insère deux pièces de monnaie dans la machine et lui tend son café. « Pour cette fois, on se contente juste d’un simple café. Mais la semaine prochaine, on essaye de revenir ensemble ? » A deux, c’est toujours plus facile. « Pour de vrai, je veux dire. » Et le faire aux côtés d’une inconnue rend la situation sans doute moins effrayante. Comme si nous partions toutes les deux de zéro. Sans aucun a priori l’une sur l’autre. Sans aucun jugement. En tout cas, c’est un challenge que je lui lance. Comme ça, à la volée. Mais mon deal reste très sérieux. Après tout, si ça peut nous aider l’une comme l’autre à aller de l’avant, pourquoi pas. Tous les moyens sont bons pour se permettre d’avancer. « Moi, c’est Jamie. » Je lui adresse un large sourire avant de prendre place sur l’un des sièges du couloir, café à la main.

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Trouver une excuse pour ne pas entrer dans cette salle, c’était son but. Au départ, la brune était motivée pour aller à cet atelier, mais le stress est arrivé quand elle s’est stoppée devant la porte, ne pouvant pas l’ouvrir. La brune n’était pas rendu à faire une crise de panique, mais elle aurait pu. Et le hasard fait plutôt bien les choses parce qu’une autre femme ne semble pas prête à passer la porte. Elle lui propose même d’aller boire un café, histoire de ne pas rester devant la salle prévue pour l’atelier, comme deux cruches. Curieuse, la brune aux reflets roux lui demande si c’était la première fois qu’elle tentait de venir ici. Ce n’était pas non plus très flagrant, mais elle avait l’impression de se voir, elle, quand elle est arrivée devant la salle et qu’elle ne pouvait plus avancer. « Au moins, le côté rassurant, c’est que nous n’étions pas la seule à se dégonfler. » Elles l’ont fait toutes les deux. Avery lui adresse un sourire, pour être un peu plus rassurante, compatissante avant que la brune ne lui propose un marché. Au début, elle ne comprend pas tout de suite, avant que cette dernière ne s’explique tout en lui tendant son café. « Merci. » Voici donc son idée. La prochaine fois, lors de la prochaine séance qui se tiendra la semaine suivante, elles iront toutes les deux. « Je suis d’accord. On pourra faire une nouvelle tentative, ensemble. » Le sourire tout le temps présent, elle porte son café à ses lèvres pour en boire une gorgée. Elle se présente aussi, lui avouant son prénom avant que la brune ne fasse de même. « Avery. » Elle vient s’asseoir à ses côtés sur les sièges, tournant la tête vers Jamie pour s’adresser de nouveau à elle. « C’est quoi votre excuse pour ne pas entrer ? » Elle doit bien avoir une raison. Pour l’encourager à parler, Avery se confie. « Je n’ose pas parler de mon expérience devant les autres, de peur d’être jugée. » Parce qu’elle sait que ce sera le cas, et elle n’a pas envie qu’on la regarde avec dégout. « Ecouter les autres, ça me dérange pas, mais en parler, c’est bien plus dur. »

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La jeune femme accepte le deal que je viens de lui proposer. Si ça peut nous permettre d’arriver à surmonter nos peurs ensemble, c’est une bonne chose. « Justement, je n’ai plus d’excuse. » Je grimace légèrement. « Ça fait trop longtemps que ça dure... j’ai plus rien en stock. » Je laisse échapper un petit rire d’entre mes lèvres. En réalité, je ne me cherche plus à me trouver des excuses. Au fond, je suis intimement convaincue d’avoir besoin de me confier à quelqu’un si je veux être capable d’avancer. Certes, je ne pourrais jamais oublier. Nina fait entièrement partie de moi. De ma vie. Mais j’ai cruellement besoin de me libérer de ce poids douloureux. Trois ans que le drame a eu lieu. Et pourtant, dans mon esprit, c’est comme si c’était hier. Rien n’a changé. Je n’ai, de toute évidence, pas encore réussi à faire mon deuil. Je baisse légèrement les yeux en soupirant. « On doit le faire pour soi, pas pour les autres. » Ce n’est peut être pas exactement les mots que la jeune femme veut entendre mais c’est tout ce que je peux dire pour essayer de la rassurer. On se fout de ce que les autres peuvent penser. Que ce soit dans n’importe quelle situation d’ailleurs. Même si c’est souvent plus facile à dire qu’à faire, c’est certain. « Personne ne devrait se permettre de juger qui que ce soit. Chacun a sa propre histoire, son propre vécu. » Et c’est ce qui fait que nous sommes tous différents. Le chagrin n’affecte pas les gens de la même façon. Inutile de comparer une expérience avec une autre, ça n’aurait aucun sens. « Et je suppose que dans un atelier comme celui-là, le jugement n’est pas de mise. » Après tout, nous sommes tous dans le même bateau. Nous n’avons peut être pas la même expérience mais nous avons tous le même besoin. Ceux qui franchissent la porte de cet atelier le font pour de bonnes raisons. « Du moins, j’espère. » Ça serait quand même un comble. Ce genre d’atelier est là pour nous soutenir et nous aider dans nos épreuves. Pas pour nous enfoncer encore plus dans nos démons.

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Jamie lui explique ne plus avoir d’excuses, et que cette situation dure depuis longtemps. Ce qui fit sourire la brune, qui se retrouve un peu dans le même cas. « Ça fait trois ans que s’est arrivé, et pourtant, c’est comme si c’était hier. » Parfois, c’est plus évident de se confier à des inconnus. Et c’est surement pour cette raison que la brune commence peu à peu à discuter avec Jamie. Elle ne connait pas son histoire, pas sa relation avec son mari, pas son geste. C’est un plus pour tenter d’avancer, non ? « C’est surement parce que les années passent et que c’est encore bien présent dans ma tête que mes collègues m’ont proposé d’aller à cet atelier… » Elle tentait de trouver de bonnes excuses pour ne pas se rendre dans cette salle, mais les excuses n’étaient plus valables. Pour ceux qui connaissent la brune depuis un bon moment, ils ont bien remarqués le changement après cet évènement qui l’a tant chamboulée. Même si elle tentait de faire comme si de rien n’était, elle est brisée depuis qu’elle a décidée d’ôter la vie de ce petit bébé qui grandissait en elle. Comme elle l’a dit à Jamie. C’était trois ans auparavant, mais elle a encore cette impression que c’était hier qu’elle avait eu ce rendez-vous. Les choses iront mieux avec le temps, qu’on lui avait dit. Mensonge. Jamie tente de la rassurer, en lui disant que personne n’est là pour juger, que chacun à son histoire. « J’espère, aussi. » Elle lui avait répondu en soupirant, parce qu’après tout, peut-être que certaines personnes ne pourraient pas comprendre sa décision. Elle ne sait pas réellement les histoires des personnes qui se trouvent dans un atelier comme celui-ci. Elle a pu voir que c’était principalement des femmes, alors est-ce qu’elles avaient toute une histoire avec des enfants ? Possible. Elle le saura qu’en entrant dans la pièce, en même temps. « J’ai eu assez de la réaction de mon mari… » La brune observe devant elle, perdue dans ses pensées. Ce n’est pas comme si Sean l’avait jugé, mais elle s’en veut terriblement de son geste, qu’elle imagine que c’est le cas. Ils se sont disputés, se sont déchirés et maintenant, ils sont sur le point de divorcer.

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« Ça fait trois ans pour moi aussi. » Voilà encore un point en commun. Quelque chose me pousse à me confier à elle. Et sur le moment, je ne me pose pas de questions. Les mots se délient de mes lèvres naturellement. Peut-être est-ce dû aux circonstances de notre rencontre. Le fait qu’Avery semble aussi hésitante que moi sur le sujet me fait me sentir bien. Je me sens mieux. Comme si – en quelques sortes, le destin avait décidé de nous rapprocher. Dans le cas de la jeune femme, c’est des collègues à elle qui l’ont poussé à venir à cet atelier. Ce qui prouve, au moins, qu’elle n’est pas toute seule. Elle est bien entourée. C’est déjà un bon point. Quant à moi, c’est un peu plus délicat. Disons que le sujet est devenu un peu tabou. Mes proches sont au courant, évidemment, mais ce n’est pas pour autant qu’on en parle. Au contraire. Au moment du drame, il y a eu des mots de condoléances. Des mots réconfortants mais aussi des silences. Des moments de gêne se sont installés. Malgré eux, malgré moi. C’est comme ça. Dans ce genre de situation, c’est toujours un peu difficile de savoir exactement quoi dire. Parce qu’en fin de compte, il n’y a rien à dire. La vie peut être cruelle parfois. Et au final, je n’arrive pas à trouver quelqu’un pour en parler. Comme ça, à cœur ouvert. Pour libérer tous mes maux. Peut-être est-il plus simple de s’ouvrir face à une inconnue. En tout cas, nous semblons toutes les deux sur la même longueur d’onde. Et cette sensation s’accentue lorsque la jeune femme mentionne son mari. De sa réaction. Je pense immédiatement à Greyson. Et à ce qu’est devenu notre couple depuis le drame. Mon cœur se serre dans ma poitrine alors que je grimace légèrement. Même si je ne sais pas exactement ce qu’elle a vécu, je me sens étrangement liée à elle. Sur beaucoup de points. Ce qui me pousse à essayer de l’aider. « Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé pour vous mais... » Je m’arrête, un peu gênée. « Je... enfin... Je pense que nos histoires se ressemblent. » Peut être pas forcément dans le fond mais plutôt dans la forme. « Avec mon mari, depuis, c’est extrêmement difficile. » Et c’est peu de le dire. « Je ne suis pas sûre que notre couple arrive à s’en remettre. » Je grimace légèrement, la gorge serrée.

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Un mince sourire se dessine sur les lèvres de la brune, en apprenant que Jamie a aussi connu un moment difficile dans sa vie, et que cela faisait trois ans. Comme cet évènement qui a tant chamboulé la vie de la brune. Un point commun qui peut leur permettre de se soutenir d’autant plus. Jamie lui a d’ailleurs proposé d’assister ensemble à la prochaine séance de l’atelier. En effet, elles n’ont pas réussi à entrer dans la pièce cette fois-ci, mais la prochaine fois sera surement la bonne. Et puis, à deux, ce sera surement plus simple. « Vous tentez depuis longtemps de venir à cet atelier ou c’est nouveau pour vous ? » Oui, parce que pour Avery, c’est quand même récent. Son avortement date depuis plus de trois ans, et elle s’est tellement renfermée sur elle-même sans vouloir en parler aux autres, que c’est tout de même récent que ses collègues lui ont parlé de cet atelier. Elle a besoin de parler à quelqu’un pour pouvoir accepter ce geste qu’elle a eu, auparavant. La brune aux reflets roux lui avoue qu’elle a peur d’être jugée. Elle avait eu suffisamment de la réaction de Sean, quand il a su que si sa femme s’est autant éloignée de lui, c’était parce qu’elle était tombée enceinte et qu’elle avait avortée sans prendre la peine de lui en parler. Par rapport à ce qu’elle lui a dit, Jamie pense à la similarité de leurs histoires. C’est tout à fait possible après tout. Avery n’est pas la seule personne qui avorte. Elle boit une gorgée de son café quand Jamie lui avoue que l’évènement qu’elle a traversé a laissé quand même quelques séquelles au niveau de son mariage. Comme quoi c’est difficile avec lui, et elle n’est pas certaine que leur couple remonte la pente. Beaucoup trop de points communs, même si c’est encore plus précis pour la brune, puisque la procédure de divorce est lancée. Elle espère tout de même que ce ne soit pas le cas pour Jamie. « Mon mari a demandé le divorce, il y a un peu plus d’un an. » Les papiers ne sont pas encore signés, mais ce n’est plus qu’une question de temps. Elle reste persuadée que tout ira mieux, mais elle ne peut pas s’empêcher de penser qu’elle préfère que son mariage et son couple fonctionne de nouveau. « Je… Je m’étais focalisé sur mon travail, délaissant mon mari. Il n’était pas au courant de l’histoire, alors il a demandé le divorce ne supportant plus de passer après mon travail. » Dans sa tête, Avery aurait préféré que tout soit parfait, et peut-être que si elle lui en avait parlé, tout aurait été bien différent. « Et puis, il a fini par être au courant, et ça nous a éloigné d’autant plus. »

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« C’est tout nouveau. » J’ai mis du temps à me convaincre de venir à cet atelier. A la base, je pensais ne pas en avoir nécessairement besoin. On se pense toujours plus forte que tout. Avant de se rendre compte s’être totalement trompé. Pour le moment, nous restons toutes les deux assez vagues sur nos histoires respectives. Nous n’abordons pas avec précision le drame que nous avons vécu. Et pourtant, on commence doucement à se confier l’une à l’autre. Notamment sur nos couples respectifs. Le mari de la jeune femme a demandé le divorce. « Je... je suis sincèrement désolée. » La jeune femme commence peu à peu à s’ouvrir davantage à moi. Elle m’explique s’être un peu trop focalisée sur son travail. Je ne peux que comprendre puisqu’en soit, c’est ce que je fais présentement. Et même si avec Greyson, nous n’en sommes pas encore au point de rupture, dans le fond, c’est tout comme. Entre nous, il n’y a plus de communication, plus aucune complicité. Plus rien. C’est comme si nous étions devenus de simples colocataires l’un pour l’autre. On vit ensemble mais ça s’arrête là. D’ailleurs, on ne fait que se croiser. On ne partage plus rien ensemble. Finalement, me confronter au divorce de la jeune femme me fait l’effet d’un électrochoc. Pour être tout à fait honnête, il y a de fortes chances pour que notre histoire se termine de la même façon. J’ai beau vouloir être optimiste, encore et toujours, malheureusement, les faits sont là. Et rien ne sera plus jamais comme avant. La mort de Nina a brisé quelque chose en moi. En nous. « Mon mari est au courant, nous l’avons vécu ensemble. Mais ça ne nous a apparemment pas rendus plus forts, au contraire. » C’est tout l’effet inverse. Un silence et une certaine distance se sont immiscés entre nous. Et malgré nous. « Comme vous, nous nous sommes beaucoup éloignés. » Beaucoup trop. Jusqu’à se demander si nous n’avons pas atteint un point de non retour. « L’atelier va bientôt se terminer. » Je grimace légèrement jetant un œil à ma montre. « Je pense qu’il serait préférable de partir maintenant si on ne veut pas que la situation soit gênante... » Pour éviter d’avoir à les croiser. « Je suis heureuse d’avoir pu discuter un peu avec vous. Ça fait du bien. » Je le pense sincèrement. Comme quoi, toutes les rencontres peuvent s'avérer être bénéfiques.  

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Le temps était à la confidence. C’est vrai que c’est plus facile de se confier à quelqu’un d’inconnu dans notre vie, qui peut avoir un regard extérieur. Si elle arrive facilement à parler avec Jamie, c’est peut-être parce que les deux femmes ont traversés la même épreuve, ou bien elles se ressemblent un minimum. Elle se sent désolée pour elle, et la brune lui adresse un mince sourire. « Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Je n’ai pas voulu lui en parler, et on s’est éloigné l’un de l’autre. Tout aurait pu être différent si… » Elle ne prend même pas la peine de terminer sa phrase. Cela ne sert à rien de vivre dans le passé. En effet, la situation aurait pu être différente, Sean et elle seraient surement encore ensemble, peut-être même avoir un enfant. Jamie lui avoue que son mari est au courant et qu’ils ont vécu cette épreuve ensemble. C’est à ce moment-là que la brune se rend compte qu’elles n’ont pas eu le même évènement dans leurs vies. Jamie ne lui en dit pas plus, mais elle le comprend. Elle s’apprêtait à lui poser une question, peut-être un peu risquée, quand la brune à ses côtés lui dit que l’atelier va bientôt se terminer. « Vous avez raison. » Avery boit la dernière gorgée de son café avant de se lever du siège où elle était assise. « Le plaisir est partagé. » Elle lui adresse un sourire, avant de commencer à s’en aller. Au bout d’un moment, elle se retourne et appelle Jamie, avant qu’elle n’ait le temps de partir. Avery, souriante, reviens sur ses pas. « Est-ce que je pourrais avoir votre numéro ? Ce sera plus simple pour s’organiser pour venir au prochain atelier ensemble. » Elle ne demande que rarement le numéro de téléphone des inconnus, mais là, c’est pour une bonne raison. Elle attend le temps que Jamie le saisisse sur son téléphone, avant de repartir à ses occupations.