not my fault ! (dwight & tawny)

Il est tôt, je suis claquée, j’ai très peu dormi et je sors tout juste de chez une fille avec qui j’ai passé la nuit. Le soleil me fait plisser les yeux et je peine à émerger totalement, j’ai juste envie de rentrer chez moi et dormir toute la journée. Heureusement, je ne dois plus avoir beaucoup d’alcool dans le sang, et malgré la fatigue, ça devrait aller pour conduire. J’enfourche ma moto, enfile mon casque, et je démarre pour rentrer chez moi. Manque de bol, il y a beaucoup de circulation. Un appel de mon père me fait me déconcentrer, je décroche avec mon petit appareil bluetooth qui me permet de parler tout en conduisant. Malheureusement, je suis moins attentive qu’il ne le faudrait, et je fais un peu n’importe quoi. Une voiture manque de me griller la priorité et je fais un écart sur le trottoir, manquant de renverser un coureur. Ok, c’est clairement pas mon jour de chance. Le gars se retrouve à plonger sur le bitume pour éviter que je le renverse et prise de remords, je pose ma moto sur la béquille à quelques mètres. « Pap’s je te rappelle. » Je raccroche en appuyant sur le bouton et m’approche du mec que j’ai manqué de renverser. Je tente d’être de bonne composition. « Hey ! J’suis désolée, y’a la putain de grand mère qu’a failli me rentrer dedans, du coup j’ai fait un écart. » Il se relève et je lui tends la main pour l’aider mais il la refuse. Je sens que je vais en avoir pour mon argent. « Ça va ? » Il a les genoux écorchés et il saigne un peu, ok, je culpabilise quand même un peu, j’aurai pu faire plus attention. La fatigue, le téléphone, c’était pas une bonne idée. Mais bon ça va il est pas mort non plus…

C'est une belle journée qui s'annonce pour un homme aussi mal-luné que toi. Pour ainsi dire, tu n'as pas dormi de la nuit, fermeture de la veille corsée par quelques étudiants ne savant visiblement pas boire, chauffés à la bière, quelques échanges houleux pour un jeu de fléchettes, et ce sous le regard d'un flic en civil, celui qui n'omettait pas de te rappeler ta condition du placé sous surveillance depuis le soir où t'as cru bon d'aller porter rescousse à ta donzelle de la meilleure manière qu'il soit. Ça vient t'épier jusqu'à ton lieu de travail, hétéroclite soit-il, et ça prône les trêves pacifistes en venant boire un verre chez toi d'un œil menaçant, joke of the day. Tu préfères encore aller en cellule que d'être privé de ton bien.. ah mais, l'un ne va pas sans l'autre, c'est ça ? Vite, défouloir. Salle. Boxe. Voiture au garage. Fuck. Relativise, ça te fera du bien de courir un peu jusqu'à l'autre bout de la ville, con vétusté. T'iras même sûrement plus vite comme ça, soit. 
Du vieux Deftones dans les oreilles pour te replonger dans une jeunesse borderline, t'es dans ta bulle, les pas qui résonnent sur le bitume à un rythme effréné. Tu la joues même plutôt périlleusement, passant de trottoir en trottoir entre deux voitures bouchonnés, manquant de te prendre quelques âmes en pleine poire par moment, ne réfléchissant à rien d'autre qu'à l'heure d'ouverture des buralistes du coin parce que t'es à sec même à ce niveau là. Cogner le rétroviseur du quatre-quatre garé comme un sac à excrément sur le trottoir, te retourner vaguement en te disant que tu répondras aux abonnés présent si le proprio en mendie des explications, se dire que frapper dans un sac ne suffira sûrement pas pour tout à l'heure, te retourner à nouveau et te retrouver nez à nez avec un motard fonçant à vive allure sur toi... sur le trottoir. Préconiser l'instinct de survie et te vautrer par terre comme un crétin en public; Fait. " Et merde ! " Tu restes assis quelques secondes, sans réellement bouger, occupé d'abord à te débarrasser des quelques salissures nommant ton épiderme domicile quand le motard, ou plutôt la motarde, s'en vient à ta rescousse. Ouais, faut pas t'toucher dans ton orgueil et pour le coup, il en a prit un coup. " Ouais, ça allait bien avant qu'une tarée débarque de nulle part pour essayer de me tuer ! " Tu dramatises un peu. Bon, beaucoup. Tu te relèves, les genoux éraflés, la paume de tes mains en sang, la musique subitement coupée. Tu tâtes tes poches, deviens rouge en ramassant ton téléphone hâtivement sur le sol, l'écran en ayant pris pour son grade également. " C'est une putain de blague. " Et là, ils sont où les gyrophares ? Les mecs en civil ? Surtout que pour le peu de considération que tu offres à ton vis-à-vis pour le coup, tu remarques bien qu'elle n'est au top de sa forme également. C'est pas elle qui vient de se rétamer par ta faute, en attendant.

En voilà une bonne. Je crois que c’est vraiment pas ma journée, et pour le coup, pas celle non plus du mec que j’ai bien failli renverser. Ça, ça aurait fait tâche sur mon dossier. D’un côté, ça m’aurait fait quitter l’armée sans que j’ai besoin d’en faire la demande. Ok, là je divague complètement. J’ai pas besoin de renverser un mec pour ça, Tawny réveille-toi ! Je retire mon casque en arrivant au niveau du gars qui s’est retrouvé par terre, et je prends quand même des nouvelles, on sait jamais. S’il s’est vraiment fait mal, c’est mon assurance qui va douiller, et s’il veut porter plainte, il peut aussi. Je suis dans la merde, j’ai plutôt intérêt de me la fermer, si j’y arrive… « Ouais, ça allait bien avant qu'une tarée débarque de nulle part pour essayer de me tuer ! » Je me redresse un peu, soufflée par l’agressivité du gars. « Eh, déjà j’suis pas tarée, et j’ai pas essayé de te renverser, j’ai échappé à un chauffard qui savait pas conduire. Ça va, j’t’ai juste fait peur ! » Je l’ai même pas touché. Pas de ma faute si ses réflexes l’ont poussé à se jeter au sol comme s’il y avait une fusillade. J’ai pas une gueule de terroriste, merde ! « C'est une putain de blague. » dit-il en ramassant son téléphone dont l’écran est fissuré. Aïe, ouais ça c’est con. Je soupire un peu. « Ça va c’est que matériel, j’te file un billet pour le réparer s’tu veux… » Pour le moment, mis à part le fait que je sois un peu excédée, je reste à peu près calme, pas trop agressive, mais faudrait pas qu’il me fasse chier parce que je crois que je pourrai partir au quart de tour. Quand je suis fatiguée, je peux sortir de mes gonds en moins de temps qu’il ne faut pour le dire…

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