Running, running, running || Leanne

Courir n’était plus vraiment dans mes habitudes depuis quelques semaines. Même me rendre au boulot, je n’avais plus vraiment de motivation. Avant, j’étais toujours la première à faire une garde à la caserne mais aujourd’hui tout avait changé. Je crois que je me sentais trahie du départ précipité d’Allan, lui qui m’avait toujours répété ne jamais me laisser ni abandonner sa fille. En fait, c’était surtout pour Lily que je m’inquiétais, elle m’avait retrouvée certes mais elle devait sans doute se sentir une nouvelle fois abandonnée par ce père qu’elle aurait aimé connaitre. Lors de ce rendez-vous tous les trois à la caserne, j’avais perçu comme une envie de la part de ma fille d’apprendre à mieux connaitre son vrai père. Mais il fallait croire qu’Allan ne voulait pas d’une famille avec moi et Lily, il avait préféré disparaitre sans un mot. Du coup, aujourd’hui et voyant mon chien faire les cent pas dans le salon, je décidais qu’il était temps que je me remue et qu’on bouge au parc. Après tout, on dit toujours que le sport aide à ne plus penser aux choses auxquels on aimerait ne plus penser. Arrêter de penser à Allan, c’est ce que je souhaite le plus au monde. J’avais tant rêvé d’une vie à trois, d’un bonheur sans nuages avec lui que son départ est en train de m’anéantir. Une fois au parc, je commençais à courir, tenant fermement la laisse de Charly qui se donnait à cœur joie de me faire courir. Lui il était heureux, il me poussait à retrouver la joie de vivre mais je n’en avais pas vraiment envie. Il allait me falloir du temps pour oublier cette trahison de la part de l’homme que j’aimais, je vais devoir être forte pour notre fille. Elle n’avait pas demandé ça et même si elle a toujours ses parents adoptifs, elle a tout fait pour me retrouver, pas question de la laisser à présent. Déménager, c’était une possibilité à laquelle je réfléchissais. Parce que cette maison me rappelait les moments de bonheur avec Allan quand on s’était retrouvés que je voulais une maison qui n’ait pas de souvenirs de cet homme que j’ai sincèrement aimé. Totalement perdu dans mes pensées, je ne remarquai pas que je venais de lâcher la laisse de Charly. Par chance, une jeune femme avec son chien passait par là et visiblement les deux chiens semblaient s’apprécier. Je la vis rouspéter après son chien avant de me faire savoir qu’il n’était pas méchant et qu’il avait du mal à se retenir de courir après les autres. Je ne pouvais pas lui en vouloir, étant donné que mon chien était tellement impatient de sortir qu’il tirait sur sa laisse alors je vins lui répondre. « Oh ne vous en faites pas, je connais ça aussi avec le mien », lui disais-je, la rassurant au passage avant de reprendre. « C’est la première fois que vous venez dans ce parc ou c’est peut être moi qui n’y suis pas venue depuis un moment ? Je m’appelle Leanne et vous ? », lui demandais-je, rappelant Charly au pied pour lui reprendre sa laisse en main.