Another boring night [Esmeralda & Brendon]

J’ai un peu trop bu. Il serait préférable que je ne conduise pas. Sauf qu’il n’y a personne qui se souci de moi à la maison. Personne qui peut s’inquiéter si je rentre beaucoup trop tard. Ou pas du tout. Je prends le volant surtout par commodité, ne voulant pas devoir appeler un taxi puis retourner chercher ma voiture le lendemain matin. C’est trop compliqué dans mon esprit alors que je quitte le bar. L’ombre qui m’enveloppe m’apporte un certain apaisement. Il y a un silence dans l’air de la nuit qui me permet de calmer mes pensées chaotiques. Je soupire longuement avant de rejoindre mon véhicule. Je démarre après quelques minutes à fixer le tableau de bord en silence. La musique se répand ensuite dans l’habitacle tandis que je mets la voiture en vitesse. Je suis suffisamment éveillé et concentré pour conduire sans problème. Mes réflexes sont probablement ralentis par l’alcool tout de même, je n’en ai seulement pas vraiment conscience. J’emprunte d’ailleurs un chemin qui me rallonge énormément. Je ne me rends compte de mon erreur qu’en prêtant attention au bâtiment qui se font de plus en plus rares. Je suis dans une zone industrielle de la ville, il me semble. Je n’ai pas l’habitude d’y aller. Il n’y a pas grand-chose pour moi ici. C’est un peu pour cela que je suis surpris de voir s’éclairer par mes phares une silhouette féminine au bord de la route. Je lève le pied de sur la pédale d’accélération, provoquant naturellement ma décélération. Je tourne la tête au moment de passer à côté de l’inconnue et c’est probablement par pur hasard que je reconnais les traits de son visage. C’est surtout parce que je l’ai rencontré récemment et ce dans la même obscurité de la nuit. Il s’agit de l’une des participantes de l’énigme d’Harry Potter. Je me range à quelques mètres devant elle et j’attends qu’elle soit à proximité pour baisser la fenêtre afin qu’elle me voit. « Esme, c’est ça ? C’est moi, Brendon. » Je commence par m’introduire pour la pousser à m’accorder son attention. « Besoin d’un raccompagnement ? » Je lui offre avec un sourire dont seul j’ai le secret.

Elle marche dans la nuit noire sans savoir où elle va. Esme s'est endormie sur la plage, ce qui lui arrive assez souvent d'ailleurs. Mais elle ne s'est jamais réveillée alors que la nuit était déjà tombée et que l'air s'est rafraîchi. Elle est sortie les deux derniers soirs et s'est réveillée assez tôt, ce qui fait qu'elle manque considérablement de sommeil. Le plus gros problème qu'elle a à l'heure actuelle, c'est qu'elle ne sait pas où aller. La vénézuélienne a marché pendant près de deux heures sur le sable de la côte et s'est effondrée un peu plus loin. Mais de nuit, marcher sur la plage ce n'est pas forcément évident vu le peu de lumière qu'il y a. C'est pour ça qu'elle a décidé de rentrer dans les terres à la recherche d'une rue qu'elle connait pour se repérer. Et pour le moment, c'est un échec cuisant. Elle ne désespère pas mais la fatigue commence à lui peser. Malgré les heures de sommeil récupérées. Vêtue d'un short en jean et d'un tee shirt fin, elle a quand même pensé à prendre sa veste en jean mais la brunette habituée aux températures plus chaudes frissonne légèrement à chaque courant d'air qui se balade sur sa peau dénudée. Son sac à dos bien posé sur ses épaules, elle serre les bras sur son ventre en arpentant les rues de la ville. Plongée dans ses pensées, elle tente d'éviter au maximum les badauds qui la sifflent ou tente de l'alpaguer. Elle n'est pas d'humeur, elle veut juste retrouver la maison d'Axl et y arriver en sécurité si possible. Lorsqu'elle voit une voiture ralentir à sa hauteur, elle a le ventre qui se serre et presse le pas. Et son coeur s'accélère lorsqu'elle voit cette même voiture s'arrêter quelques mètres plus loin. Passer le plus vite possible, voilà son but. Mais une voix se fait entendre et lorsqu'elle entend son prénom, elle tourne la tête. Un soupir de soulagement s'échappe de ses lèvres lorsqu'elle reconnaît Brendon. " Tu m'as fait peur ! " Elle ne peut s'empêcher de partager sa crainte. Et son harceleur se transforme en sauveur lorsqu'il lui propose de la raccompagner. " Oh je veux bien oui. " Et sans plus attendre, elle pénètre dans sa voiture, toujours recroquevillée sur elle même, son corps appréciant néanmoins la chaleur de l'habitacle. " Merci beaucoup. Comment tu vas ? "

C’est une véritable surprise de rencontrer une personne ici à cette période de la journée. Encore plus surprenant que je connaisse cette personne. Cette coïncidence me pousse à croire qu’il y avait plus à arriver entre moi et Esme qu’une simple collaboration pour une chasse au trésor. Je m’arrête non loin d’elle parce que je suis vraiment intrigué de la retrouver là. Je ne songe même pas au fait que mon approche demeure assez directe au point de lui avoir même fait peur. Je réalise que finalement je ne suis pas aussi attentif que je le croyais. « Désolé, je ne voulais pas t’effrayer. » Je lui assure d’une voix graduellement plus faible alors qu’elle s’approche au final de moi. Inutile de s’en faire avec cela, je pense déjà être pardonné à voir le sourire qui illumine désormais son visage. Elle accepte d’ailleurs que je la conduise où elle a besoin d’aller. Je ne peux tout de même pas la saluer puis l’abandonner ici alors qu’il n’y a rien de rassurant dans les parages pour elle. Surtout en pleine nuit. Je la laisse donc contourner ma voiture puis y monter. Je tourne le chauffage au maximum pour lui permettre de se réchauffer plus rapidement. La pauvre, je pense qu’elle doit marcher depuis un moment pour être dans un tel état. Sans réfléchir, je me départie même de ma propre veste pour lui tendre afin qu’elle s’en couvre un instant. Je sais bien qu’elle n’est pas en hypothermie, mais c’est plus fort que moi. Lorsque je vois une personne qui est dans le besoin, je me dois de l’aider au possible. Je penche ensuite la tête de côté lorsqu’elle cherche à savoir comment je vais. « Honnêtement, ce n’est pas la grande forme. J’ai du mal avec une récente séparation de couple. Je devrais être au lit depuis longtemps mais je fuis ma maison parce que je déteste réaliser que je suis désormais seul à y vivre. » Je soupire. L’alcool me rend honnête, vraiment trop honnête. Elle n’avait pas à en savoir autant, je pense. Cela pourrait la rendre mal à l’aise que je l’informe de ma vie privée. J’espère que non. Je soupire doucement avant de me redresser. « Mais ne t’inquiète pas pour moi, ça va aller. » Je lui assure en tentant de cacher mon véritable état. « Où est-ce que je te conduis ? » Je souris dans sa direction. Autant l’emmener où elle souhaite dès maintenant pour éviter de finir par raconter l’ampleur de ma souffrance par accident.

La voiture l'a effrayé oui, mais la personne dedans beaucoup moins. Il semble réellement désolé de lui avoir fait peur oui. Ce qui finit de la rassurer d'ailleurs. Même s'ils se sont croisés à un marathon Harry Potter, elle ne le connait pas tant que ça. De toute façon Esme est du genre à faire confiance un peu trop rapidement. Ca lui a apporté quelques soucis oui mais pas tant que ça finalement. Beaucoup de positif en est sorti et c'est surement le cas ce soir. " C'est pas grave. " Elle sourit, elle rentre dans la voiture rapidement également. Vite au chaud. Brendon comprend qu'elle a un peu froid, en même temps ça se remarque vite. Il enlève même sa veste pour la mettre sur les épaules de la brune. " Non mais... " Visiblement, discuter, ça ne sert strictement à rien. Alors elle se pelotonne dans cette odeur qu'elle ne connaît pas et soupire d'aise dans son cocon de chaleur. " Merci. " En fait elle est bien contente de l'avoir ce vêtement. Elle lui demande comment il va, par politesse et puis parce qu'il se balade comme elle en fin de soirée. Sa réponse fait sourire Esme mais elle ne se moque pas. Mais forcément, elle ne le croit pas lorsqu'il lui dit que ça va aller. Peut être un jour oui, mais pas maintenant. Elle lui donne l'adresse d'Axl, c'est déjà un début. " #444, south bay. " Ils ne sont pas dans le bon quartier, ça c'est certain. Après encore un soupir, Esme lui répond, à cette phrase qu'il lui a dit précédemment. " J'ai fuit mon pays après ma dernière rupture... Je comprends. " Oui, elle était allée dans les extrêmes donc elle ne peut pas le juger. C'est difficile de rester sur le lieu qui a connu son bonheur. Et de ne plus être heureux.

La nuit est dense à l’extérieure. Je suis surpris qu’Esme si balade seule de la sorte. Cela me rassure de la savoir à présent assise sur le siège passager de ma voiture. Je peux ainsi être certain qu’elle se rend saine et sauve chez elle. C’est aussi naturel pour moi de montrer un tel comportement. Je ne pouvais pas simplement passer à côté d’elle en l’ignorant. Tout comme je ne peux pas faire abstraction de son besoin de chaleur. Elle proteste un peu lorsque je lui offre ma veste, sauf que je ne tiens pas à en faire un choix. Je veux qu’elle soit confortable durant le trajet. Pendant que j’attends qu’elle me donne une adresse, je l’observe un moment. Je lui souris aussi quand elle me remercie pour la veste. Je la sens se détendre et son apaisement me calme également. J’hoche la tête à l’adresse qu’elle me donne pour signaler que j’ai bien compris. Je mets ensuite ma voiture en vitesse et je vérifie dans mon rétroviseur qu’il n’y a pas de voiture à l’arrière avant de réintégrer la voie. Le véhicule avance dans un bruit familier de roues et de moteur que j’adore personnellement. Je peux l’écouter des heures lors des grands trajets sans jamais le trouver déplaisant, au contraire. Mon père adoptif avait l’habitude de me voir dormir dans la voiture lorsque nous parcourions une longue distance ensemble. Je ne pouvais qu’apprécier un tel bruit de fond pour trouver le sommeil. « Je me dirigeais justement à South Bay, ça tombe bien. » Je lui avoue pour lui assurer que je ne fais pas de détour afin de la reconduire. Je suis surpris par la confession de la jeune femme. Je la regarde de nombreuses secondes en silence, réalisant qu’elle a raison, elle peut me comprendre. Je ne suis pas sur de bien la comprendre elle de mon côté. Je n’ai pas tout abandonné pour fuir la souffrance de l’abandon que j’ai vécu. Mais mon regard s’adoucit encore plus tandis que je repose mes yeux sur la route devant moi. « C’est la pire douleur que je n’ai jamais connue, c’est vrai. Et ce n’est pourtant pas la première fois que les gens proches de moi me laisse tomber. Je devrais avoir l’habitude de ce sentiment d’abandon. Il faut croire qu’on ne s’y fait jamais vraiment. » À mon plus grand malheur, en effet. J’inspire un grand coup. « Mauvaise idée de parler de cela ce soir. Je ne suis pas assez… je ne me sens pas suffisamment fort pour ne pas craquer, disons. » Je me racle la gorge d’ailleurs afin de ravaler le resserrement qui est en train d’y naître. « Dis-moi plutôt ce que tu fais dehors en pleine nuit toute seule. Est-ce que tout va bien ? » Voilà que je m’inquiète de nouveau pour Esme.

Elle lui annonce où elle doit aller, l'adresse de chez Axl. Elle ne veut pas abuser mais c'est lui qui l'a proposé après tout non ? Oui, c'est ça donc elle peut lui donner précisément l'endroit où son terminus se trouve. Mais il n'empêche que lorsqu'il lui annonce que c'est le chemin qu'il comptait prendre, cela la rassure. Il ne se baladera pas à l'autre bout de sa propre destination pour la déposer à la sienne. C'est une chance ou une bonne coïncidence. Une confidence est faite de chaque côté. Une peine de coeur, quelque chose d'assez banal finalement et qui pourtant fait toujours aussi mal. Homme, femme peu importe, même combat. Ça blesse, ça brûle, ça consume. Il ne veut pourtant pas en parler, ce que la brune peut comprendre. C'est surement récent pour lui, elle ça fait plusieurs mois maintenant. Il détourne la conversation, pourtant sa question la renvoie à ça. Comment faire autrement, c'est ancré en elle. " Je me baladais sur la plage, je marchais pour me changer les idées et je me suis endormie. " Elle laisse échapper un léger rire. " J'ai marché trop longtemps et de nuit, impossible de me repérer en fait. " Elle remarque le chemin qu'il prend en voiture et se dit qu'heureusement qu'elle est tombée sur lui. Parce qu'elle ne serait pas du tout allée dans la bonne direction. " Ca fait longtemps que tu es à Island Bay toi ? " Qu'au moins ils discutent, c'est l'occasion d'apprendre à se connaître. Ca rendra le voyage moins long et puis aussi c'est plus agréable. Esmeralda est curieuse de base, un trait de caractère qui se sentait chez elle comme ici. Parce qu'il y a des choses qui ne changent jamais. Et ça en fait partie. Elle pose des questions, peu importe si on lui répond ou non. Parce que parfois ça arrive qu'on ne lui réponde pas. Mais Brendon n'a pas l'air du genre trop secret, mystérieux ou chiant. Déjà il l'a pris en voiture ce qui montre qu'il est plutôt ouvert tout de même.

Il y a quelque chose de doux en Esme. Elle me transmet sa chaleur désormais que nous sommes l’un à côté de l’autre, isolés de notre groupe d’origine de la forêt. Cela me semble tellement loin d’un coup. Mais ce qui me surprend le plus, c’est que je ne comprends pas comment un homme peut briser le cœur de quelqu’un comme Esme. J’en serre même la mâchoire sous l’idée qu’on lui ait faite une telle chose. Je ne la connais même pas et pourtant je cherche à la protéger pour le mal qu’on lui a causé. C’est bien moi ça. Ce n’est pas pour rien qu’on me brise le cœur si facilement, d’ailleurs. Je me laisse distraire par son histoire. Courte, il faut l’avouer. La raison pour laquelle elle s’est retrouvée toute seule en pleine nuit est bien plus banale que je le croyais. Cela me fait sourire d’entendre son rire. Elle-même me prouve de la sorte que ce qui lui arrive est presque une blague. Je me suis inquiété trop vite. Elle semble aller très bien, à part qu’elle a eut un peu froid à force d’être à l’extérieur. La ramener chez elle est donc définitivement la bonne chose à faire. J’avoue qu’elle s’est perdue dans l’un des pires endroits de la ville. Il n’y a pas beaucoup de lumière ici la nuit puisqu’il n’y a pas vraiment de résidences. Les commerces et les usines peuvent demeurer dans le noir, pas les humains. « Je vois. La prochaine fois, appelle-moi. » Je plaisante, sachant fort bien qu’elle n’a pas mon numéro. Sauf que je suis exactement le genre de personne à accepter sans hésitation de jouer au taxi en plein milieu de la nuit. J’accueille avec joie la suite de la conversation. Parler est une bonne chose puisque cela me garde éveillé et concentré. Je suis de toute façon beaucoup trop sociable et hyperactif pour demeurer assis tranquille dans mon coin à ne rien dire. Autant en profiter. « Ah, ça fait un moment déjà. Je ne compte plus vraiment depuis le temps, mais ça remonte à plus de dix ans, je dirais. J’ai grandis à Wellington surtout. Je suis né dans une autre ville de la Nouvelle-Zélande, sauf que je n’ai plus beaucoup de souvenirs de cet endroit. Du coup, je me considère comme un habitué de la région. Tu demandes parce que mon accent de kiwi t’intrigue ? » J’ai en effet remarqué que son anglais est assez différent du mien, sans non plus être incompréhensible. Elle a bien mentionné un peu plus tôt avoir quitté son pays, mais j’ignore lequel. Ce n’est pas vraiment de mes affaires, sauf qu’Esme semble ouverte à l’idée de dire tout sans filtre avec moi. J’aime ce genre de personne.

Elle lui dit pourquoi et surtout comment elle est arrivée là. Et surtout ce qu'elle fait dehors si tard et si loin de chez elle. Elle rigole lorsqu'il lui de l'appeler la prochaine fois. " Faudra que tu me donnes ton numéro alors mais j'espère que la prochaine fois je m'endormirai à un endroit que je connais... " Ca c'est sur que ce sera bien plus pratique. Mais oui, dans l'idée elle va tenter de rester dans une zone qu'elle connait ou de laquelle elle pourra revenir sans crainte. Elle lui demande ensuite depuis quand il est à Island Bay. Parce qu'elle est curieuse, parce qu'elle a envie de le connaître un peu. Il lui annonce que ça fait un moment déjà, quasiment dix ans. C'est quand même pas mal. Mais surtout qu'il vient de Nouvelle Zélande de base mais pas de cette ville ci. Esmeralda arrive à situer Wellington et visiblement il y en a une autre. Enfin, de toute façon elle compte bien visiter un peu le pays pendant les prochains jours également. Il l'interroge sur son accent à lui, si c'est pour ça qu'elle lui pose la question. " Oh non pas du tout, je suis incapable de reconnaître ou de différencier les accents Néo-Zélandais. " Elle rigole légèrement, parce que pour elle, rien ne ressemble plus à un accent d'ici qu'un autre. Bien évidemment, elle peut noter des nuances avec l'accent américain ou anglais mais elle n'a pas l'oreille assez développée encore pour saisir ce dont il parle. " C'était juste pour savoir, parce que tu as l'air de bien connaître les lieux. " En tout cas mieux qu'elle ça c'est certain. " Les accents sont vraiment différents ici ? Moi je viens du Venezuela et notre accent est différent des pays voisin. Mais dans le pays à part quelques accents plus chantés c'est pareil. " En fait en y réfléchissant bien, y'a aussi des nuances mais comme elle les connait, elle arrive à les différencier. Brendon s'engage dans une rue qu'elle reconnait comme étant juxtaposée de celle de la maison d'Axl, et elle sourit. Elle ne doutait pas de la bienveillance de Brendon, ça non. Mais elle est contente de retrouver ce lieu connu.

Je hoche la tête tout en riant. Je me suis déjà perdu dans la ville, mais c’était il y a tellement longtemps que je ne m’en rappelle pas clairement. Je devais être un adolescent à l’époque puisqu’il est certain que ce n’était pas moi derrière le volant. Explorer les quartiers est tout de même la meilleure façon de connaître l’endroit où l’on réside. Du coup, je ne lui reproche en rien de s’être aventuré ainsi hors des zones qu’elle connait. À présent, elle ne s’y perdra plus. Je me penche une fois immobilisé à un panneau d’arrêt. Je fouille rapidement dans le coffre à gant de ma voiture et j’y trouve l’une de mes cartes d’affaire. Je lui tends pour qu’elle ait mon numéro de téléphone portable ainsi que celui du bureau en cas de besoin. « Je suis sérieux, n’hésite pas à m’appeler si nécessaire. » J’insiste avec un sourire, me concentrant ensuite à nouveau sur la route. Nous sommes déjà presque arrivés à destination. La conversation réussit tout de même à naître puis à se poursuivre durant les quelques minutes qui nous reste ensemble. Je plaisante une fois de plus avec mon accent très kiwi. Pas de doute que je viens de ce pays juste à m’entendre parler. Il est un peu normal que de son côté Esme ne sache pas faire la différence entre tous les accents qui existent aux alentours. « Je pense que même moi je ne pourrais pas tous les différencier. » J’avoue en souriant, me mettant au défi d’essayer pour voir si effectivement j’en ai la capacité ou non. Au fond, sa question servait uniquement à savoir pourquoi je connaissais si bien les lieux. « D’accord, pas de problème. » Je lui assure aussitôt. J’hausse ensuite un sourcil à la suite de la conversation. « Hum, il y a des différences mineures, surtout entre le sud et le nord. C’est dur à dire dans mon cas car je viens du nord mais j’ai grandis au sud. Du coup, mon accent est mixte, disons. » Je ne sais pas si j’arrive à me faire comprendre, mais qu’importe. Nous arrivons au final devant la maison dont elle m’a indiqué l’adresse. Je me gare juste devant, m’immobilisant afin qu’elle puisse descendre. Comme elle semble encore un peu gelée, je la stoppe dans son geste destiné à me redonner ma veste. « Garde la pour la soirée, ça ne me fait rien. Tu pourras me la rendre la prochaine fois. » Je souris à cela, intimement convaincu que nous allons en effet nous revoir. « Rentre bien, Esme. Prends soin de toi. » Je lui dis juste avant qu’elle ne sorte de mon véhicule. J’attends qu’elle soit saine et sauve à l’intérieur de la maison avant de me remettre en marche et de rentrer chez moi dans un soupire.

FIN