une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
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| something i'm missing [Bailey] | |
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Invité Invité
| Sujet: something i'm missing [Bailey] (#) Sam 28 Avr - 0:41 | |
| Le rez-de-chaussée d’un immeuble. Le pire qui soit au niveau de la sécurité, du bruit. Cependant, il y avait un jardin, et ça, c’était un sacré avantage quand on décidait d’adopter un chien. Jusqu’ici, Alice n’avait jamais eu à se plaindre de son duplex. Elle y avait pris ses marques, s’était fait haïr par ses voisins, avait refait la décoration entière, savait désormais déverrouiller les deux verrous de sa porte même ivre. Tout ceci pour dire que rentrer chez elle et retrouver le chien amoché dans le jardin, c’était inédit, et particulièrement désagréable. Après la longue journée de travail, c’était chez le vétérinaire que la brune avait terminé sa journée. Le verdict avait été aussi simple que ridicule. Cet abruti avait dû se battre avec un chat. La mauvaise nouvelle, c’était l’énorme trace de griffe qui lui avait lacéré une partie de la tête, avait raté les yeux de justesse. La bonne nouvelle en revanche, c’était qu’au vu des crocs rougis, le pitbull avait pu se défendre. Savoir qui avait commencé la bagarre n’était même pas intéressant. Elle n’était pas responsable pour un animal qui serait venu se mettre dans son jardin. En fait, si Alice n’avait pas eu la consultation hors de prix à payer, elle aurait sans doute été d’une humeur étrangement joyeuse en rentrant chez elle ce soir-là, le chien au bout de la laisse, une collerette ridicule le faisant ressembler à un lampadaire.
Comme souvent à cette heure-ci, elle croisa sa vieille voisine sénile, soupira en voyant le débris s’éloigner rapidement du chien, s’acharner sur le bouton de l’ascenseur jusqu’à être éloignée d’eux. La serrure, les deux verrous. La porte qui s’ouvre, le salon qu’elle allume en tâtonnant maladroitement le mur. Mais ce soir, quelque chose n’est pas comme d’habitude. Le chien, pourtant placide jusqu’ici, tire violemment sur la laisse, se met à aboyer comme un beau diable. C’est seulement maintenant qu’Alice le remarque, ce type sur son canapé. Certainement pas un ami de Rory, qui aurait laissé la porte ouverte sinon. D’instinct, elle plonge la main dans son sac à main, dégaine son téléphone. « J’appelle les flics. Et je vous déconseille de bouger si vous n’avez pas envie de vous faire déchiqueter. » Parce que le pitbull grogne, aboie. Il défend son territoire comme une brave bête, même si le doute monte à l’esprit de la femme. Quelle portée ses crocs ont, avec la collerette ? Avec un peu de chance, elle n’aura pas à le savoir. Ses doigts tapent le 111 sur le clavier, prêts à valider l’appel. Mais pourquoi un type entrerait par effraction chez elle pour juste se prélasser sur le canapé ? « Qu’est-ce que vous faites là ? » Peut-être qu’il n’y avait pas besoin de la police pour régler ça.
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Sam 28 Avr - 23:05 | |
| something i'm missing
Arrivé en ville, Bailey s’était rendu dans un hôtel en attendant de se trouver une solution plus permanente. Il n’était pas venu ici pour louer un appartement et mener une petite vie paisible comme tous autres Néo-Zélandais, lui, il avait un objectif bien précis, qui portait un nom tout aussi catégorique : Alice Waltham. Sa mère biologique, la femme qui lui a donné la vie et qui n’a pas eu la possibilité de l’élever à cause d’une peine de prison de cinq ans. Tout était indiqué dans le dossier, mais le fait qu’elle ne l’ait pas abandonné volontairement n’expliquait en rien pourquoi elle n’était pas venu le retrouver une fois libre. Le vol avait été long et le soir commençait déjà à tomber sur la ville, à son arrivée, mais pas question pour lui d’attendre le lendemain pour aller à sa rencontre. La seule pause qu’il s’était accordé, c’était une petite douche pour reprendre ses esprits, se réveiller et repartir de plus belle, chez elle. Il avait appris son adresse par cœur, l’avait dit au taxi et avait patienté sagement les quelques minutes qui le séparait de son domicile. Une fois devant sa porte, il avait toqué une fois. Puis deux, trois, quatre. Et toujours rien, personne pour lui ouvrir. Il n’avait certainement pas attendu tant de temps et voyagé de si longues heures pour se retrouver bloqué par une vulgaire porte d’entrée. Il lui était déjà arrivé d’ouvrir une porte fermée à clés, à l’aide d’une carte bancaire et quelques coups d’épaule. Il avait facilement réitéré son exploit, les verrous cédant rapidement sous la pression effectuée. Une chance pour lui, il n’avait rien cassé, tout pouvait être refermé et ré-ouvert correctement. D’ailleurs, en entrant, il eut ce réflexe de s’enfermer dans la maison, comme s’il était déjà chez lui. Et puis il s’est amusé à tout découvrir d’elle, à visiter les pièces, observer la décoration, chercher des choses qui pourraient lui faire comprendre qui elle est, si elle vit pleinement sa vie tout en sachant que son fils est quelque part dans la nature. C’est lorsqu’il tomba sur une photo d’une femme, certainement elle, et d’un jeune homme de son âge qu’il abandonna ses recherches. Sans chercher à comprendre, il en tirait ses propres conclusions, elle avait trouvé quelqu’un pour le remplacer. Il abandonnait tout, retournait dans les pièces principales et plus précisément la cuisine. Une bière s’imposait, un peu d’alcool, juste ce qu’il faut pour le calmer et l’aider à réfléchir, savoir ce qu’il fout là, ce qu’il allait lui dire à son retour. D’ailleurs, il n’avait aucune idée de quand est-ce qu’elle allait arriver. Alors il s’installait, bière en main, alcool dans le sang, cul sur le canapé et télévision allumée. C’est dans cette position qu’il se trouvait lorsque les verrous s’ouvrirent de nouveau et qu’un chien se mit à aboyer par-dessus les menaces de sa propriétaire. Ne pas bouger, la laisser appeler la police, prier pour qu’elle ne lâche pas le chien sur lui. Ce chien, il l’avait effrayé seulement lors de ses premiers aboiements, quand il n’avait pas encore percuté qu’elle était rentrée chez elle. La collerette qu’il avait autour du cou lui enlevait toute sa crédibilité en tant que chien méchant, il n’était plus le mieux placé pour effrayer la foule. Bailey désobéissait déjà aux ordres de sa mère biologique, puisque malgré son interdiction, il bougeait, se levait du canapé. ▬ Évite. Il aurait pu dire tellement d’autres choses comme premier mot, mais c’était la première chose qui lui était venu, pour se défendre et éviter les futures morsures d’un chien énervé. ▬ Je suis ton fils. Il avait pensé durant de nombreuses heures à comment il allait lui annoncer la nouvelle, comment il allait débarquer dans sa vie pour tout chambouler. Et finalement, c’était sorti tout seul, comme ça, sans attendre, sans même lui dire de s’asseoir avant pour qu’elle puisse mieux le digérer. Balancé comme ça, comme une bombe, il lui jetait sa maternité en pleine figure.
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Lun 30 Avr - 0:21 | |
| Elle ne sait pas ce qui la bloque, ce qui empêche son pouce de simplement appeler sur le bouton vert et contacter les forces de l’ordre pour que quelqu’un vienne arrêter ce type. Ce serait la meilleure chose à faire. Il a pénétré dans l’appartement, semble avoir décidé de squatter. Le pire étant qu’il n’a même pas l’air affolé. Bully continue de grogner, le regard mauvais, prêt à bondir. Et Alice, elle a cette désagréable sensation que le temps s’étire. C’est assez pour que ses yeux inspectent le jeune homme, que ses nerfs se crispent. C’est un gamin, et vu le sac à ses pieds, il avait prévu d’être ici. Il y a quelque chose qui ne colle pas, qui ne l’affole pas le moins du monde. Et elle ne sait pas quoi faire, laisser passer la connerie, le jeter dehors et faire changer les serrures, ou alors faire les choses correctement, appeler la police et les laisser gérer cette affaire. Elle pourrait même se faciliter la chose, appeler directement Sean. Alors pourquoi cet immobilisme ? Le gosse se lève, lui fait face. Les nerfs sont à vif alors qu’il s’adresse à elle, renforce encore plus l’envie de le jeter dehors. Mais avant même qu’elle puisse répondre, il opte pour le coup de couteau. Celui qui s’enfonce jusqu’au cœur. Celui qui la tue.
Parce que c’est violent, ce qui se passe. Elle sent son cœur manquer un battement avant de s’affoler. Elle en oublie même de respirer, de cligner des yeux. Court-circuit général. Il y a un bruit sourd, celui du téléphone qui est lâché malencontreusement sur le plan de travail, le même auquel elle s’agrippe fermement. Elle a du mal à procéder, et tous ses efforts pour cacher son trouble sont certainement nuls. « Non. » Elle refuse d’y croire, le dévisage dans l’espoir d’y trouver un mensonge. Sauf que tout ce qu’elle y retrouve, c’est un mix entre la carrure, les yeux, le nez d’Isaac. Mais ses cheveux à elle, ses lèvres. C’est stupide, putain. Elle voyait des points communs parce qu’elle le voulait. « Je sais pas comment tu… Enfin, même en admettant que ce soit vrai, ce sont des fichiers… » Comment il l’avait trouvée, comment il savait qu’elle avait eu un enfant. Comment il aurait eu accès aux fichiers carcéraux, trop bien sécurisé désormais. Elle ne peut pas s’empêcher d’y repenser, à ces moments d’enfer. A cette salle d’accouchement blanche, à ces gens en blouse, à celui en particulier qui s’enfuit, le bébé dans les bras. Il s’est arrangé pour qu’elle ne le voit pas, ne puisse pas le toucher. Hurler n’avait rien fait à part les forcer à la sédater. « Prouve le. » Par n’importe quel moyen. Lui prouver que c’était réel, qu’elle n’était pas en train de se faire avoir par un petit con. Mais en avait-elle vraiment envie, au fond ? Elle était simple, la réponse. Si c’était la vérité, alors il représentait tout ce qu’elle avait perdu. Et cette pensée la força à tirer un tabouret pour s’assoir.
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Lun 30 Avr - 2:00 | |
| something i'm missing
C’est en prononçant ces quelques mots qu’il comprit qu’il vivait avec un mal-être intérieur depuis des années, sûrement depuis que ses parents adoptifs l’ont informé que d’autres personnes sont à l’origine de sa naissance. Il avait laissé quatre mots sortir de sa bouche, les quatre mêmes qui venaient d’enlever tout le poids du monde qui semblait peser sur ses épaules. Malgré ce sentiment de soulagement, il devait bien admettre que s’il ne faisait pas un tel effort pour rester impassible, lui aussi, il serait capable de s’écrouler. La femme dont il avait rêvé de si nombreuses fois se tenait là, devant lui, et semblait ne pas accepter la grande nouvelle. Il était venu avec cette boule au ventre, cette crainte qu’elle nie tout en bloc, qu’elle refuse de le croire, qu’elle l’abandonne. Encore. Et cette fois-ci, en toute conscience, de son plein gré. Il était resté à une distance raisonnable d’elle, à son arrivée, pour ne pas qu’elle s’inquiète, qu’elle imagine qu’il veuille l’agresser et qu’elle lâche le chien sur lui. Ce chien, il s’en méfiait toujours, mais il s’autorisait un pas en avant pour mieux voir le visage de sa mère. La détailler, essayer de se reconnaître en elle. Même sans forcément comparer ses traits aux siens, il le sentait, dans sa voix, dans sa prestance, dans le charisme qu’elle dégageait. Le détective n’avait fait aucune erreur dans le traitement de son dossier, elle était bien la femme qu’il avait voulu retrouver il y a deux ans de ça. Méfiante, malgré tout, elle réclamait des preuves de ce qu’il avançait. Il n’avait pas été bête et avait pensé à emmener le fameux dossier, celui qu’il connaissait par cœur, qu’il avait lu et relu jusqu’à l’épuisement. ▬ J’ai emmené ça. Dit-il en allant vers les quelques affaires qu’il avait emmené avec lui, abandonnées vers la table basse, sur laquelle il avait également laissé la bière qu’il s’était ouverte. Le peu d’alcool qu’il avait ingurgité était un remontant suffisant pour le booster, l’aider à lui faire face, à aller au bout de ses envies et pensées. Il sortait la pochette de son sac à dos, avançait de quelques pas et la balançait sur le plan de travail, non pas comme un geste indiscipliné mais surtout pour rester toujours loin du pitbull. Il préférait ne rien dire à son sujet, rester à sa place, suffisamment loin d’elle pour que la laisse soit toujours trop courte si jamais il avait envie de s’aventurer vers lui. Il regardait la pochette qui contenait toutes les informations qu’il avait obtenu, ainsi que le contrat de confidentialité qu’il avait signé avec l’homme qui avait effectué ces recherches pour lui, pour lui prouver la véracité de ses documents. Il n’avait pas enquêté tout seul sur elle, il n’était pas un arnaqueur qui voulait profiter d’elle en se faisant passer pour quelqu’un qu’il n’est pas. Pour lui, tout ça, ce n’était que des futilités. Il était sûr qu’elle n’avait pas réellement besoin d’une preuve pour le croire, pour comprendre que l’homme à ses côtés était bel et bien son fils. ▬ Pourquoi t’es pas revenue me chercher ? Un coup de massue de plus, sûrement. Il n’attendait pas qu’elle le regarde comme son enfant, qu’elle cherche à rattraper le temps perdu, si elle daignait finalement le croire. Il préférait attaquer là où ça fait mal, chercher la petite bête, balancer toute sa rancœur dès le début pour ensuite peut-être pouvoir profiter de qui elle est, de ce qu’ils sont l’un pour l’autre.
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Mar 1 Mai - 22:54 | |
| Elle s’était toujours privée d’y penser. A la voir, Alice, c’était une femme forte, plutôt caractérielle, directive. Le genre qui gère sa vie avec une poigne de fer et ne laisse rien l’atteindre. On pourrait croire que toutes les épreuves lui passent au-dessus de la tête. Mais la vérité, c’est qu’elle a toujours été trop ravagée pour pouvoir encore s’embarrasser de nouvelles peines. Les enfants en général étaient de loin le sujet le plus sensible qui soit. Sa grossesse, quasiment personne ne le savait. Pas même Isaac, pas même son ex-mari. Elle avait refusé net l’idée d’avoir des enfants tout simplement parce qu’elle n’arrivait pas à se dire qu’elle pourrait mériter ce bonheur. Personne ne lui en avait parlé, pas même tenu rigueur. C’était simple de faire passer cela pour un choix personnel. Ça l’aurait moins été de le justifier réellement. Alors oui, depuis son accouchement, depuis qu’on lui avait finalement dit qu’elle ne verrait jamais son bébé, Alice s’est braquée sur le sujet. Elle a arrêté de se poser des questions, d’essayer d’imaginer son visage, de se demander quel nom elle aurait bien pu lui donner. Elle voulait juste s’éviter des souffrances supplémentaires. Avoir un gamin qui débarque de nulle part et clame être le sien, c’est réduire à néant les efforts faits durant toutes ces années. Elle n’aurait pas honte de dire qu’elle aurait préféré que ce moment n’arrive jamais. C’est peut-être pire de le voir maintenant, de se dire qu’elle a été absente entre le moment où elle l’a porté et celui où il est devenu un homme. Il pourrait mentir, aussi. Ce pourrait être faux. Elle a du mal à le regarder, serre les dents et détache la laisse du chien alors qu’il fait glisser le dossier vers elle. Juste des bouts de papier, qu’elle détaille rapidement.
Il y a une partie de sa vie. Des papiers carcéraux, principalement médiaux. L’acte de naissance du bébé. L’acte d’adoption. Il y a l’un des rares contrats de travail qu’elle a eu en sortant de prison. Son acte de mariage. Un article de journal où elle apparaissait aux côtés de Mike, qui faisait parler de lui. Il y a des tas de feuilles sans intérêt, jusqu’à l’acte d’achat de son entreprise. Et puis la lettre, formelle mais certaine avec son nom et son adresse. Ça ne peut pas être faux. Un gamin ne peut pas avoir mis autant d’argent, d’énergie pour retrouver une femme qui ne serait rien pour lui. Bailey Bradshaw… ça n’aurait pas dû être son nom. Ni son prénom, d’ailleurs. Le dossier devant les yeux, l’évidence qu’elle ne saurait nier, Alice est juste incapable de le regarder. Jusqu’à ce qu’il lance cette question qui lui brûlait probablement la langue depuis des années. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas été présente ?
Et c’était vrai, la question se posait. Pourquoi est-ce qu’il avait eu à subir ça ? Pourquoi, même elle, on lui avait fait une chose pareille ? Ce n’était pas humain. Ce n’était pas mérité. « Parce que… » Parce qu’ils l’avaient détruite, tous autant qu’ils étaient. Elle était entrée en prison la tête haute, ne comptant que les années. Et puis elle avait appris sa grossesse. Ils en avaient tous profité, absolument tous. Elle a dénoncé l’homme qu’elle aimait à l’époque, juste dans l’espoir de sortir plus tôt et de pouvoir voir son enfant grandir. Ce jour là, elle n’aurait pas cru qu’elle perdrait tout. Elle a signé la fin de ses droits sur son propre bébé dès la seconde où ces rapaces ont eu une information qu’ils n’ont pas su utiliser. Le Jack dont elle parlait, il s’était volatilisé. Elle n’avait pas collaboré assez. Elle avait été trop têtue, trop difficile à faire entrer dans le moule. Sous prétexte de se défendre dans le monde carcéral, elle leur avait donné trop de fil à retordre. Ils ont réussi à la tenir tranquille avec des promesses en l’air auxquelles elle s’est accrochée durant des mois. Elle a accouché en pensant que ce serait le plus beau jour de sa vie, en voulant à tout pris serrer son enfant dans ses bras, en rêvant des visites hebdomadaires où elle pourrait le voir ne serait-ce qu’une demi-heure. Et il n’en a rien été. Ils lui ont enlevé.
Le plus ironique, c’est qu’ils ont tenu à lui infliger un suivi psychologique. Ils ont pris un malin plaisir à la regarder se décomposer de jour en jour, à lui répéter que son enfant avait été adopté, qu’elle n’était plus rien pour lui. Après tout, à sa sortie de prison, il aurait cinq ans. Il ne saurait pas qui elle est, ce qu’elle lui veut. Et qu’aurait-elle à lui offrir, au juste ? Elle a tenu tête pour ne pas leur donner raison. Mais le jour de sa sortie, quand elle s’est retrouvée seule, obligée de compter sur son frère pour la faire vivre, elle a dû se faire à l’évidence. Elle n’était capable de rien, pas même de garder un travail de serveuse. Elle n’avait rien lui appartenant, se laissait avoir par des soirées à trouver du réconfort où cela pouvait bien être possible. Il lui a fallu des années pour remonter la pente, se marier, retrouver un tant soit peu le sourire. Des années trop tard pour être mère. Une montagne douleur en trop pour qu’elle s’autorise d’avoir un autre enfant à aimer autant.
Alors pourquoi est-ce qu’elle n’était pas revenue pour lui ? « Je n’avais rien à t’offrir. » C’est tout ce qu’elle parvient à dire après un long moment, tant l’effort pour garder sa fierté et ses larmes est difficile. « Tu aurais dû grandir dans ma famille en attendant que je revienne. Les autorités ont préféré te mettre à l’adoption à la seconde où tu es né. On ne m’a pas laissé ma chance, et je n’ai jamais pu me résoudre à venir m’imposer à toi. Tu aurais tout aussi bien pu ne jamais savoir que tu avais été adopté. » Elle ne trouve pas les bons mots et se hait pour ça. Mais c’est trop difficile, c’est trop lui demander d’un coup. « Je suis tellement désolée. » Elle prend sa tête entre ses mains, baisse les yeux sur la table, les ferme. De quoi dissimuler cette putain de larme qui finit par s'échapper.
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Mer 2 Mai - 2:04 | |
| something i'm missing
Dix-sept ans. Ça faisait déjà dix-sept ans que ses parents adoptifs avaient eu la brillante idée d’informer le gamin qu’il était à cette époque que, cette femme, Alice, existait, qu’elle était quelque part dans la nature et qu’elle avait décidé de vivre une longue et paisible vie. Sans lui, sans le lourd fardeau qu’un enfant à élever représente. Un mensonge auquel il avait cru durant tant d’années, qui lui avait permis de passer au-dessus des nombreux rêves qu’il avait fait d’elle. Des rêves où elle venait briser la bonne humeur du foyer familial, gâcher la vie des personnes qui s’acharnaient à faire de lui un enfant correct et partir, l’emmener avec elle, vivre quelque chose de merveilleux. Prendre la route à ses côtés, quitter le pays, retrouver son père, former la famille qu’ils auraient toujours dû former s’il n’y avait pas eu ces « quelques complications ». On lui avait dit ça, à Bailey, que sa mère n’avait pas pu s’occuper de lui à cause de quelques complications. Un grand mystère s’était installé autour de celles-ci, ils n’arrivaient jamais à lui donner la même version, jamais celle qui aurait réellement retenu son attention. La vérité. La prison, les médecins, celui qui la prive de voir son enfant, les services sociaux, l’adoption et puis eux. Ses parents, ceux qui ont pris la décision de lui mentir, de lui faire croire qu’il n’avait certainement pas été désiré, qu’un léger problème avait poussé une femme instable à abandonner le bébé qu’il était. C’était une tactique de leur part pour le garder près d’eux, pour l’empêcher de ressentir ce besoin que tous enfants adoptés ont. Le besoin de retrouver ses parents, apprendre avec eux qui il est réellement, ses origines, pourquoi il a un caractère de merde, comment aurait été sa vie avec eux. Finalement, l’impact de cette trahison n’avait pas été assez puissant, puisqu’il était là. À ses côtés, les papiers expliquant toutes les recherches qu’il avait entreprises entre ses mains. Les liens du sang avaient été plus forts que tout le reste, même s’ils avaient été partiellement détruits par des barreaux métalliques, ceux qui empêchent une mère d’enlacer son enfant.
Il n’avait même pas eu le temps de correctement penser à sa question que celle-ci avait déjà franchi ses lèvres. Comme s’il était logique qu’il la pose, comme s’il avait quitté l’Australie et tout son confort familial juste pour qu’elle lui réponde. Pourquoi ? Entre l’enfer qu’elle avait vécu en cellule, sa remise en liberté, son mariage qui s’était soldé par un divorce et cet emménagement à Island Bay, les années avaient été nombreuses à défiler. Il aurait pu comprendre qu’elle veuille s’accorder une année de répit, se créer de nouvelles situations, louer un appartement dans lequel elle aurait pu l’accueillir, se trouver un job permanent. Elle aurait pu le faire patienter un an de plus et se jeter à l’eau, toquer chez les Bradshaw, réclamer l’enfant qu’elle avait porté neuf mois dans son ventre. Cette sonnerie qui retentit, ses parents qui tentent de la foutre à la porte, lui qui court dans ses bras. Il n’avait jamais vécu cet instant et pour ça, il se permettait de la juger. Il l’imaginait égoïste, lâche, peut-être même égocentrique. Oublier son accouchement, ce gamin qui porte ses gènes quelque part dans le monde, ramener toute l’attention sur elle et ses malheurs lorsqu’on lui demande de raconter l’expérience qu’elle a vécue en prison. Ne surtout pas mentionner cet accouchement, qui aurait suscité des questions. Qu’est-il devenu, ce gamin ? Rien, et puis, elle s’en fout. Plus il la regardait, plus il voyait son visage se décomposer face aux nombreux papiers que constituaient son enquête. Et il abandonnait ses idées, peut-être qu’elle n’était pas aussi mauvaise qu’il l’avait espéré, peut-être qu’elle allait même avoir des raisons qui pourraient le pousser à la pardonner, à lui accorder de l’attention, de l’amour. Il était venu ici en se promettant de la haïr, de ne pas lui accorder la moindre excuse, d’être froid, même sans cœur. Toute cette pression l’obligea à s’asseoir de nouveau sur le canapé, lui aussi, il préférait éviter de sentir son monde s’écrouler sous ses pieds. Il ignorait le chien qui ressentait un besoin fou de le renifler, soupirait quand même de soulagement en le voyant déguerpir sans avoir tenté de le déchiqueter. Et finalement, son attention se reportait sur sa mère, qui lui donnait enfin ses explications.
Des foutaises. C’est la première chose qui lui traversa l’esprit. Elle ne lui apprenait rien de nouveau, rien qui pouvait réellement le toucher, lui transpercer le cœur comme il l’avait fait en lui dévoilant son identité. Il savait pour son adoption depuis tellement d’années qu’il trouvait ça ironique qu’elle lui parle d’une potentielle ignorance. Il lui laissait le bénéfice du doute, peut-être qu’elle n’était pas revenu vers lui pour de bonnes raisons, pour le laisser vivre correctement, avec des personnes qui font ce qu’ils peuvent pour le rendre heureux. Mais elle était bien loin de s’imaginer qu’il avait espéré à tous ses anniversaires que ce soit elle, sa surprise. Qu’il inscrivait discrètement « mon autre maman » sur sa lettre au père Noël, quand il était encore en âge de croire en ces conneries. C’était maintenant des détails, des futilités, mais quelque chose qui lui restait au travers de la gorge, qui faisait qu’il refusait de la laisser se justifier de la sorte. S’imposer, dire qui elle est, le crier au monde entier et sur tous les toits de Perth, voilà ce qu’il aurait aimé la voir faire. Il n’en dit rien, ne prononçait pas un mot, s’arrêtait même presque de respirer pour réfléchir à tout ça. Mais elle était là, devant lui, elle n’était plus qu’une simple personne fictive sur un tas de papiers, qu’il pouvait se permettre de rejeter. Il était chez elle, sur son canapé, lui avait balancé cette nouvelle à la gueule sans qu’elle le demande, sans qu’elle le veuille forcément. Alors un sentiment s’emparait peu à peu de lui, le forçait à se lever, se rapprocher d’elle. C’est la compassion qui le poussait à poser sa main sur son épaule, un simple geste qui excusait presque tout ce qu’elle venait de lui avouer. ▬ Je.. Le blanc total. Il aurait simplement pu lui dire que ce n’était pas grave mais à y réfléchir, il ne le pensait même pas. Il ne voulait pas qu’elle se sente mal, qu’elle se mette dans de mauvais états pour lui. Alors il avait tenté de la réconforter, d’une main posée sur elle. C’était peut-être suffisant, ou peut-être pas, mais il se contentait de ça, comme s’il avait fait sa bonne action. Ça avait duré que quelques secondes, car rapidement il s’était permis de reprendre ses distances. Il se sentait gêné, presque même intimidé par ce qu’elle représentait, même dans le plus lamentable des états. Mais ce n’est pas ça qui allait l’empêcher de continuer sa quête aux réponses, il se sentait obligé de la frapper encore et encore dans sa poursuite de la vérité. ▬ Et mon père, il est où ? Rien dans le dossier ne mentionnait l’homme qui était également à l’origine de sa venue au monde. Il était tellement dans l’ignorance qu’il s’autorisait même à penser au pire des scénarios, un décès. Il voulait une réponse plus joyeuse, une identité, peut-être même une adresse. Elle pouvait s’estimer heureuse, il avait également prévu de bouleverser la vie, voire l’existence même d’une autre personne qu’elle. Son père.
© Frimelda, sur une proposition de © Blork |
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Ven 4 Mai - 0:20 | |
| C’est plus que ce qu’elle ne peut supporter, et Alice a bien conscience qu’elle est en train de littéralement s’écrouler. Son assurance quotidienne n’est qu’une façade après tout, un château de cartes. Impressionnant vu de loin, celui qu’on admire. Mais tellement fragile si l’on souffle dessus, surtout aux endroits les plus sensibles. Le problème, c’est qu’elle n’a pas d’excuse valable à donner. Avoir arrêté de se battre était admettre une défaite, pas avoir des circonstances atténuantes. Pourtant, elle était là, la vérité. En sortant de prison, la brune avait dû se reconstruire, essayer de se remettre dans les rails de la vie. A y regarder de plus près, elle avait passé certainement plus de temps à se laisser couler qu’à remonter la pente, reprendre le contrôle de tout ce qui lui était arrivé. Elle avait fini par voir les événements comme des fatalités, celles contre lesquelles on ne pouvait rien faire. A un moment donné, elle avait réussi à se sauver de la noyade. Mais cela n’avait pas été en regardant son passé et en essayant de s’y raccrocher, bien au contraire. Elle avait juste tenté de faire comme tout le monde, avancer, rentrer dans le moule. Elle avait repris ses études sur le tard, s’était mariée. L’étape des enfants n’avait jamais pu être franchie tant elle s’en empêchait. Au final, sans que son ex-mari ne le sache, c’était ce qui les avait brisés. Elle n’avait pas laissé leur bébé vivre, avait préféré mettre un terme à sa grossesse plutôt que de prendre le risque d’être encore ce genre de mère. Celle sur laquelle on ne peut pas compter. Depuis, et surtout après la mort d’Elias, il fallait bien voir les choses comme elles étaient : Alice n’avait plus la moindre raison de continuer.
Mais maintenant, il y avait Bailey. Débarqué de nulle part avec des preuves inéluctables, avec des attentes débordant probablement tout ce qu’elle pouvait lui offrir. Elle se sent pathétique, la tête entre les mains avec seulement ses cheveux pour cacher son visage. Elle a du mal à se ressaisir, à garder son sang-froid. Et en même temps, elle ne veut pas bouger, ne veut pas prendre le risque de croiser le regard de son fils. D’y lire de la déception, du dégoût, de la haine. Ou de la pitié, car quand elle sent une main se poser sur son épaule, elle ne fait que sursauter, grimacer. Comme si ce contact était désagréable. Mais non, il ne l’était pas. C’était juste étrange. Inadéquat. Il n’aurait pas dû avoir ce geste de pur réconfort envers sa propre mère. C’était le rôle des parents d’être fort et de protéger leur progéniture, de les rassurer. Pas l’inverse. Cela réveille un peu sa dignité, l’encourage à se redresser, essuyer sa joue de sa manche. Ne rien laisser paraître. C’est d’autant plus perturbant qu’elle ne trouve rien à dire ou à faire pour alléger cette situation. Elle reste juste… bloquée.
Jusqu’à devoir parler du père. Ses lèvres se pincent automatiquement, son regard s’assombrit. Elle pensait que leurs récentes retrouvailles la feraient plonger droit dans l’enfer de son passé, mais la présence de l’enfant était un combo infortuné. Elle ne pouvait juste pas les laisser se rencontrer. Elle ne pouvait pas prendre le risque que Isaac s’approche de près ou de loin. Il n’était rien pour Bailey, rien qu’un fils de pute qui avait pris la fuite et même aujourd’hui, se moquait de son existence d’une telle force qu’Alice l’avait encore en travers de la gorge. C’était son fils à elle, pas celui de cette ordure qu’elle finirait par faire tomber d’une manière ou d’une autre. « J’en sais rien. On était en couple quand on était jeune. Il était la tête pensante des bêtises que j’ai pu faire et qui m’ont mené droit à la case prison. Quand j’ai appris que j’étais enceinte de toi, j’ai cédé à la pression et j’ai accepté de dire aux inspecteurs tout ce que je savais. Sauf que voilà, je ne le connaissais que sous un prénom, qui n’était probablement pas le vrai. Je ne savais rien de lui, et je n’en ai plus jamais entendu parler. » Ce qui aurait été vrai, encore un mois plutôt. Maintenant, elle en savait plus, et c’était loin de lui plaire. Peu désireuse d’en parler davantage, elle se leva de son tabouret, se pencha sous le bar pour sortir une bouteille de vin rouge. Elle avait besoin de ça, tant pis ce que son fils pourrait en penser. Après tout, qu’est-ce qu’elle pourrait faire de pire que tout ce qu’il pouvait lire dans le dossier ? Elle ne voyait pas. « Je ne te propose pas de boire quelque chose, tu t’es déjà servi. » La constatation est sans animosité. Alice, elle se réinstalle juste, débouche la bouteille pour s’en servir un verre. Ce ne sont pas les trois gorgées qu’elle avale qui la feront se détendre, mais c’est un bon début. « Je ne vais pas te mentir, je n’ai jamais pensé à tout ce que je pourrais te dire, ou ce que je pourrais faire le jour où je te verrais. Je ne pensais pas que ça arriverait. Alors… j’en sais rien. Dis moi ce que je devrais savoir de toi. » D’où il venait, ce qu’il faisait dans la vie, ce qu’il aimait. N’importe quoi qui puisse la débarrasser de cette sensation qu’elle parlait à un inconnu.
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Sam 5 Mai - 1:50 | |
| something i'm missing
C’était il y a deux ans qu’il avait débuté ses recherches, qu’il avait contacté un détective privé pour retrouver la trace de ses parents. Quelques jours après l’entretien avec cet homme qui lui avait fait de grandes promesses, il l’avait rappelé, avait exigé qu’il annule toutes ses recherches et avait raccroché sans attendre une réponse de son interlocuteur. Il avait peur. Peur de rencontrer ses parents biologiques et de faire face à deux inconnus, avec qui il n’arriverait pas à avoir une complicité digne du lien qu’ils partagent en ce bas monde. Peur de ressentir de la déception face à leur situation, que ce soit celle de sa mère ou de son père. Les métiers, l’argent, la réputation, le physique, la façon de se tenir, de parler, d’être en public. Peur de ne pas réussir à passer au-dessus de sa rancœur, peur de mettre trop d’argent sur la tête de deux personnes qui finalement ne lui apporteront rien. Il avait peur et oui, il s’était dégonflé. Il s’était dit que ça ne se saurait jamais et n’avait pas tenté d’en parler à ses parents, ni à son petit frère. Quelques amis étaient dans la confidence, certains disaient qu’il faisait le bon choix, qu’il était bien chez les Bradshaw et que personne d’autre ne mérite de le considérer comme son fils. Et surtout pas deux lâches qui n’ont jamais tenté de le récupérer. Il était resté sur cette idée, ignorait ceux qui lui disaient de foncer, de rappeler l’homme, de continuer les recherches et de courir dans les bras de ses géniteurs. Finalement, c’était le détective qui était revenu à lui, deux ans après. Il est resté sans parler pendant cinq bonnes minutes au téléphone avant de prendre sa décision finale, de lâcher un « où est-ce qu’on peut se voir ? ». Il a rassemblé tout son argent et tout son courage et, dossier dans les mains, est parti nourrir des rêves qu’il avait mis en pause depuis deux longues années.
Le lendemain de cette journée, c’était ce soir-là. Chez Alice, chez sa mère, chez la femme qu’il n’espérait plus rencontrer. Il avait eu le temps de penser aux questions primordiales, celles qu’il devait lui poser en priorité, celles qui retenaient toute son attention. L’une des premières étant celle qui concerne son père, cet homme qui semblait n’être rien d’autre qu’un fantôme. Il l’avait laissé répondre, lui parler de la deuxième personne qu’il rêvait de rencontrer. Il voulait voir s’il avait ses yeux, s’ils partageaient les mêmes passions, s’il aurait été le genre de père à l’emmener aux matchs de foot. Sa réponse était à des années lumières de celle qu’il avait espéré entendre. Elle n’en savait pas plus que lui. Cette annonce l’avait obligé à se taire, à laisser sa mère vivre, se déplacer dans la pièce, se servir à boire, le questionner. Sauf qu’il n’avait pas envie de la laisser gagner de cette manière, la laisser changer de sujet alors qu’elle ne l’avait aidé en rien. ▬ Et c’est tout ? C'était tout ce qui lui venait à l'esprit. Sans y réfléchir réellement, il avait posé cette question qui était plus rhétorique qu'autre chose. Il avait l’impression de commencer à cerner le personnage qu’est sa mère, une femme qui abandonne rapidement, qui baisse les bras à la première occasion. Il retournait sur le canapé en traînant des pieds, abandonnant ses envies de compassion et de gentillesse, se disant qu’elle se moquait de lui, rien de plus. ▬ Je récapitule. Tu as été en prison à cause de l’homme que tu aimais, mon père, et c’est aussi à cause de lui que tu n’as pas pu me garder. Il lui faisait un signe de tête, comme pour vérifier si pour l’instant, il ne disait pas de connerie. ▬ Et en sortant de prison, t’as pas cherché à le retrouver, ni à me retrouver. Tu te fous de la gueule de qui ? C’était cette idée qui venait de germer dans son esprit, prenant toute la place, décidant de ses émotions. ▬ Et après tu me dis que t’es désolée, c’est marrant mais j'ai du mal à te croire. Des reproches, c’est tout ce qu’il était capable de faire. L’adoption n’était pas la seule forme d’abandon qu’il avait vécu. Ne pas le rechercher, ni même tenter de retrouver son père, c’était deux manières de plus de prouver qu’elle se fichait totalement de son enfant. ▬ Si j’avais été ton fils, j’imagine pas le bordel. Tu me perds deux minutes de vue et ça y est, je suis condamné à errer toute ma vie dans les rues de Perth. Lâcher prise, ça a l'air d'être ton truc. Il avait besoin de sortir tout ce qu’il pensait une bonne fois pour toutes, de lâcher des absurdités plus grosses que lui pour ensuite parler plus sérieusement de sujets moins bouleversants. C’est d’ailleurs ce qu’elle avait tenté de faire avant qu’il ne se mette à parler, lui demander de parler de lui, de qui il était. Pour qu’ils apprennent à se connaître. Il commençait à se demander si ça en valait vraiment le coup, s’il n’avait pas fait la plus grosse bêtise de sa vie en quittant sa famille pour cette femme. Il avait presque envie de faire demi-tour, de claquer la porte et de ne plus jamais la revoir. Mais il ne s’en sentait pas réellement capable, comme si quelque chose le maintenait ici, l’obligeait à se calmer et à lui accorder quelques minutes moins intenses. Il se laissait tomber dans le canapé, attrapant sa boisson qui n’était plus très fraîche pour la finir en quelques gorgées. Il prenait le temps de penser à ce qu’il pouvait dire, aux sujets qui intéressent une mère quand ça concerne son enfant. ▬ J’étais étudiant en médecine, j’avais pas mal d’amis mais j’ai toujours fait passer les études avant tout le reste. C’était peut-être la seule chose qu’il pouvait lui dire fièrement. Parler au passé, c’était une manière de se prouver à lui-même que l’Australie n’était plus qu’un souvenir, que sa nouvelle maison était Island Bay, qu’il allait devoir se trouver de nouvelles fréquentations. ▬ Mes parents adoptifs étaient sympas, et j’ai eu un petit frère aussi. Ils ont bien pris soin de moi, eux. Il avait bien appuyé sur son dernier mot, « eux ». C’était involontaire de sa part mais ça représentait à la perfection son état d’esprit, toute l’amertume qu’il ressentait à son égard. Elle était déjà bien loin, la compassion d’il y a quelques minutes.
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Dim 13 Mai - 23:17 | |
| Elle aurait aimé être préparée à cette situation. Connaître les paroles adéquates, savoir comment faire s’afficher un regard compréhensif sur le visage du jeune homme. Sauf que contrairement à son fils, Alice n’a jamais rêvé de ce jour. Elle n’a jamais osé, s’est convaincue que cela n’arriverait jamais. Après tout, qu’avait-il à y gagner ? Il avait probablement lu le dossier au complet et ce qu’il avait lu aurait dû le dissuader de venir. Il était certainement mieux dans sa famille adoptive avec des parents qui l’avaient désiré, avec sa vie probablement simple, ses problématiques de jeune homme. Les soirées, les filles, les études. Quelque chose… de facile. A se répéter que c’était mieux ainsi, la brune pouvait parfaitement lui exposer ce à quoi il aurait eu droit, quand bien même elle aurait eu sa garde. Elle serait sortie de prison alors qu’il était déjà assez grand pour comprendre, aurait dû être enlevé à la famille qui l’avait accueilli depuis sa naissance. Ils auraient certainement fini par déménager, vivre dans un appartement minable d’un quartier mal fréquenté parce qu’elle n’avait pas les moyens de s’offrir mieux. Elle aurait bossé bien plus que de raison pour faire vivre son gamin, ne l’aurait vu grandir que par intermittence. Peut-être qu’éventuellement, elle aurait rencontré un homme. Même si c’était Christopher, elle aurait certainement perdu pied au même moment, quand il aurait été question d’avoir un autre enfant. Son mariage en aurait pris un coup, Elias serait quand même mort. Son fils, elle l’aurait trimballé au travers de ses galères, lui aurait fait endurer un environnement de vie plus que déséquilibré. Alors à quoi bon regretter de ne pas l’avoir entraîné en cours de route ?
C’était sans parler de son père. Jack, Isaac. Peu importe l’identité qu’il pouvait bien avoir. Son rôle dans la jeunesse de la brune, dans la venue au monde du bébé. Son verre serré autour du verre de vin, elle ne peut s’empêcher de se crisper en entendant le silence voler en éclats. Des reproches, bien plus violents que ceux qui avaient déjà été envoyés. Ceux qui font naître une haine profonde contre ce gamin qui la ramène sans savoir de quoi il parle, contre Isaac, contre ces connards qui l’avaient arrêtée, contre le monde entier, contre elle-même. Mais lâcher prise ? Non, elle ne méritait pas ça. Pas après autant d’années à galérer, à toujours se démerder pour grimper au sommet et à se jeter dans le vide ensuite. C’est pas comme si elle s’était morfondue dans son petit bonheur, qu’elle avait une vie digne de contes de fée. « Tu peux m’en vouloir si tu veux, mais tu es un gamin sans aucune expérience de la vie. Qu’est-ce que tu pourrais savoir, avec ta vie si parfaite ? Est-ce que tu sais au moins ce que c’est de tout perdre, de te retrouver seul ? De te réveiller le matin en te demandant comment tu vas encore t’en sortir ? Tu peux rien comprendre de tout ce qui m’a amené à ne pas essayer de te retrouver, ni toi, ni ton géniteur. J’ai fait des choix, et peut-être que j’ai eu tort. Mais si c’était à refaire, alors je le referais. Parce que tout aurait pu être bien pire, et ça, tu ne peux juste pas le réaliser. » Elle aurait envie de se barrer d’ici, de partir loin. De juste faire comme si cette rencontre ne s’était jamais passée. « Tu as été adopté parce que je ne pouvais pas m’occuper de toi. Je ne sais pas pourquoi c’est si difficile à comprendre. Les années n’y ont rien changée. » La preuve étant qu’ils se disputaient au lieu de se laisser happer par l’émotion.
Et elle est consciente du silence qui s’installe, qu’elle comble à gorgées de vin sans pour autant parvenir à se détendre. Elle s’attend à le voir partir dans la minute, pas à ce qu’il finisse par lui répondre doucement. Lui dire ce dont elle se doutait ; il n’avait pas besoin d’aller, avait une vie qui tenait debout. « Pourquoi parler d’eux au passé ? Tu ne comptes pas y retourner ? » Était-ce vraiment le genre d’aventure qu’il voulait vivre ?
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Ven 18 Mai - 2:07 | |
| something i'm missing
S’il avait eu l’occasion de prendre du recul sur la situation, de mettre un terme à cette discussion pour la reprendre le lendemain, il n’aurait sûrement pas lâché ses nerfs sur elle. Elle ne le méritait certainement pas. C’est vrai, celui qui faisait intrusion dans la vie de l’autre, actuellement, c’était lui. Et malgré les reproches qu’il lui faisait, elle n’avait peut-être pas à s’excuser de ne pas l’avoir fait elle-même une quinzaine d’années auparavant. Contrairement à beaucoup d’enfants dans son cas, il n’avait pas été trimballé de familles en familles, toutes plus pires les unes que les autres. Il avait été installé chez deux personnes qui ne désiraient que lui et même s’il y avait eu quelques complications après la naissance de son petit frère, il était resté le jeune homme heureux qu’il avait toujours été. C’était facile, pour lui, d’arriver d’on ne sait où pour lui sortir toutes les critiques du monde. Sa réponse était suffisante pour le remettre à sa place, le calmer et lui faire prendre conscience qu’elle n’était pas une si mauvaise personne que ça. Cette rancœur qu’il ressentait, elle n’allait probablement pas le quitter de sitôt mais il allait essayer de la mettre de côté. Au moins pour ce soir. Ils avaient déjà tous deux été secoués par de nombreuses émotions depuis son arrivée, surtout elle, qui s’attendait à tout, sauf à lui. Durant le moment de silence qu’il avait instauré avant de reparler de sa famille et de lui-même, il avait essayé de se mettre à sa place. D’imaginer ce qu’elle avait vécu, comme il l’aurait interprété s’il était passé par les mêmes épreuves. L’abandon de la personne que l’on aime, son propre enfant enlevé pour être élevé ailleurs. La prison durant cinq ans, la liberté, les regards malsains du monde extérieur quand ils apprennent notre passé carcéral. Ouais, il en avait trop dit, elle avait assez enduré pour ce soir.
Il est vrai que le passé qu’il partageait avec sa mère l’intéressait énormément, c’est pourquoi il avait posé toutes ces questions en premier. Pourquoi ceci, pourquoi cela. Il avait obtenu ses réponses, aussi déplaisantes soient-elles. Tout ce qu’il savait d’elle, c’était des informations venues d’un dossier conçu par un homme qu’il avait payé. Autant dire qu’il n’était pas forcément ravi de connaître sa vie dans les plus grandes lignes, sans détails, sans que ce soit elle qui lui parle, sans provoquer une complicité et proximité qui lui ferait comprendre qu’elle est bien sa mère, que ce qu’ils partagent n’est pas qu’un simple lien du sang, sans réelle valeur. ▬ Non. Il n’allait pas repartir, ça, il en était sûr et certain. Il y avait peu de chances que son père se trouve dans le même pays qu’eux puisqu’ils venaient tous d’Australie mais il allait certainement pouvoir organiser des recherches d’ici, s’il se décidait à ce sujet-là. Sinon, il y avait toujours sa mère qu’il pourrait questionner de nouvelles fois pour obtenir quelques renseignements, même les plus minimes d’entre eux. Et puis, en oubliant une nouvelle fois le géniteur, il l’avait elle. Il n’avait voyagé durant d’aussi longues heures et ne s’était pas posé des questions pendant des années pour repartir directement après l’avoir rencontré. ▬ J’ai envie d’apprendre à te connaître. Ça faisait sûrement gamin de dire les choses de cette manière mais c’était la stricte vérité. ▬ Rattraper le temps perdu, comme ils disent tous. Il n’aurait jamais imaginé prononcer une phrase comme celle-ci, car il est loin d’y croire, à ces conneries. Il est très loin de se dire que quelques moments à deux peuvent racheter une absence prolongée sur vingt ans. Pourtant, il l’a dit et il s’efforce d’y croire ne serait-ce qu’au minimum. Car depuis qu’elle a réussi à le calmer, il la regarde, même, il la dévisage. Et c’est de cette manière qu’il avait réussi à s’imaginer qu’elle pouvait abandonner le rôle de simple génitrice pour récupérer celui qu’elle avait délaissé durant de trop longues années. Il se perd lui-même, à force de penser qu’il doit être contre elle, puis avec elle, puis finalement ne pas se projeter trop loin dans l’avenir. Finalement, ce n’est certainement pas la fin de cette soirée qui marquera le début de sa relation avec elle mais bien les prochaines rencontres, si elles existent. ▬ T’as rien à me dire de plus, sur toi ou sur mon père ? Il n’allait pas insister plus longtemps mais peut-être qu’elle souhaitait s’exprimer d’elle-même, sans forcément devoir répondre à une des questions qu’il se posait.
© Frimelda, sur une proposition de © Blork |
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Mar 22 Mai - 1:18 | |
| C’était étrange, profondément bouleversant de regarder ce jeune homme et de se dire que c’était lui. C’était le bébé qu’elle avait porté pendant neuf mois, celui à qui elle avait donné naissance dans cette infirmerie de la prison. Le même qui dans son ventre avait probablement pu entendre sa voix, sentir les caresses qu’elle répétait encore et encore sur son ventre gonflé. Aussi celui qui lui avait ruiné des nuits à s’agiter comme un beau diable. Ça aurait pu être de beaux souvenirs, si ce n’était pas tout ce à quoi elle avait eu droit. Aujourd’hui, les choses avaient changé. Ils pouvaient bien savoir qui ils étaient l’un pour l’autre, il n’y avait pas ce lien qu’il avait probablement tissé avec sa mère adoptive. Ils étaient deux étrangers sans rien en commun, si ce n’est un lien de sang brutalement rompu. Alice préfère ne pas y penser, ne pas se dire que pendant près de vingt ans, une femme a pris sa place pour cajoler son enfant, s’octroyer le bonheur de le voir grandir. C’était juste injuste et après s’être pris quelques remarques acerbes en pleine tête, la brune se sentait juste vidée. Ce n’était pas un moment heureux, cette rencontre. Pas alors qu’ils cherchaient l’un et l’autre comment agir, quoi dire. Il n’y avait rien de naturel et si ce n’était pas grâce à ce dossier, alors ils auraient été capables de se croiser dans la rue sans s’accorder un coup d’œil.
Et pourtant, il ne compte pas rentrer chez lui, dans sa famille adoptive. Il compte rester. Pour elle. La gorge se serre douloureusement, le cœur semble vouloir lui déchirer la poitrine. Elle a envie de refuser, d’entendre un peu raison. Lui dire de rentrer chez lui. Ce serait plus facile de fuir aussi cette situation, de ne pas avoir à prendre le rôle de mère. C’était trop tard pour ça. Ils ne rattraperaient jamais le temps perdu, n’auraient jamais la relation qu’ils auraient dû avoir. Au mieux, elle le verrait finir ses études, rencontrer quelqu’un, se marier, probablement déménager. Elle aurait peut-être des petits-enfants qu’elle verrait une fois dans l’année. Si tout se passait bien, du moins. « D’accord. Tu es le bienvenu ici. » Elle ne pourrait jamais se rattraper, mais il n’était pas forcément trop tard pour marquer des points. Elle force un sourire en réponse au sourire scrutateur, se laisse aller à chercher les points communs. Il en a beaucoup trop avec Isaac, a un peu la même tête de gamin insouciant que celle de son père à l’époque où elle l’a rencontré. En plus beau.
Il y aurait des milliers des choses à dire, en y pensant bien. Et elle n’était pas sûre de savoir exactement ce que le jeune attendait. Alors elle hausse les épaules, repousse la bouteille de vin sur le comptoir. « Tu ressembles à ton père. Surtout quand tu fronces les sourcils. Il était le genre vraiment soupe au lait, se vexait pour un rien. On cassait les assiettes, quand on vivait ensemble. Un jour, il y en a même une qui est passée par la fenêtre. La voisine a tellement hurlé qu’on a eu peur de voir débarquer les flics. » Ils s’étaient planqués dans l’appartement sans même oser approcher de la fenêtre. Puis, ils s’étaient réconciliés. « Si tu restes, ce sera plus facile pour partager des choses sur moi. Tu pourras aussi faire rapidement connaissance avec Rory, ton cousin. Il vit ici, normalement. » Elle essaye de sourire, de marquer l’ironie. Il prend son indépendance le gamin. Peut-être que d’ici quelques semaines, il irait vivre seul. Il était assez grand, maintenant.
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) Mer 27 Juin - 1:21 | |
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Une chose qu’elle se doit de comprendre très rapidement, pour ne pas se sentir oppressée par la suite, c’est qu’il compte s’imposer dans sa vie, forcer le barrage qu’elle s’est construit au fil des années. Il en a marre de se sentir vide, comme s’il lui manquait une partie de lui-même. Ça aurait été trop facile, trop beau, s’il avait pu vivre paisiblement sa vie, sans se soucier de qui sont ses véritables parents. Il a très rapidement commencé à ressentir ce manque, cette sensation cruelle qui le fait penser qu’il n’est pas à sa place. Cette impression se résume en un mot, qu’il trouve finalement stupide parce qu’il décrit trop bien sa situation : abandonné. L’amour de ses parents adoptifs n’a jamais suffit à combler les trous qui s’installaient petit à petit dans son cœur, ni à installer un visage dans ses pensées, qui aurait pu calmer son imagination débordante. S’il a réussi à la retrouver, ce n’est pas un hasard ni un concours de circonstances. C’est vrai qu’il a souhaité abandonner les recherches et se concentrer sur ses études, sur sa famille et ses amis. Il aurait très bien pu ne jamais recevoir cet appel et rester dans l’ignorance toute sa vie. Sauf qu’il a désiré la rencontrer un jour et en partant de là, le destin a fait son travail. Il ne croit pas énormément à toutes ces choses, il n’est pas le genre de gars qui lit la signification de son prénom ou de son signe astrologique, n’écoute pas l’horoscope à la radio. Mais s’il est là, ce soir, c’est bien pour une raison.
C’est pour ça qu’il ne compte pas rentrer chez lui. D’ailleurs, ça n’a jamais été vraiment chez lui, comme pourrait si bien le dire son petit frère. Il n’était qu’un invité, un passager, qui doit reprendre sa route après avoir fait une pause. De nouveau-né à jeune adulte, il a vécu beaucoup d’aventures, passé d’agréables moments en compagnie des Bradshaw. L’heure du grand départ est arrivée pour lui sans qu’il s’y attende, tout le monde a été surpris par son départ, lui le premier. C’est le grand plongeon, l’oisillon qui prend son envol et toutes ces métaphores qui veulent dire qu’il commence une nouvelle vie. Ce n’est pas parce qu’elle ne lui a pas appris à parler ni à marcher qu’elle ne peut pas l’aider à gérer ses nouvelles responsabilités, plus adultes. Ses études, son travail, sa voiture, son appartement. Toutes ces nouvelles choses qu’un parent enseigne à son enfant, quand il est prêt à voler de ses propres ailes. Elle accepte cette idée, lui dit qu’il est le bienvenu ici. Dans sa vie comme dans sa maison, il pourrait très bien décider de s’installer, d’y laisser ses traces pour ne plus en bouger avant un long moment. Pour sa vie, ça s’avère être l’idée, il n’a plus envie de se retrouver loin d’elle, pas tant qu’il n’aura pas trouvé en elle tout ce qu’il est venu rechercher. Pour sa maison, c’est déjà bien moins vrai, il n’a pas envie de vivre sous le même toit qu’elle, ni de son cousin. S’il a quitté un premier domicile familial, ce n’est certainement pas pour un construire un à quelques milliers de kilomètres. Il a dit adieu à cette chambre enfantine et dit bonjour à son indépendance, l’envie du moment : un appartement, une maison, une colocation. Quelque chose qui lui donnerait l’impression de réussir, de gérer au moins une chose dans sa vie.
Elle accepte de se confesser un minimum, de raconter une brève histoire concernant son père et ce qu’ils vivaient, tous les deux. Ça le fait sourire d’imaginer ses parents, à son âge, en train de se disputer pour des raisons certainement futiles. Ce qui le fait bien moins sourire, c’est de se dire qu’il n’est pas là pour lui raconter la suite de cette dispute. Qu’elle n’a pas cherché à le recontacter, qu’il n’y a rien ni personne pour lui avouer qui est l’homme avec qui il partage son sang. Cette idée, il préférerait l’oublier pour ce soir et y songer plus tard, quand toutes ces émotions accumulées se seront calmées. La fatigue, la joie, la colère, la déception. Trop de sentiments l’ont assaillis et celui qui résiste le plus, qui commence à gagner le combat, c’est bien l’épuisement. Fatigué par le vol, fatigué par ces retrouvailles, fatigué quand il imagine tout ce qui va suivre. Fatigué, tout simplement. ▬ Je vais rester dans les parages, j’ai un pote qui peut m’héberger quelques temps. C’est une première indication, il montre à sa mère qu’il ne compte pas s’imposer dans la maison, à défaut de le faire dans sa vie toute entière. ▬ Pour le moment, je veux juste dormir. Je peux squatter dans un coin ? Question bête, il se doute bien qu’elle ne va pas le foutre à la porte alors qu’il demande juste à se reposer. Une chambre, un canapé, peu importe, il a juste envie de se poser et de réfléchir aux conséquences que ses actes vont causer. Chez lui, à Perth, ici, à Island Bay. Dans une famille, un enfant créer normalement une tempête de joie, lui, il vient déterrer de vieilles histoires que l’on aurait préféré oublier. Sa mère, son père, tout est sur le point de leur éclater à la figure, aux uns comme aux autres. C’est sans se douter de toute cette future agitation qu’il rejoint un lit finalement prêté par sa génitrice, pour la nuit. Rejoindre les bras de Morphée n’a jamais été aussi facile pour lui, peut-être est-ce parce qu’il a beaucoup d’heures d’avion derrière lui ou peut-être est-ce parce qu’il se sent à sa place, ici, chez sa mère.
fin |
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| Sujet: Re: something i'm missing [Bailey] (#) | |
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