Deux blaireaux en cavale. • Lou

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{deux blaireaux en cavale}
crédit/ bazzart ✰ scar.

L’un des mes enseignants n’est pas là aujourd’hui, ce qui est clairement une bonne chose. Je n’avais pas envie de finir tard et cette absence écourte ma journée. De plus, je vais pouvoir aller traîner un peu avant de récupérer Léa à la garderie. Quelqu’un s’occupe d’elle, ça serait quand même bête d’aller la chercher plus tôt. Il faut savoir prendre du temps pour soi, même quand on est une jeune maman d’une petite fille de deux ans. Je décide de me rendre au centre commercial le plus proche de mon école, histoire de ne pas perdre trop de temps et de pouvoir faire du lèche vitrine un certain temps. C’est trop tentant, mais je sais pourtant que je ne vais pas devoir faire une multitude d’achats. Nous ne roulons pas sur l’or et encore moins depuis l’accident de ma petite amie. Encore heureux, elle n’était pas responsable et l’assurance va nous aider à payer, mais cela risque de ne pas être suffisant pour retrouver une voiture comme celle que nous avions. Pour ne pas céder de trop, je ne rentre pas dans les boutiques trop chères, je préfère juste regarder de l’extérieur. Par contre, je rentre dans les autres et fais le tour. Néanmoins, la plupart des articles ne sont pas à mon goût et à la fin de mon shopping, je me trouve avec uniquement un sac. L’avantage, c’est que ce ne sera pas très encombrant dans le bus. Une fois à l’arrêt, je remarque que je n’ai que cinq minutes à attendre, ce qui n’est pas trop mal. Mais avant même que j’ai eu le temps de me mettre sous l’abri pour attendre tranquillement, je me fais bousculer par un homme qui s’enfuit en courant. « Excuse-toi pas surtout ! » Je ne suis pas du genre à m’énerver en public, mais il y a un minimum de respect à avoir quand même. Je soupire et baisse les yeux, c’est alors que je remarque que je suis remplie de tâches, de peinture certainement. Un autre homme arrive en courant au loin et rapidement, je fais le rapprochement. Ce n’est pas de la peinture de bricolage que j’ai sur moi. Là, c’est le moment de paniquer. Je n’ai rien fait, mais cet homme le sait-il ? Pour éviter toute confusion et ne pas finir au poste pour une raison débile, je prends à mon tour la fuite, plus ou moins à la poursuite du jeune homme qui m’est rentré dedans. Il m’a mit dans la merde, il va devoir m’aider à en sortir. « Toi ! Attends ! »

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Ce qui est en train de se passer n’était clairement pas prévu. Je pensais passer une fin d’après-midi tranquillement et me voilà en train de courir dans les rues de la ville pour échapper à un vigile qui poursuis quelqu’un qui a volé quelque chose. Dis comme ça, c’est bizarre et surtout tiré d’une histoire de téléréalité. « Cours au lieu d’faire causette faut l’semer le gros lard. » L’avantage d’avoir pratiqué la natation pendant plusieurs années, c’est que j’ai une plutôt bonne endurance et que je ne suis pas non plus la plus lente personne sur Terre. Mes bras balancent le long de mon corps et je fais de mon mieux pour ne pas lâcher mon sac dans l’action. Contrairement au jeune homme, j’ai payé pour avoir ce que j’ai entre les mains, il est hors de question que je le laisse m’échapper. Jusqu’ici, notre parcours se passe sans encombre et nous arrivons à tenir à distance l’homme qui nous suit. Mais rapidement, un grillage se met en travers de notre route. Je grimace légèrement et soupire à mesure que l’obstacle se rapproche. Le jeune homme semble savoir quoi faire pour le franchir, il se met à côté, prêt à me faire la courte échelle. « Dépêche, j’ai pas ton temps. » « Vraiment ? » Je le regarde, tout en tentant de reprendre rapidement un minimum ma respiration. « T’es une tête à claques tous les jours, ou seulement quand tu te fais poursuivre par un vigile ? » Cela ne me ressemble clairement pas, mais ce jeune homme semble bien agacé pour quelqu’un qui est à l’origine du problème. « J’ai l’impression que tu fais souvent ça, je me trompe ? » Il faut croire que nous sommes à l’opposé l’un de l’autre, enfin c’est l’impression que j’ai. Je balance mon sac par dessus le grillage, heureusement qu’il s’agit de vêtements et qu’il n’y a rien qui se casse dedans. Puis je passe l’obstacle à mon tour, grâce au voleur. Je récupère mes affaires, en attendant qu’il passe à son tour. « Tu sais où tu vas au moins ? Ou tu fais au pif ? »

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Des questions, j’en ai plein, alors une fois arrêtés à cause d’un obstacle, je lui en pause quelques-unes, mais cela ne semble pas lui plaire de trop. « Ecoute on aura tout le loisir de faire les pipelettes après, on pourra parler d’mon caractère, d’ma vie sentimentale, d’mon parcours professionnelle et même d’la politique menée par notre président si tu l’souhaites. » Il m’énerve, voilà, c’est bon. Visiblement, il se croit malin, mais faut-il lui rappeler qu’il essaye de fuir une situation dans laquelle il s’est mit tout seul ? Je ne pense pas qu’il soit utile de rajouter quelque chose, je ne voudrais pas lui faire perdre du temps. Il a beau me taper sur le système, ce n’est pas pour autant que je veux qu’il finisse sa nuit en garde à vue. Sinon, il y aurait bien longtemps que j’aurais choisi une autre technique. « J’ai beau faire ça souvent, ça m’a pas empêcher de faire de la merde tout à l’heure. » Sur ce point, je suis plutôt d’accord avec lui. Il ne semble pas être à son premier coup d’essai, il se balade dans les rues de la ville avec une aisance folle, et pourtant, il a réussi à se faire piéger et le voilà en train de perdre ses poumons pour distancer un vigile. Je le laisse tranquille un certain temps, histoire qu’il franchisse la grillage sans encombre. Mais une fois qu’il a les deux pieds sur Terre, je lui demande s’il sait où il va. « J’sais où on peut s’planquer après l’itinéraire j’le fais au feeling. » C’est déjà une bonne chose. « C’est encore loin ? » Dis-je alors que nous reprenons notre course. C’est pas que je suis pressée, mais disons que j’aimerais reprendre mes plans où je les ai laissés et plus on arrive vite à sa planque, plus je pourrais essayer de faire partir ces traces et plus vite je pourrais repartir. Il n’a clairement pas besoin de ma présence et je n’ai pas besoin de la sienne, alors autant en finir rapidement.

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crédit/ bazzart ✰ scar.

« Sois pas impatiente comme ça, c’est à deux pâtés de maison d’ici. » Ce n’est pas plus mal ainsi, car j’ai beau être sportive, je ne tiendrais pas à courir ainsi indéfiniment. Sans un mot de plus, je reprends ma course et suis le jeune homme à travers les rues. Peu de temps après, nous arrivons face à un immeuble, qui laisse à désirer un peu. Mais bon, je suppose que je ne devais pas m’attendre à un hôtel cinq étoiles. « Rentre, promis j’te viole pas. » Il sait parler aux femmes, c’est dingue. Mais je suis convaincue que ce n’est pas son style de toutes façons. Il n’a pas l’air d’être si méchant, même s’il est un peu arrogant et qu’aujourd’hui il a volé. Il rentre le premier et je ne me fais pas prier pour le suivre, je ne voudrais pas me faire prendre par le vigile s’il finissait par arriver. Une fois le seuil passé, le brun referme la porte derrière moi. « Tu veux que je te rachète un t-shirt ? Parce que le tien est mort ou alors va falloir que tu frottes. » « Tu l’achèterais celui-là ? » Dis-je par réflexe. C’est peut-être un peu méchant dit comme ça, après tout je ne le connais pas. Mais je n’ai pas pu m’en empêcher. « Ne t’embêtes pas, je vais retourner le haut. Je n’ai pas beaucoup à faire après. Ça devrait suffire jusqu’à ce que je rentre chez moi. » Heureusement pour moi, je ne suis pas habillée en blanc aujourd’hui, mais en foncé, alors c’est toujours plus facile à cacher. Et puis, je dois simplement passer à la garderie avant de rentrer chez moi, ça devrait le faire. Dans le pire des cas, je peux toujours enfiler celui que j’ai acheter. Il y a encore l’étiquette, mais ça se retire. Je regarde rapidement autour de moi, afin de savoir s’il n’y aurait pas un endroit où je pourrais me changer. « La prochaine fois, vole mieux. » Je me surprends moi-même à dire cela, mais autant dire que j’aurais bien aimé qu’il évite de me rentrer dedans tout à l’heure, afin de ne pas vivre cette petite course poursuite.