dancing in the rain ► leanne

Un ciel menaçant. Un orage qui se profile à l’horizon. Et pourtant je dois me rendre à l’hôpital pour un rendez-vous médical. Parce que mon karma ne m’aura rien épargné ces dernières semaines. Après tout, entre l’abandon de l’homme que j’aimais et puis cet accident sorti de nulle part, on ne pouvait pas dire que tout me souriait. Il y avait pourtant une chose qui me rendait heureuse et c’était bel et bien cette maternité que j’avais tant rêvé vivre il y a vingt ans. Mais je ne pouvais pas m’en plaindre car clairement ma fille que je venais de retrouver il y a quelques mois maintenant me donnait la force de continuer à avancer. Et ce malgré le départ de son père de nos vies. Dans un sens, ce n’était pas nous qui lui avions demandé de nous abandonner, c’était lui qui avait pris la décision alors pourquoi devrais-je me priver du bonheur que la simple présence de ma grande fille peut me procurer au quotidien ?  Si Allan devait blâmer quelqu’un, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Enfin soit, aujourd’hui j’avais donc rendez-vous à l’hôpital pour contrôler que je m’étais remise de cet accident que j’avais eu en plein transfert d’un patient. J’espérais que Marty allait bien lui aussi parce que le choc avait été tout de même rude et puis c’était tellement arrivé vite qu’on ne s’y était pas préparé. Comme souvent lorsqu’il y a un accident mais c’était le premier depuis un moment que je vivais alors autant dire que moralement cela avait été compliqué les jours qui avaient suivi. J’avais donc décidé d’opter pour la voiture aujourd’hui avec ce temps complètement instable. J’aurais pu prendre le bus mais je n’en avais pas envie aujourd’hui. Je venais donc d’arriver à l’hôpital, je fus prise rapidement par le docteur, étant arrivée pile à l’heure pour mon rendez-vous. Tout allait bien, il n’avait rien détecté d’anormal mais m’avait conseillé tout de même de reprendre progressivement le boulot. De toute manière, je songeais à arrêter ce métier que j’avais pourtant longtemps aimé plus que tout. Mais après 10 ans à sauver des vies et risquer ma vie, il était temps pour moi de raccrocher et de me lancer dans une nouvelle aventure. A peine fus je sortie de l’hôpital qu’une pluie torrentielle venait s’abattre sur nos têtes. Je décidais donc de courir jusqu’à un arrêt de bus à proximité, me disant que je pourrais toujours rejoindre ma voiture. Un homme avait eu la même idée que moi et en le regardant attentivement, je me rendis compte qu’il s’agissait de mon meilleur ami d’enfance, Rayan. Cela faisait une éternité qu’on ne s’était pas vu parce qu’avec nos vies à cent à l’heure, on ne trouvait jamais le temps de se poser et de se voir. Il fallait croire que cette pluie diluvienne allait être l’occasion pour nous de se retrouver sous cet abri bus. Il venait alors de soupirer en venant parler de la météo avant de me demander comment j’allais alors je vins lui répondre. « Oui ça faisait longtemps qu’on avait pas eu ce temps de chien … », lui disais-je en souriant avant de reprendre. « Je vais bien et toi alors ? On s’accorde une pause dans son boulot ? », lui disais-je pour le taquiner car il savait bien que je comprenais totalement qu’une passion comme la médecine demandait énormément de temps et de sacrifices dans la vie. Après tout, j’avais fait médecine à l’université avant de partir vers un métier un peu moins contraignant, celui d’ambulancier. En tout cas, j’étais réellement contente de le revoir, il ne semblait pas avoir changé.

C’était bien la première fois que je me retrouvais mêlée à un orage. D’ordinaire, j’arrivais toujours à passer plus ou moins entre les gouttes mais pas aujourd’hui visiblement. Quoiqu’il en soit le ciel ressemblait un peu à ma vie du moment, complètement terne et morose. J’avais retrouvé le sourire dans les bras de mon premier amour et voilà qu’il me fait ce que je lui avais fait vingt ans plus tôt. Etait-ce une vengeance de sa part ? Je ne le saurais jamais et dans le fond je ne veux plus jamais le revoir ni même avoir ne serait-ce qu’un peu de ses nouvelles. Désormais la seule qui compte à mes yeux, c’est uniquement notre fille, cette jolie jeune femme qu’il n’a pas voulu apprendre à connaitre et qu’il a préféré fuir, tout comme il m’a fui après m’avoir dit qu’il m’aimait. Enfin soit, je ne me trouvais pas à l’hôpital pour ma fille mais pour un suivi médical suite à cet accident que j’avais eu lors du transfert d’un patient. Du moins j’en avais fini et le médecin m’autorisait même à reprendre mon métier d’ambulancière, sauf que je comptais changer de voie. Parce qu’il était évident que j’avais fait le tour de ce métier qui m’avait pourtant tant passionnée mais il était pour moi de passer à autre chose, de tourner la page sur ce passé qui commençait à m’encombrer. Peut-être que ce métier me rappelait trop le père de ma fille ? Peut-être aussi que je voulais davantage être présente pour elle et non plus risquer ma vie au quotidien ? Quoiqu’il en soit, je venais donc de sortir de l’hôpital et là la pluie venait de s’abattre sur moi. Décidément je n’avais jamais vu une telle pluie sur Island Bay depuis longtemps alors j’avais décidé d’aller m’abriter sous l’abri bus en attendant de pouvoir rejoindre ma voiture. Qui était garée à l’autre bout du parking. Evidemment, pourquoi n’avais-je pas pensé à me garer plus près ? Et bien tout simplement peut-être parce qu’il n’y avait plus de place. Seulement je ne pensais pas retrouver mon meilleur ami en ces lieux. Même si je savais qu’il y avait plus de chance de le trouver près de l’hôpital. Tout simplement parce qu’il y travaille. Alors forcément j’étais contente de le revoir. Cela faisait un bout de temps qu’on ne s’était pas vus. Et il m’avait manqué. Enormément. D’ailleurs, il ne semblait pas apprécier non plus ce temps de m****. En même temps qui aimait la pluie ? Probablement personne. Je venais de lui demander s’il s’accordait une pause, sauf qu’il n’avait pas encore commencé son boulot alors je vins lui répondre. « Ah ça je crois que le temps influe sur l’humeur de chaque personne en ce moment. Enfin s’il n’y avait que le temps pour gâcher nos vies, ce ne serait pas très grave … », lui disais-je, me doutant qu’il allait tenter de savoir ce qui n’allait pas. Rayan était ainsi, il s’inquiétait toujours pour ses amis, du moins j’espérais que ce soit toujours le cas. Parce que même si on ne s’était pas donnés beaucoup de nouvelles, j’avais beaucoup pensé à lui alors je repris. « C’est sûr que tu ne peux pas être en pause sans avoir commencé à travailler. Tu as du temps devant toi ou tu es pressé ? Quoi de neuf sinon depuis le temps ? », lui demandais je, déjà hâte qu’il me raconte les derniers potins de sa vie mais sans être trop pressée de devoir reparler d’Allan. Ce n’était pas comme si je ne parlais pas de lui dès que je croisais une personne que je connaissais alors j’espérais devoir simplement l’évoquer et passer à un autre sujet très vite.