l'histoire de ma vie
does it matter at all?
«
Souris, Aleksander. » Sa mère murmure, mais il ressent l’ordre. Alors à ses côtés devant la maire, le jeune garçon décide de mettre son masque, un sourire qui semble sincère sur les lèvres. James Bradshaw secoue la tête derrière, et une main attrape le bras du jeune Aleksander, qui recule et entre dans la mairie après quelques secondes. Un sourire qui disparaît presque par automatisme, ses yeux bleus qui restent fixés sur la main de son père. «
Qu’est-ce qu’il se passe, Aleks ? » Il questionne, avec un doux accent américain. Mais aucune réponse de la part du fils. Quinze ans. L’impression d’être utilisé. C’est vrai, personne ici n’y voyait de problème, c’était juste la maire et son fils. Mais au fond, personne ne savait ce qu’il y avait derrière les portes fermées. Un monstre et sa proie, c’est ce qu’il ressentait.
«
T’aurais pu faire un effort cet après-midi. » Une remarque qui ne laisse pas le jeune Bradshaw neutre d’émotions. Un soupir, et il regarde ailleurs. Jamais, pas une seule fois, il n’a posé le regard sur sa mère sans être effrayé. Il entendait bien toute ces histoires du père violent. Mais jamais personne n’avait pensé qu’une mère pouvait faire la même chose. «
Mais t’as toujours été un incapable. » Il sert les poings doucement sur les couverts qu’il tient, et après une seconde remarque du même genre, il se lève, lâche les couverts et se dirige vers la sortie de la pièce. «
Aleksander Bradshaw, tu reviens t’asseoir à table immédiatement. » Et il se fige. Il le sent, le regard de son père posé sur lui. Foutu lâche, qu’il pense. Il n’a jamais pensé que le protéger aurait pu être une bonne idée. Putain de lâche. «
J’ai fini. Donc non. » Il l’entend se lever, et ça lui donne ce frisson de terreur qui courre le long de sa colonne vertébrale alors qu’il se tourne vers elle. «
Pardon ? » Elle demande. «
Excusez-moi votre altesse, pouvez vous me congédier afin que je puisse aller dans ma chambre ? » Et pourtant il prend un air presque hautain devant elle, arrogance qu’il n’a jamais montré à qui que ce soit d’autre.
Et ça explose.
La joue qui brûle, peau qui rougie, et des larmes qui lui sont montées aux yeux à la violence du choc. «
Dégage de là. » Elle ordonne, mais il ne bouge pas, le souffle presque coupé par la brutalité du premier geste. Après une minute, il sait qu’il pleure, mais sa joue brûle tellement qu’il ne les sent même pas, les larmes. Un regard, et peut-être qu’elle se rend compte de son erreur. «
Aleksander.. » Elle dit alors qu’elle lève la main, mais le fils recule immédiatement, puis avec un demi-tour, se décide à s’éloigner. C’est dans sa chambre, sur son lit qu’il s’installe, qu’il ne bouge pas. Il pose seulement son regard sur la photo de famille placée là, sur sa table de nuit, photo qu’il pousse si brutalement qu’elle en tombe. Il a toujours eu la rage, mais jamais ça ne l’avait mené à avoir autant de peine.
«
Psst ! Aleks ! » Elle murmure, mais suffisamment fort pour qu’il puisse l’entendre. Et puis il la voit, elle. Ses yeux si lumineux qu’il a l’impression de la voir en plein jour, en plein soleil. «
Ali ! » Il s’exclame avec un sourire, et sa main passe au travers des barreaux du parc pour se poser contre sa bouche. Les yeux bleus du jeune homme observaient la jeune femme. «
Chut, tu fais trop de bruit, on va se faire choper. » Elle murmure encore, avec un rire. Elle pousse la grille du parc, censé être fermé à cette heure-là, mais Ali avait cette façon de faire, cette habitude, elle savait s’y prendre pour faire des choses mauvaises, des choses qu’Aleksander n’avais jamais pensé à faire.
Alors qu’elle s’allonge là, dans l’herbe, ses longs cheveux étalés sur le sol, il l’observe juste, alors qu’il l’a suivie jusqu’ici. Aucune idée du sentiment qui le parcourait. Ces frissons à chaque mot qu’elle prononçait, ce sourire idiot sur ses lèvres quand il la regardait. Et ses yeux à elle se posent sur lui, et il regarde ailleurs, avec ce même sourire stupide qui ne disparaît pas. «
Viens là. » Elle dit avec un sourire, et il a finit par s’allonger là aussi. «
On voit pas les étoiles. » Elle murmure. «
Est-ce que t’en vois une, d’étoile ? » Et il continue de la regarder elle, alors qu’il hoche doucement la tête. Mais alors qu’il regarde le ciel, il soupire doucement. «
Que la lune. » Et puis c’est elle, qui s’approche de lui, qui se met contre lui. Après une seconde, sa tête posée contre son torse, et il baisse les yeux vers elle. «
Ils sont beaux tes yeux. » Elle chuchote, et un nouveau sourire.
Et il a continué à l’observer pendant quelques longues secondes. C’est probablement le moment où il s’en est rendu compte pour la première fois. Ali n’était pas seulement sa meilleure amie. Il était amoureux d’elle.
Juillet 1991, le premier.Elle est venue. Elle était là, présente, ses yeux m’ont transpercé de toute part. J’ai eu du mal à comprendre. Son sourire, son rire, son bonheur m’ont rendu plus heureux que j’aurais pu penser l’être un jour. Elle était belle, si vous saviez. J’en parle, j’en parle encore, toujours, personne ne sait, personne ne saura. C’est si compliqué, même elle ne doute de rien. Mais elle est si belle, comment est-ce que je pourrais même dire autrement ?
Ali est mon oxygène. Elle n’en sait rien, mais elle m’aide à respirer, sans elle j’en mourrais probablement.
Nous sommes sortis. Paraît-il je n’avais pas le droit. Al a insisté, j’ai accepté. Elle est partie, il y a quelques minutes. Je suis toujours assis là, dans le parc. La nuit est bien trop sombre. On ne peut même pas voir les étoiles, je pense que les lumières de la ville sont en train de gâcher ça. C’est stupide. J’aimerais bien vivre isolé.
Je devrais partir, Ali est même plus là. Maman va crier. C’est presque certain.
Août 1993, le vingtième.J’ai dix-sept ans aujourd’hui. Dix-sept, ça fait beaucoup, mais en même temps pas trop. Maman a quarante-six ans, mais à chaque fois que je lui demande elle me répond vingt-cinq. Je crois qu’elle vit mal le fait de vieillir. Peut-être que je deviendrais comme ça, moi aussi. Je ne sais pas. J’en ai pas l’envie.
Ali est venue, aujourd’hui, à la maison. Elle s’est excusée parce qu’elle n’avait pas de choses à m’offrir, mais sa présence, c’est la plus belle chose qu’elle puisse me donner. Au final, elle m’a même embrassé. Son odeur, son odeur, si vous saviez. Savoureuse, délicieuse, j’en meure encore rien que d’y penser.
Mon cœur a certainement fait beaucoup trop de bonds dans ma poitrine. Ça fatigue.
Je suis fatigué. Je devrais dormir. Et si je rêvais d’elle ? Comme si ça n’arrivait pas à chaque fois.
Septembre 1993, le troisième.J’ai horreur de l’école. J’ai toujours eu horreur de ça, et c’était encore plus horrible aujourd’hui. C’est la première fois depuis cinq ans qu’Ali n’est pas à côté de moi. Elle a sympathisé avec un autre garçon. Je n’ai aucune idée de son prénom. De toute façon c’est stupide. Pourquoi je connaîtrais son prénom ? Je l’apprécie pas.
Lui, il est blond, trop blond. Blanc, trop blanc. Ses yeux verts, bien trop verts, c’est pas beau. Et puis sa voix, elle est beaucoup trop douce, elle endort. Je l’apprécie pas. Pourquoi Ali l’apprécie ?
C’est stupide.
Ça m’énerve. J’ai même plus envie d’écrire à ce propos.
Octobre 1994, le trente-et-unième.Brad m’énerve.
Il m’énerve.
Ce soir, on devait sortir avec Ali. Elle et moi, sorcière et zombie, rien que ça. Mais ce pauvre abruti de gros chat noir s’est ramené, elle a passé la soirée à discuter avec lui. Comme si j’existais même pas.
Il m’énerve.
Si je ne me contrôlais pas, je lui en aurais mise une. Peut-être que même on aurait pu se battre. En vérité, c’est certain qu’il m’aurait battu. J’aurais pas eu l’air d’un idiot.
Je suis idiot. Je la déteste.
Novembre 1995, le seizième.Aujourd’hui, j’ai essayé de parler à Ali pour la première fois depuis la fin de l’année scolaire dernière. Elle m’a regardé, elle n’a rien dit. Et elle s’est retournée vers le blond, elle a discuté. Je crois bien qu’elle m’a complètement ignoré. Ça fait mal. Pourquoi est-ce qu’elle m’ignorerait ?
Ça fait quatre mois, vous savez. Quatre mois que j’essaye, encore et encore, mais que je n’arrête pas d’y penser. Se disputer à cause de Brad, c’était stupide. Pourquoi j’ai été si stupide ? Rien que d’en parler, ça me fait de nouveau mal dans la main. J’aurais peut-être pas dû frapper si fort. Mais au moins ça a suffit pour le faire arrêter de rire, cet abruti. Ça fait mal un nez cassé, pas vrai ?
Ça fait mal aussi de se faire ignorer.
Je suis stupide.
Juin 1996, le dix-septième.J’ai appris.
J’en reviens pas.
Vous pensez que je devrais lui casser le nez une nouvelle fois ?
Ali m’a dit, aujourd’hui. Brad et elle, ils ne sont pas qu’amis. Plus maintenant. J’ai aucune idée de ce qui me fait mal dans ma poitrine, mais c’est horrible. Rien que d’y penser, j’en pleure encore. Ça fait mal.
Maman m’a dit que je méritais mieux. Et puis elle m’a dit de sourire.
C’est stupide. Pourquoi je sourirais si j’ai mal ?
Novembre 1996, le troisième.J’ai mis un peu de temps avant de me rendre compte de ce qu’il s’est passé.
J’en ai rien écrit pour la douleur que je ressentais, mais Ali et Brad se sont fiancés l’été dernier. En Août, je crois. C’est cruel, elle n’était même pas présente à ma fête, il refusait qu’elle vienne.
Ce matin, je me suis réveillé à ses côtés. J’avais besoin de sa présence, hier soir. Je crois qu’on a bu, un peu trop, pas seulement de l’eau, pas seulement du soda. C’est le bordel, j’y comprends rien.
Pourquoi elle aurait fait ça ? Elle m’apprécie pas tant que ça.
Mais si elle savait. Vous pensez qu’elle sait ?
Mai 1997, le douzième.Ali est venue me voir en pleurs aujourd’hui. Elle avait des marques sur les poignets, elle m’a dit que Brad s’était énervé, qu’il est de plus en plus violent avec elle depuis ce qu’il s’est passé en Novembre. J’ai pas confiance en lui, j’ai peur qu’il lui fasse du mal.
J’ai jamais vraiment eu confiance en Brad, de toute façon. Avec sa belle gueule de blond trop riche. Il se bat contre la mauvaise personne quand il est face à moi. Il a pas intérêt à faire du mal à Ali.
Ou même au bébé.
Dans quelle merde je me suis foutu ?
Elle est là, en pleurs encore une fois. C’était des coups de trop, encore une fois. Des hématomes, des blessures, des marques rouges, mais pas seulement sur ses poignets. Sur son visage, sur ses bras. «
Je vais le tuer. » C’est une promesse. Il la prend dans ses bras, elle, sa princesse. Sans arriver à croire qu’il a laissé la jeune femme qu’il aimait avec un pur connard pas fini. Un baiser sur les tempes de la jeune femme, alors qu’il la serre dans ses bras. Et puis c’est sa voix à lui qu’il entend encore une fois, qui demande à Ali de se ramener, qui lui dit que si elle compte avoir un enfant ça sera le sien, que celui-là il peut pas vivre.
Alors lui, il se lève. Il laisse la belle, il sort de la pièce. «
T’as un problème dans ta tête toi. Dégage d’ici, tu t’approches plus d’Ali. » Il s’est approché, un peu trop parce qu’il l’a senti le coup de poing qu’il lui a mit. Il l’a vu, lui, entrer dans la même pièce, et en sortir avec sa princesse en pleurs. Alors Aleksander, il n’a pas réfléchit. Il lui a foncé dessus, il l’a fait lâché, et à la dernière seconde il s’est retenu lui-même pour ne pas tomber. Il a même essayé de retenir Brad, qu’il ne tombe pas. Mais une seconde trop tard.
C’est le silence après la chute dans ces escaliers, et deux pas en arrière. Il porte toujours son nouvel uniforme de police, et déjà il a l’impression d’avoir du sang sur les mains. Au final, il est descendu. «
Aleks.. Est-ce qu’il est.. » C’est Ali qui parle, et Aleksander prend une grande inspiration. «
Faut qu’on se casse. Vite. Faut.. Putain qu’est-ce que j’ai fais.. » Il murmure, et puis elle, elle arrive derrière lui, elle le prend dans ses bras. «
C’était de la légitime défense Aleks. » Comme si ça arrangeait les choses.
Juin 1997, le troisième.J’ai fait une connerie. J’ai fait une énorme connerie.
Il faut que ça reste secret. Il faut que personne le sache. Putain, putain quel con.
Juin 1997, le onzième.Il avait fait du mal à Ali.
J’ai pas eu le courage de l’écrire avant.
Plus de bébé. Plus jamais de bébé. Ali ne peut plus avoir d’enfants.
J’ai essayé de la réconforter, même si à moi aussi ça me fait mal. Ça fait plus d’une semaine qu’elle répond plus aux appels.
Elle me manque.
Septembre 2006, le troisième.C’est épuisant, les vacances. J’en ai rêvé de l’école qui recommençait. Avoir un enfant autour de soi lorsqu’on travaille en tant qu’officier de police, c’est épuisant.
Ali ne comprend pas. Elle me dit que je passe beaucoup trop de temps à travailler. Elle me dit que je devrais consacrer plus de temps à notre famille. Alors, tu sais, j’essaye. J’essaye, j’ai du mal.
Elle est hypocrite, quand elle veut. Quand on repense à Brad, à la façon dont elle m’ignorait.
Je l’aime, pourtant. J’ai du mal à accepter ses remarques. Mais je fais semblant, j’ai l’habitude maintenant. Acquiescer et promettre sans le penser.
J’ai bien appris. Merci Maman.
Août 2007, le quatorzième.J’ai commencé à offrir à des œuvres de charité. J’ai passé plusieurs heures à lire à ce propos.
Et je pense que ça ne plaît pas à Ali. Ça fait plusieurs nuits qu’elle dort dans le salon. Elle m’a dit qu’elle avait besoin d’une pause. Ça fait mal.
Mais bon, elle est enceinte. C’est peut-être les hormones. Je sais plus, ça fait dix ans que c’est pas arrivé, j’en ai plus aucune idée.
Mars 2014, le vingtième.Depuis quelques mois, ça va plus vraiment avec Ali. J’essaye de le cacher du mieux que je peux, j’essaye de faire plaisir à mes fils et de ne pas mentionner les problèmes par lesquels on passe avec leur mère. Mais c’est bien trop dur. Et dire qu’on est seulement fiancés. Qu’est-ce que ça aurait été, autrement ?
Juillet 2015, le premier.Tout s’est bien passé aujourd’hui. Ses vœux étaient magnifiques, j’ai aimé chaque mots qu’elle a prononcé. Comment ai-je pu penser une seule seconde qu’Ali et moi, ça aurait pu casser ? Nos bagues maintenant le prouvent. Inséparables, et à jamais.
Je suis toujours aussi amoureux, comme au premier jour, et j’ose espérer que je l’aimerais de cette façon jusqu’au dernier.
Août 2016, le second.Sasha s’est trouvé une passion pour la guitare. Tant soit-il que sa passion est intéressante, sa guitare mal-accordée et ses notes affreuses me donnent mal aux oreilles. Mais je sais que je dois l’encourager. Alors j’y vais aux vas-y, mon chaton, t’es le meilleur. Est-ce que ça fait de moi un mauvais père ?
Ali voulait l’aider en langues, mais il préfère les mathématiques. Il me récite les tables de multiplication la plupart du temps, seulement quand je lui demande ce que ça fait six fois sept, il me regarde avec des yeux ronds et fait demi-tour pour aller regarder dans ses cahiers.
Bailey, ses études vont bien. C’est mon petit bonhomme, je sais qu’il fera de grandes choses. J’ai beaucoup d’espoir pour lui, et soyons sincères j’en suis vraiment fier. C’est devenu un jeune homme très bien, et j’espère qu’il continuera à grandir de cette façon.
L’autre jour Sasha m’a dit qu’il n’était pas mon fils quand je parlais de ses études avec un collègue au téléphone. J’ai jamais vraiment levé la voix sur mes enfants, mais cette fois c’est monté tout seul. Je crois que Sasha m’en veut. J’ai pas du tout l’envie de m’excuser, en réalité. Peut-être que Bailey n’est pas mon fils biologique, mais je l’aime tout comme.
Avril 2017, le dixième.J’ai du mal à croire que tout s’est cassé la gueule aussi rapidement. C’est plus pareil. Je me rappelle encore du premier jour. J’avais treize ans, et elle a été la seule à me remarquer. Son sourire, je ne m’en lassais pas. Et je m’en lasse toujours pas. Mais rien n’est plus pareil.
Mon temps avec ma famille est de plus en plus limité. J’ai de plus en plus de mal à rester éveiller, de plus en plus de mal à aider. De plus en plus de mal.
Ali m’a dit que c’était plus possible.
Elle m’a dit qu’elle abandonne.
Mars 2018, le second.Reçu.
Convention, divorce par consentement mutuel.
Il est pas mutuel, le consentement. Qu’elle aille se faire foutre.
«
Alors, tu comptes les signer ces papiers ? » Elle demande. Un soupire. Il ferme les yeux et place sa tête contre ses bras, contre la table. «
Pas devant Sasha, Allison. » Il répond, doucement. C’était de moins en moins beau, cette histoire. Lui, qui l’avait toujours surnommé Ali, ça commençait maintenant avec les noms moins amicaux, moins amoureux. Noms complets, ou tout simplement l’ignorer, ça arrivait bien plus qu’il ne l’avait voulu.
Et ça faisait mal. Il l’aimait, Ali. Il l’aimait comme il l’avait toujours aimé. Premier amour, premier baiser, première copine, première tout, et même première peine de cœur, même peut-être premier divorce, qui sait. Elle lui plaque les papiers sous le nez, sur la table, encore une fois. Aleksander, il lève le regard vers les papiers. Il l’aime, Ali, il n’avait pas envie que ça se finisse comme ça. «
Pourquoi tu fais ça.. ? » Il demande, sans lever le regard vers elle. «
Tu te fous de ma gueule Aleksander ? » Il ferme les yeux, et il soupire. «
Sasha, vas dans ta chambre s’il te plaît. »
Le fils, le second fils, il écoute. Bailey, il est parti. Il est parti et Aleksander ne s’y était pas attendu. Il est parti, et plus ça va, plus Aleksander a envie de faire la même chose. Partir, ça semble bien plus simple. Même s’il ne veut pas abandonner sa famille, même s’il ne veut pas baisser les bras, parce que ça semble possible de tout arranger, parce qu’il a encore de l’espoir. «
T’es plus le même qu’avant, Aleks. Et le pire ? Le pire c’est que tu t’en rends même pas compte ? Peu importe combien de fois je te l’ai dis, t’en as rien à foutre. T’as pas remarqué depuis le temps ? C’est terminé. Ça a marché pendant un certain temps, toi et moi, mais maintenant c’est plus possible. »
Il les sent, les larmes qui lui montent aux yeux. C’est une chose d’avoir des papiers qui le disent, mais entendre Ali le dire par elle-même ? C’est bien pire, c’est tellement pire. Au bout du compte, il se lève. Il s’est approché d’elle, et il a voulu prendre sa main mais seulement c’est elle qui a reculé. «
Non. Juste… Arrête. » Il essaye, de plus en plus chaque jour, de rendre tout ça bien meilleur. «
Je t’aime Ali... » C’est presque trop doux, comme mots, trop douce, sa voix. Elle, elle le regarde et pousse un soupir. «
Ok. Je me casse, je supporte plus même de.. Te voir. » Elle, elle le contourne.
La dernière chose qu’il sait, c’est Ali et Sasha qui claquent la porte en sortant avec deux valises et quelques unes de leurs affaires. Alors lui, il s’assied dans le canapé du salon de cette trop grande maison. Bailey est parti. Ali est partie. Sasha est parti. Est-ce que rester ici en valait vraiment la peine ?
Avril 2018, le vingt-sixième.Ça n’avance pas. Toujours, elle veut divorcer. Putain, sûr. Putain, pas de problème.
Anya, mon assistante, elle est complètement d’accord avec ça. Ça me fait chier. J’ai même plus l’impression que je puisse dormir.
Ali, elle est partie de la maison.
Il reste que moi.
Mai 2018, le troisième.Envie d’oublier.
L’enfer. Envie de partir, lassé de rester.
Putain d’enfer. Ça n’a même plus d’intérêt.
Je me casse.