les amis sont là quand il y a besoin (noa)

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{les amis sont là quand il y a besoin}
crédit/ bazzart ✰ noa.

Ma vie a bien changé depuis l’arrivée de Léa. Elle est à la fois plus calme et plus active. Oui, je sais, c’est plutôt contradictoire. Mais disons qu’elle est plus calme sur l’aspect extérieur à ma famille et plus active en ce qui concerne la vie à l’appartement. Depuis que Léa marche, j’ai l’impression de courir dans tous les sens pour m’assurer qu’elle ne fait pas de bêtises ou alors qu’il ne lui arrive rien. Elle prend beaucoup de mon temps, c’est certain. Alors il faut pour moi gérer le reste, Marley bien sûr, mais aussi ma famille et mes amis. Quand je suis tombée enceinte, je savais bien que j’allais mûrir précipitamment, mais il a toujours été hors de question pour moi de laisser tomber définitivement ce que j’avais déjà. C’est pour cette raison que de temps en temps, je m’accorde une soirée avec Noa, ma meilleure amie, alors que ma petite amie s’occupe de notre fille. Je serais toujours là pour celle qui est restée à mes côtés, alors que d’autres personnes partaient à l’annonce de ma grossesse et j’espère bien qu’elle le sait. Ce doit être le cas, car en ce jour du mois de mars et à une heure assez tardive de la nuit, je reçois un message de sa part. Venant de recoucher Léa qui s’était réveillée, je n’étais que dans un sommeil léger et j’ai facilement entendu le son de mon téléphone. Pour ne pas réveiller Marley, je préfère sortir de notre chambre et me rendre dans la pièce de vie. J’allume la lumière, histoire que mes yeux ne souffrent pas trop de la luminosité forte de mon écran. Je dialogue rapidement avec elle, jusqu’à ce qu’elle m’informe qu’elle arrive. Je suis plutôt surprise et j’en déduis que les choses ne se passent pas très bien pour elle en cette soirée. Je ne peux bien sûr pas lui refuser cela et puis, ça ne me fera pas de mal de la voir un peu, surtout si je peux l’aider en parallèle. J’enfile un sweat par-dessus mon pyjama et m’installe dans le canapé en attendant que la jeune femme arrive. Mon temps d’attente n’est pas si long, du moins, je n’en ai pas l’impression, mais ma notion du temps est peut-être différente en pleine nuit qu’en plein jour. Je reçois un nouveau message de ma meilleure amie qui m’informe qu’elle est devant chez moi. Je me dirige alors vers la porte pour lui ouvrir. « Noa ? Tout va bien ? Qu’est-ce qu’il y a ? » Je ne voulais pas paraître si inquiète, mais ce n’est quand même pas commun de débarquer chez les gens à cette heure.

Voilà plusieurs heures que je tourne en rond au volant de ma voiture. J’ai besoin de faire un grand nettoyage dans ma tête. De faire le vide. Rien ne se passe comme ça le devrait. Kenzo et moi, on aurait du fêter notre premier anniversaire en couple, que nos “conjoints”, leur faisant découvrir ce qu’est la famille Lane sous son bon jour. Un bel anniv, tout comme il faut, un merveilleux souvenir. Ouais, ça aurait pu. Je crois qu’en ce moment, je bousille tout sur mon passage. Je tourne comme un fauve en cage dans les rues comme dans ma tête. J’ai évité les arrêts dans les bars. En d’autres temps, c’est ce que j’aurais fait. Là, j’ai besoin d’avoir les idées claires, l’alcool ça n’aide pas, c’est tout le contraire. J’aurai beau faire trois cents kilomètres, à part vider le réservoir d’essence, je crois que je n’obtiendrais rien de plus. On dit que la nuit porte conseille, j’attends qu’elle passe, donc ! J’ai songé à stationner mon véhicule sur n’importe quel parking pour dormir à l’intérieur. J’ai pas de duvet dans ma voiture pour affronter une nuit recroquevillée sur le siège arrière. J’ai pas envie de le faire, mais je ne vois pas vraiment d’autre solution. J’écris un message sur mon portable. Je l’envoie. Une réponse arrive. Un peu de civilités pour savoir si je peux me permettre de débarquer chez Lou. Je tente le coup. En fait, je suis garée dans la rue d’à côté. Je me voyais mal frapper à la porte en pleine nuit, réveiller toute la maison, réveiller la petite. Je culpabilise d’arriver comme ça mais... Dernier message pour lui dire que je suis devant la porte. En la voyant, ça confirme, je savais que ce n’était pas une bonne idée, je sens son inquiétude. — Y’a pas d’casse. D'une voix douce, j'essaie de la rassurer. C’est un petit mensonge. Je le reformule dans ma tête en “y’a pas de mort” et là c’est vrai. — Je suis désolée de débarquer en pleine nuit. Je... Je soupire. — Ouais, y’en a un petit peu. Un léger soucis familial. J’y vais direct sans pour autant m’étaler. — T’es sûre que je ne dérange pas ? Je regarde autour de moi. Je vois ni Marley, ni la petite et surtout je l’entends pas pleurer. L’option téléphone était mieux que sonner à la porte. Je suis partie sans prendre de veste, à l’arrache. Dans la voiture, ça allait, mais durant les quelques mètres à pied dans la rue, j’ai senti la fraîcheur nocturne, j’en ai encore la chair de poule. — J’ai pas réveillé Léa ? Marley ? Toi ? Je me mords la lèvre inférieure. Okay, Lou et moi, on est amies, mais une vie de célibataire et une vie en couple, pire, de maman, ce n’est pas du tout le même rythme.

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{les amis sont là quand il y a besoin}
crédit/ bazzart ✰ noa.

Les messages de Noa me surprennent, surtout à cette heure aussi tardive, mais la jeune femme n’est pas très expressive par message. Je me dis que j’aurais certainement un peu plus d’explications plus tard, quand elle sera face à moi. Je n’hésite pas longtemps avant de lui dire de venir. Il est beau être tard, la jeune femme en reste mon amie et si elle a besoin d’aide, je me dois d’être là pour elle. Je lui ouvre la porte et la laisse entrer avant de la questionner sur ce qui se passe. « Y’a pas d’casse. » Je soupire légèrement, soulagée en partie. Les pires hypothèses ne se vérifient pas là, mais il y a bien quelque chose quand même. « Je suis désolée de débarquer en pleine nuit. Je… Ouais, y’en a un petit peu. Un léger soucis familial. » Je grimace. C’est un domaine que je connais aussi, même si j’ai décidé de m’éloigner un peu de tout cela et d’arrêter d’écouter ce que mes parents pouvaient me dire. « T’es sûre que je ne dérange pas ? J’ai pas réveillé Léa ? Marley ? Toi ? » Un sourire s’installe sur mes lèvres, alors que je hoche la tête pour répondre à ses questions. « Léa s’est rendormie, Marley dort comme un bébé et moi, si je suis réveillée, ce n’est pas de ta faute. Léa s’était réveillée un peu avant que tu m’envoies le premier message. » C’est ça aussi la vie de maman, les nuits ne sont plus comme elles l’étaient avant la naissance de la petite fille. « Tu veux boire quelque chose ? Ou même manger un bout ? » Dis-je alors que je m’éloigne un peu vers la cuisine. La jeune femme connaît la maison, elle peut d’ailleurs faire comme si c’était chez elle. Je n’attends pas de réponses de sa part pour mettre à chauffer de l’eau. Même si elle ne prend rien, je pense qu’un bon thé m’aidera à comprendre et à assimiler tout ce qu’elle risque de me dire. Une fois la bouilloire remplie et mise en route, je me dirige vers le porte-manteau et attrape l’un des gilets m’appartenant. « Tiens prend ça, tu sembles en avoir besoin. » Elle vient de l’extérieur et j’ai remarqué sur sa peau qu’elle avait eu la chair de poule. Si jamais cela ne suffit pas, je pourrais bien lui trouver autre chose : sweater, plaid, c’est pas comme si on en manquait avec deux femmes à la maison qui peuvent être frileuse.

La petite Léa a fait des siennes cette nuit. Si elle avait dormi une nuit complète, Lou n’aurait peut-être pas était dispo pour m’accorder un peu de temps, même pas répondu à mes messages avant demain, qui sait ! J’aurais passé la nuit dans ma voiture, j’aurais tourné dans ma tête les mêmes répliques que j’ai assénées durant la soirée d’anniversaire, refait les mêmes gestes, rejouer le même scénario encore et encore. Je ferai un super câlin au p’tit chou dès que je le pourrai pour cause de service rendu. Mon amie me demande si je veux consommer quelque chose alors qu’elle s’éloigne vers la cuisine. Plutôt que de crier “Oui !”, je la suis. La proximité évite de parler trop fort. — Je veux bien un truc chaud. Ce que t’as, thé, tisane, camomille, verveine...J’hausse les épaules, ça n’a pas trop d’importance du moment que ça me réchauffe et que ça me calme, même si ça fait petite vieille de la maison de retraite qui boit sa tasse avant de retrouver sa couette et sa bouillotte. Lou ne se contente pas de prévoir une boisson, elle me ramène un vêtement que j’enfile aussitôt. — Merci. T’es une perle. Je lui souris. Je garde le silence un moment en regardant la bouilloire. Je ne sais pas comment raconter. Quoi dire et comment. Lou est au courant pour mon enlèvement, on en a parlé, elle a été là quand j’ai eu besoin pour sortir de la solitude où je m’étais enfermée juste après, pour reprendre pied dans le concret. Elle m’a motivée aussi pour finir mon année à la fac. Si j’ai un diplôme en poche, elle n’y est pas étrangère. — Maman a organisé la traditionnelle fête d’anniversaire. Tu vois le truc habituel, les ballons, tout ça. Je crois que dans sa tête le compteur s’est arrêté sur dix. Mais c’est gentil, adorablement gentil. Je ne peux pas m’empêcher de sourire en y repensant. J’aurais du me montrer plus extasiée devant la déco, heureusement Kenzo l’a été pour deux et à sa manière, notre petit frère Lenny a pu découvrir à quoi ressemblera ses prochains vingt-cinq anniversaires. — Il y avait Aoline, la petite amie de mon frère. Une entrée officielle dans la famille. Ça fait particulièrement étrange de voir Kenzo embrasser une fille. Je savais qu’ils étaient ensemble, mais entre le savoir et le voir, c’est différent. En plus Aoline n’est pas n’importe qui et c'est là que ça blesse.