Personne ne peut rayer les liens du sang de sa vie (+) Rayan

En cinq mois que nous étions installés à Island Bay avec Naya, jamais elle ne m’avait fait une aussi grosse frayeur. En effet, elle avait fait une montée de fièvre en pleine nuit, si bien que je l’avais amené aussitôt aux urgences. Evidemment j'avais gardé mon survêtement ainsi qu'un vieux tee-shirt, j'avais seulement enfilé mon manteau sur moi, trop préoccupé par la santé de ma fille. Heureusement pour moi, ma tenue restait tout de même un minimum correct. Seulement les urgences n’avaient rien trouvés d’anormal. Mais n’étant pas très rassuré et ne voulant vraiment pas perdre ma fille, je décidais tout de même d’attendre d’être reçu par un médecin. Bien sûr c’était compliqué dans la mesure où on n’avait plus vraiment de médecin traitant ici. Celui qui avait toujours suivi Naya depuis sa naissance se trouvait en Europe, difficile de le contacter à présent. On allait devoir donc prendre notre mal en patience, espérant qu’un médecin veuille bien nous prendre. J’avais averti ma mère et ma sœur que j’étais à l’hôpital mais que Naya n’avait rien de grave. Ma sœur m’avait donné ma journée pour rester auprès de ma princesse, elle savait que s’il arrivait quelque chose à ma fille, je ne me relèverais pas. Déjà que depuis la mort de sa mère, j’avais encore du mal à relever la tête hors de l’eau. Venir en Nouvelle Zélande devait être l’occasion pour moi de tirer un trait sur mon passé, d’avancer. Mais au lieu de ça, je devais faire face à une multitude de sentiments qui se partageaient entre les deux femmes de ma vie. Mon cœur était à présent partagé entre Yasmine, celle qui m’avait aidé à recoller les morceaux de mon cœur brisé par le départ d’Am’. Mais en même temps il y avait Am’, ma meilleure amie, mon premier amour, mon tout, celle avec qui j’aurais voulu faire ma vie et avoir un enfant. Je ne regrettais absolument pas d’avoir eu Naya avec Yasmine bien au contraire même. Enfin soit, je me trouvais donc en salle d’attente lorsque je vins apercevoir une silhouette qui ne m’était pas inconnue. J’avais reconnu mon grand frère, celui-là même que je n’avais pas revu depuis près de 10 ans. Je savais qu’il travaillait à l’hôpital mais j’ignorais que j’allais le croiser aujourd’hui. Allait-il me reconnaître ? Allait il oser venir à ma rencontre, sachant que ma fille s’était endormie sur moi ? De ce fait, je ne pouvais pas bouger de ma chaise, je n’allais pas laisser Naya pour aller saluer mon frère. Pendant longtemps, la famille n’avait plus compté à ses yeux mais peut être qu’avec l’âge qui avançait, il avait changé de point de vue sur la famille ?  

Des heures que j’étais à l’hôpital parce que ma fille avait fait une poussée de fièvre. J’ignorais ce qu’elle avait, elle pouvait faire des cauchemars depuis l’accident mais elle ne m’avait jamais fait cela auparavant. Du coup, ayant peur de perdre ma fille, ma raison de vivre, celle qui me rappelait son père, je n’avais pas hésité à foncer directement à embêter les infirmières afin qu’un médecin se dépêche d’examiner ma fille. Elle semblait aller un peu mieux, elle s’était endormie contre moi mais je pouvais sentir qu’elle était encore chaude au front, la fièvre n’était pas encore retombée et cela m’inquiétait vraiment. Je me doutais que les médecins devaient être très occupés mais là mon stress était au maximum. Jamais Naya ne m’avait jamais fait aussi peur depuis sa naissance. Etait-ce l’absence de sa mère qui lui avait fait avoir une montée de fièvre ? Tellement d’hypothèses négatives me passait par la tête, j’avais tellement peur que le médecin ne m’annonce qu’elle avait une grave maladie que je ne pouvais plus retenir mon impatience, si bien que j’étais le père que toutes les infirmières devaient détester aujourd’hui. Mais que voulez-vous, elle est toute ma vie depuis le décès de sa mère et même si ma famille est présente pour nous soutenir, je ne supporterais pas de perdre Naya. Du coup, je prenais mon mal en patience avant de voir arriver un médecin qui discutait avec les infirmières. Peut-être que l’une d’entre elles a pu aller le chercher en l’informant qu’un jeune papa leur cassait les pieds. En tout cas, j’étais loin de me douter que ce médecin en question était mon grand frère. D’un côté, je ne l’avais plus revu depuis tellement d’années que je ne saurais le reconnaitre, d’autant plus que j’étais jeune à son départ. Mais je pense qu’il va sans doute faire le rapprochement avec le nom de famille de ma fille qui n’est autre que le mien. D’ailleurs, il vint vers nous en appelant ma fille avant de me reconnaitre. Je décidais donc de venir réveiller doucement ma fille endormie contre moi avant de répondre à mon frère. « Oui c’est bien moi Rayan. Et voici donc ma fille Naya. C’est donc toi qui va t’occuper de nous, on te suit du coup », lui disais-je, surpris que l’infirmière avait fait appel à mon frère mais peut-être que les autres médecins étaient tous occupés. J’espérais retrouver mon frère dans d’autres conditions mais après tout, on ne fait pas toujours ce que l’on veut dans la vie. J’attendis sa réponse, observant ma fille rester contre moi, elle pouvait être timide face aux inconnus et elle n’avait jamais vu mon frère donc je ne pouvais lui en vouloir.  

Il m’avait semblé que ma sœur et ma mère m’avait parlé que Rayan vivait sur Island Bay. C’était peut-être pour ça que ma sœur avait tant voulu qu’on s’implante en Nouvelle Zélande. Allez savoir, tout était possible avec ma grande sœur, comme avec notre père. Parce qu’il avait beau être à la retraite, il avait toujours son mot à dire, étant donné qu’il avait toujours quelques parts dans l’entreprise familiale. Et puis ma sœur aimait lui demander conseil, maintenant que c’était elle qui gérait la boutique. Mon père aurait voulu que ce soit Rayan qui reprenne la boite mais ce dernier en avait décidé autrement et moi … Et bien je ne me sentais pas l’âme d’un entrepreneur que je préférais rester à ma place de graphiste qui me convenait parfaitement. Certes j’avais commencé en tant que juriste dans l’entreprise mais je m’étais très vite rendu compte que c’était le graphisme et l’art qui me boostait le plus. Et comme ma sœur n’avait pas de service communication ni de graphiste, elle m’avait chargé de gérer cette partie dont elle ignorait tout. J’avais donc fait le choix de reprendre des études, c’était lorsque Naya était encore tout bébé et que Yasmine n’était encore qu’au début de sa carrière de styliste. Toutefois, je ne pensais pas le croiser aussi rapidement, ni même dans ce genre de circonstances. Bien sûr je ne pouvais que le croiser à l’hôpital et il n’allait pouvoir connaitre Naya seulement par ce biais mais aujourd’hui je n’étais pas prêt. Peut-on être prêt un jour à revoir son grand frère ? Peut-être pas en fin de compte. Quoiqu’il en soit, il nous invita à le suivre, direction la salle de consultation. Je décidais de porter ma fille qui me semblait épuisée. Cela faisait des heures qu’on attendait ici et pour une enfant de six ans, cela pouvait être éprouvant, d’autant plus qu’elle était malade. J’installais donc Naya sur un fauteuil en attendant les consignes de mon frère. Je décidais cependant de rester près d’elle, elle n’était jamais très rassurée quand elle ne connaissait pas les personnes. Et elle n’avait jamais vu Rayan alors forcément elle devait être intimidée. Rayan semblait surpris que je pouvais avoir un enfant. Peut-être pensait-il avoir un enfant avant que j’en ai un ? Sauf que Naya était arrivée et elle faisait mon bonheur chaque jour. Ou mon inquiétude comme cette nuit où elle avait fait une montée de fièvre impressionnante alors je vins lui répondre. « Oui elle a eu d’un coup de la fièvre. C’est la première fois qu’elle me fait ça et j’ignore ce qu’elle peut avoir … », lui expliquais je, sans trop savoir comment réellement l’expliquer. Après tout, je n’étais pas médecin. C’était Rayan le médecin dans la famille et j’espérais qu’il allait trouver ce qu’avait ma fille, sa nièce. Il me demanda quel âge elle avait alors je repris. « Elle a six ans. Tu penses que c’est grave ? », lui demandais je, en bon père plus qu’inquiet. J’avais perdu sa mère il y a un an, je ne voulais pas risquer de perdre à nouveau quelqu’un qui m’était cher, en l’occurrence ma fille. Rayan m’invita donc à installer Naya sur le brancard face à nous alors je décidais de la porter et de la poser dessus, ne la quittant pas du regard. Elle était réellement épuisée, je n’avais jamais vu Naya autant fatiguée, elle qui d’ordinaire pouvait déborder d’énergie. Je redoutais ce que mon frère allait m’annoncer …