une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
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| ☼ Les Gallagher en vacances | |
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Invité Invité
| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Dim 8 Juil - 0:13 | |
| En entendant le qualificatif d'homophobe, Caïn resta scotché. Il ne comprenait pas pourquoi elle lui disait ça... avait-il prononcé des mots inappropriés ? Il tenta de repasser le film dans sa tête pour détecter le moment où il avait merdé. Il acceptait la situation... à quoi s'attendait-elle ? A ce qu'il saute de joie et qu'il fasse la fête jusqu'au matin ? C'était trop lui en demander pour le moment. Il essayait de montrer une ouverture, une tolérance et quand il lui proposa d'aller en Angleterre, c'était absolument sincère. Il se tenait prêt à le faire pour elle si ça lui permettait d'aller mieux et d'avancer. Pourtant son offre fut balayée d'un revers de main. Tout le reste, il l'ignora. Il ne l'entendit même pas. Murphy venait de gagner par KO en se considérant comme la fille d'un homophobe. Si cela le heurtait autant, c'était sans doute parce qu'il y avait une part de vérité là-dedans, mais aussi et surtout parce qu'il avait fait des efforts, pour réagir correctement, pour ne pas la rejeter. Ce n'était pas parfait, certes, mais par rapport à ce fameux soir où il avait rejeté en bloc l'idée que sa fille puisse être lesbienne, on pouvait constater une évolution, plutôt positive. La cerise sur le gâteau, qui lui fit reprendre le fil de la réalité, ce fut la petite phrase de sa fille avant qu'elle ne rentre et ne monte dans sa chambre. Piqué au vif, Caïn répondit en levant la voix :
- Eh bien ne me confie plus rien dans ce cas ! Surtout si c'est pour m'envoyer chier derrière ! Et le fait que tu n'en aies rien à foutre, de la punition, ça ne changera rien au fait qu'elle existe. Point final.
Il tapa sur la table, en lâchant un "fais chier". Le calme retomba. Caïn débarassa et attendit qu'elle ait fini de se doucher avant de faire la vaisselle. Quand tout fut propre et rangé, il retourna à l'extérieur, pour prendre l'air. Il le savait que venir ici était une très mauvaise idée. Il n'était pas fait pour vivre en dehors de la ville. Et si c'était à refaire, il aurait envoyé chier son client et se serait abstenu de faire ce voyage aussi stupide que nul. Sous la colère se cachait aussi la peine. Il ruminait le terme d'homophobe dans sa tête. Le recevoir au moment où il s'ouvrait ça lui faisait terriblement mal. Surtout quand cela venait de sa propre fille. Il regarda le ciel étoilé, où les étoiles étaient quasiment toute visibles. Quelle beauté... C'était juste magnifique. Il laissa le chalet, pour aller marcher un peu. Il n'était pas adepte des promenades, mais il avait besoin de se retrouver seul et de ne pas errer dans cette maison, comme un être solitaire. Il avait laissé son téléphone et son ordinateur. Il suivit un petit sentier en pente, jusqu'à arriver à un rebord escarpé, où la pierre se jetait dans le vide. Il devait y avoir une hauteur de quinze mètres. Il s'assit au bord du vide et continua de contempler les étoiles. Il situa la Croix du Sud et d'autres astres. Il n'y avait pas de lune, ce soir, mais l'intensité de la lumière dans le ciel, suffisait à diffuser une lueur d'un bleu foncé.
Caïn balaya mentalement sa vie, son parcours. Il affichait bientôt la quarantaine. Sa vie familiale était un immense gâchis. Sa vie professionnelle ne lui apportait plus de satisfaction particulière. Quant à sa vie sentimentale... il ne savait pas trop comment il allait tenir sa promesse. Il aimait Keny, mais comment communiquer avec Murphy, si elle le voyait comme un homophobe ? Il regarda le vide sous lui. Il aurait été simple de sauter pour clore tous les débats et achever son calvaire intérieur. Très simple même, il n'y avait qu'à donner une impulsion du bras et c'était bon. Gallagher y songea sans trop s'y attarder, parce que ça n'était pas dans son caractère que d'opter pour la facilité. Il ne renonçait jamais. Il se battrait jusqu'à ce que l'autre connard de Dieu décide de sa mort. Mais il ne ferait pas ce cadeau de disparaitre de lui-même, à personne. Il n'avait pas terminé de faire chier ses contemporains. Pour l'heure, il ne savait pas du tout ce qu'il allait advenir avec Murphy. Il restait certaine d'une chose : il n'irait pas s'excuser. Il estimait n'avoir rien fait de blessant, qui méritait que sa fille le qualifie d'homophobe. Ca, ça n'était pas prêt de passer et d'être oublié. Il le ruminerait longtemps sans le digérer, entretenant la rancune, ce poison violent qui resurgissait principalement dans les moments les plus sombres. Appuyant son dos contre la paroi en pierre, il ferma les yeux. Et il se mit à parler, doucement :
- J'espère que tu te marres bien de là-haut... que tu jubiles de me pourrir la vie au quotidien... alors jubile tant que tu le peux... parce que je jure sur la vie de ma fille que le moment venu, j'irais faire un tour dans ton putain de paradis pour tout bruler et pour tout ravager. Je te rendrais au centuple tout ce que m'as fait subir. J'irais en enfer, ouais... mais au moins là-bas, il n'y a pas de rejet... Toi et maman... allez tous les deux vous faire enculer.
Il écrasa son poing rageur sur le sol. Il ne rentrerait pas, ce soir. Il n'avait pas envie de dormir, ni de voir Murphy. A vrai dire, il voulait qu'on le laisse seul et que plus personne ne lui adresse la parole. Le silence retomba, tandis qu'il avait toujours les yeux fermés. La nuit serait longue... |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Ven 20 Juil - 10:47 | |
| Murphy grimaça. Allongée dans son lit, ce fut la lumière du jour qui l'extirpa de son sommeil. Pendant quelques secondes, elle avait oublié. Oublié où est-ce qu'elle était, qu'elle avait mal au dos, qu'elle avait le visage triste. Pendant quelques secondes, elle se serait presque sentie bien, elle aurait presque pu sourire. Et puis lorsque ses yeux s'ouvrirent sur cette chambre tout lui revint en mémoire. La dispute avec son père la veille, qui fit naître en elle, une boule au ventre. Cette nuit elle s'était levée pour aller chercher de l'eau, elle n'avait pas vu son père sur le canapé. Elle ne l'avait pas vu du tout. Alors un peu paniquée, elle s'empressa de se lever, la gueule encore endormie, pour avancer vers sa porte. Tournant lentement la poignée, la jeune femme grimaça lorsque la porte grinça. Elle ignorait l'heure qu'il pouvait être, le soleil était bien haut, il semblait faire beau, c'était tout ce qu'elle pouvait dire. Ses pieds nus marchèrent sur le parquet de l'étage, se rapprochant de la mezzanine. Personne. Pas un bruit. Murphy fronça les sourcils et descendit les marches pour regarder dans la salle de bain, la cuisine et puis vers la terrasse. La baie vitrée était entrouverte, mais le chalet était silencieux. Murphy croisa ses bras contre elle, il faisait frais. Elle avança vers l'extérieur du chalet pour faire le tour, histoire de vérifier partout. Mais son père ne semblait pas être là. Etait-il partit ? Il y avait ses affaires qui étaient là. Ses pieds nus jonchèrent la terrasse, lentement, tandis qu'elle surveillait les alentours de la maison. Le silence de la forêt était apaisant certes, mais l'absence de son père depuis la veille ne la rassurait pas du tout. Est-ce qu'il s'était barré en la laissant là ? Est-ce qu'il lui était arrivé quelque chose ? Avait-il eu un accident ? La gamine pensa tout de suite à ça. Une marche, énervée, rapide, où l'on ne fait pas très attention à nos pas et puis un cailloux, un trou, une branche et l'accident arrive. Elle voyait déjà son père au fond d'un ravin, si bien que le cœur battant, elle retourna à la maison pour enfiler ses baskets, gardant son pyjama, pas le temps de se changer. N'ayant pas de téléphone portable, elle partit sans rien, laissant le chalet ainsi. Après tout, qu'est-ce qu'elle risquait dans le fond ? Marchant sur les épines des pins tombées au sol, la mousse de la forêt bien verte, la jeune femme essayait de regarder partout autour d'elle « papa ? » appelait-elle doucement, comme si elle avait peur de crier, peur de paniquer. Continuant à marcher entre les arbres, la jeune femme essayait d'être prudente, de faire attention à où est-ce qu'elle marchait. Mais au fur et à mesure du temps et de la marche, son cœur se mit à battre plus fort. Son père n'était pas là. « Papa ?! » demanda t-elle plus fort, sentant que la panique commençait à naître en elle. L'avait-il abandonné ? Est-ce qu'il s'était barré en la laissant là, en se disant qu'il n'en pouvait plus d'elle ? Dans sa tête, elle revoyait la scène de la veille, de leur dispute. Il avait juré, et puis il lui avait surtout dit que non, elle ne devait plus rien lui raconter. Et ça lui avait fait de la peine à Murphy, parce que s'ils mettaient encore plus de distance entre eux... ils ne s'en sortiraient pas. Après son anniversaire elle avait eu le sentiment d'être au plus proche de lui. Et puis encore une fois, elle s'était énervée, encore une fois ils s'étaient disputés et encore une fois il était partit. Décroisant les bras pour se tenir aux troncs des arbres qu'elle croisait, la jeune femme accéléra le pas. « Papa ?!! » continuait-elle de gueuler, plus fort à présent. Aucune réponse, aucun bruit, aucun craquement. Parfois, elle se retournait, comme si quelque chose avait attiré son attention ailleurs, derrière, mais en fait non, il n'y avait rien, personne. La jeune femme sentait à présent son cœur battre plus fort. Est-ce que son père était mort dans un fossé ? Cette idée se creusa en elle, forcément, parce que les minutes passaient, les mètres défilaient, et qu'elle ne voyait pas, ni n'entendait pas son père. Depuis la veille au soir. Dans sa tête, tout se bouscula, et si son père était mort tout seul, dans la forêt, ici ? Et si hier soir était la dernière fois qu'elle l'avait vu ? Alors ça allait être là dessus que tout se serait fini ? Murphy, sous la peur de revivre encore et encore ce même schéma, sentit son angoisse de le perdre être plus forte que tout le reste. Elle sentait qu'elle était désorientée, qu'elle avait peur, qu'elle perdait ses moyens. Son cœur battait la chamade, et la peur la fit pleurer. « Papa ? » appelait-elle doucement, sans crier, comme si à présent, elle était ailleurs. Ses mains et ses jambes tremblaient, parce qu'elle ne voulait pas croire à ce qu'elle était en train de vivre. C'était de sa faute, c'était elle qui avait voulu venir ici, alors que son père n'aimait rien de tout ça. C'était à cause d'elle s'il était partit hier soir, en colère. Tout était de sa faute, c'était à cause d'elle tout ça. Tournant sur elle-même, retrouvant un peu d'équilibre en se tenant aux troncs, la jeune femme essayait de se retrouver, ou de trouver la figure de son père dans cet endroit. Mais tout devenait oppressant, presque étouffant. Elle fit quelques pas sans trop regarder où elle mettait les pieds et puis très vite, sans qu'elle ne s'en rende compte, son pied rencontra une racine. N'arrivant pas à se raccrocher à l'écorce de l'arbre à ses côtés, elle perdit lentement l'équilibre, tombant en arrière. Ses fesses heurtèrent d'abord le sol, puis son coude avant que très rapidement, elle ne déboule. Son corps semblait tourner sur lui-même, avant de chuter, lamentablement. Murphy termina sa chute dans une fosse, tout près d'un énorme rocher. Elle ne se rendit même pas compte de la chance qu'elle avait eu dans sa chute, de ne pas heurter le rocher. Allongée sur le sol, sur les feuilles mortes et les épines, la jeune femme grimaça légèrement, perdue entre le cauchemar et la réalité. Elle semblait ne plus différencier les deux. Elle se releva alors et même si sa cheville lui faisait un petit peu mal, elle se rendit compte qu'elle n'avait rien. Observant l'endroit, elle vit qu'elle était tombée dans une sorte de ravin, où était posé là un énorme rocher qui en vérité était un morceau -détâché- de la falaise qui bordait la forêt. La hauteur du fossé était bien trop haute pour qu'elle l'atteigne. Comment sortir d'ici ?
HRP : Je me suis enflammée pour mon retour de vacances hihi |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Sam 21 Juil - 21:51 | |
| Caïn ne s'était pas endormi de suite. Le sommeil n'avait voulu de lui que tardivement, comme si lui aussi, il le considérait comme un gros connard dont personne ne veut. Et le trader avait du trouver une occupation pour ne pas littéralement péter un câble. Muni d'une pierre aux bords coupants il s'était acharné sur un arbre voisin, brisant son écorce, tailladant sa chair comme s'il avait voulu se mutiler lui-même. Ca sentait la sève. Il en avait d'ailleurs sur les doigts, séchée, dure. Il mériterait une bonne douche plus tard. Il avait ensuite passé le reste du temps à graver sur la pierre, de façon laconique le mot "homophobe". Et peu avant l'aube, épuisé, il s'était assoupi, sans rien voir venir. Il se réveilla un peu en sursaut, en entendant un bruit non loin, comme s'il y avait eu un éboulement. Il ouvrit les yeux et tendit l'oreille. Il lâcha la pierre qu'il tenait encore dans la main et passa sa peau marquée par les arrêtes marquées du minéral. Un peu engourdi, il se releva et son premier réflexe fut de regarder vers la forêt. Il n'y avait personne. Son regard se dirigea vers la "falaise". Il n'entendait plus rien. Peut-être que son imagination lui jouait des tours ? Il regarda sa montre. Il était pratiquement dix heures. Il ne pensait pas avoir dormi autant ! Il passa une main sur ses yeux. Il entendit un léger bruit en contrebas et forcément, il regarda. Quand il vit Murphy, tout en bas, son coeur manqua lui sortir de la poitrine. Il ne put s'empêcher de dire :
- Putain de bordel de merde ! Murphy !!! Tu n'as rien ?
Mais là n'était pas la question. Sa fille était en bas et à priori, elle avait chuté, c'était ça qu'il avait entendu à son réveil. Il se plaça juste au bord de la falaise pour analyser la façon dont il pouvait descendre. Comme toujours, il n'eut guère besoin de réfléchir mille ans. Son intuition le guida, il s'accrocha à la paroi et comme s'il avait fait ça toute sa vie, il commença à descendre. Quelques secondes lui suffirent pour atteindre Murphy. La suite fut moins maîtrisée. Sitôt qu'il eut les deux pieds sur le sol, Caïn palpa sa fille aux bras, à la tête et aux jambes à plusieurs reprises, pour s'assurer qu'elle n'avait rien. Il l'examina sous plusieurs angles pour vérifier qu'elle ne saignait pas. D'un geste un peu brut, constatant qu'elle allait bien, il la serra contre lui. Il ne se rendait pas compte qu'il manquait l'étouffer.
- Mais enfin qu'est-ce que tu fous ici ? Et en pyjama ?
Il se détacha et examina une nouvelle fois sa fille, histoire de vérifier qu'il ne soit pas passé à côté d'une blessure. Ils n'allaient pas rester ici et attendre que le temps passe. Il fallait remonter et pour cela, pas d'autre choix possibles : ils devaient escalader. Caïn jeta un oeil à la paroi. S'il avait pu descendre, la remontée s'avérait possible. Comme Murphy était somme toute assez légère, et sans lui demander, il la prit sur son dos et lui demanda de bien s'accrocher. Il prit appui sur ses pieds pour attraper une première prise et commença à grimper. Le poids de sa fille se fit vite sentir sur ses muscles. Mais Caïn n'avait qu'une idée en tête, monter et mettre la jeune femme en sécurité. Il souffrait à chaque mouvement, car en plus de maintenir une accroche, il devait aussi garder l'équilibre. Lorsqu'il ne manqua plus qu'un mètre, le trader reprit la parole :
- Je n'ai pas de prise pour aller plus loin. Tu vas t'appuyer sur mes épaules et grimper sur la corniche.
Il joignit le geste à la parole, en la soutenant d'un bras pour qu'elle monte. Quand ce fut fait, il essuya son front couvert de sueur et respira longuement. Ca faisait beaucoup d'effort physique au petit matin ! Après quelques instants, il fit un léger bond pour se hisser à son tour en sécurité, à l'endroit où il avait passé la nuit. Il s'appuya contre la paroi rocheuse, le souffle court, comme après une séance de sport intensive.
- Faudra... noter... sur la black-list... l'escalade...
Caïn tenait une liste noire de tout ce qu'il "interdisait" à la maison. Il s'agissait surtout de règles destinées à ne pas gêner son travail. Ainsi il défendait à quiconque de toucher à ses post-its, ou d'utiliser son ordinateur portable. Mais on y trouvait aussi un "défense d'utiliser des pistolets à eau" ou encore "défense de faire des putains de bulles de savon". Il faut dire que pour le dernier point, il avait bien failli se tuer en se vautrant après avoir violemment glissé sur un résidu au sol, laissé par Murphy, plus jeune. Kenny avait quant à lui ses interdictions particulières : partir avant telle heure, ne pas se montrer aux voisins, et plus drôle, ne pas dormir du côté du réveil dans le lit de Caïn. |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Sam 21 Juil - 22:55 | |
| Cette falaise semblait trôner en cette forêt contre vents et marées et à cet instant, il était inconcevable pour la petite blonde de se sortir d'ici. Comment allait-elle sortir de cette histoire ? Elle était déjà en train de conclure sur son funèbre sort lorsqu'une voix la fit revenir à la réalité. Une voix qu'elle connaissait, qu'elle reconnaissait. Une voix qu'elle avait apprit à connaître et à reconnaître. Immédiatement, elle se tourna vers son père. Au delà des questions d'usage du style « qu'est-ce qu'il fout ici ? » ou « putain de hasard », ce fut surtout un sentiment profond de soulagement de le voir en vie, sur ses deux pieds et même le fait qu'il l'engueule, ça lui faisait presque du bien. C'était bien lui et pas un mirage, ou une hallucination, ou bien un rêve. En fait, pour Murphy, il se passait pas mal de choses en ce moment. Passer de la peur d'avoir perdu son père durant la nuit, à se perdre dans cette forêt pour finalement tomber ici et se croire morte, avant de tomber sur son dit père. Alors entre l'ascenseur émotionnel qu'elle était encore en train de subir, la jeune femme y laissait des plumes, forcément. Son père était débout, en haut d'un pan de la falaise. Il venait de lui demander si elle n'avait rien. Complètement à côté de la plaque, la jeune femme se regarda brièvement avant de répondre, à l'ouest « j'ai déchiré mon pyjama... ». Son regard était vague, elle était désorientée et c'était tout à fait normal après autant d'émotions contradictoire et ces angoisses qui l'avaient saisies à la gorge comme un barbier fou. Murphy n'allait pas spécialement bien, elle était sous le choc de sa chute, de ses angoisses qui ne l'avaient pas encore quittées, si bien qu'elle ne vit pas vraiment son père essayer de descendre la falaise. Si elle avait été réellement consciente à ce moment-là, elle aurait encore plus paniquée, elle aurait eu peur pour lui, forcément. C'est dans ce genre de moments que se déroulent les drames, pas vrai ? L'adolescente, toujours aussi perdue et désorientée, ne réalisa pas que son père venait la rejoindre, si bien qu'elle semblait surprise de le voir devant elle après quelques minutes. Inquiet de nature -et encore plus en cet instant, Gallagher père, brutalement, vint vérifier l'état physique de sa fille. Murphy était un peu comme un vieux chewing-gum, si bien que lorsque son père lui soulevait les bras, ils retombaient lourdement dans le vide alors que la jeune femme semblait chercher quelque chose. Finalement, après quelques instants, son père l'attira contre lui. Il sentait la sueur, et l'écorce d'arbre. Mais ça ne dérangeait pas Murphy, au contraire, ça l'encrait dans la réalité. Il était vraiment là. Elle sentit ses bras se serrer un peu trop fort autour d'elle, mais en fait, en cet instant, ce n'était pas dérangeant, et ça aurait pu même être trop peu. Ses mains vinrent chastement se coller contre le tee-shirt de son père. Elle sentait sa peau et sa présence physique sous sa paume, ce qui eu pour effet de la soulager davantage. La jeune femme se colla davantage contre son père, sans gêne, alors qu'il était en train de lui demander ce qu'elle fichait là et en pyjama. L'adolescente ne perdit pas une seconde, retrouvant ses esprits contre son père, pour lui répondre terrifiée « j'me suis inquiétée... » serrant ses poings contre son père « je te voyais pas rentrer... j'ai eu peur que tu ai eu un accident dans la forêt... » allait-il comprendre qu'elle parlait d'un réel accident ? Comme ceux qui l'angoissent au plus profond d'elle-même le concernant et dont elle lui avait fait part le jour de son anniversaire ? La peur réelle de le perdre. Un peu trop brutalement pourtant, il se détacha d'elle, la contemplant de nouveau. Très vite, il fit quelques pas afin d'observer la pente qu'il venait de descendre. Murphy la regarda à son tour, puis regarda son père. Est-ce qu'elle allait devoir grimper ça ? Franchement, même sous le choc, elle était lucide sur le fait que ça allait être très compliqué pour elle. Son père se tourna vers elle, avec son regard déterminé, vous savez, celui qu'il a quand il a trouvé la réponse à sa question. Comme un pacte avec lui-même, une fierté aussi, quelque part. Murphy essaie de comprendre où il veut en venir, mais elle n'y parvint pas. Son père fait les quelques pas qui les sépare et en quelques secondes, la voilà juchée sur son dos, comme un petit singe. Ses bras autour de la nuque de son père, ses jambes serrées autour de sa taille, la jeune femme était en cet instant en train de se dire que oui, c'était cruellement dangereux ce à quoi il pensait. Mais en même temps, il y avait aussi une part de fierté. Son père était un homme courageux et il n'avait pas peur de prendre des risques pour elle. Et ça, ça lui faisait plaisir -dans la mesure du possible vu le contexte. Son père se mit donc à la grimpe, Murphy comprit vite qu'il fallait qu'elle desserre l'emprise qu'elle avait autour de sa taille et de sa nuque. Presque plongés dans le vide, sans protection, sans filet, sans harnais, Murphy avait terriblement peur. Qui aurait pu lui en vouloir ? Elle ferma les yeux aussi fort qu'elle le pu, laissant à son père la dure et cruelle tâche de les sortir de là. Plaçant sa confiance aveugle en lui, elle lui confiait littéralement sa vie. Autant mourir ensemble si cela devait arriver. Elle n'avait personne d'autre à part lui. Murphy sentait le corps tendu de son père sous ses bras et ses jambes reliées. Elle sentait sa respiration, ses contractions musculaires et respiratoires, ses difficultés à grimper aussi. Silencieuse, les yeux toujours fermés aussi fort que possible, elle essayait de se faire le plus discrète et légère possible, voulant aider à sa manière son père sans que cela ne soit vraiment possible. C'est la voix de son père qui lui fit ouvrir les yeux. Elle ne voyait pas son visage, et ça l'angoissait un peu. Ce que demandait son père lui semblait impossible à réaliser. Murphy fronça les sourcils et comme une idiote, regarda en bas. Son cœur se mit à battre plus fort. Elle ne se sentait pas capable de faire ce que son père lui demandait « j'vais pas y arr... » ta gueule Murphy. Obéis. Surtout après ce que ton père vient de faire. Il fallait qu'elle fasse vite, qu'elle fasse bien, et elle n'avait pas le temps de réfléchir et c'était peut-être ça qui l'avait sauvé. Son père ne lui laissait pas le choix. Sans savoir trop comment s'y prendre, elle prit appui sur les épaules de son père, grimpant littéralement sur lui. Elle avait terriblement peur. Elle aurait pu se pisser dessus de peur, certainement. La jeune femme savait qu'elle faisait mal à son père en lui grimpant dessus comme ça, mais surtout, elle avait peur de le faire chuter. Qu'il tombe, qu'il se blesse, ou qu'il meurt. Angoissée, la jeune femme attrapa la roche dès qu'elle le pu et aidée par son père et la force de l'un de ses bras, elle se hissa jusqu'au bord de la falaise. Presque tout de suite après ça, elle se tourna vers son père et se surprit à prier pour qu'il arrive à remonter ici lui aussi. Son père ne tarda pas à la rejoindre et lorsqu'il se fut éloigné de la pente, alors qu'il prenait appui contre la roche, essayant de reprendre son souffle, épuisé par l'effort, Murphy se jeta littéralement contre lui. Ici, ils étaient à présent en sécurité et c'était comme si les alarmes et les signaux de danger allumés chez Murphy s'étaient enfin arrêtés. Elle était en sécurité -grâce à son père- et le danger n'existait plus. S'accrochant à son père, la jeune étudiante le serra aussi fort qu'elle le pu alors qu'elle enfouissait son visage dans le corps transpirant de son père. Murphy avait réellement eu peur. Peur de le perdre. Peur qu'il lui soit arrivé quelque chose cette nuit, peur qu'il tombe de la falaise, peur qu'hier soit soit le dernier. Elle n'aurait jamais pu se remettre si hier soit avait été leur dernière soirée. « Papa j'suis désolée » s'empressa t-elle de dire, comme si le danger était encore là, tout près, et que cet instant de répit n'en était finalement qu'un. « J'suis désolée pour hier soir... avec ce que tu as dit à mon anniversaire... ça m'avait fait beaucoup réfléchir... et j'voulais pas admettre que tu avais réfléchi aussi de ton côté » elle parlait vite, comme si le temps lui était compté. Comme si c'était les dernières secondes qu'elle partageait avec lui. Ses poings se refermèrent sur le tee-shirt de son père alors qu'elle ne se décollait pas de lui et il n'avait certainement pas intérêt de le faire lui-même. « Et puis j'm'en fous de ça en plus, j'suis pas lesbienne, je m'en fous, papa j'suis désolée de ce que je t'ai dit » avoua t-elle encore, perturbée par la peur qu'elle avait encore en elle. « Cette nuit j'me suis levée et j'ai vu que t'étais pas là » expliqua t-elle encore vite, « et ce matin je t'ai cherché et... et dans ma tête c'était soit tu étais partis, ou soit t'étais mort dans les bois tout seul » avoua t-elle, même si ce n'était pas plaisant pour lui. « Papa j'ai cru que t'étais mort » avoua t-elle en se mettant à pleurer à chaudes larmes. Et alors qu'elle disait cela, elle était en train de commencer à réaliser ce que son père avait fait, là, tout de suite, pour elle. Il l'avait sorti de son pétrin, sortit de la merde, mais surtout, il venait de lui sauver la vie. Si son père n'avait pas été là, qu'aurait-elle fait, que serait-elle devenue ? La jeune femme ne pouvait pas retenir ses larmes. Parce qu'après la mort de sa maman, puis de ses frères, elle était encore très fragile quant à ce sujet-là. Et puis l'idée de perdre son père n'était pas réelle pour elle. Murphy voyait son père comme un immortel, tout en sachant qu'il pouvait partir à chaque seconde et c'était dans ces moments là -de lucidité, qu'elle se mettait a paniquer. Et la situation de ce matin s'y prêtait malheureusement. Son père n'était pas immortel, il pouvait mourir à tout moment et la laisser là toute seule. Mais aujourd'hui, son père n'était pas mort, et il ne l'avait ni abandonnée, ni laissée là, toute seule. Il s'était conduit comme un véritable héros même et c'était ce qui fusait dans l'esprit de la jeune femme tandis qu'elle ne parvenait pas à lâcher le tee-shirt de son père. « Je t'aime papa » souffla t-elle comme si c'était la dernière fois qu'elle pouvait le lui dire. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Dim 22 Juil - 0:41 | |
| Caïn n'avait pas été sans reste côté émotions, lui non plus. Devoir réaliser le sauvetage impromptu de sa fille au réveil, avec ces courbatures terribles liées à une bien mauvaise position nocturne, voilà qui n'aidait pas forcément à faire la part des choses. Il mit donc du temps à se calme et à retrouver une respiration régulière. Il était en nage. Son t-shirt était trempé et franchement, même si ça ne gênait personne ici, il avait vraiment besoin d'une bonne douche. Ou de tremper son cul dans une rivière ! Et il avait soif en plus de ça ! En même temps, quelle idée de partir en forêt sans rien ! La colère s'avérait décidément très mauvaise conseillère. Caïn se rendit compte en tout cas, à quel point sa fille avait angoissé et regretta amèrement ce choix de s'éclipser. Il resta silencieux lorsqu'elle lui expliqua être désolée. Il faudrait du temps pour que Gallagher n'éprouve plus de rancune. Mais pour le moment, c'était frais, beaucoup trop frais pour qu'il en reparle. Murphy l'avait blessé, vexé. Et quand Caïn se trouvait dans cet état là, il n'y avait pas grand chose qui pouvait améliorer la situation, à part laisser couler. Le trader pouvait s'avérer extrêmement caractériel. Quand il faisait la gueule, ça se voyait. Il resta donc silencieux jusqu'à ce qu'elle parle de sa "disparition". Bonne idée que de détourner le sujet de la conversation, ça éviterait un calme pesant.
- Je suis désolé de t'avoir inquiétée. Je suis sorti pour prendre l'air. Je ne pensais pas m'assoupir dehors ! Je n'ai rien vu venir. C'est le bruit que ça a fait quand tu es tombée qui m'a réveillé. J'ai vu l'heure et effectivement, heureusement que je n'avais pas de rendez-vous d'affaires ce matin.
Comme elle pleurait, il la consola en frottant doucement sa main dans son dos. Il fut tenté de lui répondre que mort, au moins, il ne serait ni homophobe, ni un connard. Mais il s'abstint. Murphy avait de la chance d'être sa fille, il pouvait tout lui passer et il lui épargnait beaucoup de choses. Car le reste du temps, pour tous les autres, il s'avérait invivable. Caïn ne s'entichait pas de plaire aux gens. Il avait un caractère de merde, un franc-parler et une tendance à faire l'ermite. Ses amis étaient peu nombreux. On les comptait sur les doigts d'une seule main. S'il consolait sa fille et s'excusait de ne pas être rentré, il n'allait certainement pas présenter des excuses pour être parti. Il ne fallait pas trop lui en demander. Les mots de la jeune femme lui firent quand même du bien. C'était important de compter pour quelqu'un même si les rapports n'étaient pas toujours au beau fixe avec la personne.
- Je t'aime aussi, mon coeur. Même si tu penses vraiment que je peux mourir comme un con dans les bois aussi facilement. Tu m'as pris pour quoi ? Une chiffe molle ? Attends, je suis le pire des casses-couilles de mon vivant, je compte bien être encore pire pour ma mort. Le monde ne sera pas débarrassé de moi si facilement. Je n'ai pas fini de le faire chier.
Il se mit à rire. Il fallait bien relativiser un peu et relâcher la pression. Il n'aimait pas que sa fille pleure, même si là, pour le coup, il n'était pas loin de penser que c'était quand même bien fait pour sa gueule et que ça lui avait remis les pendules à l'heure. Oui, Caïn avait la rancune tenace et la seule raison pour laquelle il se censurait, c'était parce qu'il s'agissait de Murphy. Elle en avait, de la chance ! Ils restèrent quelques minutes blottis l'un contre l'autre. Il caressait doucement ses cheveux. Au bout d'un moment, ils se séparèrent et Caïn en profita pour se relever.
- Bon, il va falloir rentrer maintenant. Attends-moi quelques instants, il faut absolument que j'aille pisser.
Il s'éclipsa pour se mettre derrière des buissons à l'abri des regards et satisfaire son envie pressante. Si elle regardait attentivement autour d'elle, Murphy pourrait prendre conscience de la raison pour laquelle son père sentait la sève d'arbre. Le magnifique chêne avait son tronc défoncé, entamé, meurtri brutalement par la pierre. La même pierre avec laquelle il avait gravé le fameux "homophobe" de manière très lisible et permanente sur le sol. Cela donnait un aperçu du théâtre de sa nuit en extérieur. Quand il revint au bout de deux minutes, délesté de quelques litres, il s'engagea sur le chemin pour rentrer, en faisant signe à Murphy de le suivre. Et tandis qu'ils marchaient, Caïn décida de parler d'un truc plus léger :
- J'en reviens pas que tu te sois lancée en expédition en pyjama ! Et le pire c'est que tu as mis tes baskets ! Tu cherches à lancer une nouvelle mode vestimentaire ?
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Dim 22 Juil - 17:27 | |
| Dans les bras de son père, la jeune femme l'écouta lui expliquer qu'il s'était endormi dehors, d'un coup. Murphy avait beaucoup de mal à imaginer son père dormir dehors, en pleine nature. Avait-il construit un abris ? Il n'avait pas pu dormir à même la terre, pour Murphy, ce n'était pas possible ça. Mais surtout, alors qu'elle avait toujours la joue collée contre son tee-shirt, elle se dit que son père avait préféré passer une nuit dehors, en pleine forêt, plutôt que dans la même maison qu'elle. La jeune femme ne se rendait pas compte que la dispute de la veille avait autant marqué son père. En fait, ce n'était pas tant ce qu'il avait dit hier soir qui lui avait fait péter un câble comme ça. C'était le cumul : ce qu'il avait dit le jour de son anniversaire, ou bien dans la voiture, ou même encore hier. Il n'avait pas un discours très cohérent. Un jour il est totalement contre, triste et déçu et puis ensuite il revient en arrière, mais toujours de sa façon. Cette façon qui était de dire « oui-oui » mais avec cette pointe de déception dans la voix, et de tristesse. Comme si elle le décevait en permanence, quoi qu'elle puisse bien faire. Murphy n'était pas du tout la jeune fille parfaite. Elle n'avait aucun ami, ce qui révélait chez elle une introversion maladive presque. Elle n'avait pas confiance en elle, suite à la mort de sa mère et de ses frères, un profond sentiment d'abandon avait fait pourrir en elle sa confiance. Elle n'était pas digne : de quiconque, de la vie, des autres. Elle ne supportait pas de décevoir, ou d'avoir ce sentiment de voir sa vie dirigée par tout le monde, sauf elle. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle avait arrêté de s'alimenter quand son père avait voulu sa garde. Tout se jouait dans son dos, une vraie partie de cartes pour sa vie, sans qu'elle ne puisse participer. Ce sentiment de frustration, elle l'évacuait en arrêtant de se nourrir comme si cela lui redonnait une forme de contrôle sur sa vie. Et puis ces angoisses, qui venaient la terrifier un peu tout le temps, n'importe où, avec n'importe qui. La peur de ne pas réussir, la peur de finir seule, la peur d'être ce qu'elle était : un putain de boulet qui a peur de tout. Elle a peur de choisir de ne faire que des études de cinéma, alors elle suit des cours d'anthropologie. Elle a peur de la sociabilité, alors elle n'a ni téléphone, ni réseaux sociaux : ça lui permet de ne créer, ni ne conserver aucun lien. Elle a peur de l'amour, alors elle s'isole et fait fuir ceux qui lui viendraient en aide comme Bailey. Elle a peur de la vie, des autres, et en même temps, elle fait tout pour que le seul homme de sa vie la déteste. Murphy aime son père plus que tout, mais fait tout pour qu'il la rejette, qu'il la mette dehors, qu'il l'engueule et la punisse. Au final sa punition, elle en serait presque contente, au moins elle aurait une excuse pour ne plus sortir de chez elle, sans que cela ne paraisse anormal. Pour son père, son angoisse de le perdre la fait agir ainsi. Murphy est persuadée que son père va lui aussi l'abandonner subitement, alors pour se faire, elle fait tout pour que ça se passe maintenant, comme si elle parviendrait mieux à le gérer si c'était elle qui décidait de quand cela doit se passer. Bref, c'était Murphy quoi. Punir son père, sans arrêt. Une seconde, elle essaya de se mettre à sa place. Un enfer. Travailler sans cesse, ne rencontrer personne, ne pas vivre une relation amoureuse, s'enfermer dans une routine, avec ses post-it, sembler dur comme le roc et puis finalement... s'en prendre plein la gueule par sa fille. Pourtant il s'occupe d'elle, il lui fournit tout ce dont elle a besoin : il lui paye ses études -même si maintenant elle bosse un peu à la boutique d'antiquité, il la loge, la nourrit, la blanchit, l'écoute, l'emmène en week-end et puis elle... elle se plaint. En permanence. Rien n'est jamais assez bien, ou comme il le faudrait. Pourtant des deux, c'est elle qui est la moins à plaindre. Quelle ingrate, quelle petite conne. Son père avait raison, si sa mère la voyait... elle aurait honte. Ses frères aussi. Pensant à eux, et à cette constatation, elle se sentit encore plus triste et ne pu retenir ses larmes, enfouissant son nez dans le tee-shirt puant la sueur de son père. Elle n'avait que lui, pourquoi passait-elle son temps à le défoncer ? En cet instant, Murphy réalisa qu'elle n'allait pas bien. Qu'elle se punissait elle-même de tellement de choses, et qu'elle faisait payer aux autres le malheur qu'elle s’infligeait. Ce n'était pas une vie. Non. La jeune femme sentit son cœur se serrer dans sa poitrine lorsque son père lui dit qu'il l'aimait, lui donnant ce petit surnom qu'elle faisait si souvent semblant de détester. Jamais personne ne l'appellerait comme ça, il n'y avait que son père au monde qui pouvait le faire. Etait-elle malade ? Est-ce que toute sa souffrance depuis le décès de sa mère était en train de remonter ? Fallait-il encore qu'elle soit descendue à un moment donné. Murphy réalisait en cet instant que non, elle ne s'en était jamais remise, qu'elle avait toujours tout refoulé et qu'il serait peut-être temps de faire quelque chose pour ça... non ? Elle ne pu s'empêcher de sourire légèrement lorsque son père lui rappela à quel point il était fort, et que non, une forêt ne parviendrait pas à le mettre en pièce. Il avait raison, oui, et le lui avait bien prouvé à l'instant même, mais Murphy était réaliste, son père n'était pas intouchable, ni immortel. Lorsqu'il rigola, elle sentit les pulsations de son rire dans sa tempe, ça lui faisait autant de bien que de peine. Elle ne parvenait pas à rire. Elle sentait sa main frictionner son dos, puis ses cheveux et ce geste avait quelque chose d'apaisant chez elle. Elle aurait pu rester des heures comme ça, mais son père fini par se reculer, lui avouant avoir envie de pisser. Elle le regarda s'éloigner et se tourna, machinalement, parce qu'elle savait que son père était pudique. C'est à ce moment là qu'elle vit quelque chose sur un tronc d'arbre, ainsi que sur le sol, dans la pierre. En lisant ce mot, elle sentit son cœur exploser en elle, lentement, appuyant sur chaque douleur. Elle lui avait fait du mal, beaucoup de mal. Et il lui avait menti. Il n'était pas tombé de sommeil. Il n'avait pas voulu revenir. Etait-elle en train de le perdre, est-ce qu'elle était enfin « parvenue » à le faire fuir ? Maintenant que c'était le cas, elle s'en mordait les doigts. Au sol, il y avait une pierre, sûrement celle qui avait servi à déchirer l'arbre et gravé la pierre. Murphy se pencha pour la ramasser et l'observer. Il y avait tout un angle arrondi, à force d'avoir travaillé la roche au sol. Ses doigts glissèrent dessus et alors que son père l'appelait, elle mis la pierre dans la poche de son pyjama et alla rejoindre son père sur le chemin, silencieuse. Ce dernier lui fit une remarque sur son look. Murphy se força à sourire en replaçant une mèche de cheveux et continua sa marche. Plutôt, elle suivait son père parce qu'elle était complètement perdue dans cette forêt elle. Elle ne savait pas vraiment quoi lui répondre. Dans sa tête et dans son cœur, c'était bien trop le bordel pour qu'elle parvienne à faire de l'humour. Elle décida donc de sourire à nouveau fugacement, gardant le silence comme réponse. Elle repensait à tout ça, à tout ce qu'il s'était passé, à ce qui avait été dit, et ce qui n'avait pas été dit. Jusqu'au chalet, elle resta silencieuse. Lorsque ce dernier apparu devant eux, elle se sentit presque soulagée. La jeune femme entra par la baie vitrée dans la maison et retira toujours en silence ses chaussures pour les ranger précieusement près de la vitre. Elle se sentait mal à l'aise, presque de trop, comme si elle n'avait plus sa place. En fait, elle avait besoin de parler de quelque chose à quelqu'un. « Papa ? » demanda t-elle alors finalement, presque honteuse « je peux utiliser ton téléphone cinq minutes s'il te plait ? » espérant qu'il ne demande pas pour quoi, ni pour qui. En fait, Murphy voulait téléphoner, ou envoyer un sms à Keny, pour lui demander quelque chose. Keny, c'était un peu comme un tonton. Le genre de gars qui est là dès qu'on a besoin de lui, pour tout et n'importe quoi. C'était quelqu'un de fiable à qui elle pouvait se confier, et qui apparemment, ne la trahissait pas. Et puis Keny, c'était le seul adulte qu'elle connaissait et en qui elle avait confiance, autre que son père. Et comme son père ne voulait plus qu'elle se confie à lui... Attendant la réponse de son père, la jeune femme alla à la cuisine pour se servir un jus d'orange. Ca serait la seule chose qu'elle ingurgiterait aujourd'hui. Essayant de prendre le moins de place possible pour ne pas embêter davantage son père. Comme si la crise était passée et qu'elle s'en voulait et qu'elle se le faisait payer. A croire que c'était vraiment ça, et que donc oui, Murphy était malade. Mais est-ce que c'était une bonne idée de mêler Keny à ça? Après tout... il avait ses problèmes lui aussi. Son père lui avait dit hier soir qu'il allait emménager chez eux, parce qu'il galérait avec son boulot... non, ce n'était pas une bonne idée en fin de compte. « En fait non, laisse tomber, ce n'est pas grave » mentit-elle en se forçant à nouveau à sourire avant d'aller s'asseoir sur l'un des transat au soleil, sur la terrasse dehors face à l'immensité de cette forêt opaque qui se dessinait devant elle. |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Ven 10 Aoû - 23:14 | |
| De retour au chalet, Caïn retira ses chaussures sans même prendre la peine de défaire les lacets. Il les projeta plus loin, comme de vulgaires objets sans valeur, lui qui pourtant restait très soigneux avec ses affaires. Il fonça à l'évier et se passa le visage sous l'eau après s'être lavé les mains. La barbe dégoulinante de quelques gouttes, il revint dans le salon et se massa le dos. Il s'installa sur le canapé, en lâchant un soupir de satisfaction. Il était content de retrouver un toit. Cette nuit dehors serait la dernière. Déjà parce que ces vertèbres n'avaient qu'une envie, lui botter le cul sans ménagement pour le supplice infligé et puis parce qu'il fallait qu'il dorme pour être en forme. Gallagher ne s'attendait pas à ce que sa fille lui demande son téléphone. Et là, il fut bien emmerdé... Pourquoi le voulait-elle ? Sans doute envoyer un SMS ou passer un coup de fil. Peut-être à sa "petite-amie"/"meilleur amie" avec laquelle elle était en froid ? Comme elle partait dans la cuisine, il déverrouilla son appareil et se hâta de supprimer tous les textos échanges avec Keny. Il ne manquerait plus qu'elle tombe sur leurs échanges... ou pire sur les dick-pics que Caïn envoyait fréquemment au blond pour l'allumer. Historique et photos nettoyés, il rangea à la hâte son téléphone dans sa poche, juste à temps car Murphy revint dans la pièce. Elle semblait avoir changé subitement d'avis. Sérieusement ? Maintenant qu'il s'était débarrassé du cul nu de son petit ami ??? Caïn fronça les sourcils. N'importe qui d'autre aurait pris une bonne gueulante bien nourrie, mais encore une fois il s'agissait de sa fille. Elle s'éclipsa pour aller se mettre dehors sur un transat. Il attendit quelques minutes pour ne pas se faire trop invasif. Puis il finit par sortir :
- Tiens, mon téléphone. Promets-moi de ne pas le casser ! C'est le seul lien qu'il me reste avec la civilisation dans ce monde sauvage ! Je vais aller me prendre un bon bain, parce que je crois que je l'ai mérité. Sois gentille, évite de me couper l'eau chaude cette fois-ci ! Putain je pue... c'est une horreur...
Il leva les yeux au ciel en sentant son t-shirt. Il laissa le téléphone à sa fille et retourna à l'intérieur pour prendre un bon bain chaud. L'espèce de bassine en bois était petite, il avait les jambes repliées mais tant pis. Il se cala dans l'eau, posant sa tête sur le bois épais. Alors qu'il lavait ses cheveux avec la mousse, son esprit suivit des méandres profonds, vers une réflexion des plus intenses. Il devait la vérité à Murphy sur deux choses. D'abord sur son frère, Lazslo, qui au final était bien une pourriture. Caïn se trompait rarement quand il avait une intuition, et jamais il n'avait apprécié le garçon. Ce n'était pas un hasard s'il souhaitait lui coller un procès et s'il avait payé un détective pour enquêter sur lui. C'était explosif à dire. Il devait d'abord préparer Murphy et il prit la décision de ne pas le lui dire maintenant. Le séjour s'avérait suffisamment merdique ainsi. Ensuite, il faudrait qu'il fasse son coming-out. Et là, il ne savait pas du tout comment l'annoncer... ni quand... alors il reportait encore l'échéance. S'assumer était l'étape la plus difficile, la finale. Une fois que ça serait fait, il serait libre, mentalement. Il se serait accompli en tant qu'homme, en vivant comme lui-même et non comme le fils indigne d'une mère ultra-conservatrice et sévère. De toute façon, le diable avait déjà son âme. Il entretenait délibérément un mauvais karma comme pour aller jusqu'au bout du concept. Il avait fallu qu'un homme croise son chemin et chamboule tout. Cet homme, c'était Keny.
Qui aurait pu se douter qu'ils se rencontreraient un jour et tomberaient amoureux ? Certainement pas Gallagher. Le trader trouvait l'amour nul à chier. S'attacher à des gens ? Pour quoi faire ? Et pourtant, maintenant il ne pouvait plus se passer de Braxton. Il le trouvait beau, en dehors comme en dedans, parfait. Il savait le faire rire et il ne fuyait pas quand il s'énervait. Et on ne pouvait pas dire que Caïn soit un être facile à vivre. Colérique, très dur, peu expressif, il ne faisait pas bon être dans les parages quand il pétait un câble. Mais son petit ami restait. La tension récente entre eux, qui avait duré quelques semaines, fit prendre conscience au trader qu'il était tombé sur la bonne personne. Ses pensées se mirent à divaguer doucement sur Keny. Il imagina son sourire, ses mains se posant sur lui. Le contact doux et chaud de leurs peaux, l'une contre l'autre... Petit à petit, les images devinrent de plus en plus obscènes, à tel point que Caïn dut mettre la tête sous l'eau pour calmer ses ardeurs. Il entreprit de se rincer et de sécher. Il mit pas mal de temps à se calmer et à être convenable. Quand ce fut le cas, il descendit, tout habillé et parfumé. Murphy n'avait pas bougé du transat. Il récupéra une bière dans le frigo, une pomme et la rejoignit. Il s'installa à son tour sur le transat en croquant dans le fruit.
- Ca fait du bien ! Mon contact a appelé pendant que j'étais dans la salle de bains ? J'espère qu'il ne m'a pas collé un lapin... Je suis pas venu dans le trou du cul du monde pour me faire traiter pire qu'une pute !
C'était crû mais en même temps l'inverse eut été étonnant ! |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Sam 11 Aoû - 17:42 | |
| Son père arriva finalement à sa hauteur, alors qu'elle était toujours étendue sur le transat' en plein soleil. Il lui parlait comme si rien ne s'était passé, comme si tout allait bien. Fallait-il faire semblant ? Elle ne savait pas trop en fait. C'était toujours autant le bordel dans sa tête, parler de ses réflexions à quelqu'un, ou bien tout garder pour elle ? Lorsqu'il lui donna son téléphone, c'était cette question qu'elle se posait. Parler au meilleur ami de son père... à quoi ça allait lui servir ? Se sentir soutenue ? Epaulée ? Aidée ? Mais putain Murphy, tu as dix-huit ans, agit comme une adulte et arrête de te comporter comme une gamine. Parce que tu ne fais que ça. Sans arrêt à se plaindre, sans fournir le moindre effort, en faisant toujours la gueule, en n'étant jamais contente de rien, en demandant de l'aide autour d'elle en permanence. Comme si le fait de perdre sa famille justifiait tout et n'importe quoi, comme si l'abandon de son père lorsqu'elle était gamine justifiait également tout et n'importe quoi. Murphy se cachait derrière des excuses parce qu'elle avait très peur de grandir, mais dans le fond, n'était-ce pas tout simplement ça le problème ? La petite blonde tenait le portable de son père entre ses mains, le faisant glisser entre ses doigts tout en laissant son regard se perdre sur le reflet du soleil sur l'écran. Que faisait-elle ? Allait-elle agir comme elle l'avait toujours fait, c'est-à-dire comme une enfant ? Ou bien allait-elle grandir ? Se débrouiller seule, tenter quelque chose, essayer de comprendre le problème qui sommeillait en elle ? Elle releva les yeux vers le paysage qui se dessinait devant elle, face à cette immense forêt qui semblait protéger ses montagnes majestueuses, elle semblait s'inspirer de cette vue. Ce monde était tellement vaste, et elle n'avait jamais rien vu d'autre qu'Island Bay. Qu'était-elle en ce monde ? Pas grand chose, finalement, n'est-ce pas ? Mais pour son père, elle ressemblait sans doute à l'une de ses montagnes. Une montagne néfaste, pesante, lourde, insurmontable. Il fallait qu'elle change, qu'elle grandisse. Elle conserva le portable dans sa main, mais n'en fit rien. L'idée d'appeler Keny lui passa. Elle se débrouillerait seule, en agissant comme une adulte. Et dans sa tête, le schéma était clair : il fallait qu'elle aille voir un psychologue. Elle avait toujours renié cette science, elle avait toujours rejeté le fait qu'elle en avait besoin, mais aujourd'hui, totalement dépourvue de moyens, qu'avait-elle à perdre à tenter sa chance ? Et puis comme elle travaillait dans la boutique d'Antiquité, Murphy avait un petit d'argent. Pas grand chose, environ 300$ par mois, mais ça pourrait sûrement couvrir les frais de ses séances, pas vrai ? Personne n'en saurait rien, ni son père, ni Keny, ni le peu d'amis qu'elle pouvait avoir à l'heure actuelle. Il fallait qu'elle tourne la page avec ses angoisses, avec son passé, avec ses douleurs qu'elle avait tenté de camoufler. Alors qu'elle réfléchissait à tout cela, le téléphone de son père se mit à vibrer dans sa paume. Surprise, elle regarda l'écran en plissant les yeux. Elle ne savait pas qui c'était, malgré le nom de l'interlocuteur inscrit sur le portable de son père. La jeune femme posa son doigt sur l'écran et décrocha l'appel « Allô ? » lança t-elle peu sûre d'elle. « Je suis sa fille, il... il est occupé pour le moment, je peux lui transmettre un message ? » demanda t-elle poliment. Elle fronça les sourcils, essayant de se concentrer sur ce qu'il disait, puis répondit « d'accord, je lui dirai y'a pas de souci, bonne journée à vous, au revoir » lança t-elle avant de raccrocher. La jeune femme alla très vite dans sa chambre pour chercher de quoi écrire sur ses cahiers de fac pour ne rien oublier. Finalement, elle prit ses cours et les descendit sur la terrasse. Installée sur le transat', ses cahiers et ses livres ouverts, la jeune femme se sentait motivée à travailler un peu pour ses exams. Après tout, ça allait venir vite, et elle n'avait rien de mieux à faire ici. Sans rire, si elle voulait agir comme une adulte, il fallait qu'elle réussisse ses études. Cette matinée avait jouée un rôle important pour Murphy, sans même qu'elle comprenne trop le pourquoi du comment ; c'était comme un élan de motivation, de maturité. Peut-être que ça ne durerait pas ? Peut-être que ce n'était que passager, elle ne pouvait être sûre de rien. La jeune femme se mit donc à relire ses notes, tout en prenant de nouveau des notes sur une autre feuille. En faisant le résumé du résumé, elle parvenait à retenir ses leçons. Finalement, elle entendit que son père venait la retrouver, une bière à la main, une pomme dans l'autre, il se laissa tomber sur le deuxième transat' et croqua dans le fruit défendu avant de demander si son contact l'avait appelé. Toujours un peu ailleurs, pas très expressive donc, elle ne rigola même pas à sa phrase et lança simplement en tirant le papier sur lequel elle avait écrit les informations « si hum... il a dit qu'il t'attendait à son hôtel... Le Chateau Ton...gariro à 20 heures, pour un dîner d'affaire » lança t-elle alors en lui tendant le papier. « Il a dit que si tu préférais à un autre moment, il fallait que tu le rappelles ». Son père étant en contre-jour, elle grimaçait un peu lorsqu'elle levait les yeux vers lui. Et puis très vite, elle récupéra le portable de son père qui s'était retrouvé sous ses livres, pour le lui tendre. Elle ne l'avait pas utilisé, mais elle ne lui ferait pas cette précision. Son père était intelligent, s'il voulait savoir quelque chose, il trouverait le moyen de savoir. Et puis très vite, elle se remit à lire son cours, perdue dans ses pensées. Elle se sentait triste. Déçue d'elle-même, déçue de la situation, déçue par tout ce qu'elle faisait de travers. Elle avait de la peine pour son père, parce qu'elle n'était pas fière d'elle, mais qu'elle se sentait bloquée dans son orgueil. Alors elle étudierait. Et elle fermerait sa gueule. Et elle ferait sa punition. |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Lun 27 Aoû - 22:21 | |
| Caïn récupéra son téléphone. Il ne savait pas trop pour quel usage Murphy le lui avait demandé, mais il n'allait pas chercher. En fait, outre son côté parfois sur-protecteur et questionneur, il ne s'immisçait plus tant que ça dans la vie de sa fille. Autrefois, quand elle était à la maison, il surveillait ses allées et venues à tel point que ça avait déclenché d'énormes disputes. Considérant qu'il était important de changer, le trader avait changé son fusil d'épaule et laissait à la jeune femme, adulte, qui plus est, une certaine liberté. Sauf évidemment dans le cas d'une punition. Là-dessus, la sentence n'était pas discutable, ni même négociable. Il avait tranché et personne ne pourrait le faire changer d'opinion, pas même Keny. Gallagher méprisait les regrets. Quand la page était tourné, il refusait de revenir dessus. C'était bien d'un côté, car ça donnait un cap et le sentiment qu'on pouvait lui faire confiance. Par contre, à être aussi impitoyable, à ne rien laisser passer et à refuser les compromis, il générait de lui-même des situations de conflit qui bien souvent virait au drame. Murphy en savait quelque chose. Le visage de son père se durcit, comme toujours dès que l'on parlait du travail. Caïn avait lâché le monde pendant quelques heures, ça n'était carrément pas dans ses habitudes. Il nota la destination sur son téléphone. Ca lui servirait à régler le GPS. Il connaissait l'endroit où avait lieu le rendez-vous, il devait y avoir deux bonnes heures de route. Et comme il détestait être en retard, il se lança dans un calcul précis de l'heure à laquelle il devait partir. Cela impliquait que ce soir, il ne dinerait pas avec sa fille. Tant mieux pour elle... de toute façon, elle semblait bien plus heureuse dès qu'il sortait de sa vie, lui, le gros connard homophobe.
L'amertume lui laissait un arrière-goût dans la gorge. Ca allait durer longtemps, car sa racune était du genre tenace. Il retourna à l'intérieur pour préparer ses affaires. Et quand il revint sur la terrasse, ce fut avec son ordinateur portable et la clé fournie par Murphy. Il s'installa sur le transat et se lança dans ses affaires, griffonant sur des bouts de papier et des post-its tout une série de nombre. Il pesta bruyamment quand un coup de vent mélangea les petits papiers jaunes fluos. Outre le blasphème et les injures, il tapa contre l'écran comme si la machine y était pour quelque chose. Quand, hasardeuse, une mouche commença à leur tourner autour, il l'écrabouilla entre ses mains, sans une seule once de pitié. D'ailleurs les quelques moustiques qui avaient vu en lui de la viande fraîche connurent un triste sort. Il avait l'oeil et l'ouïe fine. Tellement qu'à un moment, il en arriva à maudire les oiseaux qui chantaient dans la forêt et entra à l'intérieur, de mauvais humeur. Le canapé était immonde, niveau confort, mais au moins, dedans, en dépit d'un réseau merdique, il était au calme, dans la sérénité, prêt à bosser. Mine de rien, il ne décrocha de son laptop qu'à 16h30. Il prit un verre d'eau, engouffra un truc vite fait, sorti du frigo, des fruits visiblement et commença à se préparer. Finie la tenue de vacances. Il revêtit son costard enfila ses chaussures noires éclatantes et passa sa cravate autour du coup. Tandis qu'il la nouait, il s'approcha de Murphy, pour donner les fameuses consignes, toujours les mêmes, à quelques détails près :
- Pas de bêtise, d'accord ? Tu as ce qu'il te faut pour manger, je te laisse 500 dollars au cas où tu aies besoin. Ils sont sous la télécommande. Tu as le bipper sur la table basse, il suffit d'appuyer sur l'un des boutons, peu importe lequel, ça me bippe. Pense à fermer à clé avant d'aller te coucher, tu n'ouvres pas aux inconnus, tu ne fais pas de fiesta ou de feu dans la cheminée. Tu ne sors pas dans les bois sauf si tu vois ou sens de la fumée. Ne laisse pas la clé sur la porte, sinon je ne pourrais pas ouvrir et je devrais passer la nuit dehors... encore... pas que je trouve pas ça sympathique mais... en fait c'est même complètement à chier comme nuit. Si tu as besoin de te défendre, il y a un couteau de boucher dans le tiroir de la cuisine et une bombe lacrymogène dans ma valise. Tu vises les yeux ou les bijoux de famille, ça suffira.
Il finit son noeud en serrant fermement de sorte qu'il arrive au ras de son cou. Il enfila sa veste, lui fit un baiser sur le front et récupéra son attaché-case. Quand il travaillait, il avait un côté très autoritaire et très froid. On sentait bien qu'il ne se laisserait marcher sur les pieds par personne. Il sortit les clés de sa voiture.
- A tout à l'heure, trésor.
Et il partit. Il espérait que ce rendez-vous ne serait pas une perte de temps. Au moins, ce qui le rassurait, un peu, c'était qu'il allait avoir lieu dans un chateau connu, avec un certain standing. Durant son trajet, Caïn tenta de capter une station radio mais l'endroit étant un peu reculé, il n'obtint que des bruits de neige et des crépitements. Tellement bien qu'il enclencha la playlist de Murphy. Il pensa à elle tout le long. Comment allait-il lui annoncer la vérité pour Lazslo ? Déjà qu'elle le voyait comme un homophobe, en plus il allait devoir lui annoncer que son frangin, si vénéré, était en réalité une belle pourriture. Ca allait encore lui retomber dessus. Sa fille attendrait sans doute de la compassion mais il avait toujours détesté ce môme et ce n'était pas un hasard si pendant des mois, il avait enquêté sur lui. D'ailleurs, il devrait expliquer à sa fille comment il accumulait les informations. Un truc à casser le peu de confiance qu'elle avait en lui, même s'il lui prouvait par A + B que son intuition restait bonne dans 99% des cas. Il arriva sur les lieux à 19h45. Cinq minutes après son client arriva et se présenta. Ils entrèrent dans le restaurant pour discuter affaires. Contrairement à ce qu'il pensait, leur conversation fut passionnante. A tel point qu'ils s'éternisèrent. Ce ne fut qu'à deux heures du matin qu'ils décidèrent de mettre un terme à leur entrevue. Caïn refit le trajet du retour, plongé dans ses pensées. Il manqua se foutre en l'air lorsqu'un lapin traversa la route. Lancé, il était trop tard. Il ne freina même pas car de toute façon, le choc était inévitable. Il y eut un choc, une secousse lorsque le 4x4 écrasa littéralement la pauvre bête. Tant pis... un de moins, voilà tout. Il arriva au chalet, à quatre trente environ. Il faisait nuit noire, Murphy était couché, elle dormait très probablement. Discrètement, il entra et se déshabilla. Il ne chercha même pas à plier son linge, il le laissa par terre, n'enfila même pas son pyjama. Il prit la couverture qu'il avait récupéré et s'effondra sur le canapé. Il était épuisé. Il s'endormit de suite. Et comme souvent lorsqu'il avait vécu une journée intense et manquait de sommeil, il ronfla...
Au petit matin, lorsqu'elle se lèverait, Murphy aurait la surprise de le trouver échoué comme un cachalot sur une plage, le cheveux dans tous les sens. Et même malgré la fatigue, son front restait plissé, contrarié, comme si le fait de dormir aussi paisiblement demeurait une perte de temps des plus irritantes. Pourtant, il avait bien mérité de se reposer, parce qu'il venait de vivre deux jours compliqués. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Lun 27 Aoû - 23:08 | |
| Son père allait partir. Murphy passerait la fin de journée, la soirée et la nuit toute seule. Toujours assise sur son transat, elle vit son père aller et venir, pester, claquer les mouches et jurer contre cette saloperie de nature qui l'entourait. Elle, elle était là sans être vraiment là. Elle ne parvenait même pas à lire ses notes, ni ses livres. Son esprit était ailleurs, loin, décidément bien trop loin. Quand son père rentra à l'intérieur, elle lâcha son livre pour observer la vue qui s'étendait là, devant elle. Comme si les monts visibles au loin allaient pouvoir apporter les réponses aux nombreuses interrogations qu'elle se posait. Durant ses cours d'anthropologie, on cherchait surtout à répondre à cette grande question « qui sommes-nous, nous, humains ? » et aujourd'hui, elle se posait cette question à elle-même. Qui était-elle ? Murphy était incapable de répondre à cela. Elle ne savait pas qui elle était, c'était comme si à la mort de sa mère en 2015, elle avait cessé de vivre, c'était comme si à la mort de ses frères presque deux ans après, elle avait arrêté de survivre. Dès lors, depuis tout ce temps, elle n'était plus vraiment là, plus vraiment elle-même, plus vraiment sûre de quoi que ce soit. C'était étrange, il avait suffit d'une dispute -pourtant à la suite de nombreuses autres précédentes- pour que tout lui vienne comme une montée d'air chaud, asphyxiante, éreintante, étouffante. Murphy avait alors comprit que quelque chose n'allait pas, quelque chose de profond et de vieux qu'elle avait tenté de camoufler. Elle s'était persuadée pendant ces trois dernières années que ça allait, qu'elle remontait la pente seulement aujourd'hui, elle avait eu la révélation que non. Rien n'était oublié, effacé, aucune page n'avait été tournée, aucun deuil n'avait eu lieu. Elle n'échangea pas un seul mot avec son père, il ne déjeuna même pas avec elle. De toute façon, elle ne voulait plus manger. Elle était stressée, angoissée et terrorisée par toutes ces idées, ces réflexions qui venaient l'assommer de toutes parts. Caïn se prépara et bien vite, il fut en costume, prêt à partir. Il lui donna les ordres à suivre pendant son absence, Murphy hocha la tête et accepta. Oui, elle voulait être punie. C'était pour elle, le symbole d'une véritable punition dont elle avait besoin. Comme un principe de rédemption dont elle ressentait le besoin utile pour la suite. Il fallait qu'elle soit punie, qu'elle se punisse aussi, qu'elle souffre afin de pouvoir peut-être espérer se pardonner. Lorsque son père l'embrassa sur le front, elle eu envie de pleurer, mais elle n'en fit rien. Elle lui lança simplement un « bonne soirée » avant de le suivre jusqu'à la porte qu'il venait de fermer. Elle passa la clef dans la serrure et la tourna deux fois, avant de la retirer et de la poser sur la petite table de l'entrée. Elle entendit le moteur de la voiture gronder et très vite, un sentiment d'angoisse la saisie. Son père était en train de partir, elle se retrouvait seule dans ce chalet, seule dans cette région, seule dans cette nature étouffante et surtout seule face à ses angoisses et son passé. Elle ne se sentie pas bien, passant sa main sur ses bras, elle observait l'intérieur du chalet avec précision, puis se décida à monter dans sa chambre pour fermer sa fenêtre et la verrouiller. Elle retourna au salon, ramena ses affaires de la terrasse, à l'intérieur également et puis ferma la baie vitrée de façon définitive. Le silence était pesant, lourd, intense. Murphy alla s'asseoir sur le canapé et regarda l'heure, il était tout juste seize heures trente. Elle soupira. L'angoisse de se retrouver seule ici était terrible. Murphy prit ses cours, mais fini bien vite par sortir une nouvelle feuille blanche pour y écrire ses regrets. Elle griffonna donc « ne pas avoir pu dire aux revoir à mes frères, ne pas avoir su remonter la pente, ne pas avoir su faire le deuil, ne pas avoir su tourner la page, ne pas avoir su laisser sa place de père à Caïn, ne pas avoir su être une meilleure fille, ne pas avoir su être altruiste, ne pas avoir su grandir, ne pas avoir su se faire des amis... » et la liste continua, alors que Murphy se mettait à pleurer. Finalement, elle continua d'écrire « je dois être punie parce que je ne suis pas quelqu'un de bien » et trouvant que la punition de son père était plutôt un alibi à son insociabilité, elle s'ajouta la privation de nourriture. Elle se détestait, sévèrement. Sur la page suivante, elle ne fit qu'écrire « je me déteste, je me déteste, je me déteste » de plus en plus gros, violent, gestuel. Ecrire ses troubles, ses pensées, ses angoisses, lui fit du bien. C'était une façon d'extérioriser sa peine. Et puis naturellement, elle en vint à écrire ce qu'elle voulait pour l'avenir, pour corriger ses erreurs. « Ne plus être égoïste et centrée sur moi, ne plus être un poids pour mon père, ne plus être désagréable (arrêter de parler), ne plus me plaindre, ne plus mettre tous les maux du monde sur le dos de papa, ne plus vouloir qu'il souffre à ma place, ne plus être une gamine, ne plus être irresponsable » voyant qu'elle recommençait à se critiquer elle-même au lieu de chercher des solutions, elle s'arrêta un instant. Elle laissa son regard se perdre sur les pierres qui composaient le mur d'en face, pendant de longues minutes. Elle pensa à sa vie d'avant, à sa maman, à leur vie, à leur maison, à leurs habitudes. Murphy ne s'arrêtait pas de pleurer, mais elle se forçait à être dure envers elle-même. Finalement, elle fini par penser à quelque chose. Maintenant qu'elle avait son travail à la boutique d'antiquité à Wellington, elle pouvait avoir un petit peu d'argent. Cet argent pouvait lui permettre de se payer... une thérapie ? Bon, Murphy n'y avait jamais cru, elle avait toujours refusé l'aide psychologique qu'on lui avait proposé à l'école après le décès de sa mère ou autre. Mais aujourd'hui, elle voulait que les choses changent, elle voulait s'en sortir, elle voulait s'améliorer. Alors elle était prête à tout. La gamine continua une bonne partie de l'après-midi à écrire des choses, des souvenirs, des critiques, des idées et puis son ventre se mit à crier famine. Cette sensation, elle l'avait lourdement vécu il y a encore deux ans de cela. C'était comme retrouver une vieille amie. Il n'y avait qu'elle de toute façon. A partir d'aujourd'hui, Murphy se considérait comme un poids, comme étant seule. Son père ne voulait plus qu'elle se confie, il ne voulait plus entendre parler d'elle, de ses jérémiades et il avait raison. Elle n'était qu'une conne, qu'une ingrate, qu'une merde. Son père irait tellement mieux sans elle... il devait regretter d'être revenu dans sa vie, d'avoir réclamé sa garde. Elle ne méritait pas tout ça. Elle ne se confierait à personne, de toutes façons, à part son père, il n'y avait personne dans sa vie. Murphy laissa tomber ses notes et ses cours, elle était fatiguée. Il était à présent dix-huit heures. Elle se fit profondément chier. La jeune femme observait l'intérieur, encore, et puis se décida à se lever. Elle allait nettoyer le chalet, pour se rendre utile, s'occuper et puis parce que son père aimait les endroits propres. Murphy alla à la cuisine et trouva tout ce dont elle avait besoin : gants, balais, serpillères, chiffons, produits d'entretiens. Du sol au plafond, en passant par chaque surfaces, têtes d'animaux accrochées au mur, cadres, lunette des wc, Murphy nettoya tout. Dans un silence sépulcrale. Elle fit aussi le peu de vaisselle qu'il y avait, l'essuya et la rangea. Son père avait horreur que ça traîne, il ne lui disait sans arrêt à la maison. Murphy fit les vitres, tapa les coussins, monta faire son lit et lorsque le dernier coup de serpillère fut donné, elle se laissa tomber, épuisée, sur le canapé. Ca sentait bon, c'était propre, mais elle n'était pas contente d'elle pour autant. Ce n'était pas assez, ça ne serait jamais assez. Murphy rangea tout, dans le moindre détail, au milimètre près. Les heures avaient passées à toute vitesse. Elle monta ses cours à sa chambre, les rangea eux aussi soigneusement. En descendant, elle chercha le moindre truc qui n'était pas à sa place, pas droit, pas propre, mais il ne restait plus rien. Murphy alla à la cuisine et ouvrit le frigo. Son père lui avait laissé plein de nourriture, et son ventre réclamait toujours autant, mais elle ne prit qu'une bouteille d'eau qu'elle bu cul sec, avant de la jeter à la poubelle. Finalement, elle alla prendre une douche chaude, histoire d'enlever l'odeur des produits d'entretiens. Il était vingt-deux heures trente, la jeune femme alla se poser sur le canapé, elle ne voulait pas être dans sa chambre à l'étage si son père n'était pas là. Murphy alluma la télévision et chercha un programme à regarder. Elle s'arrêta sur une émission de crimes, et fini par s'endormir devant. Elle se réveilla lorsque les phares de la voiture de son père éclairèrent la pièce, et qu'elle entendit le moteur. La télévision s'était éteinte toute seule. Murphy frotta ses yeux et se dépécha d'aller dans sa chambre pour se coucher dans son lit froid. Elle entendit son père ouvrir et fermer la porte. Il était revenu, il était là. Seulement voilà, la jeune femme ne parvint pas à trouver le sommeil tout de suite. Elle ruminait, angoissait et stressait avec toutes ces idées dans sa tête. Elle resta longtemps inerte avant de finalement s'endormir. Lorsqu'elle se réveilla, elle était épuisée, et son ventre hurlait de faim. Murphy resta allongée dans son lit, pensant à elle, à son comportement, à cette journée. Qu'est-ce qui allait se passer maintenant ? Il n'y avait aucun bruit dans la maison, elle se dit que son père devait encore dormir. Elle ne voulait pas le déranger, elle ne voulait pas le réveiller, elle ne voulait pas lui pourrir la vie, alors elle ne bougea pas. Elle se tourna vers la porte, toujours sous sa couette et fixa la porte de sa chambre fermée. Elle se lèverait quand son père fera du bruit, même si elle l'entendait ronfler de sa chambre, elle attendrait qu'il se lève. |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Mer 5 Sep - 22:32 | |
| Caïn était en proie à une série de rêves étranges, qui s'entremêlèrent si rapidement et si brutalement, qu'il ne parvenait pas à les saisir. C'était un peu comme s'il regardait un film en avance rapide, en se sentant parfaitement étranger à la chose. Rien ne captait son attention véritablement, à l'exception de visages. Murphy, sa mère, Keny... des clients. Rien ne paraissait logique et pourtant, son cerveau était en train de réordonner tout le bordel de sa vie intime et familiales. Méthodiquement, il mettait les choses dans les bonnes cases, comme dans un centrale de courrier où la machine affectait les choses de façon spontanée, sans trop y réfléchir. Et petit à petit, Caïn vit des images plus nettes d'une famille, une vraie. Murphy et sa maman, aux côtés de Keny et lui, dans le salon de la villa, pour ouvrir les cadeaux de Noël. Tout le monde souriait et chantait. On sonna à la porte. La grand-mère venait de débarquer. Ils étaient au complet. On fit le décompte et Caïn prit Murphy en photo, au moment où elle mettait le petit Jésus dans la crèche. Le trader marqua sa date de naissance sur un post-it et de là découla une série d'événements incontrolables. Le salon se vida. Il se mit à frapper sur un petit garçon, violemment, brutalement. Le sang souillait ses mains, pleines d'éclats du miroir sur lequel il était en train de s'acharner. La haine portait son visage, déformé et furieux. Il continua à cogner. Le son qui émanait des chocs se transforma en notes de musiques puis en mots de plus en plus audibles : sans père, sans père... Puis tout se calma. Retour dans le salon, éclairé, où Murphy plaisantait avec Keny, en l'ignorant. Caïn s'assit sur le canapé, indifférent à ce spectacle, détaché. Il n'avait pas mal. A aucun moment il ne chercha à exister et à troubler le calme paisible des deux amours de sa vie. La lumière s'intensifia. Il ouvrit les yeux.
Ebloui par le soleil qui inondait la pièce, Gallagher se réveilla, reposé et calme. Il ne transpirait même pas, malgré le cheminement de ses rêves, qu'il avait totalement oublié à l'instant même où il avait ouvert les paupières. Il se redressa légèrement, en passant une main sur ses yeux, encore ensommeillés. Il chercha une horloge mais il avait oublié qu'ici, pour avoir l'heure, il fallait hurler à poil sous la pleine lune... Il chercha dans son pantalon, son téléphone portable... complètement déchargé. Caïn souffla, grognon. Il se leva pour s'étirer, faisant craquer toutes les articulations de son corps. Murphy n'était pas levée. Il se dirigea vers la cuisine et constata l'heure, sur le micro-ondes : 14 heures !!! Il marmonna un florilège d'insultes après lui-même. Il détestait se lever aussi tard. Caïn était quelqu'un du matin. A 5h, 6h, grand maximum il se levait, et enchainait sa journée. Tout restait réglé comme sur une partition musicale, dans tel ordre, avec tel rythme. Et rien ne pouvait ni ne devait s'en trouver compromis, au risque de le mettre dans une humeur exécrable. Bon l'avantage d'être ici, c'est qu'il n'avait RIEN à faire ! C'était un peu comme se faire plonger dans un coma artificiel le week-end pour faire passer le temps plus vite et pouvoir reprendre son travail d'attaque le lundi suivant. Là, les heures perdues étaient toujours ça de moins à passer dans ce trou du cul du monde qu'il détestait presque autant que les étrangers. Il se passa un coup d'eau glacée sur le visage à l'évier. Et en s'essuyant, bien réveillé, il remarqua que tout brillait. Ca aurait presque donné envie d'y vivre ! Il fouilla dans le buffet, le frigo mais rien ne l'emballait vraiment. Il avait envie d'un truc bien saignant, de la viande. Mais il le savait, pas de restaurant à des kilomètres à la ronde. Il allait devoir faire avec. Il s'enclencha un café très serré et sans sucre. Rien de tel pour se réveiller.
Il fit un nouveau détour par le salon pour s'habiller, il ne faudrait pas que Murphy le surprenne en calbut. Ca ne lui posait pas de problème à la plage qu'elle le voit en short de bain, mais sinon, il y avait un minimum de décence à garder. Là-dessus, Caïn était aussi très old-school. Dans son éducation, on s'habillait décemment, même en famille. La seule exception restait Keny mais bon, en même temps, la finalité n'était pas la même qu'avec sa fille ! Il entendit enfin un bruit, à l'étage et il leva la tête alors qu'il boutonnait sa chemise. Murphy s'était réveillée. Il lui adressa un sourire et lança :
- Coucou, ma puce ! Tu as bien dormi ? Tu veux manger quelque chose ?
Oui, en dépit de ce qu'il s'était passé, elle était son rayon de soleil de la journée. Enfin de ce qu'il en restait... c'est à dire plus grand chose. Quel immense gâchis ! Gallagher sortit une poelle après l'avoir embrassé sur le front, et des oeufs. Ce n'était pas de la viande saignante mais l'idée de savoir que ces préludes de petits poussins ne verraient jamais le jour et aller finir dans son estomac l'enchantait. Il fallait bien qu'il trouve un moyen de pourrir le monde avec ses pensées dans la mesure où le monde venait de lui pourrir sa journée... et son week-end en fait, quand il y repensait. Décidément, il possédait un talent inné pour penser comme le plus parfait des connards ! Et pour l'incarner aussi.
- Tout s'est bien passé ? Je suis arrivé tard cette nuit, mais je ne voulais pas dormir sur place. A part le ménage, à fond, que tu n'étais pas obligée de faire, hein, tu as fait quoi d'autre de beau ?
Ca changeait de la veille, mais même si Caïn ne pouvait pas tirer la gueule trop longtemps envers sa fille, il était inutile de préciser qu'il n'oubliait rien. Et que la rancoeur finirait par sortir, comme un poison violent, le jour où tout irait mal, comme si le destin se plaisait à les faire vivre dans la perfidie et dans le conflit. Dans l'immédiat ce qui devait choquer Murphy, c'était de voir son père reposé. Ca n'était pas arrivé depuis longtemps. Le début des bienfaits de la campagne ??? |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Mer 5 Sep - 23:12 | |
| Allongée sur le côté droit, les bras sous son oreiller et les yeux rivés sur la porte, la jeune femme attendait. Elle entendait son père ronfler en bas, construisant un rythme régulier dont elle se servie pour ranger et ordonner ses pensées. S'installant par la suite sur le dos, les bras en dehors du lit, elle fixait le bois qui recouvrait le plafond de cette chambre, laissant ses yeux parcourir les rainures des arbres autrefois majestueux qui avaient servis à construire ce chalet. Philosophant sur la vie, sur le sens que chaque chose, les conséquences de chacun des actes et décisions, la jeune femme fini par se tourner sur le côté gauche. Elle imaginait cette journée d'aujourd'hui, leur dernière journée ici finalement. Ce week-end avait été un pur échec. Elle avait voulu resserrer les liens avec son père, passer de bons moments avec lui et finalement, ça avait été tout l'inverse. Incapables de se parler sans se disputer -par sa faute, ils n'avaient jamais été aussi éloignés l'un de l'autre qu'en cet instant. Orf non, durant le procès avec ses frères, ça n'avait pas été folichon non plus. La jeune femme restait tranquille, évitant de trop bouger, de se lever et de faire le moindre bruit. L'envie de faire pipi commençait à se faire ressentir, mais elle ne voulait pas sortir et prendre le risque de réveiller son père. La petite blondinette fini tout de même par prendre ses livres universitaires et commença à réviser pour ses examens. Le temps ne passait pas vite du tout, et les minutes furent intensément trop longues, mais finalement son père commença à faire du bruit. Murphy resta attentive, essayant d'analyser les bruits qu'elle entendait. Les ronflements de son père n'étaient plus audibles et elle reconnu bien vite le bruit de la cafetière. La jeune femme ferma son livre et quitta son lit. Le plancher était froid. Elle enfila ses grosses chaussettes et puis avança vers sa porte. Elle s'arrêta une seconde, ferma les yeux et soupira un grand coup avant de l'ouvrir. La première chose qu'elle fit fut d'aller aux toilettes dans la salle de bain. Elle se leva les mains soigneusement et puis quitta la petite pièce. Son père était en train de boutonner sa chemise, il lui avait sourit, il lui demandait si elle avait bien dormi et si elle avait faim. Faim. Manger. Oh oui qu'elle avait faim, elle crevait même de faim... Son père avait l'air d'avoir bien dormi, ça se voyait sur sa tête. Il l'avait aussi appelé par un petit surnom. Etait-il toujours fâché contre elle ? Probablement... son père avait la fâcheuse tendance à couper court à une discussion, pour finalement ressortir le vice pile poil à un autre moment bien tendu. Bref, il n'oubliait rien et ressortait tout à point nommé. Il avait l'art et la manière quoi. Murphy se faisait plutôt timide ce matin, elle était mal à l'aise. Gênée par leur dispute, par ce week-end de merde, par ses pensées qui ne la quittaient jamais, par ses regrets, remords, culpabilité incessante. La jeune femme répondit alors doucement « coucou, ça va ? » cherchant à détourner l'attention qu'il pouvait avoir sur elle. Il avait une poelle à la main et semblait désireux de se faire des œufs. La jeune femme se lécha les lèvres, elle avait faim et elle aurait aimé manger elle-aussi. Mais non. Elle se dirigea vers le placard où se trouvaient les verres et en prit deux. Elle en rempli un de l'eau du robinet et le bu tout en s'installant sur l'un des fauteuils de la cuisine. Il lui demanda si tout s'était bien passé hier, notant qu'il avait vu le ménage et puis demanda ce qu'elle avait fait. Murphy bu une nouvelle gorgée et garda ses mains autour de son verre « oui ça a été » commença t-elle alors sans vraiment d'émotion dans la voix. « Je n'ai rien fait de spécial, j'ai... j'ai bossé mes cours » avoua t-elle. Ce n'était pas vraiment un mensonge et pas vraiment la réalité non plus... La gamine ne tarda pas à lui dire « et toi alors ? Ca s'est bien passé ton rendez-vous ? » demanda t-elle curieuse. Après tout, son père semblait presque de bonne humeur, elle n'avait aucune envie de lui pourrir davantage la vie. Même si son cœur était brisé à l'intérieur d'elle, elle ne voulait pas qu'il s'en apercoive, qu'il se doute de quelque chose ou bien qu'il souffre lui aussi à cause d'elle. Non, c'était fini. Elle ne lui ferait plus rien subir. Jamais. « Tu as bien dormi du coup ? » demanda t-elle par rapport à l'heure tardive qu'il était déjà et puis cette mine que son père arborait. Quand il lui eu répondu, elle lança en jouant avec son verre très légèrement « si tu veux que l'on rentre plus tôt à Island Bay, c'est toi qui vois hein » elle leva les yeux vers lui et ajouta « je sais que tu n'es pas spécialement ravi d'être ici et puis... c'est pas comme si tout s'était super bien passé non plus » ajouta t-elle alors en baissant les yeux, la mine triste. Oui, elle regrettait d'avoir entraîné son père dans ce délire « vient on est une famille ». Son père avait bien d'autres chats à fouetter qu'elle et son ingratitude permanente. |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Mer 12 Sep - 0:06 | |
| - Meilleur que ce que j'avais envisagé, bien meilleur. Et maintenant que j'y repense, très fructueux. Nous avons parlé affaires, stratégie. Il se pourrait bien que cela aboutisse sur un grand projet. Mais pour le moment, je ne peux rien dire du tout. En tout cas, je pense que ce projet aurait tout le potentiel pour y réussir. Ca mérite de la préparation et de la réflexion. Bref ! Je pensais me faire chier comme un rat mort et en fait, ça a été plutôt passionnant. Je vois beaucoup d'opportunités désormais. Pour moi et pour nous, par ricochet. Le plus chiant ça a été la route. A part des arbres et des animaux sauvages...
Il tut volontairement le fait qu'un animal était passé sous ses roues et qu'il n'en avait rien eu à foutre. Il savait que Murphy n'apprécierait pas et aujourd'hui, il voulait éviter une dispute. Alors il tâchait de faire un effort et de ne pas afficher son sale caractère. Caïn pouvait s'avérer très blessant par moments. Il savait mentir et le faisait quand ça lui était utile. Néanmoins, dans sa vie personnelle, il avait tendance à balancer les choses comme il les pensait. S'il trouvait qu'un tel était con comme un balai, il ne se privait pas de le lui dire. A quoi bon nier la vérité et perdre du temps ? Au moins comme ça, l'énergumène sortait de sa vie, définitivement. Que ça soit en bons ou en mauvais termes, peu lui importait, tant que son objectif était atteint. Gallagher avait également le côté très utilitariste de sa profession de trader. Si quelqu'un ne lui servait pas, il s'en débarrassait. Il avait horreur de s'encombrer de choses ou de gens inutiles. L'avantage majeur de cette attitude c'est que les rares qui restaient proches, l'étaient tous vraiment. Murphy saurait par exemple, très vite qu'il envisageait de mener un véritable putsch au sein de la banque afin de dégager son boss pour prendre sa place. Il commençait à y avoir de l'eau dans le gaz entre eux et le travail de Caïn le lassait de plus en plus à cause de sa monotonie. Il faut dire qu'il écraser ses collègues, il les pulvérisait avec ses investissements juteux. Comme il aimait le dire, il n'éprouvait plus de joie à écraser des incapables. Il s'ennuyait, il avait besoin de retrouver de vrais défis. Et puisque son poste ne le lui permettait pas, eh bien il visait désormais plus haut, beaucoup plus haut. Certains risquaient fort de douiller dans la banque, vu son caractère autoritaire, mais ça c'était le cadet de ses soucis. Si l'opération réussissait, il laisserait le volet social, qu'il nommait avec mépris "la charité" à un sous-fifre.
- A part le soir de ton anniversaire, je crois bien que je n'ai jamais aussi bien dormi de ma vie. J'aurais du mettre un réveil, cela dit. Je déteste me lever tard, c'est une journée gâchée...
Sans doute que sa fille prit ça pour elle, puisqu'au bout de quelques instants, elle proposa qu'ils rentrent sur Island Bay. Caïn resta silencieux. Non, évoquer ce qu'il s'était passé n'était pas judicieux, cela faisait ressortir la bête immonde qui dormait en lui et qui ne cessait d'être en colère contre tout et surtout contre lui-même. Voilà donc ce qu'il resterait de ce week-end. De la merde. Des souvenirs d'une dispute, des mots tranchants... de la rancoeur, de la rancune tenace et un sentiment de beau gâchis. Il aurait mieux fait de partir tout seul, au moins il aurait évité de pourrir la vie de sa fille. Il prit énormément sur lui pour ne pas faire de remarque acerbe et ironiser sur la situation. Il avait envie de lui rappeler que si ça c'était mal passé, c'était avant tout de sa faute à elle. Mais ça aurait de mauvaise foi au fond. Il secoua négativement la tête et répondit :
- Non. Nous partirons à l'heure prévue. On a payé pour partir à telle heure et rien que pour le coup de l'eau froide, je compte bien faire chier les proprios jusqu'à la dernière seconde. Par ailleurs, je ne partirais pas d'ici sans avoir testé le sauna et le spa. Je pense que tu devrais en faire autant. J'ai pris nos maillots de bain, ils sont dans le sac.
Il avala son café brûlant d'une traite et sortit des couverts. Le petit déjeuner, enfin le déjeuner plutôt, était prêt. Il s'installa, invitant sa fille à faire de même et sans pitié aucune, il commença à dévorer son oeuf.
- Tu as révisé quoi ? Dis-moi que ça n'est pas encore une thèse à la con sur le comportement social de l'être humain... je ne comprends pas qu'on puisse payer des charlatans pour apprendre de telles inepties à des gens. Celui qui a dit que l'être humain était social, ne devait pas vivre dans notre monde ou il avait de la merde dans les yeux. L'Homme est guerrier, il tue, pas par besoin, mais pour son plaisir. Il est individualiste et prêt à tout pour sauvegarder son petit confort. Bref, pas de quoi en faire une matière...
Ce que Caïn pensait de l'anthropologie était de notoriété publique. Presque autant que ce qu'ils pensaient des professeurs qui en faisaient l'enseignement. Pour lui, il s'agissait de hippies défoncés au crack dont la place aurait été bien plus adéquate en prison ou dans une maison de fous. Gallagher et sa modération !
- Alors, ce SPA/sauna, ça te tente ? |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Mer 12 Sep - 10:24 | |
| Son père était plus que ravi de sa soirée, plus de ravi de la tournure que prenait les événements dans sa voie professionnelle et c'était tant mieux. C'était au moins un aspect de sa vie que Murphy ne pouvait pas pourrir ni gâcher, pas vrai ? Elle n'y connaissait pas grand chose à son job finalement, juste qu'il brassait de l'argent, qu'il enculait des gens et qu'il jouait un rôle dans l'économie du pays. Bon en gros, c'est un peu ça, non ? Murphy écoutait ce qu'il disait alors qu'elle prit place sur l'un des fauteuils de la cuisine. Sa bouteille d'eau en main, elle commença à en boire une longue gorgée alors que ce sentiment de culpabilité la rongeait. Oui, si le week-end s'était mal passé, c'était de sa faute. Comme le reste, en règle générale, c'était de sa faute. A chaque fois qu'ils se disputaient c'était de sa faute à elle, à chaque fois qu'il y avait un nœud de tension, c'était elle qui s'énervait, se braquait, mettait le doigt dessus. Aujourd'hui il fallait accepter cela, pour avancer, non ? Son père évoqua un spa et le désir de rester ici jusqu'à ce qu'on les chasse, clairement. Murphy hocha la tête alors que son père lui annonçait que les maillots de bain étaient dans le sac. Il se mit à manger ses œufs et Murphy fit un signe négatif de la main et de la tête afin de lui montrer que ça ne l'intéressait pas de manger ça. Elle bu à nouveau sa bouteille d'eau alors que son père commença à défoncer littéralement sa matière principale. Elle baissa les yeux, comme si elle avait honte. Son père n'aimait pas la matière qu'elle avait choisi, il ne considérait pas non plus le cinéma comme un métier, il ne comprenait pas l'intérêt de sa fille pour ces deux domaines-là. Pourtant Murphy, à part le cinéma et ses études, elle n'avait rien dans la vie. Pas de loisirs, pas de clubs, pas d'association... alors oui, ça lui fit beaucoup de peine ce que son père disait. Un peu comme si elle se mettait à parler d'un sujet qui le touchait, qu'il aimait et qu'elle ne connaissait pas comme la finance. Mais c'était la première épreuve sur sa réabilitation. Il ne fallait pas qu'elle s'énerve contre lui, elle ne devait pas l'engueuler, ni se braquer. Il n'était pas d'accord, il était même sûrement profondément déçu que sa fille fasse ces études-là, déçu que sa fille soit comme ça en fait. A cette idée, Murphy baissa encore plus la tête, son père devait la détester encore plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Il devait avoir tellement de colère en lui, d'avoir accepté qu'elle entre dans sa vie, et de se traîner un boulet de la honte pareil. Avait-il sincèrement posé la question de ses révisions, ou bien était-ce une façon pour lui de pouvoir lui faire mal autant qu'elle lui en avait fait hier ? Elle n'en savait rien, mais elle décida de ne rien dire, parce qu'il avait raison de la punir et de lui faire payer ce qu'elle lui avait fait hier. Quand il lui demanda si ça la tentait de faire un spa, elle hocha la tête et lança « faut juste que je me prépare » avant de quitter son tabouret avec sa bouteille d'eau. Elle pointa le sac de son père du doigt et lança « dans ce sac ? » en parlant des maillots de bain, bien évidemment. Elle se pencha pour chercher le sien et l'embarqua alors à l'étage pour aller l'enfiler. Son pas était mou et lent, étant donné qu'elle avait faim, mais ça allait encore. La jeune femme ferma la porte de sa chambre et retira son pyjama pour enfiler son maillot de bain. Ses mains se posèrent sur son ventre plat, mais qu'elle ne voyait pas ainsi vu son passif de troubles alimentaires. Elle soupira, enfila un tee-shirt de l'université de son père ainsi qu'un short noir et puis ouvrit la porte. Elle rangea le reste de ses affaires dans sa valise, au moins elle serait prête pour le départ de tout à l'heure. Elle la traîna alors jusqu'à l'escalier pour venir la descendre, non sans mal. Une fois posée près de celle de son père, elle lança « moi j'suis prête ». |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) Dim 16 Sep - 23:59 | |
| Ce n'était pas la première fois que Caïn commettait une maladresse et surement pas la dernière. Sur Terre, il y avait des gens qui n'étaient pas forcément fait pour vivre en société, ni pour fonder une famille. Gallagher, malgré lui, faisait partie de ceux-là. Il avait un caractère tellement explosif, tellement imprévisible et changeant que déjà ça mettait une frontière entre lui et tous ceux qui tentaient de communiquer. Au delà de ça, il n'avait jamais eu le mode d'emploi de la paternité. Elle lui était tombé dessus, sans qu'il ne le veuille vraiment. D'ailleurs, il l'avait déjà dit à Murphy, que la grossesse de sa mère avait été un accident. Elle était sensée prendre la pilule. Et comme, quand on était fils d'une pratiquante forcenée, on ne mettait pas de préservatif... neuf mois plus tard, la surprise fut au rendez-vous. Certes, Caïn aurait pu choisir de meilleurs mots et faire preuve d'empathie, mais il parlait régulièrement sans filtre. Et finalement, il arrivait régulièrement qu'il ne blesse sa fille, alors qu'il ne le souhaitait pas, bien au contraire. Car s'il y avait bien quelqu'un d'innocent dans l'affaire c'était Murphy. Elle n'avait pas demandé à venir au monde, ni de grandir sans père. Elle n'était responsable de rien. Et pourtant, inconsciemment, il arrivait régulièrement à lui planter un coup de couteau, comme ça, dans le silence, sans que cela ne puisse se voir. En critiquant l'anthropologie, il ne se rendait pas compte de la violence du coup qu'il portait. Il n'en prenait même pas conscience alors que l'attitude de Murphy aurait du l'alerter. Il vivait nourri d'évidences et de pensées très arrêtées. A aucun moment on ne pouvait l'en dévier. Il tenait ça de sa mère et quoi de plus normal quand on a été élevé par elle seule ? S'il avait eu un père, sans doute que tout aurait été différent. Il hocha la tête quand elle désigna son sac et il la laissa se préparer et termina son petit déjeuner.
Quand il eut terminé, il fit rapidement la vaisselle et récupéra à son tour son boxer de bain, qu'il enfila. Juste à temps car Murphy refit surface. A quelques minutes près et sa pudeur en prenait un coup. Il enfila un short, un t-shirt et ses tongs. Il rangerait ses affaires au retour, histoire de faire durer le plaisir de rendre les clés à la dernière minute. Etant prêts tous les deux, il sortirent. Caïn ferma à clé et ils marchèrent jusqu'au SPA/sauna, qui était en fait aménagé dans un chalet en bois, dont l'intérieur restait joliment décoré. Insensible à ce type de de décoration, Caïn ne prit même pas la peine de regarder comment le tout était fait. Pas de place à l'émerveillement. Il récupéra une serviette, la posa sur un transat, retira ses vêtements pour se mettre en maillots et entra directement dans le SPA, où il y avait de nombreux jets massants. Il se cala dans un coin et lâcha un soupir d'aise :
- Bon sang... c'est comme à la maison ! Ca fait du bien.
Il ferma les yeux un instant. Sa villa lui manquait. Il avait hâte dans le fond de retrouver son confort, son lit, ses armes, sa vie de riche au milieu de la pollution. Si cette escapade dans la campagne allait jouer un rôle certain pour sa carrière, elle ne resterait pas dans sa mémoire comme le lieu idéal pour les vacances. Il s'empresserait vite de l'oublier tant qu'il détestait l'endroit. Et puis, maintenant des souvenirs négatifs y étaient liés. Il ne pouvait les bannir de son esprit aussi facilement qu'il le voudrait, pas avec ce fort sentiment de rancune qui lui collait aux baskets. Quand il rouvrit les yeux, il surprit un jeune homme en train de regarder Murphy. L'avait-elle vu ? Sans doute que non, si elle aimait les filles. Il se garda bien de faire une remarque, car il savait qu'il allait être désagréable. Il fusilla quand même le type du regard, alors que celui-ci baissait les yeux pour regarder ses fesses. Il fallait pas trop pousser, sa fille n'était pas un tas de viande. D'une voix glaciale et audible, il l'interpela devant tout le monde, lui collant la honte de sa vie :
- Dis donc le merdeux en rût, mon poing dans ta gueule, tu le veux maintenant ou comment ça se passe ?
Le jeune, vers qui tous les regards se tournèrent devint rouge tomate et partit sans demander son reste. Ce qui n'empêcha pas Caïn de maugréer :
- Dommage... je t'aurais bien défoncé la tronche...
Il opta pour changer de sujet, ce qui, en somme, n'était pas plus mal :
- J'ai repensé à hier matin et à l'escalade. Je me disais que ça pourrait bien qu'on en fasse tous les deux. C'est un bon moyen de vaincre le vertige et de se maintenir en forme, qu'en dis-tu ? Il y a une salle avec des parcours pour tous les niveaux, dans le centre. Elle a une bonne réputation. Ce serait l'occasion de faire une activité en commun ? |
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| Sujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#) | |
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