Born to be wild [Isaac S.]

ONGLET 1 ONGLET 2

Born to be wildIsaac & Jake

Ce type était entré dans le vestiaire des combattants avec ce parfait sourire d'emmerdeur, vous savez, ce fameux sourire des gens qui se complaisent à voir rager les autres. Ses mots, ses réflexions, ses gestes déplacées avaient vite fait d'énerver le trentenaire qui, à la base, était pénard, assis sur son banc. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait de lui faire fermer sa gueule, mais il ne voulait pas rentrer dans son jeu stupide qui n'était que de la provocation. Il avait franchement autre chose à foutre, comme finir de se préparer et se concentrer sur son prochain combat. Sauf que, évidemment, les choses ne se passent jamais comme on le voudrait. La vie ne serait pas aussi drôle sinon. Il y eu donc la remarque de trop, un commentaire obscène et dégueulasse sur une combattante croisée dans un couloir. Aucun doute, il s'agissait de Rory. Jake vit rouge. La colère lui monta à la tête en l'espace d'une demie seconde et sans prévenir il se jeta sur l'inconnu, le prenant au dépourvu et mettant la pièce sens dessus dessous. S'il y avait bien une chose qu'il ne supportait pas, c'était que l'on parle d'une femme en des termes sexuellement explicites et immondes, et encore plus s'il s'agissait de la jolie blonde. Là c'en était trop pour lui. Quand Jake était dans les parages, il ne fallait pas s'en prendre à Rory, oh non ! Les coups du champion furent aussi violents que le brasier qui s'était allumé en lui. Comme quand il était sur le ring, plus rien n'avait d'importance autour de lui. Désormais il n'y avait plus que ses poings et le visage d'un pauvre con. Ce n'est que lorsqu'il sentit des mains le retenir et l'éloigner qu'il comprit que le boucan qu'ils avaient provoqué avait attiré de nombreuses personnes. Le souffle court, Jake reprit peu à peu ses esprits. Il regarda le mec allongé au sol, puis son regard passa sur l'homme qui était accroupi à ses côtés et qui lui crachait au visage un bon nombre de saloperie. Il le reconnut, c'était le manager de son futur adversaire. Ses yeux glissèrent à nouveau sur le type mal en point et... Bordel... C'était lui son adversaire ! « Putain... » Il passa ses deux mains sur son visage et fit rapidement volte face, bousculant les personnes présentes pour sortir de la pièce.

Le combattant avançait d'un pas vif dans les couloirs du Holster. Ses poings étaient serrés, sa mâchoire crispée. Son arcade sourcilière était complètement éclatée et un filet de sang coulait le long de son visage. Les quelques employés qui traînaient sur son passage pouvaient ressentir cette aura électrique qui se dégageait de lui. L'altercation qu'il venait d'avoir dans les vestiaires l'avait laissé très enflammé. « Bailor ! Seth veut te voir ! » Une voix retentit dans le couloir. Bien évidemment, il ne fallait pas longtemps pour que le grand patron soit mis au courant du chaos qu'il avait provoqué. C'était indéniable, il allait se faire passer un savon. De ses deux mains, Jake renversa ses cheveux en arrière et enchaîna avec un coup de poing dans le mur. La colère se transformait doucement en frustration. « Autant que ce soit une journée de merde jusqu'au bout, hein ? » Siffla-t-il entre ses dents.

Encore tendu, Jake referma la porte du bureau derrière lui. « Tu voulais me voir ? » Son ton était froid, il n'avait clairement pas envie d'engager la conversation. Il posa son dos contre le mur puis rencontra le regard de Seth quelques secondes avant de détourner les yeux. Le trentenaire croisa les bras sur son torse et se ferma comme une huître. Ça le faisait chier. Oh oui ça lui cassait les couilles d'être là alors que dans le fond, ce pauvre type méritait les coups qu'il avait pris.

© CRIMSON DAY

ONGLET 1 ONGLET 2

jake & isaac

born to be wild

Ton cador a encore pété les dents de son adversaire, Jacob est planté là, face à un Shelby qui sent sa mâchoire se crisper, ses dents se mettre à grincer. L’autre juif a les mains jointes en face de son bassin, l’air grave et l’attitude solennelle comme s’il était un putain de moussaillon et Isaac, son foutu commandant de bord. Il sait quelles vont êtres les conséquences de ces ragots et les murs de la grande pièce mal éclairée tremblent déjà. Ramène son cul ici, et vite, d’un geste hautain de la main, il envoie balader le propriétaire des lieux, trop habitué pour réagir. C’est l’accalmie avant le déchaînement des éléments. Six ans que Bailor fait partie de la Meute. Six ans qu’il casse des couilles autant qu’il rapporte du fric. Véritables machines à pognon, ses poings valent de l’or mais son esprit impulsif, lui, est la gangrène de cet incroyable combattant. Plus que d’être deux professionnels qui se crachent dessus à longueur de temps et de journée, Isaac et Jake sont finalement deux bons amis qui trouvent que les insultes et les coups de gueule sont les meilleurs moyens de communication. Jacob était parti chercher le fautif dans les sous-sols du casino et Shelby, lui, attendait patiemment.
Il entendait les pas lourds du boxeur dans le couloir, résignés et pourtant toujours aussi arrogants. La porte s’ouvrit avec force et il eut à peine de le temps de lever les yeux sur le nouveau venu que celui-ci l'interpella, vouloir te voir ? Clairement pas après ce que je viens d’apprendre. Le ton est donné : glacial à t’en faire perdre ton service trois pièces au fond de ton caleçon. Shelby ne quitte pas Bailor des yeux, ce même mec à l’allure provocatrice qui maintenant évite son regard comme un petit clébard qui sait ce qui l’attend. Il a la queue entre les jambes le louveteau malgré la position nonchalante qu’il tente de prendre : il espère leurrer qui avec cette attitude d’adolescent prit en flagrant délit d’emmerdentisme absolu ? Shelby s’adosse un peu plus dans son siège, imitant son interlocuteur en croisant lui aussi ses bras sur son torse, t’as une bonne raison de t’être servi de tes poings dans les vestiaires ? Ce qui intéressait Seth, ce n’était certainement pas l’état de l’adversaire : ça, il s’en foutait au plus au point. Ce qui titillait sa conscience, ce qui faisait bondir son estomac, c’était l’argent qu’il n’allait pas toucher. Jake aurait gagné, ça ne fait aucun doute maintenant, alors pourquoi ne pas avoir attendu d’être sur le ring. Le juif se redresse, doucement, campe ses deux jambes sur le sol et ses deux poings sur le bureau. Il connaît les faiblesses de son combattant, il sait où frapper pour le faire réagir, tu sais, ce pognon qui ne me revient pas, c’est aussi du pognon que tu ne toucheras pas. Ta gamine n’aurait pas aimé que son vieil oncle pense un peu à elle plutôt qu’à sa propre gueule pour une fois ? Le boss siffle comme un putain de serpent, tous crochets dehors. Pas de quartiers pour les potes : l’argent, c’est ce qu’il y a de plus important au yeux du patron. Provoquer Bailor ne l'effraie pas le moins du monde : il a la force des poings, oui, mais Shelby, lui, a le pouvoir et le sang froid. Il ne le quitte pas de ses pupilles, aussi sombres sur l’océan, attendait une explication, une réaction.

AVENGEDINCHAINS

ONGLET 1 ONGLET 2

Born to be wildIsaac & Jake

Son ton était glacial et ses yeux le fusillait sur place. La carrure du combattant ne l'impressionnait en rien. Jake n'aurait pu s'attendre à une autre réaction de la part de Seth, de la part de l'homme qui avait crée de toute pièce cette machine infernale qu'était la Meute. Il resta muet comme une tombe encore un moment. Bordel, il n'avait tellement pas envie de lui répondre. Il avait beau avoir la trentaine passée, il pouvait parfois se comporter comme un sale gamin intenable, au grand dam de son employeur. Mais lorsque ce dernier mit le sujet de Maya sur le tapis, il se redressa aussitôt et décroisa les bras. Touché ! « Pour une fois ?! T'es vraiment un enfoiré de dire ça ! » User d'insulte avec Seth ne lui faisait pas peur, contrairement à d'autres. Il le connaissait depuis suffisamment longtemps pour se le permettre. « Y a pas un seul instant où je ne pense pas à ma nièce ! Si je suis encore là à casser des gueules c'est pour elle, pas pour tes beaux yeux ! » Jake était accro à ses combats, donner des coups, en recevoir, il adorait ça. Tout le monde le savait. Alors s’il n’avait pas eu de problème d’argent, est-ce qu’il aurait vraiment quitté la Meute ? C’était peu probable. Sa nièce n'était pas une excuse, l'argent qu'il gagnait servait uniquement à faire son bonheur mais Jake n'assumait tout simplement pas le fait qu'il était totalement accro et qu'il n'arriverait probablement jamais à décrocher. Il avait pénétré l’univers des combats illégaux à l’âge de 20 ans, maintenant ça faisait parti de lui. Au final, Seth avait misé sur le bon cheval en le faisant intégrer ses rangs et les rares fois où il menaçait de partir sur un coup de tête n’étaient jamais à prendre au sérieux.

Le problème restait tout de même entier. Il avait cassé la gueule de son adversaire avant l'heure et fait perdre une belle somme d'argent à son boss. Qu'il le voulait ou non, il allait devoir lui fournir une explication. Le combattant se tut une nouvelle fois puis se résigna à lâcher un semblant d'excuse. « Le type, c'était un emmerdeur. Un sale con. » Il fit craquer ses phalanges par réflexe, devoir se remémorer la scène l'agaçait déjà. « C'est lui qui ait venu me casser les couilles dans le vestiaire. Moi j'ai rien demandé à personne ! Il a dépassé les bornes, j'ai craqué, j'l'ai défoncé. » Dit comme ça, ça paraissait tellement simple. « Et puis... » Jake referma la bouche. Il n'était peut-être pas judicieux de parler de Rory, la véritable raison de son pétage de câble, devant Seth. Qu'il se soit emporté pour une gonzesse allait très certainement l'énerver encore plus. Il changea rapidement de sujet. « Enfin voilà, j'suis désolé, j'recommencerai plus. » C'était déjà ce qu'il avait dit la dernière fois, ce con.

© CRIMSON DAY

ONGLET 1 ONGLET 2

jake & isaac

born to be wild

Et la réaction du boxeur ne se fit pas attendre. Brutale, violente et surtout prévisible. Bailor se redresse, campe sur ses positions et ouvre sa grande gueule, comme il sait si bien faire. Il aboie, grogne et s'enrage toutes canines dehors lorsqu'il entend de la bouche de Seth, l'allusion à sa chère et tendre nièce. Il savait où frapper, Shelby, pour tenir ses troupes à ses pieds et pour écraser les idées de rébellion des plus récalcitrants. C'était un patron dur et amoureux de la discipline et de la dévotion. Il ne savait féliciter que par l'appât du gain : les compliments et les discours distribuant de la motivation ? Très peu pour lui. Marche ou crève, c'était probablement la devise de son esprit malade, de sa Meute si bien organisée et terriblement meurtrière. Et pour le moment, Bailor avait la chance de pouvoir marcher, de pouvoir suivre cette frénésie clandestine qui animait le casino chaque jour et chaque soir. Son poing gauche se défait du bois pour pointer vers le combattant un index accusateur, pour elle ? T'es ici pour les mêmes raisons que moi, pour le fric Bailor, pour le fric, les phalanges se raidissent et du bout du doigt, il accuse un peu plus l'homme qui se tient face à lui, et puis essaie pas de me la faire à l'envers, t'es qu'un putain de camé toi aussi. Mais à l'adrénaline et aux mâchoires qui craquent. Coller des droites, t'es bon qu'à ça, c'est ta vie, c'est sur ce foutu ring que tu vis alors viens pas me faire croire que ta conscience à tout à voir là-d'dans. Le juge baisse sa main et se redresse à son tour. Il fait le tour du bureau, sans un mot de plus et vient appuyer son royal cul contre le bois, face à Bailor.

Seth écoute son sbire se confondre en excuses, si s'en étaient, les bras croisés sur son torse. Il s'agace, laisse sa violence bouillir au fond de lui. Le discours du boxeur le met hors de lui mais il n'en montre rien, si ce n'est ses traits qui se tirent et ses doigts qui galopent nerveusement contre son bras. J'en ai rien à foutre que ce soit un pauv' con ou le futur prix Nobel, tu lui aurais réglé son compte de toute façon. C'qui m'emmerde, c'est que tu sois incapable de te contrôler, incapable de tenir en place, le juif se redresse et entreprend de faire les cent pas devant Bailor, les mains enfouies dans les poches. Tu crois que ça me plait d'avoir des couilles molles dans mes rangs, hein ? La tension monte et Seth erre nerveusement et sans but dans la pièce. Lui, il ne craque pas et pourtant la vie s'acharne pour le faire plonger. Il vient d'apprendre qu'il a un fils d'une vingtaine d'années, que son ex est décidée à réduire sa vie en cendres, que sa femme est sur le point de claquer la porte et il réalise que le glas de la taule sonne chaque jour un peu plus fort dans ses oreilles. Bailor connaît son boss et il n'a encore jamais été confronté à cette angoisse qui s'installe dans ces yeux bleus, cette peur qui est en train de lui voler sa liberté et sa santé d'esprit. Vingt années qu'il n'avait pas touché à la merde qu'il vend. Vingt années qu'il était sobre et pourtant ce soir, en relevant ses manches, on pouvait observer les stigmates de la chute imminente de Seth. Si t'es pas foutu d'éviter ce genre d'emmerdes, tu me fais perdre plus de fric que tu m'en rapportes et tu sais ce qu'il en coûte, une menace camouflée, une accusation bien maquillée, Shelby lâche un peu de sa haine et continuant sa ronde. Menaçait-il Bailor ? Sa nièce ou n'importe qui d'autre ? Il ne le savait pas lui même, perdu entre ses angoisses et la came qui coule dans ses veines.

AVENGEDINCHAINS

ONGLET 1 ONGLET 2

Born to be wildIsaac & Jake

Les mots de Seth le touchèrent comme des balles en pleine poitrine. C'était un camé, oui, à sa manière, bien qu'il détestait ce terme. Il revenait à chaque fois combattre, là où la majorité se barrait sans demander leur reste. Malgré tout ça, Jake avait tout de même fait l'effort de se trouver un job légal à côté de la Meute, on ne pouvait le nier. Plongeur dans un petit restau, c'était ça son taf, faire la vaisselle. Clairement, il n'était pas dans son élément, il était loin du job de rêve. Avec un très court passage au lycée et zéro diplôme en poche, il ne pouvait espérer mieux et même si ça avait été le cas, il sentait au plus profond de lui que rien n'aurait égalé ce qu'il ressentait dans les sous-sol miteux du Holster.

Contrarié, le boxeur grogna sans discrétion puis resserra sa mâchoire, regardant son patron faire les cent pas devant lui et cracher un peu plus son venin à la gueule. Cette scène, il l'avait déjà vécue, des dizaines de fois depuis qu'il travaillait ici. Mais ce soir là, il y avait quelque chose de différent, un détail qui sauta aux yeux du trentenaire : C'était Seth lui-même. Il était nerveux, agité, bien plus que de coutume et son regard reflétait un peu trop la parcelle de son esprit malade. Les yeux de Jake glissèrent vers ses bras marqués, le détail de trop. Il fronça les sourcils. Il y avait un truc qui clochait. Il connaissait Shelby depuis longtemps, il savait très bien qu'il ne touchait pas à la came de ses dealeurs. Alors pourquoi ? Qu'est-ce qui avait changé ? Ce qui était sûr, c'est que ça ne présageait rien de bon. Rien de bon pour la Meute, pour son créateur et par définition, pour lui. Et c'était lui la couille molle, hein ?! En écoutant les derniers mots de son interlocuteur, il secoua la tête comme s'il n'avait jamais rien entendu de si stupide. Il ouvrit ensuite la bouche, prêt à se défendre, prêt à aboyer de nouveau. « Et quoi ?! Tu vas t'en prendre à ma famille ? Tu vas me descendre ? Pour avoir fait annuler un combat qui n'aurait même pas duré deux minutes et qui au final n'aurait pas rapporté grand chose. C'est ça que tu dis ?! » Jake massa nerveusement sa mâchoire. L'ambiance se faisait encore plus lourde. « D'la thune j'en ramènerai dans les caisses ! Si c'est pas ce soir, ce sera demain et tu le sais ! Ouais j'suis un putain d'emmerdeur à être aussi impulsif mais j'suis comme ça et c'est comme ça que tu m'as choisi il y a six ans ! » Que de souvenirs. Après toutes les engueulades, les insultes, les mots plus haut que l'autre, ils étaient encore là à travailler ensemble. Entre eux c'était comme ça que ça fonctionnait et ça marchait très bien. « Tu m'fais chier avec cette histoire alors que toi à côté t'es en train de t'foutre en l'air ! » Le combattant tapa du pied, agacé de voir son patron tourner en rond comme un animal fou. Ça y était, il osait ouvrir un peu plus sa gueule, au risque de mettre encore plus en colère son employeur. Bailor était franc, même avec Seth. « Si tu continues à prendre cette merde... » Il désigna le bras marqué. « Tu vas droit dans le mur et tu entraînes la Meute avec toi ! Bon sang t'es le seul qui puisse faire tourner ce bordel ! » Il passa ses deux mains sur son visage exténué. La peur commençait à se nicher au fond de ses tripes. La peur que tout parte en vrille, que la Meute disparaisse et que la taule lui ouvre grand ses portes pour avoir participé à tout ce merdier. Il y avait bien une raison pour que Seth touche à la came, le trentenaire imaginait déjà le pire. « Putain Shelby... » Ce nom, il l'avait prononcé si peu de fois, préférant habituellement user de son célèbre surnom. Ce n'était en rien de la provocation. Dans ces moments là, il traduisait l'amitié que Jake lui vouait au fond de lui. Avec le temps, il avait appris à apprécier le Loup de Wellington. « Je sais que j'suis un gros con mais là, toi aussi sérieux... » Des paroles plus calmes, sincères, un brin suppliantes. Bailor n'avait aucune idée d'où est-ce que cette conversation allait les emmener.

© CRIMSON DAY

ONGLET 1 ONGLET 2

jake & isaac

born to be wild

Tu t’en prendrais à une gamine Shelby ? La came remplaçant les joyaux de l’industrie pharmaceutique, les symptômes ont également remplacés le silence et la tranquillité. Innombrables. Elles sont innombrables ces voix qui se bousculent, commentent sans cesse le moindre de ses faits et gestes et insultent à tout va. Un battement de paupière les faisait taire jusqu’à hier mais aujourd’hui, elles s’accrochent à ses cils aussi fermement qu’elles le hantent. Elles ont planté leurs griffes dans son cerveau malade. Elles ont commencé à bouffer son âme et son libre arbitre, comme elles l’ont joyeusement fait pendant de longues années avant le diagnostic, l’étiquette collée sur le front. Et lui ? Tu t’en prendrais à lui ? Les pas de Shelby résonnent dans la pièce, inlassablement, comme un animal. Il fait les cents pas face à Bailor à lui donner le tournis. Le boxeur se justifie, promet des billets frais dès le lendemain mais ce n’est pas suffisant. Ce n’est jamais suffisant. Les mains dans les poches et le regard agité, il s’insurge, l’argent, l’argent et toujours l’argent, t’as que ça à la bouche hein ? Le boss se contredit, perd le fil de son argumentaire, le problème c’est que c’est pas toi qui décide de où et quand se déroulent les combats, c’est mon putain de job ça. Alors la prochaine fois que tu décides d’improviser un truc qui ne me rapporte rien, abstiens toi. Sa main abîmée racle contre sa barbe, sa logique s’effrite et il ne s’en rend même pas compte. A qui tu vas trancher la gorge ce soir Isaac ?

Le loup s’arrête net aux mots du rouquin. Se foutre en l’air ? Sa ronde morbide prend enfin fin et le combattant obtient finalement l’attention de son chef. La peau de son nez se plisse, comme un clébard qui s’apprête à grogner et ses yeux ne retrouvent à aucun moment le bleu des meilleurs jours, préférant la couleur d’une mer déchaînée. Bailor devient l’accusateur et met le doigt sur ce qui fait de nouveau mal. Presque prit la main dans le sac, Seth fulmine et fini par aboyer assez fort pour que la lune tremble, JE VAIS BIEN ! Nerveusement, il accompagne ses mots d’un geste qui fait revenir ses manches jusqu’à ses poignets cachant ainsi cette ultime trace de ses faiblesses. T’es qu’un connard Shelby, tu vas pas bien du tout. Il se racle la gorge, reprend un minimum de contenance et se plante face au boxeur. Occupes toi de c’qui te regarde Bailor, il fait un pas en arrière et revient poser son cul contre le bord de son bureau, personne n’ira dans le mur, ni toi, ni moi, ni la meute. Il a les pupilles qui flottent dans le vide et pourtant il n’abandonne pas sa mégalomanie. Shelby tout puissant ne sera jamais atteint, Oh grand jamais. Il est le plus grand. Il est le plus influent et surtout, il est le plus malin. Personne ne viendra le déloger du nid de ronces qu’il s’est fabriqué. Douce utopie qui semble si réelle à ses yeux, si palpable. Dur symptôme d’une maladie qu’il ne contrôle plus. Tu vas le laisser te parler comme ça ?

Son nom résonne dans la pièce lugubre et dans ses oreilles. Il l’entend comme s’il venait de loin, de très loin, avant de se rendre compte que ces deux syllabes sortaient tout droit de la bouche du rouquin. Shelby lève la tête et pose enfin ses yeux sur Bailor et semble presque découvrir sa présence. Depuis combien de temps il était là ? Les souvenirs se bousculent entre ceux qui ne sont que des chimères et ceux qui lui appartiennent vraiment. C’est vrai qu’t’es con, il a pas tord. Le juif entend l’amitié qui maquille le soupir du combattant. Je fais tourner la machine, c’est tout ce qui importe, sèchement, il botte en touche. Il n’est pas réceptif. Il n’est plus réceptif aux perches que lui tend son vieux pote. Alors me traite pas de con quand j’suis celui qui te permets de faire à bouffer à ta gamine. Il répond aux grognements passés de l’autre, croise les bras sur sa poitrine et rejette ce rôle de l’accusé. J’aime quand tu grognes et encore plus quand tu mords.

AVENGEDINCHAINS

ONGLET 1 ONGLET 2

Born to be wildIsaac & Jake

La voix de Seth résonna dans la pièce. Il allait bien ? Jake n’en croyait pas un mot. Sa réaction agressive était celle des gens, qui au contraire, n’allaient pas bien du tout. Son attitude, ses gestes, ses mots, tout en lui témoignait du mal profond dont il souffrait. Alors il croyait berner qui comme ça ?! Le trentenaire était loin d’être rassuré. Et que ça plaise ou non à Shelby ça le regardait ne serait-ce qu'un peu, car si la Meute se retrouvait au pied du mur, il ferait inévitablement parti des dommages collatéraux. C'était pour lui une chose inconcevable, il avait beaucoup trop de chose à perdre. Contrairement à de nombreux membres, Jake ne considérait pas la Meute comme sa famille, il en avait déjà une et ne la remplacerait pour rien au monde. Alors il était hors de question qu'il se retrouve derrière les barreaux d'une prison. Il se souvenait encore des visites qu'il rendait à Sven et du calvaire qu'il vivait là-bas.

Malgré ses efforts pour essayer d'atteindre son vieil ami, Jake n'eut pas la réaction escomptée. L’espace d’un instant, il s’était imaginé voir Seth revenir à la surface. Manqué ! Le loup s'enfonçait toujours plus dans le dénie et putain ce que ça l'énervait ! Le boxeur dévia le regard quelques secondes pour tenter de cacher la brève lueur de déception qui était passée dans ses yeux. Ça l’énervait vraiment. Il releva la tête, la mâchoire crispée et le regard dur, l'amertume se lisait sur son visage. Bailor n'était pas un fin psychologue et il n'avait pas envie de l'être. Il n'allait certainement pas poser son cul sur une chaise pour attendre tranquillement que Shelby lui déballe ses problèmes. Non. Ce qu'il connaissait, lui, c'était la manière forte. Parce que autant l’employé que le patron, il n’y avait que cette méthode là qu’ils comprenaient. Jake fit un pas en avant pour se retrouver face à cet homme qui ne souhaitait pas être insulté une fois de plus. Droit dans les yeux, sans se démonter, le clebs fit face au loup. Il était en rogne. « T'es un con Seth. Un beau gros con. » Ça venait de ses tripes. « Un con tellement magnifique que j’me demande comment ça s’fait qu’tu sois pas déjà en taule. » Une remarque aussi cinglante qu’ironique. Jake jouait à un jeu bien dangereux. Il donnait à nouveau un exemple de son impulsivité. Il recula, installant de nouveau une distance de sécurité entre eux. « C’est vrai ça, ils auraient déjà dû te coffrer. Parce que sur ton front y a carrément marqué "gros camé sociopathe" ! » Il esquissa un rictus nerveux. Le combattant était loyal envers Seth, il savait ce qu'il lui devait. Il n'avait pas l'intention de quitter le navire mais putain, qu'est-ce qu'il avait envie de lui mettre une beigne, pour lui faire comprendre, pour lui remettre les idées en place. « J'sais même pas pourquoi j'suis encore là à te causer. C'que tu dis n'a plus aucun sens et tu vas encore raconter d'la merde. » C'était plus fort que lui, il fallait qu'il en rajoute une couche au risque de s'en prendre peut-être une lui aussi.

© CRIMSON DAY

ONGLET 1 ONGLET 2

jake & isaac

born to be wild

Dans ce naufrage imminent il n'y aura qu'un seul macabé à déplorer, celui du capitaine. Shelby emporte avec lui sa meute toute entière. Il la prend par le collier et sans regarder en arrière, entre dans ce torrent de pluie et d'emmerdes. Personne n'a son mot à dire et dans sa grande fausse bonté, le juif ne leur laisse que leurs yeux pour assister au naufrage du navire. Le raisonner est impossible, il a le regard dans le vide et le coeur déjà loin, la chute est imminente. Et pourtant il tombera seul. Pas un de ses louveteaux ne sera éclaboussé par son manque d'impartialité. La Cvetkov aura eu sa peau mais pas celle des siens. Blancs comme neige, ils auront pour mission de maintenir la flotte sous le commandement de Neema, déjà avertie. Et s'il n'était pas tendre, Seth était loyal : il avait promis sécurité à chaque agneau qui s'était présenté à lui, ce sera chose faite, même si cet agneau a déjà les phalanges abîmées et les pommettes sanguinolentes.

Tu d'vrais lui faire la peau. La voix du juif résonne dans la pièce et dans les couloirs avoisinant, probablement. Le silence a à peine le temps de s'installer que la fourmillière reprend ses activités sans broncher. Les colères du boss étaient habituelles mais ses crises un peu moins. Tristement, elles devenaient une marque d'autorité, une de plus. Le loup avait arrêté de tourner en rond et avait choisi le bureau comme pilier dans cette vie qui s'effondre. Ses doigts galopent d'impatience sur son bras lorsque Bailor vient planter juste en face pour lui cracher sa haine à la gueule. L'amitié avait pris le large, le temps d'un combat de vieux cabots. P't'être même le saigner comme un porc. Shelby tique, grince des dents. Si ce n'était pas ironique, c'était prémonitoire parce que la taule, il en sentait déjà l'atmosphère froide lui serrer la nuque, comme les cinq doigts d'une main ferme, celle du destin auquel on échappe pas. S'il vouait une profonde confiance à la femme qu'il aime, il se méfie beaucoup plus de celle qu'il a blessée. Ellie est une force de la nature et sans se l'avouer, son menteur d'époux sent la sueur de la peur lui couler dans le dos car si elle ne mord jamais Ellie, elle achève d'un seul coup. Que tu t'en foutes plein les mains, comme toujours, qu'il dégueule ses tripes sur tes godasses. Le rouquin s'éloigne comme s'il prenant une judicieuse distance pour balancer l'insulte suivante, celle qui allait faire mouche. Shelby n'écoute pas la réplique suivante, guidé par la décharge qui électrise son échine. Deux fois. Deux personnes qui foutent le doigt sur cette maladie qui le ronge. Jake ne sait rien du diagnostic mais malgré les neurones perdus dans les combats, il est pas con. Il se redresse brusquement et sortant de sa ceinture le classique 9 mm qui assure sa garde rapprochée, un gros camé sociopathe, hein ? Il braque le canon sur Bailor qui lui n'est jamais armé que de ses poings. Une bonne balle collée au fond d'sa cervelle. D'une main assurée, une balle fuse dans un vacarme assourdissant dans le mur près de l'oreille droite du combattant. C'était un avertissement : l'arme est chargée. Alors maintenant tu vas bien fermer ton claque merde Bailor, parce que j'suis pas d'humeur à écouter ton vieux discours de sainte nitouche, il avale le pas que venait de faire le rouquin, à cette distance, il ne resterait rien de la face amochée du boxeur. L'embouchure froide du canon vient se coller sous la mâchoire de Bailor et d'une pression contrôlée mais sans ménagement, Seth oblige son sbire à lever le menton plus haut, jusqu'à entendre l'air passer dans sa trachée comprimée. Tu vas gentiment t'occuper d'ton cul et arrêter de renifler le mien, c'est compris ? C'est qu'il en foutrait partout l'enculé, s'il tirait. Le juif a la respiration saccadée et un instant, un bref instant, il hésite. Le visage de Bailor ou un autre, qu'importe, juste pour le plaisir de satisfaire ses envies de violence. Les babines retroussées, le loup crache sa haine, dégueule ses pulsions incontrôlées. Il ne l'a plus d'ailleurs, ce contrôle. Celui de sa vie ou de son esprit malade, tout part en couille et il perd peu à peu les pédales. Se faire violence pour relâcher la pression, Seth s'éloigne, gardant l'arme à la main, heureusement qu'tu m'rapportes du pognon, la tapisserie ne m'plaît plus, tu sais ? Un rictus naît dans le coin de ses lèvres : un léger rire dissimulé, celui du dérangé, celui qui glace le sang. Une émotion qui n'a rien de saine. Des tripes au plafond et des dents dans la porte. Le loup recommence son errance, inlassable, mais vient y mettre fin dans son fauteuil. Le meuble de bois sépare les deux hommes et Shelby siffle entre ses dents, presque amusé, c'est qu'te m'frais presque mal au crâne. Les yeux clos, il vient percuter son front deux fois avec le plat de son 9 mm : la tête bourdonne et les idées s'effacent. C'est p't'être toi qu'on va saigner en fin d'compte.

AVENGEDINCHAINS

ONGLET 1 ONGLET 2

Born to be wildIsaac & Jake

Jamais, au grand jamais, Shelby n'avait pointé, d'une telle manière, une arme contre lui. En six ans, il l'avait menacé de tout et n'importe quoi mais il n'en était jamais arrivé jusque là. Leur énième confrontation passait désormais à un stade au-dessus. Jake serra les dents, son cœur avait loupé un battement. Le canon posé contre sa peau avait le même effet qu'un fer rouge, brûlant son orgueil. C'était sa punition pour son insolence, pour avoir été trop présomptueux de croire qu'il pouvait faire changer les choses. Emporté par cette dispute, il avait oublié qu'il avait d'abord affaire à Seth, son patron, qu'à Shelby, son vieux pote. Le combattant ferma sa grande gueule, il n'avait pas l'intention de crever ici, comme un chien, d'une balle dans la tête. Il avait une gamine à élever malgré toute cette merde dans laquelle il nageait. La pression du revolver contre sa mâchoire se fit plus intense. « Ça va, j'ai compris, c'est toi l'boss Seth. » Il ravala sa rancœur, sa colère vis-à-vis de son patron, il n'avait pas le choix. Il allait se plier à sa loi, comme pour les dizaines d'autres fois où il s'était retrouvé dans son bureau.

Le silence entre les assauts de Seth était terriblement pesant. L'ambiance était si froide que désormais plus rien ne pouvait améliorer l'atmosphère de la pièce. Ils avaient passé le point de non-retour. Lorsque Shelby retira son arme et s'éloigna, Jake massa aussitôt sa mâchoire endolorie. Une grimace se dessina sur son visage, celle qu'affichait les types blessé dans leur orgueil. « J'suis l'meilleur combattant de tout Wellington. T'auras jamais à t'en faire pour le pognon. » Ses propos appuyèrent ceux d'Isaac, pour apporter à nouveau du poids dans sa défense, installer une nouvelle barrière entre lui et le loup. C'était un réflexe, un instinct de survie, après ce qu'il venait de se passer entre eux. Néanmoins sa voix était pleine d'amertume. Bailor observait son boss s'enfoncer encore plus dans des gestes et des mimiques dérangées. Sincèrement, il ne savait plus quoi penser de lui. Est-ce que dans sa folie, Seth avait complètement oublié l'étrange amitié qui les liait depuis plusieurs années ? L'homme qu'il avait devant les yeux, ce n'était plus celui qu'il connaissait. C'était affolant. Malheureusement il ne pouvait rien faire d'autre que céder. « T'as raison, j'suis pas ta daronne. » Il soupira. De sa poche arrière de pantalon, il sortit une petite flasque remplie de whisky -volé à Neema-. Celle-ci, il l'avait toujours sur lui, même pendant ses combats, où il lui arrivait parfois d'en boire une lampée, pour se donner du cœur à l'ouvrage comme il disait. Il porta le flacon d'alcool à ses lèvres, là, il en avait vraiment besoin. Bailor laissa le liquide lui brûler la bouche un moment avant de l'avaler et de reporter son attention sur son patron. Après chaque engueulade, le boxeur faisait tourner son whisky avec Seth pour, en quelque sorte, passer à autre chose. Cette flasque était le symbole de leur amitié dérangée. Habituellement, oui, il la lui aurait donnée, mais pas là. Et puis s'il l'avait fait, Shelby n'aurait certainement pas percuté, tout comme il avait ignoré la première perche que Jake lui avait tendue. « T'sais quoi ? J'crois que je vais t'laisser, ça m'ferait mal de t'refiler une migraine. » Il rangea sa flasque. « J'ai compris la leçon. Tu permets que j'me casse ? » Un brin de politesse qui malgré lui dégoulinait de sarcasme et d'aigreur. Ce qu'il c'était passé dans ce bureau, il ne l'oublierait pas. Jamais.

© CRIMSON DAY

ONGLET 1 ONGLET 2

jake & isaac

born to be wild

Le plat du revolver qui frappe contre son front, tel un métronome parfaitement accordé. Ca résonne, encore et encore, dans ce crâne rempli de violence et de colère mais vide de conscience. Il entend à peine son vieux pote dont la voix trahit l'étonnement et la déception. Seth ne ressent plus rien, ignore que face à lui se trouve Bailor et que cet homme lui offre depuis des années son entière loyauté. Loin d'être un gros con, Bailor baisse les bras, rend les armes qu'il n'a même pas dans ce combat illégal et courru d'avance. Il ne résonnera pas son boss, pas ce soir, et renchérir sur cette folie qui anime le juif ne ferait que faire déraper la situation un peu plus que ce qui est déjà arrivé. Il ne sait plus à quoi se raccrocher, le loup, il perd les pédales, confond pulsion et réalité. Reconnaîtrait-il Ellie si elle faisait irruption, les mains en l'air pour protéger le boxeur ? Probablement pas. Tous dans le même sac. Tous accusateurs de cet esprit qui pourrit, de cette conscience qui s'effrite. Autour du lui, Isaac ne voit que des index pointés vers lui et les bris de verre qu'il traîne depuis plusieurs jours. Pas une main tendue, il n'en voudrait pas, cracherait dans la paume qui lui offrirait sérénité.

Jake réchauffe son coeur avec la liqueur qu'il cache dans sa poche. Il en avait bien besoin. Les quatre murs qui les entourent sont glacials, autant que la voix de Shelby qui tremble de douleur. Le combattant voudrait prendre la fuite et ne s'en cache pas, demande une permission teintée de sarcasme. Seth ne lève pas ses yeux qui se sont perdus sur le sol poussiéreux. Le flingue supporte toujours son crâne lourd mais il a arrêté sa mélodie. Casse-toi, calme, il répète les derniers mots de Bailor, affirme qu'il faut en rester là. Il n'attend pas son reste, prend la poudre d'escampette tandis que le loup se retrouve seul un court instant. La port s'ouvre sur Jacob, les yeux révulsés par la peur et la sueur qui perle sur ses tempes. Il ne met pas longtemps avant de poser son regard sur le trou dans le mur et faire un bond en arrière, mais qu'est-ce que t'as foutu !? Seth ne bronche pas, les remparts de son esprit malade ont implosés. Il n'y a plus rien à faire, si ce n'est attendre que le destin ramasse les miettes.

AVENGEDINCHAINS

ONGLET 1 ONGLET 2