Ce soir, c'est le soir ... ou pas. Simon ♥

Never Been In Love

Et un nouveau dossier. Il faut que je l'envoie à qui déjà ? A celle du deuxième, ma mémoire est bonne, elle ne me fait pas défaut. Ça c'est à photocopier, ça a remettre à la big bosse. On croirait pas comme ça, mais dans le fond mon job me plaît. Alors oui je bosse pour le diable, c'est ainsi qu'elle est surnommée dans ce milieu. Personnellement je n'ai jamais vu de corne qui sortait de sa tête, ou elles sont bien cachées. Parfois j'ai l'impression d'être comme Anna Hathaway dans le diable s'habille en prada, sauf que moi je ne suis pas elle. Fin ce n'est pas moi qui suis son assistance personnelle, mais ça ne veut pas dire qu'elle ne m'en fait pas voir de toutes les couleurs. Oh ça non, elle ne me loupe pas, je suis traitée comme tout le monde. Je dirais même plus que je dois faire plus de boulot que certains. En soit, ça ne me dérange pas, cet univers est intéressant, quand on aime un brin la mode. Ce qui n'est pas vraiment mon cas, bien sûr que je m'y intéresse comme n'importe quelle femme, car on va pas se le cacher, la première qui dit c'est pas pour moi. Elle ment. Toutes les femmes regardent de près ou de loin la mode et comment je sais ça ? Et bien en bossant ici, j'en ai appris des choses, des banalités qui m'étaient inconnus, des détails de la vie de tous les jours dont j'ignorais l'existence. Oui, c'est intéressant de bosser pour un magasine de mode. Le seul inconvénient, c'est qu'il faut avoir le physique pour et le style. Pourquoi je suis à l'entrée ? Parce que j'ai le minois qui passe, mais pas le corps d'un mannequin. Je sais que je suis petite et je ne compte pas l'oublier de sitôt, suffit de voir les mannequins qui défilent sous mes yeux. Une horreur. Enfin pour ma taille, parce qu'elles, c'est pas des horreurs, oh que non. Je n'en suis pas jalouse pour autant, je suis contente de ce que la nature m'a donné. Il manquerait plus que ça que je sois jalouse, si je l'étais, je me serais déjà pendue à l'heure qu'il est ! Y a trop de mannequins qui défilent ici pour me rende verte de rage. Non pas de complexe, j'aime ma taille, toute façon c'est bien trop tard pour changer. Pour ce qui est de mon style, j'ai dû travailler dessus, on va dire que je ne suis pas à la pointe de la mode, mais que je m'y rapproche. J'ai les chaussures qu'il faut, en même temps vu le prix que j'y mets. Ma mère hallucine toujours lorsqu'elle voit la somme, pourtant je les prends en réduction. J'y peux rien, je suis faible ! Elles m'appellent à chaque fois, viens nous voir Meg, viens vers nous… Et moi je résiste pas. Je ne peux pas, c'est impossible, j'ai envie de les serrer dans mes bras et les prendre toutes. Ce qui est impossible. Le monde est cruel et j'ai fini. J'ai fini pour aujourd'hui, mon sac, mes clefs, mon téléphone. Tiens en pensant à la mère, encore un message, cette fois c'est un sms. Elle se modernise la madre. Elle veut quoi ? Ah oui, je l'ai pas rappelé pour confirmer pour dimanche. Elle se doute bien qu'on sera là, c'est un peu une tradition qu'elle instauré. Y en a qui font un repas en famille tous les vendredi soir et bien chez les Bradbury c'est tous les dimanche. Adieu douce grasse mat'. Toute façon quand vous devenez parents, vous oubliez la signification du verbe dormir et du mot grasse mat'. Enfin je vais pas me plaindre, elle tient de moi pour ce qui est du sommeil. Une marmotte. Elle dort partout et n'importe quand, ce qui est pratique. Bon j'ai tout, on se stoppe, il m'a répondu. Enfin non pas répondre, il m'a contacté. Je rêve. Oui c'est ça, je suis en train de rêvée. « Aie » Apparemment non. C'est bien lui, son prénom, ses mots. Quoique ça peut-être quelqu'un d'autre qui écrit à sa place. Oui alors Meg si tu penses ainsi, tu es encore plus barrée que la normale. Ce n'est pas comme ça qu'il acceptera de te voir à nouveau. Si tenter qu'il veut me voir, il a peut-être changé d'avis depuis ce midi. Ah faut que je le raconte à Simon.

J'adore porter des talons, mais là maintenant je ne rêve que d'une chose : les enlever. Oh que oui et vite. Un bon bain chaud, un bon petit plat et une série. Sans oublier le gros câlin de ma princesse. Ce genre de truc ça ne s'oublie pas. Des deux c'est moi qui rentre le plus tard, surtout en ce moment. Qui dit fin de semaine, dit beaucoup de boulot. Sa voiture est déjà là. Il me tarde de les retrouver. « C'est moi. » Pas de réaction. Ce qui est étrange, en temps normal la guimauve accourt vers moi. Elle accourt toujours lorsque l'un de nous rentre. Là rien. Et il fait nuit, ce qui est encore plus étrange. Le bouton s'allume pas. Quoi ? C'est quoi le délire. « Simon t'es là ? » Pas de réponse. Ils ont décidé de jouer à marco polo ce soir ou quoi ? J'avance en douceur, oui parce que moi j'ai peur du noir. De quoi je n'ai pas peur, ça serait plutôt ça la vraie question. Des petites lumières apparaissent dans le salon. Ah bah il est là, pourquoi est-ce qu'il me répond pas. Et c'est quoi cette décoration ? « Y a un souci avec l'électricité ? » Je pose mon sac et enlève ces échasses. Et ouais c'est ça ma technique pour ne paraître minuscule. Ça fonction un tout petit peu. « Gilly est pas là ? » Le silence me fait dire qu'il a dû soit planquer le monstre, soit l'envoyer chez mes parents ou le frangin. Ou alors il lui a trouvé un nouveau jeu, mais non elle vient toujours vers moi. Gilly vient toujours vers ses parents, c'est un peu comme boomerang. Dès qu'elle nous entend, elle déboule, telle une fusée. Ah je me sens bien mieux. Simon n'a pas bougé, bah il en tire une tête. « Tu comptes  foutre le feu à la maison ou bien c'est une nouvelle tendance ? » Oui parce que là je ne comprends pas. « T'as pas payé la facture ! Bah non c'était à moi et je suis persuadée d'avoir déposée le chèque. » Oui parce qu'ils ne sont pas modernes, les prélèvements ils ne connaissent pas. Je m'approche vers lui, il a l'air tendu. « Ça va toi. » Je dépose un baiser sur sa joue. Ah je suis tellement pressée de lui !

Never Been In Love

« Oh come on ! » gueules-tu alors que toutes les lumières s’éteignent d’un coup. Ça t’apprendra à t’improviser bricoleur. Tu le sais pourtant que tu n’es pas très habile de tes dix doigts. Ce n’est pas nouveau. Enfin non, c’est faux. Quand il s’agit d’opérer un animal, là, étrangement tes mains arrêtent de trembler et t’assures comme un chef. Mais par contre, quand c’est l’histoire d’installer un atténuateur de lumière entre la cuisine et le salon, là, c’est la catastrophe. « Papaaaa ! Il fait tout nuit partout ! » Tu soupires alors que ta fille débarque dans la cuisine, les mains devant elle comme si elle jouait à colin-maillard. « T’exagères, il fait pas si noir que ça. » Elle rigole et tu ne peux t’empêcher de sourire. « Désolé princesse, c’est papa qui fait des bêtises avec les lumières. » Elle s’approche de toi, lève la tête pour te voir, puis la penche soudainement sur le côté accompagné d’un « pourquoi ? ». Tu ne t’y attendais pas à celle-là. « Pour qu’on puisse ajuster la lumière comme on veut. » Tu peux voir son visage passer de l’expression qu’elle fait quand elle vient de comprendre quelque chose à celle qu’elle tire quand il y a un truc qui ne lui parait pas logique. Tu croises les doigts, qu’elle ne te demande pas … « Pourquoi ? » Eh merde. Tu lèves les yeux au ciel en te dirigeant vers ton portable. Maintenant que tu as tout cassé, il faut que tu appelles l’électricien pour avec lui s’il ne peut pas venir réparer tout ça tout de suite. Mais honnêtement, vu l’heure qu’il est, tu as des doutes. « Parce que c’est comme ça. » réponds-tu finalement à Gilly. Non, ce n’est pas du tout pour créer une ambiance romantique afin d’annoncer à la femme de ta vie qui te croit gay depuis des années qu’en fin de compte, tu ne l’es pas du tout et que si tu ne lui as rien dit plus tôt, c’est bien parce que t’es fou d’elle. Et puis, dit comme ça, je n’veux pas casser ton délire, mais ce n’est pas terrible terrible comme excuse. Nop. Tu vas te faire exploser la gueule et tu le sais. Tu te demandes comment va réagir Hades quand Megara va venir lui annoncer la nouvelle. Il a beau te croire hétéro depuis le début, quand il va réaliser que t’as menti à sa sœur pendant autant de temps, au point qu’elle te fasse assez confiance pour avoir un bébé avec toi, surtout après ce qui lui est arrivée -parce qu’il va bien finir par l’apprendre un jour- il se peut qu’il ait des envies de meurtre. Qui te sembleraient totalement justifiées d’ailleurs. Ah punaise, ça craint un max tout ça. Tu crains un max.

Comme tu t’en doutais, l’électricien ne peut pas venir ce soir. Il t’a cependant assuré qu’il serait là à la première heure demain matin. C’est bien beau tout ça, mais ça te fait quand même une belle jambe. Parce que la lumière, t’en as besoin tout de suite. Tu soupires en allumant les dernières bougies. Tu t’es débrouillé comme tu as pu. Tu t'es occupé du frigo et du congelo en priorité, histoire de ne pas retrouver la cuisine innondée. Puis t'es allé acheter la masse de bougies au supermarché et après plusieurs coups de fil passés ici et là, tu as finalement réussi à trouver quelqu’un pour garder Gilly ce soir. Meg va gueuler, mais tu n’as pas trouvé mieux que ton pote Mickey. C’est un véritable gosse dans sa tête, mais au moins, tu sais que tu peux lui faire confiance avec Gilly. Il l’aime presque autant que si c’était sa propre fille. Quand elle est née, il ne passait plus pour jouer à la console avec toi, mais pour voir sa petite princesse. C’était du délire, j’vous jure. Dans tous les cas, tu verras bien ce qu’en pensera Meg. Mais toi, tu te sens beaucoup mieux de savoir ta fille chez l’un de tes meilleurs potes plutôt qu’à la maison alors qu’il y a des bougies allumées absolument partout et qu’elle a tendance à être attirée par la lumière. Pire qu’un moustique. Tu soupires en t’affalant sur le canapé. Tu restes comme ça pendant plusieurs minutes. La porte d’entrée s’ouvre et tu n’as même pas le courage de bouger ton cul du sofa. A peine rentrée qu’elle te bombarde déjà de questions. Tu ne sais pas encore comment tu vas lui expliquer la situation. Tu soupires. Elle vient se poser à côté de toi et t’embrasse sur la joue. Tu souris. « J’ai fait sauter le courant. Du coup, Gilly est chez Mickey. Tes parents étaient pas chez eux, Hades était occupé et je me suis rendu compte que je n’avais pas le numéro d’Anna puisqu’elle est toujours à la maison. Sinon, ouais, ça va. J’ai vu mieux. » Tu passes ton bras derrière ses épaules et la presses légèrement contre toi. « Et toi, ta journée ? » lui demandes-tu. Ça te fait du bien de l’avoir à tes côtés. Tu te sens déjà moins stressé. Elle t’apaise, c’est dingue.