Quand Boyd finit par ouvrir les yeux, il ne se souvient déjà plus de quoi il était en train de rêver quelques secondes plus tôt. C'était sans doute toujours plus agréable que le bruit qui martelait son crâne et lui arracha un gémissement.
Putain, c'est le seul mot qui daigne sortir de sa bouche avant qu'il ne rabatte un oreiller sur son visage. La lumière filtrait par la fenêtre de sa chambre. Comme à son habitude, la veille, il n'avait pas pensé à baisser les stores. Il s'en foutait un peu à vrai dire. Il vivait dans ce loft depuis deux, peut-être trois ans, et les fois où il avait pensé à fermer ces foutus stores devaient pouvoir se compter sur les doigts d'une main. Ils étaient restés clos pendant des semaines après ça, jusqu'à ce que vivre dans le noir le gonfle. Vivre la nuit, c'était devenu son truc. Rares étaient les fois où il revendait ses merdes en pleine journée de toute manière. Habituellement, ses affaires se faisaient dans les ruelles calmes, dans les fêtes, dans les coins paumés, ou au Holster, mais quasiment toujours de nuit. Boyd était devenu un oiseau de nuit. Tous les gamins de la rue en étaient, eux aussi. Manière peu orthodoxe de grandir, ou de s'élever, mais jamais pire que d'être aux côtés d'un paternel violent avec un penchant pour la bouteille. Rien n'était pire que ça. En y réfléchissant bien, vivre la nuit, ce n'était pas si mal. Les trois-quarts de la sage population du coin était rentrée chez sois, auprès de leurs gosses et de leurs chiens tandis que les fêtards, les drogués, les gens en manque de sensations fortes, les ravagés, sortaient, eux, de leurs tanières. Il préférait encore s'identifier à ces dégénérés qu'à la première catégorie.
Des coups vifs retentirent à la porte, faisant sursauter
Tag au passage. Habituellement, son sommeil lourd était indifférent à la lumière du jour, trop habitué aux rayons du soleil. Il comprenait à présent mieux pour quelle raison ses yeux s'étaient ouverts à ... Il tendit le bras à l'aveugle pour attraper son téléphone, traînant quelque part sur sa table de chevet, et en alluma l'écran.
Putain, il grommela de nouveaux en voyant qu'il était à peine onze heures du matin. N'importe qui aurait pu être heureux de s'être offert une grasse matinée, mais pas Boyd. Pour lui, qui ne rentrait chez lui que quand le soleil se levait, cette heure-ci lui semblait être l'aurore.
Il attendit un petit moment, espérant que la personne de l'autre côté de la porte se lasse. Le blond était prêt à mettre sa main à couper que c'était cette casse-pied de voisine, qui était déjà venue plusieurs fois l'emmerder parce qu'il était trop bruyant. Cela ne l'aurait pas étonné, si ça avait sa manière de se venger. Mais les coups ne cessèrent pas, si bien qu'il n'eût d'autre choix de se forcer à sortir de son lit. En traversant son loft, légèrement en bordel, il ramassa un tee-shirt au sol, qu'il s'empressa d'enfiler avant d'ouvrir sèchement la porte.
Quoi, enco..., commença-t-il avant de s'interrompre, ne s'adressant pas à la personne escomptée.