I’m a mess right now (sawyer)

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I’m a mess right now
Braxton #5

Une semaine et demie. Presque dix jours. Te raclant la gorge, tu regardes ton reflet. Dégoût que tu lis dans tes traits, mais rien ne change. Tu gardes la tête haute, comme tu l'as toujours été. Rester fort, voilà ce que tu t'es dit … tu contiens, tu gardes. T'isoles ta peine. Peut-être que tu réalises pas. T'en sais rien. Tu ne préfères pas y songer. Pas le temps de songer à toi. Tu ne saurais dire ce qui s'est passé en toi. Un truc s'est cassé, ça tu le sais, mais un autre est apparu. Marre de te dégoûter en permanence. Marre d'être celui qu'on doit sauver. Tu t'es tenu droit depuis le début, tu ne craqueras pas. Pas maintenant. Pas maintenant qu'elle a besoin de toi. Oh que non. Cette fois tu prends les choses en main. Douleur qui martèle ton corps. Tu évacues du mieux que tu peux, mais tu contiens surtout. Reid qui a tenté de t'en parler, cette fois tu l'as pas repoussé, mais tu es pas prêt. Sûrement dans le déni, t'en sais rien. Ce que tu sais, c'est que tu n'es pas la priorité. Tu es l'aîné à présent … tu as l'impression de retourner au moment de ton père. Où tu as dû prendre en charge Jane … revoyant son petit minois, perdu, égaré, apeuré, s'accrochant à toi. Kara qui ne jurait à l'époque que par lui.. tu n'arrives même pas à dire son prénom. Pas maintenant. Alors non, tu ne t’apitoies pas sur toi. Tu dégoûtes assez pour t'occuper de toi. Chaque chose en son temps. Dénie assurément, c'est ce que t'a sorti ton psy hier, mais tu t'en moques. Tu lui as rien répondu, juste contenter d'hausser les épaules. Que dire ? Rien. Tu ne lui parles jamais, t'y vas juste pour faire beau. Pour montrer que tu veux garder ton boulot, l'une de tes raisons actuels de te lever le matin. Ça et Alfie, le petit père qui tourne autour de toi. Ne comprenant pas ce qui se passe, te donnant de la joie. Il a rien demandé lui, il veut juste que tu t'occupes de lui. Que tu sois là. Et tu l'es. Comme tu essaies de l'être pour les autres membres de ta famille. Ta mère est dans le dénie, tu le vois bien. Elle a décidé de partir, de s'éloigner. À quoi bon ? Elle s'est battue pour vous réunir depuis un an et là tout part en éclat… les jumelles sont dans leur coin. Tu envoies des messages à Jane, lui prouver que tu disais vrai. Tu es là. Présent dans la réalité, tu ne fuis plus. Tu restes ancré dans cette putain de réalité. Tu étouffes, mais restes là. Passant un peu d'eau. Aujourd'hui tu es en repos. Dimanche, jour du seigneur, jour du déménagement. T'as tout prévu dans ta tête. Tu as même fait de la place dans ton appartement. Lui laissant ta chambre, toi tu vas squatter la salle, ton canapé que tu ne connais que trop bien. Ton intimité ? En ce moment, c'est le bien le dernier de tes soucis. Étrangement tu as ressenti le besoin d'en parler à Reid, parce que tu sentais que c'était pas juste ta décision. Que tu n'es pas seul. Que tu veux qu'il sache. Qu'il sache qu'il fait parti de ta vie, que tu écoutes ses conseils. Il n'a pas objecté et approuvé ton choix. Tu veux être là pour elle, tu la connais ta brune. Tu sais qu'elle sombre et cette fois .. cette fois c'est toi qui sera là pour elle. Et à tes yeux c'est mieux qu'elle soit là. Loin de cet endroit. Loin de tout repère. Il n'a jamais vécu chez toi. Loin de tout ça elle a besoin de se reconstruire. Tu sais d'avance que ça ne va pas être facile, mais tu es préparé. Attrapant tes clefs, la laisse du bonhomme. « tu connais ton discours, » que tu lui dis en le regardant dans les pupilles. Tu vas sûrement passer pour un fou, mais tu t'en moques. Lui il te maintient dans la réalité et ça te fait du bien. Et puis toute façon tu sais déjà que les gens parlent dans ton dos. La réputation de fou, tu dois déjà l'avoir, vu le temps que tu as pris pour revenir à la réalité …

Fixant un instant ta voiture, ça fait un moment que tu ne l'as pas pris. En ce moment tu ressens le besoin de sortir ta moto. La crainte et la peur sûrement, la dernière fois c'était avec Reid et tu n'as rien ressenti de tout cela … ça t'a semblé normal. Tu es parti voler à son secours, tel tarzan tu t'es pris l'arbre en pleine face, mais … il te fallait ça. Il te fallait ça pour comprendre l'importance qu'il a dans ta vie. L'impact qu'il a fait. À présent tu n'imagines plus ta vie sans lui et tu penses qu'il le sait. Du moins, tu l'espères, t'es pas habile avec les mots, mais tu essaies. À ta façon tu progresses, tu apprends à garder les gens près de toi, de ne plus les chasser .. plus comme avant. Soufflant un bon coup, tu ouvres la portière et Alfie s'y engouffre, il se fait pas prier. Oh que non. La bête compte bien t'accompagner, plus habitué à te suivre à pattes qu'à roue. Aujourd'hui c'est une première, mais il est heureux. C'est ça qui te fait du bien, de voir une boule de poils heureuse à tes côtés. Ça n'aide pas ton dénie, mais ça te permet d'avancer. Du mieux que tu peux, pas après pas, tu ne mets pas la charrue avant les bœufs … expression que ton père adorait utiliser pour te définir. Toi qui veut tout plus vite que la musique. Dépasser les limites du son, tu as appris de tes erreurs et t'es un peu plus patient à présent. Surtout en ce moment .. tu ne peux pas presser ton entourage, tu y vas en douceur. La route se fait plus rapide que tu le pensais, façade la maison qui se profile à l'horizon. Tu respires un grand coup en te garant dans l'allée. Sûr de tes mots. Sûr de toi, tu avances, le fauve à tes basques. Tu sonnes, pas de réponse, c'était à prévoir. Heureusement que pour le coup tu as été plus malin. Double des clefs que tu as volé la dernière fois, bon plutôt octroyé dans son dos. Elle n'a sûrement rien du voir, mais ton plan tu le prépares depuis un petit moment. Il fallait bien que tu rentres, car elle se laisse pas faire la brune. Pire que toi. Le monstre fonce dans la maison, à la recherche d'un jouet ou juste pour visiter les lieux. Toi tu inspectes les lieux, sombres, c'est la première fois que tu vois la maison ainsi. Tu ne juges pas, au contraire : tu comprends. Craquant tes doigts, tu avances en douceur. « y a-t-il un zombie, vampire ou autre créature obscur dans le coin ? » que tu lances à haute voix. Posant les cartons que tu avais dans tes mains, tu sais où commencer : la chambre. Pas de bruit, tu t'y rends, comme si tu étais chez toi. Elle peut gueuler, tu es préparé.

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Un an plus tôt, Sawyer avait laissé derrière elle les murs bien vide de sa maison pour retourner vivre chez sa mère. Avec son mari sur un lit d’hôpital, la solitude de leur demeure était trop pesante pour qu’elle y reste, et ce même si retourner au ranch rendait le trajet jusqu’à l’hôpital bien plus long. Un an plus tôt, elle avait encore de l’espoir. Cet accident, ce coma ne serait peut être qu’un obstacle sur leur route. Son mari lui reviendrait. C’était difficile, mais elle s’efforçait d’être optimiste. Ce qu’elle ignorait à l’époque, c’est que le moment où il ouvrirait les yeux ne serait pas synonyme de salvation. L’année écoulée avait été difficile. Eprouvante pour tous les gens concernés. Et elle avait eu une fin tragique.

Une semaine et demi qu’il les avait quittés. Le simple fait que Sawyer ait réussi à survivre à l’enterrement sans que ses jambes ne l’abandonnent, sans qu’elle ne s’écroule et n’éclate en sanglots, sans qu’elle ne hurle après une énième personne qui lui disait combien elle était désolée, relevait du miracle. Cette épreuve derrière elle, elle s’était isolée. Elle oscillait entre une peine accablante, qui la rendait incapable ne serait-ce que de sortir de son lit, à une sorte d’hyperactivité qui la conduisait au ranch où elle faisait tout pour s’occuper, des tâches les plus ingrates aux plus rébarbatives. Aujourd’hui, elle n’était pas sortie. Elle ne savait même pas vraiment l’heure qu’il était. Elle ne pleurait plus, elle n’avait sûrement plus de larmes à verser à présent, mais elle restait là, enfouie dans le lit de la chambre d’ami. Elle n’avait pas eu la force de se glisser sous les draps qu’elle avait si longtemps partagé avec l’homme qu’elle aimait. L’homme avec qui elle avait prévu de les partager pour le restant de ses jours. A vrai dire, elle avait à peine réussi à mettre un pied dans leur chambre. Elle ne l’avait fait que pour aller chercher la robe qu’elle porterait pour l’enterrement. Le reste du temps, elle portait en boucle les vêtements qu’elle avait récupéré sur le fil, dans le jardin.

Echo, son berger allemand qui, elle n’en doutait pas, ressentait sa peine et la perte de son maître lui aussi, ne la lâchait pas d’une semelle. Dans les jours comme celui-ci où elle n’avait pas la force de se lever, il était bien la seule chose qui la sortait du lit. Il fallait bien qu’il aille faire ses besoins, après quoi elle retournait se coucher. Allongé près d’elle, sur le lit, elle n’avait pas eu le cœur de lui demander de descendre. Il avait pris cette habitude pendant que Ryan était encore dans le coma, venant la réconforter quand le chagrin se faisait trop lourd, et à présent, il passait chaque nuit près d’elle, veillant en silence sur ses nuits agitées. Sawyer n’attendait pas de visite, ce jour-là. De toute façon, elle n’avait envie de voir personne. Alors lorsque la sonnette retentit, elle ne bougea pas, toujours nichée sous la couette. Echo, lui, releva la tête et donna un coup de gueule, en grand protecteur de sa maison qu’il était. Sawyer ne bougea pas plus lorsqu’elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir, ni même lorsqu’elle entendit la voix de Cade s’élever. Echo, lui, avait quitté la chambre d’amis en trombe pour vérifier qui était cet intrus qui s’était immiscé sur son territoire sans autorisation. Ce n’est que lorsqu’elle entendit les pas de Cade dans le couloir qu’elle donna signe de vie. Rentre chez toi, Cade, dit-elle d’une voix blanche, tournant obstinément le dos à la porte ouverte. Elle n’avait pas envie de compagnie. Pas envie de parler. Pas la force de se lever et de faire semblant d’être sociable. Après l’attitude qu’il avait eu durant l’année écoulée, il devrait être capable de comprendre ça… Mais Sawyer savait qu’en l’occurrence, ce serait un peu fais ce que je dis, pas ce que je fais.

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I’m a mess right now
Braxton #5

Cartons en mains. Chien à tes côtés. Voix qui sort de la chambre. Tu t'en doutais. Elle t'envoie balader. Tu l'aurais même prédis. C'est un peu ce que tu as fait maintes fois lorsqu'elle a débarqué chez toi. Tu poses le tout et te diriges vers les volets, un peu de soleil, ne peut faire de mal à personne. Ne t'occupant pas de son avis. Parce qu'elle en ferait de même. Pire elle a fait de même pour toi. C'est à présent à toi de prendre le relais. D'être là. Du faire du mieux que tu peux pour l'aider. Lequel de vous deux souffrent le plus ? Tu ne saurais dire. Parce que ce n'est pas une compétition et qu'à l'inverse de toi : elle le vit, l'assume, l'absorbe. Toi t'en sais rien. Tu continues à garder la tête hors de l'eau. Maintenir le cap. Jusqu'à quand ? T'en sais trop rien. Ce qui est sûr, c'est que tu es entièrement dans le déni Cade, mais tu ne veux pas assumer .. pas te confronter à la réalité. Ce n'est pas le moment .. c'est le moment d'être là. Présent pour ta famille. Ta mère qui est partie chez sa sœur, parce qu'elle a aussi à besoin qu'on s'occupe d'elle. Tes frères et sœurs .. c'est autre chose. Tu es là. Tu prends soin d'eux à travers messages… t'as même pris des nouvelles de Kara. Oui, tu essaies. Tu es bien dans la réalité, enfin ta réalité. Différente de la leur, mais celle qui te convient actuellement. Reid a tes côtés, ça a volé en éclat y a un moment … abrutit que tu es. Tu as failli commettre les mêmes erreurs. Sauf que lui, il est différent, il te confronte. Te force à parler. Quelque part, heureusement que tu l'as. Il t'est bénéfique, tu le sais. Il te soutient. Ne te force pas à parler, parce qu'il commence à te connaître, mais il est là. Tout comme tu es là pour elle. Sawyer, un prénom qui a pris tellement d'importance au fil des années. Un bout de femme qui a toujours du caractère. Qui t'a toujours tenu tête. Remis à ta place. Une femme qui est devenu bien plus qu'une simple belle sœur au fil des années. Un peu comme une sœur, une amie, une confidence. Une personne vers qui tu te tournes toujours. Pour tout et rien. Une personne qui a été là pour toi. Qui t'a ramassé au moment le plus bas de ton existence. Qui t'a foutu une claque, sans métaphore, mais dans le sens concret. Oui, elle a toujours été là pour toi. Et c'est à ton tour d'être là pour elle. Mettant tes émotions de côté. Parce qu'on ne parle pas de toi à présent, mais d'elle. Juste elle. Tu attrapes quelques affaires. « t'en as du bordel, j'savais que les femmes entassaient un merdier, mais je m'attendais à mieux de toi, » que tu dis en attrapant ce qu'on nomme basique. Les chiens qui te regardent. Tu leur as donné des missions à eux. L'appartement va être sans dessus, dessous, mais qu'importe. C'est la meilleure solution. La seule que tu vois. Continuant de bouger dans la pièce. Zombie qui est nichée dans son lit, te regardant, bougonnant. Qu'importe, tu ne t'arrêtes pas pour autant. « figure toi, que j'ai eu une idée. » tu attends le petit commentaire. Déçu presque qu'il ne vienne pas. « oui je sais, moi avoir une idée ! C'est totalement possible figure toi ! » réaction ? Pas celle que tu attendais, mais tu continues. « je disais donc, tu vas venir vivre chez moi ! » les gestes s'ajoutent à tes mots. Tu continues de t'activer autour d'elle. « oui alors tu peux râler, t'as pas vraiment le choix en fait ! » tu la pointes du doigt avec un truc qui ne ressemble à .. tu ne sais pas. Tu ne sais même pas ce qu'est ce truc, mais tu le tiens et tu le mets dans la boîte. Un battement en voyant la photo, mais tu détournes le regard aussitôt. Réaction qui s'efface. Tu ne veux pas en parler. Ça s'est passé, mais tu n'es pas prêt à être confronté à tout ça. Il y a déjà assez d'une Sawyer plus bas que terre. Qui sera là pour vous relevez ? Personne. Enfin oui et non, mais tu ne veux pas retourner à tes abysses. Tu t'en es sorti et c'est à ton tour de venir en aide à quelqu'un. À elle en l’occurrence. « tu mets vraiment ça ? » que tu dis en affichant le machin chose. Tu le reposes, car oui il te plaît pas. T'as pas envie de ça chez toi. Toute façon tu sais qu'elle risque de porter la même chose. Tenue pour le ranch et tenue de pyjama pour lit. Tout à fait folichon, mais elle a raison. Tu n'étais guère mieux. Continuant de t'activer tel une abeille autour d'une ruche. Rien ne peut t'arrêter de ta mission. Tu es lancé et tu comptes bien obtenir satisfaction. S'il faut en venir aux mains : t'es préparé. Enfin tu n'espères pas en arriver à là tout de même .. y a des limites au sauvetage.

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