C'est dans les heures les plus sombres que l'on peut compter sur la lumière de ses amis (Ft Cheyenne)

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La campagne avait commencé pour les élections législatives. Cela voulait dire que les choses s'accéléraient, tant pour Zachary que pour ses collaborateurs. Grâce à l'aide de Cheyenne, Ackerley avait repris confiance en lui et semblait avoir le vent en poupe. Certes, pour le moment, les sondages le donnaient toujours derrière son adversaire travailliste, mais il effectuait une remontée spectaculaire. La stratégie de Holway, qui consistait à écarter les énormes boulets qu'il trainait à ses pieds et à déminer le terrain fonctionnait du tonnerre ! Les journalistes ne s'intéressaient plus au débat contre le Maire Hawkins mais à son programme à sa personnalité aussi. Fini le candidat arriviste, l'héritier sans cervelle, place à ce que Zachary était vraiment. Quelqu'un de cultivé, d'intelligent, de réfléchi et surtout de motivé, non pas par ses intérêts personnels mais par le plaisir de rendre service. Il ne regrettait pas d'avoir embauché son bras droit. Cheyenne gagnait en réputation et en respect. Tout le monde écoutait ses conseils, sauf le patriarche Ackerley qui pilotait à distance son fils pour éviter qu'il ne le couvre à nouveau de honte. Le vieil homme, aigri, reconnaissait que le directeur de communication avait une belle tchatche mais estimait que ça ne suffisait pas et qu'il faudrait à un moment donné acheter les votes avec de l'argent pour espérer les avoir à son compte. Des pots de vin que Zach refusait. Il n'avait pas construit tout ça pour le détruire à grand coup d'enveloppes chargées de fric ! Il restait droit dans ses bottes et menait une campagne digne, au dessus des attaques. Cela faisait des semaines qu'on l'avait informé que son adversaire trompait sa femme, mais il refusait que l'on fasse fuiter ce scandale.

Cheyenne rongeait son frein mais en même temps, il voulait lui montrer qu'on pouvait gagner à la loyale, sans se salir les mains. Zachary préférait perdre que de gagner en trichant ou en détruisant son adversaire. La politique, ça reste un débat d'idées et une grosse part de persuasion. Il voulait susciter l'espoir d'un exercice du pouvoir différent. Faire de la politique, autrement. Aujourd'hui, Cheyenne devait l'aider à préparer son meeting. Zachary avait besoin de vivre l'évènement jusqu'au bout. Il était dans ce grand auditorium, où les sièges étaient tous vides, à l'exception de ceux occupés par son staff de campagne. Cheyenne n'était pas encore arrivé, une obligation personnelle, qu'il comprenait parfaitement. Par contre, le vieux Acklerley, lui était là... Et alors que son fils prononçait son discours, enthousiaste, plein d'espoirs, optimiste, son visage se durcit. Tant et si bien, qu'à la fin de la répétition, le vieux briscard monta sur la scène et récupéra les papiers pour relire. Zachary se sentait mal à l'aise. Il voyait bien que son père analysait chaque mot et le jugeait. Il répéta certains passages, où Zachary avait laissé sa fraîcheur parler :

- "La société de demain ne peut pas se faire sans le progrès. Et ce progrès, lui ne peut pas exister si on le restreint, si on le contient. La libéralisation de nos forces économiques, de notre créativité est dès lors une condition essentielle à notre avenir"... Tu te fous du monde ?

- Non... je crois que les gens ont besoin d'entendre quelque chose qui sorte des sentiers battus, père. Un discours optimiste qui n'a pas peur du progrès et qui...

- Ca suffit ! J'en ai assez entendu !!! Tu es un candidat conservateur au cas où tu l'aurais oublié ! On emmerde le progrès ! On en veut pas, du progrès ! On veut nos traditions et nos valeurs !

- L'un n'empêche pas l'autre, on peut conjuguer les deux. J'ai eu l'idée de...

- OH ? Oh ? Toi ? Toi, sombre crétin, tu as eu une idée ? Une idée, stupide ! Idiote ! A ton image ! On ne peut pas conjuguer les deux ! Mais je me demande bien pourquoi je perds mon temps avec toi ! Tu n'as toujours été qu'un incapable, tout juste bon à me ridiculiser, à salir le nom de famille que tu portes ! Je te préviens, moi vivant, un Ackerley ne défendra pas le progrès ! Et si pour ça, je dois te déshériter, je le ferais, sans hésiter !

Zachary accusa le coup sans répondre, mais la violence du propos le sonna. Et son père, qui savait taper là où ça faisait mal, enchaina, sur un ton infect :

- Tu es la pire honte de ma vie !

Il déchira le discours et d'un mouvement brutal, il mit les lambeaux de papier entre les bras de son fils. Comme si l'humiliation n'était pas suffisante, il lui asséna une gifle violente qui irradia toute sa machoire. Et le vieux Ackerley partit, entouré des pontes de son parti, qui riaient aux éclats. Un silence de mort s'installa, alors que l'équipe de campagne ne savait pas quoi faire. Abattu, le jeune candidat laissa tomber les morceau de papier au sol et alors que les larmes coulaient sur son visage sans qu'il ne parvienne à les retenir, il s'éclipsa dans sa loge, en fermant à clé derrière lui. Personne ne pourrait entrer comme ça... Dehors, ils furent plusieurs à tambouriner. Zachary se prostra dans un coin. Le meeting était dans trois heures, maintenant... Et inutile de dire qu'il n'était pas en état de l'assurer. Les sanglots ne se calmaient pas. Plongé dans le noir, il voyait les ombres bouger au niveau du bas de la porte. Les gens s'activaient, il entendait un brouhaha. Mais personne ne pouvait rentrer dans cette loge. La seule personne qui possédait le double de la clé, c'était Cheyenne. Mais le bellâtre s'occupait de sa petite famille et il avait raison. Zachary ne pouvait pas lui en vouloir pour ça. Jamais. On tambourina à la porte mais il ne répondit pas. Il allait se terrer là jusqu'à sa défaite. De toute façon, quoiqu'il fasse, son père le détesterait toujours. Cela le brisait, littéralement.

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L'aventure Ackerley se poursuivait et ceci pour le plus grand plaisir de Cheyenne qui appréciait de plus en plus travailler aux cotés du candidat aux élections législatives ! Son boulot, il l'aimait plus que tout, son entourage pouvait en attester mais depuis que ce dernier avait prit un virage politique Holway avait comme l'impression de donner le meilleur de lui même..... Non, il n'avait pas prit la grosse tête mais le jeune homme se rendait bien compte qu'il n'avait pas aussi apprécier de mettre en place des évènements et tout le toutim depuis bien longtemps..... Ce n'est pas pour rien qu'il déléguait la plupart des autres contrats à ses collaborateurs.... Gérer les photos scandaleuses du premier venu ca ne le branchait plus vraiment....

Avec Zachary tout se passait plutôt bien, les deux hommes avaient mit deux bonnes semaines à s'apprivoiser mais aujourd'hui la confiance s'était crée entre eux et ils avaient commencés à mettre les petits plats dans les grands ! La première étape fût de reconstruire le staff du candidat quasi entièrement.... Mine de rien, Cheyenne avait fait pas mal de large dans l'entourage professionnel de son client et ce grand ménage s'était avéré on ne peut plus positif... Holway s'étonnait même du fait qu'il essayait d'améliorer l'image du candidat sans détruire celle des autres et pourtant dans ce milieu Dieu sait que c'est monnaie courant de procéder ainsi.....

Seule ombre au tableau, le père Ackerley qui restait malgré tout bien trop présent dans le vie politique de son fiston et qui essayait de mettre son grain de sel ou plutôt ses billets de banque un peu partout..... Entre Holway et le patriarche forcément le courant ne passait pas du tout, l'expert en communication s'était déjà prit de grippe plusieurs fois avec cet homme bedonnant qui enchainait les clopes à tout va..... Leurs idées étaient beaucoup trop différentes pour qu'ils s'entendent.... Heureusement Zach semblait faire confiance à Cheyenne en tentant tant bien que mal de tenir tête au vieux cochon....

Le premier meeting avait lieu ce jour mais ce matin Holway avait été retenu par un problème d'ordre familiale ! Sachant très bien ce qui se passerait en ce milieu d'après-midi il envoya rapidement un texto à son client le prévenant qu'il serait très certainement en retard mais qu'il ferrait de son mieux pour arriver le plus tôt possible.... Avec une bonne heure de retard, Cheyenne arriva enfin dans le grand amphithéâtre.... Le jeune homme avait revêtu un jean brut mais très habillé, une chemise blanche et une veste de costume dans les tons bleus marines qui venait parfait l'ensemble de sa tenue... A sa grande surprise pas de Ackerley sur la scène... Où pouvait-il bien être ? Voyant qu'il le cherchait du regard, Tania, la webmastrice en chef ne tarda pas à venir à sa rencontre.

''Salut Cheyenne, il s'est enfermé à double tours dans sa loge.... Son père l'a humilié devant tout le monde en l'assassinant sur son discours.... Cet enfoiré l'a même giflé..... Le pauvre.... Il ne veut plus voir personne..... Le problème c'est dans 45 min tout au plus il doit être la sur scène...''

''Merci..... Je m'en occupe.... S'il ne monte pas, sa carrière est fichue... On ne peut se permettre de rater ce premier meeting...''

Et voilà que son vieux con de géniteur avait encore fait des siennes, le pauvre Zachary devait être effondré après avoir reçu cette claque devant son staff ! Il n'avait plus six ans et avait clairement passé l'âge de recevoir une telle correction.... Qui aurait supporté une telle humiliation ? Arrivant dans la partie ''backstage'' de l'amphithéâtre Holway s'annonça avant de tourner la clef dans la serrure pour ensuite rentrer dans la loge de l'homme effondré...

''Zachary.... On vient de m'informer de ce qu'il s'est passé.... J'en suis désolé.... Malheureusement on ne peut pas rater ce meeting..... Il va falloir faire abstraction du comportement abjecte de ce qui vous sert de père...''

Cette scène qui se déroulait devant ses yeux ; à savoir celle de son client qui pleurait à chaudes larmes le touchait plus qu'il ne l'aurait pensé..... Il s'agenouilla afin d'être au niveau de son client... Tentant de le réconforter, Cheyenne posa sa main sur l'épaule de ce dernier avant de poursuivre ..

''Est-ce que je peux faire quelque chose pour te remonter le moral ? Je peux toujours aller te chercher un truc à boire ou à manger....''

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Larmes et sanglots sortaient sans qu'il ne puisse les endiguer. Zachary craquait et tel un fleuve dont on avait empêché l'écoulement avec un barrage, tout se déversait maintenant. Il aurait voulu contacter sa meilleure amie, mais il n'arrivait même pas à respirer et à y voir suffisamment clair pour faire le numéro. Tout se précipitait dans sa tête. Les humiliations répétées et régulières de son père. Les moqueries parfois vexantes de ses frères... ce terrible moment face à Hawkins dont il ne s'était jamais vraiment guéri. Et puis cette terrible sensation de n'être qu'un bon à rien, qu'un incapable. Le drame de sa vie... Il était arrivé au stade où il perdait pied, complètement. Il ne s'attendait pas à un soutien, mais certainement pas à autant de cruauté, de la part du patriarche. Pas ici, pas à ce moment où il aurait eu besoin sinon de son aval, au moins de sa présence. La porte s'ouvrit. Il n'eut pas la force de lever les yeux, mais il sut que c'était Cheyenne. Il n'y avait que lui qui possédait le double des clés. Officiellement, c'était parce qu'il était le directeur de campagne. Officieusement, Zac les lui avait donné dans l'espoir de le voir plus souvent dans un lieu un peu plus intimiste que le QG de campagne. Holway était déjà avec quelqu'un, alors il n'était pas question de casser son couple. Il voulait simplement rêver un peu et se sentir bien, s'offrir une parenthèse appréciable, dans son travail. Sauf que le directeur de communication n'était pas sensé le voir dans cet état.

Quand il posa une main sur son épaule, le jeune homme se blottit contre lui pour continuer à pleurer. Il en avait gros sur le coeur, ça se voyait, autant que ça se sentait. Il resta ainsi pendant de longues minutes, dans une sorte de scène surréaliste. Cela paraissait sans doute pathétique vu de l'extérieur, mais cette proximité, ce moment de proximité, lui fit du bien et l'aida à se calmer, doucement, mais sûrement. Les sanglots s'estompèrent au profit de légers tremblements et de reniflements. Les larmes roulèrent sur ses joues, en moins grande quantité, jusqu'à cesser. Au fur et à mesure, il reprenait le contrôle et il revenait à la réalité. C'était innocent, comme geste, de se coller contre Cheyenne. Pourtant, inconsciemment, ça montrait qu'il avait un grand pouvoir sur lui, un pouvoir pas seulement professionnel. Il finit par se dégager pour essayer l'eau salée d'un revers de manche. Sur le pas de la porte, Tania comprit qu'il fallait encore quelques minutes. Elle ferma doucement, et resta devant, afin de contenir tout le petit monde qui attendait, un peu fébrile, et notamment la maquilleuse. Elle allait avoir un sacré travail à faire ! Un léger brouhaha en fond commençait à monter. La salle avait ouvert au public, les gens s'installaient sur les sièges. Les premiers étaient des fans, invités grâce aux réseaux sociaux. Ils avaient apporté leurs banderoles, leurs goodies et se placèrent au premier rang. Ils ne pouvaient pas se douter que leur candidat était effondré, dans sa loge.

Zachary prit des mouchoirs que Cheyenne lui tendait et se moucha bruyamment. De toute façon, niveau dignité, il n'avait plus grand chose à perdre désormais. Il n'avait pas encore prononcé le moindre mot. Sa voix fut donc eraillée, à moitiée cassée quand il brisa le silence :

- Merci... je suis désolé... de craquer... je... j'aurais du m'y attendre...

Il s'en voulait clairement de ne pas avoir été plus fort. Dans la famille Ackerley, on ne pleurait pas, on se battait. On rendait les coups, les uns après les autres. Une chose que Zachary, trop gentil, avait beaucoup de mal à faire. Il se releva, pour allumer la lumière. Il aperçut son visage dans le miroir. Il avait vraiment une tête à faire peur ! Fébrile, les mains toujours tremblantes, il dit à Cheyenne, la tête basse, sans le regarder :

- J'ai tout foiré... encore... il... il a déchiré mon discours, je n'en ai pas copie... je n'ai plus rien...

Avait-il vraiment besoin d'un discours ? Tania manqua lui dire que ça n'était pas si grave, mais elle resta derrière la porte. C'était Cheyenne le vrai pro, dans l'affaire, elle ne doutait pas qu'il soit de son avis ! Maintenant, le meeting devait commencer dans une demie-heure, et Zachary semblait complètement miné. Dans sa situation, tout pouvait paraitre insurmontable. Il venait de subir une lourde blessure et ne voyait que sa propre mort. Pourtant, Holway pouvait le retourner, en voyant le verre à moitié plein, en réveillant la passion qui animait Ackerley et qui maintes fois, avait été une source d'énergie inépuisable et performante, dans leur travail.

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Des moments de doutes, il y en avaient eu à de nombreuses reprises dans la vie de Cheyenne ! L'expert en relation publique s'était posé plusieurs fois la question si ça société allait réellement servir à quelque chose et si il allait réussir à décrocher des contrats digne de nom, il y avait eu aussi de nombreuses interrogations quant à sa vie de couple avec Devon et son statut de père de famille vu que ce dernier était arrivé dans sa vie avec un petit Louis.... La différence majeur avec Zach était le fait qu'Holway avait toujours été soutenu par ses proches, pas dans le sens où on lui passait de la pommade afin qu'il puisse dormir sur ces deux oreilles mais Cheyenne avait toujours reçu des encouragements chose que le père de son client ne savait pas du tout faire.... Il était donc tout à fait compréhensible que le jeune candidat en politique perde toute confiance en lui d'autant plus si le patriarche prenait un malin plaisir à user des humiliations en public !

S'étant toujours juré de ne pas devenir trop ''maternelle'' dans sa vie professionnelle, la situation d'aujourd'hui l'exigeait.... Ca n'avait rien de rabaissant, loin de là, Cheyenne ne s'était pas agenouillé par pitié... Voir cet homme qui avait quasiment le même âge que lui dans un tel état ça avait de quoi retourner quelqu'un si tant est qu'on ait du cœur.....

''Ne sois pas désolé..... Qu'est-ce que je t'ai déjà dit ? Arrête de t'excuser pour tout et n'importe quoi...''

Sans faire attention, Cheyenne avait volontairement laisser le vouvoiement habituel derrière la porte de la loge de son client, ils se parlaient d'homme à homme ou plutôt d'égal à égal, Holway oubliait cette relation de client-directeur de campagne en se montrant plus amical, en enlevant quelques barrières.... De nouveau, l'expert en communication enfreignait ses propres principes et c'était assez déroutant !

Cette petite ''étreinte'' le renvoyait quelques semaines en arrière lors de cette soirée ''blackout'' où il s'était retrouvé en compagnie d'un autre homme.... Il ne s'était absolument rien passé et bien qu'aujourd'hui ce soit totalement différent en moins d'une semaine c'était la deuxième fois que Cheyenne avait un ''contact physique'' avec un autre homme que son petit-ami.... Le plus troublant ? C'est que cette sensation était loin d'être désagréable....

''Tu sais quoi ? On va oublier le discours..... Les gens ont envie de savoir qui est Zachary Ackerley mais pas le candidat en politique juste l'homme.... Et tu n'as pas plus rien vu que tu es là..... Parle avec ton cœur en faisant néanmoins attention sur le sujet des donations.... Lâche toi, ça ne pourra qu'être positif...''

Bon en réalité c'était à double tranchant mais même si son client se loupait sur certains points il ferrait probablement parler de lui alors toute publicité était bonne à prendre.... En cas de débordement de ces derniers, Cheyenne ferrait ce qu'il faut pour rectifier le tir....

''Par contre, ce serait pas mal de changer de chemise, elle n'est plus très blanche, le font de teint à couler on dirait.... Essaye la rose, elle mettra en valeur la couleur de tes yeux....''

Il n'était pas styliste mais maitrisait quand même deux trois trucs quant aux divers tenues à mettre et à éviter..... Il s'autorisa une nouvelle petite caresse dans le dos d'Ackerley histoire de le réconforter d'avantage...

''On va y arriver.... On va faire de grandes choses tous les deux, je le sais, je le sens !''

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Debout devant le miroir, Zachary se regardait, en se rendant compte à quel point il avait été touché et affecté. Au fond, il était toujours ce petit garçon en quête de l'admiration de son père, toujours rabroué, toujours blessé. Le fils frappé d'une indignité qu'il ne parvenait pas à comprendre et qui le dévastait. Et c'est cette dévastation, injuste, cruelle, colossale qu'il constatait dans le reflet. La question tourna en boucle dans sa tête, alors qu'il restait attentif à tout ce que lui disait Cheyenne. Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Pourquoi son propre père le haïssait-il autant ? Zachary avait longtemps pensé que sa maladresse, son émotivité ressemblaient à de vilaines faiblesses. qu'il valait mieux les cacher. Et le jour où il écrivait un discours courageux, ferme sans être autoritaire, mais plutôt convaincu, il se faisait descendre. Par un adversaire, encore, il aurait pu l'accepter et le comprendre. Mais pas par son propre père. Alors qu'il entendait les propos de Cheyenne, il se mit à hocher la tête, doucement, en détournant son regard du miroir et après s'être mouché bruyamment une nouvelle fois, il répondit :

- Oui... oui on va y arriver... je vais... je vais parler de moi... de ce en quoi je crois... je vais me laisser porter... et on verra bien... Il faut que je fasse attention aux donations... à l'argent en général, oui, tu as raison... chemise rose, donc... hum...

Il se racla la gorge car il avait la voix enrouée, brisée. Zachary avait prononcé les mots avec un certain automatisme, comme lorsqu'il se parlait à lui-même pour organiser son emploi du temps. Cette méthode pouvait paraitre déconcertante au début, mais elle faisait partie intégrante du personnage. Il en avait besoin pour se recentrer, pour se focaliser sur l'ensemble des choses qui importaient. Il était loin, très loin d'être insensible à la présence de Cheyenne et à son humanité. Tania jeta un coup d'oeil à Holway et comme elle eut son assentissement, elle entra, avec la maquilleuse dans la loge. Zachary déboutonna sa chemise pour se mettre torse nu. Il se laissa ensuite faire par les deux jeunes femmes, qui gommèrent les sillons de ses larmes d'un habile coup de pinceau et papier absorbant. Le candidat avait fermé les yeux et son visage s'était fermé. Il méditait, il se reconstruisait une bulle, une carapace. Sa respiration se calma doucement, et son visage se détendit. Quand il rouvrit les yeux, il tomba sur lui dans le miroir, à nouveau. Personne, en le voyant, n'aurait pu dire qu'il avait éclaté en sanglots, pas même à ses yeux rougis. Il était rayonnant. Il inspira et récupéra une chemise, en optant pour une rose, comme le lui avait conseillé Cheyenne. D'un geste aussi élégant que soigné, il la boutonna et passa une cravate autour de son cou, de couleur noire. Il réalisa son noeud Windsor comme un véritable professionnel. La coiffeuse lui passa un coup de laque dans les cheveux.

- Bon... quand faut y aller, faut y aller... Je ne vais pas te decevoir. Je te le promets.

Il enlaça Cheyenne comme pour s'imprégner de son aura pour lui porter chance. L'odeur du parfum lui monta aux narines et sans qu'il ne le reconnaisse, il ressentit un profond bien-être. Les deux hommes se séparèrent. Dans la salle, le brouhaha et les chants commençaient à monter. Zachary sortit la bague de fiançailles de sa poche et la passa à son doigt. Un étrange rituel, qu'il justifiait en disant que la bague lui faisait mal au doigt. En réalité, il oubliait souvent de l'enfiler sur son annulaire. Il inpira un grand coup sur le pas de la porte. Dans le couloir, tout le monde attendait, fébrile. Mais quand ils virent le regard battant de Zachary, ils lui adresssèrent de nombreux propos d'encouragements. Il se mit à marcher vers la scène et quand il y monta, une véritable acclamation fit trembler les murs. Il fut lui-même surpris, par l'engouement qui se créait, par l'ambiance plus que chaleureuse et endiablée. Il commença son discours avec dix minutes de retard, pour la simple et bonne raison qu'il ne pouvait en placer une. Après les avoir tous remerciés et salués, il se lança :

- Quand j'étais enfant, mon père me demandait toujours pourquoi je restais des heures à rêvasser en regardant par la fenêtre. Comme beaucoup de ceux qui sont réfractaires au temps qui passe et qui fait évoluer le monde, il estimait que rêver était une perte de temps. Mais je me suis toujours demandé ce que pourrait bien être le monde sans personne pour le rêver. Et j'ai continué, en espérant qu'un jour d'autres se retrouvent dans cette vision. Et ce soir, vous voilà.

Faisant fi des acclamations, Zachary poursuivit son discours. Comme il n'avait plus de feuille de papier, il commença à parcourir la scène, la démarche dynamique, avenante, pour exposer son projet. Il possédait un charisme naturel dont il jouait à cet instant. Il était difficile de croire que quelques minutes plus tôt, il avait été acculé dans sa loge, au point de ne plus vouloir continuer. Derrière, son équipe de campagne regardait, écoutait, scotchée. Zachary avait un discours bien plus intéressant que celui qu'il avait écrit. Il parlait avec son coeur, cela se sentait et trouvait écho dans son public. D'une durée prévue de 45 minutes, le meeting dura en réalité plus d'une heure trente. Comme une rockstar, à mesure qu'il s'exprimait, Ackerley avait des gestes plus détendus, plus assurés. Emporté par son élan, son discours alla crescendo, jusqu'au final qui se ponctua par une standing ovation. Il descendit de la scène, pour serrer des mains, remercier les gens d'être venu. Et au bout de dix minutes, il salua son public pour s'éclipser derrière la scène. Aussitôt fut-il dans l'ombre, la fatigue s'abattit sur lui. Il courba le dos légèrement et déboutonna sa chemise. Dessous, sa peau luisait de sueur. Il reçut des félicitations de son équipe, et se rendit dans sa loge.

Cheyenne et le reste de son équipe étant occupés à commenter le meeting auprès des journalistes, Zachary en profita pour se déshabiller et se mettre sous la douche. L'eau se colora du maquillage qu'elle emportait sur son visage et lui apporta la sensation de se laver complètement, de se purifier. Il se sentait bien, quoique vidé de toute énergie. Après dix bonnes minutes, il coupa l'eau et sortit de la salle de bains pour aller chercher une serviette. C'est à ce moment là que la porte s'ouvrit et que Cheyenne entra. Il avait probablement du frapper avant mais Zachary ne l'avait pas entendu. Holway ne s'attendait certainement pas à un nu frontal. Le candidat masqua sa nudité avec ses deux mains et se hâta de prendre la serviette pour l'enfiler autour de sa taille. Il récupéra des vêtements propres. Il retourna ensuite dans la salle de bain pour se sécher.

- On va dire que tu n'aurais pas du voir ça, et qu'on va oublier cette situation, d'accord ?

Il esquissa un sourire qui s'entendit au son de sa voix. Zachary n'était pas du genre très pudique. Tous les hommes étaient faits pareil. Alors que Cheyenne l'ait vu dans le plus simple appareil, ça n'avait que peu d'importance. Il reprit, alors de l'autre côté de la porte entrouverte :

- J'ai bafouillé à un moment... et puis j'ai répété deux fois la même chose... j'avais perdu le fil de ce que je voulais dire... Je pense que je n'ai pas été trop mal. J'ai débordé sur le temps par contre... ça a du en fatiguer plus d'un, non ? Qu'est-ce que en penses ? C'était si bien que ça ?

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Il se passerait ce qui se passerait mais il fallait absolument que son client tienne ses engagement sous peine de devoir tirer un trait définitif sur sa vie professionnelle.... A notre époque, les médias ne font plus de cadeaux et peuvent enterrer une carrière en un rien de temps..... Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de ces derniers encore plus depuis l'apparition des réseaux sociaux... La meilleure des solutions était donc d'y aller en free-style, sans pression aucune... Le naturel, la spontanéité à condition que ce soit dosé et maitrisé peut porter ses fruits..... Et si Cheyenne avait décidé de jouer cette carte c'est parce qu'il avait confiance en Zachary. Conclusion, il fallait tenter le tout pour le tout.

Tentant de jouer les stylistes du dimanche histoire de changer un peu l'esprit de Zach ! Cheyenne assista à la scène lorsque celui-ci se déshabilla ! Bien évidemment, son regard se déposa discrètement sur le torse de son client ! Y'a pas à dire le candidat aux élections était sacrément bien gaulé, il était musclé mais pas de façon outrancière, il était ''sec'' comme on dit dans le jargon et c'est d'ailleurs ce qu'Holway aimait chez un autre homme n'étant pas du tout attiré par les gros muscles....

- Je n'en doute pas ! Tu es très élégant en tout cas ! Les filles ont fait un travail magnifique... On ne voit pas que tu as pleuré.... Aller bon courage.

Il s'était toutefois retenu de dire que son physique contribuait également à tout ca ! Mais ca n'était pas professionnel de faire un tel compliment d'où le fait qu'il s'abstienne de tous commentaire... D'ailleurs pourquoi est-ce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de mater son ''poulain'' ? Cheyenne avait pourtant de quoi se rassasier à la maison..... Mais c'était plus fort que lui..... Zachary était mignon mais ce n'était pas tout..... Peut-être que les nombreuses disputes avec Devon influençait son jugement.... Sa vie de couple étant suffisamment compliquée depuis plusieurs mois Holway ressentait parfois du désir pour d'autres hommes, des hommes avec qui ce serait dans doute moins compliqué..... Ce n'est pas pour rien qu'il s'était rendu à cette soirée ''black-out'' quelques jours plus tôt.... Bref, il fallait qu'il se concentre ! Et l'étreinte qu'ils venaient d'échanger n'aidait pas vraiment à oublier certaines pensées salaces ! Son couple battait vraiment de l'aile, il en avait encore la preuve aujourd'hui. Il se surprenait même à sentir sa virilité prendre un peu d'ampleur...

En coulisse, Cheyenne ne loupait pas une miette de ce qui se passait su scènes, les applaudissements à l'entrée lui firent même accélérer les battements de son cœur. Même si ce n'est pas lui qui se présentait aux élections il avait donné beaucoup de son temps alors ça le touchait de voir son client confronté face à tous ce qu'ils avaient préparé depuis plusieurs semaines.

Ackerley s'en sortait comme un chef ! Il y aurait sans doute quelques petites tournures de phrases à corriger, des mots à éviter mais en soit c'état presque parfait ! Il n'y avait qu'avoir la durée totale du meeting et les nombreux applaudissements engendrés par le discours ! Zachary pouvait être fière de lui !

Une fois l'allocution terminée, Cheyenne et son staff se chargèrent de répondre aux dernières questions des journalistes, Mindy, l'experte en réseaux sociaux se chargea de prendre le relais tandis qu'Holway se dirigea déjà vers la loge de son client pour le féliciter..... Mais ne s'attendait pas à tomber sur ce dernier dans le plus simple appareil..... Le destin semblait vraiment vouloir jouer avec ses nerfs aujourd'hui...

- Pardon, je n'ai pas prit la peine de m'annoncer.... Je suis désolé...

C'était gênant ! D'autant plus que la vision de ce corps nu n'avait pas du tout été désagréable, bien au contraire.... voilà même que son entre-jambe le chatouillait à nouveau.... Clairement, il se le serait bien fait là à quatre pattes au milieu de la loge et dans la douche pour les préliminaires.

- Oui vous avez raison, je n'ai rien vu... C'est oublié... Hmm. dit-il en se raclant la gorge

- Non les retours de la presse sont plutôt très bons ! Vous trouverez toujours des détracteurs mais faites-moi confiance tout était quasiment parfait ! J'ai retrouvé ce coté pugnace qui vous manquait.... Vous avez fait preuve d'assurance alors on s'en moque un peu des bafouillements. Votre naturel est votre meilleur arme... Et c'est stupide à dire mais votre physique aussi. Servez-vous en....

Ca ne lui arrivait que très rarement mais il était ému ça s'entendait au son de sa voix.

- N'oublions pas que je suis un expert en matière d'homme... Je n'aurai peut être pas du dire ça...

Lui aussi relâchait la pressions, il ne fallait pas lui en vouloir. Légèrement mal à l'aise par tout ce qui se passait depuis aujourd'hui, il ressentit le besoin d'enlever sa cravate et de déboutonner les premiers boutons de sa chemise ! Il avait chaud et ceci dans divers sens du terme.

- Votre femme va être fière de vous, elle doit vous attendre à la maison je suppose...

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Zachary écoutait attentivement ce que disait Cheyenne au sujet des retours de la presse. Il ne cherchait pas à être aimé à tout prix mais à convaincre et avec les médias, la popularité était souvent à double tranchant. Il n'en fallait pas beaucoup pour que tous se retournent contre lui, un pet de travers et paf... Aussi, bien que l'avis du public soit extrêmement important et valorisant, il se souciait aussi de celui des journalistes. Ca lui permettait de savoir dans le sens soufflait le vent. Et à en croire son directeur de communication, sa prestation avait plu. Un soulagement certain quand on savait comment tout avait commencé... D'ailleurs, maintenant qu'il avait pris sa douche, Zachary commençait à se sentir lessivé. Tout retombait. Les larmes l'avaient galvanisé, la clameur le fit entrer en état de transe, comme s'il quittait cette réalité pour aller dans une autre. Son corps, tant que son esprit se manifestaient à présent pour lui signifier que la batterie était à plat. Quand il entendit la remarque sur son physique, il se éclata de rire. C'était nerveux. Il ressortit de la salle de bains, équipé cette fois d'un pantalon. Il fit jouer ses muscles, bien dessinés et plaisanta :

- La prochaine fois je viendrais sur scène comme ça ! Je roulerais des mécaniques alors ! Hahaha !

Il enfila un polo parfaitement ajusté à sa taille et mit un peu d'ordre dans ses cheveux tout en continuant, plus sérieux :

- Cela dit, ce n'est pas la première fois qu'on me dit que j'ai un physique charmeur et que je devrais m'en servir. Ma mère me l'a souvent dit elle-même pour que je ramène des filles à la maison ! Mais je ne sais pas trop comment faire, c'est idiot à dire et j'ai l'impression d'être un peu imbu de mi-même en affirmant ça. Pourtant, je ne le fais pas exprès, je suis... moi-même. Je ne force rien.

Il prit ses baskets et s'assit sur une chaise, pour enfiler ses chaussettes et ses chaussures. Et comme Cheyenne parlait de sa femme, il parut légèrement moins à l'aise. Il répondit :

- Oui, elle va être super fière même ! Mais elle n'est pas à la maison, elle a du s'absenter pour des motifs personnels. Donc la seule chose qui m'attend à la maison, c'est le lit !

Sortie du contexte, cette dernière phrase pouvait signifier tout autre chose. Zachary était trop fatigué pour le relever. Il se releva et s'approcha de Cheyenne pour le serrer contre lui. Il se sentait bien, blotti dans ses bras.

- J'aime bien quand tu me tutoies... Merci pour ton soutien... ça m'a fait du bien... Sans toi, j'aurais probablement pas pu aller sur la scène pour faire mon speech...

Il frotta doucement sa main sur son dos et se détacha.

- Et si on allait se manger un bon truc bien gras pour se changer les idées ? On l'a bien mérité ! Qu'en dis-tu ? Enfin... tu as peut-être ta famille à rejoindre aussi... je te fais déjà suffisamment trimer !

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