a child is born (craig)

Enfermé dans son atelier, Craig a retrouvé ses anciens démons. Ceux qui le dévorent à chaque fois qu’il passe cette porte et qu’il prend un pinceau en mains. Ceux qui lui rappellent qu’il est dingue. Dingue d’aimer une personne à ce point, dingue d’y penser jour et nuit, dingue de vouloir la retranscrire sur ses tableaux. C’est sa folie qui guide son poignet quand il a son arme en main, quand il s’efforce de réanimer sa belle à travers ses couleurs. Elle lui en fait voir de toutes les couleurs, et pour une fois, ce n’est pas l’expression qui parle. Du rouge, du noir, du vert, du rose, du violet. Tout y passe et tous les éléments ont une place bien précise, rien n’est de trop, tout coïncide. Ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas retrouvé ici, tout seul, à laisser ses sentiments s’exprimer sur papier. D’abord au brouillon et puis au propre, sur un tableau qu’il finira par exposer dans une belle et grande salle de Wellington. Il n’a rien de prévu aujourd’hui, personne à aller voir, ni aucune activité à faire. Il a prévu de passer la journée dans cette pièce, celle qu’il préfère, et de rattraper tout le temps qu’il a « perdu » à traîner dehors, dans les bars, dans les rues. Il n’a plus besoin de s’inspirer ailleurs, il a trouvé sa muse, passer cinq secondes avec elle lui suffit pour être inspiré durant des semaines. Il n’y a qu’elle dans sa tête, qu’elle pour l’animer comme elle le fait. Et qu’elle pour débarquer à l’improviste.

Il est loin d’avoir terminé sa toile, on pourrait même dire qu’il vient de la commencer. Pourtant il est enfermé depuis des heures, son t-shirt et ses avants-bras sont témoins de ses efforts. Il est tâché de peinture et elle n’est plus fraîche, elle a eu le temps de sécher. Une bonne douche suffira pour sauver ses tatouages et les rendre à nouveau visibles. Il avait prévu de le faire ce soir, après avoir quitté son atelier. C’était sans compter ces quelques coups à la porte, cette personne qui vient le déranger alors qu’il travaille. Il aimerait laisser la personne patienter encore de longues minutes mais il sait que les coups se répéteront. Les gens sont têtus ici, un peu trop à son goût. Il quitte son atelier en soupirant, attrapant un torchon à la cuisine pour s’essuyer les mains au mieux, l’idée de tâcher sa maison ne l’enchante pas. Après il faudra nettoyer et pour le bordélique qu’il est, ce ne serait pas une bonne nouvelle. Le brun ouvre finalement la porte, les sourcils froncés. Son visage s’adoucit quand il voit Nahla, avant de laisser place à de l’incompréhension quand il voit le bébé. Il la laisse entrer, fermant la porte derrière elle. ▬ Tu m’as fait un enfant dans le dos ? Il sourit en la regardant alors qu’il se dirige vers la poussette, il va obéir à ses ordres, même si ça ne l’enchante pas. Le bébé est bien trop petit pour que ce soit le sien, l’accouchement de ce dernier est récent. Et il est avec elle depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’elle n’était pas enceinte, le mois dernier. ▬ Il est à qui ? Autant le lui demander, peut-être une amie à elle. Ça l’étonne de la voir avec un enfant, il l’imaginait en train de travailler, pas en train de pouponner. Le tatoué lui ramène finalement une couche et des lingettes, alors qu’il grimace en la voyant faire. ▬ Comment un si p’tit truc peut te pondre des merdes comme ça ? Il se recule en se bouchant le nez, pour ce qui est de changer cette couche, il a fait sa part du travail, il la laisse se débrouiller.

Personne dans son entourage a un enfant. Et même si c’était le cas, tout le monde sait que Craig est la dernière personne à qui on peut confier un bébé. Il n’est pas assez patient pour s’en occuper, trop bordélique pour ne pas le mettre en danger et surtout, trop colérique pour garder son calme face à des bêtises. Il se dit que s’il a un enfant un jour, il devra apprendre à se gérer lui-même. Mais on aime sûrement beaucoup plus son propre enfant que celui d’un autre, alors peut-être qu’il n’aura pas à faire d’efforts, que ce sera naturel. Il n’a jamais abordé ce sujet avec Nahla, il ne sait pas si elle souhaite ou non avoir des enfants. En même temps, ils ne sont pas en couple depuis très longtemps, ils ont encore le temps d’y penser, comme pour le mariage. Il fronce les sourcils à sa réponse. ▬ J’comprends pas les parents qui font des gosses pour les refiler toutes les cinq minutes. Une chose est sûre, s’il a un enfant, il le gardera lui-même. Il fait un travail qui lui permet de rester à la maison, c’est clair qu’il ne donnera pas tout son temps à son gamin, mais hors de question que quelqu’un d’autre le prenne chez lui, même pour quelques heures. Les rendez-vous où les enfants sont moins tolérés existent, c’est vrai, mais lui il s’en fout. Il sait que même quand il ira dans de grandes galeries, il emmènera son petit avec lui, peu importe que ça fasse moins sérieux. C’est une chose qu’il n’aimait pas quand il était enfant, être gardé par d’autres personnes. Il préférait être avec sa mère ou son père, plutôt qu’avec des amis ou babysitters. ▬ Ben non, c’bien connu que je sens la rose, même quand je pète. Il hausse ses épaules en regardant Nahla, il parle d’un ton très sérieux. Comme s’il affirmait une vérité inavouée, bien que ce soit une grosse bêtise. Il se rapproche finalement de la table quand la couche souillée est un peu plus loin de ses yeux, qu’il ne peut plus voir le carnage et surtout, que l’odeur s’atténue. Le brun se penche sur le bébé, posant une main sur son ventre pour qu’elle ne bouge pas, bien qu’elle est encore loin de pouvoir se retourner toute seule, loin de pouvoir faire des mouvements brusques qui la feraient tomber. ▬ Elle est vraiment minuscule. Il a presque peur de la casser, sous sa main tatouée. Finalement Nahla revient et la reprend, il se recule d’un pas pour lui laisser la place, pour la regarder. ▬ Ça m’fait bizarre. De la voir comme ça, avec un enfant dans les bras. Comme s’ils en étaient déjà à cette étape. ▬ Tu dois la garder combien de temps ? Il ne va pas la chasser de chez lui, maintenant qu’elle est là, ils peuvent la garder ensemble. Surtout qu’il commence à faire froid dehors, mieux vaut rester dans un appartement où il fait bon.  

Il fronce les sourcils à ses mots, pas vraiment ravi par cette nouvelle. Heureusement pour lui, elle ne tarde pas à revenir sur ce qu’elle vient de lui annoncer pour lui dire que ce n’est qu’une blague. Il soupire légèrement en la regardant, un sourire s’installant petit à petit sur ses lèvres. Elle peut très bien lui annoncer une nouvelle comme celle-ci du jour au lendemain, sans qu’il s’y attende. Il devrait travailler ses réactions et réfléchir sérieusement à la question, qui sait, peut-être qu’elle finira par lui dire qu’ils deviendront parents dans neuf mois. Il est loin d’être prêt à assumer une responsabilité comme celle-ci, ils sont jeunes, ils ont le temps. Il a déjà eu du mal à accepter l’idée d’un chien, alors qu’il n’habite même pas avec elle. Alors un bébé ? Non merci. ▬ Tu ferais une bonne mère. Il dit ça, parce qu’il voit sa manière de se comporter avec le bébé. Sa façon de le tenir, de faire attention à sa tête, de le prendre dans ses bras rapidement pour ne pas le laisser seul trop longtemps. Bref, elle est attentionnée, tout ce qu’il n’est pas. Lui, il est convaincu qu’il ferait un mauvais père. ▬ De te voir avec un bébé. Il répond, son regard rivé sur Nahla et Romy. Son sourire ne quitte plus ses lèvres, pas parce qu’il imagine un bébé qui pourrait être le sien, mais juste parce qu’elle est là. Même si cette visite est imprévue, il est heureux de la voir, comme toujours. ▬ J’veux savoir quand est-ce que je vais t’avoir que pour moi. Une chose qu’il risque de ne pas apprécier, s’ils ont un enfant, c’est de perdre beaucoup de moments d’intimité. De devoir faire une pause dans leur couple pour s’occuper du bébé, pour prendre soin de lui. Il est largement capable d’être jaloux d’un nouveau-né. ▬ J’ai peur de la casser. Il a l’impression d’être un géant à côté d’elle, qui ne mesure que quelques centimètres. Le brun s’approche du canapé pour s’y asseoir à son tour, posant ses yeux sur le bébé. ▬ C’est la première fois depuis très longtemps que j’prends un bébé. L’occasion ne s’est pas souvent présentée à lui, il a l’habitude de fréquenter des personnes aussi paumées que lui. Les seuls gars qu’il a connu ayant des enfants, ce sont ceux qui ne l’avaient pas prévu, après un coup d’un soir. Décidément, il a loin du profil idéal d’un père de famille.

Sa réaction le fait sourire. Il se rend compte que finalement, ils ne se connaissent pas sur le bout des doigts. Il y a encore des non-dits, ils doivent encore discuter de pas mal de choses avant de pouvoir se comprendre en un simple regard. Les enfants, le mariage, l’habitation pour plus tard. Tous ces sujets devront y passer un jour ou l’autre, peut-être pas aujourd’hui, mais ça ne saurait tarder. Actuellement, la meilleure chose à faire est de changer de sujet, de se concentrer sur le bébé. Sur ce petit être qui ne veut de mal à personne, qui commence à peine sa vie, qui va apprendre de nouvelles choses chaque jour. ▬ Et c’est quand que tu prends ton mec dans tes bras ? Un coup le bébé, un coup le chiot. Il fait semblant de bouder quelques secondes avant de s’approcher un peu plus des deux. Il a envie de la prendre, mais il ne sait pas s’il va réussir à garder son calme. Ça pourrait presque le faire trembler, l’idée de lui faire du mal. Il n’est pas une brute, il sait se contrôler, mais cette sensation d’être nocif pour elle ne lui plaît pas, ça l’obséderait presque s’il n’y avait pas Nahla à côté de lui. ▬ Nan, juste parce que t’es plus calme que moi. Elle a un métier bien plus risqué que le sien et elle lui a déjà envoyé un cahier dessus mais, des deux, le plus violent, c’est lui. Il lui a déjà prouvé, même s’il n’a jamais levé la main sur elle. Il sourit à son baiser, hochant doucement sa tête. ▬ Ouais, je comptais râler en ouvrant la porte. Mais vu que c’est toi, j’suis content. Ça lui fait toujours plaisir de la voir, c’est loin d’être rare mais ce n’est pas non plus récurrent, pas comme s’ils vivaient ensemble. Elle lui manque à chaque fois qu’ils se quittent, c’est bête à dire, mais il en est totalement accro. Finalement, il tend ses bras vers la rouquine. ▬ Tu me la donnes ? S’il ne tente pas, il ne saura jamais s’il en est capable ou non. C’est le moment de la prendre et de voir s’il sait gérer un bébé. Il ne le fera certainement pas aussi bien qu’elle, mais ça s’apprend.  

Il est jaloux. Il lui a déjà prouvé par le passé. Et pourtant, ils sont ensemble depuis très peu de temps. Suffisamment pour dégénérer et s’en prendre au monde entier. Il pourrait agresser quelqu’un pour un regard trop insistant ou pour une respiration en sa direction. Redevenir un dingue, celui qui l’effraie, celui qu’elle ne veut pas aimer. Il n’aime pas cette idée mais il se sait capable de tout et de n’importe quoi, pour détruire la concurrence et garder sa rouquine à ses côtés. ▬ Un peu. Il admet, haussant ses épaules. Il ne deviendra pas fou pour un chiot ou pour un bébé, mais c’est vrai qu’il préférerait que le chien se calme et que le bébé retourne vite dans les bras de sa mère, pour avoir sa copine à lui tout seul. En attendant, quoi de mieux que de s’occuper de ce bébé, de lui donner toute l’attention qu’il mérite ? Il lui demande de la lui donner, c’est quelque chose qu’il ne fera qu’une fois. Déjà parce que ce bébé n’est pas le sien et n’est pas celui d’un ami à lui, et surtout parce qu’il n’est pas ce genre d’homme. Il préfère rester dans son coin, entouré de personne. Ni adultes, ni enfants, ni bébés. Juste lui et lui seul. Alors s’il peut laisser les autres faire, c’est-à-dire Nahla, il ne s’en privera pas. Après tout, cet enfant n’est pas le sien. Il le prend dans ses bras, faisant bien attention à sa tête. Il a déjà entendu dire que tout n’était pas encore correctement formé là-dedans et que celles des nouveaux-nés sont encore très fragiles. La tête maintenue et son petit corps posé dans son bras, le brun regarde longuement le bébé avant de s’intéresser à sa petite amie. ▬ Tu veux une clé ? Elle ne parlait peut-être pas sérieusement mais lui, il l’est. C’est vrai qu’elle débarque toujours sans prévenir, autant qu’elle le fasse comme si elle était chez elle. ▬ J’suis souvent à la maison mais ça me gênerait pas de savoir que j’peux te retrouver ici en rentrant. Ou inversement, il pourrait également aller chez elle et l’attendre, quand elle reste tardivement au poste. Ils pourraient aussi décider de prendre les affaires d’un appartement pour les mettre dans un autre et vivre ensemble, mais il n’a pas envie de faire le premier pas à ce sujet. Ils n’en sont certainement pas encore là. Il baisse de nouveau ses yeux vers Romy qui était déjà bien endormie grâce aux bercements de tout à l’heure. ▬ On s’y croirait presque. Tous les deux sur le canapé, avec un enfant, c’est vrai qu’ils ressemblent à deux jeunes parents. Il sourit à sa petite amie avant de laisser son dos s’écraser dans le canapé, faisant attention à ne pas trop brusquer la petite, histoire qu’elle ne se réveille pas.

Les yeux rivés sur le bébé, il se concentre quand même sur ce que Nahla lui dit. Elle lui parle d’une clé, il lu en propose une et elle lui repose la question, comme si elle n’était pas sûre de ce qu’il venait de dire. Dans un sens, ça ne le dérange pas de lui donner l’accès total à sa maison. Il sait qu’ils sont totalement opposés, qu’ils ont un style de vie qui ne collent pas. Elle représente l’autorité, la droiture, les forces de l’ordre. Alors que lui, c’est le petit con qui fout le bordel partout, qui pète des câbles, qui se retrouve avec les poignet menottés à chaque fois qu’il s’énerve. Il aurait des raisons de ne pas lui faire confiance, il pourrait imaginer qu’elle veuille fouiller son appartement pour le foutre derrière les barreaux. Bon, il n’a pas énormément de choses illégales chez lui, mais sait-on jamais. Et inversement, elle pourrait ne pas vouloir de lui chez elle, il pourrait fouiller ses placards à la recherche de dossiers, pour aider des amis à lui, de « mauvaises » fréquentations. C’est vrai qu’il y aurait matière à y réfléchir, mais Craig est impulsif, quand il veut quelque chose, il n’attend pas avant de le demander. C’est à cause de ça qu’il s’est marié trop rapidement à une femme qu’il n’aimait pas vraiment, d’ailleurs. ▬ Que tu aies une clé ou non, tu passes toujours quand j’m’y attends pas, autant que tu puisses le faire quand j’suis pas là. Et comme j’t’ai dit, ça me ferait plaisir de te retrouver ici en rentrant. L’idée de retrouver la femme qu’il aime quand il revient à la maison, ça lui plaît. Et même si ce n’est que de temps en temps, puisqu’ils ne vivent pas ensemble, ça lui va. Alors il ne s’oppose pas à l’idée de lui donner une clé, au contraire, il pourrait même la presser pour qu’elle accepte cette proposition qui, à la base, n’était pourtant qu’une simple blague.

Il regarde Nahla préparer le biberon, fronçant les sourcils, il se concentre pour suivre toutes les étapes de cette préparation. Dans le fond, ça paraît simple, ça paraît ne pas être grand-chose. Mais bon, ça l’intéresse, ces histoires autour du bébé. ▬ J’te laisse lui donner par contre, j’veux pas l’étouffer. Bon, il ne risque pas de lui enfoncer la tétine au fond de la gorge, mais il a peur des régurgitations et de ces choses-là, il ne sait pas trop comment réagir face à ça. ▬ J’étais en train de te peindre toi. Cette fois-ci, elle ne posait pas pour lui, mais il l’a suffisamment regardé pour avoir chaque détails de son corps et de son visage en tête. Il lui montrera la toile une fois terminée, comme une surprise, comme la première fois qu’il a posé sa peinture sur une toile pour la présenter, le jour de leur première rencontre. Le brun se lève avec le bébé dans les bras, faisant bien attention à sa tête. Il marche vers sa petite amie, berçant légèrement la petite. Il n’a pas encore le geste parfait, mais il n’est pas brusque, c’est déjà un bon début. ▬ T’sais que t’es toujours dans ma tête, tout le temps ? Il s’adresse à Nahla, une fois positionné devant elle.

Personne d’autre ne vient dans son appartement, si ce n’est des livreurs de sushis ou de pizzas. Il n’invite pas d’autres femmes à son domicile et ne rejoint pas ceux d’autres demoiselles. Il ne reçoit plus de modèles depuis qu’ils se connaissent, presque depuis qu’il est arrivé en ville, en fait. Vraiment, il n’y a personne d’autre que Nahla dans sa vie, il tient à cette fidélité qui le caractérise si bien. Il a beau aimer les femmes et le célibat, une fois en couple, il se respecte et respecte sa partenaire. ▬ T’sais, à part me retrouver en train de me balader tout nu, tu trouveras pas grand-chose.. Des personnes le font vraiment chez elles, lui, il garde quand même quelques vêtements sur lui. Il lui arrive de traîner torse nu, c’est vrai, mais pour le reste ce n’est qu’une invention, une petite plaisanterie. ▬ On reparlera de cette clé plus tard, mais l’idée me plaît. Et quand il dit « reparler », ça veut dire qu’il lui va lui en donner une. C’est presque sûr dans sa tête, il ne lui reste plus qu’à aller en faire un double chez un serrurier. En attendant, le bébé redevient le sujet principal du jeune couple. Craig et ses multiples peurs autour d’un nouveau-né, on pourrait presque en faire un livre. ▬ Trop de lait, la tétine enfoncée trop profondément, le lait trop chaud.. j’sais pas, je peux te la tuer de cent cinquante manières différentes rien qu’avec un biberon, j’te jure. À ce niveau-là, il ne se fait pas confiance et il est peu probable que ça arrive un jour. Heureusement qu’on ne lui confie pas des bébés très souvent. Il a la particularité d’être énormément tatoué : ça aide, on ne veut pas confier son enfant à n’importe qui et les tatouages, généralement, ça repousse. Pourtant ce n’est que de l’encre déposée sur de la peau, mais bon, certaines personnes n’ont pas des mentalités suffisamment ouvertes. ▬ Mmmh, j’sais pas si tu mérites. Dit-il après lui avoir donné le bébé, il préfère montrer son travail qu’une fois achevé, mais il peut bien lui montrer les croquis qu’il a fait sur une feuille auparavant. Un jour, peut-être qu’il acceptera de lui montrer ce qu’il considère être un « brouillon ». Déjà, il fait des efforts, il a rangé son « non » catégorique. ▬ J’aime qu’tu sois dans ma tête et dans mon cœur, qu’tu sois absolument partout. Au moins comme ça, il y a peu de chances que tu me manques quand t’es pas là. Il lui sourit avant de la laisser quelques temps, histoire d’aller dans son atelier pour prendre le début de son travail. Ce n’est pas sa toile, mais c’est l’idée qu’il a de celle-ci une fois terminée. Ce ne sont pas des formes difficiles à comprendre ou des couleurs éparpillées dans tous les sens, c’est simplement Nahla, telle qu’il la voit. Un portrait de sa muse, rien de plus, rien de moins. ▬ J’ai fait ça. Bon, sur la toile ça rendra meilleur, la prochaine fois que tu viens j’te montre, ce sera terminé et sec. Il regarde Nahla avant de se pencher vers la petite dans sa poussette, c’est déjà l’heure du départ. Finalement, le temps passe plutôt vite avec un bébé. Il se doute que ça dépend du caractère de chacun, mais avec cette petite, il ne s’est pas énervé, ni ennuyé. Heureusement d’ailleurs, il n’aurait pas aimé être en colère contre un être aussi petit et innocent. Le brun se rapproche de Nahla pour lui voler un doux baiser, profitant de cet échange, car il sait qu’elle va devoir s’en aller, maintenant. ▬ Bon allez, file avant que j’te séquestre. Il relâche l’étreinte, allant lui ouvrir la porte pour qu’elle puisse passer avec la poussette. Même s’il était censé travailler cette après-midi, il ne va pas se plaindre, il a passé un bon moment avec sa petite-amie et ce bébé.

fin