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contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
mai 2024
6° - 16° // un peu de soleil pour faire plaisir !
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.


elles étaient meilleures amies, mais le temps les a éloignées..
qu'est-ce qu'il en sera quand elles se recroiseront ?

elles ont partagé une relation amoureuse il y a quelques années
et aujourd'hui elles sont toujours en contact et sont mêmes devenues confidentes
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 you need to let this love go (isaac)

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MessageSujet: you need to let this love go (isaac) (#)   you need to let this love go (isaac) EmptyLun 3 Sep - 23:38



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isaac & ellie

and she will always hate me. no matter what i say
and there is no mistaking. the love is gone. she will
always hate me, she said, you lost me baby.
(@james blunt)
Certains disent que c'est douloureux d'attendre quelqu'un. Certains disent que c'est douloureux d'oublier quelqu'un. Mais moi je trouve que la pire douleur c'est quand on ne sait pas s'il faut attendre ou oublier. Le regard livide et les mains le long de son corps, elle était là, stoïque face à cette entrée qu'elle ne pensait jamais franchir un jour. Le bâtiment lui fichait la chaire de poule et toute son échine tremblait rien qu'à lire le nom marqué sur la grande porte en béton. Le temps de la sérénité et de la légèreté était révolue. Il n'y avait plus rien de bon, ni de mauvais dans le fond. Y avait que de la merde, qui lui pourrissait les chaussures. Elle s'enlisait dans ce sable mouvant, incapable de s'en sortir et de voir le bout du tunnel. L'issue était loin et longue et la lumière se voyait à peine. Les ténèbres parsemaient sa vie, même si parfois, y avait un bout de bon là dedans. Comme le yin et le yang. Pourquoi elle était encore là ? Pourquoi s'infliger autant de souffrance pour s'y peu ? Ellie n'avait qu'à passer son chemin et avancer. Elle n'avait qu'à se contenter d'oublier cette partie de sa vie. Si facile à dire. Impossible de le faire dans le fond. Parce qu'ils étaient trop liés. Depuis des années. Depuis des siècles. Toute une vie, sans le moindre doute. Y avait encore un tas de choses à régler. Et elle portait encore son nom. Un tas d'emmerdes.

On lui fit signe d'attendre là, dans cette grande salle dénuée de couleur et d'odeur. C'était froid. Vide de sens. Le manteau sur les épaules et les cheveux coiffés, elle prit place sur la chaise, accoudant ses bras à la table qui avait vécu mille vies. Le stress montait peu à peu. Elle avait sans doute le visage blanc et les traits tirés. La fatigue comme amie. Deux minutes, puis trois, pour finir à dix. Le temps était long. Des secondes interminables à attendre qu'il vienne. A attendre qu'on lui amène comme un vulgaire chien en laisse. Durant un instant, Ellie aurait voulu s'enfuir et partir. Prendre ses jambes à son cou pour ne plus jamais revenir. Pour elle, leur dernière entrevue avait mit un terme presque définitif à leur histoire. Il n'y avait plus rien dire, ni même à espérer. Mais comme tout le reste, la jeune femme s'était trompée. Encore mariée à Isaac, elle était considérée comme lui. Une Shelby. Elle en avait prit plein la tronche depuis qu'il était en taule, prisonnier des barreaux qu'il avait lui même forgé avec le temps. Le vent avait commencé à souffler avec Solal. Une grand bourrasque lui avait décoiffé les cheveux. De toute façon, pouvait-elle leur en vouloir. Ils étaient tous pareils. Ils lui avaient tous menti, les yeux dans les yeux, sans aucun remord. Y en avait pas non. Monroe l'avait dit elle même. Les personnes qu'elle pensait aimer et qui l'aimaient en retour, l'avaient trahi, de la pire des manières. Et elle, elle avait finalement fini par faire pareil. Aujourd'hui, à court de fric et de solutions, Ellie avait prit la décision d'aller le voir. Pas pour lui faire la charité, loin de là, elle était beaucoup trop fière. Mais il avait encore des droits.

Le bruit de la porte s'ouvrant derrière elle la fit sursauter, mais elle ne se retourna pas. Non pas encore. Elle n'était pas prête à l'affronter une nouvelle fois. A avoir son regard sur elle et constater tout le dégoût qu'elle lui inspirait. Le pas lourd dans son dos lui coupa la respiration et automatiquement, Ellie baissa le regard sur ses doigts entrelacés lorsqu'il se posa face à elle, sur la chaise bancale. Un long silence s’immisça entre les deux anciens amants. Silence des plus pesant et à la fois reposant. Comment se comporter ? Y avait t'il des phrases toutes faites pour ce genre de situation ? La brune osa enfin lever le visage vers Isaac et ancrait ses yeux dans les siens. Douloureux. C'était affreusement douloureux. Comme voir un souvenir éteint depuis trop longtemps, mais qu'on a tant espéré rencontrer une nouvelle fois, un jour. Elle se pinça la lèvre inférieure et avala difficilement sa salive, essayant de reprendre contenance et un peu de courage en même temps. Salut. Banal. Insuffisant et à la fois, de trop, non ? Elle hésitait, se tournait sur sa chaise, sans savoir quelle position adoptée. Elle balbutiait, ne trouvait pas ses mots. Ses mains finirent par quitter la table et se réfugièrent dans son sac à main posé sur le sol. La brune attrapa un dossier avec quelques papiers et le déposa face à son mari. Une nouvelle scène se jouait. Une scène qu'ils avaient déjà vécu avant, mais qui était pourtant bien différente. J'suis venue parce que j'ai un truc à te faire signer. Elle n'était pas là pour lui faire les yeux doux et se faire pardonner. D'ailleurs, s'il n'y avait pas eu le problème avec cette fichue maison dans laquelle elle n'avait pas remis les pieds depuis le drame, Ellie ne serait jamais lui rendre visite en prison. J'ai besoin qu'on vende la maison et l'agence a déjà trouvé un acheteur. Bon, c'est pas le prix auquel on l'a acheté à l'époque, mais j'pense pas qu'on puisse en espérer mieux. Et de toute façon, on ne peut pas la garder. Ils ne pouvaient pas pour une tonne de raisons. La première étant qu'il était impensable pour Ellie d'y remettre un pied, trop de souvenirs. Trop d'mal. Et la seconde étant qu'elle n'y arrivait plus financièrement. Tout lui tomber dessus et pour preuve du contraire, la jeune femme n'avait plus de boulot et était enceinte, pour compléter le tableau. D'ailleurs, elle avait prit soin de cacher son corps derrière ce lourd manteau, comme si c'était un lourd secret. Seules ses joues légèrement gonflées étaient la preuve qu'un polichinelle se cachait dans le tiroir.
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MessageSujet: Re: you need to let this love go (isaac) (#)   you need to let this love go (isaac) EmptyMer 5 Sep - 20:50


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staring at the bottom of your glass, hoping one day you'll make a dream last but dreams come slow and they go so fast. you see her when you close your eyes, maybe one day you'll understand why everything you touch surely dies.

Quatre murs pour une seule bête. Sortir ne l'intéresse pas, ce n'est qu'une cage un peu plus grande mais son casino, sa meute sont encore trop loins. Une clope sous l'arrogance du ciel et la ronde se termine. Détenu discret, il est de ceux qui savent que rien ne se passe ici, que tout se joue dehors, qu'il est inutile de gravir des murs pour s'enfuir. L'odeur chaude des billets suffit. Et de la patience. Ne pas se prétendre prince derrière les barreaux lorsqu'on se sait roi en dehors. Shelby patiente, sagement, entre le matelas d'au-dessus et celui du d'ssous. Seul, toujours. Pas de visites pour le juif. Sauf une. Le serpent. Elle a rampé jusqu'à ses pied. Elle a étalé sa merde et son venin dans les couloirs étroits de la cabane. Tout ça pour lui servir une vengeance sur un plateau de bronze. Une proie de plus qui ignore sa condition de chaire à canon. Il suffira d'un coup de crocs, dehors. Il suffira de faire craquer ses phalanges sur sa mâchoire bien arrangée pour lui arracher son sourire carnassier. De la patience, toujours, et le loup tuera encore.

Le choc des grilles, le grincement de la porte. Seth est déjà debout. Le bleu entre et lui tend les fers comme une putain de fatalité. Ils se toisent, le juif ne bronche pas et c'est le maton qui finit par briser le silence, ta femme, Shelby. On a pas envie qu'tu la tue. Le gamin croit opportun de rire. Bonne blague. Ses épaules sont secouées d'une hilarante médiocrité. Et puisque l'australien reste stoïque, imperméable, l'autre s'approche et lui entrave les poignets. Triste habitude. La grille grince encore une fois puis les couloirs se succèdent. Le gamin fait la causette, seul, et Shelby fixe chaque angles de ce foutu labyrinthe, aphone. Est-ce qu'il s'attendait à ce qu'elle y soit ? Probablement pas. Il n'y croyait pas. Ne voulait pas. Encore un louveteau qui s'est égaré trop loin de la tanière. Les visites ont commencé depuis longtemps, la fin doit être proche. L'entrevue est minutée : calculé, sûrement. La taule s'anime, les détenus sortent de leur trou. Tout le monde se connaît. Un deuxième bleu les attend, au fond du dernier couloir. Il salue son congénère et ouvre l'ultime porte. La salle est encore largement occupée. Des couples, des familles. Et Ellie. Un long soupir, on t'surveille, fais pas l'con. Ca aurait pu lui traverser l'esprit, une fois ou deux. Une vie facile à prendre, un combat inégal : la vengeance aurait un goût de trop peu. Mais tiraillé entre l'aimer et la haïr, y songer était éphémère. La clef qui délie les fers, Isaac reboutonne jusqu'au cou le haut de sa blouse orange, la même que les autres services trois pièces qui pourrissent ici. Un pas après l'autre, il s'approche de celle qui lui tourne le dos. Il se frotte les poignets, sa peau est glaciale. Elle baisse les yeux comme une gamine s'apprêtant à recevoir la calotte de sa vie. La chaise ruse contre le sol et il s'asseoir lourdement, toujours. Dans un nouveau boucan strident, il se rapproche de la table, y visse ses coudes et fixe le visage honteux qui se relève face à lui. Elle ose le saluer. Il ne répond rien, se contente de poignarder ses iris avec les siennes. Sa respiration est calme, il bouillonne pourtant. Il l'aime à la haïr, la gueule de sainte nitouche qui s'agite sur son p'tit cul. Ellie ose à peine soutenir le regard de son époux. Il en joue, ne détourne ses yeux sous aucun prétexte et installe une atmosphère pesante en restant silencieux. Qu'avait-il à dire de toute façon ? Les mains tremblantes de la brune fouillent dans son sac, on entend le désordre qui y règne, semblable à celui de leurs vies. Il ne cesse de la jauger lorsqu'elle lui déballe le dossier de vente. Incapable de regarder ailleurs, un torrent de dégoût dégueule de ses paupières. Ca s'voit. Ca s'sent. Il aurait préféré qu'elle appuie sur la détente, l'autre soir. Moins douloureux.

Elle lui tend un crayon et il s'en saisit immédiatement. Elle semble étonnée, manque de le lâcher. Le juif griffe les deux feuilles qu'elle avait étalées devant lui, sur le bois gravé de la table. Ici, dans le vacarme des vies en suspens, beaucoup de spectacles s'étaient joués. Ils n'étaient qu'un de plus parmi les drames de ces murs. Et quelque part, dehors, leur amour était mort. De ses doigts sales, il glisse le dossier vers sa femme. Il y a des centaines d'autres maisons sur ces terres et aucune n'est inaccessible à Seth. Qu'elle la vende si elle le souhaite : il s'en tape. Il affale son dos contre le dossier, croise les bras. La chaise grince encore. Ses pupilles se détournent enfin, tombent vers ce ventre dont il est privé. Il va bien ? Il ne sait rien : des humeurs de sa femme jusqu'au sexe de son enfant. Ellie a caché les preuves de sa paternité, comme honteuse d'avoir conçu avec un monstre. Il le prend ainsi, indigne d'être père. Agacé, il se répète, est-ce que mon enfant va bien ? Toujours le regard baissé, il cherche les courbes de la vie à défaut de les trouver sur les lèvres de sa femme.       

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MessageSujet: Re: you need to let this love go (isaac) (#)   you need to let this love go (isaac) EmptyMer 5 Sep - 23:12



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Dans le chaos de ma vie, ton nom résonne. Un vieil écho, comme sur un poste de radio défraîchie. Et j'me consume. Lentement. Ton nom résonne. Tu le savais toi, que l'amour ça pouvait faire si mal ? Tu l'savais toi, que tu me ferai aussi mal ? La haine a tout emporté sur son passage, mais ton nom continue de résonner dans mon esprit. J'dis que je ne t'aime plus, mais c'est faux. C'est juste que mon palpitant bat derrière une carapace, et il pleure ... Il pleure ... La salle bourdonnait de monde et de visages en tout genre. Y avait des pleures, des rires et des effusions de joies. Tous les sentiments du monde se lisaient sur les visages éteints et les traits tirés des participants de la scène. Sur quelques secondes, Ellie en oublia presque où elle se trouvait. Avant d'entendre les portes lourdes s'ouvrir dans son dos et le glissement des chaines percutait le sol. Les tenues oranges passaient devant ses yeux. De grosses carrures comme des plus petites. Les regards la toisaient de long en large, mais ce n'était pas ceux des détenues. Non. Mais ceux des gardes, certaines pupilles qu'elle avait déjà croisé, de l'autre côté du rideau. Ses mains se mirent à trembler, elle jouait de ses doigts sans ménagement aucun. Peut être que c'était une mauvaise idée. Peut être qu'elle aurait pas dû se pointer. Puis, pourquoi elle avait si honte ? Pourquoi elle s'en voulait tellement ? Tiraillée entre sa raison et ses sentiments. Tiraillée entre ses deux devoirs, celui de flic et celui d'épouse.

Il s'était laissé tomber sur cette chaise, le corps lourd et la conscience qui allait avec. Avait-il des remords ? Avait-il de la haine ? La deuxième option semblait la plus véridique des deux. Mais Ellie, elle, elle ne le regardait déjà plus. Pourtant, elle sentait le regard bleu sur ses épaules. Il la dévisageait avec tellement de haine qu'elle n'avait pas besoin de le constater de ses propres yeux. Ça se sentait dans l'atmosphère. La jeune femme en perdait sa coordination et il ne lui répondit même pas lorsqu'elle le salua. C'était sans doute de trop. Elle n'avait plus le droit de lui demander comment il allait. En même temps, quelle ironie ? Pourquoi le ferait-elle ? Ellie connaissait déjà la réponse sur le bout des doigts, c'était d'ailleurs elle qui était la cause de son mal être. Comme il l'était du sien, au final. Persuadée pourtant qu'elle n'avait pas fait ça par vengeance. Pourtant, quand on creuse un peu plus loin, on se rend compte combien tout est malsain. Ellie n'attendit pas plus longtemps pour exposer l'objet de sa venue.  Fallait bien une excuse valable et elle en avait une. La maison. Leur maison. Celle qui avait vu naître leur complicité. Celle qui les avait vu s'aimer comme se disputer. Celle qui avait été témoin de leurs effusions charnelles. Le dossier posé sur la table, il n'attendit pas longtemps pour s'en saisir, attrapant le stylo qu'elle serrait entre ses doigts. Une rapidité qui la laissa sans voix. Lèvres entrouvertes, elle s'attendait à tout sauf à ça. Un refus aurait été plus cohérent. Comme si tout à coup, il mettait un point final à la dernière chose qu'ils leur restaient. Brûlant le reste dans son silence. Elle en était étonnée, peut être même blessée, mais c'était pas ce qu'elle voulait ?

Le dossier glissa jusqu'à ses mains et sans perdre une seconde de plus, Ellie le remit dans son sac à main. Bon et bien, c'était bref, silencieux. Il n'avait pas dit un mot. Elle pensait déjà à partir. Après tout, la jeune femme avait eu ce qu'elle souhaitait, pourquoi s'attarder ? Elle était prête à se lever lorsqu'il osa enfin ouvrir la bouche et qu'elle entendit sa voix, cassante. Il va bien ? Isaac s'était mit à fixer le bas de son corps, tout droit vers son ventre. Ce même ventre auquel il n'avait aucun accès et qui renfermait le secret le plus inavouable qu'elle est dû prononcer. Ellie s'était faite la scène une dizaine de fois dans la tête. Le moment où elle apprendrait sa grossesse. Les instants partagés avec Isaac à ce sujet. Mais jamais la prison n'avait fait partie des scènes. Ni même tout le reste. Ce chaos qui régnait et qui réduisait le couple Shelby, à néant. Sur le moment, la brune ne répondit rien. La réflexion n'avait pas fait son chemin jusqu'à son cerveau. Elle ne savait pas s'il devait être digne de savoir ou s'il fallait simplement qu'elle lui accorde au moins ce privilège, à contraire de tout le reste. Est-ce que mon enfant va bien ? Pressant. Le ton de sa voix était légèrement monté en sonorité, tandis qu'elle, elle restait muette. Le regard de la brune perça les traits tirés de son époux et les questions se multipliaient plus vite qu'un couple de lapins. Ne lui en avait-elle pas assez fait baver déjà, pour le priver de ça aussi ? Inspirant légèrement, Ellie commença à déboutonner son lourd manteau, pour finalement le faire glisser de ses épaules. Mais y avait pas grand chose à voir. L'hiver. La saison des couvertures de toutes sortes afin de se protéger du froid et Madame Shelby était une frileuse invétérée. Oui, tout va bien. J'ai passé la première échographie la semaine dernière. Rien à signaler. Le ton de sa voix s'était montré plus froid qu'elle ne l'aurait voulu. Peut être qu'elle se mettait sur le même pied d'égalité qu'Isaac. Peut être que c'était aussi, difficile d'aborder le sujet ici. Mais Ellie est beaucoup trop douce, beaucoup trop sensible pour rester de marbre aussi longtemps. Surtout avec lui. Elle qui le connait sur le bout des doigts. Elle qui l'a aimé si fort, que son coeur s'était arrêté plus d'une fois dans ses bras. La jeune femme se leva de sa chaise, tandis que son regard scrutait la pièce. Personne ne semblait les regarder. Et de toute façon, y avait rien de mal là dedans. Elle tira les extrémités de son pull en laine doré, assez haut pour qu'il puisse voir, le début de ce ventre gonflant derrière un tee-shirt bien tiré. Son nombril pointant le tissu en avant. C'était petit. Le gynéco pense que c'est une petite fille, mais il en sera vraiment certain à la prochaine consultation. Ellie fixait son petit ventre, d'un sourire timide et ébailli, tandis qu'une main le caressait avec tendresse. Dans les ténèbres qui berçaient sa vie, la seule source de lumière qu'elle trouvait, c'était cet enfant. Ce petit bout de rien pour le moment, mais qui la rendait toute chose à chaque fois qu'elle regardait plus bas. Durant une petite seconde, elle en avait oublié la prison, oublié qu'il l'avait trahi et qu'elle en avait fait de même en retour. Y avait plus important qui s'agitait sous son nombril.
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MessageSujet: Re: you need to let this love go (isaac) (#)   you need to let this love go (isaac) EmptyJeu 6 Sep - 15:25


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Ca n'aurait jamais dû arriver. Shelby n'aurait jamais dû s'extasier devant un ventre qui s'arrondit. Ca ne faisait pas partie de ses plans. Certainement pas. Pas de proches. Pas d'attaches. Pas de sentiments. Les plus grands bandits ne s'entourent que d'intérêts pour n'avoir que des forces, aucune faiblesse. Un enfant, un mioche, que de la vermine, rien de plus. Et pourtant il est là, assit au fond de sa chaise, le dos reculé et les bras croisés. Il s'est fermé à la femme qu'il aime et pourtant, il ne peut détourner son regard d'elle, se détourner d'eux. Comment est-il sensé réagir ? Ellie devient soudainement muette et lui, il insiste et l'oppresse. Elle se pose la question, sans doute. Doit-elle lui dire. Peut-elle lui dire. Elle semble avoir pris le rôle du juge, dans son silence, et elle statue sur les droits de son époux. Elle réfléchit, pèse le pour et le contre, pour finalement conclure qu'il a le droit de savoir. Elle accepte et dans un geste mal assuré, elle enlève son long manteau, celui-là même qui cache la vie au reste du monde. Le père ne voit pas grand chose, il devine simplement à travers l'armure en laine de la brune. Un soupir de soulagement difficilement retenu, tout va bien. Parfait, la froideur de ses propos en écho à ceux de sa femme, j'aimerai être tenu au courant. Savoir, juste savoir. Fermer les yeux le soir en sachant que tout se passe pour le mieux pour l'une, comme pour l'autre. Derrière ces inquiétudes paternelles, il y a aussi celles d'un époux éconduit.

Une chaise qui grince et la jeune femme se retrouve sur ses deux jambes. Le juif balaie la pièce du regard, tout le monde se fout des mouvements du couple. Les gens pleurent. Les gens rient. Ils crient et se lamentent mais aucun ne prête attention à eux. Les milliers d'histoires qui se sont déroulées ici se foutent d'eux.  Un drame parmis les autres, rien de plus. L'attention de Shelby revient à la brune qui, de ses index et de ses pouces, étire son pull afin qu'il épouse les courbes de son corps. Ca y est. Il pose enfin ses yeux sur ce ventre rond qu'il s'était trop de fois imaginé depuis des jours et des jours. Il s'empêche de sourire, désapprouve le moindre rictus tandis que son coeur rate un battement, peut-être même deux. Une fille ? Le juif lève les yeux vers Ellie, pose ses mains sur la table dans un mouvement qui s'approche de la brune. Pauvre gamine : pas encore née et déjà malheureuse détentrice de nombreux problèmes et d'un père surprotecteur. Tu lui as choisi un prénom ? Pendant quelques secondes, Isaac évite du regard le ventre bombé sous peine de vouloir y poser ses mains, entrelacer ses doigts avec ceux de sa femme qui caresse doucement la laine dorée. Ils auraient put être heureux. Ils auraient put continuer une vie agréable bercée de mensonges et d'illusions. Peut-être qu'il ne serait pas là, vêtu de orange à croupir dans une cellule beaucoup trop lugubre. Il en oublie que c'est elle qui l'y a jeté. Il en oublie qu'il la hait autant qu'il l'aime. Shelby baisse les yeux sur la table, lit les griffures dans le bois. Ses mains se joignent tandis qu'il ose, calmement, et toi, comment tu vas ? Une trêve, unique depuis l'implosion du couple. L'australien range sa colère dans un coin, étouffe sa rancoeur pour les minutes qui vont suivre. Il n'avait pas envie de hurler. Il ne le pouvait pas. Surveillé comme un clébard enragé, s'il lève le petit doigt ou hausse le ton, le troupeau rapplique et la ramène dans son trou. Non, il ne peut pas. Parce qu'Ellie est enceinte. Parce qu'il sera peut-être père, ou peut-être pas. Elle trouvera quelqu'un, sûrement, un homme meilleur à qui elle pourra confier leur fille sans avoir peur qu'il l'étouffe avec un sachet de coke. Assis-toi, tu vas t'fatiguer, de l'inquiétude autant que de la prévention, voir ce ventre lui paralyse les entrailles. Un trou de plus dans cette poitrine sans vie, sans coeur. Un enfant dont il ne verra peut-être jamais le visage, dont il ne touchera peut-être jamais la peau.       

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MessageSujet: Re: you need to let this love go (isaac) (#)   you need to let this love go (isaac) EmptyJeu 6 Sep - 22:40



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La vie était compliquée. En quelques secondes, Ellie était passée de l'éternel bonheur à la noirceur de la haine et de la vengeance. Elle avait tout perdu en un claquement de doigt et s'était retrouvée totalement démunie face à sa propre personne. Le pour et le contre. Elle se remettait constamment en question, jugeait ses actes et ceux qu'elle n'avait pas encore osé faire. Y avait-il vraiment de bonnes attitudes à adopter ? Un schéma tout préparer pour ce genre de révélations ? Ellie en doutait fortement. Alors peut être qu'elle avait mal fait. Peut être qu'elle n'aurait pas dû le balancer. Peut être même qu'elle aurait dû lui en parler et avoir plus d'explications avant de se lancer. Ouais, peut être. Mais on ne change pas le passé. Ellie avait agit sous le coup de ses émotions. Elle avait fait ce qu'elle pensait être juste sur l'instant. Tout était arrivé si vite et si brusquement. Comme une claque prise en pleine tronche au moment même où on s'y attend le moins. La grossesse avait fini par donner un sens à sa vengeance. Le bébé était devenu l'excuse de ses actes, pour un avenir meilleur. Pour son avenir à lui.

La froideur était encore de mise, alors qu'elle lui répondait sur un ton qu'elle aurait voulu plus juste. Tout allait bien pour le bébé et tant mieux. La belle n'aura pu supporter un drame de plus. Une fissure de trop. Elle ne se serait jamais relevée, sans le moindre doute. Prise dans le tourbillon de la solitude où tout le monde semblait la détester. Les amis d'Isaac mais aussi les siens. Ses anciens collègues de la police qui n'arrivaient plus à la regarder dans les yeux. Comme si c'était elle qui avait fait un truc de mal. Comme si tout ce qu'elle leur avait apprit ces dernières années n'avait été qu'un tissu de mensonge, de celle qui n'a même pas vu le truand qui partageait son lit. Elle avait même entendu quelques échos glaçants. Ceux qu'elle osait à peine prononcer, comme quoi elle était au courant depuis le début, mais qu'elle n'avait rien fait. Pire encore, qu'elle l'avait aidé. C'est avec une douceur qu'on lui connait si bien, que la jeune femme se leva de sa chaise. Durant cet instant, la haine était partie et tout le reste semblait si loin. Une trêve. Brève mais nécessaire. Ils n'étaient plus deux, mais bientôt trois. Ils devaient se faire violence pour mettre de côté tout ce qui les séparaient. Le pull relevé et le ventre qui pointe, Ellie s'extase de voir cette petite chose grandir en elle. Une sensation qu'elle n'arrivait même pas à décrire. Et pourtant, si proche du paradis pour une femme. Le sentiment de créer quelque chose d'unique et magnifique. Tu lui as choisi un prénom ? Relevant les yeux vers Isaac, la belle fronça les sourcils. C'était bête hein, mais elle n'y avait pas songé. Avec tout le chaos, Ellie n'avait pas du tout pensé à un quelconque prénom. Remettant encore les choses au lendemain, c'est dernier temps. Comme si pour le moment, ça n'avait pas vraiment d'importance. Entrouvrant légèrement les lèvres, elle se perdit quelques secondes, interminables, dans le regard de son mari. La colère s'en était allée et elle retrouvait peu à peu, l'homme qu'elle avait aimé. Laissant retomber les extrémités de son pull, elle lui répondit enfin. J'dois dire que je n'y ai pas songé. La brune se sentait un peu stupide sur le moment. Comment oublier une chose aussi importante. Un sourire nerveux s'installa sur ses traits, levant les yeux vers le plafond blanc délavé. Est-ce que ça faisait d'elle une mauvaise mère, alors que bébé n'avait pas encore pointé le bout de son nez ? Clairement, oui. Mais en même temps, Ellie avait toujours imaginé choisir ce détail avec Isaac. Maintenant qu'il n'était plus là, elle devait ré apprendre à vivre seule, à choisir seule. Plus difficile à faire qu'à dire.

Et toi, comment tu vas ? Elle en perdait le fil. Complètement perdue, la jeune femme ne savait pas comment réagir face aux sautes d'humeur de son mari. Et les siennes aussi. Mais ça encore, elle arrivait à les gérer. Le tout étant de ne pas aller trop loin. Ellie lui en voulait toujours et Isaac aussi. Mais dans toute guerre, une trêve est possible. Ils pourront toujours se détester demain. Elle n'osa pas répondre sur le moment et c'est lorsqu'il lui demanda de s'asseoir qu'elle reprit le fil de la conversation. Posant ses fesses sur la chaise froide, elle passa une main dans ses cheveux. Geste qu'elle faisait toujours lorsqu'elle se sentait anxieuse ou perdue. J'vais bien. Un sourire faux consuma ses lèvres. Elle mentait ouvertement, mais voulait-il vraiment entendre la vérité ? En avait-il besoin ? Ce n'était qu'une futilité de plus, qu'elle se passerait bien de prononcer. Tu veux choisir un prénom ? Elle changeait de sujet, passait à autre chose, pour ne pas aborder les choses qui font mal. Pour ne pas avoir à s'engueuler avec lui maintenant et mettre fin à cette entrevue, qui finalement, lui faisait du bien. Isaac était son enfer, mais aussi son paradis. Puis, dans sa tête, ils devaient choisir tous les deux. Ellie n'avait jamais eu envie de le priver de sa paternité. Tout était mal tombés. Tout s'était emballé par la suite. J'allais oublier. Stupide, elle se tourna de nouveau vers son sac à main et attrapa les deux vieux bouquins qu'elle avait prit dans la maison, avant le déménagement. Les préférés d'Isaac. C'était débile d'y avoir penser, mais sur le moment, ça lui semblait important. De ses doigts, elle les fit glisser sur la table, jusqu'aux mains bruts de son mari. Dans l'un deux, il pourra y trouver une feuille chiffonnée. Plus tard, dans sa cellule, il pourra y lire les derniers mots d'Ellie.
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MessageSujet: Re: you need to let this love go (isaac) (#)   you need to let this love go (isaac) EmptyJeu 6 Sep - 23:58


YOU NEED TO LET THIS LOVE GO
staring at the bottom of your glass, hoping one day you'll make a dream last but dreams come slow and they go so fast. you see her when you close your eyes, maybe one day you'll understand why everything you touch surely dies.

Il pensait pas, Shelby, que ça l'obséderait autant. Ce corps qui se déforme pour donner quelque chose d'harmonieux. Ces joues qui se creusent tandis que ce ventre se gonfle. Non, ça n'aurait pas dû se passer comme ça. L'indépendant Seth, celui qui mène ses troupes d'une main de fer. Celui-là même qui exécute des vies juste parce qu'elles étaient sur son chemin. Du sang sur les mains et de la rouille sous les ongles, rien d'assez noble pour être père. Et si ce n'était pas mieux pour elles, d'être loin de lui ? Et si le destin, dans son infinie ironie, ne les mettait pas en sécurité, tout simplement ? Le loup a des ennemis, beaucoup d'ennemis. Ils montrent les crocs, eux aussi, et coupent des gorges pour le pognon et le pouvoir. Qu'est-ce que les vies d'une fliquette et d'un enfant à naître ? Des menaces, un enlèvement ou pire encore : qui sait ce qu'elles risqueraient pour être auprès de la pourriture qui leur sert de chef de meute. Les ombres ne sont pas bien intentionnées lorsque la nuit tombe et il serait facile de faire tomber le loup de Wellington, l'obliger à mettre les genoux à terre et le menton bas. Il ne veut pas jouer la vie d'Ellie sur un coup de poker. Peut-être que les choses sont bien faites, finalement.

La brune s'étonne de sa question, comme si ça ne l'avait jamais effleurée. Ses yeux ronds traduisent sa stupeur et elle reste ainsi pendant quelques secondes, les doigts pincés dans la laine de son pull qui épouse toujours son ventre. Il aurait aimé vivre cette scène ailleurs. A un autre moment. Dans le salon ou dans la cuisine. Dans la chambre ou même dans le jardin, peu importe. Mais ailleurs que dans cet endroit lugubre où résonnent les grilles qui se percutent, les alarmes qui déraillent ou les insultes des détenus. Il y fait trop froid pour une mère. Il y fait trop froid pour un enfant. Le temps reprend son cours, le pull retombe et Shelby sert les dents. Il ne sait pas quand il reverra ce ventre. Ni s'il le reverra un jour. Ellie confirme n'y avoir jamais réfléchi. Le père hoche la tête doucement, affiche une mimique déçue. Il la laisse s'asseoir dans le silence avant de lui poser la question la plus banale de ce bas monde. Elle répond à la positive : prévisible. Isaac n'insiste pas, sachant parfaitement traduire les mots de celle qui reste encore aujourd'hui sa femme. Evidemment qu'elle n'allait pas bien. Comment pouvait-il en être autrement ? Elle est en cloque. Le père de son mioche croupi dans une cellule humide où elle l'a elle-même balancé. Elle a démissionné d'un boulot qu'elle aimait éperdument. Et pour couronner le tout, la meute toute entière lui crache dessus. Non, elle ne va pas bien. Et c'est un droit qu'elle a encore. Tout comme celui de mentir. Les mains jointes, il lève les yeux vers elle lorsqu'elle aborde le débat du prénom. Il lâche un bref rire ironique. J'vais pas l'élever ce gamin. A toi d'choisir. J'veux juste savoir comment j'dois l'appeler. Elle le laissera jamais poser ses mains sales sur son enfant. Elle ne le laissera jamais être là pour sa naissance, son premier anniversaire ou ses premiers pas. Le juif va rater tous ces moments. Tout comme il a raté ceux de son premier enfant, Bailey. Une habitude chez lui, visiblement.

Elle se penche vers son sac et en ressort deux énormes livres aux couvertures bien trop reconnaissables pour qu'il ne sache pas d'où ils viennent. Elle les fait glisser jusqu'à ses mains. Il les prend sans un mot et pose ses iris sur les lettres noires. Indigestes. Bien trop longs et bien trop compliqués à comprendre. De la bouillie intellectuelle. Ellie n'en ai jamais arrivé à la fin, laissant se plaisir à son époux bien trop friand de ces choses que le commun des mortels trouve barbant. Tu sais qu'ils vont probablement pas vouloir que j'les ramène dans ma cellule ? On mène la vie dure aux taulards, ici, autant qu'ils l'ont eux-même menées aux flics qui leur couraient après. Elle va devoir jouer de son ancien statut pour qu'il passe avec les ouvrages entre les mains. Ils l'attendent à la sortie de la pièce, les deux chacals. Merci, à peine prononcer, les yeux baissés. Juste pour lui offrir le peu d'humanité que ce monde veut bien lui accorder.    

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MessageSujet: Re: you need to let this love go (isaac) (#)   you need to let this love go (isaac) EmptyVen 7 Sep - 0:30



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isaac & ellie

and she will always hate me. no matter what i say
and there is no mistaking. the love is gone. she will
always hate me, she said, you lost me baby.
(@james blunt)
Tu te souviens des mâtinés qu'on passait dans ce lit aux draps défaits ? Tu te souviens des fois où tu m'as fait rire à en perdre le souffle et des fois où nos coeurs battaient à l'unisson ? J'ai l'impression que c'était il y a tellement longtemps. Je n'ai pas envie de perdre ces souvenirs. Je n'ai pas envie de t'oublier non plus. Tu fais partie de moi. L'impression soudaine que tout ce qu'elle avait imaginé pour eux, existaient réellement. Que cet avenir si lumineux et si paisible, déroulait le tapis rouge face à leurs pas hésitants. Puis, le nuage ténébreux refaisait surface. Ce brouillard immense qui consumait leurs peaux. Elle s'y attendait, comme tout le reste. Prévisible et inévitable. La dure réalité de la vie la percutait à pleine vitesse, l'empêchant de respirer convenablement. J'vais pas l'élever ce gamin. A toi d'choisir. J'veux juste savoir comment j'dois l'appeler. L'instant suspendu, elle refaisait surface face à ces quelques mots. Ellie baissa aussitôt la tête vers ses mains, se sentant tout à coup coupable d'un mal qu'elle ne connaissait que trop bien. La culpabilité. Celle de lui avoir, finalement, tout retirer ? Elle, elle avait le coeur brisé, lui était en taule. Quelle justice y avait-il là dedans ? Quel devoir avait-elle accompli, si ce n'est celui de la douce vengeance, d'une épouse meurtrie et trahie. Elle hésita, se tirailla l'esprit maintes et maintes fois. Les traits du visage tirés, Ellie sentait l'humidité de ses yeux pointait le bout de son nez. Non pas maintenant. Pas ici, pas devant lui. Se mordant la joue, elle ravala. Encore et encore. Une fois, puis deux, avant de secouer vivement la tête de gauche à droite. Dans le plus profond de son être, Ellie savait. Elle savait qu'Isaac ne croupirait pas en prison éternellement. Qu'il finirait par sortir, d'une manière ou d'une autre. Parce qu'elle n'avait pas tout dit, qu'elle n'avait pas tout mit dans ce fichu dossier. Mais le temps ferait le reste. Un jour ou pas, lointain ou proche. Qu'importe finalement. Sur le moment, il était toujours là et elle, elle était toujours seule. Sara. finit-elle par dire, brisant le silence, tout en relevant ses pupilles vers Isaac. J'ai envie de l'appeler Sara. Il n'avait pas envie de lui donner un nom, elle attendait tout de même son approbation. Comme si ce bébé, c'était le dernier lien qui leur restait. S'il n'y avait plus ça, alors il n'y avait plus rien. Et Ellie n'était pas certaine d'être capable d'encaisser cette dure réalité.

Les bouquins poussiéreux posés sur la table, gisant comme les dernières merveilles du monde. Un petit rien, dans pas grand chose. Elle le savait. Pourtant, ça semblait être beaucoup. Tu sais qu'ils vont probablement pas vouloir que j'les ramène dans ma cellule ? Elle savait. Mais Ellie avait déjà tout arrangé. Ils ne l'auraient pas laisser entrer sinon, avec toutes ces affaires dans son sac à main. Fouillée jusqu'à la moelle, elle connaissait cependant, encore du monde dans cette prison. Elle avait encore un peu de respect et les gens la connaissait assez bien pour savoir qu'elle était juste. Le plus important pour elle, ce n'était pas les bouquins en eux même non. C'était ce que l'un deux renfermé et les yeux d'Isaac a leur vu. Il la remercia tout en scrutant les vieilles couvertures. Elle n'avait jamais comprit son amour pour ces vieilles choses mais avait toujours apprécié le regarder en train de les contempler. Comme un enfant qui ouvre ses cadeaux de Noël. C'est déjà arranger. J'ai vu avec un ancien ami et ils ne te diront rien. Pourquoi elle se donnait autant de mal ? Pourquoi elle faisait tout ça ? Ellie n'en savait fichtrement rien. Elle se laissait guider par ses envies du moment et le besoin encore irrépressible, de le voir sourire, juste une fois, de le voir apprécier un livre. Une lumière derrière les barreaux, si ça lui permettait de trouver les journées moins longues. Une façon aussi, d'essayer d'arrondir les angles. Pour quelques secondes, quelques minutes. Une alarme se mit alors à retentir, tandis qu'une lumière rouge clignotait derrière la carrure de son mari. Elle releva automatiquement le regard vers celle-ci, puis toisa la salle de ses pupilles brunes. La fin. Elle sonnait la fin des entrevues pour aujourd'hui. Arrivée trop tard. Elle ne remettrait sans doute plus jamais les pieds dans ce lieu. Ou peut être que si. Allez savoir, le monde était tellement imprévisible, qu'elle s'en étonnait encore tous les jours. Les gens autour d'eux commencèrent à se lever de leurs chaises et à se dire adieu. Dans le silence comme dans la peine, ou avec des sourires et de franches accolades. Pourtant, Ellie n'avait pas envie de partir. Pas maintenant. Elle aurait voulu rester là, face à lui, quelques minutes de plus, sans avoir besoin de dire un seul mot. Bon. La belle remit les manches de son manteau, tout en se relevant avec douceur. Elle ne voulait pas précipiter les choses mais elle savait qu'on ne lui laisserait pas trop le choix. Elle reboutonna un à un ses boutons et attrapa son sac qui gisait sur le sol carrelés de la salle. J'crois que c'est le moment. Y a t'il des façons de dire adieu ? Elle scrutait encore les traits de son visage et la couleur bleue de ses yeux. Comme un dernier repère avant la chute et les larmes qu'elle déverserait une fois sortie. Prends soin de toi. C'était trop. Elle tourna le dos à l'être aimé, ferma les yeux quelques secondes avant de reprendre sa marche lente et peu assurée vers la sortie. Elle avait froid et son coeur saignait.
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MessageSujet: Re: you need to let this love go (isaac) (#)   you need to let this love go (isaac) EmptySam 8 Sep - 21:39


YOU NEED TO LET THIS LOVE GO
staring at the bottom of your glass, hoping one day you'll make a dream last but dreams come slow and they go so fast. you see her when you close your eyes, maybe one day you'll understand why everything you touch surely dies.

Il observe son épouse se battre contre ses démons, leurs démons. Le regard bas, le regard vide, Ellie a les lèvres qui tremblent et les yeux qui brillent. Il ne connaît que trop bien ces dix doigts qui se chamaillent devant lui. Il ne connaît que trop bien ce genou qui fait nerveusement trembler tout le corps de la brune. Entre son coeur et sa raison, l'ancienne fliquette s'arrache les cheveux. Est-ce qu'elle avait eu le droit de briser une vie ? Certainement. Est-ce qu'elle se sentait mieux ? Son visage crit encore la douleur qui la ronge au fond de ses entrailles. Son regard fuyant trahit les émotions qui la consument. Ellie ne sait pas. Elle ne sait plus. Et Isaac reste le spectateur silencieux des tourments de celle qu'il a aimé. De celle qu'il aime encore. Qu'il aimera toujours. Elle lève les yeux vers lui, le choix est fait. Sara. Il pince les lèvres, regarde dans le vide pour empêcher ce sourire ému qui lui brûle le coin des lèvres. Ils en avaient parlé, il y a des années. Elle s'est rappelé, maintenant. Quatre lettres fortes de sens pour un juif aux valeurs émoussées. Un prénom qu'il avait murmuré et qu'elle avait entendu. Il acquiesce doucement, un brin du sourire s'échappe alors il baisse les yeux. Les vieux Shelby pleureront de joie.
Les livres ne seront pas confisqués, elle le lui assure avant de prendre son manteau sous le bras et de faire ruser la chaise contre le sol. Leurs yeux s'accrochent, refusent de se laisser partir. Les mains d'Isaac se tiennent l'une, l'autre pour ne pas perdre pieds lorsqu'elle se retourne. Prends soin de vous, comme un écho à la voix d'Ellie. Il s'adosse à la chaise, la regarde prend le large sans savoir qu'il la reverra. La porte se referme derrière elle et Shelby ne bouge plus. Le temps ne s'est pas arrêté, cette fois. La porte s'ouvre de nouveau et offre au détenu une lueur d'espoir mais il lève les yeux sur les matons trop bien connus, les menottes qui claquent entre leurs doigts. On rentre au bercaille Shelby, lève toi. Le juif s'exécute, exténué, passe les mains dans le dos et traîne les pieds dans leur sillage.

•••

Des jours plus tard, il se perdra entre les lignes de la page 247 et lorsqu'il la tournera, il trouvera une feuille déchirée, pliée en huit, qui glissera du papier, qu'il rattrapera in extremis. Les ongles sales, il la dépliera doucement, prudemment, comme si les mots allaient lui exploser au visage. Et c'est ce qu'ils ont fait. Les courbes des lettres trop bien connues : c'était son écriture. Une lettre d'amour autant qu'une lettre d'adieu, son poignet a tremblé sur les derniers mots, ça se lit dans l'encre noire. Le coeur a l'arrêt, le taulard sent son âme s'étouffer. Non. Il la lit encore, pour être sûr du mal qu'elle lui fait. Non. Les mots n'ont pas changés. Il écrase le papier dans sa paume et le jette de l'autre côté de sa cellule comme s'il en avait peur. Assit dans son lit, le dos contre le mur, il porte sa main à son front. Ses yeux affolés se perdent dans les draps chiffonnés. Elle est partie. Une rage qui s'exprime, un coup de phalanges dans le béton froid. Ses os ont craqué et le sang coule sur ses doigts comme les larmes sur ses joues.     

OUR END


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