Blushing is the color of vertue ◊ Kimmy & Shay

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Kim & Shay

Mener sa vie d'une main de fer, c'est devenu une habitude pour Shay. Elle l'a toujours fait et ça depuis le plus jeune âge. Depuis qu'elle a compris qu'elle ne pouvait compter que sur elle-même. La jolie brune n'avait que trois ans lorsque ses parents ont disparu sans crier gare pendant plus de trois jours. Elle les a attendu patiemment le premier soir, si bien qu'elle s'est endormie à même le sol. Ce n'est qu'au réveil, le ventre criant famine, qu'elle a appris cette dure leçon : il ne fallait pas s'attendre à ce qu'ils se préoccupent d'elle comme tout bon parent est censé le faire. Et ce n'est pas allé en s'arrangeant. Ça non. Elle ne s'est néanmoins jamais considérée comme une victime : oui elle aurait parfois aimé être une gamine comme les autres, plus folle, plus désinvolte mais être comme elle est a aussi de nombreux avantages. Si aujourd'hui elle en est là où elle est, c'est bien parce qu'elle a toujours dû se montrer responsable. C'est ainsi que, fermant la porte de son appartement impeccablement rangé, la brune est déjà au téléphone avec l'auteur dont elle s'occupe en ce moment, prête à démarrer sa journée sur les chapeaux de roues. Comme toujours. L'écrivain en question lui donne d'ailleurs du fil à retordre. Le jeune homme écrit un roman à la manière d'un script, le problème est qu'il ne sait pas comment écrire un script. Comme vous pouvez l'imaginez, cela pause un énorme problème. Une chance pour la brune, la maison d'édition semble avoir trouvé comment régler la situation. Il s'agirait d'un intermédiaire, un scénariste qui pourrait aider l'auteur à trouver son style. L'idée lui semble plutôt bonne à vrai dire, elle espère simplement que son écrivain se montrera réceptif. Il peut parfois s'avérer très têtu. C'est un peu pour cette raison qu'elle l'a appelé sur le chemin, afin de le mettre dans de bonnes dispositions. Quoiqu'il en soit, il ne lui faut qu'une petite heure pour arriver à la maison d'édition et alors qu'elle passe la porte d'entrée, on lui explique que la scénariste est déjà arrivée. La jeune femme se trouve apparemment dans son bureau. Imaginez sa surprise lorsqu'elle ouvre la porte de bois et découvre que sa collaboratrice n'est personne d'autre que son inconvenante voisine. Un sourire figé sur les lèvres, elle reste quelques secondes immobile, muette. "Bonjour !" Un rire nerveux lui échappe, elle ne s'attendait pas à ça. Pas du tout. Et elle déteste par dessus les surprises. "Quelle coïncidence... c'est... hum... surprenant !" Elle aurait aimé dire que c'est une agréable surprise mais elle n'en est pas réellement convaincue. Lors de leurs précédentes rencontres la jeune femme avait le don de la mettre mal à l'aise. Elle est trop imprévisible, on ne sait jamais ce qu'elle va dire ou faire. Ça pousse Shay dans ses retranchements et elle n'a vraiment pas besoin de ça en ce moment. Pas après ce qu'elle a appris. "Comment allez-vous ?" Toujours ce même sourire plaqué sur les lèvres, elle se dandine d'un pied à l'autre, appréhendant déjà la suite du rendez-vous.

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Shay & Kimmy

Des contrats bizarres, ça elle en a eu à la tonne. Malheureusement, elle n’a pas toujours eu le plaisir de les refuser. Comme en ce moment. Aider cet écrivain ne lui plaît absolument pas, sauf que le contrat paye suffisamment pour la financer jusqu’au début de son projet suivant en 2019. De ce fait, voilà pourquoi elle attend que la personne supposée la mettre en relation avec l’écrivain se présente à son bureau. Que l’autre soit en avance, pile à l’heure ou bien parfaitement en retard, cela ne lui importe pas. Kim travaille sur un projet personnel en attendant et elle n’a aucun mal à entrer dans sa bulle sans se soucier le moins du monde de ce qui l’attend ensuite. Lorsque la porte de son bureau s’ouvre sur Shay Manning, une voisine, la brune penche la tête sur le côté en arrêtant ses doigts de taper sur les touches du clavier. L’autre femme semble horriblement mal à l’aise et pourtant la rencontre n’a même pas encore commencée. Cela s’annonce une partie de plaisir. Quelle belle ironie ! Kimmy salue l’éditrice d’un simple hochement de tête. Elle hausse ensuite les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle ne prend pas place en face d’elle. Shay demeure debout près de la porte. Kim se dit que c’est parce qu’elle songe à quitter les lieux en courant. Franchement, elle n’est pas si terrifiante que cela, non ? Elle s’est moquée de Shay une seule fois, tout au plus. Il faut que l’autre femme apprenne à se détendre un peu. « Une coïncidence ? On se croise constamment, je n’appelle plus cela une coïncidence. » Sur ce, elle lui fait un geste de la tête pour qu’elle s’approche. Sauf que Shay ne la regarde pas directement dans les yeux. Elle passe donc à côté de ce geste pourtant assez clair. La brune soupire. Faut-il qu’elle aille la chercher par la main ? Kimmy se lève donc, mais demeure derrière son bureau. « Je vais aller mieux lorsque tu vas te détendre un peu et poser tes fesses sur cette chaise. Allez, je ne vais pas te manger toute crue, ne soit pas aussi réticente à m’approcher. On est là pour le boulot, alors parlons boulot. Approche. » Kim tente de l’encourager au maximum, mais elle a l’impression que c’est peine perdue avec celle-là.

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Kim & Shay

Ces derniers temps Shay a été prise dans une véritable frénésie au travail, elle a doublé son nombre de contrat et aident même ses collègues avec leurs propres dossiers. Son dévouement n'est pas anodin, si elle se maintient si occupée, c'est pour oublier le diagnostic. Oublier tout ce que ça implique. Elle n'a pas envie de penser aux risques, aux alternatives. Ce n'est pas pour autant qu'elle n'a pas méticuleusement étudié toutes les possibilités qui s'offrent à elle, elle l'a fait, elle ne sait simplement pas quelle décision prendre. En attendant que la solution miracle lui apparaisse, elle préfère donc occuper son esprit ailleurs, dans quelque chose qu'elle contrôle contrairement à sa condition. Mais il faut croire que c'était encore trop demander, il fallait qu'elle tombe un os. "Une coïncidence ? On se croise constamment, je n’appelle plus cela une coïncidence." Malheureusement pour elle, elle a raison. Ce n'est pas une coïncidence, c'est un véritable coup du sort. Encore. Shay, qui a toujours cru au karma, se demande ce qu'elle a bien pu faire pour mériter ça. Quoiqu'il en soit, la jeune femme hoche la tête, souriant de plus belle. "Effectivement... Vu comme ça..." La brune ne peut s'empêcher de se racler la gorge alors qu'elle entrecoupe sa phrase, comme pour se donner une contenance. Le ton de Kimmy, sa manière de parler ne lui dit rien qui vaille. Shay - qui adore pourtant avoir raison - aurait préféré se tromper cette fois-ci. Mais non. Elle a bien vu juste. "Je vais aller mieux lorsque tu vas te détendre un peu et poser tes fesses sur cette chaise. Allez, je ne vais pas te manger toute crue, ne soit pas aussi réticente à m’approcher. On est là pour le boulot, alors parlons boulot. Approche." Prise de court, la bouche de la néo-zélandaise forme un o parfait. Rougissant en un temps record, elle cherche à répondre sans vraiment pouvoir y parvenir. C'est ainsi qu'elle bégaye avant d'enfin trouver une excuse. "Je... Si je préférais rester debout c'était pour attendre l'auteur mais si ça peut vous faire vous sentir mieux... je vais m'asseoir." Triturant compulsivement sa montre, elle tente de se montrer convaincante, pour sauver un minimum les apparence. Le problème ? Shay ne sait pas mentir, pas le moins du monde. Il lui est impossible de regarder quelqu'un dans les yeux lorsqu'elle le fait, elle se met à bégayer et même parfois à transpirer à grosses gouttes. Une horreur. Et ce n'est pas aujourd'hui qu'elle déroge à la règle. C'est ce pourquoi, afin de cacher sont trouble, elle décide de bel et bien s'asseoir comme si de rien n'était. "Il ne devrait pas tarder." Un silence s'installe quelques secondes. "L'auteur je veux dire. L'auteur ne va pas tarder à arriver." Déstabilisée, elle hoche la tête encore et encore sans réellement savoir pourquoi elle le fait. "On vous a... dit pourquoi vous êtes ici ? En quoi consiste votre travail ?" Tentant de se reprendre du mieux qu'elle peut, elle cache son visage rougissant devant les diverses notes qu'elle a tout juste sorti de son sac. Elle a beau être facilement intimidée, elle n'en reste pas moins professionnelle. Kimmy veut parler boulot, il n'y a pas de soucis, Shay est là pour ça.

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Shay & Kimmy

Cette rencontre est effectivement vouée au désastre. Shay rend le tout inutilement difficile, il lui semble. Pour Kim, il n’y a pas de raison d’être aussi nerveuse et sur la défensive que semble l’être son interlocutrice. Plus la conversation avance et plus la tension s’accentue, d’ailleurs. Les joues écarlates de l’autre femme ne peuvent que témoigner de son mal être. Kimmy plaide l’innocence, ne comprenant pas pourquoi Shay est tellement gênée d’un coup. Ce n’est pas comme si elle travaillait pour la police et que leur rencontre était en réalité un interrogatoire déterminant. Il y a forcément une explication derrière tellement d’hésitation de la part de l’autre femme. Au moins, elle s’approche et va s’asseoir. Être au même niveau devrait aider à calmer un peu la tension. En fait, non. Plus les secondes passent et pire le climat est. Kim n’a pas comme vertu la patience. Elle ne souhaite toutefois pas ruiner ses chances d’être payé pour ce foutu contrat. Elle ravale donc son orgueil et tente une fois de plus de déterminer ce qui ne va pas avec Shay. Pour aider, elle laisse même un petit sourire habiter un instant son visage. « Oui, je suis au courant de mon rôle auprès de cet auteur. Est-ce que quelque chose ne va pas ? Il va venir, au moins ? Je n’étais pas certaine qu’il serait présent pour la première rencontre donc s’il a annulé en fin de compte, je suis sur qu’on peut faire sans lui. Je peux te transmettre par écrit mes premiers conseils. C’est sur qu’avoir un aperçu de ses textes faciliterait mon travail. C’est plus aisé quand on a un exemple, tu vois. » Kimmy parle beaucoup afin de combler le silence gênant. Pendant ce temps, toujours aucune trace de l’auteur. Va-t-il réellement arriver ? La brune commence a en douter. Plutôt que de perdre encore davantage de minutes dans cette attente peut-être vaine, Kim fait encore un effort pour faire avancer les choses. « D’autres questions avant de commencer ? »

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Kim & Shay

À peine assise, son état d'esprit change déjà du tout au tout. Shay a toujours été on ne peut plus sérieuse dans le travail, il est hors de question que quoique ce soit l'empêche d'être au maximum de ses capacités. Surtout pas avec cet auteur, ses derniers romans étaient de véritables best-sellers et il doit en être de même pour le prochain. La brune ne sait pas vraiment pourquoi il a tant tenu à changer de style mais ce qui est sûr, c'est que ça la rend complètement folle. Soyons honnête, il n'y connaît pas grand chose et si rien ne change, il court à la catastrophe. Elle court à la catastrophe. "Oui, je suis au courant de mon rôle auprès de cet auteur. Est-ce que quelque chose ne va pas ? Il va venir, au moins ? Je n’étais pas certaine qu’il serait présent pour la première rencontre donc s’il a annulé en fin de compte, je suis sur qu’on peut faire sans lui. Je peux te transmettre par écrit mes premiers conseils. C’est sur qu’avoir un aperçu de ses textes faciliterait mon travail. C’est plus aisé quand on a un exemple, tu vois." Faire sans lui ? Shay aurait presque envie de rire. Jamais il n'accepterait qu'on touche à son "bébé" sans qu'il ne soit ne présent. Il risque déjà de ne pas être très enthousiaste alors il vaut éviter de le vexer. "Il faut savoir qu'il peut-être... comment dire... difficile. Mais il va venir, le tout est de le prendre avec des pincettes." Elle insiste sur le dernier mot, le prononçant avec une lenteur étudiée afin de montrer son importance. Kim n'est pas la plus diplomate du monde, il suffit de voir comment elle se comporte avec Shay. Et ça ne fait qu'accentuer le mal aise de la demoiselle. Dans son esprit, elle imagine déjà comment cet entretien pourrait tourner au vinaigre. Elle en est pour l'instant à la douzième version de ce cauchemar éveillé. "D’autres questions avant de commencer ?" Elle secoue la tête vivement. Elle n'a plus de questions mais ce n'est pas pour autant qu'elle a fini. Non. Elle préférait pour autant. Elle ne sait guère comment dire la chose. Surtout avec quelqu'un comme la scénariste. Elle pourrait très mal le prendre. Ou pas. Shay ne saurait dire comment elle fonctionne. Elle n'en a pas la moindre idée. "Des questions, non. C'est plus une indication. J'ai le... attendez deux minutes..." Trifouillant dans son sac, elle sort le premier jet du roman en question. Soufflant un bon coup, elle le remet à son interlocutrice. "Le manuscrit. Voilà. Il faudrait que vous lisiez la première partie et que vous me disiez ce qui ne va pas avec. Avant qu'il ne soit là." Et elle ne pourrait pas assez insister sur le "avant". Il est même primordial. "C'est important de ne pas perdre ce client alors si vous pouviez être plus... moins... enfin... vous savez..." Gesticulant comme pour expliquer ce qu'elle ne peut pas dire, elle essaie trouver les mots. De dire ce qu'elle pense sans se montrer trop crue. Trop irrespectueuse. Elle ne tient pas à laisser ses bonnes manières de côté. "Subtile. C'est le mot. Je doute qu'il apprécie votre... franchise." Toujours aussi laborieusement, elle termine son petit discours par un grand sourire. Comme pour faire mieux passer la pilule.

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Shay & Kimmy

Kim hausse les sourcils. Cet auteur est difficile, il faut le prendre avec des pincettes… c’est une blague ou quoi ? Elle serait porté à rire, sauf que l’expression sur le visage de Shay l’en dissuade. La jeune femme n’a jamais saisie comment certaines personnes pouvaient se montrer tellement capricieuses parce qu’elles ont touché au succès par le passé. C’est franchement ridicule de se croire à ce point supérieur dans son esprit. Et que les autres le laisse faire de la sorte. « Hum, il est probablement difficile parce qu’on lui donne toujours ce qu’il veut. Bref, il faudra faire avec. » Kimmy lui répond, ne voyant pas cela comme une difficulté, mais plutôt comme un retardement potentiel. Si ce type se montre résistant et obstiné, les choses seront plus longues inutilement. Ça ce n’est pas vraiment son problème. Elle ne forcera pas cet écrivain à adhérer à ses méthodes. Il sera libre de faire comme bon lui semble ensuite si ça lui chante. Elle craint surtout que son attitude désagréable lui coûte son contrat. Qu’importe, il faut avancer malgré tout. Kim demande donc à Shay si elle a d’autres questions. Cela ne semble pas être le cas. Elle sort toutefois de son sac le fameux manuscrit de cet auteur. Aussitôt, Kimmy s’en saisit et commence à le feuilleter sans la moindre hésitation. Voilà exactement ce dont elle avait besoin pour évaluer l’étendu du travail à accomplir aujourd’hui. Ses yeux parcours les lignes tout en écoutant attentivement son interlocutrice gênée. Alors que Shay peine à s’exprimer, la scénariste en est déjà à la troisième page du manuscrit. Elle termine cette dernière avant de relever des prunelles neutres dans sa direction. « En gros, tu veux que je le materne comme vous faites tous parce qu’il vous rapporte beaucoup d’argent ? Ce n’est pas mon style, Shay. » Oui, ça l’autre femme l’a compris depuis le début. « Si tu tiens à ce que je lui mente, c’est comme tu veux. Sauf qu’il n’apprendra jamais de la sorte. » Soupirant, Kim tourne la page et commence à lire la quatrième page. En gardant ses yeux sur le texte, elle continue de parler. « Déjà la structure scénaristique est absente. J’ai du mal à identifier quel personnage s’exprime parmi ceux qui sont présents dans la scène. Il va devoir couper dans ses descriptions. C’est bon pour un brouillon destiné à un producteur, mais pas pour un lecteur. C’est du superflu dans un scénario, tu vois ? Donc, il faut carrément que je m’assois avec lui et que je lui apprenne de A à Z comment faire. » C’est bien là le problème. Si l’auteur se montre résistant, il ne voudra peut-être pas se faire éduquer de la sorte comme un enfant à l’école. Kim cesse sa lecture pour poser le manuscrit ouvert sur son bureau. « Combien de temps vous avez pour aujourd’hui ? Je doute qu’une heure suffise, surtout s’il se montre « difficile ». » Elle se retient de faire les guillemettes avec ses doigts. Shay est déjà suffisamment gênée comme ça.

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Kim & Shay

Si la brune continue de sourire de la sorte, elle finira par se décrocher la mâchoire mais elle ne peut faire autrement. C'est le masque qu'elle porte toujours lorsque les choses se compliquent, ça lui permet de rester calme, positive. "Hum, il est probablement difficile parce qu’on lui donne toujours ce qu’il veut. Bref, il faudra faire avec." Elle déglutit difficilement, pourquoi faut-il qu'elle en rajoute toujours ? Ne peut-elle se montrer simplement cordiale ? "Vous dites ça comme si... Mais c'est la loi de l'édition. Si on est pas dans les bons papiers de l'éditeur il va voir ailleurs." Elle ne peut s'empêcher de se justifier, comme elle le fait toujours quand elle est en désaccord avec quelqu'un. C'est comme si elle avait un irrépressible besoin d'aplanir les choses. "En gros, tu veux que je le materne comme vous faites tous parce qu’il vous rapporte beaucoup d’argent ? Ce n’est pas mon style, Shay." Bien sûr que non ça ne l'est pas. "Ça je sais... Merci." La panique se lit dans ses yeux, Kimmy réagit exactement comme elle en avait peur. Elle qui ne pensait pas pouvoir être plus tendue, comme quoi, tout le monde peut se tromper... "Mais vous ne pourriez pas être juste un peu plus subtile, je sais pas ? Moins franc tireur ?" Shay déteste avoir ce genre de conversations, elle n'est pas de celles qui disent tout ce qu'elles pensent sans envisager les conséquences. Et surtout, elle hait le conflit. Néanmoins, elle se fait violence, ce travail est trop important pour qu'elle laisse la scénariste tout gâcher. "Si tu tiens à ce que je lui mente, c’est comme tu veux. Sauf qu’il n’apprendra jamais de la sorte." Tout est blanc ou noir avec elle, bien évidemment. C'est du moins ce que se dit l'éditrice. "Il est pas question de mentir. Il faut juste prendre des pincettes dans la manière de lui dire. Se montrer gentille. Compréhensive." Ce n'est pas trop demander, si ? "Déjà la structure scénaristique est absente. J’ai du mal à identifier quel personnage s’exprime parmi ceux qui sont présents dans la scène. Il va devoir couper dans ses descriptions. C’est bon pour un brouillon destiné à un producteur, mais pas pour un lecteur. C’est du superflu dans un scénario, tu vois ? Donc, il faut carrément que je m’assois avec lui et que je lui apprenne de A à Z comment faire." Un rire nerveux lui échappe. Elle se met rapidement la main devant la bouche, comme pour le cacher. "De A à Z ? Je vois... je vois... Oui c'est... faisable. Tout à fait faisable." Shay savait que ce n'était pas très bon mais de là à tout revoir... C'est bien pire que ce qu'elle croyait et plus elle y pense, plus elle se dit que cet entretient va être un véritable champ de mine. Il va forcément perdre son calme à un moment donné et la jeune femme doute que Kimmy fasse autre chose qu'ajouter sur le feu. Elle ne sait vraiment pas comment gérer la situation, comment faire pour que ça ne prenne pas la tournure qu'elle imagine. "Combien de temps vous avez pour aujourd’hui ? Je doute qu’une heure suffise, surtout s’il se montre « difficile »." Prise de court, la jeune femme se retrouve la bouche semi-ouverte - les épaules haussées - sans savoir quoi répondre. La possibilité n'est que peu réjouissante, c'est le moins qu'on puisse dire. "Hum... Je peux libérer ma journée si besoin est." Elle n'en a pas envie mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie. S'il le faut, alors elle le fera. Comme toujours.

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Shay & Kimmy

Kimmy essaye du mieux qu’elle le peut de comprendre la demande de Shay. La subtilité, ce n’est pas quelque chose qu’elle arrive à faire. Pour Kim, toutes vérités est bonnes à dire, même celles qui blessent. Ne pas en parler ou les évoquer de manière détournée revient à mentir, ce que l’autre femme déni. Du coup, Kim est un peu perdue. Elle demeure dans le vif du sujet toutefois, évoquant à l’éditrice les points à travailler avec son écrivain. Il y en a beaucoup malheureusement. Son interlocutrice semble toutefois ouverte à une solution aussi drastique que de tout apprendre à son client du début pour arriver à faire un scénario potable. Crédible, du moins. Shay est donc vraiment prête à faire ses quatre volontés pour le bien de son écrivain. Elle retient un commentaire. Pas étonnant que l’autre se retrouve avec des gens aussi difficiles si elle leur donne absolument tout sans condition. Pauvre voisine, Kim n’aimerait pas être à sa place. « D’accord, alors on va y aller de la sorte. Un cours abrégé en scénarisation, sans le fun et sans le diplôme. » Si c’est ce qu’on lui demande, elle peut le faire. En espérant qu’ils disposent d’assez de temps, toutefois. Kimmy se permet donc de le demander à Shay, la prenant apparemment par surprise, une fois de plus. La réponse qu’elle lui donne pousse les sourcils de la brune à se froncer. « Tu n’es pas obligé de rester avec nous deux toute l’après-midi si tu es attendu ailleurs, tu sais. Je ne vais pas t’enchaîner à cette chaise. Mais, plus j’aurais de temps avec lui, mieux ça sera. » Kim demeure honnête en toutes circonstances. On l’accuse peut-être de trop parler, sauf qu’on ne peut pas lui reprocher de ne pas être véridique dans ses propos. Si elle ressent un malaise ou bien une joie, elle va l’exprimer autour d’elle. C’est ainsi qu’elle est faite. On ne peut pas la changer. Ce n’est pas faute d’avoir essayé d’être différente par le passé. Kim soupire doucement avant de se pencher un peu vers l’avant. « Écoute, je t’assure que ça va bien se passer. Détends-toi, je ne vais pas foutre la merde entre toi et ton client. On me demande de l’aider et c’est ce que je vais faire. Je vais m’ajuster à lui du mieux que je le peux. Fais-moi confiance, Shay. » C’est à ce moment précis que l’on toque à la porte de son bureau. Kim invite la personne à entrer. Elle se lève ensuite lorsqu’un homme fait son apparition. Il est enfin là. La scénariste se tourne naturellement vers sa voisine pour qu’elle fasse les présentations. Dire que Kimmy ne connaît même pas le nom de ce type avec qui on lui demande de passer les prochaines heures. C’est pire qu’une blind date cette histoire.

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Kim & Shay

Faire marcher cet entretien, ce n'est pas une mince à faire. La jeune femme est obligée de prendre sur elle, bien plus qu'elle aimerait le faire à vrai dire. Mais le boulot c'est le boulot, rien ne compte plus pour elle alors elle continuera à se faire violence. Pour le bien du contrat. "D’accord, alors on va y aller de la sorte. Un cours abrégé en scénarisation, sans le fun et sans le diplôme." Présenté comme ça, la situation ne parait pas très réjouissante, sauf que ce n'est pas ce qu'à demandé Shay. Et pendant une brève seconde, elle a envie de le lui faire remarquer mais comme d'habite, son sens de la bienséance l'en empêche. En plus de ça, Kim accepte de jouer le jeu alors elle ne va pas risquer de tout gâcher. "Si c'est comme ça que vous le voyez. Merci en tout cas." La brune se dit qu'il faudrait lui décerner un prix Nobel de paix. Jamais elle ne se montre mesquine - même avec ceux qui la pique - alors que ce n'est pas l'envie qui lui manque parfois. "Tu n’es pas obligé de rester avec nous deux toute l’après-midi si tu es attendu ailleurs, tu sais. Je ne vais pas t’enchaîner à cette chaise. Mais, plus j’aurais de temps avec lui, mieux ça sera." La proposition est alléchante ; très honnêtement, elle serait très tentée d'accepter mais ce ne serait pas raisonnable. Et tout le monde sait que Shay ne ferait rien d'irraisonné. "C'est gentil de votre part. Enfin, je suppose. Mais je pense qu'il vaudrait mieux que je sois là." Il faut bien qu'il y ait un médiateur, quelqu'un de présent pour empêcher les esprits de s'échauffer. C'est un rôle tout trouvé pour la demoiselle qui est une experte dans ce domaine. "Écoute, je t’assure que ça va bien se passer. Détends-toi, je ne vais pas foutre la merde entre toi et ton client. On me demande de l’aider et c’est ce que je vais faire. Je vais m’ajuster à lui du mieux que je le peux. Fais-moi confiance, Shay." Elle ne demande qu'à la croire, vraiment. Mais Shay n'accorde pas sa confiance facilement, elle n'a jamais pu le faire. Il faut sans doute remercier ses parents pour ça. Et pour bien des choses à vrai dire ; comme le disait Freud, tout est lié à la parentalité. Ce sont eux qui crée nos plus grandes névroses. "C'est..." Elle ne peut terminer sa phrase, elle est en effet interrompue par quelqu'un qui toque à la porte. Ce doit être l'auteur, le moment de vérité est arrivé. Il pénètre dans la pièce, tend sa main vers elle pour qu'elle le salut. "M. Bass." Un brin à contre coeur, elle se tourne vers Kim. "Je vous présente Mlle. Kimmy Austen. C'est la scénariste dont je vous ai parlé ce matin. Elle va nous aider à faire de ce roman un véritable best-seller." Si elle se montre si enthousiaste, c'est pour l'écrivain soit dans de bonnes dispositions. S'il pense une seule seconde qu'elle n'apprécie guère la jeune femme, il se braquera, elle en est persuadée. "C'est un plaisir même si je ne suis pas réellement sûre de savoir en quoi vous pourriez m'aider." Se raclant la gorge, Shay se force à sourire, ce qui contraste brillamment avec la situation. Comme elle s'en doutait, c'est très mal parti.

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Shay & Kimmy

Le moins que l’on puisse dire c’est que personne n’a envie d’être là. Shay lui fait comprendre depuis le début. Elle est la personne la plus diplomate que Kim connaisse, sauf que c’est justement parce qu’elle se force à l’être autant en ce moment que la scénariste comprend qu’elle est là à contrecœur. Le boulot oblige, on pourrait dire. Kimmy n’est pas plus enthousiasme, mais de son côté c’est aussi visible que le nez au milieu de la figure. Elle force un sourire lorsque l’auteur se présente enfin au rendez-vous. En retard, d’ailleurs. Il est clair qu’il entre de reculons, juste à voir la rigidité de son regard. Shay fait les présentations. La brune tend une main vers M. Bass sauf qu’il ne lui offre pas la sienne en retour. Il se contente de l’insulter directement au départ. Nom de Dieu, ce type est vraiment une ordure de première. Kim ravale une insulte, faisant plutôt signe à ses deux invités de s’asseoir. Puisqu’il veut se la jouer direct, elle ne compte pas perdre davantage de temps. « M. Bass, pourquoi voulez-vous écrire sous la forme scénaristique ? » Il fronce les sourcils. « Pourquoi pas. » Kim décide de reformuler sa question. « En quoi cela sert votre propos, je veux dire ? Il n’y a pas de texte plus impersonnel que celui d’un scénario. » En effet, si vous voulez écrire quelque chose de parfaitement neutre et dépourvu de la moindre subjectivité, le scénario est la bonne manière d’y arriver. Tout simplement parce que s’est aux acteurs de donner vie à l’histoire, pas au texte. La jeune femme poursuit sans attendre la réponse de l’autre. « Vous cherchez à ce que vos lecteurs se détachent complètement des personnages pour les voir tels qu’ils sont réellement plutôt que tels que vous voulez les montrer, c’est ça ? Oui parce qu’avec un scénario, on ne peut pas cacher les défauts ou diriger l’émotion du lecteur. N’importe qui peut écrire un scénario, mais ce n’est pas n’importe qui qui peut être un bon écrivain. Vous voyez où je veux en venir, M. Bass ? » Il continue de la regarder, incertain de savoir ce qui se passe. « Je... » Il se tourne vers Shay, visiblement pour obtenir des explications de sa part. Kimmy a juste une dernière chose à lui dire avant. « Je peux vous enseignez à écrire de manière impersonnelle si vous tenez à ce que ce soit votre nom qui apparaisse sur la couverture de ce best-seller. On peut commencer dès maintenant. Mon ordinateur est prêt. Approchez-vous. » Il ne bouge pas. Le silence retombe.

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Kim & Shay

Le coeur de l'éditrice bat un peu plus rapidement qu'à l'accoutumé, elle a beau essayer de rationaliser la chose, elle ne peut s'empêcher de ressentir une appréhension grandissante. "M. Bass, pourquoi voulez-vous écrire sous la forme scénaristique ?" On peut dire qu'elle entre dans le vif du sujet. À vrai dire, Shay aurait préféré qu'elle se confonde un peu plus en civilités mais ce n'est pas forcément mauvais signe, si ? "Pourquoi pas." Voilà sa bonne humeur sa légendaire. Quand la brune disait qu'il pouvait être difficile, elle ne plaisantait pas. "En quoi cela sert votre propos, je veux dire ? Il n’y a pas de texte plus impersonnel que celui d’un scénario." Une unique respiration bruyante et saccadée lui échappe. Ça ne sent pas bon, pas bon du tout. "Vous cherchez à ce que vos lecteurs se détachent complètement des personnages pour les voir tels qu’ils sont réellement plutôt que tels que vous voulez les montrer, c’est ça ? Oui parce qu’avec un scénario, on ne peut pas cacher les défauts ou diriger l’émotion du lecteur. N’importe qui peut écrire un scénario, mais ce n’est pas n’importe qui qui peut être un bon écrivain. Vous voyez où je veux en venir, M. Bass ?" La bouche semi-ouverte, les yeux écarquillés, elle reste sans voix. A-t-elle vraiment dit ce qu'elle pense qu'elle a dit ? "Je..." Mayday. Mayday. Rien ne va plus. "Je crois que vous avez été on ne peut plus claire en effet." Elle se montre tranchante, bien plus qu'elle ne l'a été depuis des années. Elle n'a pu s'empêcher de prononcer cette remarque et elle s'en mord les doigts après coup. Ce n'est pas elle ça, pas celle qu'elle veut être. Il faut dire - à sa décharge - que Kim ne lui rend pas les choses faciles. "Je peux vous enseignez à écrire de manière impersonnelle si vous tenez à ce que ce soit votre nom qui apparaisse sur la couverture de ce best-seller. On peut commencer dès maintenant. Mon ordinateur est prêt. Approchez-vous." Mon dieu. Mon dieu. MON DIEU ! Mais qu'est-ce qui lui prend ? A-t-elle perdue l'esprit ? Est-ce c'est réellement comme ça qu'elle se montre gentille ? "Je ne suis pas sûr de comprendre ou même d'apprécier ce qui a été dit ici. Ou sous-entendu." Et voilà, ce qui devait arriver arriva. En un temps record, elle a détruit toute la relation que Shay a durement construite avec cet empêcheur de tourner en rond. Et dieu sait que ce n'était pas facile. Loin de là. "M. Bass, ne vous en allez pas. Ce que mademoiselle Austen voulait dire c'est qu'il serait bien pour elle de connaître vos motivations, le type de roman que vous voulez écrire. C'était une simple question. Très longue mais une simple question quand même. Sans sous-entendu aucun, je vous le promet. Et vous me connaissez, vous savez que vous pouvez me faire confiance." C'est presque si elle ne se jette pas sur lui pour l'empêcher de quitter la pièce. Elle ne peut pas le laisser partir. C'est hors de question. "Et pour ce qui est de vous, Mlle. Austen, s'il veut écrire ce scénario c'est parce qu'il écrit un polar, ça peut donc rajouter du mystère. C'est aussi simple que ça. N'est-ce pas M. Bass ?" À deux doigts de la crise de nez, elle parle plus rapidement qu'à son habitude, elle aimerait se contrôle mais rien n'y fait. "On va faire quelque chose de bien, ne vous inquiétez pas, ça va fonctionner." Sa voix parait bien plus sûre d'elle qu'elle ne l'est pas en réalité mais elle se doit de maintenir les apparences. Pour l'auteur. "Mais prenons une pause d'accord ? Demandez à la secrétaire de vous servir un café, on commencera les choses sérieuses dans un petit quart d'heure." Ce n'est pas une proposition mais bien un ordre. Il faut absolument qu'elle parle avec Kim seule à seule avant qu'elle ne mette en pièce tout ce qu'elle a construit. "À tout à l'heure." Un sourire tout ce qu'il y a de plus hypocrite sur les lèvres, elle maintient une attitude calme et posée jusqu'à qu'il referme la porte derrière lui. "Vous... vous ! Mais comment que... Mais ???" Paniquée au possible, elle agite ses mains tous les sens. Comment peut-elle avoir envenimé les choses si facilement ? C'est un don qu'elle possède, c'est ça ? "C'est ça votre notion de subtilité ? Il était à deux doigts de partir !" Toujours à fleur de peau, il lui faut puiser dans toute sa détermination pour ne pas trop hausser le ton. Sa voix n'en est pas moins affreusement aiguë. "Vous voulez me faire virer ?" Elle fait tout pour garder son légendaire calme mais ça devient très compliqué. Trop compliqué. Elle tient à son travail plus que tout et ne veut absolument mettre en danger sa position.

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Shay & Kimmy

Kimmy n’apprécie vraiment pas cette rencontre. Ça devient une attaque contre elle, il lui semble. Ce type ne veut pas collaborer et elle refuse de s’abaisser à lui prendre la main comme Shay souhaite tellement qu’elle le fasse. La scénariste est incapable de ne pas user de franchise, alors c’est évident que ça ne marchera jamais. Et tant qu’à perdre son temps et par extension leur temps à eux, autant tout lâcher maintenant. Des contrats aussi payant, bon sang, elle finira bien par en trouver d’autres un jour. Oui, ça lui fait mal. Oui, ça l’énerve plus que tout de s’avouer vaincue, sauf qu’elle ne peut pas faire de miracle avec des cons de première. Kim regarde Shay se démener pour maintenir l’auteur sous son contrôle. Il n’a pas du tout l’air de vouloir rester une seconde de plus et c’est réciproque. L’autre femme propose une pause et Kim devine que c’est dans le but de se faire réprimander. Elle a trente ans, il est trop tard pour la disputer comme une gamine. Son éducation n’a rien à voir avec son comportement actuel donc inutile de blâmer ses parents pour sa franchise extrême. Kimmy croise les bras sur sa poitrine, regardant l’éditrice avec une certaine froideur dans le regard. Soupirant longuement, elle se décide à réagir, prenant la copie du scénario de cet auteur et la faisant glisser vers Shay. « Il ne veut pas qu’on l’aide. Ou plutôt, il a décidé en pénétrant dans mon bureau qu’il ne voulait pas que je l’aide. Bonne chance pour trouver un autre scénariste aussi désespéré que moi qui va accepter de montrer à un ingrat comment écrire un truc dont il n’a aucune connaissance. Et un conseil, la prochaine fois, dite lui qu’il évite d’insulter en partant la personne qui avait sincèrement l’intention de l’aider. Peut-être que ça aurait fait en sorte que ça fonctionne. » Elle replace ses bras contre sa poitrine. « Dans ce milieu, si tu veut vraiment durer, tu sais te faire apprécier. Il écrit peut-être des best-sellers, mais son attitude va tuer sa carrière. Il est comment avec son public d’ailleurs ? Je te paris qu’il te fait faire des cauchemars en permanence. Si tu as envie de mettre la faute sur moi, bah ne te gênes pas. Moi je ne veux pas associer mon nom à un type qui méprise tout ceux qu’il croise. » La brune soupire encore une fois. Elle baisse les yeux, sa voix perdant en intensité et gagnant en regret. « Non, je ne veux pas que tu te fasses virer. Ça me fait vraiment de la peine que tu sois coincée avec lui. Surtout que tu as vraiment un talent incroyable comme éditrice et je le pense sincèrement. Ne laisse pas ta carrière être gâchée par les autres, Shay, moi-même inclus. » Kim réfléchit une seconde. « Pour le dérangement, je peux te donner les coordonnées des scénaristes à la retraite que je connais. Ce sont surtout des anciens professeurs d’université. Si jamais ça peut vous aidez, c’est la seule chose que je peux faire, je crois. »

ONGLET 1 ONGLET 2

Blushing is the color of vertue

Kim & Shay

Comment définir ce rendez-vous ? Une horreur. Un cauchemar. Une apocalypse. "Il ne veut pas qu’on l’aide. Ou plutôt, il a décidé en pénétrant dans mon bureau qu’il ne voulait pas que je l’aide. Bonne chance pour trouver un autre scénariste aussi désespéré que moi qui va accepter de montrer à un ingrat comment écrire un truc dont il n’a aucune connaissance. Et un conseil, la prochaine fois, dite lui qu’il évite d’insulter en partant la personne qui avait sincèrement l’intention de l’aider. Peut-être que ça aurait fait en sorte que ça fonctionne." Et bah, comme elle y va ! Ça n'étonne pas Shay de constater que pour la scénariste, tout est noir ou blanc. Le gris, elle ne connaît pas. "Insulter... C'est un peu exagéré là quand même..." C'est même l'hôpital qui se fiche de la charité selon elle. "Dans ce milieu, si tu veut vraiment durer, tu sais te faire apprécier. Il écrit peut-être des best-sellers, mais son attitude va tuer sa carrière. Il est comment avec son public d’ailleurs ? Je te paris qu’il te fait faire des cauchemars en permanence. Si tu as envie de mettre la faute sur moi, bah ne te gênes pas. Moi je ne veux pas associer mon nom à un type qui méprise tout ceux qu’il croise." Il est ce qu'il est, c'est vrai. Mais le boulot, c'est le boulot, il faut prendre sur soi, elle ne le répètera jamais assez. "Je... Écoutez, il est peut-être un peu brute de décoffrage mais vous l'êtes tout autant. Et ça me donne l'impression d'être à la seule personne raisonnable ici ! Et étrangement, c'est sur moi que ça retombera !" Savez-vous ce qu'est la rage contenue ? Parce que c'est typiquement ce que Shay expérimente en ce moment. Le ton de sa voix n'est pas haussé, son sourire ne l'a pas quitté mais il est pour autant facile de déceler la colère qui habite ses mots. Sa voix a en effet revêtit un timbre bien plus aiguë, pour un peu elle passerait presque pour une hystérique. "Non, je ne veux pas que tu te fasses virer. Ça me fait vraiment de la peine que tu sois coincée avec lui. Surtout que tu as vraiment un talent incroyable comme éditrice et je le pense sincèrement. Ne laisse pas ta carrière être gâchée par les autres, Shay, moi-même inclus." Les yeux plissés, hochant la tête, elle ne sait guère quoi répondre. "Et bien... c'est gentil. Ça l'est. Enfin je pense..." Elle n'est plus sûre de rien pour être honnête. "Pour le dérangement, je peux te donner les coordonnées des scénaristes à la retraite que je connais. Ce sont surtout des anciens professeurs d’université. Si jamais ça peut vous aidez, c’est la seule chose que je peux faire, je crois." C'est déjà pas mal en un sens, ça pourrait sauver son travail. "C'est professionnel de votre part merci. Ils colleront peut-être mieux avec la dynamique de M. Bass." Les professeurs de faculté sont généralement rigides. Tout comme M. Bass. "Je suppose que des au revoir sont donc de circonstances ?" Même si le projet vient de se compliquer, de se retarder encore une fois, elle ne peut s'empêcher d'être un brin soulagé. Cet entretien a été très éprouvant pour elle et il touche à sa fin.

FIN

ONGLET 1 ONGLET 2