we're having a baby (nahla)

Quelques jours se sont écoulés depuis cette grande annonce, quelques jours où il n’a pas trouvé judicieux de rappeler sa petite amie, s’il a toujours le droit de l’appeler ainsi. Il ne sait pas si cette dernière discussion entre eux était une rupture déguisée, ou s’ils se sont simplement éloignés pour réfléchir et se retrouver avec de grandes solutions. Il a pensé à récidiver, à la quitter comme il a quitté son épouse il y a quelques mois : avec une lettre des mots qui se veulent blessants, en lui disant que cette histoire ne rimait à rien, qu’il ne l’aimait pas et qu’il n’a plus besoin d’elle désormais. Sauf que c’est cette lettre qui aurait été un énorme mensonge, et non l’amour qu’il est certain de lui porter. Il est totalement épris d’elle, depuis le premier jour. Depuis qu’elle est venue chez lui pour jouer au modèle, depuis leur premier baiser quelques minutes après cette rencontre. Il est fou d’elle et ce sentiment l’habitera certainement jusqu’à son dernier souffle. C’est cette idée qui l’a motivé, qui lui a fait comprendre qu’il doit se réveiller, se relever et assumer cet enfant et les responsabilités qui l’accompagnent. Il a compris que le fait que le sujet n’a jamais réellement été abordé n’est pas un argument, que de toute façon s’il l’avait été, il lui aurait dit qu’il veut être le père de ses enfants. C’est arrivé quelques années en avance, ils devront faire avec.

Alors, il a fait comme font tous les hommes dans les séries américaines pour faire comprendre à leur compagne qu’ils sont prêts à devenir pères. Il est allé acheter un body pour les nouveaux-nés, c’est certainement plus petit vêtement qu’il a tenu entre ses mains, c’est également celui qui lui a fait comprendre le plus de choses. Dans quelques mois, il tiendra un être humain miniature dans ses mains, de cette taille. Son sang coulera dans ses veines, ce sera son fils ou sa fille. Et cette idée l’a rendu extrêmement fier, et finalement, ses peurs se sont envolées. Parce qu’il surmontera toutes les épreuves de la paternité avec Nahla, du premier biberon à l’inscription à l’université, ils feront toujours au mieux pour leur bébé. Devant la porte de la femme qu’il aime, le brun toque trois coups et ouvre la porte, sans attendre une réponse. Il n’a pas envie qu’elle lui claque la porte au nez si jamais elle daigne lui ouvrir. Le tatoué avance dans le salon, son regard se portant sur sa belle qui est bel et bien là. ▬ Salut toi. Rien ne justifie son arrivée dans cette pièce, l’échange de clés ne s’est jamais fait, finalement. Alors en tant que policière, elle pourrait presque décider de l’arrêter pour intrusion. ▬ J’pense qu’il faut qu’on parle du p’tit truc dans ton ventre. Il a le sachet du vêtement entre ses mains, le dépose sur la table avant de s’approcher d’elle. ▬ J’veux que tu le gardes. Avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche, il prononce ces quelques paroles. L’idée qu’elle veuille avorter lui a effleuré l’esprit et maintenant qu’il s’est imaginé avec un enfant, il n’a absolument pas envie qu’elle le fasse. Le garder n’est plus qu’une simple option, pour lui, c’est presque devenu une obligation.

Le brun va s’asseoir aux côtés de sa petite amie, sans la moindre hésitation. Il passe sa main sur sa joue pour sécher ses larmes, il n’aime pas la voir dans cet état. Qu’elle pleure à cause d’une tristesse qui la submerge ou qu’elle pleure de joie, le résultat est le même : il déteste ça. Il préfère la voir sourire et entendre ses éclats de rire, témoins qu’il a réussi à faire ce pourquoi il semble désormais exister : la rendre heureuse. ▬ J’ai jamais été aussi sûr de moi de toute ma vie. Il la regarde dans les yeux quand il lui confie ces quelques paroles. Il est fou d’elle, fou de ce futur bébé, fou de cette vie qui se présente à eux. C’est vrai qu’il n’a pas vraiment pensé à tous ces détails qui, finalement, sont très importants. L’argent, le fait qu’ils ne vivent pas ensemble, le fait que son métier ne ramène pas un salaire fixe tous les mois, le fait qu’elle risque sa vie tous les matins en allant au travail.. ouais, il n’a pas pensé à tout. Et maintenant qu’il est en face d’elle, les idées se bousculent dans sa tête, ça ne l’effraie pas pour autant. ▬ Il y a une solution à tout. J’peux me trouver un autre boulot si vraiment on galère dans les débuts, tu sais. La peinture, ça a toujours été sa passion et il a toujours refusé de faire un autre métier. Ses proches lui ont toujours dit qu’il n’arriverait à rien et il leur a prouvé le contraire en devenant un peintre important à Londres, mais ce n’est pas le cas à Island Bay et en partant de cette idée, peut-être qu’il peut faire une croix sur ses rêves de célébrité, sur son envie d’être un artiste reconnu. Laisser ses toiles dans un coin, peindre seulement quand il a le temps. Au final, il ne sait pas vraiment, la solution viendra au fil des semaines et mois à venir. ▬ Et sinon.. on peut vivre ensemble, non ? Je voulais te passer mes clés pour mon appart’ et inversement, on peut peut-être s’en trouver un à tous les deux.. enfin, tous les trois. Sa deuxième main vient se poser sur le ventre de Nahla, même s’il n’est pas encore énormément gonflé, il sait qu’un petit être vit à l’intérieur, et ça lui suffit amplement. ▬ J’veux vraiment un mini nous, parce que.. Il marque une pause, fronce légèrement les sourcils. Il y a des mots qu’il n’a pas dit depuis très longtemps, qui résument pourtant tout ce qu’il ressent. ▬ Je t’aime, vraiment. La dernière fois qu’il a dit ça à une femme, il l’a épousé, pour finalement se rendre compte que ce n’était pas sincère. Avec elle, c’est différent, il le sait déjà.

Vivre ensemble. C’est une aventure, quelque chose à essayer. S’ils se lancent, peut-être qu’ils seront toujours à deux, dans dix ans. Ou peut-être qu’ils se seront quittés, la cohabitation se passant mal, la vie de parents n’étant pas aussi belle qu’ils l’auraient aimés. La vie joue parfois des tours, il espère que ça se passera bien pour eux. Parce qu’il en a vraiment envie, plus que de raison. Il n’a vécu qu’une seule fois avec une femme, ça s’est mal terminé, par sa faute. Il ne fera pas la même bêtise avec Nahla, parce que elle, elle est vraiment spéciale. C’est la bonne, il en est sûr et certain. C’est pourquoi il a finalement osé lui sortir ces trois mots, ceux qui veulent tout dire. Il l’aime. Du plus profond de son cœur, il l’aime. Tout son corps vibre pour elle, ses pensées lui sont constamment dédiées. Elle est certainement la femme de sa vie, l’amour de sa vie, et tout ce qui va avec. Il ne sait pas si sa rouquine pense la même chose que lui, mais sa réponse lui fait chaud au cœur. Ses sentiments sont réciproques. Bien sûr, il n’en doutait pas, s’il ressent cette magie à chaque fois qu’il est avec elle, ce n’est pas pour rien, ils sont liés. Depuis le premier jour, jusqu’au dernier, ça ne s’arrêtera jamais. L’homme et sa femme, l’artiste et sa muse et bientôt, le père et la mère. Ils forment un duo que personne ne peut arrêter, coincés dans une bulle bien à eux, il n’y a rien ni personne capable de rompre cette union. Et ce n’est certainement pas ce bébé, qui est le fruit de leur amour, qui arrivera à semer la zizanie dans leur couple. Même si l’annonce n’a pas été idéale, même s’ils ont tous deux des peurs à affronter et décisions à prendre, tout ira bien. Tant que l’amour les porte, il n’y a pas de raisons de s’inquiéter. Il lui sourit quand elle lui avoue avoir peur, ça, il l’avait bien compris. ▬ Je suis là, d’accord ? Sa main quitte son ventre pour retrouver celle de sa petite amie, liant ses doigts aux siens. Il a besoin de la toucher, qu’elle le touche. Qu’il y ait toujours un contact entre eux, qui ne peut pas se briser. ▬ Et j’te promets que ce sera toujours le cas. J’prends pas ça à la légère, je sais que ce sera pas facile, au début, puis quand l’gamin grandira. En fait ça le sera jamais vraiment, mais j’suis là. Et à deux j’pense qu’on est capable du meilleur. Il la regarde droit dans les yeux, ça lui fait bizarre de parler aussi sérieusement, ce n’est pas son genre habituellement. ▬ Tu risques ta vie tous les jours en allant au boulot, c’pas un truc qui va faire 30cm à tout casser qui va t’faire peur, hein ? Il rajoute une petite vanne, ça l’aide à se détendre. Ils vont devoir parler sérieusement de son métier, il est conscient qu’elle débute à peine et qu’une pause, le temps de sa grossesse, le temps des premiers mois du nourrisson, ça peut lui coûter cher pour son évolution au commissariat. Selon lui, c’est un risque à prendre, mais est-ce qu’elle partage son avis ?