never, never gonna give you up. (Vesper - loterie)

Il n'est pas très surpris d'entendre sa version d'elle en tant qu'adolescente, mais cela le fait sourire et il s'imagine comment cela aurait été à l'époque, s'ils avaient fait la connaissance bien plus tôt. Rafael avait surtout la tête ailleurs, il se donnait à fond dans le sport et il faisait tout pour pouvoir entrer dans l'école militaire de la région et les filles n'étaient pas vraiment sa priorité. Ce n'est pas qu'il était insensible à leur charme, loin de là, mais il était plus discret et il était surtout le bon ami qu'on voulait avoir, il suppose en tout cas, il ne draguait pas vraiment. Il lui affirme qu'il n'y a aucun problème quant à la fille pour qui il éprouvait des sentiments autrefois, elle ne fait plus battre son cœur depuis des années, autant dire qu'il est un peu le genre à laisser le passé où il est et sans le remuer pour une quelconque raison. Sauf peut-être la fois où il s'est rendu à son ancienne école pour retrouver la petite boîte secrète avec plein de petits souvenirs, mais bon, c'était surtout par curiosité que d'une envie soudaine de renouer avec le lycée. « Oui, c'est certain, heureusement que nous ne sommes pas ainsi. » Il glousse, il préfère prendre les décisions à deux, sinon à quoi bon être en couple si on contrôle tout et si l'autre n'a pas droit à son opinion ? Enfin, c'est bien sûr son avis et heureusement, qu'ils ne sont pas contrôlant et qu'ils arrivent à bien s'entendre sur ce point, sinon il n'aurait jamais parlé de déménager dans la même maison. Il hoche la tête. « Ça me semble parfait ça ! » Il ne va pas cracher sur un sundae chocolat, il n'est pas très difficile et cela lui convient parfaitement, c'est même rafraîchissant. Rafael l'aide avec le plateau et le rosier. « Tu veux t'installer où ? » Il transporte les affaires à leur point, où ils vont manger.

Le moins qu’on puisse dire c’est que Vesper n’aurait pas aimé faire partie de ces femmes, notamment parce que ça lui aurait bien trop rappelé sa mère. Elle n’a pas envie de la démoniser, au contraire, elle est même d’avis qu’elle a un tas de qualités que bien d’autres femmes n’ont pas, de sa génération comme de celle de ses filles mais d’un point de vue global, c’est trop. Trop autoritaire, trop extrême, peut-être même trop indépendant. Comment peut-on être trop indépendant ? Me demanderez-vous. A partir du moment où cette indépendance confine à la solitude. Bien sûr, sa mère n’est pas quelqu’un de solitaire mais c’est uniquement parce que sa famille n’oserait jamais se détourner d’elle. Sans doute par crainte de représailles. Et ça, c’est triste. Puis elle n’aimerait pas non plus avoir une chiffe-molle pour compagnon. Pas que Rafa en ait un jour été une, elle est même certaine du contraire mais quelqu’un qui accepte, cède, s’écrase en permanence, ça fait un peu chiffe-molle. Tout ça pour dire qu’il a raison : heureusement qu’ils ne sont pas comme ça.

« On est bien mieux maintenant ! » déclare-t-elle en se penchant pour déposer un baiser sur sa joue.

Qui voudrait revivre son adolescence de toute manière ? Sûrement personne sauf dans les films. Vient alors le moment de la commande, Vesper salive d’avance à l’évocation du sundae. Chocolat parce que c’est la Saint-Valentin. Et aussi – et même surtout - parce qu’ils en raffolent. Les desserts à base de fruits, très peu pour elle. D’ailleurs les fruits n’entrent jamais dans la catégorie dessert selon la blonde, c’est un fait. Soit, elle observe brièvement l’étudiant aller leur préparer leur sundae en se disant qu’offre spéciale fête des amoureux mes fesses, c’est juste un bon plan pour les arnaquer avant d’aller faire le plein de pailles et de serviettes en papier. Une façon de se venger peut-être, toujours est-il que si c’est gratuit, alors en profiter, ça leur ferait faire des économies. Même si les pailles en papier c’est vraiment très nul, on est d’accord. Ils se retrouvent ensuite avec Rafa qui a récupéré le plateau et lui demande où elle va s’installer.

« Oh ben on a l’embarras du choix. En terrasse ? »

Pour profiter un peu du soleil avant qu’il ne cède sa place au vent et à la pluie d’ici quelques semaines.