With a neigh-neigh here, A neigh-neigh there

Qu’il se blesse, oui, exactement. Bien sûr, dans la mesure du possible, il fallait toujours qu’aucun animal ne se blesse mais on comprend aisément que, lorsqu’un cheval vous a coûté une petite fortune, vous redoublez encore plus d’attention à son égard. C’est pareil pour tout, au fond. Pas de Pur-Sang arabe pour elle, donc. Ni pour personne, soit dit en passant, car on ne proposerait jamais cet animal à un débutant pour une petite balade. Bref, tout ça pour dire que la balade débute. Que Vesper n’écoute les histoires qu’on lui raconte que d’une oreille parce qu’elle a très clairement l’impression que c’est toujours la même, quel que soit le narrateur, avant de s’apercevoir que, comme prévu, le cheval de la jeune fille commence à s’exciter. L’appel à l’aide qu’elle lit dans ses yeux est compris, si bien que la texane essaye tant bien que mal de calmer la monture. Sans trop de succès, il faut bien l’admettre. Trop d’agitation autour de cette brave bête, elle s’en serait doutée. Lorsque le cheval se met à filer, les organisateurs n’en mènent pas large mais même sans ça, la blonde se serait tout de même lancée à sa poursuite. Puisqu’elle avait la possibilité de l’arrêter, ça serait pratiquement criminel de ne pas le faire.

Une petite voltige et hop, Vepser se retrouve sur la selle de sa nouvelle amie, comme si de rien n’était. De là, il lui est plus aisé d’apaiser la monture, ce qu’elle ne tarde pas à faire avant que ça ne se termine en accident. Puis les organisateurs proposent ensuite une pause. L’autre blonde en profite pour la remercier, ce qu’elle balaie d’un geste de la main : vraiment pas de quoi, elle en aurait fait de même pour n’importe qui même si le contraire eût été étonnant. Bref, c’est en toute modestie qu’elle lui lance :

« Je vous avais dit que j’étais plutôt douée avec les chevaux. »

Suivi d’un clin d’œil. Non seulement elle s’y attendait, mais en ce qui la concerne, ce genre de moves est presque aussi naturel que de respirer. C’est même précisément ce type d’exercices qui lui a donné l’idée de faire le métier qu’elle continue d’exercer aujourd’hui. Oh, et puis loin d’elle l’idée de lui rappeler qu’elle le lui avait bien dit ; si personne d’autre n’avait pu le deviner, c’est que ce n’était pas si évident que ça, quoi qu’elle en dise ou pense.

« Vous devriez changer de monture pour le reste de la balade. »

Et bizarrement, tout le monde à l’air d’accord, bien que ça implique de devoir retourner aux écuries pour récupérer un cheval plus calme. Que ne feraient-ils pas pour rattraper leur erreur alors qu’ils viennent tout simplement de frôler la catastrophe ? Ça serait peut-être même le bon moment pour en profiter. Comme de demander à pouvoir monter un certain Pur-Sang, par exemple.

Vesper aussi aurait bien aimé que quelqu’un filme, ç’aurait pu l’aider pour son prochain rôle. C’est qu’à Hollywood, son nom était connu de tous mais ici, un peu moins. Oh bien sûr, ça ne la dérange pas de devoir repasser des castings, d’autant que c’est un tout petit peu exagéré ; les cascadeurs n’en viennent tout de même pas à se bagarrer entre eux pour obtenir un job. Mais c’est quand même un peu comme de passer de Mission: Impossible à un épisode de Derrick. Heureusement pour elle qu’il lui arrive parfois de retourner à Hollywood le temps d’un tournage. Bref, comme s’ils avaient prévu le coup – elle espère bien que non, sinon il faudrait peut-être voir à porter plainte -, les organisateurs ont emmené un cheval de plus avec eux. Cheval qui, ça se voit de suite, ne conviendra pas à la petite blonde. D’ailleurs, celle-ci s’empresse de lui proposer d’échanger avec elle. Non pas pour prendre le cheval loner, bien qu’elle aurait carrément pu, quitte à rester un peu en retrait afin de ne pas l’affoler plus qu’il ne l’était déjà mais il faut croire que les organisateurs ont bien retenu la leçon puisqu’ils préfèrent qu’elle prenne l’autre monture.

« Ouais, bien sûr. Vous verrez, celui-ci convient bien mieux à ce genre d’activités. »

La remarque qui suit la fait beaucoup rire.

« Dans ce cas, vous devriez peut-être essayer de forcer la chose. »

Ce qui n’est qu’une blague, évidemment. Bien que ça soit une idée, au fond. Un peu comme ces gens en Chine qui se jettent sous les roues des voitures passant au ralenti uniquement pour obtenir un dédommagement. Le système craint, autant l’arnaquer dès qu’on en a la possibilité. Tant qu’on est sûr de ne rien y laisser, en tout cas. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de la blondinette qui a déjà risqué gros la première fois. Dans tous les cas, Vesper remonte en selle. Et sent immédiatement que ce cheval-ci est de fait beaucoup moins pépère que le précédent. La texane se doute qu’on la laisserait partir au galop sans lui poser de questions après le sauvetage qu’elle venait de faire mais peut-être plus tard. Pour l’instant, ça n’est toujours pas le but. Non, avant que la balade ne reprenne vraiment, elle reste à la hauteur de l’autre blonde.

« Vous saviez qu’ils ont travaillé sur le tournage du Seigneur des Anneaux. C’est aussi votre cas ? »

A ce stade, ça ne l’étonnerait même pas que la réponse soit positive et ce, quoi qu’elle puisse bien faire dans la vie.

Vesper n’irait pas jusqu’à le clamer à haute voix mais heureusement qu’elle était là. Comment se serait terminée cette cavalcade, sinon ? Elle ne préfère pas l’imaginer. Dans tous les cas, ça ne doit pas lui faire une première fois fameuse à cette jeune fille et même si ça serait un peu triste de vouloir abandonner le cheval pour toujours, il y avait bien des gens qui passaient toute leur vie sans même savoir ce que c’était que d’en faire. La texane pouffe à cette remarque et opine du chef. Ouais, c’est de toute façon pas la plus brillante des idées qu’elle ait eue, elle en est bien consciente. La balade reprend ensuite mais encore plus en douceur qu’auparavant ce qui, estime-t-elle, permet à l’autre blonde d’écrire, raison pour laquelle elle se permet de continuer à lui faire la conversation. Oh quand même, la Nouvelle-Zélande n’est pas connue QUE grâce au Seigneur des Anneaux. Y a aussi les All Blacks et les kiwis qui y sont pour beaucoup. D’ailleurs, maintenant qu’elle y pense, elle n’a encore jamais vu un seul kiwi depuis qu’elle est ici. Ni un All Black, soit dit en passant mais ça vient surtout du fait qu’elle soit plus baseball que rugby, sûrement.

Soit. Un orc dansant. L’image d’un orc en tutu rose s’impose alors à son esprit et effectivement, ça serait risible. Mais elle parvient toutefois à faire le rapprochement avec la blondinette. Aussi surprenant que ça puisse paraître, elle doit être danseuse. Non, elle ne s’y serait pas attendue à cause de son handicap mais pourquoi pas, après tout ? C’est même carrément cool que ça ne l’empêche pas de faire ce qu’elle a envie de faire.

« Des orcs peut-être pas mais des hobbits très certainement. »

Ce qui n’est en aucun cas une insulte, évidemment. Du moins pas dans ce contexte-ci.

« J’en déduis que vous êtes danseuse ? »

Si oui, alors elle devait forcément savoir ce que c’était de se produire devant un public, elle qui lui posait la question un peu plus tôt. Puis elle lit la question qui suit et étire un sourire. Elle pourrait difficilement le cacher, on dirait. Alors elle acquiesce.

« Bien vu. Je suis cascadeuse. »

Si Vesper se permet cette précision, c’est surtout pour lui éviter de chercher dans quoi elle aurait bien pu voir sa tête étant donné qu’on se donne toujours un mal fou pour qu’elle ne soit pas reconnaissable, évidemment.

Bon ben pas de passage dans le Seigneur des Anneaux même sous forme de Hobbit pour la blondinette alors. En revanche, elle lui confirme être danseuse. Tout en ajoutant qu’elle sait que c’est particulier, un peu comme si on la regardait systématiquement avec des yeux ronds chaque fois qu’elle l’annonce. Et c’est sûrement le cas puisque c’est effectivement pas banal. En revanche, c’est pas Vesper qui va élaborer des théories comme quoi, forcément, en tant que personne privée d’un sens, tout ceux qui lui restent sont bien plus développés que la normale parce qu’au fond, elle n’en a pas la moindre idée. Peut-être que c’est ça – ça lui paraîtrait juste -, peut-être pas. Tout ce qui compte au fond, c’est que ça lui plaise, hein. Elle hoche donc la tête avec une petite moue appréciatrice.

« Quel style ? Je vous imagine pas du tout faire dans le classique. Sans vouloir vous vexer. »

Non parce que cette réflexion aussi peut être mal prise alors que dans la bouche de la texane, c’est plutôt un compliment. C’est bien connu que les danseuses classiques sont des cotons-tiges avec une vie carrément à chier et qu’à vingt-cinq ans tout juste, elles sont bonnes pour la retraite. Non, c’est clair, elle ne les envie pas. Bref.

« Un peu de tout. »

Moins de spectacle il est vrai mais ça lui est aussi arrivé, évidemment. Puis un sourire étire ses lèvres à l’évocation que Captain Marvel. Ah non. Elle aurait pu mais elle n’a pas bossé sur le MCU. Pour d’autres grands noms du cinéma en revanche, oui.

« Pas Captain Marvel, non. Uma Thurman, vous connaissez ? »

La combi jaune, le katana, tout le monde connaît, même sans avoir vu le film. D’ailleurs, ce n’était pas le seul Tarantino sur lequel elle avait bossé. Mais qu’elle le veuille ou non, ça commence à remonter.

« Nettement moins, c’est sûr. Mais c’est justement pour cette raison que je me suis installée ici, pour freiner un peu. »

Enfin presque. Pas la seule raison et de « freiner un peu », ça s’est transformé en « freiner énormément » mais pour l’instant, ça lui convient.

« Puis parfois ça m’arrive de retourner à L-A si le projet en vaut la peine. »

Comme pour le dernier James Bond qu’on verra peut-être un jour sur les écrans et puis la version de West Side Story de Spielberg. Voilà un film qui lui parlerait peut-être plus, en tant que danseuse.

Ah, voilà, du moderne ! En vrai, Vesper n’a aucune idée de ce à quoi ça peut bien correspondre. Tout ce qu’elle espère, c’est que c’est pas ce qu’ils appellent du « contemporain ». Non parce qu’on dirait quand même une bande de singes bourrés échappés d’un zoo. Ce qui ne remet pas en cause leur talent, c’est juste ce style qui lui donne cette impression. Mais les danses latines, voilà qui lui parle plus. Notamment parce que son copain l’est et qu’il s’est évertué à lui apprendre quelques pas. Résultat peu concluant. On n’irait pas jusqu’à dire que c’est trop féminin pour elle car il n’en est rien, la texane a beau être active et travailler dans un milieu plutôt masculin, ça n’empêche pas qu’elle puisse être féminine quand elle en avait envie mais… oh, elle n’en sait rien, elle n’est peut-être tout simplement pas très musicale comme personne, voilà tout et quoi que ça veuille dire. Bref.

« Ah, ça me rassure, ça vous va bien mieux. »

Puis elle revient sur le « que vous pouvez voir à la télé ». Vesper la regarde pas tellement mais elle se demande si ça vaut pour les rediffusions de concert ? Si ça se trouve, la blondinette a fait partie des back-up dancers de Madonna lors de son dernier concert ici ? Ou peut-être pas Madonna, c’est vrai qu’elle est has been maintenant, aussi douloureux que ça soit à admettre.

« Ça veut dire qu’on vous a déjà vue à la télé ? Dans un clip, peut-être ? »

Mais ensuite, ce fut de sa notoriété à elle qu’on parla. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la blonde est toujours ravie de voir l’effet que ça produit lorsqu’elle annonce qu’elle a été, entre autres, la doublure cascade d’Uma Thurman. Oui, oui, c’est elle dans la combi jaune. Enfin, c’est elle et Zoë Bell, les deux se sont relayées. D’ailleurs, c’est grâce à Zoë que Vesper a pu travailler avec Tarantino. Bref, un sourire espiègle étire ses lèvres tandis qu’elle pose son index dessus comme pour lui faire comprendre de garder le secret. Elle rit elle aussi à l’évocation de la retraite. Ah, elle pourrait éviter le sujet autant qu’elle le voudrait, c’est bien ce qui lui pendait au nez et ses journées sur certains tournages avaient tout l’air de sorties troisième âge, inutile de se voiler la face. Mais oui, elle peut effectivement se permettre d’être un tout petit peu plus exigeante, désormais. A la question suivante, elle hausse vaguement les épaules.

« Un peu. Disons qu’ici, c’est beaucoup plus calme. C’est justement dans les moments où c’est trop calme que je repars à L-A. »

Voilà, on peut dire que Los Angeles et la vie qui y est associée, c’est cool tant qu’on reste de passage. Nettement moins quand on s’y installe pour une longue durée.

A en croire la jeune blonde, le classique, les ballets et toutes ces conneries, c’est plus trop réservé à l’élite. Ou alors tellement qu’ils ont réussi à en dégoûter les autres. Et Vesper, ça la fait marrer, évidemment. Prenez ça, les snobinards. Quoi qu’il en soit, si c’est un style qu’on peut voir à la télé alors elle présume que c’est pas impossible qu’elle soit apparue dans un clip. Sans qu’elle puisse jamais retrouver lequel si c’est effectivement le cas parce que pour les back-up dancers, c’est un peu le même combat que pour les cascadeurs : on peut se rappeler de certains de leurs moves qui vous ont scotché sur place, mais pour ce qui est de leur tête en revanche… Enfin, pas tout à fait le même combat mais à peu de chose près. Cependant, il s’avère qu’elle aurait de toute manière beau chercher, elle ne trouverait jamais étant donné que la réponse est positive mais à une échelle locale. La texane a beau se creuser la tête, y a aucun nom de chanteurs ou de chanteuses un peu connus et néo-zélandais qui lui revient. Elle est pourtant sûre qu’il y en a et elle serait très certainement surprise d’apprendre qu’ils le sont.

« C’est déjà pas mal. »

Et puis s’ils – elle et sa troupe, suppose-t-elle - n’ont pas pour ambition que ça change, alors ça le resterait. Puis, qui sait ? Si un barman du coin passe une chaîne musicale du coin, peut-être qu’elle y apercevra la blondinette. Elle y prêterait attention.

A la phrase qui suit, Vesper comprend que devenir une star avec tout ce que ça implique, c’est pas vraiment le rêve de la jeune fille. Oh bien sûr, elle sait pertinemment que c’est pas ce dont tout le monde a envie mais elle a tout de même souvent tendance à l’oublier. Elle pense plus souvent que tout le monde en rêve un peu, tente sa chance d’une façon ou d’une autre, comprend qu’il s’est fait de sacrées foutues illusions et préfère en revenir à sa cambrousse, finalement. Pas seulement parce que c’est un peu son parcours à elle mais surtout parce qu’elle en connaît des tas, des gens pour qui c’est ce qui s’est passé. Puis un nouveau sourire étire ses lèvres.

« Ouais, bien sûr que j’ai gardé de bons contacts. Y a heureusement pas que des connards qui nous regardent de haut. »

Même s’il y en a, forcément. Mais elle se doute que l’autre blonde attend des noms alors se fait un devoir de lui en citer quelques-uns.

« Uma Thurman, donc. John Travolta, Brad Pitt, Liam Neeson, Charlize Theron… Mais le plus drôle et le plus sympa de tous, c’est Russell Crowe. »

Ouais parce que Charlize et sympa, en revanche, ça va pas toujours dans la même phrase. Mais elle ne désespère pas de retrouver Rusty ici un jour étant donné qu’elle sait que lui, il est néo-zélandais.

« Travailler par passion, hm ? »

Le rêve de tout un chacun alors qu’au fond, assez rares et donc chanceuses sont les personnes qui y parviennent. Cette jeune fille comme Vesper peuvent en témoigner, y a rien de mieux que de se lever le matin – ou à n’importe quelle heure, c’est jamais qu’une façon de parler – pour faire quelque chose qu’on aime. En théorie, la texane aurait dû reprendre le ranch familial et elle a beau adorer les chevaux et très bien savoir comment se gère tout ça, elle aurait détesté avoir à se lever tous les matins et ne rien avoir d’autre à faire de sa journée. D’autant que son ranch se trouve dans le trou du cul du monde, au fin fond du Texas avec toujours les mêmes péquenauds comme clients, généralement des cow-boys du coin. Non, elle a toujours aspiré à plus que ça. Même ici où les choses sont très calmes. C’est sûr qu’il y a bien moins à dire sur son travail ici qu’à Los Angeles. Los Angeles où elle a côtoyé certains des plus grands noms du cinéma. Ça ne manque jamais d’impressionner lorsqu’elle en fait une liste non-exhaustive.

« Ah ça… Je vais pas vous mentir, y en a quand même beaucoup à qui l’argent et la célébrité sont montés à la tête. »

Plus que d’autres, même, sans doute, car il n’y a pas que des acteurs sympas qui leur parlent comme à d’autres acteurs, des réalisateurs sympas qui leur demandent ou même expliquent posément et poliment ce qu’ils attendent d’eux. Non, il y a aussi les superstars, les grandes vedettes qui veulent qu’on lise dans leur esprit et que le petit personnel ne les approche surtout pas de trop près. Puis la blondinette s’enquiert de si elle a déjà rencontré Di Caprio. Ah, mais qu’est-ce qu’elles ont toutes avec ce type ?

« Je l’ai déjà croisé mais j’ai jamais travaillé avec lui. »

Un dragueur de première mais Vesper se doute qu’elle serait passée entre les mailles du filet pour une fois, pas assez jeune à son goût. Là-dessus, elle lui explique qu’elle connaît quelqu’un qui lui a volé un Golden Globe. Et quand on sait à quel point l’acteur a galéré à décrocher un Oscar – ce que tout le monde sait -, c’est… du génie ? Machiavélique ? Dans tous les cas ça la fait bien rire. Aussi téméraire qu’elle, sans aucun doute.

« Sans déconner ? Et un peu givrée aussi, non ? »

L’un ne va pas sans l’autre, il est vrai.

Bien sûr qu’elle travaille par passion elle aussi. Assez rares sont les gens qui se réveillent un beau jour en se disant « tiens, j’en ai marre d’être comptable, je vais aller faire quelques cascades. ». Enfin, il peut y en avoir mais c’est quand même très loin d’être le métier auquel on pense tout de suite pour une reconversion. Ou même tout de suite tout court, soit dit en passant. Trop risqué. Et elle le comprend parfaitement, Vesper ne compte plus les coups, coquards, membres fêlés, déboîtés, cassés, cicatrices, brûlures et j’en passe, que ça lui a causé. Il y a fort à parier qu’elle le sentirait passer dans ses vieux jours mais on n’y était pas encore tout à fait. Et puis c’est à ça que servent les primes de risque. Mais bon, c’était son choix et puis elle n’était sans doute pas la seule à plaindre. Les danseurs aussi sont réputés pour se faire du mal ; claquages, élongations, des mots avec lesquels on ressent déjà une certaine douleur rien qu’en y pensant. Des métiers qu’on ne peut que faire par passion, quand on y pense.

« Oui bien sûr, personne peut avoir envie de se foutre le feu ou encore de jeter sa voiture à toute vitesse contre un mur à moins d’être masochiste ou suicidaire sinon. »

Et ces gens existent donc on va pas prétendre le contraire. Un sujet en entraînant un autre, voilà qu’elles discutent de la vie des stars. Et la question « peut-on réellement les excuser ? » subsiste. Pour la texane, pas vraiment. Perdre un peu la raison, c’est une chose mais elle a assisté à beaucoup trop d’excès du temps où elle vivait à Los Angeles pour trouver ça excusable. Et bien que là-bas, toutes ces sortes de comportements déviants soient considérés comme normales n’y changeait rien.

« Mouais, c’est une excuse un peu facile, vous trouvez pas ? »

Comme de rejeter la faute sur les films d’action ou encore les jeux vidéo quand un ado pète un boulon et décide d’aller dézinguer le reste de sa classe.
Bref, Leonardo Di Caprio. Non, en se penchant un peu plus sur la question, on se rend compte qu’il a pas tellement de films nécessitant une doublure cascade au compteur. Il en a toujours une car en tant que chouchou d’Hollywood, il doit avoir tout un tas d’exigences toutes mentionnées dans son contrat mais pas sûre qu’elles soient payées à grand-chose, c’était le bon plan. En revanche, lui voler un award, quel qu’il soit, devait représenter un certain risque et elle saluait la performance. Vesper ricane.

« Aucun jugement. Givrée serait même plutôt un compliment. »

Surtout dans le cas présent. Car oui, on fait tous des choses un peu folles de temps à autre, elle est bien placée pour le savoir.