et si on te trouvait l'amour ? (iggy)

Elle ? Mentionner la piscine pour que des beaux gosses en maillots de bain viennent faire bronzette sur le bord ? Ah, peut-être bien, au fond. En fait, c’est surtout qu’elle a remarqué que le point commun entre tous les hommes qu’on avait pour habitude de croiser sur ce genre d’applications, en dehors de leur envie de sauter sur tout ce qui bougeait, c’était leur amour de la randonnée. Le hic, c’est qu’Iggy n’aimait pas tellement ça en ce qui la concernait. Crapahuter à s’en faire des ampoules aux pieds sur des sentiers à peine praticables la plupart du temps, très peu pour elle, vraiment. Et puis les longueurs qu’elle faisait quotidiennement donnaient l’illusion qu’elle s’entretenait. Ce qui était sûrement un peu le cas d’ailleurs, bien que ça ne soit pas forcément le but recherché. Bref.
« J’espère bien. Je vise carrément le défilé autour de la piscine au moins une fois par mois. »
C’est alors que Charli supposa qu’elle ne faisait ce compte que pour lui faire plaisir. Perspicace, la petite. Il faut dire qu’Iggy ne faisait pas vraiment d’efforts pour lui faire croire le contraire. Notamment parce qu’elle n’était toujours pas prête à laisser entrer quelqu’un dans sa vie de façon aussi intime que ç’avait pu être le cas avec son ex-mari et en ce qui concernait les coups d’un soir… Disons que ça pouvait être parfois amusant. Mais qu’elle avait quand même plutôt bien retenu la leçon la première fois. En réponse, elle haussa les épaules. Pas vraiment sûre de vouloir se trouver de nouveaux amis non plus, d’ailleurs. Mais si elle n’y mettait pas un peu sien, elles en auraient très vite fini.
« Haha. Je crois qu’ils n’ont pas trop apprécié que je leur mette une véritable raclée la dernière fois. »
Qu’elle ne sache même pas en quoi pouvait bien consister le bridge n’avait que peu d’importance au final. Ça ne l’avait jamais empêchée de coucher tout le monde. Notamment parce qu’elle trichait. Toujours. C’est alors que sa fille lui conseilla que, quelle que soit ses intentions, elle prenne quand même du bon temps. Juste comme ça. Chose peu commune pour Iggy : elle en resta coite quelques instants. Parler de ce genre de choses avec sa propre fille aurait pu avoir quelque chose de déroutant si c’était ce genre de relation qu’elles avaient entretenu. C’est plutôt le fait que cette perspective avait le don de la faire un tout petit peu paniquer. On aimait croire qu’elle était très à l’aise avec tout ça, sûrement parce qu’elle avait eu un enfant très jeune, mais on ne pensait jamais au traumatisme que ça lui avait laissé. Et qui avait grandement joué dans l’échec de son mariage en fin de compte. En abandonnant Charli à sa grand-mère paternelle, Iggy s’était juré que plus jamais ça n’arriverait. Alors certes, ça ne l’avait pas empêchée de juste s’amuser avec d’autres hommes, bien sûr. Mais toujours en faisant très, très attention. Tout ça pour dire que se retrouver face à sa fille qui lui disait ça à cet instant précis lui flanqua presque la chair de poule.
« Euh… Ouais. Ouais, bien sûr. Tu me connais. »
Pas tant que ça mais elle aimait bien prétendre le contraire, le temps de s’en remettre.

Ainsi, son profil fut donc créé. Enfin, il manquait toujours la photo mais ça ne dérangeait pas tellement Iggy. Sur ce genre d’applications, c’était toujours le physique qui primait et c’était un peu dommage. Disait-elle alors que la première chose qui ferait qu’elle swiperait à droite serait une calvitie naissante ou un ventre bedonnant, évidemment. En se foutant royalement de savoir si sur tous les autres plans, ça matchait ou non. Pourtant, elle était bien placée pour savoir que l’apparence ne voulait pas tout dire. Avant Sunny, elle les aimait plus riches que riche. Peu importait qu’ils soient alors grands ou petits, fins ou moins fins, quant à leur calvitie précoce… Pour peu qu’ils aient le compte en banque qui allait avec, elle prenait. Puis elle avait fait la connaissance de son ex-mari qui avait tout sauf l’air riche mais qui avait le sourire facile, toujours un compliment ou quelque chose de gentil à dire et ainsi de suite, inutile d’énumérer chacune de ses qualités, d’autant qu’il n’était pas exempt de défauts non plus mais tout ça pour dire que, du jour au lendemain, Iggy avait révisé son jugement alors oui, c’était un peu idiot de ne se baser que sur le physique. Mais comme dit précédemment, elle ne cherchait pas l’amour. Et quelque chose lui disait que les hommes dont elle ferait éventuellement la connaissance là-dessus non plus. Bien qu’ils proclament très certainement le contraire, tout ça n’était jamais qu’un jeu de dupes et tout le monde le savait, à force. Bref, Charli prit donc les choses en main et, sans s’embarrasser plus que ça de son avis, commença à faire une présélection. Elle étira un sourire. Pour sa fille aussi, c’était un jeu. Tant mieux, elle ne serait donc pas froissée si Iggy abandonnait la partie au bout d’un ou deux dates seulement. Parce que ça paraîtrait bizarre si elle ne disait rien, au bout d’une minute ou deux, elle finit par s’exclamer :
« Je vais quand même avoir mon mot à dire dans tout ça, tu crois ? »
Tout en sachant pertinemment que bien sûr que oui. Iggy n’était pas vraiment du genre à se laisser dicter sa conduite, pas même par sa fille. Si elle ne voulait pas du tout de beau-père dans l’histoire, il n’y en aurait pas. Aussi simple que ça. C’est alors que Charli tourna l’écran de son portable vers elle pour lui montrer la photo d’un type disant aimer la natation. Et si celui-ci ne posait pas torse-nu, il avait quand même trouvé le moyen de prouver ce qu’il avançait en posant en débardeur mettant en avant ses épaules de nageur, donc.
« Je doute qu’il en vienne à aimer jouer avec moi si c’est moi qui lui apprends mais ouais, pourquoi pas. Il est plutôt pas mal ! »

Qu’elle lui laisse une chance ? Mais Iggy ne laissait même pas de chance aux joueurs de son niveau ou encore meilleurs puisque ce qui l’amusait le plus dans le fait de jouer, c’était de tricher. Certains – comme Sunny – le savaient parfaitement et trouvaient le moyen de continuer à avoir envie de jouer avec elle. Mais le fait est que tout le monde n’était malheureusement pas Sunny. D’ailleurs, c’était peut-être un tout petit peu abusé parce qu’il n’était pas non plus le seul à jouer avec elle, mais le fait est qu’ils n’étaient quand même pas bien nombreux. Bref, tout ça pour dire qu’elle comprenait à peu près ce que Charli voulait dire par-là. Et que, peut-être que pour une fois, elle pourrait faire l’effort de jouer selon les règles, histoire de laisser ce pauvre homme se faire un peu la main avant de l’aplatir comme une crêpe de la manière la plus déloyale qui soit. Ça pouvait même servir de test en fait. S’il était assez fort mentalement pour supporter cette défaite alors c’est qu’il était un candidat plus sérieux qu’elle ne l’aurait cru.
« Hm, t’as sûrement raison. A voir au fil des conversations. Peut-être bien que je lui laisserai sa chance. »
Si conversations il y avait, bien sûr, parce qu’Iggy n’était pas sans savoir qu’il fallait d’abord que ça match entre les deux et ça, ce n’était pas encore sûr. Puis sa fille, visiblement très enthousiaste à cette idée, lui proposa de regarder d’autres profils pour maximiser leurs chances. Son implication dans cette affaire avait à la fois quelque chose de touchant et de vraiment drôle. Elle en avait fait sa mission, en quelque sorte. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la mère s’en amusait, au point de ne pas faire de réflexions et de la laisser se charger de tout ça et jetant un œil distrait à tous ces profils. Qu’elle avait à peine le temps de voir défiler la plupart du temps étant donné que Charli avait très vite fait l’impasse sur certains. Jusqu’à ce qu’elle s’attarde sur un profil plus que sur les autres. Et qu’elle mentionne Sunny.
« Quoi ? »
Bon, elle avait dit qu’il ressemblait à Sunny, pas que c’était lui. Ce qui serait étonnant parce que ce n’était pas le genre de son ex-mari de s’inscrire sur ce genre de trucs. Pas plus que ça n’était le sien à vrai dire et pourtant… Le coup d’œil qu’Iggy y jeta était bien moins distrait cette fois et elle en conclut que ce gars-là lui ressemblait un peu mais fut soulagée de voir que ce n’était pas vraiment lui. Maintenant, est-ce que ça changeait quoi que ce soit ? D’un côté, elle était très tentée de swiper à droite parce qu’il ressemblait à peu près à ce qu’elle voulait et d’un autre, est-ce qu’elle tenait tant que ça à fréquenter quelqu’un qui ne cesserait de lui rappeler ce à côté de quoi elle était en train de passer ? Rien que d’y penser, ça faisait déjà un peu mal. Gauche, droite, quel dilemme. Et ce fut la droite qui l’emporta. Comme en politique, peut-être que c’était une mauvaise nouvelle mais Iggy haussa les épaules dans un air qui se voulait détaché mais qui était un peu plus raide qu’escompté et le rire qui lui échappa était lui un brin plus nerveux aussi.
« Si ça se trouve, ça ne va même pas matcher. »
Peut-être même que c’était ce qu’elle espérait, au fond.

Aimer le profil de quelqu’un qui ressemble à Sunny, c’est vite dit… Bon d’accord, c’était très exactement ce qu’elle venait de faire, mais… Oh, y avait pas de mais en fait et elle savait très bien que si un psy devait analyser ce geste, il en aurait des choses à dire, mais que voulez-vous ? C’était pas parce qu’elle savait que c’était une mauvaise idée qu’elle n’avait pas envie de se duper elle-même. Comme si c’était la chose la plus normale au monde, histoire de donner le change, Iggy finit par hausser les épaules.
« On a été mariés pendant six ans. J’imagine que ça signifie que c’est mon genre d’hommes. Et puis… Je ne le déteste pas, malgré le divorce. »
Et ça, c’était un cas qu’on ne retrouvait pas si souvent chez les divorcés. Sunny ne l’avait jamais trompée – elle non plus, du reste -, jamais mal traitée ni rien du tout ça. En fait, ils seraient même probablement toujours ensemble à l’heure qu’il est s’il n’y avait pas eu cette divergence d’opinion, de point de vue entre eux deux. Du jour au lendemain, son ex-mari s’était subitement vu entouré de toute une marmaille. Tandis qu’elle n’avait jamais changé d’avis à ce propos. La meilleure chose à faire aurait probablement été de lui expliquer le pourquoi mais Iggy avait préféré se braquer et se convaincre qu’elle ne devait de compte à personne, c’était ainsi. Bref. De son côté, Charli pensait que ça pouvait matcher. Mais si elle n’y croyait pas un minimum – et là on parle de tous les hommes pour qui elle avait swipé à droite, pas seulement de Sunny bis -, elles ne seraient pas en train de lui chercher l’ « amour ». Dans tous les cas, la détermination de sa fille avait quelque chose d’attendrissant. Peu importe les raisons pour lesquelles elle faisait ça. Et c’est un sourire qu’elle lui renvoya en entendant qu’elle mettrait toutes les chances de son côté. Vint ensuite le moment tant attendu des photos. Pas si attendu que ça, en vérité, mais Iggy savait qu’il lui faudrait passer par-là et s’y était préparée. Jetant un œil par la baie vitrée, une idée lui vint.
« Attends-moi une seconde, je reviens vite. »
Là-dessus, elle monta à l’étage. Sans intention d’en faire de trop non plus, elle se changea en vitesse et revint en peignoir auprès de Charli.
« En fait, je me dis qu’on a qu’à prendre quelques photos près de la piscine. Il fait nuit, ça pourrait donner un bel effet. »

A son retour, Iggy ne put que rire en entendant la remarque de sa fille. Le grand jeu. Peut-être un peu, au fond ? Mais disons qu’elle savait très bien ce que les mecs regarderaient en premier si elles postaient des photos d’elle de dos. Pire, on pourrait croire que c’était fait exprès pour attirer l’attention sur sa chute de reins. Alors qu’en vérité, elle préférait éviter qu’on ne s’intéresse à elle que pour sa plastique. Ou pour sa fortune mais ça, c’était peine perdue et Iggy le savait. Alors la piscine, pourquoi pas ?
« Si je te dis que c’est plus par amour de l’art qu’autre chose, tu n’y croiras pas, pas vrai ? »
Pourtant, loin d’elle l’idée de s’exhiber – bien qu’elle soit plutôt à l’aise avec son corps - s’il n’y avait rien à gagner. Et dans ce cas précis, y avait rien à gagner. C’était juste que bon, autant rendre ces photos un peu intéressantes. Prenant la porte-vitrée, elles sortirent donc sur la terrasse et elle rit une fois de plus à la remarque de Charli.
« Dis pas ça, on dirait que je suis en train de racoler. »
Même si le but était effectivement de tomber le peignoir parce que, dans un premier temps, ça serait un peu idiot de le ruiner à cause du chlore et dans un deuxième, ça ne ferait que l’alourdir une fois dans l’eau. Parce que oui, Iggy avait bel et bien prévu de se mouiller. C’était même le but de la manœuvre, tout ça pour ne pas avoir à aller se maquiller. Se débarrassant du peignoir qu’elle laissa sur une des chaises longues au bord de la piscine, elle ne prit pas la peine de répondre à sa fille mais tendit les bras au-dessus de la tête et, joignant les mains et donnant une impulsion, plongea avec grâce. Puis, regagnant le bord, elle s’y hissa mais sans complètement sortir de l’eau, prenant la pose.
« Je compte sur toi pour bien cadrer. »
Au-dessus des fesses, c’est ce qu’elle voulait dire, sinon tout ce cirque n’aurait rimé à rien et elle aurait tout aussi bien pu se contenter de prendre une photo de dos.
« Le gauche, c’est mon bon profil. »
Ce disant, elle détourna le regard de l’objectif pour se donner un air mystérieux qui irait bien avec la photo. Supposait-elle, en tout cas. Et si ce n’était pas le cas, elle pourrait alors se rabattre sur une photo prise au bord de l’eau. Dans le jeu de lumières de la piscine, ça pourrait éventuellement le faire.

Photoshop… Charli ne s’en rendait peut-être pas toujours compte – ou alors si, carrément, et dans ce cas, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même si elle aurait préféré que sa fille soit mieux éduquée – mais ses mots pouvaient être parfois coupants comme des lames de rasoir. Pourtant, elle n’avait rien fait de plus que sous-entendre qu’elle n’était peut-être pas une si bonne photographe que ça. Mais ça pouvait également vouloir dire qu’Iggy aurait bien besoin de quelques petites retouches. Bon, concernant ce point, elle était tout sauf susceptible. Non, elle ne pouvait physiquement pas plaire à tout le monde, ça, elle l’avait compris très vite et, dès lors, ça n’avait jamais été un véritable problème pour elle, il suffisait de compenser avec autre chose. Et quand autre chose ne suffisait pas eh bien tant pis. Ne jamais s’embarrasser de qui que ce soit – en dehors du travail, s’entend - était devenue sa devise au fil du temps. Tout ça pour dire qu’elle pouffa à la remarque et prit donc la pose. Qu’elle lui donne des conseils ou non, Charli préférait lui tourner autour pour la mitrailler presque sous tous les angles avec cette excuse qu’ont la plupart des influenceurs aujourd’hui : si on en prend des dizaines, y en aura forcément une dans le lot qui sera bonne. Pas faux et elle imagine que tous les gens qui ne sont pas photographes de métier, qui n’ont pas l’œil comme on dit, doivent avoir recours à cette méthode. Puis, après être sortie de l’eau et pris d’autres poses, Iggy s’assit sur le transat où elle avait abandonné son peignoir juste avant de plonger et en fouilla les poches à la recherche de son paquet de cigarettes tandis que Charli se vantait de ne pas être si mauvaise photographe que ce qu’elle croyait, tout compte fait et lui demandait si elle était sûre de ne pas vouloir qu’elle lui fasse un book. De mocheté qu’il faut à tout prix photoshopper, voilà qu’elle passait à future mannequin, ça la fit ricaner.
« En fait, j’aime pas trop l’idée que des photos de moi puissent circuler n’importe où. C’est pour ça que j’en garde aucune et qu’on a dû en faire. »
Elle ne prenait pas beaucoup de risques à avouer ça, au fond, elle était comme beaucoup de gens parfois un brin paranos qui se méfient d’Internet, des réseaux sociaux et des personnes mal intentionnées qu’on peut y trouver. S’allumant une clope dont elle prit soin de souffler la fumée aussi loin que possible de sa fille, elle poursuivit en haussant les épaules :
« Par contre, j’aime bien les Polaroïds. C’est cool puisque ça revient à la mode. »
Ce n’est qu’alors qu’elle se pencha sur les clichés et les fit défiler, supprimant ceux qui étaient flous ou mal exposés pour ne garder que ceux ayant du potentiel.
« Finalement ça en fait quand même pas mal parmi lesquelles faire un tri parce qu’il ne faudrait pas qu’on leur en donne trop non plus. Tu sais quoi ? Je t’ai fait confiance jusqu’ici alors je vais continuer pour le choix final. Choisis-en deux ou trois. »

Bien sûr qu’Iggy laisse le choix final à sa fille. Après tout, n’était-ce pas son idée et ses photos, même ? Elle attendit donc de voir la sélection que Charli allait faire avant de l’approuver ou non. Mais y a pas de raison qu’elle dise non. D’ailleurs, elle ne le fait pas, la laissant poster les photos choisies qui, à son humble avis, sont les meilleures de chaque « catégories ». Puis elle l’écouta lui dire que voilà, son profil était à présent complet, il ne restait donc plus qu’à attendre. Tirant sur sa cigarette, elle fit la grimace.
« Ce que j’aime le moins. »
L’attente. Pourtant, dans son milieu, il valait mieux beaucoup attendre que d’agir sur un coup de tête. L’empressement, c’était précisément ce qui vous envoyait en prison sans passer par la case départ et sans toucher la prime. Autant dire qu’elle avait l’habitude, donc. Certes, mais ça ne rendait pas le concept moins chiant pour autant. Mais soit, elle avait passé l’âge de faire un caprice et, de toute manière, s’il ne s’agissait pas du sosie de son ex-mari, elle se fichait un peu de voir si son profil avait du succès ou non – surtout qu’elle n’en doutait pas une seule seconde ; c’était pas se la péter, c’était se rendre compte de ses qualités et de ses défauts -, mais voilà. Là-dessus, Charli lui fit savoir qu’elle voulait figurer dans son discours, à son futur mariage, et même dans ses vœux, tiens. Ce qu’il fallait pas entendre… Ça serait sans doute un peu fort de dire qu’Iggy était contre le mariage… Elle qui s’était mariée tant de fois, mais la seule qu’elle ait jamais avouée avait été la seule qui avait compté à ses yeux. Et ça, à moins d’un miracle, elle n’était pas prête de remettre le couvert. Pas même avec le sosie de Sunny. Arquant un sourcil, elle pouffa.
« J’espère bien, ça me paraît déjà pas mal de figurer dans mes vœux. »
Iggy jouait toujours le jeu, c’est ce qu’elle avait toujours fait alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Puis elle baissa à nouveau les yeux sur son écran et vit qu’elle avait non seulement des matchs mais aussi des messages. Incroyable, la plupart du temps les mecs sur ce genre d’appli attendaient que les femmes fassent le premier pas. A moins d’être intéressés. Et à ce stade, elle n’était pas sûre que recevoir des messages était donc une si bonne nouvelle que ça. Poussant doucement sa fille du bras, elle lui désigna son téléphone.
« Regarde ça, on dirait bien que ce sont tes photos qui les ont attirés. Quant à savoir s’ils sont là pour moi ou pour la piscine, j’ai un doute… »

Ses photos ou le modèle, le mystère demeurait entier. Mais Iggy préférait ne pas croire uniquement à ce que ça soit l’option modèle qui l’emporte. Si cette histoire devait aller plus loin que quelques messages échangés et un date, alors elle préférait qu’on la choisisse pour elle en tant que personne et pas seulement en tant que corps ou visage. Ce qui était déjà mal barré puisqu’elle n’avait pas hésité à mentir dans son profil, vous me direz. Oui mais bon, comme souvent, elle avait quand même de bonnes raisons de le faire, celles évoquées plus tôt. Bref, tout ça pour dire que ça serait donc idiot de sa part d’en attendre plus mais que ça ne change rien au fait qu’elle ne peut pas vraiment s’empêcher de se dire que qui sait, peut-être que.... Un réflexe humain, sûrement. Dans tous les cas, après une petite moue clairement dubitative, elle redonna le téléphone à sa fille qui était en train d’exprimer son étonnement. Vraiment ? Pourtant les choses allaient généralement assez vite sur les applis de rencontre. Souvent même beaucoup trop vite pour que ça puisse donner quelque chose de concret ou de stable. Là-dessus, elle se pencha pour lire les messages par-dessus l’épaule de Charli qui n’hésitait pas à critiquer ouvertement leur manque de cran, à ces gars. Iggy esquissa un sourire et la laissa choisir un de ces types avec qui elle échangea quelques messages sans même la consulter. La façon dont elle avait l’air prendre les choses à cœur ne cessait de l’amuser. Même si ça signifiait qu’elle allait devoir supporter un rencard avec un type qu’elle ne connaîtrait ni d’Eve ni d’Adam. A qui elle ne saurait même pas quoi dire, peut-être. Mais non, ça, c’était impossible ; Iggy trouvait toujours de quoi faire la conversation, même avec les gens avec qui elle n’avait strictement rien en commun.
« T’en as trouvé un qui mord ? »
Comme à la pêche, aucune envie de savoir si c’était littéralement le cas. Pas dans un premier temps en tout cas. Peut-être plus tard. Terminant sa cigarette, elle se tourna de nouveau sur sa fille.
« T’es bien consciente que je t’embarque avec moi dans cette histoire pas vrai ? S’il y a date en effet, je compte sur toi pour qu’on s’y prépare ensemble. Je me vois mal le faire solo alors que t’es à ce point impliquée. »
Ça voudrait dire se renseigner sur le business des boîtes de nuit et trouver une tenue, ce genre de trucs. Au fond, ça leur permettrait de passer un peu plus de temps ensemble sous couvert d’une bonne excuse.