evening of ghosts and ghouls → eve

Hé bien, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette expédition était particulière. D’habitude, il n’y avait que l’entrée qui était difficile d’accès, le reste allait tout seul. Mais cette fois, rien n’était simple. Et évidemment, il fallait qu’elle soit la seule fille de l’équipe d’Ash cette fois-là. Sinon, elle aurait pu demander à quelqu’un de plus régulier pour ce qui était du serrurier. Idée qu’Eve sembla approuver. Ou en tout cas, elle n’était pas contre mais elle laissait à Asher le soin de décider si oui ou non il voulait en arriver là. Toujours est-il que Noomi pensait que ça serait une bonne idée de faire copain-copain avec quelqu’un du métier au cas où ça viendrait à se reproduire. Enfin bref, elle lui demanderait si jamais elles ne parvenaient pas à débloquer la situation par elle-même d’ici-là. S’ensuivit alors une technique complexe pour faire monter tout ce que les gars avaient trouvé dans le coffre. C’est qu’ils avaient trouvé un paquet de trucs dans ce coffre. La blonde acquiesça quand Eve parla de salopette et de casque de soudeur. Elle n’était même pas sûre de pouvoir mettre un nom sur tous les outils qui se trouvaient sous son nez. Oui certes, elle se débrouillait un peu pour les travaux à la maison, histoire d’éviter qu’on lui taxe trois-cents cinquante dollars pour juste vider une bonde mais ça s’arrêtait là.

« A mon avis, les cambrioleurs se déplacent uniquement avec un pied de biche et un diamant. Mais si on n’arrive pas à ouvrir avec tout ça c’est qu’il faut vraiment faire appel à un pro. »

La jeune fille parla ensuite de graisser la serrure et d’essayer toutes les clefs anciennes qui se trouvaient là. Il y en avait plein, si bien que Noomi se demandait d’où elles pouvaient bien provenir et se disait que si l’une d’elle correspondait, alors ça tiendrait du miracle.

« D’où est-ce qu’elles viennent, toutes ces clefs ? »

Elle en prit une pleine poignée ainsi que la burette d’huile et alla s’agenouiller devant la porte. Partant de là, elle y allait un peu à l’aveuglette mais ça ne devait pas être bien compliqué, il n’y avait qu’à verser l’huile dans le trou, y mettre une clef, la tourner et réitérer si ça coinçait. En vrai, c’était comme de chercher une aiguille dans une botte de foin vu le nombre de clefs qu’il y avait à leur disposition mais elle ferait de son mieux pour ne pas perdre patience trop vite. Alors let’s go. Huile, une clef, deux clefs, trois clefs et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle ait épuisé le stock qu’elle s’était fait. Alors elle laissa la place à Eve.

Ce n’était pas la première fois qu’elle entendait dire ça au sujet des serrures que plus d’une clef peut ouvrir, c’est que ça doit être vrai. En revanche, c’est toujours aussi dérangeant. C’est fou ce qu’on se sent en sécurité chez soi, sachant ça. Toujours est-il que Noomi comprend mieux l’intérêt de garder les clefs que l’on trouve même si ça non plus ce n’est pas des masses rassurant, dans le fond. Elle rangea cette information une fois de plus dans l’un des tiroirs de son cerveau en espérant qu’elle ne l’oublie pas encore une fois et c’est pile à cet instant qu’Eve annonça qu’elle venait peut-être de trouver une gagnante. Ça bougeait et la jeune fille savait quoi faire dans ce cas-là. Pendant ce temps-là, la blonde se contentait d’observer. Ce le genre de techniques qui peut s’avérer fort utile en cas d’oubli ou de perte de trousseau de clefs, ça. Eve huila, y alla d’abord en douceur avant d’y mettre plus de force et la porte se déverrouilla. Au même moment, un raffut de tous les diables se fit entendre. Au rez-de-chaussée, les gars les avertir que tous les gadgets étaient en train de s’affoler. En ce qui concerne Noomi, elle n’était pas certaine de si c’était une bonne chose ou non. De tous les cas, c’était bizarre et son esprit qui essayait par tous les moyens de se raccrocher à toutes les explications rationnelles qui pouvaient lui passer la tête eut un peu de mal à en trouver une, cette fois-ci.

« Haha, ça a l’air de leur plaire autant qu’à un grizzli dérangé en pleine hibernation. »

Bon, it’s showtime. Parce qu’après tout, ils étaient là pour ça : pour voir des ectoplasmes. La grecque prit son courage à deux mains et ouvrit la porte pour passer prudemment la tête à l’intérieur. Ce qu’elle cherchait, c’était la tache ou l’ombre de tout à l’heure, celle qui avait fait qu’elles avaient trouvé cette porte, comme pour les guider. Mais elle ne vit rien. Du tout. Il faisait aussi sombre là-dedans que dans le derrière d’une vache – paraît-il -, aussi éclaira-t-elle droit devant elle. Mais sa lampe-torche se mit à lui jouer des tours elle aussi, à s’éteindre et à se rallumer plusieurs fois de suite. Comme tout le monde dans ce cas-là, elle eut le réflexe de taper dessus comme sur une bouteille de ketchup et ça se stabilisa momentanément.

« Ça s’agite toujours du côté de ton détecteur ? »

Elle allait ajouter qu’on y voyait que dalle, mais le mieux était encore de lui montrer. Elle se décida finalement à entrer. Et fut assaillie par un nuage de poussière, déplacée par leur seule présence.

« Hé ben, ce qui est sort c’est que personne n’est venu ici depuis belle lurette. » mumura-t-elle entre deux quintes de toux.

Là, tout de suite, elle avait un peu l’impression d’être Lara Croft qui pénètre dans un tombeau pour la première fois depuis des siècles. Et c’est assez cool, elle en oublierait presque d’avoir la trouille. Mais bon, en l’occurrence ce n’est jamais qu’un vieux bureau et à priori, elle ne voit pas ce qu’il y a de plus ici qu’en bas.

« Au moins on peut s’estimer chanceuses, pas de pentacle dans les environs. »

C’est toujours ce qu’on voit dans les autres émissions de ce type. En revanche il y a ce bruit : des coups frappé contre le vieux bureau, à quelques centimètres d'elles seulement.

Lorsque Eve dit qu’on se passait très des exorcismes et autres incantations, Noomi fut de son avis. A la rigueur, elle pensait que les exorcismes, c’étaient des conneries, un peu comme tout ce qui provient de telle ou telle religion et qu’on aurait probablement dû envoyer le possédé consulter un psy ou le mettre sous traitement mais bon, si l’issue était positive alors pourquoi pas ? Comme les placebos, l’homéopathie et compagnie, l’essentiel c’est que ça marche mais le problème c’est que le résultat est loin d’être toujours positif. Non, ceux dont il fallait se méfier selon elle, c’était plutôt ceux qui y a croyaient du comme fer. Pas les exorcistes – bien que ça soit différent dans le cas des chamans et autres trucs du genre qui, eux, sont passé maîtres dans l’art de l’escroquerie – qui ne font que leur métier, au final, plutôt les bigots et les cultistes qu’elle rangeait facilement dans le même panier même si elle n’aimait pas trop ça. Quoi qu’il en soit, c’était donc tout aussi bien qu’il n’y ait pas tout ça dans cet endroit. Si ça n’attirait pas les démons, en tout cas ça attirait forcément les énergies négatives. Elle hocha à nouveau la tête puis son regarde se posa ensuite sur le détecteur dont toutes les diodes brillaient toujours dans le noir. Son esprit rationnel tâchait de se convaincre qu’il pouvait y avoir tout un tas de raisons à ça. D’ailleurs, elle n’avait même jamais trop compris le fonctionnement de cet appareil, pourtant, Ash avait le même et avait déjà essayé de lui expliquer mais en vain, manifestement. C’est à ce moment-là qu’Eve lui annonça qu’il n’y avait pas que de la poussière ici mais également de la suie. L’histoire de l’incendie lui revint subitement en tête. Ainsi qu’une certaine scène du film Silent Hill.

« Si ça se trouve, c’est d’ici qu’a commencé l’incendie. »

Voilà qui n’était pas bien rassurant. D’ailleurs, Eve dit alors tout haut ce qu’elle était en train de penser : qu’elle n’aimait pas ça. La suie, l’espèce d’ombre et ainsi de suite, c’était une chose mais les cognements dont elles ne trouvaient pas la source, c’était autre chose. Comment expliquer ça de façon rationnelle ? Hé bien Noomi ne savait pas et c’était bien ça tout le problème. Eve recula direction de la porte pour empêcher que celle-ci se referme sur elles – brève vision d’horreur – et puis, comme dans les films, il lui sembla que la température chutait soudainement et un coup de vent venu dont ne sait où souleva un nuage de poussière et de suie. Ç’aurait pu être cool si la blonde n’en avait pas eu plein les yeux. Elle s’empressa de les frotter pour y voir de nouveau avant de se tourner vers la jeune fille.

« Bon, vous faites quoi quand vous avez trouvé l’endroit le plus hanté des lieux que vous visitez, vous ? Vous faites aussi des séances de spiritisme ? »

C’est ce que l’équipe d’Ash faisait. Mais ils étaient bien plus nombreux et au vu de tout ce qui venait de se passer, était-ce seulement bien nécessaire ? Ou fallait-il commencer à fuir ?

Noomi savait par expérience que le spiritisme, soit les gens sont à fond, soit ils y croient mais on ne leur ferait pas essayer pour tout l’or du monde tellement ils ont la trouille, soit ils n’y croient pas et la planche de ouija n’est qu’un jouet et pas du tout un outil de communication. Alors à chaque fois qu’elle posait la question, elle avait l’impression de prendre un risque. Celui de passer pour une folle, que ça soit parce qu’elle y croyait – ce qui n’était de toute façon pas le cas -, soit parce qu’elle n’avait soi-disant pas conscience du danger que ça représentait. Mais là, elle parlait tout de même à quelqu’un qui croyait au paranormal alors estimait que le risque était moins grand. Pourtant, Eve sembla hésiter. Il faut donc croire que l’équipe d’Eve ne faisait pas ce genre de choses. Ou alors peut-être que si mais si la jeune fille hésitait c’était surtout parce qu’elles n’étaient que toutes les deux dans cet endroit pas mal craignos en termes d’esprits. C’est vrai que si elles s’étaient retrouvées dans un film d’horreur de seconde zone, ç’aurait carrément été le truc à ne pas faire.

La blonde préféra laisser la décision finale à Eve. Après tout, elle s’y connaissait bien mieux qu’elle. Et elle opta pour une tentative de contact. Mais pas par le biais d’un quelconque objet de divination, juste en parlant. Noomi acquiesça à cette proposition et puis quand elle lui demanda de ne pas faire de bruit. Elle en ferait le moins possible. Et ça commençait dès à présent. Elle s’empara de son téléphone pour avoir encore un angle différent de la scène. Pas de « esprit es-tu là ? » de la part d’Eve. Trop théâtral ou trop cliché. Non, de simples questions que l’on pourrait poser à quelqu’un que l’on vient tout juste de rencontrer. Hormis la dernière. Voire les deux dernières. Mais au moins, on ne perdait pas de temps et ça, c’était bien. En termes de réponses, elles n’obtinrent rien de très concluant. Du moins de prime abord. Elle avait regardé assez d’épisodes de Buzzfeed Unsolved pour savoir que parfois, c’est plus tard, lorsqu’on visionne les rushes qu’on détecte certains bruits qui peuvent éventuellement ressembler à des réponses. Puis Eve se tut et lui laissa l’occasion de poser des questions elle aussi. Sauf qu’elle n’avait pas la moindre idée de quoi dire. Alors elle ne put que calquer sur ce qu’elle avait vu à la télé.

« On a des appareils qui vous enregistrent alors si vous avez quelque chose à dire, c’est le moment. »

Tant que ce n’était pas quelque chose du genre « Machin m’a tué, vengez-moi sinon je vous maudit sur sept générations », tout irait bien.

Tandis qu’elle essayait de communiquer avec les esprits – qui pour l’instant étaient plutôt du genre taiseux -, Eve quant à elle faisait tout autre chose et Noomi préféra ne pas regarder quoi de peur d’être déconcentrée. Pourtant, il y eut bien un moment où elle ne put plus faire abstraction de tout le reste et ce fut lorsque la jeune fille lui annonça qu’il se passait un truc. Ah bon ? Jusqu’ici, elle n’avait rien ressenti mais maintenant elle avait la chair de poule. Pour elle ne savait quelle raison d’ailleurs, ce n’était pas comme dans Le Sixième Sens, il ne faisait pas froid au point de voir de la condensation s’échapper de sa bouche mais les frissons étaient bien là. Elle tourna la tête en direction d’Eve et lui adressa un regard interrogateur. Mais elle ne dut pas le voir puisqu’elle ne prit pas la peine de répondre. La grecque eut tout juste le temps de voir l’ombre de tout à l’heure – enfin, peut-être, c’est que c’est difficile de différencier une ombre d’une autre, elles se ressemblent toutes -, suivie d’une autre. Qu’est-ce qu’elles faisaient ? Ça ressemblait à un étrange ballet. Et il avait quelque chose de fascinant.

Mais Noomi n’eut pas l’occasion de se poser plus de questions ni d’admirer la scène puisque Eve lui ordonna de sortir. Et le ton de sa voix était vraiment très loin d’être rassurant, elle pouvait y sentir toute l’urgence dont elle eut besoin pour se mettre en branle. « Laisse tomber le matos », qu’elle lui dit. Okay, elle n’allait sûrement pas se faire prier et puis c’était chouette parce qu’elle était rapide alors elle pouvait se grouiller de sortir de là. Du coin de l’œil, elle vit la jeune fille s’emparer de quelque chose qui se trouvait dans le tiroir du bureau et se faufiler à sa suite. La porte se referma alors brusquement. Bon sang, il s’en était fallu de peu pour que ça se referme sur elles et non pas derrière elles.

« Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce que c’était ? »

Toujours un peu de panique dans sa voix. Et c’était normal, c’était sans doute la preuve la plus probante de paranormal qu’elle eût jamais vue, après tout.

« Est-ce que c’est au moins safe, ici ? »

Elle n’en savait rien mais elle préférerait qu’elles rejoignent les autres, elle se sentirait un peu plus en sécurité.

Les réponses d’Eve à ses questions ne la rassurèrent pas plus que ça. La jeune fille eut beau lui servir une version édulcorée de ce qui venait de se passer à l’instant – en employant le terme « inquiétant » à la place de « carrément flippant » par exemple -, Noomi ne se sentait pas moins mal à l’aise, finalement. Comme dans un milieu hostile et c’est effectivement ce que c’était. Un endroit où elle n’était désormais plus la bienvenue et dont elle avait envie de se tirer rapido. Peut-être qu’Ash ne serait pas ravi. Peut-être que lui, s’il avait été à sa place, serait allé jusqu’au bout pour rapporter la preuve ultime de l’existence de la vie après la mort – pure spéculation, en vérité, elle n’avait pas la moindre idée de comment son ami pourrait réagir – mais il n’était pas là et ce n’était pas son métier à elle. De plus, elle ne pouvait pas se permettre de finir morte ou possédée, elle avait une fille et un labrador. Okay, c’est un peu exagéré mais en moins de temps qu’il n’en avait fallu pour le dire, c’était devenu une scène de film d’horreur. La blonde hocha donc docilement la tête à l’évocation des trois ombres qui se bagarraient, se demandant seulement très vite fait ce que ça pouvait bien représenter, on verrait pour les questions une fois qu’elles seraient en sécurité et acquiesça de plus belle lorsqu’Eve en arriva à la conclusion qu’il n’était pas question de courir le risque d’un éventuel accident supplémentaire.

Une fois de plus, la grecque enfouit au plus profond d’elle sa panique et c’est à peine si elle remarqua que les outils avaient commencé à s’amasser pour obstruer le passage qui les ramènerait à l’étage inférieur. Puisque c’était Eve qui était habituée à tout ça, elle ne vit pas d’objection à passer en premier une fois qu’elles auraient dégagé la voie, ce qu’elle fit très consciencieusement, soit dit en passant. Elle se faufila donc une fois de plus là-dedans mais en sens inverse cette fois et tendit la main à la jeune fille pour l’aider. Comme quoi, elle était capable de le garder, son sang-froid. Puis, une fois qu’elle fut assurée qu’Eve ne craignait plus rien elle non plus pour rejoindre le reste de leur groupe. Les gars les accueillirent avec des questions sur ce qui s’était passé là-haut et le seul truc qu’elle parvint à dire fut :

« Toi, t’as intérêt à me payer plus pour cette vidéo. »

Phrase adressée directement à Asher et tant pis si ça filmait toujours. Puis elle ajouta :

« Il s’est passé des tas de trucs mais Eve est sûrement plus à même de vous les décrire que moi. »

Ça serait sûrement incohérent si elle essayait puis elle ne trouverait pas les bons mots non plus. Et pour commencer, elle préférait la laisser décider de s’il fallait quitter les lieux en quatrième vitesse ou bien si c’était un peu plus sûr ici quand même. Bien qu’elle, personnellement, soit d’avis de se casser mais ça n’engageait qu’elle.

Pas de doute là-dessus, Eve était bien plus capable qu’elle de mettre des mots sur l’expérience qu’elles venaient de vivre. Tout ce dont Noomi serait capable, ça serait de décrire vaguement ce qu’elle avait ressenti sur le moment. Heureusement qu’elles avaient tout filmé. Elle l’écouta expliquer aux autres ce qu’il s’était passé en hochant la tête de temps à autre pour confirmer. La jeune femme avait beau être très jeune, elle se montrait bien plus professionnelle qu’elle. Bon après, ce n’était pas vraiment son métier, à elle, ceci expliquait sûrement cela. Bref, elle la laissa expliquer à Asher, qui avait l’air un peu déçu, qu’elles n’auraient pas pu faire autrement que de s’en aller avant qu’il ne leur arrive possiblement des bricoles mais elle jugea quand même bon d’intervenir.

« C’est vrai, c’était plus sûr là-haut, même moi je m’en suis aperçue. »

Ce à quoi il finit par acquiescer en commentant qu’il ne voulait leur faire courir aucun risque de toute façon. Encore heureux, oui. Non parce que la blonde avait beau avoir tendance à adorer ça, le danger, elle n’en restait pas moins une mère de famille, et si cette petite entreprise devenait trop dangereuse, alors il lui dirait de se trouver une autre figure publique pour attirer des viewers.
La grecque rendit son sourire à Eve et approuva d’un mouvement de tête lorsqu’elle annonça qu’il valait sans doute mieux laisser tomber pour ce soir et revenir demain, quand il ferait jour. Tout fait toujours moins peur lorsqu’il fait jour, c’était pareil quand elle partait faire du camping sauvage. Notamment parce que les ombres jouent un rôle essentiel sur l’imagination.

C’est alors que la demoiselle montre ce qu’elle a ramené à Asher qui se mit enfin à sourire. Elle lut les lettres à l’assemblée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Noomi ne se serait pas attendue à ça ; une histoire d’amour complexe – comme à peu près toutes les histoires d’amour, soit dit en passant. Ou plutôt un triangle amoureux qui se poursuit même dans la mort. Un frisson lui parcourut l’échine à cette idée. Bon sang, elle espérait bien ne jamais finir comme ça. Elle hocha gravement la tête.

« C’est fou ça, pas de repos éternel pour eux. »

C’était triste aussi. Et tout le monde eut l’air d’accord avec ça. Bon ben il n’y avait plus qu’à sortir de là, reprendre le van et rentrer à la maison, ils ne l’auront pas volé.