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contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
mai 2024
6° - 16° // un peu de soleil pour faire plaisir !
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.


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 tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn

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MessageSujet: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyMer 24 Oct - 22:01

Jour funeste.
Aujourd'hui, cela faisait trois ans que Murphy n'avait pas revu sa maman. Cela faisait trois ans que dans le couloir de l'hôpital d'Island Bay, on lui avait dit que sa maman était partie. La jeune fille ne se sentait pas forcément bien depuis plusieurs semaines, outre sa dépression bien entendu. Les séances chez sa psy, toujours en secret, lui faisaient beaucoup de bien et l'aidaient à avancer mais en cette fin d'année 2018, c'était vraiment dur de sourire, d'être joyeuse et positive. En réalité, elle n'avait pas le cœur à rire. Et dans quelques mois, ça allait être le funeste autre anniversaire. Celui où elle avait perdu ses deux frères. Ce n'était pas juste, pourquoi avait-il fallu qu'ils meurent tous, comme ça, aussi brutalement ? Murphy était à l'université pour suivre son cours, mais clairement si elle avait pu ne pas y aller, elle l'aurait fait. Elle n'avait aucune envie d'être ici, aucune envie de faire semblant. Les images de tous ces souvenirs venaient la hanter, arpentant avec elle les couloirs de la faculté dans laquelle elle étudiait. Elle ne se sentait pas bien du tout, elle avait envie de se morfondre, de pleurer et ce qui lui faisait le plus de mal dans tout ça, c'était que son père ne lui avait rien dit. En partant travailler ce matin, il n'était pas venu la voir dans sa chambre, il n'avait pas laissé un petit mot de soutien dans la cuisine ou bien ailleurs, sur l'un de ses multiples post-it qu'il affectionnait tant. Il n'avait pas envoyé un sms sur le portable de Keny non plus. Il semblait avoir... oublié. Comment pouvait-il oublier ce jour-là ? S'en fichait-il à ce point ? Alors leur conversation dans la piscine de cet hôtel, cet été, ça ne rimait à rien ? Murphy était tellement déçue et triste que finalement, elle n'avait même pas l'énergie pour se battre. C'en était trop. Elle savait que son père bossait beaucoup depuis quelques temps, ils se voyaient peu, si bien que la présence de Keny était encore plus réconfortante, seulement... ça ne lui suffisait pas. Apprenant à ne pas être autant égoïste qu'avant, elle se refusait d'en vouloir à son père, mais sa douleur lui en voulait tout de même. Il avait été amoureux de sa mère, ils avaient partagé une histoire ensemble, ils avaient eu un enfant ensemble... comment ça ne pouvait pas lui rester en mémoire ? Lui qui disait l'avoir aimé et avoir été sincère dans cette histoire, mentait-il ? L'idée que son père soit un menteur ne lui plaisait pas, ni ne la rassurait. Connaissait-elle vraiment cet homme chez qui elle vivait depuis trois ans ?
A la fin de son cours, la jolie blonde décida de passer voir son père à son travail, histoire de lui laisser une nouvelle chance. Peut-être que oui, il avait oublié, mais peut-être qu'il allait s'en souvenir, comme par miracle ? Murphy n'allait jamais voir son père à son travail, non pas que c'était une chose interdite, mais tout simplement parce qu'ils étaient le plus souvent fâchés contre l'un et l'autre et qu'en plus, le travail de son père était... compliqué. Elle n'y comprenait pas grand chose et quand il en parlait, il était clairement dans un autre monde. Murphy prit donc le bus pour rejoindre le centre-ville, après son cours qui s'était fini à seize heures. Elle traversa le cœur d'Island Bay pour venir trouver le building où bossait son père. Elle ne se souvint même pas si elle y était déjà venu par le passé. C'était tellement... grand, luxueux, épuré et tout le monde était tellement bien habillé, qu'elle se sentit mal à l'aise. Vêtue d'un jeans et d'un tee-shirt de Nirvana, on ne pouvait pas dire qu'elle était au top niveau look. Elle se dirigea vers l'accueil et se râcla la gorge pour qu'on s'intéresse à elle. « Bonjour ? » demanda t-elle afin d'avoir une attention. « Je suis la fille de Caïn Gallagher, est-ce que je peux le voir s'il vous plaît ? » attendant qu'on lui réponde, elle fini par ajouter « non je n'ai pas de rendez.... c'est urgent » mais la personne ne semblait pas prompt à la laisser entrer. Murphy la regarda et puis fronça les sourcils « bon, j'ai pas de temps à perdre avec vos conneries là, vous pensez que mon père va réagir comment quand il va apprendre que vous avez refoulé sa fille à l'entrée ? » grogna t-elle. Comme par magie, elle reçu un badge de visiteur et on lui indiqua le numéro de l'étage où se trouvait son père. Elle avait le cœur qui battait à cent à l'heure, déjà parce qu'elle avait du s'énerver à la Gallagher pour obtenir ce qu'elle voulait et que ça la dérangeait, mais aussi parce qu'elle avait peur de la réaction de son père. Allait-il la disputer d'être venue jusqu'ici ? Murphy prit l'ascenseur, avec d'autres gens en costumes et puis lorsque les portes s'ouvrirent, elle sentit une vague d'angoisse la submerger. C'était grouillant de gens, de papier, de téléphones, de cris, de voix, de gens qui courent dans tous les sens, de frénésie. Oh mon dieu mais c'était quoi cette putain de jungle en fait ? Murphy resta un moment devant l'ascenseur, à se faire bousculer sans qu'on prête attention à elle. Elle observa pendant un moment les lieux, avant de finalement se mettre à chercher son père, avançant pas à pas. Elle voulu demander de l'aide à certaines personnes, mais vraiment personne ne faisait attention à elle, c'était comme si elle était transparente. Serrant les lanières de son sac, elle continua d'avancer avant de finalement, tomber sur un bureau ouvert. Fixant la plaque sur la porte, elle pu y voir inscrit son nom de famille. Passant la tête, elle se rendit vite compte que le bureau était vide. Elle soupira de désespoir, entrant alors dans la pièce largement vitrée et c'est à ce moment-là que son père déboula. Son visage était fermé, il avait l'air pressé et elle comprit tout de suite qu'elle tombait mal, eh merde. « Salut papa » lança t-elle en levant la moitié de sa main, toujours accrochée à son sac en guise de salutation. « J'voulais v'nir te voir pour... » pas le temps de finir sa phrase.


Dernière édition par Murphy Gallagher le Mar 18 Déc - 12:37, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyVen 16 Nov - 21:45

C'était le jour J. Après des mois de préparation et de concertation, l'heure était venue pour Caïn de mettre en application le plan ultime. Il fallait bien le dire, il bouillait d'impatience. Comme souvent quand il concoctait un plan d'attaque, il savait se canaliser. Personne, parmi ses collègues, ne connaissait ses intentions réelles. On supposait et ça lui convenait très bien. Dans l'équipe de traders où il faisait bande à part depuis le début, personne ne soupçonnait quoique ce soit. Tous restaient vautrés sur leur chaise, devant leur écran, à regarder avec un air béat les statistiques toujours impressionnantes de Gallagher sur le tableau des performances. Il fallait savoir lire dans les détails pour détecter quelque chose de particulier. Caïn était nerveux, comme tout le monde l'est avant de faire le grand saut. Ca ne ressemblait pas à son comportement quotidien, plutôt froid, extrêmement calme sauf si on venait l'emmerder. Il attendait le fameux coup de téléphone qui viendrait consacrer des mois de préparation. Celui-ci ne tarda pas à venir. Les deux hommes échangèrent quelques mots rapidement au téléphone puis il raccrocha. La bombe était lâchée. Et la déflagration ne tarda pas à se répandre. L'OPA était lancée. Le brouhaha ne tarda pas à se faire entendre, un peu partout dans le couloir. Gallagher se leva pour claquer la porte et revenir au silence. Il avait mal au crâne, à cause du manque de sommeil. Toute la nuit, il s'était acharné à finaliser les derniers détails, à remuer son plan dans tous les sens pour s'assurer que tout fonctionne convenablement. Son esprit était happé par d'autres choses. Son téléphone sonna à nouveau, il décrocha. C'était un type au sujet de fleurs. Agacé, Caïn l'envoya chier sans ménagement. Clairement, là, il n'avait pas le temps pour de la prospection et encore moins pour des fleurs. Quand le bonhomme indiqua que c'était pour la livraison, Gallagher lui indiqua qu'en principe, sa fille devrait être présente. Et comme le type lui indiquait mordicus que non, il s'énerva et lui dit de les laisser devant la porte, qu'il n'avait pas le temps pour s'occuper de ça maintenant. Il raccrocha en serrant le crâne entre les mains. Dehors, il entendait la panique, les sonneries de téléphone. Et puis tout à coup, son téléphone interne sonna.

- Gallagher.

- Monsieur Gallagher, il y a votre...

La porte du bureau de Caïn s'ouvrit à la volée. C'était le directeur en personne, qui avait le visage rubicond. Il était furieux. Il avait compris. Sèchement, Caïn indiqua à sa correspondante :

- Je n'ai pas le temps ! Rappelez plus tard.

- GALLAGHER !!! ESPECE DE FUMIER !!! C'est vous, pas vrai ? C'est vous qui avez lancé cette OPA ? Vous êtes viré, Gallagher !!! Je vous vire sur le champ, j'appelle les flics pour vous faire éjecter !

Caïn se dressa de toute sa stature, son visage marqué par une colère noire, qui en imposait. Tous ses muscles étaient tendus.

- JE VOUS INTERDIS DE M'INSULTER !!!

L'éclat de voix fut si puissant que ce fut le silence absolu dans le couloir. Tout le monde se figea. Alors que Gallagher tapa son poing sur le bureau pour ne pas l'écraser sur cette face de rat qu'il ne pouvait plus encadrer.

- Dans 24 heures, vous ne serez plus Directeur de quoique ce soit. Vous pointerez au milieu de tous ces cassos, au chômage. Vous ne serez plus rien. Pschitt, anéanti, écrasé comme une vulgaire punaise. Je vous avais averti, à plusieurs reprises que ça ne pouvait pas continuer. Vous ne m'avez pas écouté. Vous avez l'air de tomber des nues, pourtant vous savez que je finis toujours pas avoir raison. Maintenant, vous allez préparer vos cartons et vous allez dégager avant que ça ne soit moi qui vous expulse à grands coups de pied au cul !

- C'est encore moi le patron ici !

- Plus maintenant. Nous avons déjà les sommes pour racheter le capital. C'est fini pour vous, ce n'est plus qu'une question d'heures.

- ORDURE !!!


- Dehors !

- Vous me le paierez Gallagher... ça je peux vous l'assurer.

- J'AI DIT DEHORS !!!

Le directeur sortit du bureau, comme s'il était possédé. Les gens ne tardèrent pas à retrouver leur énergie et à s'activer dans tous les sens. Caïn s'avança vers la fenêtre et se plongea dans une intense réflexion. Il ne prenait pas les menaces à la légère. Mais il les avait déjà anticipées depuis plusieurs semaines. Concrètement, il était intouchable dans l'immédiat et il le savait. Il suffirait donc qu'il prenne garde à l'avenir et le tour serait joué. Il s'empressa de lire le SMS qu'il venait de recevoir. Une assemblée générale extraordinaire allait avoir lieu, dans l'après-midi. Il ne vit pas l'arrivée de sa fille, ce ne fut que lorsque Murphy prit la parole qu'il posa son regard sur elle. Elle tombait, mal... très mal même.

- Murphy ??? Mais enfin qu'est-ce que tu fais ici ? Tout va bien ?

Alors qu'elle commençait à parler, une secrétaire arriva sur le pas de la porte.

- Monsieur Gallagher, une réunion est organisée entre la direction et les actionnaires. Votre présence est énergiquement sollicitée.

- Quand a-t-elle lieue ?

- Tout de suite, Monsieur.

Caïn ferma les yeux et les frotta à l'aide de ses doigts. Murphy avait l'air en bonne santé, rien ne semblait justifier qu'il la passe en priorité de sa "To do list". Elle avait fait tout ce chemin pour quoi faire au juste ? Ca l'intriguait. La secrétaire dut sans doute percevoir son hésitation et s'éclaircit la gorge. Il fit un signe pour lui dire qu'il arrivait et elle s'éclipsa.

- Ecoute, Murphy, là, tout de suite je n'ai pas le temps. Je dois absolument régler tout un tas de choses. Je ne peux pas me défausser. On en reparle ce soir, d'accord ?
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptySam 17 Nov - 17:31

La secrétaire de son père -présumée par Murphy- arriva derrière elle et lui coupa la parole. Il y avait de l'agitation ici, et aussi beaucoup de tension et la jeune blondinette pouvait très bien ressentir tout ça. En vérité, elle ne se sentait pas à l'aise et elle avait bien vu sur le visage de son père que non, il n'avait pas le temps. Son père avait été franchement surprit de la voir ici, et puis il s'était inquiété, comme d'habitude. Mais très vite, Murphy se sentit déçue. Son père n'avait aucune idée de la raison de la venue de sa fille, aujourd'hui... Comment avait-il pu oublier ? Comment faisait-il pour oublier la mort de la mère de sa fille ? Cette réponse, ou plutôt cette question qu'il lui avait posée pour connaître la raison de sa venue ici, l'avait achevée. Elle avait eu toutes les réponses à chacune de ses questions, par cette seule phrase. Murphy déglutie et essaya de tenir fière et droite. La psy lui avait apprit à canaliser ses émotions, à gérer ses coups de sang, des excès de colère. Pourtant ça bouillait en elle, c'était même au delà du supportable. Mais elle ne dit rien. Elle observait ce qu'il se passait, ce qu'ils se disaient. Il n'avait pas le temps ? Si ça pouvait attendre ce soir ? Aucune importance. Alors elle esquissa un sourire et haussa les épaules. Apparemment, ça n'avait aucune espèce d'importance à ses yeux. Putain, ce qu'elle le haïssait en cet instant, elle se sentait trahie. Totalement trahie par lui, son propre père. Elle faisait tant d'efforts pour lui, pour leur relation, pour cette famille qu'ils étaient et lui... il crachait sur ça, le souvenir de cette femme. Putain, mais il ne pensait qu'à lui, en permanence. « Tu as raison, ça peut attendre ce soir... » lança t-elle en le regardant droit dans les yeux, totalement ailleurs. Elle le haïssait tellement en cet instant que oui, elle pouvait lui sourire, lui mentir, ça n'avait aucune importance en fait. Il avait chié sur le respect, sur le souvenir de sa mère, et donc sur son existence à elle aussi, ainsi que cette putain de douleur contre laquelle elle se battait depuis leur retour du chalet. En fait, il ne se rendait compte de rien lui ? Il était complètement dans son monde. « Ça n'est pas si important... » elle se mordit la lèvre, soupira et puis tourna les talons « bonne journée » de toute façons, il n'avait pas le temps, elle le dérangeait, pourquoi lui faire perdre plus de temps encore ? La jeune femme rebroussa chemin, esquissant les gens tout excités qui tournaient en bourrique dans tout cet étage. Finalement, elle attendit l'ascenseur ou un homme venait de s'y engoufrer. Il fit patienter les portes pour qu'elle puisse passer et lui demanda son étage « rez-de-chaussée s'il vous plaît » répondit-elle en esquissant un sourire totalement faux alors que sa seule envie était de pleurer et de hurler. « Vous ne seriez pas la fille de Gallagher ? » demanda l'homme qui était, le patron de son père pour encore quelques heures. « Si » soupira t-elle en levant les yeux vers lui. « Ton père est un beau salaud » lança t-il alors sans ménagement. « Tout à fait » soupira t-elle alors que les portes s'ouvrirent. Elle sortit de là, de cet immeuble, de ce lieu de pouvoir qui anhilait totalement tout le reste. Son père n'avait soif que de ça, de son pouvoir, de son argent. C'était pour ça qu'il l'avait abandonné avec sa mère, c'était pour ça qu'il l'abandonnait encore aujourd'hui. Une seconde fois. Tu parles, lui qui disait s'en vouloir, se détester... mais quel menteur, manipulateur... ça n'étonnait pas Murphy qu'il réussisse finalement. En quittant l'immeuble, les premières larmes commencèrent à naître dans ses yeux, si bien qu'elle garda son visage braqué sur le sol. Elle avait tellement mal putain. Un creux dans son cœur, une blessure à vif, sur laquelle il venait de lancer du sel, du piment, du feu sans flamme, sans chaleur. Elle marcha en direction de l'arrêt de bus le plus proche et s'engouffra dans l'un d'eux. Debout contre la vitre, elle enfonça les écouteurs de son MP3 dans ses oreilles et balança de la musique. Mauvaise idée. Murphy se força à regarder les gens afin de ne pas pleurer, qui pleurerait en public, comme ça, dans un bus ? Elle fixait l'écran qui indiquait les prochains arrêts. Elle repéra le sien très vite et une fois arrivée près du cimetière, elle cliqua sur le bouton d'arrêt et descendit du bus. Ses yeux étaient embrumés de ses larmes qu'elle retenait, plus fort que tout. Mais une fois les grilles franchies, c'était comme si elle s'autorisait enfin le droit de pleurer. Les larmes coulaient toutes seules, son nez coulait aussi et elle, elle marchait sans avoir besoin de voir. Elle connaissait l'endroit par cœur. Une fois devant la tombe de sa mère et celles de ses frères, Murphy laissa tomber son sac par terre, elle tomba à genoux devant et ne retenu plus aucune larme. Pleurant fortement, elle laissait ses sanglots se faire entendre, comme un enfant qui aurait un gros chagrin. Elle s'en fichait. Elle avait tellement mal et tout le monde semblait n'en avoir rien à foutre, tout le monde avait oublié... le monde les avait oublié. Sauf que... s'ils n'étaient importants pour ce monde, ils étaient son monde à elle.
Le cœur brûlant de ces putains de larmes contre lesquelles elle se battait seule depuis si longtemps, la jeune femme tomba en avant, cognant le sol verdoyant de ses poings fermés en gueulant « mais pourquoi ?! » tout en pleurant, en hurlant sa peine. Les larmes n'étaient même plus des larmes tant elle pleurait, tant sa voix s'enrouait sous son chagrin. Et elle frappait encore ce putain de sol, parce qu'il retenait en son cœur les âmes de ses proches, sans en laisser aucun souvenir autre que ces pierres froides. Elle avait froid, de ses pierres insensibles. Elle avait besoin de sa mère, de ses bras chauds, de son rire dont elle ne parvenait plus à se souvenir, elle avait besoin de sa tendresse, de ses paroles rassurantes, de l'espoir qu'elle soit toujours là... comme elle l'avait toujours cru. Et ses frères... putain, elle n'avait plus personne... plus personne du tout. Se sentant totalement encore une fois abandonnée, elle ne pouvait plus rien contenir. Hurlant encore, gueulant, criant des jurons, elle frappait cette terre maudite dont elle se fichait. Elle se fichait de tout. Plus rien n'avait d'importance là, maintenant. Murphy colla son visage presque contre l'herbe devant les tombes, pleurant encore et extériorisant sa peine alors que des putains d'oiseaux chantaient. Comment pouvaient-ils chanter ? Alors c'était ça la vie ? Que tout continue alors que plus rien n'a de sens ? Ce n'était pas juste du tout... pourquoi est-ce qu'elle devait supporter cette vie ? Elle n'avait jamais rien demandé à personne... et pourtant, elle en bavait plus que n'importe qui. Murphy resta comme ça pendant des minutes, si ce n'était des heures. Se redressant finalement pour s'asseoir face à ses tombes, elle les fixait, espérant que ces sensations, cette chaleur, leurs rires, leurs voix et leurs visages se précisent dans sa tête... mais c'était comme si sa propre mémoire oubliait elle aussi ces trois personnes si importantes dans sa vie. Ils l'avaient tous abandonnés, un par un et aujourd'hui, son père avait recommencé. Passant vulgairement et presque férocement ses mains sur ses joues pour y effacer les sillons de ses larmes, elle se mit à l'insulter. De tous les noms « ESPECE DE FILS DE PUTE ! » gueula t-elle en se ruinant la voix « MAIS PUTAIN TU COMPRENDS JAMAIS RIEN !!! » elle renifla « TU ME CASSES LES PUTAINS DE COUILLES GROS CON DE MERDE » avant de crier en retombant en avant et en frappant de nouveau ses poings. Murphy prit son temps pour essayer de se calmer, pour essayer de trouver une seule chose qui pourrait la faire partir de là. La seule chose qu'elle trouva, c'était ce désir de retrouver ses propres souvenirs qui semblaient s'effacer peu à peu un peu plus. Sa seule idée à cet instant-là, c'était de retourner dans leur maison. Alors déterminée, elle se mit en route pour la villa de son père, où elle allait pouvoir prendre la clef. A cette heure-ci, il y allait avoir @Kenny Braxton à la maison, mais ça n'était pas grave. Elle quitta cet endroit le cœur en peine, s'en voulant presque de les abandonner à son tour. Prenant le bus, elle arriva à la maison de son père, à South Bay, sous les coups de dix-sept heures trente. Entrant chez elle presque violemment, elle ne dit pas un seul mot à Keny et grimpa à sa chambre pour y chercher sa clef. Elle prit un plaid, une bouteille d'eau et le dernier joint qu'il lui restait de sa dernière soirée avec Lily. Une fois tout son sac à dos rempli de cochonnerie et ses cours vidés sur son lit en pagaille, elle prit la clef qui était cachée soigneusement dans son bureau. Elle prit une photo de sa mère et de ses frères, avec elle, peu de temps avant la mort de leur mère. Elle fourra le tout dans son sac et sortit de sa chambre, dévalant les escaliers. Keny avait bien vu que quelque chose était bizarre, mais elle ne répondit pas à ses questions. Elle ne dit rien et quitta la maison d'un pas pressé. Elle s'attendait à ce qu'il lui court après ou qu'il sorte même sa voiture pour la rattraper mais à peine arrivée au bout de la rue, Murphy reconnu une voiture qu'elle connaissait bien. @Bailey Bradshaw ?
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyDim 25 Nov - 14:10


i'm here for you

La phrase qui dit que l’on ne choisit pas sa famille est la plus vraie de toutes, celle qui anime le plus de douleurs. À quoi bon être une bonne personne si la vie ne nous récompense pas, si le vent souffle sur tout ce que l’on essaye de bâtir ? Ça fait un moment que Bailey a arrêté de se battre, contre ses démons, contre lui-même, contre le sort qui s’acharne. Il a compris qu’il n’y a aucune beauté, dans ce monde. Que ceux qui visent la perfection se perdent dans des histoires racontées, que ce n’est qu’un mirage, que ça n’existe pas. Le bonheur, c’est la petite souris et le père noël des adultes ; on y croit fort, on l’espère, on l’attend. Il est dissimulé et inventé par ceux qui savent déjà que ça n’existe pas et puis, un jour, on comprend. On comprend que la joie n’est qu’éphémère et qu’on n’obtiendra jamais ce que l’on a toujours souhaité, que ce n’était que des mensonges. Bailey avait commencé à le comprendre quand il a posé ses valises à Island Bay, il y a quelques mois. Les rencontres avec sa mère et son père se sont enchaînées et finalement, il n’en a plus jamais douté. Il n’y a rien de bon, sur Terre. On vit et on meurt juste parce que c’est la seule chose que l’on sait faire, parce qu’on est obligé de laisser notre trace dans l’histoire de l’humanité. Sauf qu’il doute que quelqu’un se souvienne un jour de lui, dans cent cinquante ans. Personne de son vivant ne semble en avoir quelque chose à faire de lui, pourquoi est-ce que l’on s’en soucierait une fois six pieds sous terre ? Pourtant, il sait qu’il n’est pas le plus à plaindre des hommes : il est assez intelligent, on le trouve drôle, il a une santé de fer et un physique qui attire l’œil de toutes les demoiselles de son âge. Il sait qu’il y a bien pire, que des gamins de son âge meurent de la famine, qu’il y a des populations qui meurent sous les bombardements de gouvernements, que l’injustice se fait ressentir partout dans les pays un peu moins développés et que, à l’échelle de sa vie, il y a des enfants qui eux, n’ont jamais eu la chance d’être adoptés. Mais est-ce des raisons suffisantes pour qu’il ne puisse pas se plaindre, lui, pour qu’il soit obligé d’arborer un sourire faux, qui veut dire « je vais bien » alors qu’il pense tout le contraire ? Aux yeux d’autres personnes, il mène une vie de rêve. Aux siens, il vit un véritable enfer. Tout est relatif, tout peut se contredire, mais il n’en a plus rien à faire du regard des autres, il s’en fiche d’être compris ou non.

Et c’est bien pour ça qu’il roule, depuis ce matin. Il fait le tour de la ville avec la musique à fond dans les oreilles, c’est bien la seule chose qui le détend. Il ne sait pas où il veut aller, il ne sait pas s’il va s’arrêter à un moment donné ; l’essence ne sera pas une bonne raison, il a déjà refait un plein. Il sait simplement qu’il n’est pas prêt de s’arrêter maintenant, qu’il se sent encore bien trop triste pour retourner dans sa maison, pour affronter le regard de sa colocataire, pour rejoindre son lit et s’endormir comme si de rien n’était. Il sait qu’il n’arrivera pas à bosser à la radio, cette nuit, qu’il n’a pas la tête à faire rire d’autres personnes. Il a juste besoin d’oublier tout ce qui lui est arrivé ces derniers mois, d’oublier tous les sacrifices, d’oublier qu’il s’est perdu à trop vouloir se retrouver. Et c’est comme ça que la vie lui répond finalement, en mettant sur son chemin une fille, une blondinette qu’il apprécie particulièrement. Murphy, ça a été sa dernière réelle source de joie. Il n’a passé qu’une après-midi avec elle, qu’une soirée. Et pourtant, ça l’a marqué. Tellement marqué qu’il a passé de nombreuses après-midi dans la crêperie où ils sont allés manger leur dessert, dans l’espoir de la croiser « par hasard », sauf que ça n’est jamais arrivé. Il a fait le tour de son quartier une bonne dizaine de fois, a froncé les sourcils à chaque fois qu’il voyait une blonde au loin, sauf que ça n’était jamais elle. Et finalement, il s’est dit qu’elle était comme tous les autres, comme toutes les personnes qui entrent dans sa vie : un mirage, qui disparaît sans qu’il s’y attende. Il ne tarde pas à se garer sur le côté, près d’elle, parce que cette fois-ci, il ne se trompe pas. Le brun se détache et descend de sa voiture pour rejoindre le trottoir, rejoindre la blonde. Murphy ? Il s’approche d’elle et peut lire sur son visage que ça ne va pas. Ses yeux sont rouges, ses joues bouffies, elle a pleuré. Beaucoup pleuré, même. Il ne s’aventure pas à lui demander ce qu’il s’est passé, elle finira par se confier. Parce qu’il n’a plus envie de la laisser, maintenant qu’il l’a retrouvé, maintenant qu’il sait qu’elle est dans cet état. Il avale les derniers pas qu’il y a entre eux pour pouvoir la prendre dans ses bras, ça paraît étrange mais il se dit qu’une étreinte de sa part, ça peut lui faire du bien. Même s’ils n’ont été amis qu’une seule journée, si ça a autant compté pour lui, ça a sûrement autant compté pour elle. Viens avec moi, monte, on va faire un tour. Hors de question de lui laisser le choix, il n’a plus envie de rouler tout seul, maintenant il a un but : remettre un sourire sur ce visage qui lui paraît bien trop triste. S’il n’arrive pas à être heureux dans son coin, si elle ne perçoit aucune joie dans le sien, peut-être qu’à deux ils réussiront à remonter la pente. Il la relâche et ouvre la portière du côté passager, lui faisant un signe de tête pour qu’elle entre.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyLun 26 Nov - 11:28

La voiture avança avant de finalement se garer vulgairement sur le bas côté. Murphy releva à peine les yeux, alors que le bruit d'une ceinture métallique frappant la taule de la voiture se faisait entendre. Elle entend son prénom et ça a comme pour effet de la tirer de ses pensées. Bailey. Quand elle le voit là, devant elle, dans un moment pareil, ce fut une succession de sensations en elle qui s'entrechoqua. A la fois de la joie, du soulagement, de la nostalgie de leur peu de temps passé ensemble avant l'été. Ils ne s'étaient pas revu depuis, et la gamine avait cessé de croire qu'elle le reverrait un jour. Si bien que lorsque le brun s'approcha d'elle et la prit dans ses bras, elle vint s'y réfugier sans chercher quoi que ce soit d'autre. C'était comme s'il avait lu en elle son besoin le plus fort en cet instant. C'était comme si la vie le remettait encore une fois sur sa route, parce qu'elle en avait besoin. C'était comme se rendre compte du bien que nous procure une personne, une seule.
Ses bras entouraient le corps du jeune homme, collant sa joue contre lui, fermant les yeux pour essayer de retenir les larmes qui malgré tout, sillonnaient ses joues rouges. Le chagrin ne partait pas, mais il y avait tout de même quelque chose de nouveau depuis que Bailey était là. L'espoir.
Ses mains agrippaient le haut du jeune australien, comme s'il aurait pu s'agir d'un mirage, d'un trouble de son cerveau défaillant et que finalement, elle allait se rendre compte qu'il n'était pas là. Pourtant, il y avait cette odeur, qui lui rappelait cet fin d'après-midi chez lui, qui lui rappelait l'odeur dans sa voiture, et puis cette légère odeur de chlore... comme à la piscine. Et ça lui fit du bien à Murphy, de se souvenir de ces odeurs, liées à cette personne, bien là en chair et en os devant elle. Un peu perdue, chamboulée et désorientée par ses propres émotions en elle qui semblent créer un torrent insubmersible, la jeune femme passe ses mains grossièrement sur ses joues alors que le brun se décolle un peu. Il lui dit de monter, sans rien lui proposer ou lui demander son avis. Dans tous les cas, elle n'a pas d'avis, elle n'a pas sa raison, elle est dans un autre état. Alors elle s'exécute, sans chercher le comment du pourquoi. Elle retire son sac à dos alors que sa main se pose sur la portière que Bailey vient de lui ouvrir. Elle se glisse sur le siège, posant son sac entre ses jambes et séchant encore ses larmes sur ses joues, essayant de retrouver son souffle. Une fois à l'intérieur, c'était comme si elle se sentait en sécurité et en même temps, que l'idée d'aller dans la maison de sa mère s'envolait lentement. Comme si les plans avaient changés, que les choses ne se passeraient pas comme elle l'avait décidé... Non. Murphy voulait se rendre dans cette maison. C'était à l'extérieur d'Island Bay, plutôt dans les terres agricoles. Murphy croisa le regard de Bailey quand ce dernier fut attaché et, en faisant autant, elle ne pu s'empêcher de pouffer, se forçant ainsi à cesser de pleurer. Toujours le visage en larmes, elle réussit à dire « moi qui pensais qu'on ne se reverrait jamais... » elle rigola à nouveau, toujours dans ce visage baigné de larmes et lança « paye la gueule des retrouvailles » dit-elle en haussant les épaules et en perdant sérieusement ce sourire qui était parvenu à se dessiner sur ses lèvres. Oui, aujourd'hui... ce n'était pas le bon jour pour le retrouver... à moins que si, justement ? Et si c'était un signe de sa maman ? Et si Bailey était comme une sorte d'ange gardien que sa mère avait envoyé ici pour pallier à l'incompétence de Caïn ? Murphy sécha ses larmes directement sous ses yeux, reniflant, elle se mit par la suite à chercher de quoi se moucher. Dans son sac, qu'elle ouvrit, on pouvait y voir un morceau de sa couette, de la photo de sa famille, des paquets de bonbons et puis une bouteille d'eau. Elle trouva des mouchoirs, prit sans nul doute quand son bras avait brassé la surface de son it, pour tout mettre dans son sac. Elle se moucha alors, bruyamment, et puis ferma les yeux, reposant son crâne sur l'arrière de son siège. Ils ne s'étaient pas revu depuis que tout se casse vraiment la gueule dans sa vie. Avant qu'elle ne soit punie tout l'été chez elle, avant que son père et elle ne se disputent au point de cesser de se parler, avant le week-end à la montagne, avant qu'elle ne retombe dans ses mauvais travers d'anorexique, boulimique et qu'elle ne voit sa psy. Désormais, Murphy était sous traitement, pour corriger ses nevroses et clairement, même si tout était encore léger, ça lui faisait du bien. Mais un jour comme aujourd'hui... comment pouvait-elle le gérer seule ? La jeune femme se mit alors à chercher son traitement dans son sac, justement, par peur de ne pas l'avoir prit. Trouvant le flacon, elle soupira et puis jeta un coup d'oeil vers Bailey « j'crois qu'il ne s'est jamais passé autant de choses dans ma vie, que depuis qu'on s'est vu... » reniflant alors, elle s'installa plus droite sur son siège et demanda « on va où ? »
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyLun 26 Nov - 20:14


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Il y a encore quelques minutes, il était seul et désemparé. Il n’a pas eu le temps de comprendre ce qu’il se passe, le temps a accéléré et le voilà sur le trottoir avec Murphy dans les bras. Il a l’impression de toujours apparaître quand elle est dans une mauvaise situation, est-ce que c’est ça, le destin ? Est-ce qu’il est là, dans cette ville et sur cette Terre, seulement pour venir lui remonter le moral ? Il n’en sait rien et il ne va certainement pas commencer à se poser des questions à ce sujet, ce serait se perdre dans ses pensées pour quelque chose que, de toute manière, il ne comprendra pas. Cette étreinte n’était pas préméditée, ça lui a semblé tout à fait naturel de la prendre dans ses bras. Comme s’il en avait besoin, lui aussi. Il se dit que si les rôles avaient été inversés, c’est tout ce qu’il aurait désiré : un peu d’amour, un peu de réconfort. Et c’est ce qu’il cherche à lui apporter en la serrant contre lui. Il n’a pas pris le temps de réfléchir avant de le faire et ses décisions impulsives se poursuivent quand il lui dit de monter dans son véhicule, quand il lui ouvre lui-même la portière. Il ne sait pas où ils vont aller, ni si elle a envie de faire quelque chose en particulier. Il n’a juste pas envie de l’abandonner sur ce trottoir, de la laisser seule, à la merci du monde et de ses difficultés. Non, pas Murphy, elle mérite beaucoup mieux. Et la blonde ne se fait pas prier pour monter dans la voiture, visiblement, elle aussi a envie de foutre le camp d’ici. Il reprend sa place côté conducteur et démarre, sans dire un seul mot. C’est finalement elle qui brise le silence qui s’installe en laissant ses larmes de côté pour rigoler, il tourne le regard vers elle, un léger sourire s’installant sur ses lèvres. Cette phase d’euphorie ne dure que quelques secondes, mais c’est suffisant pour Bailey : elle n’est pas totalement désespérée, elle réussira à se sortir de cette mauvaise passe. Parce qu’il le faut, parce qu’elle est trop jeune pour déprimer comme elle le fait. J’ai fini par croire que tu étais une amie imaginaire et que tu n’apparaissais qu’une fois de temps en temps. S’il faut, j’ai raison et là, t’as décidé d’apparaître. Il hausse ses épaules avant de se concentrer de nouveau sur la route. Il ne sait pas où ils vont, il sait juste qu’il doit rouler. Jusqu’à où et pour combien de temps, ça, il n’en sait rien. Jusqu’à ce que ce chagrin soit terminé, peut-être ? Il faut encore quelques minutes de silence pour que Murphy commence à se confier, le semblant de sérénité qu’il y avait dans la vie de Murphy lors de leur rencontre – en oubliant sa soirée désastreuse avec Lily – s’est totalement cassé la gueule. À en voir son état, il n’en doutait pas, mais il est content de voir qu’elle est capable de le lui dire. Et puis, elle lui demande où est-ce qu’ils vont. Un feu rouge l’oblige à s’arrêter, il pianote ses doigts sur le volant et regarde Murphy. J’en ai aucune idée. Dit-il d’abord, fronçant les sourcils. Il pense à l’emmener chez lui, mais il y a peut-être Livia et il n’a pas envie de lui expliquer qui elle est, ni comment ils se sont rencontrés et tout le tralala. Elle est une colocataire assez discrète mais il ne ramène jamais aucune fille à la maison, alors il est sûr que ça ne loupera pas. Ben.. on va où ? Il lui retourne la question, peut-être qu’elle peut le savoir, elle. Peut-être qu’elle a une idée. Il pense à la crêperie mais cette idée s’efface aussitôt de son esprit quand il la regarde, non, elle est dans un trop piteux état pour aller demander une crêpe à une vendeuse comme si de rien n’était. Ils doivent s’isoler un minimum et pour ça, il n’a aucune solution. La seule certitude que j’ai, là, c’est que j’ai plus envie de te laisser. Enfin, j’veux dire, pas tant que ça va pas mieux. Tu vas tout m’raconter, on a le temps. Il ne regarde pas l’heure et s’en fiche, si elle était dans la rue à cette heure-ci, dans cet état, c’est que son père n’en avait rien à faire d’elle. Donc non, il ne la ramènera pas chez elle à une heure précise, cette fois-ci, ils n’ont pas de conditions pour leur virée en voiture.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyLun 26 Nov - 21:47

Une amie imaginaire, cette idée la fit rire. Elle qui avait tout le temps l'impression que tout ce qui l'entourait n'était pas réel. Qu'il puisse s'agir de ses amis, hormis Priam, aucun ne restait vraiment dans sa vie. Qu'il puisse s'agir de sa famille, puisque tous finissait par partir : son père, sa mère, ses frères. Qu'il puisse s'agir d'elle-même et de sa maladie qui lui provoquaient des sautes d'humeur non contrôlables, ou bien des tendances dépressives qu'elle prenait pour réalité. Vivant dans un univers de fantômes, de chimères, qui se complaisaient à la torturer en permanence, il y avait ce beau brun au sourire d'ange. Bailey, ce mec inconnu, sortit de nul part du milieu de la nuit dans son carrosse cabossé. Ce preux chevalier qui était toujours là pour l'écouter, pour lui faire taire ses démons intérieurs, pour lui montrer la beauté du monde. Sans médicaments, sans promesses, sans phares ni prières. Et sa simple présence parvenait à la calmer, à calmer le flot de ses peurs. Ainsi Triton, il semblait parvenir à mettre la main sur ses larmes, ses livides rivières inconsolables qui creusaient son mal être inférieur depuis tant presque trois ans déjà, si ce n'était plus. « C'est toi qui apparaît toujours quand.. » elle soupira et puis lança tout bas « quand j'suis dans la merde » échangeant un regard ainsi qu'un petit sourire complice, malgré sa tristesse navrante qui perlait sur ses joues. Arrêtés à un feu rouge, ils se demandèrent où est-ce qu'ils allaient et apparemment, le beau nageur n'en avait aucune idée. Murphy se mordilla la lèvre. Serait-il d'accord pour la suivre dans ses idées ? Cette idée qui avait éclos en elle auprès de ces trois tombes qui renfermaient semblent-elles, tout l'espoir de sa vie ? Quand il lui demanda où est-ce qu'ils allaient, elle soupira, fixant la route qui apparaissait face à eux. Derrière ce feu rouge, cet interdit, cette frontière : il y avait une ligne droite, une route sans voiture, il ne semblait y avoir personne à cette heure-ci... La voie était libre, claire, comme si finalement, un autre signe du destin se dessinait par une main divine devant eux. Est-ce que c'était une façon de comprendre qu'elle devait y aller, que c'était possible, qu'il fallait foncer, aller tout droit tête baissée et puis finalement, qu'on se fichait de tout le reste ? Après tout, son père n'en avait rien à foutre. Alors au diable la raison, au diable les interdits. Il y avait eu bien trop de temps passé à attendre ce putain de feu rouge. « Bailey ? » demanda t-elle, essayant de sécher ses larmes au fur et à mesure. Il ne voulait pas la laisser, ils avaient le temps. Il allait prendre le temps. Chose que son père ne faisait pas, jamais. Son père tenait de beaux discours, comme cette idée de faire de l'escalade ensemble, ou bien de faire des trucs, de partager, de parler... il était doué pour mentir, retourner le cerveau des gens, manipuler tout le monde : c'était son travail et il était très doué pour ça. Seulement dans les faits, il n'était pas si présent que ça, ni autant à l'écoute. Depuis des mois, elle lui cachait son anorexie qui était revenue, il ne s'était pas rendu compte qu'elle allait voir un psy, qu'elle se sentait si mal qu'elle en arrêtait presque de parler. Non. Il ne se rendait compte de rien. Et si en temps normal, elle avait cessé de l'accabler, ce soir, il allait payer pour tous les maux du monde : parce qu'il avait oublié. Encore une fois, il lui donnait le sentiment qu'elle n'était qu'un accessoire de mode, une envie du moment, un jouet. Quand il voulait jouer au papa, il était doué et puis quand il n'en avait plus envie : elle en souffrait. Ce n'était pas ça, être un parent. Être parent, c'était du H24, 7 jours sur 7. « Tu peux aller à Kingston ? » demanda t-elle alors que le feu était encore rouge. Tournant le visage vers celui de son ami, elle attendit sa réponse. Peut-être qu'il aurait besoin de plus d'information que ça ? Elle baissa les yeux, puis les posa à nouveau sur la route face à eux, alors que la voiture était à l'arrêt. « Je... » comment dire ça ? C'était assez délicat. Gênée, encore les yeux embrumés de larmes, elle renifla et lança « j'avais prévu d'aller là-bas... dans... dans la maison de... » elle humidifia ses lèvres, prise par l'émotion de ses souvenirs qui venaient la submerger. « C'était ma maison avant que... » elle fronça les sourcils, posant ses doigts sur son front, sentant que ses larmes allaient revenir à la charge. Allait-elle vraiment finir par se calmer ? Ce n'en était pas moins sûr. « Ca fait trois ans aujourd'hui... » sa voix se brisa et elle lança avec beaucoup de difficulté « que maman... » elle renifla encore et puis passa ses mains sous ses yeux, elle en avait assez de pleurer, sa tête commençait à devenir douloureuse. « Mon père a... oublié » avoua t-elle en sentant que ces mots étaient aussi douloureux à dire, à assumer, qu'à subir et vivre.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyJeu 6 Déc - 20:46


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Ils se sont rencontrés par hasard seulement deux fois. Et durant ces deux fois, la blonde était en totale détresse : elle avait besoin d’aide. Et la seule personne capable de s’arrêter à sa hauteur pour lui demander quel était son problème, ça a été lui. Le soir de leur première rencontre et aujourd’hui, il y a quelques instants. Elle lui fait elle-même remarquer que c’est toujours lui qui débarque quand ça ne va pas pour elle, comme quoi, il n’est pas le seul à s’être fait cette réflexion. J’ai absolument rien à envier à superman. Dit-il en haussant ses épaules, peut-être que ce sont les gens comme lui, les héros du quotidien. Pas besoin de braver des incendies ou être un champion au bloc opératoire : quand on a un impact sur la vie d’une seule et unique personne, c’est déjà énorme. Et puis Murphy a un effet sur Bailey, elle aussi. Elle ne débarque pas pour l’aider à affronter ses peines, non, mais elle l’aide à être un peu plus joyeux quand tout ne va pas comme il le désirerait. Elle est sa bouffée d’air frais après une longue période la tête sous l’eau, et en tant que nageur, il sait à quel point ce moment où on reprend enfin sa respiration fait un bien fou. Dans la voiture, la question d’où est-ce qu’ils vont aller se pose assez rapidement. C’est bien beau de vouloir l’aider mais s’ils se contentent de faire le tour de la ville, il ne pourra pas faire grand-chose. Elle a besoin de plus que de sa compagnie, elle ne s’arrêtera pas de pleurer en étant ainsi assise à côté de lui. Du moins, c’est ce qu’il se dit. Elle lui demande premièrement s’il a une idée, il lui repose la question et, finalement, elle lui demande s’il peut aller à Kingston. Il ne connaît pas encore très bien Island Bay et ses environs mais il croit savoir plus ou moins où ça se trouve. Et puis les panneaux l’indiqueront forcément, la Nouvelle-Zélande est comme tous les autres pays : on sait où on met les pieds. Il regarde Murphy quelques secondes avant de hocher son visage de haut en bas, oui, il est d’accord. Et elle lui explique rapidement pourquoi tandis que le feu repasse au vert et qu’il démarre en direction de cette fameuse ville. Oublié ? Il lui redemande, comme s’il n’avait pas compris la première fois. En vérité, il a très bien entendu, il a juste du mal à s’en rendre compte. Comment peut-on oublier le décès d’une personne qui a sûrement énormément compté pour soi ? Si c’est un ami que l’on a perdu, d’accord, nous ne sommes pas obligés de pleurer toutes les années, mais la mère de son enfant ? Il soupire en lançant un regard à Murphy. C’est un con. Au moins, il est direct. Et crois-moi, je sais ce que ça fait d’avoir un père vraiment très con. Alors je me permets de le dire. Et t’en fais pas, ta mère n’a pas besoin de lui pour se sentir bien là où elle est. Il ne croit pas spécialement au paradis, pourtant. Tant que tu continues de penser à elle, elle vit en toi. Et c’est le meilleur cadeau que tu puisses le faire, tu sais. Il n’y a personne dans son entourage qui est décédé mais c’est ce qu’il dit et il le pense sincèrement. Il ne croit pas spécialement aux esprits et en toutes ces choses étranges, il se dit simplement que l’amour pour un membre de sa famille est suffisamment puissant pour surpasser la mort et ses folies. Voilà pourquoi il ne faut jamais cesser de penser à une personne que l’on a aimé et respecté comme un parent. Il se dit bizarrement que si ses parents viennent à décéder – surtout son père – il n’en aura rien à faire, au contraire, ça lui arrachera un sourire. Mais ce n’est pas le moment de parler de lui, il préfère aider Murphy à surmonter cette peine qui l’accable. Dis-moi où est la maison. Parce qu’il n’a pas arrêté de rouler et qu’il ne faut que quelques minutes pour arriver à Kingston.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptySam 8 Déc - 11:18

Bailey ne semblait pas comprendre comment quelqu'un pouvait oublier une telle chose. Murphy non plus d'ailleurs. Comment pouvait-on oublier la femme que l'on avait aimé si fort ? La mère de son unique enfant ? Pour Murphy, c'était même au delà de la connerie, de la « simple connerie ». Son père était un gros con, oui ; mais il était bien trop calculateur, manipulateur, et psychorigide aussi. Et pour le moment, elle semblait chercher une autre explication à tout ça. Ce ne pouvait pas qu'être de la connerie, il y avait autre chose. Est-ce que Murphy était réellement sa fille ? Est-ce que finalement, sa mère n'était pas... personne pour lui ? Ca expliquerait peut-être le fait qu'il n'aimait pas ses frères, et qu'il oublie si souvent sa mère, non ? Oh putain... et si c'était vraiment ça ? Dans la tête de Murphy, tout se mélangeait, c'était vraiment le bordel. Bailey avoua avoir lui aussi, un père très con. Ce qui attira l'attention de la blondinette vers lui, observant ses traits. Alors ils avaient ça aussi en commun ? Un gros connard de père ? Elle baissa les yeux et, ravalant un léger sourire dessiné par Bailey, alors que dans son esprit, elle en arrivait à se demander si c'était bien, ou justifié d'en vouloir autant à son père. Est-ce qu'elle avait le droit de l'insulter de cette façon ? Est-ce qu'elle avait le droit de penser et dire autant de mal de lui ? Après tout, il était tout ce qu'il restait, même si c'était le roi des cons. Et c'était rageant. Murphy laissait ses doigts jouer dans le tissu de son sac, posé sur ses genoux. Bailey parla de la maman de Murphy et très vite, elle sentit que les larmes pouvaient repartir à tout moment. Elle fixa ses doigts, qu'elle contorsionnaient presque avant de dire « j'le déteste, mais j'me déteste encore plus de le détester, parce que... » elle soupira, passant sa main sur sa joue pour essuyer ses larmes « il est tout ce qu'il me reste... » et parfois oui, souvent même, elle s'était demandé pourquoi ce n'était pas lui qui avait été emporté par la maladie. Après tout, il les avait abandonné, puis il était revenu, il avait foutu la merde dans la famille alors que sa maman, elle, elle n'était que gentillesse, pureté, douceur et amour. Elle n'avait jamais fait de mal à personne, bien au contraire... ce n'était pas juste. Pas juste du tout. Murphy n'avait jamais rien demandé à personne. Ni à vivre, ni à subir tous ces décès, ni à subir les frasques de son daron. Alors pourquoi est-ce qu'elle devait tout accepter sans rien dire ? En pensant à ça, elle se mit à pleurer, encore. Essuyant ses larmes, de nouveau, elle fut interrompu par Bailey, qui demandait où était la maison. Myrphy lui indiqua la route « il faut passer par happy valley road ». En disant ça, elle retenu un léger sourire et lança « en espérant que ça nous fasse du bien » avant de  se pincer les lèvres. Surveillant les panneaux, elle fini par indiquer au jeune homme quand quitter l'axe « the parade » pour passer par la réserve. Traversant les petites montagnes de happy valley, traversées par une route bordée par quelques maisons parfois colorées, Murphy aimait profondément cette route, ce trajet. Pour elle, dans sa tête, c'était la route de son enfance, de son passé, de ses années de bonheur et elle était en train de la parcourir. Elle se revoyait avec ses frères, avec sa mère, faire cette route à longueur de temps, sans jamais se dire que c'était la dernière fois. Finalement, après avoir remonté toute cette route -et donc, après avoir longé le quartier de Kingston sans pouvoir y entrer- il fallait remonter jusqu'à Brooklyn pour pouvoir se rendre dans le quartier d'enfance de Murphy, pas très loin du Zoo de Wellington. « L'adresse c'est 101 Farnham Street » elle fixait la route et puis finalement reprit « en fait, ça ne fait pas partie de Kingston, mais presque, c'est à Mornington » précisa t-elle. Comme les deux quartiers se touchaient, finalement, tout le monde confondaient tout le temps l'un et l'autre et finalement, ce n'était qu'un seul et grand quartier pour les habitants. La maison de Murphy était située dans un virage, en haut d'une colline surplombant alors la ville, puis au loin, la mer. De sa chambre, elle avait la vue sur la mer, tout le temps. De l'autre côté du virage, il y avait un petit parking, et sa maison n'était pas vraiment sur le bord de la route, elle était au fond d'une petite allée. Son bois avait été peint en  bleu il y a longtemps, et le perron était blanc. Seulement avec le temps, ces trois dernières années, la maison était loin de ressembler à celle de ses souvenirs. La peinture était écaillée et l'herbe recouvrait le terrain... cette maison aurait pu faire peur à n'importe qui. Pourtant, elle se sentait mieux ici que chez son père. Quand Bailey arriva au virage, elle lui lança « gare toi ici » en lui présentant le parking en face. De sa place, elle fixait déjà sa maison, derrière eux. Elle retira sa ceinture, prit son sac sur ses épaules et quitta la voiture pour observer la maison de son enfance, dans cet état. Elle ressemblait à l'état de son cœur. Meurtrie, abandonné, blessé, oublié. Murphy attendit pour traverser la route, et lentement, elle s'approcha, remontant l'allée. Un peu plus, ell découvrait dans quel état cette maison était, et ça lui fit tellement de peine. Elle revoyait ses frères passer la tondeuse et faire tomber toutes les filles du quartier, ou bien sa mère qui l'autorisait à aller chercher le courrier. La blondinette jeta un coup d'oeil vers Bailey. Est-ce qu'il trouvait ça bizarre ? Est-ce qu'il était gêné ? Mal à l'aise ? Murphy déglutie et lança « c'était pas comme ça avant... » lui montrant bien qu'elle n'y était pas revenue depuis la mort des membres de sa famille et surtout, que son père avait laissé pourrir cette maison, comme tout le reste. Finalement, alors que les deux amis avançaient vers la porte, le portable de Bailey sonna. Il raccrocha l'appel, avant que Murphy lui dise de répondre, quand ça sonna une seconde fois. Bailey, embêté, fit quelques pas pour répondre. Murphy comprit tout de suite que quelque chose n'allait pas, Bailey s'était tourné vers elle, vraiment embêté et aussi stressé. La petite blonde comprit alors qu'il devait partir. Mais ce n'était pas grave, parce qu'il l'avait déposé ici et que c'était tout ce qu'elle voulait. Finir ça toute seule, bien au contraire, ça lui allait déjà bien. Elle lui dit que ce n'était pas grave, qu'il pouvait y aller et qu'il y avait des bus pour qu'elle puisse rentrer. Il hésita, longuement, et puis fini par la laisser seule. Murphy lui dit au revoir, sans se douter que c'était la dernière fois qu'elle voyait son ami. La dernière fois qu'elle croisait son regard, son sourire et qu'elle passerait du temps avec lui. Bientôt, sous le poids de la douleur, Bailey repartirait en Australie, n'ayant rien trouvé pour lui ici. C'était dur, ça faisait mal, mais c'était comme ça. La jeune femme le regarda partir avant de finalement, prendre sa clef pour ouvrir non sans mal, la porte de sa maison. A l'intérieur, le vent s'infiltrait par le toît, faisant un sifflement en continu. La peinture partait, les feuilles étaient rentrées, la maison était totalement abandonnée. Il restait encore des meubles, des traces, des vestiges de sa vie en famille ici. Son coeur se serrait, alors qu'elle referma la porte d'un coup de pied, et qu'elle s'aventura dans cette maison, devant chacun de ces meubles qui avaient gardé une trace de son histoire et de tout l'amour qui régnait ici. Elle grimpa à l'étage, s'arrêtant alors devant la chambre de sa mère. Le lit était encore là, il faisait sombre, si bien qu'elle avait du sortir sa lampe torche. Murphy ne pu retenir ses larmes plus longtemps. Elle s'aventura encore un peu dans cette maison, passant par sa chambre, qui était la pièce la plus vide. Elle alla aussi dans celles de ses frères, fouillant pour y trouver des affaires à eux, quelque chose, comme un trésor. Essuyant ses larmes au fur et à mesure, elle fini par s'effondrer sur le lit sale et poussiéreux de sa mère, tenant son sac contre elle et pleurant à chaudes larmes. Jamais elle ne s'était sentie aussi seule, aussi triste, aussi abandonnée.

Maison de Murphy : https://i.servimg.com/u/f24/17/10/46/57/sans_t13.png
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyDim 23 Déc - 0:24

Après le départ de Murphy, Caïn n'avait pas chômé. Après l'annonce, il fallait rassurer les marchés. Et là, vu la façon dont la nouvelle avait semé la panique, il valait mieux se dépêcher pour reprendre les choses en main. Tout serait bouclé d'ici quelques jours, en attendant, il fallait quelqu'un pour mener le navire de l'intérieur. Le temps passa vite. Il sortit de sa réunion d'urgence, avec le sourire. Sa satisfaction : avoir réussi à souder tout les présents autour de son projet. Et maintenant, une nouvelle vie commençait pour lui ! De nouvelles responsabilités et surtout un autre avenir. Finies les opérations de trader. Il passait au niveau au dessus. Une belle façon de récompenser sa carrière professionnelle qu'il menait avec beaucoup de rigueur et d'investissement depuis des années. Les heures passaient, sans qu'il ne prenne le temps de manger ou de décompresser un peu. Il n'avait pas faim. Il tenait sans caféine et ce, malgré la fatigue qui le guettait. Quand il eut terminé toutes les démarches de son côté et qu'il ne lui resta rien d'autre à faire, Gallagher prit la décision de rentrer chez lui. Il s'évita les bouchons, et arriva à la villa où il pensait retrouver Murphy, voire Kenny. Ni l'un, ni l'autre n'étaient présents. Etrange... Il sortit son téléphone et essaya de joindre sa fille, en vain. Il tombait directement sur la messagerie. Il lui avait pourtant interdit de sortir. Elle était punie. Aurait-elle eu l'outrecuidance de lui avoir désobéi ??? Cette pensée commença à l'énerver. Si bien qu'il lâcha, sur son répondeur : "T'as intérêt à avoir une bonne excuse pour m'avoir désobéi !". Rageur, il raccrocha, en regrettant aussitôt ce qu'il venait de dire. Il était pourtant de bonne humeur, même si épuisé par sa journée. Ravaler sa fierté pour s'excuser ? Plutôt crever ! Il ne la rappela pas. A la place, il fit ce que n'importe quel père ferait dans une telle situation. Il commença à s'interroger et à s'inquiéter. Ce n'était pas normal qu'elle ne soit pas là... et qu'elle ne lui réponde pas... Quelque chose lui était peut-être arrivé dans le bus ? La ligne qui passait non loin avait la réputation d'être tranquille. Pour autant, avec la quantité de malfrats qui trainait dans les rues... Il rumina dans sa barbe, tout en faisant le tour de la maison. Il pesta contre elle, et contre Kenny, qui, comme par hasard n'était là lui non plus... et ne répondait pas à son texto. Il lança un flot d'injures en tapant, rageur contre les portes.

Et puis, il tomba sur les fleurs livrées le matin même et qu'il avait déposé en arrivant, de façon presque machinale, dans l'entrée. Murphy s'était rendue au cimetière ! Tout simplement ! Il récupéra le bouquet et quitta les lieux. A bord de sa voiture, cette fois, il dut faire face aux bouchons. Après de longues minutes d'une extrême tension, il parvint sur place. Il marcha dans les allées et arriva sur la tombe de son ex. Pas de Murphy... Il chercha du regard, sans la trouver. Rageur, il posa brutalement les fleurs et lâcha :

- Tu pouvais pas lui filer ton caractère, pas vrai ? Il a fallu qu'elle hérite du mien et qu'elle n'en fasse qu'à sa tête...

Son téléphone vibra. C'était Kenny qui répondait à son SMS. Le coeur de Caïn se serra en le lisant. Apparemment Murphy avait eu un comportement étrange et était partie sans rien dire, avec son sac. Gallagher proféra un tas d'injures et menaces, mais il fut interrompu par la voix d'un homme :

- Vous n'allez pas vous y mettre vous aussi ! C'est un cimetière ici, pas un endroit où l'on peut hurler et jurer comme un démon !

- Fermez-la !

- Vous êtes son père, n'est-ce pas ? A la gamine qui est venue ici pour hurler comme une barge sortie de l'asile ! Je ne sais pas ce que vous lui avez fait, à cette gosse, mais vous êtes un salaud ! Elle en avait gros sur le coeur ! Tous les morts de ce cimetière savent qu'elle vous hait ! Foutez le camp maintenant, avant que je n'appelle les flics.

Caïn obtempéra, en silence. Le gardien du cimetière venait de le mettre KO, en parlant de la haine que lui vouait Murphy. Une haine dont il ne parviendrait jamais à se défaire. Il s'assit sur un banc, silencieux, le regard vide. Elle venait de fuguer, de partir... pour toujours ? Il semblait bien que ça soit le cas. Et c'était bien de sa faute... Il aurait du l'écouter et prendre le temps. Il comprenait maintenant pourquoi elle était venue à son travail. Où était-elle maintenant ? Plongé dans un intense réflexion, il ne tarda pas à avoir sa petite idée. Il se leva d'un coup et monta dans sa voiture. Direction Farnham Street. La nuit était tombée. De l'extérieur, la maison était en piteux état. Mais c'était là qu'il déposait Murphy, du temps où ses frères étaient encore vivants. Il se gara et observa le moindre signe de lumière. Il finit par sortir et se diriger vers la porte. Ouverte... Il entra à l'intérieur. Le silence régnait. Loin de s'attarder sur les détails, il tendit l'oreille. Peu lui importait ce qu'il s'était passé dans cette maison. Il en avait détesté les derniers propriétaires. Un craquement à l'étage attira son attention. Il monta.

- Murphy ? Tu es là ?
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyMer 26 Déc - 8:34

Le vent parvenait à s'infiltrer entre les panneaux de bois qui s'effritaient depuis trois ans, provoquant un sifflement continu vraiment creepy. N'importe qui trouverait cette maison effrayante, hantée, terrifiante, mais pas Murphy. Pour la petite blonde, c'était le repère de sa famille, c'était le lieu de tous ses souvenirs, c'était ici qu'elle revoyait sa mère en bonne santé, heureuse, avec ses frères. La jeune femme avait passé beaucoup de temps à pleurer sur le lit de sa mère, allongée sur ce tas de poussière, à espérer sentir un peu son odeur, ou bien à trouver quelque chose qui lui donnerait cette impression qu'elle était là. Pourquoi sa mère ne revenait pas d'entre les morts, juste pour elle ? Pour lui parler, lui dire quelque chose ? Ou bien pour la prendre dans ses bras ? Sa maman, elle était vraiment douce, elle avait ce côté maternelle très développé, alors que son père... il avait encore du mal. Murphy avait plus l'impression d'être sa « chose » plutôt que sa « fille ». La jolie blonde avait fini par s'endormir sur le lit dégueulasse de sa mère. Ce fut le bruit du vent contre la maison qui la tira de son sommeil. Elle eu un peu peur au réveil, puisqu'elle ne comprit pas du tout de suite où est-ce qu'elle était. Se redressant, elle visualisa la maison de sa mère et très vite, du sortir la lampe torche parce que le soleil était totalement couché. Au loin, la gamine pouvait entendre le bruit de la mer, parce que de cette maison, c'était pas très loin. Elle fit grimper son sac sur son lit, et commença à fouiller dedans. Cherchant sa bouteille d'eau, elle ne tarda pas à trouver le joint qu'elle était encore depuis l'époque de Lily. Elle le regarda longuement, hésitant à l'allumer ou pas. Mais ce n'était pas raisonnable. Murphy était toute seule ici, sans téléphone portable, sans voiture... on allait pas en plus rajouter ça ? Si jamais la maison de sa maman était squattée par des SDF, et qu'ils arrivaient et qu'elle n'était pas en possession de tous ses moyens, ça pouvait mal finir, non ? La gamine prit le joint et le brisa dans sa main. La feuille se déchira et puis le tabac et la weed vinrent tomber sur le sol poussiéreux, où les détritus recouvraient le sol. Très vite, on ne pouvait plus la voir et la feuille déchirée s'envola assez vite pour ne plus apparaître dans cette maison. Aussi vite que ça, elle eu l'impression de voir le souvenir de sa mère dans la tête de son père. Il semblait l'avoir oublié aussi vite qu'un coup de vent balayant la weed. Elle se sentait encore très triste, mais pleurer ne servait plus à rien. Alors elle fouilla dans son sac, sortit sa bouteille d'eau, dans laquelle elle bu, puis aussi quelque chose à grignoter. Alors qu'elle était en train de finir, elle vit des phares de voiture tourner dans le virage, et elle entendit que la voiture s'était arrêtée. Elle entendit aussi quelqu'un traverser les hautes herbes du jardin, puis, forcer la porte pour entrer. Qui c'était ? Est-ce que c'était Bailey qui revenait ? Ca ne pouvait être que lui. Alors presque contente, elle sauta du lit pour sortir dans le couloir de l'étage. Elle entendit alors une voix et tout de suite, reconnue la voix de son père. Murphy perdit son sourire, mais son cœur loupa un battement. Elle venait d'arriver en haut de l'escalier, plongeant son regard dans l'obscurité, essayant de découvrir les contours de son père là-dedans. Armée de sa lampe torche, elle lui éclaira le corps, afin de ne pas l'éblouir. Que faisait-il ici ? Comment avait-il su qu'elle était là ? Il la pistait ? Il avait croisé Bailey ? Mais il ne connaissait pas le jeune homme, il ne l'avait pas encore vu... comment pouvait-il être ici ? « Papa ? » demanda t-elle alors, surprise, attendant une explication.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyMer 26 Déc - 22:36

Le noir, il n'en avait pas peur. Le trader, enfin, futur PDG, savait se défendre et peu de choses l'effrayaient. Se balader dans des quartiers chauds de la ville, en pleine nuit, ça ne l'angoissait absolument pas. Le premier qui s'amusait à le titiller d'un peu trop près, il lui refaisait le portrait vite et bien. Bon, quand on y repensait, il ne se baladait pas dans les coins à misères. Tous ces gueux, ces cas désespérés, il les méprisait, lui qui ne voyait que par la sacro-sainte réussite. Par le passé, quand il venait chercher Murphy pour le week-end, il toisait les jeunes du coin avec un dégoût franc. Pour lui, la seule solution pour sauver les lieux, c'était de tout raser et de construire des immeubles commerciaux. Quant aux résidents, il existait d'autres villes, voire des villages, non loin d'Island Bay. Ils pouvaient s'y parquer pour travailler la terre et élever du bétail, dont ils partageaient quelques liens de parenté, selon lui. On pouvait le redire, le blond était un parfait connard, égoïste et intolérant au possible. Dans le conflit qui l'avait opposé aux frères de Murphy, il avait maintes fois fait valoir le contexte social déplorable du coin et le manque de tenue dans cette maison. Il haïssait les lieux, mais il était prêt à y pénétrer pour retrouver sa fille. Le fait d'entendre du bruit à l'étage, l'amena à monter et à appeler Murphy. Entendre sa voix, le soulagea réellement. S'il ne l'avait pas trouvée ici, il n'aurait pas eu d'autre piste et, même si ça lui déplaisait, il aurait appelé les flics. Caïn apparut dans la lumière, le visage dur mais le regard rassuré. Il était content de voir que sa fille n'avait rien et qu'elle était saine et sauve. Pour autant, le reproche ne tarda pas. Il fusa même, parce qu'il ne pouvait pas le contenir :

- Putain... Bon sang Murphy... t'as passé l'âge de ce genre de conneries non ? Tu crois que c'est mature de foutre le camp comme ça, sans m'avertir, de ne pas donner signe de vie ? Mais enfin où avais-tu la tête ? J'étais mort d'inquiétude... j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose...

Il ne lui laissa pas le choix. Il s'approcha pour la blottir contre lui. Il s'en foutait pas mal qu'elle soit en colère et qu'elle lui en veuille pour une raison qu'il ignorait. Il était sincère quand il disait qu'il avait eu peur. Murphy ne s'en rendait pas compte, mais elle était un peu tout ce qui lui restait. Certes, il y avait Kenny aussi, néanmoins, ça ne représentait pas la même chose. Face à sa fille, le jeune homme avait un poids moindre, le nier serait mentir. Pour autant, ils restaient deux piliers pour Gallagher. Ils apportaient l'équilibre dans sa vie chaotique. Il n'était pas simple de vivre avec lui. Tantôt glacial, tantôt complice, son caractère changeant aurait été acceptable sans son côté colérique et sanguin. Ses gueulantes étaient mémorables, autant que sa cruauté. Depuis toutes ces années, Murphy avait bien vu comment il fonctionnait avec les autres, à quel point son père se transformait en pourriture avec tous ceux qu'il n'aimait pas (et ils étaient nombreux !). Sans doute que cela la faisait relativiser quand il la prenait dans ses bras. Parce que personne, à part Kenny, mais pour le moment elle l'ignorait, ne pouvait se vanter d'avoir le même traitement qu'elle. Acerbe, tranchant, il regarda la pénombre autour d'eux et ajouta, avec un dédain buté :

- Quelle idée de venir ici, en plus... c'est crade... et mal fâmé dans le quartier.

Caïn n'avait jamais aimé cette maison, non pas parce qu'il s'agissait de celle de son ex-femme, mais parce qu'il savait tout à propos des frères de Murphy et de leurs magouilles. Savoir qu'elle avait vécu ici, entouré de porcs et de racailles, lui était insupportable. Aussi, il s'avérait des plus infects. Il respectait le deuil de sa fille, mais les mots méprisants lui échappaient. En fait, il aurait aimé que les frères soient encore vivants, juste pour le plaisir malsain de les humilier et de les trainer dans la boue. Leur mort les avait sauvés de cela et il trouvait ça complètement injuste. Il ne mit pas longtemps à en venir au fait, puisque de toute façon, ça allait encore partir en sucette entre lui et sa fille.

- Bon... j'ai cru comprendre que tu étais passée au cimetière et que tu en avais gros sur le coeur... Alors on va faire simple et on va commencer par là. Vide ton sac...

On sentait bien qu'il ne comprenait pas le grief que sa fille pouvait avoir contre lui. Mais Caïn était las des disputes à répétition. Il n'arrivait plus à le cacher. Alors autant servir encore de punching ball, en espérant que Murphy ne se montre pas trop blessante. Gallagher avait des limites facilement atteignables, aussi, si elle le traitait encore d'homophobe, la bête, qu'il gardait en lui, ne pourrait plus être contenue. La tension était déjà perceptible. La journée stressante de Caïn avait entamé sa patience et lui-même était électrique.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyMer 26 Déc - 23:09

Son père venait à peine de débarquer qu'il était déjà en train de gueuler. Eh voilà, c'était parti, le défilé des reproches. Il était en train de la reprendre sur sa maturité, sur le fait qu'elle soit partie sans rien dire et intérieurement, la gamine était en train de bouillir. Il se foutait de sa gueule ? Il le faisait exprès, c'était ça ? Il grimpa les marches qui les séparaient et très vite, la prit contre lui, sans même lui demander son avis. Il ne pu s'empêcher de critiquer cet endroit, comme si ça n'avait aucun sens, comme si ça ne comptait pas pour lui. Et c'était le cas, il n'y avait rien qui comptait en fin de compte pour lui, hormis lui-même. Murphy commençait à ressentir la rage l'envahir. Colère qui avait laissé place à la tristesse depuis son arrivée ici, mais son père avait le don pour l'énerver, tout de suite. Il ne cherchait pas à savoir les raisons, il ne cherchait pas à comprendre : il l'engueulait tout de suite. Et il se permettait de tout critiquer, encore et toujours. Rien n'était pas assez bien pour lui. Murphy ne voulait pas de son étreinte, alors dès qu'elle le pu, elle se décolla de lui. Elle fuyait son regard, pourtant, quand il parla du cimetière et qu'il osa demander ce qu'elle pouvait bien lui reprocher, elle tourna sa tête vers lui, enfonçant ses yeux dans les siens, qui brillaient dans l'obscurité. Elle le regardait avec mépris, avec rage. Déjà, comment avait-il fait pour entendre ce qu'elle avait dit au cimetière ? Qu'est-ce qu'il pouvait en savoir ? Il avait mis des micros dans son sac, c'était ça ? Putain mais il était infernal, elle n'avait le droit à aucune intimité, c'était donc ça ? Et puis c'est quoi ce ton, ce délire qu'elle vide son sac ? Il disait qu'elle était immature, et puis maintenant, il voulait la forcer à péter un plomb ? Sa psy -dont il ignorait encore que sa fille la fréquentait- lui avait apprit à gérer les situations de crise comme celle-ci, à apprendre à communiquer aussi. Alors Murphy ferma les yeux, prit une grande inspiration, souffla et puis lança « j'ai rien à te dire ». Là dessus, elle tourna les talons pour avancer dans l'ancienne chambre de sa mère, où était encore éparpillées ses affaires. Bien sûr, son père la suivi et il ne chercha pas à la laisser filer comme ça. « Tu n'as qu'à demander à tes indic' ou bien faire vérifier tes micros, tu m'flic à longueur de temps, tu devrais savoir ce qui cloche, non ? » lança t-elle n serrant la mâchoire. Debout, près du lit, elle commençait à ranger ses affaires dans son sac. Mais très vite, quelque chose l'énerva davantage et la gamine lança « que tu me descendes à longueur de temps, j'me suis habituée » elle releva la tête vers lui « j'ai bien compris que mes études, mon comportement, mon milieu social et ma famille te faisaient horreur, je l'ai vraiment bien imprimé ça puisque tu me le dors tous les jours » commença t-elle, presque calme. « Mais que tu oses oublier la mort de maman... » elle planta son regard dans celui de son père, gardant le silence un instant. « Tu... raaah... » lança t-elle tout naturellement, en envoyant le reste de ses affaires dans son sac. « Tu fais genre tu m'écoutes, mais t'en as rien à foutre » elle ferma son sac, le laissant encore sur le lit. « La conversation qu'on a eu au chalet... tu t'en branles en fait, tu retiens que ce que tu veux » lança t-elle en envoyant son sac sur son épaule. « Tout est toujours comme ça avec toi, t'es un égoïste » lança t-elle toujours calme, mais un peu excedée quand même. « Tu ne penses qu'à toi, tout le temps, tu ne retiens que ce qui t'arrange, tu te fais passer pour une victime » elle enchaina alors « beh oui, tu n'as pas de chance d'avoir hérité d'une pauvre gamine comme moi qui te fait honte et qui te malmène, hein ? » bon, sa psychologue ne serait pas fière d'elle du tout. « Tu es incapable de me dire où se trouve la boutique dans laquelle je travaille, ni même si ça me plait, ni même si mes études se passent bien, ni même si j'ai des amis » demanda t-elle toujours droite, près du lit, les yeux rivés dans les siens. « Tu t'es même pas rendu compte que j'avais arrêté de manger depuis que tu m'avais puni... » lança t-elle en sachant très bien que ça, il allait avoir du mal à l'encaisser. « Tu t'es pas rendu compte que j'voyais une psy depuis cet été ni même que j'étais sous traitement... » elle haussa les épaules et puis baissa les yeux « j'ai voulu croire que tu étais juste maladroit, et que j'étais la plus chiante des deux » avoua t-elle doucement « mais j'me rends compte que t'es comme ça » elle haussa les épaules. « J'peux pas croire que tu l'ai oublié » avoua t-elle en ayant la voix qui se brise. Elle patienta quelques secondes, et puis voulu quitter la pièce « c'est la goutte d'eau, c'est trop pour moi, j'peux pas... » non, elle ne pouvait pas accepter ça, accepter le fait qu'il oublie sa mère, c'était trop.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyJeu 3 Jan - 0:41

Caïn savait qu'il allait en prendre plein la gueule. C'était triste à dire, mais avec sa fille, tout allait de travers. Et c'était de pire en pire. Pourtant, ce n'était pas faute d'essayer. Il n'était pas un père parfait, loin de là, mais il essayait d'agir de sorte à qu'elle puisse compter sur lui. Il l'aimait, vraiment. Ce qui l'aveuglait au point de laisser passer des mots et des choses, qu'aucun autre père n'aurait accepté. Ne serait-ce que ce regard de haine qu'elle lui adressa... cela le fit froncer des sourcils. Il ne voyait pas ce qui l'ulcérait à ce point. Qu'il n'ait pas eu le temps de lui parler le matin même ? Quoi, elle faisait encore un caprice à son âge ? Le "Je n'ai rien à te dire" fut si glacial que Gallagher ne sut quoi répondre. Et si ça n'était pas un caprice finalement ? Mais le point de non-retour qu'il avait tant craint ? Il n'allait pas tarder à le savoir. Elle se rendit dans la chambre où elle s'était réfugiée. Celle de sa mère. Cela faisait drôle de revenir ici après autant d'années. Caïn n'était pas à l'aise dans cette pièce. Certains souvenirs lui revenaient... Murphy savait-elle que c'était précisément ici qu'elle avait été conçue ? Et que l'instant avait été un immense désastre tant le jeune homme qu'il était, exprimait de l'angoisse ? Ici aussi qu'elle lui avait annoncé qu'il allait être père et qu'il avait senti son paraitre se briser en mille morceaux. Elle ignorait beaucoup de choses, parce qu'il refusait de lui en parler. Il l'écouta parler, se taisant face à ce qu'il considérait comme un délire paranoïaque. Il ne l'avait pas placée sur écoute... jamais... il la surveillait de temps en temps, pour s'assurer qu'elle n'ait pas de mauvaise fréquentation, mais il avait compris le message. Elle avait besoin de sa liberté, de son libre-arbitre. Alors il s'était largement assoupli. Pourquoi est-ce qu'elle le lui reprochait encore ? Il ne tarda pas à avoir la réponse. Non, il n'avait pas oublié. Il avait juste été débordé... et c'était mal tombé. Il s'ensuivit un déluge de reproches, véritablement. Murphy était en train de le crucifier, dans les règles de l'art. Il se sentit mal parce qu'il y avait du vrai dans ce qu'elle disait mais tout fut soudainement occulté par ses aveux... par le fait qu'elle lui dise qu'elle avait replongé dans l'anorexie.

Alors qu'elle s'apprêtait à sortir de la pièce, il se plaça brusquement entre elle et le pas de la porte. Violemment il la claqua, faisant trembler les murs. Son regard avait changé. Son visage aussi, tendu, assombri. Il explosa de colère dans le silence, fracassant son poing dans le mur, y laissant un trou béant et un filet de sang. C'était ça où la bête noire qui se cachait en lui allait s'en donner à coeur joie. Frémissant de rage, il ne la quittait pas des yeux. Et les mots ne tardèrent pas à venir, alors qu'il luttait pour ne pas tout pulvériser autour de lui :

- Tu sais ce que je ne peux pas croire, moi ? C'est que tu m'avais juré sur elle que plus jamais tu t'arrêterais de manger ! Tu me l'avais promis ! DANS LES YEUX ! Et tu me mens depuis des mois... Et d'après toi comment tu veux que je sache tout ça ? TU REFUSES DE ME PARLER !!! Non, toi, ton truc, c'est de dire que tout va bien, de me faire croire que je peux te faire confiance alors que tu me prends pour un con, un GROS CON ! DEPUIS LE DÉBUT !

Il écarta les bras, galvanisé par une colère monumentale qui ne cessait de s'amplifier, à tel point que le ton de voix s'était amplifié, entouré et qu'il tremblait. Tout sortait, la colère se mélangea à la rancune, alourdissant l'atmosphère d'un relent pestilent qu'il gardait en lui depuis bien trop longtemps.

- Mais c'est vrai ! Je suis un gros con égoïste ! Un putain de gros connard égoïste et HOMOPHOBE ! UN SALAUD SANS COEUR ! Oh oui, depuis que je suis entré ta vie, je ne t'ai apporté que le malheur et le désespoir ! C'est moi qui devrais être enterré à sa place ! OUI, MOI ! Je l'ai bien compris, je l'ai intégré ! C'est MOI, LE GROS NUL ! MOI, MOI, MOI ET TOUJOURS MOI !!! Toi, tu veux retrouver ta vie d'avant. J'AI BIEN COMPRIS ! Tu veux revenir ici, dans CE TAUDIS ! AVEC TES FRERES PROXOS ET DEALEURS ! Ah ouais ! Tes frères adorés, tes frangins chéris ! DE BELLES RACAILLES ! Impliqués dans du trafic de drogue, dans des agressions sexuelles sur le campus. Des mecs bien, qui droguaient les filles pour les coincer dans les chiottes. Avec leurs casiers judiciaires, tu aurais de quoi refaire la tapisserie !

La bombe était lâchée. Caïn était hors de lui. Il n'y avait plus, ni ménagement, ni tendresse.

- Tu veux que je te dise ? Non, je n'ai pas oublié. J'ai apporté des fleurs, comme je le fais tous les ans. Je l'ai fait SANS TOI, tu n'étais plus là quand je suis arrivé. Tu étais partie sans dire un mot, sans me dire où tu allais. Tu peux aller vérifier, si ça te chante. Maintenant, je vais te laisser ici, comme le gros bâtard insensible que je suis. Insulte-moi, déteste-moi, fais ce que tu veux ! J'ai ma dose, je me tire. Ca fera un bon gros sujet à développer avec ta psy : mon père est un connard fini. J'appelle le notaire demain, aux aurores. Tu règleras la reprise de cette maison avec lui. A toi la liberté !

Il rouvrit la parole brutalement et quitta la pièce. Il dévala les marches quatre à quatre et il sortit, ne laissant derrière lui que le silence. Il laissa la voiture sur place, dans son état, il valait mieux qu'il ne prenne pas le volant. Sa marche était rapide, alimentée par les nerfs.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn EmptyJeu 3 Jan - 1:18

La réaction de son père ne se fit pas attendre. Son regard devint noir, son corps tremblait presque sous la colère et en une seconde, à peine, Murphy trembla à son tour. Elle sursauta quand il envoya son poing dans le mur, dévastant un peu plus cette maison. Sa main vint se poser sur sa bouche ouverte, retenant la surprise de ce geste. Son père, était-il seulement encore présent dans cette pièce ? Elle en doutait, elle n'avait pas l'impression qu'il soit encore là. Non, son père avait laissé place à autre chose, qui lui faisait peur. Caïn était sur le cul, qu'elle ait pu lui mentir pendant des mois, qu'elle ait pu revenir sur sa promesse, sur sa parole. Pour Murphy aussi, ça avait été très dur de revenir sur ça, simplement... elle n'avait pas le choix. C'était la seule chose qu'elle pensait contrôler dans sa vie. La seule et unique chose. Son père n'avait pas totalement tord sur certaines choses, quand il hurla de toutes ses forces, faisant trembler sa fille de peur au passage, qu'elle ne lui parlait pas. Murphy avait sans cesse l'impression de ne faire que ça, d'essayer, de tendre des perches, d'essayer de lui ouvrir son cœur ; sans que ça ne fonctionne sur le long terme. Alors après avoir essayé plusieurs fois... elle avait décidé d'abandonner, elle avait préféré croire que rien ne changerait jamais, que tout était fichu. Son père n'avait pas comprit ce que Murphy avait voulu dire, comme d'habitude. Et lui, il parlait d'être un gros con, de n'être que ça, rappelant les mots utilisés par Murphy à la campagne. Son père aussi avait mal, sauf que lui non plus il ne parlait pas, jamais. Son père criait tellement fort, de sa voix si grave, que Murphy tremblait encore. Il hurlait qu'il aurait mieux valu pour Murphy que ça soit lui qui meurt, que c'était lui la cause de tous les malheurs de sa fille. Encore une fois, il ne comprenait rien, il se passait pour une victime. Ou bien juste, il disait ce qu'il avait lui aussi sur le cœur ? Ne se comprendraient-ils donc jamais ? Muphy avait la sensation que ça ne servait à rien. Et là, son père lâcha quelque chose. Une succession de phrases à propos des frères de Murphy. De quoi parlait-il ? Il était en train de hurler, laissant sous-entendre que ses frères étaient des dealers de drogues et qu'ils s'en prenaient aux filles à l'université ? Murphy fronça les sourcils « pourquoi tu dis ça ? » était-ce de la colère ? Est-ce qu'il disait ça pour lui faire du mal ? Est-ce qu'il disait ça parce qu'elle venait de le blesser ? Le cœur de Murphy était en train de tambouriner dans sa poitrine, prit entre la peur, la colère, la tristesse et l'incompréhension. Elle ne comprenait pas ce que son père disait à propos de ses frères, pourquoi est-ce qu'il disait ça ? Murphy n'y croyait pas, pour elle, ça n'était pas possible que ça soit vrai, c'était un mensonge. Ses yeux se mirent à briller, quand il avoua être passé au cimetière sans elle, et que désormais, il allait la laisser là. Murphy sentit son cœur arrêter de battre une seconde. Il allait la laisser là... l'abandonner ? Elle l'observait, prise de peur. Son père cauchemar était en train d'arriver ? Elle qui depuis son anniversaire angoissait à cette idée, tremblait durant la nuit, était-elle vraiment en train de vivre ce moment ? Son père gueulait encore, mais Murphy était en train de comprendre qu'il l'abandonnait là. Quand il parla du notaire, qu'il la laissait se démerder avec cette maison, Murphy eu encore plus cette sensation. Il allait vraiment la laisser là ? Il ne voulait plus d'elle ? Comme lorsque maman était enceinte ? Son cœur était en train de se serrer, tandis que son souffle lui manquait. Son père ouvrit la porte de la chambre, dévala les escaliers et quitta la maison sans qu'elle n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit. A cet instant, Murphy sentit ses jambes trembler et l'air lui manquer. Son pire cauchemar était en train de se réaliser, de se produire et elle ne pouvait rien y faire. La sensation que l'on ressent lorsqu'on se fait abandonner est horrible. Murphy était en train de se demander si c'était vraiment réel, si son père n'allait pas revenir et surtout, ce qu'elle avait fait de mal pour vivre ça. Mais elle ne savait très bien, ce qui avait fait que cette situation arrive. C'était de sa faute. Son père avait raison, elle ne parlait pas plus que lui. Mais même si elle avait baissé les bras, elle avait espérer qu'il les lève pour eux deux. Mais non, il était partit. Murphy posa sa main sur son cœur. Elle avait terriblement mal, atrocement mal. Son père était vraiment en train de l'abandonner là ? Soudain, elle eut froid, elle eut peur, elle sentit que ses yeux ne pouvaient pas retenir les perles salées qui finirent très vite à rouler sur ses joues, d'abord en silence. Elle manqua l'équilibre, ses jambes toujours aussi tremblantes, si bien qu'elle du s'appuyer sur le lit de sa mère, avant de tomber à genoux tout près de celui-ci. Sa respiration était forte, saccadée, difficile. Elle ne parvenait pas à respirer. A chaque fois qu'elle prenait de l'air, la jeune fille avait l'impression que ses poumons étaient en train de céder. Alors elle paniquait encore plus, emballant son cœur dans sa poitrine et bloquant ainsi ses poumons. Elle ne parvenait pas à se calmer, elle était en pleine crise d'angoisse. Exactement comme le jour de la mort de sa mère, ou de ses frères. Là, elle n'avait plus personne. Et son cœur se mit à saigner. L'angoisse de la vie, l'angoisse du monde extérieur, l'angoisse de continuer toute seule la terrorisaient soudain, écrasant son corps sur le sol, rendant impossible tout mouvement. Murphy posa sa tête sur le lit de poussière, essayant de se calmer, et ayant encore plus peur d'entendre sa respiration monstrueuse. Ses doigts agrippèrent le tissu, comme si elle essayait de se retenir, de sentir quel était le monde réel. Perdue dans sa tête, dans son angoisse, elle n'avait plus aucune réalité. Son cœur la faisait souffrir, son corps aussi et sa voix se mêlait à sa respiration. Les larmes continuaient de couler sur ses joues, incapable de contrôler quoi que ce soit. Qu'allait-elle devenir ? Son père ne voulait plus d'elle, plus jamais, il l'avait laissé ici, encore une fois. Comme si l'histoire était la même, en boucle. Murphy, à jamais la fille abandonnée par tous, ne pouvant jamais rien vivre de fort sans qu'on lui arrache ses proches. Maman, ses frères, Lili, Bailey... et maintenant papa. Ils l'abandonnaient tous, un par un. Pourquoi continuait-elle de se battre ? Pourquoi est-ce qu'elle ne lachait pas prise, elle aussi ? Sans son père de toute façon, qu'est-ce qu'il lui restait ? Pendant une seconde, le silence revint dans la maison. Plus de respiration forte, rapide et profonde. Sa main parvint à trouver son sac, ses doigts se fermèrent dessus et la seconde d'après, le corps de Murphy tombait, face contre le sol, emportant avec elle dans sa chute, son sac. Le silence s'empara de la maison, ou seul le vent sifflait entre les murs brisés de cette maison abandonnée.
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