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contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
oct. 2024
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.


une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun
c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés

elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
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 tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn

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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn - Page 2 EmptyMar 8 Jan - 23:43

Caïn mit beaucoup de temps à se calmer. Il marcha, la respiration saccadée. Première rue à gauche, puis encore à gauche, et ainsi de suite. Il tournait en rond autour du pâtée de maison, sans s'en rendre compte. Il était aveuglé par la vérité que Murphy lui avait jeté au visage. Tout ce qu'il essayait de faire depuis des mois n'avait donc servi à rien ? Il s'était battu pour obtenir sa garde, il avait essayé de toute faire pour qu'elle soit heureuse, du moins, qu'elle ne manque de rien. Et voilà le résultat ? Sa main saignait mais il s'en moquait. Il respirait fortement, comme un buffle prêt à charger. N'importe qui l'aurait croisé dans la rue, se serait empressé de contacter la police. Par chance, le voisinage semblait calme, bien loin des clichés que pouvait avoir le nouveau PDG. Il fallait absolument qu'il évacue sa haine et sa colère. Il avança de plus en plus vite, jusqu'à ce que son coeur ne se mette à tambouriner comme un dingue dans sa poitrine. Et il y alla jusqu'à l'épuisement. Jusqu'à ce qu'un point de côté ne le contraigne à s'arrêter et à se plier en deux pour chercher l'air. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'il les leva vers le ciel, de ce regard si sombre et si animal qui le caractérisait tant. Il avait envie de hurler, après Dieu, après sa mère, le connard qui avait servi de concepteur, son ex aussi... Mais plus que tout, c'était lui, qu'il voulait dégommer, fracasser... Il se détestait et Murphy avait raison sur bien des points. Il était égoïste, sans sentiment, un sauvage, un salaud. Il saccageait tout ce qu'il touchait. Jamais il n'aurait du revenir dans la vie de sa fille, jamais. Il la rendait malheureuse, au point qu'elle ait replongé dans l'anorexie, qu'elle se soit même mise à consulter un psy. L'escapade dans la rue fut salutaire, elle eut pour effet de le vider presque totalement, au point de le fatiguer physiquement mais pas de l'aider à mettre son cerveau en pause.

Tout s'enchainait, les échecs, surtout. Caïn avait cru comprendre qu'il pourrait être un bon père, mais la réalité était tout autre. Minable. Lamentable. Il arrivait au point de lassitude, à cette douloureuse étape de la résignation et de l'abandon. Si Murphy voulait être heureuse seule, alors qui était-il pour l'en empêcher ? De toute façon, elle ne pouvait pas le blairer. Donc, même s'il essayait de se battre un minimum, encore, jamais il n'arriverait à un résultat satisfaisant. Et si c'était pour qu'elle se laisse crever de faim, alors autant tout stopper. A mesure qu'il se disait cela, une autre voix, contradictoire, lui disait de ne rien lâcher. Un Gallagher n'échouait pas, même dans les pires situations. Il allait arracher la victoire et la mettre fièrement au bout d'une pique, comme un trophée. Et tant pis si ça faisait des blessés et des dégâts. Ses pensées ressemblaient à une troisième guerre mondiale, tant les remises en question étaient violentes et brutales. A un moment, il finit par se redresser et continuer son parcours, plus tranquillement. Il revint bientôt sur le parvis de la maison. Son inconscient avait été fidèle au poste. Jamais Caïn ne pourrait laisser tomber sa fille. Même sur le coup de la colère et de la fureur. Il ouvrit la porte à nouveau, sans grande discrétion. A vrai dire, il ne s'attendait pas à être accueilli avec des cotillons. Il en avait bien conscience. Néanmoins, maintenant que la réaction à chaud avait eu lieue, il fallait qu'ils règlent les choses de façon sérieuse. Il monta à l'étage et quand il trouva Murphy, elle était allongée sur le sol, à première vue inconsciente. Caïn fonça vers elle et la secoua, sans qu'elle ne réponde. A un moment, il la gifla, elle sembla réagir, mais de façon très molle. Bon au moins, elle n'était pas morte... sur le moment, il l'avait cru. Il la prit dans ses bras et la souleva, sans difficulté. Il la conduisit jusqu'à la voiture et l'allongea sur la banquette arrière. Il ferma la portière et prit place, avant de mettre le moteur en marche.

Le vrombissement du moteur, caractéristique de son 4x4, perturba le calme du quartier. Le véhicule se mit en branle, alors qu'il prenait la direction de l'hôpital. A un moment, il regarda en arrière et vit que Murphy avait ouvert les yeux. Il se gara (comme un enculé) à la première place trouvée, sur le bas côté et se tourna :

- Ca va ? Je t'amène à l'hôpital... ce malaise, là... ce n'était pas... c'est inquiétant.

Il tâcha de ne pas se montrer trop abrupt mais puisqu'elle semblait aller mieux, il ajouta :

- J'ai besoin que tu me dises ce que tu attends de moi... ça ne peut pas continuer comme ça... je ne te sers à rien si je te rends malheureuse sans le vouloir... Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Il faut me le dire, je ne peux pas le deviner... j'ai essayé et on voit le résultat...

Il n'y avait pas d'agressivité ou de reproche dans sa voix. Par contre, et sans doute pour la première fois depuis que Murphy l'avait retrouvé, il y avait une sorte de tristesse dans sa voix. Il vivait très mal ce qu'il se passait...
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn - Page 2 EmptyMer 9 Jan - 0:31

C'est le bercement de la grosse voiture de son père qui doucement, la ramena à la réalité. Elle sentait que ça bougeait, sans trop comprendre ce que c'était. Puis, elle entendit le bruit d'une voiture sur la route, ainsi que le grondement du moteur. Finalement, elle commença à visualiser son corps dans l'espace, comprenant qu'elle était allongée. Peu à peu, Murphy revenait à elle, commençant à sentir une douleur vive à la tête. Sa main se porta à son visage, les yeux encore clos, avant qu'elle ne finisse par les ouvrir, découvrant la voiture de son père sous un nouvel angle. Elle grogna légèrement avant de finalement entendre la voix de son père. La jolie blonde comprit alors qu'elle était dans sa voiture, sans savoir vers où, ni pourquoi elle était allongée à l'arrière. Elle ne se souvenait pas encore de sa crise d'angoisse, ni de sa chute. « Papa ? » appela t-elle alors, pour vérifier que c'était bien lui et que tout ceci était bien réel. Murphy sentit un poids sur son cœur, comme si on cherchait à l'écraser, si bien qu'elle s'aida de son coude pour se redresser, tandis que son père faisait crisser les pneus de son 4X4 pour se garer sur le bord de la route. Son père lui demanda si ça allait, en parlant d'hôpital, puis du malaise. Murphy se souvint alors de cette pression ressentie plus tôt, causé par le départ de son père. L'angoisse s'empara de l'étudiante, tandis qu'elle ne comprenait pas que son père soit là, alors qu'il était partit en la laissant toute seule dans la maison de son enfance. « Tu es partis... » souffla t-elle en grimaçant, tandis que sa tête lui faisait mal. Sa main vint caresser son crâne, comme si cela pouvait faire diminuer la douleur qu'elle pouvait ressentir. Oui, son père l'avait laissé là, lui avouant baisser les bras face à elle. Et Murphy comprit que c'était justement ça : le fait d'avoir constamment peur qu'il parte, qu'il n'assume pas son rôle de père, qu'il prenne ça comme un jeu et que dès qu'il en aurait marre, il repartirait comme il l'avait fait avant sa naissance. Le traumatisme de l'abandon était bien plus persistant que n'importe quoi d'autre. Il avait été capable de le faire une fois, pourquoi ne recommencerait-il pas ? Elle le poussait à bout, souvent de façon inconsciente justement pour le tester, pour voir s'il allait vraiment rester, mais ce soir... il était partit. Murphy redevenait l'enfant abandonné qu'elle eut été un jour et c'en était que plus douloureux encore. « Tu veux m'abandonner encore ? » demanda t-elle la voix tremblante, encore perdue dans ses flash de tout à l'heure, les peurs et traumatismes de son passé et puis la réalité actuelle de cet instant. Murphy voulait se retenir de pleurer, mais c'était trop dur. C'était comme voir sa vie passer devant ses mains, sans pouvoir la retenir. Comprendre que là, c'était la fin, que quelque chose partait sans qu'elle ne puisse le retenir. Sauf que cette chose était une personne. Une personne sans laquelle elle ne s'imaginait pas vivre. Et tout ça, il le savait, elle le lui avait dit le jour de son anniversaire, elle lui avait parlé de cette angoisse qu'elle avait, mais comme à son habitude, il ne retenait que ce qu'il voulait... il avait du oublier tout cela. Son père prit la parole, lui demandant le plus sincèrement du monde ce qu'elle attendait de lui, ce qu'elle voulait qu'il fasse, ce qu'il pouvait faire pour son bonheur, se reprochant de ne pas y parvenir. A ces questions, Murphy se mit à pleurer. Elle n'en savait rien. S'effondrant sur elle-même, assise sur cette banquette, la jeune femme de dix-huit ans, encore une enfant quelque part, ne savait pas quoi répondre aux questions de son père. Normalement, c'était inné ces choses là, non ? Ou bien s'il doutait de lui, la maman de Murphy devait être là pour le rassurer, pour lui dire qu'il était un bon père, qu'ensemble, ils y arriveraient, non ? Ce n'était pas à elle de lui dire comment être père, non ? Murphy ne savait pas, la question était pourtant simple, mais elle semblait ne plus avoir d'idées, avoir tout essayé. Comme si les deux étaient épuisés d'essayer, sans jamais parvenir à un résultat. « Je sais pas... » lança t-elle la voix tiraillée par ses larmes, alors que ses mains essuyaient déjà ses joues. Murphy était terrorisée à l'idée que son père lâche l'affaire, abandonne, baisse les bras. Elle ne serait pas capable de subir un deuxième abandon, pas après tout ça, pas son père. « C'est pas juste... » lança t-elle alors, comme si cette occasion était bonne pour vider son sac sincèrement. « Les autres n'ont pas tous ces problèmes avec leur père... » commença t-elle alors « c'est inné... » continua t-elle toujours en larmes. Mais eux, le souci, c'était qu'ils avaient du apprendre à se connaître bien tard, qu'ils avaient du apprendre ce qu'était une relation père/fille, bien tard aussi. Et ce n'était évident pour personne. « Pourquoi est-ce qu'on n'y arrive pas ? » demanda t-elle alors, relevant la tête pour croiser le regard de son père, essuyant brutalement ses larmes. Pleurer lui donnait encore plus mal à la tête. « Moi j'veux juste... qu'on s'écoute vraiment, qu'on fasse vraiment attention à l'autre et... » elle essaya de calmer ses sanglots pour parler plus distinctement « qu'on arrive à se parler sans se juger... j'veux qu'on ait une vraie relation » elle marqua une pause, fixant son père dans les yeux avant de dire « j'ai toujours l'impression que tu as honte de moi, que j'suis pas comme il faut, que j'fais tout de travers... » elle baissa les yeux, reniflant, puis continua doucement « et ça m'fait peur parce que j'me dis tous les jours que t'as aucune raison de rester avec moi ». Ses poignets épongèrent grossièrement ses yeux et elle avoua « j'préfère faire des trucs en douce et ne rien te dire que de voir que ça te déçoit, que pour toi, ce que je fais c'est nul » et ça allait de l'expérience de la drogue, à son travail ou ses études. « J'ai l'impression que tu es bien plus heureux avec Kenny qu'avec moi » avoua t-elle tout bas, comme si elle avait honte de l'admettre « j'en arrive même à jalouser votre amitié parce qu'au moins, vous arrivez à vous parler, à vous comprendre et à rire alors que nous, on n'y arrive pas... » et de dire cela à voix haute, ça lui brisait le cœur. Elle s'en voulait d'être ce qu'elle était et surtout, de voir que ce n'était pas ce que son père aurait voulu avoir comme fille. « Tu m'avais dit qu'on ferait de l'escalade ensemble... » elle releva les yeux vers lui, pour se confronter à son regard « mais tu ne m'en as jamais reparlé après... j'ai l'impression que tu me fuis, que tu m'évites, que moins on s'parle, on s'voit, et mieux c'est pour toi... » elle haussa les épaules, toujours avec ses larmes qui perlaient sur ses joues. Reniflant, elle ajouta « au chalet, j'ai compris à quel point j'étais odieuse, méchante et que j'te pourrissais la vie » avoua t-elle alors. « Alors j'me suis privée de nourriture pour me punir... j'ai arrêté de voir mes amis, comme j'étais punie... je sortais plus et ça m'arrangeais bien... » lança t-elle le cœur encore lourd. « Je sais que tu essaies, et j'te vois faire des efforts... et j'suis désolée de ne pas réussir à m'en contenter... » avouant cela, un nouveau sanglot éclata. « Ma psy m'a dit que j'avais un comportement auto-destructeur et que je souffrais d'auto-phobie » lança t-elle enfin à son père. Depuis le temps qu'elle se demandait comment elle allait lui dire pour tout ça... ce soir, tout sortait sans qu'elle ne réfléchisse. Sans qu'elle se dise que ça allait faire trop pour lui. Pour elle, il fallait qu'il ait les épaules assez larges. Juste ce soir. « J'me déteste tellement que j'me le fais payer... » enchaîna t-elle alors avant de poursuivre « et j'suis désolée pour tout ce que j'ai dit, ou que j'ai fait qui t'ait fait du mal papa... » essaya t-elle de dire, comme une confession, comme une preuve de son amour de lui demander de lui pardonner ses erreurs.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn - Page 2 EmptyJeu 10 Jan - 0:38

- J'avais besoin de prendre l'air... c'était... vital...

Oui, il avait failli partir, mais il ne l'avait pas fait. Bien que sévèrement touché par tout ce qu'il se passait avec sa fille, ces derniers temps, il ne pouvait pas se résigner à abandonner. Ca serait se trahir lui-même, alors qu'il se montrait particulièrement borné et tenace dans la vie de tous les jours. Mais le mal était fait, il avait commis le geste que maintes fois, il regrettait amèrement. Oui, il l'avait abandonnée, laissée dans cette chambre poussiéreuse, dans cette maison vide de vie, sans âme, sans charme, dans le noir. Il l'avait fait sur le coup de la colère, quelques minutes. Ca n'avait rien à voir avec ce qu'il avait commis, des années plus tôt. Mais aux yeux de Murphy, c'était pareil. Elle le lui fit bien sentir dans sa voix et dans la façon dont elle le regardait, pleine de méfiance, pleine de tristesse. Il avait merdé. Mais ça ne servait à rien de le nier. Autant lui dire la vérité, même si ça ne jouait pas en sa faveur, de toute façon, quoiqu'il puisse dire ou faire, il savait qu'elle le trouverait coupable.

- Non... je ne veux pas t'abandonner encore... je suis en colère... et sur le coup de la colère, tu sais que l'on fait et que l'on dit des choses qui n'ont pas de sens... qui défient la logique et la raison...

Il coupa le contact alors qu'elle s'effondrait en larmes. Ils se retrouvèrent dans la pénombre, faiblement éclairés par la lueur d'un lampadaire. Dehors, tout était calme. Caïn écouta longuement sa fille, à mesure que les mots sortaient de sa bouche. Elle avait raison, chez tout le monde, c'était inné. Pas chez lui. Il n'avait pas la fibre paternelle et cette complicité qui lui permettait d'affronter les situations du quotidien. Il ne parvenait pas à créer cette empathie nécessaire à plein de choses. Et ça avait provoqué tout ce qu'il se passait aujourd'hui. Il n'avait aucun modèle sur lequel se baser. Lui n'avait jamais eu de père. Et sa mère l'avait élevé à la dure, ne témoignant jamais de façon explicite son amour. Ne surtout pas en parler, c'était tabou. Alors certes, elle l'avait éduqué, mais enfant, il n'avait pas eu besoin de ça, il lui suffisait de recevoir un peu de chaleur, de temps en temps, pour ne pas devenir insensible et allergique à tout ce qui touchait aux sentiments. Peut-être qu'avec plus de tolérance, il aurait moins rejeté ce qu'il était. Il se serait accepté. Murphy était devenu un miroir lui renvoyant l'image de ce gros con qu'il était. Elle tapait juste. Jamais il ne témoignait une vraie fierté sur ce qu'elle faisait. Alors que dans le fond, il l'observait avec beaucoup d'admiration. Loin d'avoir le compliment facile, il mettait toujours le doigt sur ce qui n'allait pas ou ce qui ne lui plaisait pas, redoublant de préjugés. Les mêmes que ceux de sa mère. Les chiens ne faisaient pas des chats. Il secoua la tête lorsqu'elle parla de Kenny. Pourquoi lui sortait-elle ça dans la tête ? Elle se doutait de quelque chose ? La suite lui prouva que non et ça le soulagea. Il n'était pas prêt à lui dire la vérité. Elle poursuivit sans discontinuer. Il la laissa poursuivre jusqu'au bout, encaissant tout ce qu'elle lui disait. Un peu abrupt, il finit par répondre.

- Stop. Ca suffit d'être désolée, maintenant. On se dit des choses toi et moi, qu'on regrette. Moi j'en ai marre que l'on s'abonne aux regrets. C'est dit, de toute façon, on ne va pas revenir dessus.

Il ne pouvait plus accepter ce genre de situation. Il avait l'impression que ça ne menait à rien. Ils se disputaient, se disaient des choses, s'excusaient et tentaient de reprendre un cours normal, sans régler les problèmes de fond. Résultat ni lui, ni elle n'avançaient. Alors maintenant, Caïn ne voulait plus entendre parler de ces regrets. Il s'accorda quelques instants pour organiser ses pensées et ne pas partir dans tous les sens.

- J'ai du mal à faire des compliments, parce que je n'en ai jamais reçu. C'est con, je sais, mais c'est plus fort que moi, je critique, je dénigre... ce n'est pas contre toi, je fais ça avec tout le monde, même avec Kenny, si tu veux tout savoir. C'est ce que j'ai toujours connu et ce que j'applique. Ca ne veut pas dire que j'ai honte de toi ou que tu me déçois... c'est un réflexe...

Rebondissant sur le thème de l'escalade, il ajouta, un peu sec et vexé qu'elle le lui reproche :

- Si je t'en avais reparlé de l'escalade, tu aurais accepté ? C'est à peine si tu m'as desserré les dents ces derniers jours.

Il enchaina, la voix beaucoup plus tendue, parce qu'il abordait son anorexie :

- Ce n'est pas à toi de te punir, mais à moi. Je t'ai privée de sortie parce que tu as fait une connerie, pas parce que je te déteste... je croyais que tu l'avais compris...Arrêter de manger, c'est une idée complètement débile... tu mets ta vie en danger... on en a déjà parlé... Tu crois que je ne suis pas assez grand pour décider de sévir quand tu vas trop loin ? Si je ne le fais pas, c'est parce que je ne suis pas tout blanc et que je le sais... Mais je refuse que tu prennes ce type de décision à ma place...

Clairement, le coup qu'elle ait arrêté de manger, il l'avait en travers de la gorge et ça allait mettre du temps à passer. Un peu comme le fait qu'elle l'ait traité d'homophobe, mais en beaucoup plus sérieux. Autant quand ça le concernait lui, il pouvait encaisser, autant quand il s'agissait de sa vie à elle, la personne la plus précieuse à ses yeux, il en était malade.

- Il faut regarder les choses en face... je n'arrive à rien. Je foire tout, tout le temps... et même si ça ne vient pas de toi, tu t'en considères comme responsable. On ne peut pas continuer comme ça. Je ne peut pas supporter que ça te détruise... j'ai fait une erreur en pensant que je pouvais y arriver, seul... Et aujourd'hui, nous sommes au pied du mur. Peut-être que tu as raison. Que j'ai aussi besoin d'aide... qu'un psy pourrait nous aider...
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn - Page 2 EmptyJeu 10 Jan - 11:46

Son père s'expliqua sans perdre une seule seconde lorsque sa fille le présuma coupable d'un nouvel abandon. Il se justifia tout de suite, lui indiquant que non, ce n'était pas ce qu'il avait fait, qu'il avait juste eu besoin de sortir, de prendre l'air, et que sous le coup de la colère, nous faisions souvent des choses maladroites. Elle la première. Murphy était la personnalité même incarnant cela. Elle ne faisait, ni ne disait, jamais ce qu'il fallait lorsqu'il le fallait. Son père n'accepta pas ses excuses, pour lui, c'était trop souvent l'éloge des excuses, en oubliant les fondamentaux : ce qui faisait qu'ils en étaient sans cesse à arriver à cela. Murphy baissa la tête, écoutant alors son père prendre la parole. Il lui expliqua qu'il reproduisait le même schéma qu'il avait pu observer et constater toute sa vie. Il expliquait que c'était un réflexe, une façon de faire qui lui était devenait habituelle mais que ce n'était pas parce qu'il avait honte d'elle. Seulement pour Murphy, c'était encore abstrait à comprendre tout ça. Parce que même s'il avait été élevé d'une certaine façon, il avait vécu seul pendant longtemps, puis il avait cotoyé des gens... il ne s'était jamais rendu compte qu'il leur faisait parfois mal ? Ou bien s'en fichait-il complètement ? Ne s'était-il jamais dit qu'il devait en faire à Murphy, et qu'il pourrait faire des efforts ? En tous cas, ça ne semblait pas être un point négociable pour le moment. Il était comme ça, et il ne changerait pas. Murphy ne releva pas la tête, grimaçant encore sous son mal de tête et cherchant dans son sac un mouchoir dans lequel elle aurait pu se moucher. Quand il aborda le sujet de l'escalade, lui demandant si vraiment elle aurait accepté, Murphy releva les yeux vers son père pour croiser son regard. A vrai dire, elle n'en savait rien. Mais au chalet, quand il lui avait parlé de ça, elle n'avait pas été catégorique, parce que justement, elle constatait qu'il faisait un pas vers elle, un effort, une tentative de rapprochement. Et dans le fond, c'était tout ce qu'elle voulait elle. « Je ne sais pas... » commença t-elle doucement avant de dire « j'aurai pas dit non catégoriquement, ça c'est sûr » répliqua t-elle. Puis finalement, son père aborda le sujet le plus douloureux pour chacun d'entre eux. L'anorexie, et la boulimie de Murphy. Son père était unanime : c'est à lui que revient le privilège de la punition, et certainement pas à la petite blondinette. De ce fait, elle ne pouvait pas se juger elle-même, ni même devenir son propre bourreau. Tout ça, sa psy le lui avait déjà dit, mais Murphy ne voyait pas ça comme ça. « Oui mais tu n'es pas au courant de tout, et puis... tu me punis alors que ça m'arrange... d'être privée de sortie moi ça m'allait, ça aurait été l'inverse qui aurait été une vraie punition... » elle releva brièvement les yeux vers ceux de son père puis lança « alors je voulais juste que les choses soient plus justes » et c'était vraiment cela. Elle voulait se punir parce que oui, son père ne savait pas le faire et qu'elle ne voulait pas le trahir. Elle voulait aller dans son sens, et puis plus les semaines avaient passées et plus le climat entre les deux Gallagher s'était décomposé. Au total, depuis le mois d'août où avait eu lieu cet épisode au chalet, la jeune femme avait perdu treize kilos. C'était beaucoup et ça se voyait puisqu'elle était petite et fine. Mais elle essayait de porter des tee-shirt larges, ceux de sa mère, ses frères ou de son père. Elle portait aussi des pantalons un peu plus larges que d'ordinaire et avait abandonner les jeans. Pour son visage, elle avait surtout perdu sous le menton, si bien qu'elle avait en parallèle laissé ses cheveux pousser, et ça venait cacher son cou. Le plus clair de son temps, elle le passait dans sa chambre, à la fac ou à la boutique, et au moment de manger, quand elle ne pouvait pas sauter un repas, elle allait se faire vomir juste après. Quand son père commença à se descendre, à avouer qu'il n'arrivait à rien, Murphy baissa les yeux, honteuse. Son cœur battait fort, parce que ça ressemblait à un appel de détresse, à un adieu aussi. Comme si son père voulait jeter l'éponge. Et s'il lui disait qu'ils ne parvenaient pas à vivre ensemble, alors qu'il allait lui payer un appartement en ville et la laisser faire sa vie ? Non. Murphy ne voulait pas de ça, ça ne l'intéressait pas du tout même. Est-ce qu'il allait se débarrasser d'elle ? Curieuse, apeurée et craintive, elle écouta son père parler, expliquer qu'il était prêt à voir un psy. Elle leva les yeux directement vers lui, interrogative, n'y croyant pas elle-même. Sa psy lui avait dit que ça serait bien que Murphy convainc son père de venir à au moins une séance, mais Murphy avait été très clair : son père ne viendra jamais ici. De un, parce qu'il ignorait tout, et de deux, parce qu'il ne croit pas en tous ça. Pour lui, ce sont des conneries. Son père était un battant, un peu bourrin, mais sa technique fonctionnait : il s'était fait tout seul, il avait réussi dans la vie. Mais dans sa vie personnelle, ça ne semblait pas aller. Peut-être qu'il avait aussi un blocage avec les femmes, à cause de maman peut-être ? Ou de sa mère ? Murphy n'en savait rien. Mais elle était encore sous le choc de ce que son père disait. Elle s'approcha de son fauteuil, glissant sur le cuir de la banquette arrière, posant ses maigres doigts sur le siège de son père. Tout doucement, elle lança « tu voudrais venir avec moi à ma prochaine séance ? C'est demain... » Oui, étant donné que nous étions le jour de la mort de la maman de Murphy, c'est à dire le 16 novembre, la prochaine séance de Murphy était demain matin et ensuit, mardi après-midi, après ses cours à l'université. « Ma psy voulait que tu viennes, elle m'en a déjà parlé... mais... » elle haussa les épaules « comme je lui ai dit que tu n'étais au courant de rien... » haussant à nouveau les épaules, Murphy minimisait ce qu'il était en train d'arriver. Son père faisait un gros pas vers elle, et c'était peut-être enfin, la solution de leurs problèmes. Mais et si la psy ne parvenait pas à les aider ? Et si tout était déjà trop abimé entre eux ? Murphy voyait ça comme un coup de baguette magique, mais non, ça ne se passerait pas comme ça. Ca allait être long, difficile, compliqué et douloureux. Mais l'idée qu'elle le fasse avec son père, ça la rendait fière. Il ne la laissait pas, il ne s'en débarrassait pas dans un coin, il ne l'abandonnait pas. Il restait, il cherchait une solution, il faisait de gros efforts et il remettait des choses en questions. Et pour ça, ça soulageait Murphy. Ca lui faisait du bien. De voir qu'il ne baissait pas les bras. « Ma séance est à dix heures » lança Murphy avant de dire « mais si tu as quelque chose déjà de prévu... on peut faire ça plus tard ? » et elle regretta d'avoir permis à son père de se défiler, de pouvoir repousser et toujours repousser cela à l'avenir. Murphy aurait aimé que les choses soient plus simples, qu'ils arrivent à discuter, à se confier, à avoir un vrai lien entre eux. Elle se sentait à la fois proche de lui, et en même temps, tellement mise à distance. L'adolescente ouvrit alors la fenêtre à l'arrière de la grosse voiture, s'installant les bras sur la fenêtre, proposant ainsi un petit oreiller pour sa tête, tournée vers la maison de son enfance, plus loin. La fixant, Murphy lança « comment tu as rencontré maman ? » tout bas, avant de dire « elle était comment ? C'est quoi qui t'a plu ? » le cœur lourd. Sa maman était morte depuis trois ans aujourd'hui même. Depuis cette date, la vie de Murphy avait prit un tout autre virage, une toute autre direction. Elle s'était renfermée sur elle-même et après la mort de ses frères... ça n'avait été que pire en pire. Parfois, elle avait la sensation d'oublier sa mère, sa voix, son odeur et de même pour ses frères. D'ailleurs, ça lui fit penser à ce que son père avait dit à propos de ses frères, c'était quoi ça aussi « pourquoi tu as dit ça tout à l'heure à propos de Lazslo ? »
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn - Page 2 EmptyDim 20 Jan - 23:03

Aller voir un psy... jamais de sa vie, Caïn ne l'avait envisagé. Jamais. Il faisait partie de ces personnes qui estimaient ne pas en avoir besoin et pouvoir tout faire sans une aide extérieure. Oui, il s'était fait tout seul, il avait été obligé de le faire, sans père, puis sans mère. Son caractère entêté l'aidait beaucoup dans sa réussite. Il ne lâchait rien, il ne supportait pas la défaite, alors il insistait, tout le temps. En quelques décennies, le garçon un peu fragile qu'il fut, se transforma en véritable guerrier, en machine à tuer. Parce que Gallagher ne faisait pas dans la dentelle. Il écrasait, il broyait, il exterminait tous ceux qui tentaient de lui barrer la route. Sans pitié, ni compassion. Il restait exigeant, froid, caractériel. La colère, la rage, l'emportaient sur toute émotion. Elles le nourrissaient, quotidiennement, dans son travail mais aussi dans sa vie privée. Et si dans la jungle professionnelle, cela marqua de nombreux succès et une réussite consacrée, dans sa vie personnelle, tout s'aggravait. Avec Kenny, ça cassait parfois, mais le pire c'était avec sa fille. Et ce soir, il prenait conscience que rien n'allait désormais. Tous ses mots de haine, tous ses reproches... ça l'atteignait en plein coeur, directement sous son armure. Murphy représentait ce qu'il possédait de plus précieux. Et chacun de ses gestes, de ses mots le heurtait de plein fouet. Alors que faire ? Continuer ainsi au risque de tout perdre ? Hors de question... Il ne tolèrerait jamais l'échec. Et donc, pour cette raison, il ne disait pas non à l'idée de consulter un psy lui aussi. Au fond, son scepticisme demeurait, mais le fait de ne plus être hermétique et allergique à l'idée constituait une énorme avancée. Pour son planning, désormais il était son propre patron, il n'avait plus à se soucier de rien. Et puis le plus dur avait été fait. Personne ne lui en voudrait s'il prenait une matinée de congés. Très militaire, il répondit, simplement :

- Demain, 10h. Je t'amènerai. Nous irons ensemble.

Il brulait de lui demander comment c'était chez cette psy. Allait-elle le faire s'allonger sur un canapé pour parler, encore et encore ? Est-ce qu'elle lui ferait faire les fameux tests de Rorschach ? Ces esquisses capables de dévoiler des choses intimes comme notamment son orientation sexuelle ? Est-ce qu'elle était si compétente que ça ? Elle avait l'air de dire que le problème de Murphy, c'était lui... Alors certes, il y était sans doute pour quelque chose, mais on ne pouvait pas lui faire porter la totale responsabilité de ce drame. Il espérait que la thérapeute n'allait pas le lui imputer, parce qu'il la remettrait à sa place, sans hésiter. Voilà que les préjugés l'assaillaient. Il les balaya rapidement. En vérité, il avait surtout peur de ce qui ressortirait de ces séances. Et si c'était bel et bien lui, le problème ? Si la façon dont il s'était construit posait problème aujourd'hui ? Comme Murphy semblait aller un peu mieux, il se remit en route, à un rythme plus modéré et une vitesse plus raisonnable. Elle lui demanda comment il avait rencontré sa mère... et ce qui lui avait plu. Il ne répondit pas tout de suite, méditant sur ce qu'il allait dire. La vérité, car à l'époque, il n'avait pas encore ouvert les yeux sur sa véritable orientation sexuelle. Il se forçait à apprécier des choses sans s'en rendre compte.

- Nous nous sommes connus au lycée. Elle était nulle en maths. J'étais le meilleur. Elle m'a demandé de l'aider, ce que j'ai accepté de faire, parce qu'elle faisait partie des rares personnes que j'appréciais dans la classe. Nous nous donnions rendez-vous le soir, à la bibliothèque ou dans un fast-food. Je passais des heures à lui expliquer les cours de maths. C'était... comme si quelqu'un s'ouvrait peu à peu. Elle aimait rire, chanter. Elle avait cette grande capacité à se déconcentrer totalement de ce que je lui disais. Nos cours sont devenus des moments de détente où nous faisions connaissance. Et puis, les choses se sont emballées ensuite. Nous avions des sentiments l'un pour l'autre. Elle a eu cette douceur que personne n'avait dans mon entourage. Et elle savait gérer mon mauvais caractère. Oui, même jeune, j'étais casse-couilles.

Il eut un sourire ironique.

- Ce sont ses yeux et ses lèvres qui m'ont plu le plus. Parce que je savais que par eux, pouvaient sortir tout un tas de mots et d'émotions. Ils étaient deux livres, passionnants. Tu vas te foutre de ma gueule, mais elle était belle. Elle savait comment faire pour le rester en toute circonstance...

Il préféra ne pas poursuivre, parce que cela allait aboutir à la fameuse nuit où Murphy avait été conçue et elle n'avait clairement pas besoin de ces détails ! De toute façon, elle changea de sujet pour évoquer Laszlo. Retour de boomerang... Jamais il n'aurait cru lui annoncer ça comme il l'avait fait dans la maison, sous le coup de la colère. Dire qu'il avait préparé plusieurs scénarios dans sa tête pour trouver la meilleure façon de lui exposer la vérité... Il se gara sur le bas-côté et éteignit le moteur. Ils étaient arrivés près du cimetière. Caïn ne pouvait plus reculer, de toute façon.

- Je n'ai jamais aimé ton frère, mais ça, tu le sais déjà. Quand il a essayé de m'empêcher d'avoir ta garde, ça m'a rendu fou de rage. J'ai payé un détective pour enquêter sur lui. Il avait pour mission de trouver la moindre faille me permettant de gagner au tribunal. Et puis nous avons trouvé un accord, pour toi... Il y a quelques semaines, le détective a quand même tenu à me remettre le dossier sur ton frère.

Il marqua une pause. Le dossier était chez lui, dans son coffre. A l'abri. Il n'en avait pas besoin pour donner les explication à Murphy.

- Ca va être dur, ce que je vais te révéler... Laszlo était impliqué dans des affaires pas très nette. Il trafiquait de la drogue, il dealait. En définitive, ça n'est pas très grave... comparé au reste... il ne trafiquait pas que de la merde... mais aussi... des femmes... Il avait des liens très étroit avec un maquereau qui mettait des nanas sur le tapin. Et par lien très étroit, je veux dire qu'il mettait le harpon sur des filles du campus, qu'il les séduisait et qu'il les entrainait dans la magouille... Je n'ai jamais eu confiance et force est de constater que j'avais raison. Mais, c'est peut-être la première fois de ma vie que j'aurais préféré avoir tort... je suis désolé Murphy...


Il s'attendait à en recevoir pleine la gueule maintenant. Parce que Laszlo représentait tout pour sa fille. Et là, il venait clairement de se torcher avec sa mémoire, en lui annonçant tout ça...
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn - Page 2 EmptyJeu 24 Jan - 22:26

Son père accepta de l'accompagner demain matin, à la séance chez la psy. Murphy se sentait un peu nerveuse à cette idée. La séance ne se passerait pas comme d'habitude. Et si quelque chose n'irait pas ? Si tout se passait mal, qu'adviendrait-il de sa thérapie, ou bien de son père, ou d'eux même, tout simplement ? La jeune femme ne dit rien. Ca ne servait à rien de faire des plans sur la comète, si ça se trouve, c'était la solution à tous leurs problèmes ? Peut-être que cela se passerait bien, pourquoi forcément partir défaitiste ? Lorsque son père se mit à parler de la mère de sa fille, cette dernière sentit son cœur devenir un peu plus léger. Elle avait le souvenir de sa mère jeune, sur des photographies d'elle adolescente. Elle voyait ce que son père voulait dire lorsqu'il parlait de ses yeux, ou de ses lèvres, qui étaient sans arrêt étirées. Sa mère était une de ces personnes dans le monde, qui sourit pour un rien, tout le temps, pour tout le monde. De ce fait, ça lui procurait une aura réconfortante, rassurante et bienveillante. Jusqu'à la fin, elle aura gardé son sourire, même si finalement, il n'y avait plus rien de drôle ni de rassurant à mourir. Murphy imaginait ses parents, adolescents, en train de vivre leurs premiers moments ensemble. Etaient-ils au courant à cet instant là qu'ils allaient s'aimer au point de faire un enfant ensemble ? Avec les années, Murphy avait comprit que son père l'avait profondément aimé, même s'il était partit. Comme pour elle, ça n'avait pas à voir avec de l'amour, c'était de la peur. Son père était charismatique, imposant et puis, il avait toujours le chic pour avoir ce qu'il voulait dans la vie. Seulement en matière d'amour... Murphy le savait vulnérable et aussi très anxieux. C'était son talon d'Achille, sa faiblesse. Murphy sourit doucement, quand son père parla de sa maman. Ca lui faisait du bien, ils abordaient ce sujet que trop rarement. La dernière fois avait été lors de son anniversaire, il y a presque un an bientôt. Comme un tabous, un interdit, un souvenir trop douloureux que l'on préfère taire, enterrer, dissimuler. Mais Murphy avait besoin que ça ne le soit pas, qu'ils puissent en parler comme ce soir, sans avoir peur de blesser l'autre. Parce que dans le fond, c'était ça. Son père avait sans doute peur d'éveiller la peine de sa fille, et Murphy elle, avait peur d'offusquer son père à évoquer le sujet. Alors comme un secret accord, ils n'en parlaient jamais, créant eux-même leur frustration.

Puis, la discussion tourna aux frères de Murphy. Le sujet, là encore, était sensible. La jolie blonde savait que son père ne les aimait pas, et encore jusqu'à maintenant, elle pensait que c'était parce qu'ils lui avaient tenu tête lors du procès. Parce qu'ils n'avaient pas été dans son sens et qu'il n'était pas habitué à cela. Mais ce soir, à l'arrière de cette voiture, Murphy sentit son cœur battre plus fort dans sa poitrine. Le ton qu'utilisait son père, les mots qu'il prononçait ensuite étaient annonceurs d'une nouvelle. D'une nouvelle brûlante, d'une nouvelle blessante, d'une catastrophe. Caïn lui expliqua alors que son plus grand frère n'était pas l'homme qu'elle pensait être.

Lazslo était le plus âgé de la fratrie. Son père, ainsi que le père du second fils de la maman de Murphy, était un homme que Murphy n'a que très peu croisé dans sa jeunesse. Une fois par mois, il venait devant la maison et les garçons partaient avec lui, pour la journée. Murphy savait que c'était leur père, mais ne sachant pas ce que ce mot signifiait, elle n'y avait jamais eu de point de comparaison. Elle, n'en avait pas. Parfois, elle était jalouse, et elle avait réclamé à partir avec eux, mais cet homme avait toujours refusé. Sa mère aussi d'ailleurs. Murphy avait cherché à avoir un père, coûte que coûte. Au fil des années, Lazslo s'était imposé comme l'homme de la maison. Il travaillait, Murphy savait qu'il travaillait au cinéma. Tous les mercredi, sa mère la déposait au travail de son fils, et Lazslo la faisait entrer dans les salles de cinéma gratuitement. C'est de là qu'était née sa passion pour les films, les classiques ou les films contemporains. Son frère était drôle, incroyablement drôle. Et puis, malgré son travail et ses longues journées, il venait toujours l'embrasser le soir. Il était là à chaque spectacle de l'école, à chaque fois qu'elle en avait eu besoin. Le jour où ses premières règles étaient arrivées, sa mère n'était pas là. Murphy avait été jusqu'à téléphoner à Lazslo, en panique et il avait quitté son travail pour elle, pour venir la rassurer, lui expliquer et passer la journée avec elle. Il venait la chercher devant l'école, et les filles de la classe de Murphy étaient toutes jalouses, parce qu'il était beau et qu'elles étaient toutes amoureuses de lui. Lazslo, il avait un truc hyper mystérieux, rebelle aussi, qui fascinaient toutes les filles.
Alors quand son père lui parla de ce garçon, un homme manipulateur, menteur, sans morale, sans foi, sans états d'âme... Murphy ne reconnu pas le portrait de son frère. Elle fronça les sourcils, se demandant ce que son père racontait. Pourquoi disait-il des horreurs pareil ? Surtout que ses frères n'étaient plus là pour se défendre ? A quoi cela servait-il de dire des trucs aussi ignobles ? Murphy ne dit rien, la mine choquée et interrogative, jugeant le reflet de son père dans le rétroviseur. Elle attendait des explications plus précises que ça. Bon, c'était bien clair, mais pourquoi dire ça comme ça ? Ce soir ? Dans cette voiture ? A quoi cela servait-il en fait ? Pourrir leur mémoire en balançant des trucs dégueulasses sur eux ? « Tu mens » lâcha t-elle entre ses dents serrées, fixant le reflet de son père. Non. Il ne parlait pas de Lazslo, ce n'était pas possible et Murphy n'y croirait jamais. « J'comprends pas à quoi ça te sert de balancer des trucs pareils sur eux » lança t-elle alors que la voiture était là l'arrêt. Murphy regarda dehors, elle reconnaissait l'endroit. Ils étaient au cimetière où sa famille était enterrée, presque au complet. Murphy avait le cœur battant en elle, serrant les dents, elle essayait de garder son calme, mais c'était dur. Elle ne comprenait pas pourquoi son père agissait ainsi ? Pourquoi vouloir la détruire un peu plus ? Ses doigts glissèrent sur la poignée métallique afin d'ouvrir la portière. Posant un pied sur le sol, elle respira enfin l'air frais de la nuit. Fermant les yeux, elle prit quelques secondes avant de finalement sortir de la voiture de son père. Refermant violemment la porte de la voiture polluante de son père, la jeune femme passa ses mains sur son visage. Lorsque son père l'imita, elle se tourna vers lui, le pointant du doigt et lui crachant au visage « t'as pas honte de cracher dans leur dos alors qu'ils sont morts ? » la haine l'envahissait. « Pourquoi tu racontes des trucs pareils, c'est ignoble ce que tu fais ! Ca t'apportera rien hein ! Ils sont morts !! » cria t-elle alors « t'as gagné ! T'as plus besoin de te battre contre eux ! » lança t-elle en tournant sur elle même, plaquant ses cheveux en arrière, essayant de se calmer. « J'comprends pas pourquoi tu dis ça ! Lazslo a fait ton job, quand tu n'en avais rien à foutre de moi !! Il était là lui ! Quand je pleurais, quand je demandais pourquoi je n'avais pas de papa, quand j'ai eu mes règles pour la première fois ! » elle s'approcha de son père, désireuse de lui cogner le corps, sans oser lever la main sur lui. « Tu étais où toi quand lui il était là ?? Comment tu peux dire des trucs comme ça ?! » assomma t-elle. « Tu as tout loupé, tu m'as tourné le dos volontairement, tu m'ignores même encore maintenant ! Laszlo n'a jamais fait ça, il a volontairement choisi de rester et de s'occuper de nous ! Tu l'déteste pour ça ! Parce qu'il a été un meilleur père que toi !! Tu le déteste parce qu'il n'a fait que démontrer ton absence ! » continua t-elle de dire, toujours sur les nerfs. Et tant pis si ça le blessait, il n'était qu'un salopard à balancer ça sur Lazslo.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn - Page 2 EmptyDim 27 Jan - 23:49

- Hé, oh, je ne fais que te répondre. Si tu ne voulais pas de réponse, il ne fallait pas poser de question. Tout simplement !

Il parlait de façon un peu cassante, mais il ne comprenait pas pourquoi elle lui reprochait de s'exprimer ainsi, alors que c'était elle qui avait remis le sujet sur la table ! Caïn avait dit quelque chose sous le coup de la colère. Maintenant que tout s'était apaisé, s'il reparlait de Lazslo, il le faisait uniquement pour lui apporter des explications, rien de plus, rien de moins. Evidemment, il s'attendait à un volée de bois vert, qui ne tarda guère. Murphy était furieuse. Il n'y avait que la vérité qui fâchait. Elle sortit de la voiture en claquant furieusement la portière. Il en fit de même, sachant pertinemment ce qui allait suivre. Il ne se doutait pas que ça atteindrait ce niveau de violence. Au moins, ça montrait que physiquement, elle se portait mieux. A nouveau, la conversation, du moins le réquisitoire, s'orienta sur son absence, sur l'abandon. Il était évident que ce traumatisme ne se guérirait jamais. En cela, oui, elle avait raison, il avait complètement échoué. C'est parce qu'il en avait conscience, désormais, qu'il arrivait en bout de course. Seul, il n'y arriverait pas. Alors peut-être que cette psy pourrait faire un miracle. Ou non... ils verraient bien le lendemain. Une chose restait sûre. C'était le dernier filet, parce que pour leur bien mutuel, ils ne pourraient pas continuer dans cette voie là. Ca les tuait, à petit feu. Dans un sens, il valait mieux qu'il renoncent à aller plus loin dans la destruction, avant que ça ne devienne irrécupérable. Caïn resta imperturbable, même quand elle s'approcha de lui, avec la haine dans le regard. Il attendit qu'elle ait terminé et laissa un silence. Son regard s'animait de cette lueur sombre, si caractéristique de sa colère latente. Il finit par le rompre, le visage fermé :

- Il faudrait savoir ce que tu veux... que je te mente ou que je te dise la vérité. A un moment donné, il va bien falloir que tu te décides. Je ne vais pas me sentir coupable, je te le dis direct. Ma vie n'a pas été rose et je ne suis pas un père exemplaire, ça je le sais et je l'ai intégré. Par contre, en ce qui me concerne, j'ai jamais essayé de me faire passer pour quelqu'un que je n'étais pas. Je suis un connard, je l'assume. Tu as vu la facette que Lazslo a bien voulu te montrer de lui, ni plus, ni moins. Est-ce que ça change ce que vous avez vécu ? Non, certainement pas. Est-ce que ça change l'image que tu as de lui, je n'en ai aucune idée et ma foi, c'est toi que ça regarde.

Il ne la quittait pas des yeux. Il n'allait pas répondre à ce qu'elle lui assénait. A force, il s'y habituait et ça n'était pas bon signe. Il ajouta :

- Tu as l'air de croire que c'est facilement pour moi de dire ça et que j'y prends du plaisir. Tu te trompes lourdement. Au tribunal je voulais attaquer Lazslo sur le fait que c'était un pouilleux idéaliste, sur le fait qu'il n'avait pas les moyens de t'assumer. Que c'était un petit con prétentieux sans le sou. Je n'ai jamais pensé une seule seconde que derrière c'était ça qui se cachait. Jamais... à aucun moment. J’espérais trouver qu'il fumait de la marijuana, qu'il conduisant sans permis, qu'il avait peut-être fini une fois au poste pour ébriété sur la voie publique ou bagarre... N'importe quoi qui aurait pu le faire passer pour immature et donc incapable de s'occuper de toi. Quand on m'a donné toutes ces preuves...

Il s'arrêta et soupira. Il n'éprouvait aucun plaisir à parler de tout ça. Et Murphy le connaissait bien mal si elle pensait qu'il aimait taper sur les morts. Caïn aimait le combat avec les vivants. Pour pouvoir les mettre à mort lui-même. Il ne tirait aucun honneur au fait de salir la mémoire de quelqu'un. Il remua ses mains dans l'air, en signe de reddition :

- Je ne savais pas à quel moment te le dire... peut-être quand nous sommes allés dans la montagne pour mon rendez-vous d'affaires. Oui, je le savais déjà à ce moment là.


La suite fut imbibée d'une amertume et d'une rancune à peine voilée.

- Et vu les merveilleux mots doux auxquels j'ai eu droit là-bas, si j'avais vraiment voulu te faire du mal, j'en aurais largement profité pour te l'envoyer dans les dents.

Il s'ensuivit un silence de mort. Caïn n'avait pas pardonné et il ne le ferait surement jamais. La rancune, malheureusement, c'était un truc qu'ils partageaient de père en fille.
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn - Page 2 EmptyLun 28 Jan - 13:12

Son père la reprit tout de suite sur le fait que c'était elle qui voulait savoir, mais en fait pas vraiment. Caïn avait lâché la bombe comme ça, sans prévenir, sans vraiment de raison. Si ce qu'il disait était vrai (ce dont elle doutait encore) et bien, elle aurait préféré qu'il ne lui révèle rien de tout ça. Quel était l'intérêt ? Détruire le peu de souvenir heureux qu'il lui restait de son enfance ? Comme si chaque chose, personne, époque lié à un bonheur devait être souillés. Ce n'était pas juste. Murphy aurait alors le sentiment de n'appartenir à rien, ni à personne, que tout n'est que mensonge, que rien n'est vrai, que toute sa vie est une illusion. Elle aurait cru être heureuse, que sa famille était saine et puis en réalité, non, il n'en serait rien. A quoi pouvait-elle donc se raccrocher, si on lui retirait le peu de support sur lesquels elle aurait pu prendre davantage de force ? Que lui restait-il ? A part elle-même, instable, sous traitement, sans ambition, sans envie d'avenir et sans projets. Que lui restait-il ? Dans sa tête, dans son esprit, ce que disait son père était faux, parce que c'était plus simple pour elle de le voir ainsi. Si Murphy devait admettre la vérité, son monde allait encore s'effondrer et sachant qu'il ne tenait pas sur grand chose... ça n'était pas possible. Comme si son esprit connaissait le choc que cela allait être et qu'il prenait la décision de l'envoyer loin, un home-run dont elle finirait bien un jour par payer. Son père se dédouana alors de ce qu'il avait dit, comme si son rôle n'était pas important et comme s'il se fichait des répercutions sur sa fille. Alors il en arrivait à ça ? Il en arrivait à ne plus se soucier d'elle ? Ils en étaient vraiment à ce stade ? Dehors, encore sur le parking du cimetière, la jeune femme le regarda, et dans sa tête, elle se demanda si c'était vraiment son père. C'était ça « la famille » ? C'était ça, ce qui est censé nous aider à grandir ? Sur lequel on s'appuie pour grimper les marches de la vie, afin de prendre son envol ? C'était ça, toute sa vie ? Sa vie qui se résumait -à ce que son père disait- d'une mère géniale qui aurait engendré deux monstres avec lesquels Murphy aurait grandit, sans rien se douter. Pourtant, elle partageait en partie le même sang qu'eux. S'ils étaient des monstres, en était-elle un aussi ? Est-ce qu'elle allait finir comme eux ? Se demander ça voulait accepter les dires de son père. Murphy cligna des yeux, sentant en partie, que son monde s'effondrait. Que sa vie n'était qu'un leurre, qu'on venait de chier sur la seule période heureuse et sans défaut de sa vie. C'était pourtant tout ce qu'il lui restait. Sentant son cœur se compresser dans sa poitrine, elle fixait son père, les lèvres ouvertes, cherchant l'air afin de calmer son angoisse, sa tristesse, ce sentiment d'abandon par la vie elle-même. A quoi cela servait-il de continuer ? Pour en chier encore plus ? Continuer d'en chier encore plus chaque jour, jusqu'à sa mort ? Parce que c'était exactement comme ça qu'elle voyait sa vie. Depuis sa naissance, elle ne voyait sa vie que de ce point de vue là : une victime. C'était triste, surtout pour elle, mais aussi pour ceux qui la cotoyaient. Mais ce soir, sur ce parking, en ce triste jour, Murphy fixait son père et se demandait à quoi tout cela servait. Elle n'avait envie de rien, elle n'avait pas d'attache hormis ce père face à elle, qui ressemblait de plus en plus à un étranger. N'aurait-il pas fallu pour tout le monde qu'il ne revienne jamais dans sa vie ? Comme ça, à la mort de ses frères, elle aurait été placée en foyer, aurait probablement mal tournée, ou bien elle se serait peut-être construite. Elle aurait eu envie de se battre, envie de dévorer le monde, de vivre un tas de choses, mais là... elle n'avait plus envie. Ni de se battre, ni de conquérir le monde, ni de trouver l'amour, ni de fonder une famille, ni de faire quoi que ce soit. Son père se mit alors à parler plus calmement, expliquant sa démarche, appuyant alors sur le fait que oui, tout ceci était bien réel. Les justifications qu'il apporta à ses dires appuyaient la théorie selon laquelle il disait vrai. Peu à peu, l'esprit de Murphhy se retrouvait devant la réalité des choses : ce qu'il disait semblait vrai, mais tellement faux en même temps. Elle le fixait, cherchant toujours à respirer, ses yeux et son cœur se perdaient dans un brouillard prenant. La théorie de son père était « logique ». Il avoua alors connaître cela depuis très longtemps, mais ne pas lui avoir dit. Son cœur se serra davantage. Tout le monde autour d'elle passait son temps à lui mentir, à lui cacher des choses, à la prendre pour une conne, à se la passer de main en main, comme un putain de boulet. Etait-ce tout ce qu'elle était ? Elle le fixait toujours, les yeux brillants, sans n'avoir rien à dire. Son esprit surchauffait, essayant d'avaler toutes les informations que son père lui balançait. Il venait de remettre sur le tapis le fait qu'elle l'avait pouillé à la montagne. A ces mots, Murphy baissa les yeux. Elle lui avait demandé pardon pour ça, et c'était en partie pour cela qu'elle s'était fait du mal. A croire que ça ne servait à rien, que sa punition n'avait pas été salvatrice de la douleur de son père, qu'elle avait cherché à exfolier d'elle, pour lui. Les yeux sur le sol, elle fit un pas en arrière, laissant le vent siffler dans les arbres du cimetière. Ses yeux se posèrent sur les portes grillagées et, comme sortit d'elle même (de son propre corps), complètement détachée et à l'ouest, elle reposa ses yeux sur son père et lança « peut-être qu'on est pas fait pour s'entendre, ou pour vivre ensemble. » Annonçant ça, de façon détaché, comme si ce n'était pas vraiment elle qui parlait. Son ton était calme, ailleurs, et ses yeux fixaient son père, tandis que son cœur pleurait tout au fond d'elle. Elle soupira et fini par ajouter « j'crois qu'on a essayé » avant de laisser sa chaussure trainer sur le sol poussiéreux, laissant une marque. Elle baissa les yeux, pour regarder cette trace et puis reprit en relevant les yeux vers son père et en haussant les épaules « je... » en fait, elle ne savait même plus quoi dire. « Faut peut-être qu'on... que j'parte un moment » lança t-elle comme une proposition à toute cette histoire. Murphy était arrivée au bord du ravin, au bord de la falaise de merde que représentait sa vie. Sa vie se résumait à son père. Dans le fond, tout les autres ne faisaient que passer (même lui finalement), mais à ce jour, il était le seul sur lequel elle pouvait compter, même si c'était compliqué. Seulement là, ce soir, sur ce parking, elle se sentait tellement loin de lui, elle avait l'impression qu'ils étaient sur deux planètes différentes, sur deux axes qui ne faisaient que de se croiser, sans jamais parvenir à se comprendre ni à se parler. Ils étaient différents, ne vivaient pas de la même façon, n'étaient presque jamais d'accord. Les liens du sang ne faisaient pas tout, n'est-ce pas ? « T'sais quoi... laisse tomber pour le psy, en fait, ça sert à rien » et elle-même, elle n'était pas sûr d'y aller demain matin. Là, dans sa tête, c'était le black-out total. Il n'y avait plus rien. Plus de souvenir à quoi elle pourrait se raccrocher, plus de sentiments heureux qui lui donneraient un peu de baume au cœur, plus d'espoir pour l'avenir. La grande faille qui était en elle depuis le début, venait de s'élargir davantage et là, c'en était trop pour elle. Détruite de l'intérieur, elle n'avait plus d'aspiration, plus envie, plus de force, plus confiance, il n'y avait plus rien. Elle laissait tomber, elle lâchait les armes, elle voulait en finir. « On va pas continuer à se tirer dans les pattes, j'veux dire, t'as l'droit d'être heureux et j'crois que sans moi ça se passerait beaucoup mieux pour toi » elle releva les yeux vers lui et lança « c'est pas vrai ? » et même s'il disait le contraire, elle n'y croirait pas. Faisant un pas en arrière, vers le portail du cimetière, elle lança « tu devrais rentrer à la maison, je... j'vais rester un peu là, j'ai b'soin » lança t-elle en sentant sa gorge se nouer. Oui, elle tenait à rester ici, à passer du temps avec elle-même, ici. Ce soir, Murphy allait prendre une décision. Rester, ou partir. Et ça penchait plus vers le partir. Que cette fois-ci, ce soit elle qui abandonne son père, pour son bien à lui et puis elle... elle sentait que de toute façon, c'était impossible que le bonheur revienne. Il y avait trop de choses, il y avait eu trop de choses. Du cimetière, le bus passait pour la ramener à la maison. En soi, elle n'était pas très loin, Island Bay n'était pas une grosse ville non plus. Elle pourrait rentrer si jamais c'était ce qu'elle décidait. Sinon... elle traînerait avant de prendre le premier bus en direction de Wellington, vers n'importe quelle destination. N'était-ce pas tout ce qu'il lui restait à faire ?
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MessageSujet: Re: tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn (#)   tu m'avais dit que tu ne l'oublirai jamais w/ caïn - Page 2 EmptyDim 3 Fév - 15:46

Caïn était amer. Au delà du qualificatif d'homophobe, il constatait avec surprise et une certaine forme d'effarement que Murphy n'allait pas bien du tout et qu'elle s'était murée derrière le silence. Elle lui avait tellement caché de choses ! La culpabilité le rongeait, bien évidemment. Au plus profond de son être. Il s'en voulait de l'avoir punie alors qu'elle lui avait confié que ça ne faisait que l'aider à s'en prendre à elle-même. Quel imbécile... Et de ne pas avoir vu son anorexie de nouveau... Il se rendait bien compte que le lien entre eux était rompu. Il avait beau chercher, pour le moment, il n'en connaissait pas les raisons. Et il était trop tôt pour qu'il puisse se pencher dessus. Pour l'heure, la colère restait profondément ancrée en lui et il n'en sortait rien de bon, rien de constructif. Il ferait le point à tête reposée, plus tard. Pour le moment, il se contentait de dire à sa fille ce qui l'avait amené à ne pas parler avant de cette histoire. Qu'elle en arrive à la conclusion qu'ils n'étaient pas faits pour vivre ensemble, montrait que le pire allait se produire. Jamais, à aucun moment, Gallagher n'avait imaginé qu'il vivrait cette situation. Elle voulait partir. Et sa décision semblait prise. Il se contenta de secouer négativement la tête, en l'écoutant parler. Il n'approuvait pas du tout ce qu'elle disait. Évidemment qu'ils pouvaient y arriver. Pourquoi renoncer au psy ? Pourquoi tirer un trait sur cette bonne résolution qui pouvait les aider grandement à améliorer leurs rapports. Il ne comprenait plus grand chose, mais en même temps avait-il déjà compris ? Murphy ne cessait d'envoyer des signaux, qu'elle brouillait, certes, mais qui évoquaient au final un important mal-être. Il fallait être aveugle pour ne pas le discerner.

- Non... tu te trompes...

Il répondait avec un extrême retenue, parce qu'au fond de lui un énorme mélange de colère, de rage et de désespoir était en train de l'assaillir. Il gardait la porte de la cage bien close, pour éviter que la bête ne sorte, qu'elle ne s'empare de Murphy, qu'elle ne la force à entrer dans cette voiture et à retourner à la maison. Il faisait barrage, pour qu'elle ne le voit pas encore péter un câble. Et pourtant, ça bouillait en lui, ça le rongeait de l'intérieur. Il était face à l'échec, face à la réalité, trop souvent ignorée. Murphy avait pris sa décision, il le sentait dans son regard. Elle partait, pour de bon. Elle l'abandonnait, elle aussi. Il serait seul... enfin pas tout à fait, il y avait Kenny aussi, mais c'était différent. Quoique... maintenant qu'il vivait à la maison, il faisait partie de la famille. Le pauvre... il allait sacrément morfler dans les jours à venir. Et il était fort probable que des disputes éclatent, voire même qu'il foute le camp, loin du monstre, loin de cette erreur de la nature qu'il était. Même son père s'était tiré, sans plus jamais donner signe de vie. Ils se retrouvaient à la croisée des chemins. Au moins, il avait quand même la chance de pouvoir lui parler. Il tenta de s'approcher mais elle recula. Il mit la main dans sa poche et en sortit son portefeuille. Ses entrailles lui hurlaient si fort de la retenir qu'il commençait à avoir un bourdonnement dans la tête, de plus en plus sourd. De plus en plus profond. Il sortit sa carte bancaire et s'avança d'un pas rapide, pour l'empêcher de s'enfuir. Il la retint doucement par le bras et glissa la carte dans sa poche. Défait, il lui dit :

- Prends ma carte... quoique tu fasses, tu pourras payer avec... S'il n'y a pas de bus, de taxi... ou si tu veux dormir ailleurs... s'il te plait... si tu fais ça, trouve un hôtel confortable... ne retourne pas là-bas... Ce n'est pas sûr...

Il posa sa main sur son crâne et déposa un baiser dans ses cheveux. Une larme coula, mais heureusement, elle avait le cuir chevelu épais. Comme sa mère. Il essuya ses yeux d'un geste, chassant toute trace d'eau.

- Je t'aime, Murphy... tu rentres quand tu veux...

Il eut une étreinte et il comprit que s'il restait, ça ne ferait que l'épuiser et laisser tout ressortir. Il se détacha et lui tourna le dos. Sa détermination le conduisit à ne pas se retourner, à monter dans la voiture, sans un regard qui aurait pu tout faire basculer. Il mit le contact. Puis il partit. Elle verrait peut-être son absence d'hésitation comme un abandon sans regret. Mais la réalité était toute autre. Caïn ne rentra pas chez lui. Il envoya un message à Kenny pour lui dire qu'il avait un pot pour fêter sa promotion et qu'il rentrerait tard. Il roula pendant des kilomètres, empruntant des routes sinueuses et quelque peu dangereuse, jusqu'à s'arrêta en plein milieu d'une route en terre, dans la forêt. Il sortit de la voiture et ce fut seulement à ce moment là qu'il laissa la porte s'ouvrir. Transformé par un violent accès de rage et de violence s'empara d'une branche morte et la fracassa sur un tronc d'arbre. Il fit la même chose avec des pierres, pendant de longues minutes, jusqu'à ce qu'il ne tombe assis, contre ce tronc, le visage ravagé par les larmes. Ses yeux se levèrent vers le ciel. Et un florilège d'insultes, d'injures, de propos vulgaire s'ensuivit. L'animal était réveillé, mais ici, il ne pourrait blesser personne. Gallagher continua à se défouler comme un malade sur l'arbre, qui n'avait rien demandé. Quand l'épuisement le gagna, il monta dans sa voiture. Il avait les mains en sang. Il se coucha sur la banquette arrière et tomba dans les bras d'Hypnos. Mais son sommeil fut parsemé de cauchemars. Ils ne servaient plus à grand chose, maintenant... Murphy était partie.

[FIN]
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