Shake me down - Odessa

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Shake me downOdessa & Elsa

Je finis de mettre les quelques affaires que je m’étais décidée à emmener à Auckland. Même si, comme prévu il y a près d’une demi-heure avec ma belle, nous ne resterions là-bas que le temps de visiter et de nous reposer toutes deux après ce qui s’annonce être un moment de torture sur la route. Vêtements de rechange, trousse de toilette… Bref, l’essentiel au cas où on aurait à faire face à un nouvel imprévu. J’ouvre la portière et aide Orphée à se mettre à son aise avant de prendre un peu de temps pour souffler. Je suis rarement rassurée à l’idée de prendre la voiture et j’ai des suées rien qu’à l’idée de devoir faire près de huit heures de route pour rejoindre Odessa. Bien sûr, rien ne m’oblige à le faire : elle pourrait très bien trouver quelqu’un pour la dépanner en lui apportant un jerrican d’essence, c’est une grande ville. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il doit y avoir un soucis derrière, personne ne traverse le pays sur un coup de tête pour aller prendre l’air. Je prends place dans le véhicule et secoue la tête avant de chercher le nom de ma compagne sur l’écran de bord. Puis Appeler.

« Odiiiiie, réponds. Qu’est-ce que tu fabriques ? - j'attends quelques instants qu'elle décroche en tapotant sur le volant – Coucou ma be-… Pschhtt ! Retourne à ta place toi, dépêches-toi ! Désolée chaton, Orphée fait des siennes et je crois qu’il va m’en faire voir de toutes les couleurs pendant le trajet. Alors, tu me fais déjà faux-bond avant le mariage ? - Je ris un instant avant de démarrer la voiture. »

Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée de téléphoner pendant le trajet, même si je n'ai pas le téléphone collé à l'oreille. Mais huit heures de route c'est cher payé pour savoir ce qui peut bien se passer dans la tête de ma belle brune.
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Je savais qu'elle allait se moquer de moi. Et j'en aurais fait de même en temps normal. Je suis tête en l'ait, on le sait toute les deux mais pas autant en temps normal. Jamais je n'ai oublié de prendre de l’essence, c'est tellement stupide et pourtant c'est ce que j'ai fait. En même temps je crois que je n'ai pas trop réfléchis depuis que j'ai eu le résultat. C'était ce que je voulais évidemment. Je voulais que ce bébé soit installé dans mon ventre. Mais en même temps, tout ce bordel devenait réel. J'étais enceinte de mon ex, pour la seconde fois. J'avais peur de perdre ma femme, j'avais aussi peur de voir mon petit garçon de m'éloigner. J'avais aussi peur que ce bébé m'en veuille un jour, de le faire pour sauver son frère alors que je ne suis plus avec Roman. J'ai peur que cet enfant soir malheureux car il n'auras jamais connu ses parents ensemble, qu'il n'est même pas été conçut dans l'amour. Je ne pensais pas à tout ça avant. Tout ce que je voyais c'était la santé de mon fils. Mais maintenant ce bébé était là. Je soupire une nouvelle fois alors que la sonnerie de mon téléphone rompt le silence. J’essuie d'un revers de main les larmes alors que le visage d'Elsa s'affiche. Je finis par décrocher « Hey » Ma voix tremblote plus que je ne voulais alors je prend une grande inspiration pour me calmer. Mais heureusement Elsa ne le remarque pas puisqu'apparemment Orphée lui fait des misères. Je savais que c'était elle qu'elle allait embarquer « Tu aurais du la mettre dans le coffre chérie » Je soupire doucement à sa question « Je t'aime Elsa et je veux me marier avec toi, alors non je ne me suis pas enfuie, je t'aurais pas prévenue sinon! » Ma voix est un plus assurée mais je me demande si ma belle vas se laisser duper de la sorte.

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Quelques minutes plus tard et me voilà sur la route. Je jette un bref regard dans le rétroviseur et prends un air attendri en voyant la petite nouvelle de la famille assoupie sur la banquette arrière. Attendri et soulagé, parce que ça veut aussi et surtout dire qu’elle ne va pas me mener la vie dure pour l’instant. Je passe beaucoup de temps à me questionner sur la position de mes mains sur le volant, à veiller de ne pas dépasser la limitation de vitesse et tout ce qui s’en suit pour me mettre en danger inutilement ; prendre la route pour autant de temps est déjà assez éprouvant comme ça, je ne voudrais vraiment pas qu’il m’arrive des bricoles par inattention. Téléphoner en même temps est déjà assez irresponsable comme ça. Mais je tiens vraiment à savoir ce qui peut bien tracasser ma fiancée et ce qui a pu la pousser à aller si loin. Auckland. Je me surprends à pouffer nerveusement sur mon siège. Je ne sais même pas où c’est, ce qui me force en plus à veiller à bien lire chacun des panneaux que je croise sur ma route et à suivre les indications d’un GPS qui n’est probablement pas à jour. Odessa affirme que j’aurais plutôt dû mettre Orphée dans le coffre : les choses auraient probablement été plus simples comme ça, et c’est ce que j’étais décidée à faire au début. Mais elle aurait réagit comme moi si elle avait vu ses yeux au moment où j’ai ouvert le coffre. Ça fait à peine plus de deux semaine qu’elle est là, et pourtant je ne peux déjà rien lui refuser. Ma fiancée partage avec moi son désir de se marier et me rassure sur cette petite escapade à des centaines de kilomètres. Mais je sens bien dans sa voix que quelque chose la tracasse. Et même plus que ça, j’ai le sentiment qu’elle a peur de quelque chose. Alors sans plus attendre, je l’interroge à ce sujet. « Tu trembles, chaton ? T’as une drôle de voix. Je marque un temps, histoire de mettre mon clignotant, vérifier mon rétroviseur et me déporter. Allez, racontes-moi ce qui se passe. »
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J'ai eu de la chance dans mon malheur. Ma moto est tombée en panne dans un coin calme. Près d'un petit parc. C'est là que je me promène. Je profite du soleil, des gens heureux autour de moi, ça me fait du bien. Pas si loin il y a des jeux pour enfants. Je regarde tous ces gosses et je réalise un peu plus que c'est un de ces petits êtres qui pousse dans mon ventre. Un bébé, je vais avoir un nouveau bébé. J'ai tellement peur de tout ce que ça implique. C'est pour ça que j'ai filé comme ça, j'avais tellement besoin de prendre du recul, j'ai fait tout n'importe comment. C'est évidemment Elsa que j'ai appelé au secours car c'est elle qui sait me calmer au mieux. Alors je suis heureuse qu'elle prenne sa voiture pour qu'elle vienne me chercher. Encore plus heureuse qu'elle appelle. J'ai besoin de lui parler et je ne pense pas que j'aurais réussit à attendre huit heure. Même si ce genre de chose c'est mieux de l'annoncer en face à face. Elle me parle d'Orphée. J'ai hâte de retrouver cette boule de poil, évidemment les deux autres vont me manquer mais je leur ferait un tas de câlin en rentrant. La chienne martyrise Elsa, ça ne m'étonne pas, avec elle comme avec les deux gros, on ne sait pas résister. Comme je l'avais prédit, Elsa vois qu'un truc ne vas pas et elle veut savoir ce qu'il se passe. Je me mordille la lèvre et ma main gauche, qui ne tient pas le portable descend doucement sur mon ventre « J'ai fais le fameux test ce matin ...» Je sais qu'elle comprendras facilement de quoi je parle.

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« J’ai fais le fameux test ce matin... »

Les mots de ma fiancée résonnent quelques instants dans ma tête. Je ne peux m’empêcher de repenser à ce soir au restaurant où elle avait abordé le sujet de sa discussion avec Roman à propos du test de compatibilité. Ou alors cette fois où, alors que j’étais à l’hôpital, elle m’avait annoncée par SMS qu’il allait falloir faire appel à une deuxième solution, celle d’un bébé médicament. Je sais très bien ce qu’elle veut dire lorsqu’elle parle de ce fameux test, et je souffle un instant. J’ai ce sentiment que l’histoire se répète, encore et encore. Mais c’est peut-être un mal pour un bien : si tout a fonctionné, alors cette fois ce sera peut-être la bonne. Je ne sais pas vraiment comment poser la question à ma belle, et j’ignore également dans quel état d’esprit elle peut bien être si c’est positif comme si c’est négatif. Le silence règne un moment dans la voiture, tandis que je tapote audiblement du bout des doigts sur le volant dans l'espoir de me détendre. Puis, je me décide à briser le silence en essayant de faire preuve de tact et, en vérité, en avançant complètement à tâtons. « Je comprends, chaton… Et… - je prends une grande inspiration qui fait écho à travers le téléphone – qu’est-ce que ça a donné ? » Je ne veux vraiment pas paraître égoïste dans la situation actuelle, mais je crois que je ne m’attends à rien d’autre qu’à une réponse positive : le fait que l’insémination n’ai pas marché mettrait un très gros coup au moral de ma compagne, et peut-être bien au miens par la même occasion. Je comprends mieux maintenant la raison de cette escapade si soudaine, et je me sens indigne de ne pas l’avoir compris plus tôt.
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Ma déclaration est suivit par un long silence. Je me demande à quoi elle pense. Est ce qu'elle me déteste? Surement. Je m'en veux tellement. J'aurais aimé ne pas lui imposer tout ça. J'aurais vraiment aimé que ma vie soit plus facile. Que Roméo soit en pleine santé, qu'on soit encore en France tous les trois, en train de peaufiner notre dossier pour avoir ce deuxième enfant dont on parlait tant. Oui on voulait un autre enfant, on en parlait avant. Mais on imaginais pas vraiment ce bébé comme ça. Pas un second enfant de mon ex. Je comprendrais si Elsa me quittais, si elle me disait de me démerdez pour rentrer et qu'elle faisait demi-tour. Le long silence me fait peur. Une larme coule le long de ma joue. Je vais la supplier de répondre quand enfin elle brise ce silence. Elle me dit qu'elle comprend avant de poser la fameuse question, la plus importante. Je renifle pour ne pas trembler encore. « Je suis enceinte » C'est fou comme ces simples mots peuvent avoir un tas de conséquences. pour un tas de gens c'est un petit miracle, pour d'autre un vrai malheur. Et moi je ne sais pas. oui c'est un miracle, l'insémination a marché du premier coup. C'est un bonheur car Roméo vient de gagner une grande chance d'être sauvé. Mais c'est un petit malheur aussi car mon couple peut en pâtir. Je n'arrive pas à résister, les larmes dévalent mes joues alors que je gémis « Ne me quitte pas chérie, par pitié » Je ne pourrais pas mener cette grossesse à bien si elle ne fait plus partie de ma vie.

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Lorsqu’elle prononce ces mots, mon cœur rate un battement et il ne m’en faut pas beaucoup plus pour me mettre à trembler à mon tour. Je ne sais pas comment gérer cette nouvelle, c’est un fait : je n’y étais de toute évidence pas préparée et notre couple va désormais entrer dans une phase d’autant plus particulière. Je me surprends à répéter ces mots moi-même : « Je suis enceinte. » Suite à quoi j’en reste plus ou moins bouche bée, comme un parent qui viendrait d’apprendre que sa fille adolescente est tombée enceinte par accident. Je ne peux pas me laisser submerger comme ça par ce que je viens d’apprendre, pas tout de suite. Je dois garder un œil sur la route et être là pour Odessa. Les secondes sont longues tandis que je cherche comment traiter la chose, et il me suffit d’entendre ma compagne sangloter pour m’y mettre à mon tour. Puis ces quelques mots qui me fendent instantanément le cœur. Ne me quitte pas. Par pitié. J’aimerai lui répondre que non, pour qu’au moins elle ne s’inquiète plus sur ce point. Mais je ne trouve pas la force de prononcer quoi que ce soit. Toujours une main sur le volant, je m’accoude à la portière de mon bras libre et fond silencieusement en larmes. La seule chose dont j’ai envie actuellement c’est de hurler dans cette foutue voiture. Je me retiens de taper un coup sur le volant en me rappelant la rage dans laquelle j’étais ce soir où j’ai appris qu’il allait falloir passer par tout ça. Puis je finis par trouver le courage de répondre à ma belle, entre deux sanglots. « Je ne… Je ne vais pas… J’aurai simplement aimé qu’on en parle un peu plus avant. »
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Une vraie fontaine, voilà ce que je suis alors que j'apprend à ma belle rousse que je suis enceinte. Je l'entends répéter ces mots. J'ai l'impression d'être une gamine fautive, c'est d'ailleurs ce que je vais être aux yeux de mes parents, même si j'ai trente ans. Ils ont déjà mal digéré Roméo, enfant hors mariage ce n'est pas trop dans les mœurs chez eux. Alors un autre, avec le même homme, ils ne vont pas comprendre ce que je fais. Je pense que mes parents ont pris la maladie de mon fils comme une sorte de punition divine et qu'il ne réalise pas qu'ils peuvent perdre leur petit fils. En même temps est ce que ça les préoccupe, je ne le sais même pas. Ils n'ont jamais été particulièrement proche de mon petit bonhomme. Je pleure, à cause de ça, à cause d'Elsa aussi. Tout me donne envie de pleurer et j'entends que de l'autre coté Elsa aussi pleure. C'est ma faute, je la rend malheureuse. Je la supplie de ne pas me quitter et elle ne me répond pas ce qui me rend encore plus triste. Je me laisse tomber sur l'herbe. Je rapproche mes jambes de moi et attend avec terreur qu'elle me réponde. Elle en met du temps et j'ai peur qu'elle cherche une façon de me larguer en douceur. Je l'entends pleurer encore. Mais elle finit par me répondre, qu'elle ne me quitteras pas. Mais qu'elle voulait en parler plus avant. « Je sais ... mais ... tu le sais comme moi Roméo n'avait pas ce temps » Evidemment j'aurais aimé mieux faire les choses. Avoir du temps et puis faire ce bébé avec elle pas avec Roman. Bon on n'aurait pas fait les choses de la même façon mais ce n'est pas grave, on l'aurait fait ce bébé.« J'aurais tellement aimé que ce soit que notre enfant, je suis désolé » Ce seras quand même son bébé à elle aussi, je le partagerais autant que possible avec elle car elle est une mère superbe pour Roméo. Je ressent le besoin de lui rappeler une chose essentielle « Je t'aime Elsa, je t'aime tellement »

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C’est vrai, le temps est un luxe pour Roméo. Mais j’aurai voulu que nous puissions aborder le sujet en bonne et due forme dans la courte période qui précédait l’insémination d’Odessa. Je m’attendais à tout sauf ça aujourd’hui, et je souffle un bon coup pour essayer de penser à autre chose. En fin de compte, j’ai beau souffler autant que je veux, ça ne change rien, je n’arrive pas à me sortir toutes ces choses de la tête. Elle me parle de cet enfant que nous aurions pu avoir tous les deux, un enfant qui n’aurait pas été conçu naturellement mais dont nous aurions préparé l’arrivée dans les règles de l’art. Un enfant qu’on ne verra probablement jamais, ou si c’est le cas, alors pas de sitôt. Quoi qu’il en soit, je considère déjà que je peux passer mon tour pour cette vie. Moi aussi, Odessa. Moi aussi j’aurais aimé que ce soit notre enfant. J’ai besoin d’extérioriser un peu, alors cette fois et sans retenue, je tape un bon coup sur le volant, laissant entendre brièvement le klaxon résonner. Je n’arrive toujours pas à trouver les mots pour répondre à ma belle, même avec tous les efforts du monde. Alors je l’écoute simplement renifler, pleurer, parler. Je ressens le besoin de faire une pause. J’ai la vision trouble à cause des larmes et mes mains tremblent bien trop pour tenir le volant correctement. Alors dès que je le peux, je quitte la bretelle d’autoroute pour trouver un endroit calme, pas trop fréquenté. Je finis par m’arrêter et coupe le moteur et entend l’écho d’Odessa qui me rappelle qu’elle m’aime énormément. J’expire un bon coup avant de lui répondre, d’une voix éraillée. « Moi aussi. Je reviens tout de suite. » Je pousse la portière et, sans même prendre le temps de la refermer, m’éloigne un peu du véhicule. La sonnerie d’alerte de la portière tourne derrière moi tandis qu’instinctivement je hurle à m’époumoner et en fondant de nouveau en larmes, pendant de longues secondes. Je passe mes mains sur mon visage et reste là plusieurs minutes à prendre de grande bouffées d’air avant de retourner dans la voiture et de me réfugier une nouvelle fois dans le creux de mes mains. Odessa a probablement du tout entendre : je ne voulais pas qu’elle s’inquiète d’avantage, mais je n’arrive pas à faire ma part des choses.
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De nouveau le silence, lourd, pesant. J'ai tellement peur. Elle ne répond même pas à mon je t'aime alors je sais que notre histoire est en danger. J'aimerais qu'elle dise un truc, j'aimerais être avec elle pour au moins pouvoir faire quelques chose. Je me sens tellement impuissante, là derrière mon écran je ne peux même pas la voir. J'entends son klaxon et je sais que ce n'est pas à cause d'un chauffard devant elle. Je la vois très bien taper le volant de frustration. Je n'aurais jamais dut lui dire, j'aurais simplement dut attendre qu'elle me rejoigne, ou je ne sais pas attendre que mon ventre soit bien trop rond pour qu'elle ne puisse plus passez à côté. Mais j'ai fait la connerie de lui dire au téléphone, ce que je peux être stupide. Je murmure doucement « Elsa ? » Je l'entends remuer a l'autre bout du fil et puis elle me répond enfin. Son moi aussi ne me convainc pas vraiment, j'ai l'impression que c'est plus par politesse que quoi que ce soit. Elle me dit qu'elle revient et je m'inquiète encore plus. J'entends sa portière s'ouvrir et aussi la chienne qui gémit de se retrouver seule. Le silence est encore plus lourd, avant j'entendais encore sa respiration, je savais qu'elle était là, près de moi. Mais plus maintenant. Mes larmes coulent de plus belle et une femme qui passait s'approche de moi, me demandant si tout vas bien. Je hoche simplement la tête. Dans le téléphone on entends un hurlement. Elsa hurle. Je me crispe un peu plus. Je ne peux rien faire, c'est horrible de le savoir. J'entends sa portière qui se referme et de nouveau le bruit de sa respiration emplit l'appareil « Elsa ? Pardonne moi chérie, s'il te plait » Je ne veux pas la perdre, je l'aime bien trop et je me rend compte que je l'ai négligée.

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Je me penche sur mon siège pour réconforter Orphée. La pauvre s’est mise à paniquer lorsque je suis sortie de la voiture, alors je lui offre quelques caresses dans l’espoir de la réconforter. Mais je suis très vite rappelée à la réalité : j’ai une autre personne à réconforter en ce moment même, et c’est bien plus important. Ma compagne est au bout du fil, morte de trouille et cherchant à savoir si je suis bien là en prononçant mon nom et me suppliant de la pardonner. Je hoche lentement la tête, le regard rivé sur l’écran de bord, puis, enfin, je réponds. « Je… Je suis là mon cœur. Désolée. » J’expire longuement avant de passer mes mains sous mes yeux pour essuyer les larmes restantes. « Et moi aussi je t’aime, Odessa. Vraiment. » Ça y est, cette fois je ressentais le besoin de le lui dire moi aussi. Je m’enfonce dans mon siège et repense à ce bébé. Je renifle. « C’est une très bonne nouvelle, non ? » Difficile de positiver dans le contexte actuel, mais c’est plus ou moins tout ce que j’ai à lui proposer. « Et toi Orphée, qu’est-ce que t’en penses ? » L’aboiement du chien résonne dans l’habitacle, ce qui, fort heureusement, me laisse échapper un petit rire. J’hésite à reprendre la route tout de suite car une envie de prendre ma belle dans mes bras se fait pressante, mais je préfère la savoir apaisée avant ça. Et moi aussi. « Où est-ce que tu es, là, tout de suite ? » La façon dont je parle me donne l’impression d’être l’une de ces voix dans les centres d’appel ou alors dans les émissions de nuit à la radio. Ces personnes à qui on confie ses problèmes en échange de quelques conseils.
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Je ne l'entends pas répondre et je me sens conne. Elle me déteste. J'ai peur qu'elle me raccroche au nez. Peut être que je le mériterais. Mais heureusement pour moi sa voix se fait entendre. Enfin. Je pousse un long soupir de soulagement. « Merci » Elle m'a fait peur. Elle ajoute qu'elle m'aime et un petit sourire se dessine sur mes lèvres trempées de larmes.« Je t'aime» J'ai besoin de le répéter encore et encore pour lui faire comprendre que malgré tout, ça ne change rien dans mes sentiments envers elle. Ma jolie rousse positive à l'autre bout du fil et ça me fait sourire, c'est vrai au fond. C'est une bonne nouvelle. Roméo vas être sauvé. Car je refuse de croire que cet enfant ne soit pas compatible. Il le serras et mon petit bonhomme seras en pleine forme. «Oui Roméo vas être sauvé» Elle questionne le chien et je l'entends aboyée. Je souris amusée. « Toujours d'accord ma belle » Je me redresse un peu puis finit par me lever pour allez vers le petit étang. Je regarder les canards qui s'y baladent tranquille et je me dis que Roméo aimerait être là. Alors oui cette grossesse est une bonne nouvelle. Elsa me demande où je suis « Dans un parc du centre ville, il est joli, Orphée vas l'adorer » Même si elle n'est pas prête d'arriver; Je n'ose d'ailleurs pas lui demander où elle est rendue, je sais qu'il y'en a pour un moment. Je m'en veux de la déranger de la sorte et en même temps « J'ai hâte de te retrouver, tu me manques. Et la boule de poil aussi »

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Je comprends à sa façon de me remercier et au long soupir qui la précède qu’elle était apeurée par le fait de ne plus entendre ma voix. Puis une succession de « Je t’aime » résonnent dans ma tête, alors je prends mon courage à deux mains pour lui dire que tout va bien maintenant. Après tout ce qu’on a traversé, comment est-ce qu’elle pourrait encore douter de mon amour pour elle ? La gravité de la situation est encore montée d’un degré, et pourtant, je suis toujours là. Orphée est d’accord avec moi lorsque j’affirme que c’est une bonne nouvelle et elle ne manque pas de le faire savoir à ma belle. Le problème, c’est qu’Odessa le prends comme un simple moyen de sauver Roméo, et non pas comme un véritable enfant et toutes les responsabilités qui s’en suivent. J’ignore si c’est la tension qui la fait réagir comme ça, alors je préfère m’en assurer. « Ça va aussi être ton deuxième enfant, Odessa. Tu en es consciente ? Pas juste… un remède. » Et même si ce n’est pas le miens, je n’ai pas non plus envie que ce petit bout arrive sans que l’on ai tout planifié à l’avance et qu’il grandisse en ayant en tête le fait qu’il soit né pour en sauver un autre. Enfin… En attendant, Odessa m’explique qu’elle est dans un parc, à Auckland. J’essaye de me renseigner un peu plus. « Tant mieux. Je crois qu’elle est déjà toute excitée à l’idée d’aller faire un tour. Je renifle. Est-ce que ça te dit d’aller réserver la chambre d’hôtel, en attendant ? Je reste avec toi, t’en fais pas. » J’ai encore de la route à faire, et je prends en compte le fait que d’autres arrêts seront peut-être nécessaires, surtout avec la boule de poil sur la banquette arrière. En attendant, j’adresse à ma belle brune quelques mots doux. « Tu me manques aussi. Promets-moi que tu ne partiras plus comme ça, Odie. »
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Je parle de cet enfant qui vas sauver Roméo et Elsa raisonnable comme elle est me drapelle que cet enfant n'est pas qu'une solution pour sauver mon petit garçon. C'est un enfant à part entière mon second enfant. L'enfant dont je rêvais tant. Un enfant que j'aurais aimé avoir avec elle, rien qu'avec elle. Mais malgré tout cet enfant est là et je sais que je vais l'aimer. La seule chose qui m'embête c'est l'impact qu'il vas avoir sur notre couple alors je rectifie doucement « Ce seras aussi le tiens tu sais » Peu importe ce que pourrais en penser Roman, je comptais bien partager ma maternité avec Elsa et il ne pourrait m'en empêcher. J'avais toujours laissé de la place à Elsa dans la vie de Roméo, il en seras de même avec ce bébé, je voulais qu'elle se sente autant mère que moi. Car je l'aimais, tellement fort, je voulais faire ma vie avec elle, l'éducation des enfants en faisait parti et je ne me voyais pas éduquer cet enfant seule. Mais je sais que tout ça est douloureux pour elle alors je préfère ne pas trop insister. Heureusement pour moi, Orphée se manifeste, détournant la conversation. J'essuie mes dernières larmes avant de prendre une voix stupide « Bah oui mon bébé, tu es pressée de venir courir avec moi » Je sais que je suis ridicule comme ça mais je m'en moque bien, il n'y a pas grand monde autour de moi et puis au pire, j'ai parlé en français, je ne pense pas que grand monde puisse me comprendre. Ma compagne me propose d'allez réserver la chambre d’hôtel et je souris fière de moi « C'est déjà fait ma belle, ta femme est trop prévoyante tu sais » Et ça tombe bien car je n'ai pas envie de la quitter, même pour quelques secondes. Ma rousse me demande de ne plus partir de la sorte et je reste un moment silencieuse. La fuite est une réaction que j'ai souvent, dès qu'un problème se pose je m’envole loin. C'est d'ailleurs pour ça que j'étais partie quand j'attendais Roméo, je n'en avais même pas parlé avec Roman, j'avais opté pour l'option fuite. Alors faire une promesse que je ne peux tenir... Je préfère être sincère « Je vais essayer chérie » Je regarde l'eau de nouveau avant de murmurer « Tu en as encore pour longtemps? » Je connais déjà la réponse mais pourtant je lui demande encore, je suis pressée de la revoir. « Roule pas trop vite quand même... j'ai pas envie de te récupérer en pièces détachées »

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Je hoche lentement la tête derrière le volant lorsqu’Odessa tente de me rassurer à propos de ce deuxième enfant. Je renifle, avant de lui répondre à mon tour, à mi-voix. « Ce sont aussi les deux enfants de Roman. J’ai réussi à créer quelque chose avec Roméo, mais là… je sais pas, ça a l’air si différent. » Lorsque je les ai rencontrés tous les deux, il y avait comme une place de libre, et Odessa avait également ce besoin d’avoir quelqu’un pour l’épauler, pour l’aider à élever son enfant. Alors j’ai pris cette place. Ce petit nouveau, il aura deux parents séparés, certes, mais deux parents quand même. Et ça finira par devenir le cas de Roméo aussi. « Je peux pas m’empêcher de penser que je suis pas concernée. Tu comprends, que ce sont pas mes enfants et que toi et Roman, c’est tout ce qui importe pour eux. Et c’est vrai, au fond. Non ? » Je m’arrête là-dessus, espérant trouver un peu de réconfort auprès de ma belle. La situation est catastrophique, mais je garde espoir qu’elle puisse trouver les mots justes.

Je souris lorsqu’Orphée lui réponds ; elle s’est vite faite à la vie avec nous et je crois bien qu’elle fera une camarade de jeu parfaite pour ses deux compères. Odessa nous fait un coup de faiblesse, elle s’adresse au chien et lui propose subtilement d’aller courir un peu histoire de se défouler. Après huit heures de voitures, je crois que ça ne peut pas lui faire de mal, et Orphée réponds avec un nouvel aboiement enjoué. Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un rire, ce qui me procure un bien fou, avant d’ajouter : « Tu es ridicule quand tu lui parles comme ça chaton, tu sais ? » En tout cas, l’hôtel est déjà réservé, ce qui n’est pas plus mal. Je ne suis pas sûre d’avoir envie de traîner jusqu’à pas d’heures à la recherche d’un endroit où dormir alors que je sors à peine de la voiture et je préfère utiliser ce précieux temps pour parler de cette grande nouvelle avec ma belle. J’esquisse un sourire. « T’es la meilleure. J’espère que le lit est confortable. Je marques un temps, comme pour lui laisser le temps de sonder ce qui peut bien me passer par la tête. J’ai envie de dormir comme une marmotte. »

Je souffle en voyant le panneau indiquant les kilomètres restants jusqu’à Auckland défiler sous mes yeux. On est pas arrivés. Je demandes à Odessa de me promettre de ne plus partir comme ça, et, à mon plus grand regret, elle n’en est pas capable. Elle n’imagine même pas à quel point ça me tue d’entendre ça, alors je m’empresse de lui faire remarquer. « Ca veut dire quoi, ça ? T’es sérieuse ? Odie, je plaisante pas. Je prends une grande inspiration. Promets-moi que tu ne le feras pas. Jamais. J’ai besoin de t’entendre le dire. » C’est vrai, elle a une forte tendance à prendre la fuite lorsque les choses vont mal. Et rien que d’y penser, ça m’effraie ; je ne peux pas m’empêcher d’imaginer ce qui pourrait bien se passer si un jour une dispute partait trop loin. Elle en profite pour me demander si je suis bientôt arrivée. Je claque ma langue sur mon palais. « Disons… qu’on est plus proche que quand je suis partie. Et comme j’ai fait une petite halte… Je vais faire attention, chaton. Et je serais pas longue. Tu devrais peut-être en profiter pour te reposer. »
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