broken hearts ft. jake bailor

Comme s'il avait senti ce que Murphy avait dans la tête, comme s'il avait le pouvoir de lire en elle, alors que tout son entourage semblait totalement hermétique à ses émotions, Jake lui demanda quelles étaient ses intentions. Mais la jeune femme, était perturbée par ses pulsions qui la bouleversaient. Epuisée, fatiguée, usée, triste, complètement déboussolée, elle ne répondit pas tout de suite. Non. Ses bras encerclaient le corps de Jake, alors qu'elle sentait les bras de cet homme autour de son frêle petit corps. Et ça faisait du bien. Hormis le corps de son père, et récemment, celui de Sven, Murphy n'avait jamais été aussi proche d'un homme physiquement. Elle n'avait jamais été du genre tactile, ni émotive à ce point avec quelqu'un. Alors que ça aurait pu être une surprise et aussi, une source d'angoisse, la jeune femme ressentait plutôt du soulagement à cette étreinte et surtout, comme si tout ceci était tout à fait normal. Comme si elle était à sa place, Jake à la sienne et qu'aucune question n'était à se poser. Si bien, qu'elle ne s'en posait aucune. Profitant de la force, la vigueur et la chaleur que lui apportait Jake, elle ne disait plus rien, essayant d'avaler ses larmes tout en humidifiant le haut du blond de sa tristesse. Son visage était niché contre son torse et ses mains avaient glissées dans le dos du boxeur, révélant alors une infinie tendresse entre ces deux protagonistes. Entre le besoin, l'instinct de survie, la simplicité et la complicité naturelle qui semblait s'être faite une place entre eux dès leur première rencontre ; la jeune femme se laisser aller. Mais au bout de plusieurs longues secondes, ou peut-être minutes, Murphy fini par dire à demi-mots, presque dans un souffle étouffé « alors me lâche pas ». Parce que véritablement, elle se sentait bien ici, au creux de ses bras et elle n'avait aucune envie de sortir de cette étreinte. Elle pouvait sentir la main de Jake caresser son dos au travers de ses vêtements, et son corps, robuste et si grand comparé au sien lui donnait cette impression d'être en sécurité, d'être dans un cocon, dans l'endroit le plus agréable et sûr au monde à ce jour. Alors quand ce grand gaillard lui avoua qu'il ne se remettrait pas de sa perte, si elle prenait la décision de faire quelque chose de grave, elle hésita entre rire, sourire, ou bien juste ouvrir les yeux pour réaliser ce qu'il venait de dire. Après tout, qui était-elle pour lui, à part une gamine fragile et triste qui n'arrêtait pas de croiser son chemin ? Elle menait une vie d'étudiante, avec des problèmes qui devaient sûrement lui paraître dérisoires et lui... il devait sûrement avoir une vie bien remplie, ou bien même compliquée... comment pouvait-il dire ça, si ce n'était que cette phrase n'était pas réellement à prendre au sérieux ? Elle eu envie de dire « n'importe quoi », impulsivement, mais préféra garder le silence. Croire, imaginer que ces paroles prononcées tout bas étaient vraiment celles qu'elle aurait qu'elles soient étaient bien plus... électrisant, excitant et agréable pour le moment. Mais non, Jake ne pouvait pas s'être prit d'affection pour elle, elle-même ne se supportait pas alors comment ça aurait pu être possible ? Il continue pourtant de parler, tout bas, comme s'il s'agissait d'une confession. Alors que sa main remonte le long du dos de Murphy, la gamine a la sensation que quelque chose est en train de changer. Sans savoir ce que c'est réellement, ni les raisons de ce changement, elle profite juste du plaisir que ça lui procure. La sensation de la main de Jake dans ses cheveux blonds la fait sourire, toujours contre lui. L'une des mains de la gamine quitte alors le dos de Jake pour venir se glisser près de son visage, à plat contre son corps. Même au travers de ses vêtements, Murphy a l'impression de toucher un roc, bouillant. C'est un véritable corps d'homme et non celui d'un gamin, et quelque part, ça continue de la rassurer. Comme si Jake avait ce don en lui, dans sa nature même et son essence pure d'avoir la confiance de la jolie blonde. Parce que c'est lui, parce qu'il se passe un truc entre eux deux depuis le début. Parce que c'est comme ça. Pourtant, il attise sa curiosité et la gamine ne peut se retenir de relever le visage pour essayer de croiser le regard de l'ours, un brin malicieux, un brin pétillant. « Des projets ? » demanda t-elle en retrouvant doucement son sourire si facilement perdu, et tout aussi facilement retrouvé par les paroles du blond. Alors qu'il lui fait part de ses envies, de toutes ces choses simples qu'il aimerait faire avec elle, Murphy sent que son cœur prend un tout autre rythme. S'emballant, elle a l'impression que ce changement qui s'opère entre eux, et qui semble se faire si naturellement ce soir... est comme une boule d'électricité qui semble enflammer son corps tout entier. Toutes ces choses qui énonce, ça lui donne envie à Murphy. Parce qu'elle se reconnaît dans ses paroles, qu'elle aime ce genre de partage, des choses simples, des choses vraies, des choses du quotidien. Pas de faux semblants, pas de mensonges, pas d'extraordinaire. Non, elle, elle veut de l'ordinaire. Pourtant, quelque chose se produit en elle, quelque chose d'extraordinaire, lié à Jake. Mais elle ne peut pas l'expliquer. Elle ressent une excitation, et une sorte de boule s'est créée dans son ventre, et ce regard. Depuis tout à l'heure, ils ne parviennent pas à se quitter des yeux. Comme s'il la voyait telle qu'elle était, et qu'il avait quand même envie de passer du temps avec elle, de lui accorder de son temps et de sa personne. Comme si... elle était importante, comme si quelque part, elle comptait. Et c'était bien la première fois que Murphy ressentait ça. Même son père ne parvenait pas à lui faire ressentir ça. Alors c'était déroutant, excitant, et puis enivrant aussi. Quand il lui demanda si ça la bottait, Murphy était déjà en train de sécher ses larmes d'un revers de main, reniflant au passage. Un sourire se dessina sur les lèvres et elle lança tout simplement « bien sûr que oui » comme si le simple fait qu'il ait posé cette question était idiot, comme si c'était naturel et tellement évident. Oui, c'était le mot. Ca semblait si évident et pourtant, ils ne semblaient rien voir, ce qui rendait un peu tout cela magique et en suspens. « Mais j'me d'mande ce qui te donne envie de passer du temps avec moi » lança t-elle en retenant un léger rire. Après tout, qu'est-ce qu'elle était pour lui ? Que pouvait-elle bien lui apporter ? Elle se le demandait, sincèrement. Et puis, presque un peu brutalement, maladroitement, la jeune femme vint à nouveau se coller contre lui. Ses mains avaient glissées à nouveau le long des côtes du boxeur pour venir se plaquer dans le dos du blond. Le visage de Murphy était à nouveau contre lui, et elle ferma les yeux, prenant une forte inspiration. Comme si cette étreinte lui redonnait de la force, du courage, du bien-être dont elle avait cruellement besoin en cet instant. « Mais avant, laisse moi profiter encore un peu de ça » et en disant ça, c'était pour ne pas prononcer un mot gênant comme « calin », « étreinte » ou tout simplement « toi ».

HRP : Comment j'ai trop kiffé ta réponse

Il ne la trouvait pas chiante ? Alors c'était tant mieux. Dans le fond, elle était rassurée la gamine et surtout, elle se surprit à sourire légèrement contre le torse du grand blond. Lorsqu'il ne la repousse pas alors qu'elle se colle à nouveau contre lui, Murphy se sent rassurée. Il aurait pu la repousser, parce qu'une gamine de dix-huit ans n'a rien à faire dans les bras d'un type qui en a trente dépassées -si ce n'est pas un membre de sa famille- mais voilà, pour eux, c'est normal. Et puis même au delà de ça, c'est tellement bon, tellement agréable, Murphy se sent vraiment bien. Le rire de Jake la fait sourire aussi, elle aime ce rire. Et elle se sentit même rougir lorsqu'il lui dit qu'elle était bien plus belle lorsqu'elle souriait, dans le fond, cette phrase n'avait rien d'extraordinaire, mais prononcée dans ce souffle comme il venait de le faire... ça lui aurait presque donné un frisson. Ou bien était-ce le vent ? Elle n'aurait pas su le dire. A la réponse de Jake, Murphy sourit encore et après avoir décollé légèrement son visage de son corps, elle répondit amusée et presque joyeuse « et moi j'suis pas l'genre de fille pas honnête » parce que dans le fond, tout n'était que sincérité et ce, depuis le départ. Ils ne se connaissaient pas, ne se devaient rien et justement, c'était ce qui faisait peut-être la force de leur relation, quoi qu'elle puisse être à l'heure actuelle. Ils n'étaient pas des amis car ils ne se connaissaient que depuis quelques jours, pourtant ils discutaient des trucs les plus sensibles et personnels qui soient. Elle se livrait, elle avait confiance et Jake lui apportait tout ce dont, actuellement, elle avait besoin. De la sécurité, du réconfort, un soutien, une oreille attentive, des bras pour s'y reposer un peu et puis des moments simples de partage, sans aucun jugement. Non, il ne s'était pas permi de la juger, à aucun moment et vu le père qu'elle avait, ce n'était que ce qui pouvait lui arriver de mieux à cette gamine. Contre son corps, Murphy en oubliait presque le temps et le monde qui continuaient d'avancer, presque sans eux. Mais Jake fini par se décoller un peu et les bras de Murphy devinrent alors trop courts pour rester dans son dos. Lentement, à regrets, elle se décolla de lui pour entendre sa question : à savoir, ce qu'elle avait prévu pour ce soir. Un peu naïve, elle replaça une mèche de ses cheveux blonds derrière l'une de ses oreilles et répondit le plus naturellement du monde, quoi qu'un peu perdue quand même « bé j'ai de quoi me prendre une chambre pas trop chère, sûrement dans l'hôtel le plus miteux d'Aukland, tu as une bonne adresse ? » sourit-elle. Voilà, cette étreinte avait réussi à lui redonner son humeur un brin cynique. A croire qu'aux côtés de Jake, elle se révélait plus forte que jamais. « Tu devais pas aller voir ta famille ? » demanda t-elle alors, la mine interrogatrice. Parce que lui, il venait pour ça à la base et non pour porter secours à l'idiote qu'elle était. Elle ne voulait pas lui gâcher ses plans, ni même lui avoir fait faire un aller-retour jusqu'à Auckland pour rien, il en était hors de question. « Tu rentres demain à Island Bay ? » demanda t-elle aussi, histoire de savoir si par hasard, il pourrait la déposer ? Parce qu'après tout, peut-être qu'il avait prévu de bouger, ou de rester plusieurs jours et dans ce cas là, elle devrait sûrement prendre le bus pour rentrer. Parce qu'ici, elle n'avait plus rien à y faire. Murphy regarda autour d'elle, la nuit était tombée sur cette ville étrangère, cette ville dont l'emprunte de son passé était encore présente, bien qu'intouchable. En repensant à ça, les images de l'incident dans le bar lui revinrent en tête. Et si ces mecs la suivaient jusqu'à la maison ? Et si ces mecs cherchaient à la poursuivre pour qu'elle paye la dette de son frère ? Qu'est-ce qu'elle allait faire ? Murphy savait pertinemment que son père pourrait et payerait la note, si jamais la vie de Murphhy en dépendait. Mais c'était autre chose qui lui faisait peur. Parce que ces types là n'avaient pas parlé d'argent, mais bien d'elle. Et si on l'enlevait ? Et si on faisait d'elle, une vulgaire fille qui passerait de mec en mec, pour du trafic sexuel ? Oh non, pas ça. Sa vie ne pourrait pas être ainsi, alors un peu nerveuse, elle demanda à Jake, hésitante « tu... tu crois que ces mecs là peuvent me suivre jusqu'à Island Bay ? » tout en se mordant la lèvre, inquiète.

Le grand Bailor avoua à la jolie blondinette qu'apparemment, il n'était pas vraiment proche de sa famille, pour finalement avouer très clairement que non, il ne les aimait pas. Ca aurait pu en choquer énormément, ça aurait offusquer une personne comme Murphy, dont la famille entière avait été décimée, mais en réalité, non, ça ne la choquait pas. Pourquoi ? Parce que l'étudiante était de celles qui comprenait (par la force des choses) que les relations familiales étaient bien plus compliquées que de simples dénominations. Une relation père-fille est tellement plus compliquée que ce qu'elle n'y paraît, et la jolie tête blonde savait très bien aussi qu'elle idéalisait complètement sa relation avec ses frères, ou bien même avec sa mère. Mettant de côté toutes ces fois où sa maman l'avait engueulé, disputés, parfois giflé pour ne retenir que le meilleur. Bien sûr que oui, Murphy réalisait qu'une relation n'était jamais toute blanche, ou toute noire. Il y avait tellement de nuances, tellement de teintes, tellement de sentiments qui se côtoyaient les uns aux autres. Il semblerait donc que ce grand gaillard ne soit pas tombé dans une famille où tout paraissait si « simple », comme si finalement, ce modèle de famille parfaite que Murphy s'imagine pour tout le monde n'existe finalement pas. La petite blondinette soutenu le regard u blond, hochant la tête à ce qu'il disait. Il avait le droit de ne pas aimer sa famille, franchement, qui était-elle pour avoir un avis à ce sujet ? Elle était sans nul doute la mieux placée pour comprendre à quel point tout est toujours plus complexe que ce que l'on peut penser, ou dire. Lorsque Jake avoua avoir prit une chambre dans un hôtel et que possiblement, elle pourrait trouver une chambre dans le même endroit, elle hocha la tête à l'affirmative. Oui, ça serait parfait s'ils pouvaient partager le même hôtel, parce qu'ainsi, ça la rassurerait un peu. Oui, si jamais ces types, ceux qui en voulaient à son frère, cherchaient à lui mettre la main dessus, Jake serait là. Et puis comme ça aussi, dès demain, ils prendraient la route ensemble. Elle n'aurait pas besoin de traverser la ville seule à l'aube, ou bien de l'attendre devant un repère peu rassurant ; il serait là. Directement. Essayant de ne pas divulguer son entousiasme, elle lança alors « ouais, ça serait parfait » doucement. Jake avait des responsabilités qui réclamait sa présence, il devait sûrement parler de son travail. En tous cas, c'était ce qu'elle se disait à ce moment-là. « Visiter Auckland ? » lança t-elle en mimant une grimace tout en observant le grand blond face à lui. « Franchement, là, j'en ai assez vu pour le moment » sourit-elle presque, un sourire forcé. « Du coup oui, je veux bien prendre la navette Bailor demain » sourit-elle timidement. Finalement, lorsque le sujet de ces hommes dont Jake avait refait le portrait, revint sur le tapis, dans une angoisse palpable pour la jolie blonde, le discours de Jake était très clair. S'ils se repointaient à traîner autour de Murphy, il ferait d'eux son dessert. Cette réponse arracha un sourire à la jolie blondinette et elle en profita pour dire « hum... tout ça, j'veux que ça reste entre nous » elle leva ses yeux vers la montagne pour y croiser son regard. Oui, ça ne servait à rien d'en parler à Island Bay et d'affoler tout le monde. Personne n'avait besoin de savoir, et si jamais un jour ces mecs se pointaient à Island Bay, Jake était largement capable de s'en charger seule (c'était réellement ce qu'elle pensait) et si ça partait trop en couille... elle espérait que son père puisse comprendre. Caïn était le genre d'homme à s'emballer pour un rien, à déplacer des montagnes pour sa fille ou plutôt : à faire exploser la plus vieille et haute montagne pour elle si elle se trouvait en dessous. Alors les problèmes de ce type, surtout d'argent, bien sûr que oui c'était son rayon. Seulement voilà... avec son père, on ne pouvait pas dire que la relation était au mieux. Murphy était partie de la maison depuis deux jours, sans lui donner aucune nouvelle depuis qu'il l'avait laissé sur ce parking et puis... elle avait deviné son secret, celui qu'il lui cachait depuis... des années, si non, une vie. Elle avait l'impression de ne pas le connaître, qu'il pouvait s'agir d'un autre homme, d'un inconnu. Parce qu'après tout, ne la considérait-il pas comme une inconnue lui aussi ? Il ne lui donnait pas sa place de « fille », autant qu'elle ne lui donnait pas la place du « père ». Comment voulez-vous qu'ils s'en sortent ? Mais en revenant à Island Bay, il allait bien falloir qu'elle rentre. Qu'elle lui explique, qu'elle entame quelque chose, un début de conversation, non ? Et puis non. Murphy ne se sentait pas prête. Pas prête à se lancer dans une nouvelle bataille alors qu'elle avait la sensation que la précédente n'était pas finie. Elle avait besoin de plus de temps, elle avait besoin d'analyser tout ce qu'il s'était passé depuis son départ. Est-ce qu'elle pourrait tout dire à son père ? Et si jamais ça partait en embrouille ? Que ça ne faisait qu'ajouter de l'huile sur le feu ? Oh non... elle ne pourrait pas entamer une nouvelle bataille. Et si elle allait à l'hôtel ? Oui, elle pourrait se prendre une chambre, juste pour une nuit. Enfin, tout dépendait du prix de la chambre ce soir. Priam vivait trop près de chez son père, elle ne se voyait pas lui demander de l'héberger. Oh Priam, elle devrait l'appeler quand même... il devait être inquiet. Et elle était prête à parier que son père lui avait demandé des nouvelles aussi.

Les deux étrangers se mirent ensuite d'accord pour quitter ce petit parc, afin de regagner l'hôtel de Jake. Il la déposerait là-bas, elle se prendrait une chambre et puis il viendrait la rejoindre pendant qu'elle se commanderait à manger. Le programme était clair et ça allait très bien à la jeune femme. Elle ne rêvait que de prendre une bonne douche chaude à vrai dire. Le trajet fut silencieux, tandis que le corps de Murphy se détendait contre le siège passager du pick-up de Bailor, comme si ce siège, avait désormais prit ses formes en mémoire. Murphy observait les lumières de la ville contre la vitre du pick-up, observant les gens qui sortaient faire la fête, dîner en ville, rentraient du boulot d'un pas pressé. Ca aurait pu être une chouette escapade Auckland, mais à jamais, cette ville garderait le souvenir de ses frères, de cet atroce mensonge, de ce résumé finalement très réaliste de sa vie. Une fois arrivée à l'hôtel, Murphy suivi Jake sans vraiment réfléchir. En réalité, le poids de la fatigue du voyage et des évènements se faisait ressentir sur son maigre petit corps. L'hôtel était semblable à l'un de ceux qu'elle pouvait voir dans ces nombreux films noirs qu'elle adorait tant, et au lieu d'avoir peur, ça la rendait presque entousiaste. Oui, c'était digne d'un décors de cinéma, et elle adorait ça. Comme si sa vie ressemblait à un film... mais n'était-ce pas le cas, finalement ? Elle était en train d'observer ces détails, si nombreux et si amusants à voir pour elle, de son œil d'experte, tandis que le grand gaillard s'occupait des chambres. Son œil glissait sur les portes de l'ascenseur, sur les sièges à moitié bouffé par les mites, mais qui avaient tellement de gueule. Et puis ces vitraux décoratifs, l'hôtel semblait être en plein dans le courant d'art décoratif, avec des lignes et des symboles fleuris, à la fois géométriques par moment et aussi très floral. C'est pourtant la voix de Bailor qui la tira de ses pensées, son sac pendant sur son épaule, le regard fatigué, elle tourna sa tête vers le grand blond pour croiser son regard. Il lui demandait son avis, mais sur quoi ? Murphy regarda donc le vieux avec son journal et presque excédé de devoir le répéter, il lui annonça qu'ils devraient partager la même chambre. Les yeux de Murphy s'écarquillèrent un peu, elle essaya de faire en sorte que ça ne se remarque pas. Elle déglutit, replaça la lannière de son sac sur son épaule dans un petit sursaut et puis humidifia ses lèvres, avant de croiser le regard de Jake « et ? » est-ce que lui avait déjà repondu ? Est-ce qu'il avait dit quelque chose qui pourrait lui faire penser qu'il n'était pas d'accord ? Qu'il préférerait chercher un autre hôtel ? Ou peut-être alors est-ce qu'il n'en avait rien à secouer ? Le rouge empourpra les joues de la jeune étudiante. Elle n'aimait pas répondre à ce genre de truc, elle n'était du tout à l'aise avec tout ça, elle n'avait jamais dormi avec un garçon de toute son existence. Alors sans doute épuisée et franchement, sans vraiment réaliser que c'était peut-être la meilleure vanne à faire à ce moment-là, elle s'approcha un peu et demanda « mais les lits sont grands ? » comme si cette information était nécessaire. Alors suite à la réponse du gérant de l'endroit, elle tourna la tête vers Jake, histoire de voir si lui, ça le dérangeait. Et finalement, après quelques secondes, ils prirent la direction de l'ascenseur pour rejoindre la fameuse chambre 22. Murphy garda le silence, baillant à quelques reprises, sentant son cœur battre fort. Etait-ce une si bonne idée que ça finalement ? Parce que vu ce qu'il s'était passé dans le parc à l'instant... leur proximité, leur calin... est-ce que tout ceci était réellement anodin et sans conséquences ? Et s'il se méprenait sur elle et ses intentions ? Et s'il tentait un truc ? Elle ne pourrait rien faire, ce mec est immense, et puis en plus, elle a besoin de lui... oh non, et si elle s'était jeté elle-même dans la gueule du loup ? Elle avait peur, oui ; parce que depuis quelques jours toutes ces certitudes étaient sans arrêt remises en question. Elle qui faisait confiance naturellement à ce grand blond près d'elle, sans savoir les raisons de cette confiance si évidente entre eux, elle en venait à douter de lui, et puis aussi d'elle. Mais très vite, elle l'observa et elle se souvint qu'il était le cousin de Sven. De leur rencontre dans cette fameuse salle de bain, et un sourire vint se dessiner sur ses lèvres. Quand Bailor prit la parole, Murphy rigola de bon cœur. Une bonne blague pour détendre l'atmosphère, il n'aurait pas pu faire mieux. Non, pourquoi aurait-elle peur de lui ? Elle avait confiance, en lui, en eux. Les portes d'acier s'ouvrirent sur un couloir et Murphy ne pu s'empêcher de dire « oh le sol est le même que dans Shinning » et ça, c'était l'un de ses films favoris. Ca la faisait marrer, si bien qu'elle lança « je crois que tu n'aurai pas pu m'emmener dans un meilleur endroit, j'adore cet hôtel » rigola t-elle presque amusée de voir autant de chaleur dans un endroit si lugubre d'apparence. Peut-être un peu comme eux, finalement ? Ils avancèrent jusqu'à la porte de la chambre, l'ouvrirent ensemble et Murphy suivi le large corps de Jake jusqu'à l'intérieur. Les lumières s'allumèrent alors sur une chambre simple, basique. Les murs étaient d'un vert presque trop acidulé, les meubles étaient vieux, rares et d'un beige sculpté. Les draps étaient rouges, le lit était double, et la salle de bain refermait une baignoire et le strict nécessaire pour la toilette. Pour une nuit, c'était grandement suffisant. Dehors, derrière la vitre, la lumière du néon semblait très proche d'eux. Grésillant alors et éclairant la pièce par intermittence. Murphy sourit doucement, posant son sac sur le lit et observant les moindres détails, franchement, c'était « parfait ».

Jake semble surprit à l'idée que Murphy puisse connaître Shinning de Kubrick, mais surtout, qu'elle soit capable de reconnaître cet hôtel comme ayant du charme, exactement comme dans le film. Pour cela, elle devait l'avoir vu un bon nombre de fois, non ? Oh oui. Murphy l'avait visionné un nombre incalculable de fois, avec sa mère, avec ses frères et désormais toute seule. Son père n'aimait pas trop ce genre de film, ni même les films tout court. Murphy adorait ça elle. Elle trouvait dans le cinéma, une forme d'expression dans laquelle elle se voyait, elle se comprenait, elle se trouvait et c'était tout simplement la seule expérience au monde qui lui permettait ça. « Bien sûr » répondit-elle presque outrée qu'il puisse douter de ça. Son amour pour Kubrick était vrai et sincère, et surtout, elle l'aimait d'amour depuis des années déjà. « Je suis une fan de Kubrick, mais genre... vraiment » et il n'y avait plus aucun doute à avoir là-dessus. Quel genre de fille était-elle ? Le genre à mener une vie de merde, le genre à perdre tous ses proches, le genre à ne pas savoir quoi faire de sa vie, le genre à partir au lieu de se battre, encore une fois. Voilà quel genre elle était. Mais à travers les lèvres du grand blond, ça sonnait différemment, comme si... comme si Murphy était spéciale. Et ça... c'était vraiment très agréable. Elle adorait ça même. Ils entrèrent dans la chambre, la découvrirent ensemble. Murphy posa son sac sur le lit, observant la pièce et trouvant cette chambre digne d'un décor de son réalisateur préféré. Jake lui, faisait craquer son cou, ce qui fit un peu grimacer la jolie blonde ; avant de lui demander si cela ne la dérangeait pas qu'ils partagent le même lit. C'est vrai. A cette question, le cœur de Murphy se mit à battre plus fort, c'est vrai qu'ils vont partager le même lit. Jake est un homme, un vrai de vrai. Le genre hyper fort, fier, musclé, bourré, grognon. Il ne s'agit pas d'un petit minaud de son âge qui fait le beau sur une moto. Son corps est celui d'un homme, d'un vrai. Murphy elle, elle a surtout l'impression d'être une enfant à ses côtés. Elle est petite, toute frêle, on lui voit ses côtes, son ventre est beaucoup trop vide et ses bras beaucoup trop fins. Cette nuit, pourtant, ils partageront le même lit. Murphy n'a aucune envie de voir Jake ailleurs qu'ici cette nuit. En fait, sa présence la rassure, sa présence la réchauffe et lui fait du bien. S'il part, elle ne sera pas bien et ça, elle le sait. Et dans sa tête, Jake est quelqu'un de vraiment bien, tellement bien d'ailleurs qu'il ne voit pas le mal, ni même la femme en elle. Non, il ne doit la voir que comme une gamine et c'est tellement pas dangereux, que lui, il est sûr de pouvoir se tenir. Voilà ce à quoi Murphy pense. Enfin... ce n'est pas parce qu'ils sont tous les deux du sexe opposé qu'ils doivent forcément se poser la question de ce qui pourrait se passer, non ? Ca n'a aucun sens ça. Elle doit répondre quelque chose, et vite, mais quoi ? « Non t'inquiète, c'est bon » répondit-elle alors en baissant les yeux vers son sac. Elle ne se voyait pas lui dire qu'elle avait peur sans lui, ni même qu'elle se sentait vexée qu'il puisse se sentir aussi à l'aise en sa présence. Comme si son capital « charme et sensualité » était proche de zéro. La main sur son sac, la jeune femme lança au grand gaillard qui s'était avancé dans la chambre « j'vais prendre une douche » avant de lever les yeux vers les siens et de sourire. Leur première rencontre était lié à une douche, et ça ne pu l'empêcher de sourire en repensant à ce souvenir. Murphy rigola, saisit son sac et avança vers la salle de bain tout en disant « j'mets le verrou cette fois-ci ou c'est bon ? » rigola t-elle alors en entrant dans la salle de bain. La jeune femme déposa son sac près de l'évier et croisa son regard dans la vitre. Mon dieu, quelle tête horrible. Ses mains passèrent sur son visage et finalement, elle se pencha vers la baignoire pour faire couler l'eau. Une fois que le filet d'eau devint chaud, elle s'approcha de la porte pour la fermer et lança « à tout à l'heure » avant de fermer la porte. Sauf que voilà, le verrou ne s'enclencha pas et la porte s'entrouvrit légèrement. Murphy ne s'en rendit pas compte, elle retira ses vêtements et passa sous l'eau de la baignoire. Oh punaise ce que ça faisait du bien. Cette douche était salvatrice, vraiment.

Cette douche fit tellement de bien à Murphy. La journée avait été épuisante, comme ces derniers jours à dire vrai. Et ayant fait le choix d'abandonner son confort pour quelques temps, le retrouver le temps de quelques minutes était salvateur pour elle. Savoir en plus que Jake était juste à côté, ça l'aidait à la rassurer, à se sentir « comme à la maison », à ne craindre rien ni personne. La jeune femme prit donc son temps, profitant de ce moment jusqu'au bout. Une fois rincée, la jeune femme quitta la douche, s'enveloppant dans une serviette de l'hôtel et ce n'est qu'à cet instant, alors qu'elle balançait ses cheveux en arrière, enroulés eux aussi dans une serviette, qu'elle se rendit compte que la porte était ouverte. Ses yeux s'écarquillèrent et elle se figea sur place une seconde. « Jake ? » appela t-elle alors, histoire d'entendre juste sa voix, mais rien. Le silence, le néant, absolu. Son cœur commença à battre plus fort dans sa poitrine, elle n'osait même pas bouger. Pourquoi ne répondait-il pas ? Dans sa tête, sa fatigue prit le temps sur sa raison, son imagination se déclencha et très vite, elle imaginait le corps inerte de Jake au sol, dans une mare de sang, les types de tout à l'heure autour de lui, prêt à la saisir ici et maintenant. L'embarquant alors pour toujours, pour faire « on ne sait quoi » sans qu'elle ne retrouve plus jamais sa liberté. L'angoisse s'empara d'elle, vraiment et il lui fallu plusieurs minutes pour oser s'approcher de la porte et l'ouvrir. Là, elle découvrit la pièce vide. Entièrement. Il n'y avait plus les affaires de Jake, il n'était plus là. « Jake ? » continua t-elle d'appeler malgré tout, d'une petite voix terrifié. Sa main tenait fermement sa serviette, alors qu'elle observait la pièce, y cherchant comme un indice. Mais la peur l'envahissait déjà. Et c'est à ce moment là précisément que la porte s'ouvrit, que la voix du blond se fit entendre et qu'elle pu enfin poser son regard sur lui. Il était là. Avec de la bouffe. Putain. D'un coup d'un seul, sa peur s'envola et elle se sentit conne et en même temps, tellement rassurée et réconfortée. Il avait un tel pouvoir sur elle, c'était dingue et Murphy était consciente que ça ne venait pas que de la situation. Parce que déjà chez Sven, quand il l'avait laissé là, dans cette cuisine, elle avait ressenti ça. Elle l'observait en silence, s'approcher et poser ses affaires, tout en lui tendant la bouffe. Il avait prit soin de lui prendre à manger, et elle trouvait ça mignon, bien qu'elle soit fâchée avec la nourriture. Mais elle avait faim et surtout, il lui donnait envie de manger. Et ça... c'était grandiose. La remarque qu'il fit sur son apparence physique la mit mal à l'aise. Il la trouvait trop maigre ? Oui, elle n'était pas jolie Murphy, pas attirante, elle n'avait pas de formes, pas le corps d'une femme, elle ressemblait qu'à une gosse. Il avait raison. Alors toujours silencieuse, elle baissa les yeux, se rendit compte qu'elle était en serviette. « J'reviens » balança t-elle en attrapant son sac à son tour pour retourner à la salle de bain. Là, elle enfila une culotte propre, ainsi qu'un grand tee-shirt de son père, dans lequel elle dormait. Un truc de l'université. Les cheveux encore dans la serviette, elle sortit de là, posa son sac au pied du lit et s'installa dessus. Jake lui expliqua qu'il devait partir, après tout, il avait des trucs à faire. Murphy commença à regarder la nourriture du bout des doigts, trouvant des frites et commençant à les manger tout en observant le blond. Il allait la laisser là. Combien de temps ? Elle n'était pas rassurée, elle avait très peur que les types de tout à l'heure la retrouvent et la kidnappent. C'était peut-être con, mais c'était vraiment comme ça qu'elle imaginait les choses. Seulement, elle n'osa rien dire. Parce que Jake était déjà bien gentil de changer ses plans pour elle, elle n'allait pas en rajouter. « D'accord » répondit-elle alors simplement, continuant de manger les frites qu'il lui avait ramené. « Merci pour la bouffe » lança t-elle en levant ses yeux vers ceux de Jake. Elle s'y perdit, quelques secondes, minutes, une éternité sans doute. Comme si elle voulait qu'il ressente sa peur, qu'il ressente le besoin qu'elle avait de lui, de sa présence, et qu'elle adorait ça. Elle fini par baisser les yeux, et peu après, le blond quitta la chambre. Murphy se retrouva seule et un profond sentiment d'angoisse l'enivra. Elle ferma le verrou de la porte, qui s'ouvrirait seulement avec la clef que Jake avait prise avec lui ; et continua de manger sur le lit, la télévision allumée. Plus tard, elle prit son carnet et commença à écrire tout un tas de choses, pensées, sentiments qui pouvaient bien la traverser ce soir. Ce qu'elle aimerait dire à son père, ce qu'il s'était passé, ce qu'elle aimerait pour son retour, ce qu'elle ressentait en ce moment même. Finalement, elle rangea tout dans son sac, déposa les restes du repas sur la table près de la fenêtre et s'allongea d'abord sur le lit, les yeux rivés sur la télé. Sa tête était posée sur un coussin qui longeait presque son corps, sa cuisse était remontée presque sur ce même oreiller. A la fois sur le ventre et sur le côté, la gamine ne se rendit pas compte qu'elle s'endormait doucement. Elle n'entendit pas Jake rentrer, et ne se posa pas la question de savoir s'il allait réussir à se mettre sur le lit, étant donné qu'elle prenait toute la place.

Murphy se réveilla parce qu'on était en train de lui parler. Encore endormie, dans les vappes nocturnes, elle ne réalisait pas vraiment ce qu'il se passait. Comme si elle comprenait ce que Jake lui disait avec un train de retard, en ayant loupé le début. « Jake c'est toi ? » murmura t-elle en refermant les yeux et en reposant la tête sur son oreiller. Pourquoi est-ce qu'il était au dessus d'elle à lui parler en plein milieu de la nuit ? Elle ouvrit alors à nouveau les yeux, observant le contour du corps de Jake à ses côtés, il était debout près du lit. Elle regarda ses cheveux, c'était l'une des seules choses qu'elle parvenait à voir dans la semi obscurité de la pièce. « Pourquoi t'es pas couché ? » demanda t-elle alors, se demandant bien pourquoi il était pas dans le lit mais à côté. Son cœur loupa un battement, elle se dit que peut-être, il se passait quelque chose et qu'il fallait qu'elle se réveille. En ayant cette pensée qui lui traversait l'esprit, la jeune fille se réveilla presque en sursaut, se redressant tout de suite. Assise, elle passa une main dans ses cheveux et observa la pièce, pour comprendre la raison de la présence de Jake ici. « Y'a quelqu'un ? » demanda t-elle alors, inquiète. Ces hommes étaient-ils présents dans les couloirs de cet hotel ? Est-ce que Jake les avait vu, ou entendu ? Est-ce qu'il allait falloir partir d'ici en courant au beau milieu de la nuit ? Le cœur de Murphy se mit à battre plus fort, avant que la voix de Jake ne résonne. Elle s'était planté sur toute la ligne. Rassurée, mais aussi frustrée de s'être faite réveillée pour si peu, la jeune femme se poussa enfin sur l'un des côtés du lit, passant ses mains dans ses longs cheveux. « Tu m'as fait peur... » souffla t-elle alors. Il faisait nuit noire, seuls les néons extérieurs éclairaient faiblement la pièce par moment. Murphy jeta un coup d'oeil à l'horloge. Il était deux heures du matin. Il était tard. Elle observa le grand blond faire le tour du lit pour s'y installer et demanda « ça a été ? » à la fois simplement et plein de curiosité. Alors qu'il lui répondait, elle se laissa glisser dans le lit, à nouveau, remontant la petite couverture sur elle, se tournant alors vers Jake. Sa voix était rassurante, encore plus que sa présence. Elle aimait l'entendre parler, même s'il devait dire de la merde, elle savait qu'elle adorerait l'entendre. Là, dans la nuit, il n'y avait plus rien d'autre qu'uniquement sa présence à lui, son souffle, sa voix. Il n'y avait pas de regard accusateur, il n'y avait pas d'âge, il n'y avait pas la peur. Juste une forme d'excitation. Murphy sentait le corps de Jake, tout près du sien, sans pour autant le toucher. A la fois si loin, et si près. Elle avait le cœur qui battait fort, sans savoir pourquoi. Peut-être parce que c'était la première fois qu'elle dormait à côté d'un homme ? Et peut-être parce que... c'était Jake. Elle resta ainsi, sans oser bouger, à écouter le son de sa voix qui siffle, de son nez cassé qu'il faisait gronder. Parfois, elle ouvrait les yeux, essayant de deviner le contour de son visage, de savoir dans quelle position il était et au fond d'elle, elle priait pour qu'il ne lui tourne pas le dos. Millimètre après millimètre, la jeune étudiante sans même s'en rendre compte, s'approchait de lui. Ses yeux se fermèrent alors, et au bout d'un temps incertainement long, son index pointé sentit la chaleur du bras du blond. Un simple contact, électrisant. Elle ne comprenait pas ce besoin d'être au plus près, elle ne savait pas pourquoi, c'était plus fort qu'elle, comme un besoin. Une pulsion. Ses doigts s'échappèrent alors maladroitement, et le cœur battant plus fort que jamais, ils commencèrent à s'enrouler autour du bras du blond. Ainsi, le corps de la jeune femme s'approcha, sa jambe s'approcha de la jambe de Jake, son cœur battait toujours plus fort, sa main s'enroula autour de son bras, le gardant alors contre elle. Son visage se colla contre sa peau chaude, ses lèvres touchèrent sa peau, et trop terrifiée par la réaction qu'il pourrait avoir, elle continua de fermer les yeux. Elle avait peur qu'il la rejette, mais c'était ce qui allait arriver, c'était obligé. Seulement voilà, elle en avait envie. Depuis le départ, elle avait envie d'être au plus près de lui, d'être avec lui, de partager quelque chose avec lui. C'était instinctif, animal, ça ne se contrôlait pas, c'était comme ça. Et... elle ne pouvait s'empêcher de croire que la vie l'y aidait un peu. Après tout... ils se croisaient sans arrêt. Et ce moment dans le parc, contre lui... oui, c'était de ça qu'elle avait envie. Qu'il la prenne contre lui, qu'il ne la juge pas, qu'il ne lui parle pas de son âge, qu'il lui dise qu'il la trouvait jolie et qu'il avait envie d'elle lui aussi. Envie... d'elle ? Est-ce que c'était vraiment ça ce qu'elle voulait ? Elle se rendit compte que oui. Malgré l'angoisse et ses peurs, c'était bien ça et plus encore.

Le contact de la peau chaude du grand blond apaise autant qu'il excite la jeune femme. Elle ne peut pas expliquer pourquoi, elle ne peut pas dire pourquoi elle est autant attiré par lui. Tout a commencé dans cette salle de bain qui n'était pas la leur, tout a commencé avec un regard, une angoisse, une agression. Tout a commencé par être électrique entre eux, le premier contact physique l'a totalement chamboulé et le mystère qui semble entourer ce type semble l'attirer comme un aimant. Comme si tous les chemins menaient à lui, et qu'en même temps, tout semblait lui dire de ne pas s'y rendre. Il était bien plus âgé qu'elle, il était un homme, il avait déjà mené une vie avant elle ; et elle, elle ne connaissait rien aux hommes, ni aux relations, ni à l'amour, ni au désir, ni à la vie. Murphy n'avait connu des désastres et au fond d'elle, elle avait horriblement peur de s'attacher à lui, et qu'il finisse comme tous les autres par l'abandonner. Qu'il s'agisse de sa famille, de ses frères, de ses plus fidèles amis ou bien des garçons qui lui avaient plu... tous avaient fini par partir. A l'autre bout du monde, de l'autre côté du miroir, ou tout simplement en brisant ce dernier... Murphy restait là, seule, prise au milieu des vagues, sans aucune bouée de sauvetage. Et là, lui, il venait d'apparaître des flots, sur une pauvre barque rouillée et il semblait si robuste, si fort, prêt à se battre contre ces mêmes vagues, prêt à se battre pour elle. C'était ce qu'il avait fait un peu plus tôt dans la journée et même si Murphy en avait été terrorisée, ça l'avait aussi... attiré. Comme si l'essence même de ce type était ce dont elle avait entièrement besoin pour survivre, pour continuer. Alors quand elle s'aperçu que Jake ne bougeait pas à son contact, et que même, son bras (qu'elle cru d'abord reculer pour la dégager) vint l'entourer, son corps entier frissonna. La chair de poule apparu sur son corps, son cœur se mit à battre si fort qu'elle avait l'impression que des tambours enivraient l'espace de cette chambre. Sentir la main de Jake sur son corps, fermement, la faisant se coller davantage à lui, Murphy eu un mélange d'un sentiment d'excitation et de peur en même temps. Il était un homme, il avait sûrement déjà fait tout ça et plus encore avec d'autres femmes mais pour Murphy, c'était la première fois qu'un homme la touchait de la sorte. Il n'y avait jamais eu de précédent. Son corps rapproché de celui du grand blond, sa main glissa sur le tee-shirt de Jake, sentant alors son corps fort et solide sous le tissu. Sa peau semblait chaude, et les battements de son cœur résonnaient dans le creux de sa main timide. Les draps semblent bouger légèrement, le corps de Jake aussi. Elle a peur qu'il se recule, qu'il quitte le lit, la chambre. Il est tellement imprévisible, elle a peur qu'il s'en aille et qu'il la laisse là. Mais Murphy, les yeux toujours clos, ne tarde pas à sentir qu'il dépose un baiser sur son crâne et à ce contact, elle ne peut s'empêcher de sourire. Sa main, allongée entre eux, sous son propre corps, ne semble plus bouger. Son autre main, posée sur Jake, se serre en empoignant son tee-shirt. Comme dans une volonté de le retenir, de le garder près d'elle. Elle tremblerait presque, à la fois de peur, d'excitation, d'envie. La voix de Jake résonne alors. Et les mots qu'il prononce font chavirer le cœur de la jeune étudiante. Lui, ce grand gaillard qui se bat, qui a une tête presque toujours cassée, dont la voix semble provenir de l'au-delà, dont le corps cache les nombreuses cicatrices... il vient de lui demander de rester. Murphy sent que son cœur s'envole, qu'il explose déjà et pourtant, ce n'est que le début d'une longue agonie de plaisir. Elle a envie de lui dire que non, elle ne compte pas partir, que oui, elle veut rester dans ses bras, pour toujours, mais... est-ce que ce sont des choses à lui dire ? Elle ne veut pas être cette fille, qui n'y connait rien et qui fait de la merde. Lui, il a déjà vécu tellement de choses... comment pourrait-elle être à la hauteur ? Qu'est-ce qui lui plaît chez elle ? Elle n'en sait rien, autant qu'elle ne sait pas ce qui lui plait chez lui, mais c'est plus fort que le reste. Sa tête posée contre l'épaule du grand blond, Murphy ouvre enfin les yeux. L'odeur du boxeur l'enivre totalement, son corps l'électrise, elle ressent des sensations et émotions pour la toute première fois. Elle relève le nez, comme pour y trouver dans l'obscurité, le visage de Jake et tout bas, elle lui murmure « toi, me laisses pas » tout simplement. Elle sent le visage du blond tout près du sien, elle entend sa respiration, elle sent son souffle venir effleurer son visage. Bientôt, leurs nez se touchent, et le cœur de Murphy s'emballe. Est-ce qu'il va vraiment l'embrasser ? Son cœur s'affole, tous ses sens sont en exergue, tout son être semble trembler, comme au bord d'un précipice. Elle ne bouge plus, parce qu'elle ne sait pas faire et qu'elle ne veut pas faire n'importe quoi. Et qu'inconsciemment, elle lui fait totalement confiance. Et là, en quelques secondes, les lèvres de Jake se posèrent sur les siennes. A cet instant, son cœur explosa littéralement, son corps frissonna, et elle oublia tout. Comme un pouvoir magique, elle oublia la pièce miteuse dans laquelle il se trouvait, ce lit qui aurait fait fuir n'importe quelle fille, elle oublia Auckland, la raison de sa venue, le pick-up, l'étang, le monde extérieur, ses peines, sa douleur, ses craintes, leurs âges. Il n'y avait rien d'autre que ses lèvres contre les siennes, il n'y avait rien d'autre que cette sensation étrange, douce et nouvelle qui s'emparait d'elle. Elle sentait juste son cœur battre la chamade dans sa poitrine, et lorsque la main de Jake vint se poser dans sa nuque, pour garder ses lèvres contre les siennes, Murphy releva aussi sa main, pour venir la poser presque tremblante sur la machoire du grand gaillard. Fébrile, peu assurée, sa cuisse remonta entre celles de Jake, enroulant sa jambe à l'une des siennes. Il fallait qu'elle soit encore plus près de lui, c'était ce dont son corps semblait avoir besoin. Timide, elle le laissa d'abord l'embrasser, le laissant jouer avec ses lèvres, avant qu'instinctivement, ses lèvres laissent échapper sa langue. Celle-ci partit à la recherche de celle de Jake, jouant alors avec, peut-être pas comme il le fallait, peut-être qu'elle embrassait mal, elle n'en savait rien. Elle n'avait jamais embrassé personne. Elle se laissait juste guider par son instinct, c'était la seule chose qui ne l'avait jamais abandonné. Sa main vint se montrer plus ferme contre la machoire et la nuque du blond. Son corps se colla encore plus contre lui. Elle avait envie de plus, mais serait-elle capable pour autant de coucher avec lui ce soir ? Murphy n'en savait rien. Tout ce qu'elle savait, c'était que c'était lui qu'elle voulait, entièrement, pour aujourd'hui, pour demain, pour ici, pour là-bas. Pour le quotidien, comme pour les autres jours, elle ressentait le besoin de lui, de son être tout entier. C'était la seule chose dont son corps, sa vie, son avenir et le peu d'espoir qu'elle avait en tout cela semblaient avoir besoin. Plus qu'une envie, c'était une nécessité. Et elle ignorait s'il en était de même pour lui, elle ignorait si pour lui, tout cela n'était pas qu'une histoire d'un soir, qu'un jeu, qu'une expérience. Peut-être. Peut-être que finalement, ils n'étaient pas du tout sur la même longueur d'onde... alors soudain, un sentiment de crainte s'empara d'elle et Murphy mit fin à leur baiser, se reculant très légèrement, gardant tout de même sa main sur la machoire du blond. Reprenant son souffle, battant des cils dans l'obscurité, elle chercha à se remettre de ça, de cette expérience charnelle inattendue. Ses jambes mêlées à celles du blond, Murphy lui dit « je... » elle voulais lui dire tellement de choses, mais le pouvait-elle sans paraître pour une gamine à ses yeux ? Elle ne voulait pas tout gâcher, elle ne voulait pas qu'il parte, qu'il réalise là, en attendant qu'elle parle, qu'il était en train de faire une erreur ; ou bien alors, qu'il fasse cette erreur pour finalement lui dire demain matin qu'il regrettait, et que tout ceci prenne fin. « J'veux pas que ça soit qu'une... qu'une espèce d'expérience... » souffla t-elle alors. Son corps encore attaché à celui de Jake, Murphy ne pouvait pas faire autrement que d'être honnête. Tant pis si elle passait pour une novice, tant pis pour tout ça. Si ça devait se faire... ça se ferait, non ? Elle ferma les yeux, morte de trouille et presque de honte et lança « c'est la première fois que... » elle s'arrêta, gênée et lança « tu... » elle émit une pause, fébrile et puis se lança « tu me plait vraiment Jake et je sais pas ce que... » ce que tu en penses, ce qu'il se passe, ce qu'il m'arrive pensa t-elle sans oser le dire.